lundi 28 juin 2010

Dévorer al-Quds en pleine lumière

Jérusalem - 28-06-2010

Par Khaled Amayreh 
 La décision prise récemment par le gouvernement israélien d’expulser quatre députés palestiniens de Jérusalem vers des secteurs de Cisjordanie dirigés par l'Autorité palestinienne (PA) est une autre expression répugnante de la politique israélienne de nettoyage ethnique dans la ville, lieu saint pour les musulmans, chrétiens et juifs. Cette politique non déclarée mais claire vise à minorer autant que possible la population non-juive de la ville afin qu'Israël puisse réaliser son mantra régulièrement invoqué de Jérusalem-Est « capitale éternelle et unie d'Israël. »















Les quatre députés arabes, Muhammad Abu Tir, Ahmed Atwan, Mohammed Totah et Khalid Abu Arafeh, (ci-dessus lors d'une rencontre avec M. Abbas vendredi 25 juin) n’ont ni violé les lois, ni commis aucun crime et n'ont certainement rien fait qui justifie leur arrachement à leur patrie naturelle, leur ville natale.
Israël prétend que les quatre sont affiliés à une organisation politique considérée comme « terroriste » par l'Etat juif. Israël juge tout un chacun, y compris les militants de la paix transportant du lait en poudre et de la nourriture à Gaza bloquée, comme « terroriste ». En fait, Israël classe les Palestiniens en deux catégories : les terroristes, qui doivent être éliminés, et les collaborateurs ou les informateurs. C’est tout.
C'est pourquoi l'accusation à caractère politique (appartenance à une organisation terroriste) n’est qu’un prétexte depuis que le Hamas est un parti politique légitime avec des centaines de milliers de partisans.
Que veut dont Israël et qui va bien au-delà de vilipender et affaiblir le Hamas ? Israël veut tout simplement d'atteindre l'objectif suivant : faire que le plus de Palestiniens possible quittent Jérusalem-Est, de gré ou de force, et se saisir du plus possible des terres et des biens arabes, principalement sous la rubrique de la traque et de la lutte contre le Hamas.
En fait, on peut avancer plutôt franchement que la diabolisation absolue du Hamas par Israël a très peu de rapport avec la participation du mouvement islamique à la résistance active contre la cruelle occupation israélienne de la Cisjordanie, la bande de Gaza et à Jérusalem.
Le Hamas est une organisation honnête. Elle n’accepte rien moins que le retrait total d'Israël des territoires occupés conformément au droit international. Le mouvement refuse d'être cajolé ou intimidé par Israël pour renoncer à l'inaliénabilité des droits palestiniens usurpés par Israël. Il ne se laissera pas corrompre par la carotte ni contraindre par le bâton, qui aident à maintenir en vie l'espoir palestinien d’une véritable indépendance et de la liberté. Ceci, et non la question de terrorisme, est la véritable raison de la fixation folle d'Israël sur le Hamas, un groupe formé en réaction à l'oppression et à la sauvagerie israéliennes contre le peuple palestinien.
C'est pour ces raisons que la décision d'expulser ces députés démocratiquement élus doit être replacée dans le contexte plus large des efforts visant à nettoyer ethniquement les Arabes jérusalémites de leur ville qui abrite al-Masjidul Aqsa, le troisième plus important sanctuaire islamique au monde.
Bien sûr, la décision de bannir les quatre leaders jérusalémites n'est qu'une expression de la persistance d'Israël à faire de Jérusalem une ville sans musulmans et sans chrétiens, autant que possible.
Ces derniers jours, les autorités israéliennes ont décidé de démolir plus de 88 habitations arabes dans le quartier de Silwan. L'objectif déclaré de cet acte de guerre contre la démographie arabe est de construire un parc talmudique dans la région. Cependant, de nombreux signes montrent que le véritable objectif ultime est de renforcer la présence de colons juifs dans la région ainsi que de contraindre davantage d’Arabes à partir.


