mardi 23 février 2010

Dubaï, une opération d’Etat voyou dommageable à Israël, par Uri Avnery

 
22 février 2010
« Le problème, avec le Mossad, c’est qu’il agit comme un fief indépendant qui ignore les intérêts vitaux politiques et stratégiques à long terme d’Israël, tout en bénéficiant du soutien automatique d’un Premier ministre irresponsable, » écrit Uri Avnery, qui compare ce service secret à un « canon désarrimé » balayant le pont du navire dans sa course folle. Vécue comme un succès en Israël, le dommage sur la scène internationale provoqué par cette opération est pourtant considérable, juge-t-il. « L’affaire de Dubaï renforce l’image d’un Etat d’Israël brutal, d’une nation voyou qui traite avec mépris l’opinion internationale, d’un pays qui mène une guerre de gang, qui envoie à l’étranger des équipes semblables à celles de la mafia, d’une nation paria que devraient éviter les gens sensés. » Et de poser à ses concitoyens la question suivante : « était-ce utile ? »
Par Uri Avnery, Gush Shaom, 20 février 2010 - extrait
La semaine dernière, on a assisté à un déluge de mots sur l’assassinat à Dubaï de Mahmoud Al-Mabhouh, un haut dirigeant du Hamas.
Les israéliens ont reconnu dès le premier instant qu’il s’agissait du travail du Mossad. Quelles capacités ! Quel talent ! Comment ont-ils su longtemps à l’avance quand l’homme irait à Dubaï, quel vol il prendrait, dans quel hôtel il séjournerait ! Quelle planification remarquable !
A l’écran, les « correspondants militaires » et « les correspondants sur les affaires arabes » étaient radieux. Leurs visages disaient : ah....si le sujet n’était pas sous embargo ... Si seulement je pouvais vous dire ce que je sais ... je peux seulement vous dire que le Mossad a prouvé à nouveau qu’il avait le bras long et pouvait agir n’importe où ! Ah ! Que vivent dans la peur les ennemis d’Israël !
Lorsque les problèmes ont commencé à se manifester, et que les photos des assassins sont apparues sur les télévisions du monde entier, cet enthousiasme s’est refroidi, mais seulement légèrement. Une méthode israélienne ancienne et éprouvée a été utilisée : se saisir d’un détail annexe et en discuter avec passion, en ignorant la question principale. Se concentrer sur l’arbre et détourner son attention de la forêt.
Pourquoi donc les agents ont-ils utilisé les noms de personnes réelles qui vivent en Israël et jouissent de la double nationalité ? Pourquoi, parmi tous les passeports possibles, ont-ils utilisé ceux de pays amis ? Comment pouvaient-ils être sûrs que les propriétaires de ces passeports ne seraient pas en voyage à l’étranger au moment critique ?
Par ailleurs, n’étaient-ils pas conscients qu’à Dubaï les caméras sont omniprésentes et enregistrent chaque mouvement ? N’avaient-ils pas prévu que la police locale montrerait les images de l’assassinat dans presque tous ses détails ?
Mais cela n’a pas soulevé énormément d’intérêt en Israël. Tout le monde a compris que les Britanniques et les Irlandais étaient obligés de protester pour la forme, mais que cela n’était qu’un geste obligé. Dans les coulisses, il existe des liens intimes entre le Mossad et les autres agences de renseignement. Après quelques semaines, tout sera oublié. Voilà comment cela s’est déroulé en Norvège après Lillehammer [à la suite d’une opération du même type, où le Mossad s’était trompé sur l’identité de sa cible - ndlr], et comment cela s’est passé en Jordanie [après la tentative ratée d’empoisonnement de Khaled Meshal]. Ils vont protester, réprimander, et ce sera tout. Alors, quel est le problème ?
Le problème, avec le Mossad, c’est qu’il agit comme un fief indépendant qui ignore les intérêts vitaux politiques et stratégiques à long terme d’Israël, tout en bénéficiant du soutien automatique d’un Premier ministre irresponsable. Il s’agit, comme le disent les anglais d’un « canon désarrimé - le canon d’un navire d’antan qui a rompu ses fixations et roule sur le pont, écrasant tout malheureux marin placé sur son chemin.
Sur le plan stratégique, l’opération de Dubaï provoque des dommages importants pour la politique du gouvernement, qui consiste à présenter la supposée bombe nucléaire de l’Iran comme une menace existentielle pour Israël. Cette campagne contre l’Iran l’aide à détourner l’attention du monde entier de l’occupation continue et de la colonisation, et elle amène les États-Unis, l’Europe et d’autres nations à danser à son rythme.
Barack Obama tente de rassembler une coalition mondiale pour imposer des « sanctions épuisantes » pour l’Iran. Le gouvernement israélien lui sert - volontairement - de chien méchant. Obama dit aux Iraniens : les Israéliens sont fous. Ils peuvent vous attaquer à tout moment. Je les retiens très difficilement. Mais si vous ne faites pas ce que je vous demande, je vais lâcher la laisse et qu’Allah aie pitié de votre âme !
Dubaï, un pays du Golfe situé face à l’Iran, est une composante importante de cette coalition. C’est un allié d’Israël, tout comme l’Egypte et la Jordanie. Et voici que ce même gouvernement israélien l’humilie et fait naitre parmi les masses arabes le soupçon que Dubaï collabore avec le Mossad.
Dans le passé, nous avons embarrassé la Norvège, nous avons rendu furieuse la Jordanie, et aujourd’hui nous humilions Dubaï. Est-ce avisé ? Posez la question à Meir Dagan, que Netanyahou vient de confirmer pour une huitième année dans ses fonctions de chef du Mossad, circonstance presque sans précédent.
L’impact de cette opération sur notre réputation dans le monde sera peut-être encore plus significatif.
Par le passé, il était loisible de minimiser cette dimension. Laissez les « goyim » dire ce qu’ils veulent. Mais depuis l’opération Plomb Durci, Israël est devenu plus conscient des répercussions, qui sont d’une portée considérable. Le verdict du juge Goldstone, les échos des pitreries d’Avigdor Lieberman, la campagne mondiale grandissante en faveur d’un boycott d’Israël - tout cela laisse à penser que Thomas Jefferson ne parlait pas pour ne rien dire lorsqu’il a affirmé qu’aucune nation ne peut se permettre d’ignorer l’opinion de l’humanité.
L’affaire de Dubaï renforce l’image d’un Etat d’Israël brutal, d’une nation voyou qui traite avec mépris l’opinion internationale, d’un pays qui mène une guerre de gang, qui envoie à l’étranger des équipes semblables à celles de la mafia, d’une nation paria que devraient éviter les gens sensés.
Était-ce utile ?

