mercredi 2 juin 2010

« Nous sommes désolés… mais ! »

Israel - 01-06-2010
Par Khaled Saghyeh
« Le bateau de la haine et de la violence soutient Hamas qui est une organisation terroriste et constitue une provocation inadmissible pour Israël », « Les organisateurs sont connus pour leur connivence avec le jihadisme international, al Qaida et Hamas et ont un passé notoire dans la contrebande des armes et le terrorisme criminel », « Nous avons trouvé à bord du bateau des armes prêtes à l’utilisation et qui ont été utilisées contre nos troupes, les organisateurs avaient des intentions violentes, ils ont utilisé des moyens violents, et malheureusement le résultat a été violent »…
















L'abordage du Marmara par les pirates sionistes, filmé par la caméra à bord du ferry turc.

Quelques extraits des déclarations de Dani Ayalon, vice-ministre des Affaires étrangères israélien, à l’issue de l’attaque israélienne du bateau de la liberté qui se dirigeait vers Gaza.
Le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak a, quant à lui, regretté les pertes humaines et ajouté que le bateau constituait une provocation organisée par des extrémistes qui soutiennent une organisation terroriste.
Le premier Ministre israélien, Beniamin Netanyahou, a déclaré qu’il était désolé pour les morts, mais il a assuré que les soldats israéliens « ont été forcés de se défendre »; il a ajouté que les activistes qui se trouvaient à bord du bateau «ont délibérément attaqué les soldats avec des bâtons et des couteaux, et certains ont même tiré des coups de feu, ce qui a obligé nos soldats à se défendre pour sauver leur vie».
On constate donc que, si elles décrivent de manière différente l’équipage du bateau, les autorités israéliennes traitent de manière unanime et uniforme les passagers de terroristes, ou de complices du terrorisme, ou de soutien au terrorisme. Et ce n’est pas une coïncidence.
Lorsque les responsables israéliens expriment leurs regrets et ajoutent un « mais ! », c’est qu’ils essaient de rappeler au monde que les personnes dont le sang a coulé ne sont pas vraiment des humains. Qu’en fait ces personnes font partie d’un groupe que les Israéliens (et la communauté internationale) ont pris l’habitude de qualifier de terroriste parce qu’il ne reconnaît pas les valeurs « occidentales ». Pour rappel, un crime ne peut être considéré comme tel que s’il est commis contre un autre « humain ».
Or, de cette « humanité » là, on a depuis longtemps exclu tous ceux qui soutiennent le droit du peuple palestinien de libérer sa terre et tous ceux qui condamnent le blocus de Gaza. Nous n’avons pas oublié comment les représentants de l’humanité s’étaient réunis autour de la table de Ehud Olmert pour fêter la fin de la guerre contre Gaza [en janvier 2009], ni comment les représentants de l’humanité ont applaudi les bombes israéliennes qui tombaient sur les citoyens libanais [en juillet-août 2006].
Certains d’entre eux applaudissaient, d’autres fournissaient gratuitement les approvisionnements en armes et en munitions et d’autres encore les acheminaient sur place.
Et tandis que nous étions assassinés ici, le monde occidental se réjouissait des spasmes précurseurs d’un Moyen-Orient nouveau.
La douleur fait toujours mal, mais ça ne suffit pas pour qui veut entendre la voix de ceux qui souffrent.