Vue générale du projet sioniste sur Al-Bustan, au coeur de la banlieue de Silwan. (image MaanNews).
Selon l'organisation israélienne pour les droits de l’homme B'Tselem, Israël a confisqué leurs droits de résidence à plus de 6.000 habitants palestiniens au cours des trois dernières années seulement.
D’autres mesures draconiennes destinées à chasser les Palestiniens incluent une fiscalité excessive, la saisie des biens, ainsi que la promulgation de lois qui conduiraient à détériorer la vie quotidienne des Palestiniens et à forcer autant de Palestiniens que possible à partir.
Israël, par exemple, ne se contente jamais de démolir des maisons palestiniennes et de confisquer leurs droits de résidence au moindre prétexte. Il est désormais hors la loi de protester contre ces mesures manifestement illégales, et bien sûr criminelles. Selon des sources fiables à Jérusalem, les autorités d'occupation israéliennes ont commencé à appliquer de nouvelles sanctions contre les Palestiniens de Jérusalem, dont la révocation des droits de résidence, la réévaluation de l'impôt dû et la réduction des prestations sociales.
Selon Ziad al Hammouri, directeur du Centre de Jérusalem pour les droits juridiques, la dernière décision raciste pourrait bien être un « test » qui permettrait de déterminer les actes ultérieurs de nettoyage ethnique par Israël.
« Ils essaient de nous arracher à nos maisons. Nous sommes face au danger réel d'être déracinés tout simplement parce que Israël veut une Jérusalem exclusivement juive et que nous ne sommes pas juifs. Il semble donc que le message israélien soit le suivant : Ou vous partez, ou vous vous convertissez au judaïsme. »
Comme les Palestiniens de partout, les Palestiniens de Jérusalem sont apparemment en train de protester avec succès contre les dernières mesures de nettoyage ethnique à Jérusalem. Toutefois, on ne peut pas faire confiance à Israël pour traiter équitablement les griefs arabes. En fait, l'expérience montre qu'en l'absence de pression internationale massive, Israël ne fera aucun cas du plus élémentaire des droits humains et civils de ses victimes.
C'est pourquoi, des efforts internationaux significatifs sont vitaux pour arrêter la dernière campagne israélienne visant l'existence même de la communauté indigène arabe de Jérusalem-Est.
Le gouvernement américain a mollement protesté devant les plans israéliens de démolition de nombreuses maisons à Silwan. Toutefois, les autorités israéliennes ne semblent pas prendre les Américains vraiment au sérieux.
L'administration Obama, qui avait demandé à Israël de geler l'expansion des colonies juives à Jérusalem-Est et dans le reste de la Cisjordanie, principalement afin d'offrir une atmosphère propice à la reprise du processus de paix clairement moribond, a effectivement succombé à l'arrogance et à l'insolence israéliennes.
Il serait donc naïf et autodestructeur pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans de mettre le moindre espoir sur l’administration Obama pour obliger Israël à reconsidérer ses desseins criminels à Jérusalem.
Il est sûr que l'impuissance américaine vis-à-vis d'Israël n'est pas intrinsèque en nature. Les États-Unis, gardien et allié d'Israël, ne voit tout simplement aucun besoin urgent d’être dur avec Israël tant que ses intérêts vitaux dans le monde musulman ne sont pas le moins du monde menacés puisque les régimes arabes sont en lice pour plaire et apaiser Washington.
Ceci a lieu alors que la colère et l'indignation des masses arabes et musulmanes s’élèvent à de nouveaux niveaux, en particulier au lendemain de l'agression criminelle israélienne sur la Flottille de la Liberté à Gaza le 31 mai, qui a tué au moins neuf activistes turcs et blessé des dizaines d'autres.
En dernière analyse, les masses arabes et musulmanes, bien incapable de renverser leurs régimes tyranniques soumis à Washington, peuvent au moins montrer aux Américains que des centaines de millions de musulmans à travers le monde ne pardonneront jamais au gouvernement des États-Unis sa scandaleuse étreinte de la criminalité israélienne envers le peuple palestinien.
En ce qui concerne les Palestiniens eux-mêmes, il est temps de tourner le dos à la soi-disant stratégie de solution à deux Etats.
Israël a tout simplement tué la solution de deux Etats en rendant pratiquement impossible ou irréaliste la création d'une Etat palestinien viable en Cisjordanie, à cause de la prolifération des colonies juives sur toute la terre arabe occupée.
Peut-être une lutte populaire soutenue, semblable à celle qui a finalement mis fin à l'ancien régime blanc minoritaire d’apartheid en Afrique du Sud, devrait être tentée par les Palestiniens.
Certes, Israël peut sembler quelque peu invincible et puissant. Toutefois, il existe de nombreux signes que Israël est aussi en pleine désintégration de l'intérieur et qu’il perd sur de nombreux fronts. Israël est sur le chemin de sa perte. Et je suis sûr que de nombreux intellectuels juifs le savent.
Vidéo : « Vendredi 25 juin 2006, des centaines de Palestiniens, d’Israéliens et d’activistes internationaux ont participé à une marche à travers Silwan pour protester contre la décision de démolir 22 maisons palestiniennes, et contre la politique israélienne de violence et de vol à Jérusalem Est. La manifestation fut forte et puissante. Il y a eu des discours, des slogans et des tambours. Un colon nous a jeté une pierre, mais personne n’a été blessé.
Ce fut la manifestation la plus importante à Silwan de ces quelques dernières années, et elle a eu lieu à la place de la manifestation hebdomadaire de Sheikh Jarrah.
»