Le sionisme économique


Israel - 22-02-2010

Par Saïf Da'na
Saïf Da'na est né en Palestine en 1969. Il est titulaire d'un doctorat en sociologie et professeur de sociologie et de relations internationales à l'université de Wisconsin Park Side (USA). 
Dans la suite de mon article sur le sionisme culturel, celui-ci propose une introduction à l'étude du sionisme économique, qui est l'un des piliers du projet sioniste en terre de Palestine. Selon l'hypothèse présentée, il existe une relation étroite et continue entre, d'une part, la situation et la fonction d' "Israël" dans le système capitaliste mondial et la structure économique du projet sioniste et, d'autre part, le caractère guerrier du sionisme qui s'illustre dans les guerres sans cesse menées contre les Arabes.
Une fonction politique et non économique
"Israël" occupe une position médiane dans le système capitaliste mondial (entre le centre capitaliste et les pays de la périphérie), soit une position semi-périphérique, pour utiliser la terminologie de la théorie du "système international". Tout positionnement dans ce système suppose un rôle économique, généralement quantifié par l'ampleur de la participation du pays en question à la production internationale, ou déterminé par la nature de l'activité économique prépondérante (activité industrielle dans les pays du centre, agricole dans les pays de la périphérie, et un mix des deux ou une activité industrielle de plus faible rentabilité pour les pays semi-périphériques).
Sur la base de ces critères, "Israël" apparaît comme une quantité totalement négligeable, dont l'éventuelle disparition n'entraînerait absolument aucun effet sur l'opération d'accumulation du capital international. Cette insignifiance économique d' "Israël" sur le plan de l'économie internationale s'accompagne toutefois d'un positionnement semi-périphérique dans le système capitaliste international, qui se traduit par un revenu moyen relativement élevé, et un soutien politique et militaire quasi absolu de la part des pays du centre capitaliste. Ceci mérite une explication.
Peu de pays bénéficient d'un positionnement semi-périphérique dans le système capitaliste international, l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid en constituait un des rares exemples. Or, "Israël" ne répond pas aux conditions économiques d'un tel positionnement, en dépit de l'existence de certains indicateurs économiques, tel un revenu moyen élevé, dont l'interprétation peut être trompeuse.
Un positionnement semi-périphérique peut être dû, comme c'est le cas pour "Israël", à un rôle politique ou militaire régional, joué par le pays en question au profit des pays du centre impérialiste, ou à leur place. Le positionnement dans ce cas revient à une fonction de gendarme régional chargé de garantir et de faciliter la poursuite de l'opération de l'accumulation du capital international, et non à une fonction économique directe. Cette fonction est évidemment rémunérée par des aides économiques et militaires et une protection politique.
Les données économiques fournies par la Banque mondiale n'indiquent aucune situation particulière, ou même avancée, d'"Israël" au Proche-Orient ou dans le monde. En effet, cet Etat est en quatrième position dans la région avec un produit national brut (PNB) de 199 milliards de dollars (et représente moins de 0,3% du PNB mondial qui s'élevait à plus de 60 trillions de dollars en 2008), contre l'Arabie saoudite en deuxième position (467 milliards de dollars), l'Iran en troisième position (385 milliards de dollars), et assez proche de l'Algérie en cinquième position (174 milliards de dollars) et de l'Egypte en sixième position (163 milliards de dollars).
Par ailleurs, ces pays sont dotés d'une population dont "Israël" ne pourra jamais bénéficier, même si tous les juifs du monde, soit un total de 13 millions en comptant les juifs d'Israël, y émigraient.
Une simple comparaison des capacités israélienne et arabes permet de mettre un terme à l'illusoire force économique de l'entité sioniste. C'est ainsi que le PNB de quinze pays arabes (avec un grand et riche pays comme l'Irak non inclus faute de données exploitables) a atteint près de 1.650 milliards de dollars en 2008, soit huit fois le PNB israélien. De plus, le PNB de l'ensemble des pays arabes (soit 1,8 trillions de dollars selon le rapport économique arabe unifié) est plus de neuf fois supérieur au PNB israélien. Si on prend en plus compte du facteur de la population, qu'aucun soutien international ne pourra fournir à "Israël", on en finit avec le discours dominant qui glorifie les capacités de l'entité sioniste. Enfin, le PNB israélien correspond à moins de la moitié (42%) du PNB de la seule Arabie saoudite, et la population de l'entité sioniste s'élève à peine au quart de celle du royaume.
Une économie militaire et une structure guerrière
Depuis son origine, l'économie israélienne s'est caractérisée par la prépondérance militaire, non seulement en raison de la hausse relative de la rentabilité moyenne de ce secteur jusqu'aux années 80 du siècle précédent, mais aussi en raison de la nature politique et militaire, et non économique, du rôle de l'entité sioniste au sein du système capitaliste international. Ce facteur n'explique évidemment que partiellement la nature guerrière originelle du sionisme et son projet (le reste trouve son explication dans les autres structures de la société sioniste, notamment la structure culturelle), ainsi que la persistance du conflit arabo-israélien et l'échec de toutes les tentatives de règlements, malgré les hallucinantes concessions arabes et la disposition de la majorité des Arabes à reconnaître Israël depuis 1949, à en croire les nouveaux historiens israéliens.
La nature de l'économie israélienne, qui révèle la nature, la structure et la fonction guerrière de l'entité sioniste, est depuis le début, un des piliers du conflit et une des causes de sa persistance, sans laquelle le sionisme aurait perdu la raison de son existence. En d'autres termes, le sionisme et le projet sioniste incarnés dans l'Etat juif, est nécessairement guerrier, sinon comment expliquer la structure économique sioniste à dominance militaire et ses répercussions politiques qui se traduisent en guerres et agressions continuelles.
Certains chiffres sont éloquents, tel le taux de dépenses militaires israélien par rapport au PNB qui est le plus élevé du monde : 13% dans les années 50, 22% dans les années 60, 32% dans les années 70, 24% dans les années 80 malgré l'"accord de paix" conclu avec le plus grand pays arabe et l'entrée des Arabes et de l'OLP dans la logique des négociations depuis le milieu des années 70.
D'après les chiffres de la Banque mondiale, on constate que, depuis la fin des années 80 et jusqu'en 2008, le taux des dépenses militaires israéliennes par rapport au PNB (de 8,12 à 15,4%) dépasse de très loin le taux des dépenses militaires international moyen (qui se situait autour de 3,65% en 1990 et de 2,43% en 2008), en dépit des accords conclus avec un certain nombre de pays arabes et l'OLP.
A titre de comparaison, le taux des dépenses militaires par habitant en "Israël" est deux fois plus élevé que le taux états-unien et quatre fois plus important que les taux britannique, français et allemand au plus fort de la guerre froide. Par ailleurs, le taux des effectifs militaires sionistes est de 50 pour mille habitants, un chiffre cinq fois plus important qu'aux Etats-Unis et qu'en France et dix fois supérieur au taux britannique en pleine guerre froide. On peut en conclure l'existence d'une relation primordiale entre la structure de l'entité et sa nature guerrière, du fait que la guerre et l'agression ont toujours été et continuent d'être une industrie rentable.
Au cours des premières années de l'histoire économique israélienne, entre la création de l'"Etat" et jusqu'à la fin des années 60 et le début des années 70, les investissements militaires (sur lesquels se sont concentrées les principales sociétés et banques israéliennes) étaient non seulement les plus rentables économiquement (au contraire des autres investissements), mais ils ont contribué au niveau macro-économique, dans le cadre d'une croissance économique générale, à la répartition des bénéfices et à la croissance des autres activités économiques. C'est par conséquent l'ensemble de la société israélienne qui a profité de l'industrie guerrière et des agressions contre les Arabes.
Au cours de la période suivante, à partir du début des années 70, les investissements des multinationales et des grandes banques dans l'industrie militaire se sont poursuivis, alors que ces investissements ne jouaient plus aucun rôle macro-économique, et qu'ils n'avaient plus aucun impact sur la croissance économique générale en raison de la modification du contexte économique mondial. On retrouve là les conditions classiques de la montée du fascisme. C'est au cours de cette période qu'a commencé la formation du "Nouvel Israël", ou "Israël néolibéral", un système qui se caractérise par le développement externe de l'économie (ce qui explique que les négociations de paix visent à résoudre les problèmes israéliens par la formation d'une alliance et d'un marché régionaux avec les élites économiques arabes, et non à conduire à la paix) parallèlement à un conservatisme et à un ultraracisme au niveau social et politique (qui explique la structure politique de la Knesset depuis la fin des années 70).
Le plus important, c'est que cette période a vu la montée et la domination d'une nouvelle classe sociale israélienne qui a continué à investir massivement dans l'industrie militaire, ascension qui s'est traduite politiquement par la montée en force du Likoud. Il n'est pas d'exemple plus évident de la nature guerrière israélienne, comme produit de la structure économique et du projet sioniste dans son ensemble, que la guerre contre le Liban déclenchée en 1982.
D'après l'expert militaire Avner Yaniv, "Israël" s'est trouvé contraint d'envahir le Liban pour des raisons stratégiques, en clair en réponse à la campagne pour la paix menée par l'OLP et à l'adoption par la direction palestinienne du projet des deux Etats. En vérité, cette guerre n'avait rien à voir avec "la paix en Galilée" comme le prétendait l'entité sioniste, en fait elle servait à poursuivre l'occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, comme l'a montré Norman Finkelstein, tandis que l'OLP se conformait à un engagement non officiel de cessez-le-feu entre le 28 juillet 1981 et le 9 mai 1982.
Pendant ce temps, des sources des Nations Unies enregistraient 2.125 violations israéliennes de l'espace aérien libanais et 652 violations de l'espace terrien et maritime (données documentées par Chomsky). La réponse israélienne à toutes les campagnes de paix arabes ont toujours été le refus et l'agression, les documents révélés par les nouveaux historiens israéliens ont par ailleurs montré que les propositions de paix et les dispositions officielles des régimes arabes à reconnaître Israël remontent à 1949.
On peut en déduire que tous les prétendus dangers pour l'existence et la sécurité qui menacent "Israël" dans le contexte arabe actuel en particulier, ne sont que pure propagande qui vise à justifier la poursuite des guerres et des agressions contre les Arabes et à légitimer la prédominance de l'industrie militaire au sein de la structure économique israélienne.
A supposer que le conflit avec l'entité sioniste soit uniquement militaire, ce qui est entièrement faux en réalité, compte tenu des données ci-dessus qui prouvent que les Arabes disposent d'une immense supériorité en termes de produit national et de population, les chiffres de l'industrie militaire et du taux de militarisation de la société israélienne ne devraient engendrer aucune crainte, au contraire, car, même si les Arabes se contentaient du taux de dépenses militaires moyen international (2,43% en 2008), ils atteindraient le double des dépenses militaires israéliennes.
Or, ce taux, pour ceux qui l'ignorent, est très inférieur aux investissements passés et présents des Arabes en matière d'armement, et la plupart des pays arabes dépassent le taux moyen d'investissement militaire international (sauf l'Egypte avec un taux de 2,29% et la Libye avec un taux de 1,1%, en 2008), et pour certains d'entre eux, tels l'Arabie Saoudite (15,2% en 1988 et 8,17% en 2008) et Oman (18,3% en 1988 et 11,3% en 2006), dépassent le taux israélien.
Enfin, le montant total des dépenses militaires arabes est cinq fois supérieur aux dépenses israéliennes. Cependant, en l'absence d'une stratégie de confrontation, ces dépenses militaires ne sont que gaspillages inutiles. De son côté, l'Iran, qui fait si peur à l'Occident et à "Israël", se contente d'un taux d'investissement égal à la moyenne internationale (2,47% du PNB en 2008). On peut en conclure que ce n'est pas le génie israélien mais bien l'absence d'un projet arabe, ou régional avec soutien arabe, de confrontation qui est à l'origine de la force d'"Israël".
Un colonialisme économique
Outre la centralité de l'économie guerrière dans le structure de l'entité sioniste, je voudrais mentionner deux cas qui illustrent bien, en dépit des déclarations d'intention et des discours de propagande, la présence de forces centrales influentes et agissantes en "Israël", dont les intérêts s'opposent structurellement et stratégiquement avec le principe même d'un quelconque règlement (lequel de toutes façons ne concède rien aux Palestiniens).
D'ailleurs, outre le pouvoir absolu détenu par l'institution militaire et les officiers de grade supérieur, le fait que la Cisjordanie et la Bande de Gaza soient du ressort du ministère de la Guerre israélien, montre bien que l'armée en tant qu'institution, et les individus qui en font partie, ont grand intérêt à ce que l'occupation se perpétue de quelque manière que ce soit.
Comme éléments de preuve, rappelons qu'un officier israélien prend sa retraite à 45 ans avec le grade de colonel, et reçoit près de deux millions de dollars, outre sa pension de retraite, de plus il se voit attribuer un poste dans le conseil d'administration d'une des sociétés d'armement ou de sécurité. L'armée et les individus dont elle se compose n'a, par conséquent, aucun intérêt à ce que le conflit s'arrête, bien au contraire.
Les colonies et les colons : outre le fait qu'elles sont un instrument de domination de la terre, les colonies sont un facteur et une base d'attraction des investissements. Le soutien gouvernemental considérable, conjugué au vol des terres arabes, permet de proposer un environnement propice aux multinationales telles que Matrix, qui sont à la recherche d'une main d'œuvre bon marché occidentale (car Israël est une entité occidentale) qui concurrence les salaires asiatiques.
C'est ainsi que l'industrie de l'immobilier et celle de la construction constituent deux fondamentaux de l'économie israélienne et que l'expropriation perpétuelle des biens arabes constitue la ressource d'un taux de rentabilité relativement élevé, ce qui explique que des banques et des capitaux étrangers continuent à investir dans ces domaines. Les colonies ne sont pas de simples regroupements de racistes et d'extrémistes, dont l'évacuation nécessite une "décision politique courageuse", comme on dit, mais elles sont un fondement de l'économie israélienne et une source de revenu et d'investissement pour des forces économiques et des grandes banques, dont l'influence est prépondérante à l'extérieur desdites colonies.
Dans toutes les sociétés, on trouve un groupe qui profite de la guerre, de l'agression et du pillage, mais dans le cas d'"Israël", on se trouve face à une entité construite et fondée sur le facteur agression qui est l'essence de sa structure et de sa fonction, et la raison même de son existence.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13469&type=analyse&lesujet=Sionisme

Sarkozy: "condamnation sans appel" de l'assassinat de Dubaï

22/02/2010  
Le président français Nicolas Sarkozy a fait part de sa "condamnation sans appel" de "l'exécution" à Dubaï d'un chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, lundi à Paris lors d'une conférence de presse commune avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
"C'est une condamnation sans appel", a déclaré le président français. "Ce genre d'événement ne peut qu'attiser les tensions et n'amène rien de positif. La France est une démocratie et on ne peut pas accepter ça. Et nous ne l'acceptons pas."
Nicolas Sarkozy a indiqué avoir fait part au ministre émirati des Affaires étrangères de cette condamnation.
   "Je veux le redire sans aucune ambiguïté, la France condamne toutes les exécutions. Ce ne sont pas des méthodes et rien ne peut justifier ces méthodes", a-t-il insisté.
   "Il y a une enquête en cours. Attendons pour savoir qui est derrière. Y a-t-il des commanditaires et qui sont-ils ?", a ajouté le président français, sans se prononcer sur la responsabilité de cet assassinat, attribuée à Israël par la police de Dubaï.
Mahmoud Al-Mabhouh, l'un des fondateurs de la branche armée du Hamas, a été retrouvé mort le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï. Il a été assassiné par un commando, dont les membres présumés étaient détenteurs de passeports européens.
(AFP)

L'Iran répondra brutalement en cas d'attaque

22/02/2010 
L'Iran n'a pas l'intention d'entamer une guerre mais répondra "brutalement" à une éventuelle attaque, a affirmé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Ahani, dans une interview publiée lundi par le quotidien croate Vecernji List.
Interrogé sur les investissements iraniens en matière d'armements, M. Ahani a assuré que le peuple iranien était "pacifique" et que tout ce que son pays entreprenait dans ce domaine revêtait un "caractère défensif" en raison des "menaces" dont l'Iran fait l'objet.
M. Ahani, interviewé à l'occasion de son déplacement en Croatie où il a assisté la semaine dernière à l'investiture du nouveau président croate Ivo Josipovic, a mis en garde contre la présence "à presque toutes les frontières" de l'Iran de "forces militaires étrangères, dont l'Otan".
"Les puissances occidentales vendent par ailleurs d'énormes quantités d'armes aux pays voisins et aux pays de l'ensemble de la région. Vu cette situation, je pense que nous avons le droit d'être prêts à réagir à tout moment", a dit le responsable iranien.

Netanyahu réclame à nouveau un embargo pétrolier contre l'Iran

22/02/2010 
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exhorté de nouveau lundi la communauté internationale à décréter un embargo pétrolier contre l'Iran pour l'obliger à stopper son programme nucléaire.
"Il faut empêcher les exportations de pétrole iranien et les importations par l'Iran de produits raffinés. Toute autre sanction ne saurait être effective", a estimé le chef du gouvernement de l'entité sioniste qui s'est dotée de 200 ogives nucléaires.
"Il n'est pas certain que ces mesures suffiront, mais du moins on aura essayé. Si le Conseil de sécurité ne donne pas son accord, cela pourrait être réalisé dans un autre cadre, hors de l'ONU. Ce qui est sûr, c'est que ces sanctions doivent être prises et ce dès maintenant", a-t-il poursuivi, lors d'une assemblée juive à Jérusalem occupée.
"Nous sommes arrivés au point où la communauté internationale doit décider si elle entend sérieusement stopper le programme nucléaire iranien", a-t-il dit, devant des délégués de l'Agence juive, un organisme chargé d'encourager l'immigration juive en territoire occupée.
Lors de sa visite en Russie, la semaine dernière, Netanyahu avait déjà insisté sur la nécessité d'imposer à Téhéran "des sanctions qui font mal et qui frappent de manière convaincante l'industrie pétrolière". 