Chute de l'euro et crise avec Ankara: Israël inquiet pour ses exportations

27/06/2010  
L'entité sioniste redoute que la faiblesse persistante de l'euro, qui a cédé 13,50% depuis janvier face au shekel, plombe ses exportations vers l'Union européenne, qui absorbe près d'un tiers des ventes israéliennes à l'étranger, selon les analystes.
"Il est clair que la crise en Europe et la dévaluation de l'euro vont avoir un impact sur notre économie, notamment sur nos exportations, en raison d'une baisse de la demande", pronostique le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz.
Selon Steinitz, les politiques de rigueur budgétaire adoptées par l'Irlande, la France, l'Espagne ou le Portugal "vont se traduire dans un proche avenir par une baisse des salaires dans le secteur public qui va affecter ensuite le secteur privé", et se solder par un recul de la consommation et des importations.
Le grand argentier israélien estime que les coûts salariaux en Europe pourraient baisser de 15% à 30% par rapport à ceux pratiqués en Israël, ce qui rendrait les produits israéliens beaucoup moins compétitifs.
 Un récent sondage reflète le pessimisme ambiant: trois analystes financiers israéliens sur quatre s'attendent à ce que l'euro continue sa dégringolade face au shekel d'ici la fin de l'année.
 La facture pour l'économie israélienne du recul de l'euro devrait s'élever à à 1,3 milliard de dollars (1 milliard d'euros), selon des hauts responsables du Trésor, cités par les médias locaux.
 En outre, l'économie israélienne subit les effets négatifs du raid meurtrier mené le 31 mai contre une flottille d'aide humanitaire internationale qui tentait de forcer le blocus israélien de la bande de Gaza. 
Selon les experts du ministère des Finances, la fermeture du marché turc devrait se traduire par une perte de près d'un demi-milliard de dollars supplémentaire (400 millions d'euros).  
Ces deux "crises" pourraient se traduire par une augmentation de 0,7% du taux de chômage, qui toucherait alors 8% de la population active, équivalent à une perte de 20.000 emplois. 
Au total, la croissance du PIB en 2010 devrait atteindre 2,7%, selon les dernières prévisions du Trésor alors que les précédentes projections tablaient sur une progression de 3,7%.  
Selon Dany Catarivas, responsable des relations internationales à l'Association des Industriels, la principale organisation patronale israélienne, le gouvernement n'aura d'autre choix que d'aider les entreprises. 
"Nous sommes une trop petite économie pour espérer influer sur le cours du dollar ou de l'euro. La seule solution consiste pour nous à faire pression sur le gouvernement pour réduire nos coûts en baissant par exemple les impôts sur les sociétés, les impôts locaux, les charges et en n'augmentant pas les salaires", explique-t-il à l'AFP. 
Seule éclaircie, la baisse de l'euro s'est traduite par une réduction du coût des importations, notamment pour les matières premières et les machines-outils. 
Pour l'avenir, Catarivas souligne que l'économie israélienne va devoir explorer de "nouveaux horizons" afin d'être moins dépendante de l'Europe.  
"Les entreprises israéliennes misent de plus en plus sur l'Asie, notamment la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l'Inde, mais aussi sur l'Amérique du Sud", dit-il.  
Israël est la seule partie en dehors du continent américain à bénéficier, depuis peu, d'un accord de libre échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Venezuela).