Discours stratégique et déroute israélienne

lundi 22 février 2010 - 14h:34
CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine)
Le compte à rebours pour la fin de l’entité sioniste a commencé en 1948. Et j’ajoute à l’intention de nos amis sionistes : chose promise, chose due !
Synthèse d’un important discours du secrétaire général du Hezbollah libanais
(JPG)
C’est au terme de la semaine consacrée à honorer la mémoire des martyrs de la révolution islamique au Liban, les martyrs du Hezbollah et notamment ses trois dirigeants, Sheikh Ragheb Harb, Sayyid Abbas al-Moussawi et le dirigeant combattant Imad Moughnieh, que Sayyid Hassan Nasrullah, secrétaire général du Hezbollah, a prononcé un discours historique devant une foule toujours aussi fidèle et enthousiaste, annonçant la nouvelle stratégie de la résistance.
Analystes politiques et stratèges militaires, de tous bords, reconnaissent qu’une nouvelle phase du conflit opposant la nation arabo-musulmane à l’entité coloniale sioniste est désormais en cours : celle de la riposte au coup pour coup, celle de la capacité de la résistance islamique à riposter aussi durement que l’ennemi israélien. Sayyid Nasrullah n’a pas hésité à confirmer ce que les responsables israéliens disent depuis la fin de la guerre de juillet 2006 : oui, nous nous armons, oui, nos nouvelles armes sophistiquées peuvent atteindre toute la Palestine occupée.
Mais au-delà de cette confirmation, le chef de la résistance arabe a annoncé que le Hizbullah était en mesure de riposter au coup pour coup : « Si vous attaquez l’aéroport du martyr Rafiq al-Hariri à Beyrouth, nous attaquerons l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv, si vous attaquez nos centrales électriques, nous attaquerons vos centrales électriques, si vous attaquez nos usines, nous attaquerons vos usines », tout en faisant remarquer que si la population au Liban était habituée à vivre sans électricité, les israéliens ne le sont pas.
Pour la première fois depuis l’occupation et la colonisation de la Palestine, il y a 62 ans, un dirigeant arabe, et quel dirigeant ! remet Israël à sa place, non pas en lançant de vagues « menaces », comme le faisaient auparavant des chefs enthousiastes mais impuissants, mais en promettant, comme le promettent toujours les « hommes de Dieu », les combattants du Hezbollah et leur dirigeant, que toute attaque israélienne sera immédiatement suivie d’une attaque de même niveau.
Il ne s’agit pas, comme l’a rappelé Sayyid Nasrullah, d’occasionner des trous dans quelques maisons de Tel Aviv, si c’est à cela que les dirigeants israéliens pensent, non, il s’agit de bombarder plusieurs immeubles de Tel Aviv si un seul immeuble de la banlieue sud de Beyrouth est bombardé.
Pour faire encore plus comprendre les choses et assurer que ses paroles ne sont pas gratuites, il a précisé l’importance stratégique pour les Israéliens de toute la zone située au sud de Haïfa, autour de Tel Aviv : c’est là où se trouvent la majeure partie de la population israélienne, des agglomérations industrielles, les principales centrales électriques, les sièges de plusieurs centres vitaux pour la colonie sioniste : militaires, administratifs et de recherches stratégiques.
Ce discours historique et stratégique n’a pas été diffusé sur les chaînes israéliennes, la censure militaire d’un pays jugé démocratique par la « communauté internationale », ayant sévèrement agi. Seuls quelques passages du discours ont été diffusés, mais ce qui est encore plus significatif, est le silence des dirigeants israéliens. Même Lieberman, toujours prêt à bavarder, n’a pas bronché. Car ce que le dirigeant de la résistance leur a annoncé, sans détours, c’est que le Hezbollah est armé de telle manière qu’il peut riposter à toute attaque, et nul ne l’en empêchera.
Il ripostera aussi loin et aussi durement à toute attaque sioniste. Il est évident que ni les dirigeants sionistes, ni leurs alliés, ne s’attendaient à un tel discours. Concernant son armement, le Hizbullah leur a fait comprendre plusieurs choses : d’abord, le Liban n’avait besoin de personne pour s’armer, la résistance a et aura ce qu’il faut (et si cela ne leur plaît pas, qu’ils boivent la mer, a-t-il ajouté).
Ceci en réponse aux Etats-Unis et à la France et tous les Etats qui promettent d’équiper l’armée libanaise, dans un souci de conflit interne. Depuis des mois, les responsables militaires américains font la navette et des discours, promettant d’équiper l’armée libanaise, mais de manière à maintenir la supériorité militaire aérienne, terrestre et maritime, favorable à la colonie sioniste.
Donc, le Liban n’a pas besoin de tous ces Etats qui marchandent la sécurité d’un pays. Grâce à la résistance islamique qui a su s’armer, ce marchandage n’a plus de raison d’être. Ils vendront ce qu’ils veulent à l’armée libanaise, d’autres armes sont là pour protéger le pays. Sayyid Hassan Nasrullah a également fait comprendre aux parties libanaises internes que ni l’ONU, ni la communauté internationale, ni les Etats-Unis, ni la France « amie » du Liban, ne le protègeront contre les attaques israéliennes.
C’est sur ses propres forces qu’il faut compter, comme pour la guerre de libération du Liban, de 1982 jusqu’à la libération. Il a expliqué que la communauté internationale ne respecte que le puissant : Israël n’a jamais appliqué une résolution de l’ONU ou du conseil de Sécurité, ni en Palestine, ni dans aucun pays arabe. C’est pourquoi il faut acquérir cette puissance, et c’est ce que le Hezbollah a fait. Dorénavant, avant toute attaque, il faudra réfléchir mille fois, et non une seule.
A ce propos, le dirigeant de la résistance islamique a expliqué pourquoi les sionistes sont actuellement dans une impasse : ils ne peuvent faire la guerre alors qu’ils veulent la faire. Depuis leur défaite en 2006 (Liban) et 2009 (Gaza), ils réfléchissent à une guerre qu’ils veulent victorieuse, rapide et décisive. Il est évident que plus le temps passe, moins ils pourront la mener, car les résistants, palestiniens et libanais, et même la Syrie et l’Iran, profitent de ces moments de déroute israélienne, pour s’armer, s’équiper, réfléchir sur de nouvelles stratégies, récupérer des renseignements sur le front intérieur, bref, les résistants se préparent.
Le dirigeant de la résistance islamique a fait également remarquer aux Libanais que la stratégie militaire du Liban devait être unique, puisque les Libanais ne cessent d’évoquer qu’ils sont uniques : puisque vous l’êtes, puisque vous ne cessez de le clamer, adoptez donc cette nouvelle stratégie de défense, unique dans le monde : l’alliance entre la résistance, l’armée et le peuple résistant. Car, sur le plan intérieur, quelques personnalités politiques réclament encore la démilitarisation du Hezbollah, jugeant même que tant que le parti de la résistance existe, Israël prendra le prétexte d’attaquer le Liban. N’ayant pas encore tiré les leçons de l’histoire, en retard d’un demi-siècle et de deux guerres, ces voix discordantes représenteront, si elles maintiennent leur discours, un appel à l’agression israélienne, comme l’a expliqué Sayyid Hassan Nasrullah. Et dans une telle situation, elles vont inexorablement à leur perte.
Ce discours historique du chef de la résistance, non seulement libanaise, mais arabe et musulmane, contre l’ennemi sioniste, aura certainement un impact décisif sur toute décision américano-sioniste dans la région. Alors que les dirigeants sionistes ne cessent, depuis la fin de la guerre contre la bande de Gaza, de menacer haut et fort toutes les résistances et les pays qui refusent leur diktat, les voilà servis : ils ont déjà reçu la réponse du ministre syrien des affaires étrangères, qui a remis Lieberman à sa place, le traitant en plus de voyou, et ils reçoivent aujourd’hui la réponse du Hezbollah. Vous voulez la guerre ? Osez donc la faire. Vous voulez attaquer et détruire ? Osez donc ! Nous sommes prêts, « le martyr Imad Mughnieh vous a préparé des dizaines de milliers de combattants prêts pour le martyre ». Nous vous attendons, dans les vallées, les montagnes, les villages, les ruelles et les maisons. Et en plus, nous avons les moyens et nous riposterons de la même manière.
Tant il est vrai que le discours de Sayyid Nasrullah a inauguré une nouvelle étape dans la lutte de libération de la Palestine, il est encore plus vrai que les sionistes sont en pleine déconfiture, notamment avec l’assassinat du responsable des Brigades Sheikh Izzidine al-Qassam, à Dubaï. A présent, c’est le Mossad lui-même, considéré comme la fine fleur des renseignements dans le monde, qui se retrouve coincé et remis en cause, même par les Israéliens. Au premier abord, son opération semblait réussie : il réussit à faire entrer neuf agents dans un pays arabe et assassine en quelques minutes le martyr Mabhouh, avant de quitter le pays dans l’heure qui suit. Mais Dubaï, pays allié des Etats-Unis et qui se trouve dans le camp de la normalisation avec Israël, ne peut accepter ce défi.
Ses caméras réussissent à désigner les coupables, entrés dans le pays avec des passeports falsifiés, passeports entre autres européens. Il est vrai que les puissances alliées des Israéliens ne réagissent pas à l’assassinat lui-même, au contraire, si l’opération n’avait laissé aucune trace, ils l’auraient bénie, mais le Mossad a laissé de lourdes traces, mondialement découvertes. Colère apparente ou véritable des chancelleries européennes ? La Grande-Bretagne et la France devront réagir à cet acte de banditisme international, ce qui pose le problème du trafic de passeports par le Mossad, présent dans toutes les capitales et villes européennes, et même dans les aéroports. Mais aussi trafic de passeports falsifiés d’Israéliens eux-mêmes. Le Mossad agit-il contre ses propres citoyens ? Le Mossad et son dirigeant, présenté cependant une semaine auparavant, comme un des meilleurs chefs de ce service, semblent avoir perdu la main. Ce qui est certain, c’est que l’assassinat du martyr Mabhouh commence, avant même la riposte promise du Hamas, par avoir de lourdes conséquences sur l’Etat colonial, qui n’a pas encore entièrement résorbé l’affaire du rapport Goldstone.
Il va sans dire que les promesses de venger les martyrs, le martyr Imad Mughnieh (Hezbollah) et le martyr Mabhoud (Hamas) ne vont certainement pas laisser les dirigeants sionistes dormir tranquilles. Eux qui déjà se plaignaient de mal dormir parce que les Palestiniens augmentent en nombre tous les jours (déclaration de leur dirigeante Golda Meier), les voilà qui devront prendre toutes les précautions avant de circuler, dans et hors de la colonie. Sayyid Nasrullah le leur a rappelé : nous ne sommes pas pressés, nous prendons notre temps, notre vengeance sera à la mesure du dirigeant martyr (c’est-à-dire immense).
Il a ajouté : Nous avions eu, ces deux dernières années, de nombreuses possibilités de frapper des petites cibles, mais nous choisissons nos cibles et nous dirons : voici la riposte du Hezbollah à l’assassinat de notre dirigeant martyr. Nous choisirons le lieu, le moment et la cible.. Et s’adressant à ceux qui le questionnent ou qui pensent que la riposte est incertaine, il a répondu : que personne ne fasse pression sur nous, que personne ne fasse de la surenchère ! Notre ennemi est inquiet, laissez-le s’inquiéter, tous les jours, en tout lieu et pour toute cible..
Et aujourd’hui, pour la commémoration de l’assassinat de Hajj Imad, je le dis : « nous voulons une cible de la taille de Imad Mughnieh, non pas par vengeance, mais pour protéger nos dirigeants, nos cadres et toute la cause qu’a défendue Ima Mughnieh. »
Quand donc les Israéliens comprendront que ce pays, la Palestine, ne pourra jamais être pour eux un lieu de sécurité ? Tant que cette colonie existe, ceux qui y vivent en colons sont menacés par la résistance, de plus en plus puissante et capable.
Février 2010 - Transmis par CIREPAL

Les 3 lignes de défense qui peuvent changer la face du Proche-Orient

lundi 22 février 2010 - 22h:04
Robert Fisk - The Independent
La frontière semble paisible, mais le Hizbollah et Israël se préparent à la guerre, écrit Robert Fisk.
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La guerre israélienne contre le Liban en 2006 s’est révélée catastrophique pour l’état sioniste dès que les combats ont eu lieu sur le terrain. Ici un soldat israélien blessé par la résistance libanaise et évacué vers l’arrière - Photo : AP
On dirait un parcours de sauts d’obstacles. Il y a la première barrière électrifiée, puis la bande de sable pour repérer les empreintes de pas, puis la route de macadam, puis encore une barrière électrifiée et puis des acres et des acres d’arbres. Des vergers plutôt que des tanks. La « Galilée » s’étend là-bas, calme, brumeuse et vert-foncé cet après-midi d’hiver - un Israël paisible, pourriez-vous penser. Et un Liban paisible au nord, avec des plantations de tabac parmi les collines pierreuses et juste à l’occasion un véhicule blindé des Nations Unies pour que vous fassiez attention à vos orteils.
« Le major Pardin dit que vous ne pouvez pas prendre de photos, » me signale un soldat malaisien des Nations Unies. Puis un second soldat me répète la même chose. Puis arrive un agent des services de renseignement de l’armée libanaise, qui regarde fixement nos papiers. « D’accord, vous avez la permission, » déclare-t-il, et je m’éloigne avec mon vieux Nikon ; les champs, la barrière de la frontière, la tour « high-tech » de surveillance à l’horizon... Ceci doit être la frontière la plus photographiée au monde.
Bien sûr, cette douce campagne est une illusion. Benjamin Netanyahu et ses collègues du gouvernement israélien ont claironné que la seule « armée » du Liban est le Hizbollah, les guérilleros armés par l’Iran et soutenus par la Syrie, dont les bunkers et les missiles basés au nord du fleuve Litani pourraient bien faire pencher la balance lors de la prochaine guerre entre le Hizbollah et Israël. Et Sayed Hassan Nasrallah, premier dirigeant du Hizbollah, a envoyé quelques menaces des plus intéressantes : que ses forces vont « changer la face de la région du Moyen-Orient » s’il y a une autre guerre contre Israël. Peu de monde doute de ce que cela signifie.
Les routes libanaises nouvellement remises en état près de la frontière - grâce à l’argent du Hizbollah - laissent penser que quelqu’un pourrait vouloir déplacer des hommes rapidement vers la frontière. Et peut-être même franchir la frontière.
C’est ce que suspectent les Israéliens également - et cela donne du sens à l’avertissement de Nasrallah la semaine dernière. Le Hizbollah a revendiqué que la guerre 2006 avec Israël était « une victoire divine » - ce que nous ne vivions pas de la même façon au sud-Liban à ce moment-là - pourtant même Israël admet que c’était une quasi-défaite pour ses propres soldats peu performants. Mais comment Israël réagirait-il si le Hizbollah parvenait à entrer en Israël ? Les commandants de l’armée israélienne en parlent dans la presse israélienne. Une incursion rapide et dramatique à travers la frontière vers l’ouest, dans la direction de Naharia, peut-être, ou la saisie de la colonie de Kiryat Shmona... et le Hizbollah annoncerait avoir « libéré » une partie de la « Palestine » historique. Israël devrait alors bombarder son propre territoire pour les chasser de là.
Ce n’est pas un jeu. L’armée israélienne veut se venger du Hizbollah qui l’a humiliée en 2006. Nasrallah - sur des écrans géants, pour des raisons de sécurité - parle souvent comme si c’était lui le président libanais. Les Israéliens pensent-ils vraiment qu’Al-Qaida ou le Hizbollah soient derrière la tentative d’attentat contre des diplomates israéliens entre Amman et le pont Allenby ? interroge Nasrallah. Le Hizbollah aurait réussi à les faire sauter s’il avait été impliqué ! et la foule de crier son approbation.
Mais la liste des menaces s’allonge. Le ministre israélien de la défense, Ehud Barak, a déclaré que le gouvernement libanais sera tenu responsable de toute guerre à venir, et les Libanais ont eu droit aux habituels avertissements israéliens. L’infrastructure du Liban sera attaquée, ses ponts et ses routes détruits, ses villages rayés de la carte. Israël, toujours selon Barak, s’est retenu en 2006 - quand il a attaqué les infrastructures du Liban, détruit ses ponts et ses autoroutes et détruit ses villages. Plus ça change...
Mais il y a beaucoup de « changement ». La Syrie est courtisée par l’administration Obama. Les anciens alliés [des Etats-Unis] au Liban - le leader druze Walid Jumblatt, entre autres - prononcent des paroles mielleuses en direction de Damas. En effet, M. Joumblatt a rencontré Nasrallah et son vieil ennemi Michel Aoun, tout en expliquant qu’il avait fait les trois-quarts du chemin qui le sépare de Damas. Et le président syrien Assad a été à nouveau en visite à Téhéran, assurant la République islamique de son fidèle soutien.
Vous pouvez imaginer ce que chacun a en tête. Et voici la grande question, « le chameau dans la chambre ». Si Israël ignore Obama et attaque les sites nucléaires iraniens - une agression réelle, s’il peut exister pire - le Hizbollah pourrait alors tirer des fusées sur Israël, révélant peut-être même les capacités de son nouveau système de missiles anti-aérien. Le Hamas pourrait se joindre [à la réplique libanaise] à partir de Gaza. Le Hamas est un pot en étain, le Hizbollah non. Une attaque israélienne contre l’Iran libérerait la puissance militaire iranienne contre les Etats-Unis. Mais une partie de cette puissance militaire, c’est le Hizbollah au Liban. C’est une affaire sérieuse.
A Noël, un colis venu « d’un pays étranger » a été porté à trois responsables du Hamas à Beyrouth et a explosé, les tuant tous les trois. La semaine dernière, une bombe a explosé dans un immeuble du sud-Liban appartenant à deux responsables du Hizbollah, blessant trois enfants. L’un d’eux, Diana Zreik, âgée de 11 ans, a été amputée de la jambe gauche. Cela rappelle le passé, dans les années 1970, quand Israël envoyait des lettres piégées à ses ennemis au Liban.
Les Nations Unies se sont plaintes de l’augmentation du nombre de survols du territoire libanais par Israël. L’armée libanaise a ouvert le feu sur des avions israéliens survolant la frontière - inutilement, naturellement, parce que les Américains ne fournissent pas à l’armée libanaise des armes pouvant nuire à Israël - tandis que le sénateur américain John McCain faisait un saut à Beyrouth pour se plaindre des armes en possession du Hizbollah - lesquelles, en vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, sont censées être entre les mains de l’armée libanaise. C’est la même résolution qui est supposée empêcher les survols israéliens.
Et que montre ces survols ? « Nous voyons le Hizbollah au Liban monter en puissance et son influence grandir, au niveau politique comme à d’autres, » a déclaré Barak la semaine dernière. « Nous voulons à nouveau faire comprendre aux dirigeants libanais que nous voyons tout, et nous tiendrons ceux qui font monter les tensions comme responsables ... la situation peut se détériorer rapidement. » Merci, Israël. Surtout si Israël attaque l’Iran.
(JPG)
21 janvier - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction de l’anglais : Nazem
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8208

Quand Bernard Kouchner réinvente la “feuille de route”

publié le lundi 22 février 2010
Gilles Paris
 
Que faut-il comprendre des déclarations de Bernard Kouchner au Journal du Dimanche et à la tribune qu’il publie dans le Monde daté du 23 février avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos, ancien émissaire de l’Europe pour le Proche-Orient (1996-2003) ?
Dans les premières, M. Kouchner déclare dans son style inimitable : “La question qui se pose, en ce moment, c’est la construction d’une réalité : la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie… Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien, et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières. Je serai tenté par cela”, poursuit le ministre qui ajoute aussitôt : “Je ne suis pas sûr d’être suivi, ni même d’avoir raison.”
Dans la tribune, les deux ministres dressent le tableau suivant : “Dès maintenant, l’Europe pourrait promouvoir, sur le terrain, des mesures de confiance audacieuses aux deux parties afin d’aider simultanément cette relance de la négociation qui doit se produire tout de suite. Elle pourrait aussi accueillir une conférence au sommet pour la paix permettant de conforter et d’encadrer cette dynamique (…) A l’issue (sic), l’Europe, comme elle s’y est déjà engagée, reconnaîtrait collectivement l’Etat palestinien pour que la Palestine devienne enfin un membre à part entière de la communauté des nations, vivant en paix et en sécurité à côté de l’Etat d’Israël.”
M. Kouchner est-il un intrépide en proposant la reconnaissance d’un Etat avant un accord sur des frontières ? Point du tout. Cette perspective a été esquissée très précisément dès 2002 dans la “feuille de route” publiée en 2003 et à la rédaction de laquelle avait activement participé M. Moratinos. Rappelons que cette “feuille de route” prévoyait en trois phases la création d’un Etat palestinien au plus tard en décembre 2005. Voici que que ce texte prévoyait à mi-parcours :
“Pendant la seconde phase, les efforts seront concentrés sur l’objectif consistant à créer, à titre d’étape sur la voie d’un accord sur le statut définitif, un État palestinien indépendant, doté de frontières provisoires et des attributs de la souveraineté et fondé sur la nouvelle constitution.” La “feuille de route” ajoute “les membres du Quartet [Etats-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies] préconisent la reconnaissance internationale de l’État palestinien, avec éventuelle adhésion à l’Organisation des Nations Unies.”
Autrement dit, rien de neuf, pas même l’idée défendue par le président Nicolas Sarkozy d’une conférence internationale (qu’il voudrait voir se tenir à Paris), mentionnée par les deux ministres et également prévue par la “feuille de route” pendant cette deuxième phase :
“Convoquée par le Quartet en consultation avec les parties et immédiatement après la tenue des élections palestiniennes dans des conditions satisfaisantes, elle a pour objet de soutenir la relance économique palestinienne et de lancer un processus qui conduira à la création d’un État palestinien indépendant doté de frontières provisoires.”
La “feuille de route” est le document de référence accepté par toutes les parties, même si elle a bien vieillie (la deuxième phase à laquelle on fait référence devait s’ouvrir en…juin 2003 pour s’achever en décembre de la même année.)
Qu’un ministre des affaires étrangères la redécouvre sans s’en apercevoir (sans être sûr “d’avoir raison”), et qu’il se trouve des responsables israéliens pour s’en indigner (“Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible”, responsable anonyme cité par l’AFP [1]), en dit long sur sa pertinence et sur la confusion qui entoure le processus de paix.
[1] voir aussi le NouvelObs :

Etat palestinien : Israël répond non à Kouchner

Le ministre Français des affaires étrangères avait souhaité hier la reconnaissance d’un Etat palestinien, avant même le tracé des frontières.
Israël s’oppose à l’idée évoquée par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner d’une reconnaissance d’un Etat palestinien avant la conclusion des négociations sur ses frontières, a indiqué dimanche 21 février un responsable israélien. "Imposer un tel semblant de solution partielle de l’extérieur va à l’encontre de l’idée même de paix", a affirmé à l’AFP un haut responsable israélien, qui a requis l’anonymat. "Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible", a-t-il prédit. Bernard Kouchner avait estimé qu’"on peut envisager" la proclamation et une "reconnaissance immédiate" d’un Etat palestinien avant même les négociations sur ses frontières, dans une interview samedi au Journal du Dimanche.
Les négociations sont au point mort
"La question qui se pose, en ce moment, c’est la construction d’une réalité : la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie...", avait déclaré le ministre français. "Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien, et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières", avait ajouté le chef de la diplomatie française. "Je serai tenté par cela (...). Je ne suis pas sûr d’être suivi, ni même d’avoir raison", avait-il également souligné. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a pour sa part déclaré son intention de donner naissance à un Etat palestinien "dans les faits et sur le terrain" en 2011, quelle que soit l’avancée des discussions avec Israël. Les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens sont au point mort. Le président palestinien Mahmoud Abbas, en visite en France dimanche et lundi, a accepté le principe de discussions indirectes avec l’Etat hébreu sous l’égide des Etats-Unis. Les Palestiniens demandent que leur futur Etat soit basé sur les frontières d’avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, avec comme capitale la partie arabe de Jérusalem, conquise et annexée par Israël.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou paix"

L’UE condamne vivement l’assassinat de Mabhouh à Dubaï

23/02/2010
Proche-Orient Lieberman rejette les accusations d'implication d'Israël dans le meurtre de Dubaï, en lançant sur le ton de la boutade : « Je pense que vous regardez trop de films de James Bond ».
L'UE a vivement condamné hier dans une déclaration endossée par l'ensemble de ses États membres l'assassinat d'un activiste palestinien à Dubaï et l'emploi de faux passeports par les suspects. Le communiqué ne cite pas nommément l'État d'Israël, mais exprime la désapprobation des États membres de l'UE au sujet de la mort de Mahmoud al-Mabhouh, tué le mois dernier à Dubaï par un groupe de personnes utilisant de faux passeports européens et qui, selon les autorités de Dubaï, travaillaient pour Israël. « L'assassinat de Mahmoud al-Mabhouh à Dubaï le 20 janvier soulève des questions qui inquiètent profondément l'Union européenne. Cette action ne peut pas contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient », peut-on lire dans la déclaration. « L'UE condamne vivement le fait que ceux qui sont impliqués dans cette action ont utilisé des passeports frauduleux d'États membres de l'UE et des cartes de crédit acquises via l'usurpation d'identité de citoyens de l'UE », est-il encore indiqué dans ce texte d'une demi-page. La déclaration, approuvée lors de la réunion mensuelle des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept a été rédigée par la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Irlande, les quatre pays dont des passeports ont été falsifiés. Le texte se félicite par ailleurs de l'enquête engagée par les autorités de Dubaï et appelle tous les pays à y apporter leur soutien. Il précise aussi que ces quatre pays mènent leur propre enquête.
Hier matin, le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Union européenne, avait déclaré que l'utilisation de faux passeports était un sujet de préoccupation pour l'ensemble des Vingt-Sept.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par le fait qu'un passeport, qui est un document légal et important, puisse être utilisé d'une manière différente et dans un objectif différent », a-t-il dit aux journalistes à Bruxelles.
Israël est resté très discret dans cette affaire, refusant de confirmer ou de démentir l'implication présumée du Mossad dans la mort du dirigeant palestinien ou les accusations selon lesquelles les passeports auraient été falsifiés. Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui a rencontré ses homologues britannique et irlandais en marge de la réunion de Bruxelles, a indiqué qu'il n'existait « aucune information prouvant l'implication d'Israël dvans cette affaire ». « Je pense que vous avez tous vu trop de films de James Bond », a-t-il dit aux journalistes.
La police des Émirats est convaincue que des agents des services secrets israéliens sont responsables de la mort de Mabhouh. Dans le cadre de l'enquête, les autorités de Dubaï ont lancé des mandats d'arrêt contre onze porteurs de faux passeports utilisant l'identité de six Britanniques, trois Irlandais, un Français et un Allemand. Plusieurs de ces personnes ont démenti avoir eu un rôle dans cette affaire ou s'être même rendues à Dubaï. Selon les enquêteurs, le Mossad pourrait avoir fait des copies des passeports et les avoir modifiés pour permettre aux assassins d'entrer dans les Émirats sous de fausses identités. 

Une boule puante

publié le mardi 23 février 2010
Uri Avnery – 13 février 2010
 
Cette semaine, le gouvernement Nétanyahou a lâché une boule puante sous le siège de Mahmoud Abbas.
Cela fait des mois maintenant qu’Abbas irrite le Premier Ministre. Il a refusé d’engager des “négociations de paix” tant que les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est continuent de se développer.
Chacun sait que les négociations proposées n’ont pas de sens et qu’elles ne mèneront nulle part. Benjamin Nétanyahou en a besoin pour détourner la pression américaine. Barack Obama en a besoin pour afficher quelque résultat, aussi faible soit-il. Mais Abbas sait que son acceptation aiderait le Hamas à le présenter comme un collaborateur.
Maintenant, Nétanyahou a décidé de donner une leçon à Abbas. Pendant trois jours, jour après jour et programme après programme, Channel 10 (la deuxième chaîne la plus importante d’Israël) a diffusé des “révélations” épouvantables sur des scandales financiers et sexuels au sommet de l’Autorité palestinienne.
Une personne que l’on présentait comme un “officier supérieur” des services de sécurité israéliens, avec le grade de général, est apparu à la télévision pour accuser les dirigeants de l’Autorité Palestinienne et du Fatah de voler des centaines de millions de dollars et de se livrer à d’abominables abus sexuels.
Les “révélations” pourraient mettre en danger l’existence même de l’Autorité palestinienne.
De tels éléments n’auraient pas été diffusés si le Service de Sécurité d’Israël (connu sous le nom de Shin Bet ou Shabak) s’y était opposé. On peut raisonnablement considérer qu’il est profondément impliqué.
L’HEUREUX père du scoop fut Tzvi Yehezkeli, le “correspondant pour les questions arabes” de Channel 10.
Je suis depuis des années les émissions de Yehezkeli, et il m’est difficile de me rappeler un seul mot de lui qui ne présente les musulmans en général et les Arabes en particulier sous un jour ridicule. Ses reportages, et les sujets qu’il choisit de montrer, se situent en général quelque part entre une extrême arrogance et un mépris absolu.
Il ne représente en cela rien d’exceptionnel dans nos médias. La plupart des “correspondants pour les affaires arabes” sont des anciens des services de renseignement de l’armée et se considèrent comme des membres actifs de la vaste entreprise de propagande contre les Arabes.
Beaucoup d’entre eux bénéficient de l’aide généreuse de certaines institutions financées par des milliardaires américains, dont la seule occupation consiste à empoisonner les puits de la paix et de la bonne intelligence. Les Juifs israéliens, dont la plupart ne comprennent pas l’arabe, ne réalisent pas que sous l’apparence d’une information objective on les abreuve d’une guerre psychologique anti arabe bien conduite. Ces institutions emploient une foule de gens qui analysent chaque mot et chaque image apparaissant dans les médias du monde arabe. Lorsque l’on passe au crible les millions de mots et les milliers d’émissions en provenance de 22 pays arabes (dont l’Autorité palestinienne) et des autres parties du monde musulman, il est facile de trouver chaque jour une déclaration démentielle et un événement ridicule. Voilà le tableau présenté au public israélien. (À quoi ressemblerions-nous si nous étions nous-mêmes soumis à ce genre d’examen ?)
ET VOILÀ pour le père du scoop. Qui est le dénonciateur ? Fahmi Shabaneh, un ancien chef du service de sécurité palestinien à Hébron, est présenté par Yehezkeli comme un héro prêt à mourir à tout moment pour la cause de la pureté morale. Il s’est même préparé une tombe sur le Mont des Oliviers.
Franchement, je ne lui achèterais pas une voiture d’occasion.
Son apparition à la télévision israélienne est en elle-même, pour le moins, étrange. Pourquoi ce patriote palestinien choisirait-il de s’exprimer dans les médias israéliens plutôt qu’ailleurs ? Pourquoi n’a-t-il pas proposé sa marchandise à une station ou à un journal arabe ou au moins à un organe neutre ? L’argument que personne ne l’aurait publiée ne tient pas. Est-ce que le Hamas aurait refusé ? Manque-t-il en Europe et aux États-Unis de médias qui sauteraient sur l’occasion de couvrir de boue les Arabes ?
Ce sujet profite, naturellement, à l’occupation israélienne. Il fournit des munitions à tous ceux qui veulent montrer que “nous n’avons pas de partenaire pour la paix”. Il aide les colons et les autres va-t-en-guerre.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous abstenir d’aborder cette question, toute répugnante qu’elle soit. Cette boule puante est un engin explosif.
CEPENDANT LA qualité de la révélation ne dépend pas nécessairement de la personnalité de Tzvi Yeheskeli et de Fahmi Shabaneh. Une information compromettante provient souvent de sources contaminées. Elle doit être appréciée en fonction de ses qualités propres.
Jusqu’à présent, j’ai vu cinq émissions sur cette affaire. Elles étaient pleines d’accusations, mais vides de preuve. Shabaneh parlait de boites pleines de preuves. Il brandissait des fichiers et des documents. Mais il ne présentait aucun papier de façon à en permettre l’examen.
Une preuve signifie, par exemple, la production d’un document bancaire de façon qu’il soit possible d’en faire une lecture correcte et d’en tirer des conclusions. Les documents projetés à l’écran en une fraction de seconde ne permettaient rien de cela.
Le clip vidéo pornographique enregistré, soi-disant, dans l’appartement d’une femme palestinienne qui servait d’appât pour Rafiq al-Husseini, le chef de cabinet d’Abbas, est encore plus suspect. J’ai rencontré l’homme et lui ai parlé superficiellement (au cours de manifestations à Bil’in). Il appartient à l’une des plus grandes familles aristocratiques de Jérusalem qui compta parmi ses membres Hajj Amin, l’ancien Grand Mufti de Jérusalem, chef de la révolte palestinienne de 1936, ainsi que Abd-al-Qader, le chef légendaire des combattants arabes de Jérusalem en 1948, et le vénéré et aimé Fayçal, le dernier chef de la communauté arabe de la ville.
D’après Shabaneh, Husseini et sa secrétaire (et maîtresse) s’étaient rendus chez la femme, qui avait postulé pour un poste dans l’administration d’Abbas. Husseini exigea une faveur sexuelle, et elle aida Shabaneh à lui tendre un piège. La caméra le montre en train de se dévêtir et d’entrer nu dans le lit, où le vertueux Shabaneh le surprend.
Jusque là le scénario semble possible, ne serait-ce qu’un petit peu. Mais, dans le déroulement de l’action il se produit quelque chose qui est manifestement invraisemblable. Lorsque la caméra montre Husseini en compagnie de la secrétaire et de la femme à la recherche d’un emploi, il lui dit “Arafat était un voleur, Abbas est un voleur, ce sont tous des voleurs”.
Est-il plausible que le N° 2 de l’équipe du président parle de cette façon à une étrangère, une simple demandeuse d’emploi ? Dans sa maison ? En présence d’un témoin ? Pourquoi, est-il un enfant ? La caméra cachée a filmé la scène à distance, rendant impossible la lecture sur les lèvres de celui qui parle.
Au bout du compte : des révélations savoureuses, à faire dresser les cheveux sur la tête, très peu de preuves convaincantes.
Après 40 années de ce travail comme “père du journalisme d’investigation israélien” (comme je fus présenté lorsque j’ai reçu le prix Sokolov, la plus haute récompense de la communauté des journalistes d’Israël), j’ose dire que j’ai un flair concernant de telles révélations –les véridiques comme les fausses. À ce stade, après avoir visionné les émissions, mon impression est que l’affaire est louche.
À N’EN PAS DOUTER, il y a beaucoup de corruption au sommet de l’Autorité palestinienne.
Cela avait déjà commencé à l’époque de Yasser Arafat. Lui-même était intègre, mais il n’hésitait pas à recourir à la corruption comme moyen pour manipuler les gens.
Aucun de ceux qui connaissaient personnellement Yasser Arafat ne pouvait le suspecter d’être corrompu. Et je n’ai jamais entendu d’accusations ou de rumeurs de ce genre de la part de Palestiniens. Il était totalement dévoué au combat palestinien (et à en assurer la direction). Les possessions matérielles et les plaisirs de la vie ne l’intéressaient pas. À cet égard il était comme David Ben-Gourion et Menahem Begin, mais dans des circonstances infiniment plus dures. Tandis que les gens de son entourage se construisaient des maisons, il n’avait pas de foyer à lui. Une fois, à Tunis, il se vanta auprès de moi de vivre dans des avions. Cela l’aidait à se protéger des tentatives d’assassinat (pendant des décennies, il fut en danger de mort à tout moment) et à gagner du temps. Ses comptes bancaires “privés” servaient à lui assurer le contrôle personnel de l’argent, dont une partie importante servait à des fins secrètes comme l’achat d’armes, l’armement des Palestiniens des camps de réfugiés libanais pour leur défense contre les phalanges meurtrières qui étaient résolues à les annihiler, le maintien des missions politiques à travers le monde qui menaient le combat dans l’arène diplomatique, etc.
Mais Arafat n’a pas combattu la corruption de ses collaborateurs. Peut-être l’a-t-il même quelquefois encouragée. Je pense qu’il la considérait comme l’un des moyens de contrôle sur les gens et les factions, lui permettant de réaliser le miracle : maintenir l’unité palestinienne dans des circonstances impossibles, dans la diaspora et sous l’occupation.
De mon point de vue, ce fut une erreur. Arafat pensait que les affaires de corruption de son entourage l’aideraient à les contrôler, mais en fait la corruption a aidé le Shin Bet à acheter des personnalités palestiniennes et à les faire chanter, à corrompre la direction et à affaiblir leur lutte de libération.
La corruption palestinienne est assez dérisoire : des transactions douteuses avec des hommes d’affaires israéliens, dont beaucoup d’anciens gouverneurs militaires ; encaissement de commissions, obtention de marchés bidons. C’est négligeable en comparaison, par exemple, de notre propre corruption légale dans tous les domaines. Nos Premiers ministres quittent la politique pendant une courte période et se font des dizaines de millions en utilisant les relations qu’ils se sont faites et les informations qu’ils ont réunies lorsqu’ils étaient aux affaires. Des généraux en retraite vendent des armes et versent des pots-de-vin dans le monde entier. Vingt oligarques contrôlent pratiquement l’ensemble de l’économie israélienne, avec le concours de ministres et de hauts fonctionnaires à leur solde. Sans parler des États-Unis où des lobbys achètent très ouvertement des sénateurs et des membres du congrès en finançant leurs frais de campagne.
REVENONS AU vertueux Fahmi Shabaneh. Il y a quelques mois, il fut arrêté par la police israélienne. C’est un résident de Jérusalem Est qui possède une carte d’identité israélienne. Il était accusé d’être au service de l’Autorité Palestinienne – une accusation manifestement absurde dans la mesure où des centaines d’habitants de Jérusalem Est travaillent pour l’Autorité Palestinienne. Le gouvernement israélien ferme les yeux, parce qu’il est en train d’essayer de transformer l’autorité Palestinienne en son sous-traitant.
Dans ces conditions, pourquoi Shabaneh fut-il arrêté ? Pour lui permettre de gagner la confiance des cercles palestiniens et le mettre à l’abri des soupçons, au moment où il allait devenir le héros de l’anti corruption ? Pour le faire chanter ? Il fut libéré sous caution (ce qui est tout à fait inhabituel dans des cas de ce genre) et son jugement est en attente. Maintenant, il est le “Bon Arabe”, le héros des médias israéliens, qui sont partie intégrante de la machine de propagande bien huilée.
De toute cette affaire sordide, il reste une question majeure : Quel est l’objectif ? Après tout, quiconque décide de noircir le visage d’Abbas sait qu’il ajoute au pouvoir du Hamas, un mouvement considéré par l’opinion publique palestinienne comme exempt de corruption.
En portant un coup mortel à Abbas, avec qui, ostensiblement, il désire mener des négociations, Nétanyahou est en train de faire un énorme cadeau au Hamas qui, lui, ne veut pas négocier.
Bizarre ? Peut-être pas.
Article écrit en hébreu et en anglais le 13 février 2010, publié sur le site de Gush Shalom – Traduit de l’anglais "A Stink Bomb" : FL/PHL

Observer le ciel de Gaza pour rêver au-delà du blocus

Par Rania Massoud | 23/02/2010
Suleiman avec son télescope.
Suleiman avec son télescope.
Interview Suleiman Baraka, un astrophysicien palestinien et ancien employé de la NASA, veut faire découvrir aux enfants de Gaza l'univers qui existe au-delà du blocus israélien.

Alors que, pour de nombreux Gazaouis, tourmentés par les bombardements israéliens, le ciel est désormais synonyme de mort, Suleiman Baraka y voit, au contraire, une source d'espoir et de paix. « Si vous demandez aujourd'hui aux enfants de Gaza ce qu'ils voient lorsqu'ils regardent le ciel, ils vous répondront qu'ils ne voient que des hélicoptères et des avions de combat israéliens, affirme cet astrophysicien palestinien, interviewé par téléphone à Gaza. Je veux leur montrer que le ciel n'est pas que source de destruction et de mort. »
La mort, Suleiman Baraka l'a vécue de près, de trop près. Il était aux États-Unis où il travaillait comme professeur à Virginia Tech avec la NASA lorsqu'il a appris la mort de son fils, Ibrahim, âgé de onze ans. Ibrahim a été tué le 5 janvier 2009 par un raid israélien lors de l'offensive « Plomb durci » contre la bande de Gaza. Sa maison à Khan Younes a été complètement détruite par les bombardements et sa famille s'est retrouvée du jour au lendemain sans abri ni nourriture. « C'était très difficile pour moi émotionnellement et psychologiquement parce que je n'arrivais pas à rejoindre ma famille, alors que je savais qu'elle était en danger, dit-il. Ma maison n'était pas une base militaire. Sur le toit de mon immeuble, il n'y avait pas de lance-roquettes, mais un télescope qui permettait à mes enfants d'observer les étoiles et l'univers. »
Après la mort de son fils, Suleiman, bouleversé, décide de quitter les États-Unis et de rentrer définitivement à Gaza. « Je rêvais que ma famille me rejoigne au États-Unis. J'avais même préparé toutes les formalités nécessaires, dit-il. Mais j'ai très vite réalisé que c'est à Gaza que je serais le plus utile. Je n'ai pas besoin de travailler à la NASA ou d'obtenir un prix Nobel pour donner un sens à la vie. Je suis rentré parce que ma famille a besoin de moi et parce que c'est à partir d'ici que je veux continuer à faire partie de la communauté scientifique internationale. »
Aujourd'hui, grâce à des contacts aux États-Unis mais également en France, où il a effectué ses études, Suleiman a réussi à se procurer le matériel nécessaire pour faire découvrir aux enfants de Gaza le ciel, tel qu'il le connaît, à travers son télescope. « Pour moi, c'est un moyen d'éveiller l'imagination des enfants et d'échapper au blocus imposé par Israël, explique-t-il. Le ciel ne connaît pas de limites, et le ciel de Gaza, en dépit de tout, est magnifique avec toutes ses étoiles et ses galaxies. » Suleiman compte aussi mettre en place un observatoire et un programme d'étude en astronomie dans les universités de Gaza. Il espère également ouvrir prochainement un centre de recherche dédié à l'étude du champ magnétique de la Terre. « Bien sûr, ce n'est pas très facile de réaliser tous ces projets à partir de la bande de Gaza, reconnaît l'astrophysicien. La recherche scientifique a besoin de financement et de beaucoup de matériel, alors que les gens ici n'ont même pas suffisamment d'électricité pour éclairer leur maison la nuit ou se réchauffer en hiver. » Pas suffisant, toutefois, pour lui faire baisser les bras.
« Certains pensent que mon travail est sans intérêt pour les habitants de Gaza, mais ce que je fais est en soi un acte de résistance », insiste-t-il, avant d'ajouter: « Je veux changer l'image des Palestiniens et montrer que nous ne sommes pas des terroristes nés le kalachnikov à la main. Nous aimons lire, écouter de la musique, nous apprécions la beauté de la vie et de la science. » Comme le reste du monde. 

Les saigneurs de la paix

Par Christian Merville | 23/02/2010
Le point Engagés dans le Sud afghan depuis le 13 février dans l'opération « Mushtarak », les troupes de l'ISAF (Force internationale d'assistance à la sécurité - la coalition présente sur le terrain) viennent de remettre ça. Les pilotes alliés avaient repéré un convoi de trois minibus sur la route Oruzgan-Dai Kondi et jugé qu'ils pouvaient transporter des talibans. Bilan du bombardement : 33 civils tués, dont des femmes et des enfants, victimes d'une « nouvelle erreur » qui risque hélas de ne pas être la dernière. Le général américain Stanley McChrystal, décidé à rater cette nouvelle occasion de se taire, s'est fendu d'un communiqué pour affirmer le plus sérieusement du monde que ses troupes sont là « pour protéger le peuple ».
Au fait, où en est-on de cette fameuse mission de protection entamée il y a dix jours à Marjah, dans la province du Helmand, en prélude à la normalisation de tout le pays ? Sur sa durée, deux thèses s'affrontent. Le général britannique Nick Parker (qui commande un contingent de 10 000 Tommies) parle d'un contrôle total de la zone d'ici à quelques semaines. Le chef d'état-major français Jean-Louis Georgelin, moins optimiste, croit que la première phase de l'opération se prolongera au-delà du mois de juin. On se souvient que dans la seconde moitié des années cinquante du siècle dernier, un certain Robert Lacoste, alors ministre résident à Alger et gouverneur général, répétait à qui voulait l'entendre que l'on abordait « le dernier quart d'heure ». D'une manière plus générale, s'agissant de la relève par l'armée locale de la mission impartie aux sauveurs étrangers, le président Hamid Karzaï est convaincu qu'elle ne sera pas possible avant 2025. D'ici là, on peut être assuré que les forces occidentales réussiront à prendre l'avantage et même qu'elles tiendront les territoires reconquis. La question est de savoir si elles parviendront à empêcher les combattants du mollah Omar de revenir. Et surtout à sectionner de manière définitive ce nerf de la guerre qu'est la culture du pavot.
À cet égard, les chiffres sont éloquents, qui trahissent une méconnaissance totale des réalités sur le terrain. Jadis, l'Afghanistan produisait 70 pour cent de l'opium consommé dans le monde, une proportion réduite de 94 pour cent (78 tonnes par an) peu après l'accession des talibans au pouvoir. Un an après l'invasion américano-britannique, la superficie cultivée atteignait près de 500 kilomètres carrés et la Birmanie perdait son rang de producteur mondial numéro un. Difficile dès lors de ne pas accorder quelque crédit à l'argument des étudiants en théologie, qui ont refusé la main tendue par Kaboul, convaincus que « le président est une marionnette, un homme enlisé dans la corruption et entouré de chefs de guerre qui s'enrichissent » et exigeant, comme préalable à toute discussion, le départ des forces de l'OTAN, c'est-à-dire purement et simplement l'effondrement du régime.
Avant même la fin de la présente offensive, McChrystal envisage une phase 2 qui porterait le fer au cœur du pays taliban, cette province de Kandahar considérée comme étant en danger. Une journaliste britannique, Yvonne Ridley, s'inscrit en faux contre les justifications avancées par les généraux US. Auteure d'un ouvrage qui fait autorité, In the Hands of the Talibans, écrit dans la foulée de sa capture, le 28 septembre 2001, elle affirme que ce qui est présenté comme une pacification n'est rien d'autre qu'une entreprise de « nettoyage » destinée à chasser la population pachtoune du Helmand. Déjà, dit-elle, des dizaines de milliers de civils ont été jetés sur les routes par une armée composée en majeure partie d'éléments parlant le dari, un dialecte apparenté au persan. En outre, alors qu'ils constituent 42 pour cent de la population, les Pachtouns ne représentent que 30 pour cent des effectifs militaires, dont 41 pour cent sont des Tadjiks, une ethnie qui compte pour 25 pour cent des Afghans. Sa conclusion : l'Occident se trouve confronté à un problème ethnique dont il importe de tenir compte, aux côtés de l'aspect tribal et clanique, ce dernier concernant les seigneurs de la guerre.
Il serait rassurant de croire qu'ils sont quelques-uns à Washington à voir clair dans un tel embrouillamini et d'imaginer dès aujourd'hui une sortie qui leur permettrait de sauver la face sans laisser derrière eux un nouvel Irak. Les « mid-term elections » ne sont pas loin en effet et les démocrates ne paraissent pas bien placés pour les affronter. Mais, objectera-t-on, d'ici au mois de novembre, bien des développements pourraient se produire qui modifieraient le cours des choses. Oui, dans un sens comme dans l'autre.
http://www.lorientlejour.com/category/M.O+et+Monde/article/647987/Les_saigneurs_de_la_paix.html

Sarkozy met en garde contre une troisième intifada

23/02/2010
La décision d’Israël d’inclure le caveau des Patriarches parmi les 
sites juifs à restaurer a provoqué hier des manifestations de colère de 
centaines d’habitants arabes de Hébron qui considèrent le site comme 
étant commun aux religions juive et musulmane.Hazem Bader/AFP
La décision d’Israël d’inclure le caveau des Patriarches parmi les sites juifs à restaurer a provoqué hier des manifestations de colère de centaines d’habitants arabes de Hébron qui considèrent le site comme étant commun aux religions juive et musulmane.Hazem Bader/AFP
Proche-Orient
Le président Nicolas Sarkozy a promis hier de prochaines initiatives pour surmonter le blocage du processus de paix israélo-palestinien, mais sans reprendre l'idée d'une reconnaissance d'un État palestinien avant le règlement de la question des frontières.
« Tout doit être fait pour que les discussions reprennent », a-t-il plaidé, « s'il n'y a pas de discussions, conférence ou pas, nous prenons le risque, je veux le dire à la communauté internationale, d'une troisième intifida », a déclaré Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse à Paris avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Le président français a assuré s'être entendu avec Mahmoud Abbas sur des
« initiatives » qu'il n'a pas souhaité détailler. Nicolas Sarkozy s'est abstenu de tout soutien direct à son ministre des Affaires étrangères qui avait envisagé durant le week-end la piste d'une reconnaissance d'un État palestinien qui serait proclamé rapidement, sans accord avec Israël sur la question des frontières. Bernard Kouchner a « mis sur la table un certain nombre de possibilités d'alternatives au cas où on ne débloquerait pas les choses », a dit le président français. « Ce que nous voulons, c'est un État réel », a insisté Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse avec le président de l'Autorité palestinienne. « Un État palestinien dans les frontières de 1967, avec un échange de territoires comme ça a toujours été dit », a-t-il dit. Cet État doit être « viable, moderne, démocratique », a-t-il ajouté.
Selon Nicolas Sarkozy, la situation actuelle est « d'autant plus incompréhensible et inacceptable que tout le monde connaît les termes d'un accord de paix définitif ». Ces termes sont « deux États, Jérusalem capitale de deux États, un État palestinien dans les frontières de 1967, un échange de territoires, une discussion sur les réfugiés ».
Mahmoud Abbas, de son côté, a vanté l'approche de son Premier ministre Salam Fayyad, qui a modernisé l'administration de la Cisjordanie, attirant les investisseurs privés, dans le but de jeter les bases d'un État palestinien viable en 2011. « Nous avons diffusé la culture de la paix au lieu de la culture de violence dans nos territoires », a plaidé le président palestinien.
Au cours de la visite de deux jours à Paris de Mahmoud Abbas, les responsables français ont cherché à réaffirmer le rôle que l'Europe doit jouer aux côtés des Américains, selon eux, dans un processus de paix actuellement au point mort.
Dans une tribune publiée lundi par Le Monde, Bernard Kouchner et son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos ont suggéré que les Européens proposent un
« calendrier de négociations »
 au-delà des discussions de proximité proposées par les États-Unis, « aujourd'hui nécessaires mais insuffisantes ». Ce calendrier porterait sur l'ensemble des questions du statut final (sécurité, frontières, eau, réfugiés, Jérusalem). Ils ont aussi proposé que l'UE « accueille une conférence au sommet pour la paix permettant de conforter et d'encadrer cette dynamique, et d'encourager la reprise des contacts pour une paix définitive entre la Syrie et le Liban et Israël ».