Israël et les Etats-Unis: engagement et coopération militaires sans limites

27/06/2010  
Le département d'Etat américain a réitéré l'engagement américain à protéger la sécurité d'Israël. A l'issue d'un nouveau round de discussions stratégiques entre Washington et Tel Aviv, les Américains ont assuré que "la protection de la supériorité militaire de l'armée israélienne est une des bases des relations stratégiques entre les deux pays".  
La radio militaire israélienne a indiqué que les Etats-Unis ont promis à Ehud Barak de poursuivre leur livraison des meilleurs moyens de combat et des armes les plus sophistiquées disponibles à l'armée israélienne.  
Par ailleurs, le chef d'état-major interarmées des Etats-Unis, l'amiral Michael Mullen, a entamé dimanche à Tel-Aviv des
entretiens avec les hauts responsables militaires israéliens.
 "L'amiral Mullen a rencontré aujourd'hui le ministre de la Défense Ehud Barak à Tel-Aviv", a indiqué sans autre précision un communiqué du ministère de la Défense.
Auparavant, un porte-parole de ce ministère a affirmé à l'AFP que l'amiral Mullen et Barak devaient notamment discuter "de la coopération des deux armées et des défis auxquels elles sont confrontées".
"L'amiral Mullen effectue une brève visite en Israël durant laquelle il doit s'entretenir avec le ministre de la Défense (Ehud) Barak, ainsi qu'avec le chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi et divers responsables de la Défense", a pour sa part affirmé un porte-parole de l'ambassade américaine en "Israël".  
Selon le quotidien Jerusalem Post, les entretiens devaient porter sur le programme nucléaire de l'Iran ainsi que sur la situation en Syrie et au Liban.  
D'après ce journal, Mullen et Barak devaient en outre évoquer la détérioration des relations entre la Turquie et Israël, notamment depuis le sanglant assaut israélien du 31 mai contre un navire d'aide humanitaire turc qui tentait de briser le blocus de la bande de Gaza.

Une veuve pleure, une armée ment

dimanche 27 juin 2010 - 18h:26
Kara Newhouse - Palestine Monitor
La semaine passée, Palestine Monitor a parlé de l’assassinat par la police israélienne d’un habitant de Shu’fat, Ziad Jilani, dans le quartier de Wadi Joz de Jérusalem-Est. Aujourd’hui, sa veuve, citoyenne états-unienne, se penche sur la vie et la mort de son époux, et le chemin qu’elle a parcouru avec lui. Reportage de Kara Newhouse.
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Moira Jilani, épouse de feu Ziad Jilani, originaire de Jérusalem-Est, avec leurs filles,
Moira Jilani se souvient très bien, « Je me sentais bien ce jour-là. Nous allions sortir et faire la fête car nos enfants venaient la veille de terminer leurs examens, » me dit-elle. Nous sommes dans la maison de son beau-frère, là où elle passe ses journées depuis la mort de Ziad, le 11 juin. « Nous nous étions habillés de neuf, après avoir rangé nos vêtements d’hiver. Nous avions mis la musique fort, et les filles dansaient. Nous étions prêts à partir. »
« C’est alors qu’Aya (sa nièce) est venue frapper à la porte, elle était en pleurs, son visage était tout ruisselant. Elle nous dit, "Maman veut vous voir. Il faut venir tout de suite" ; je lui dis, "Aya, Aya, est-ce que c’est Ziad ?" Elle ne répondait pas. Elle ne pouvait rien dire. J’ai su alors que Ziad était mort. »
Moira n’a été au bord des larmes qu’une seule fois lors de notre entretien qui a duré trois heures. La plupart du temps, elle parlait d’une voix glaciale, sa colère étant plus forte que son émotion par le meurtre de Ziad et plus largement, par toute l’injustice qu’il renferme.
« Un soldat a tué un homme aujourd’hui. En quoi est-ce nouveau ? C’est comme cela que le monde entier voit les choses, » dit-elle. « Tous les jours, nous entendons cela, mais cette fois, ça ne va pas s’arrêter là. Mon époux a été tué de mort violente. Si vous voyez quelqu’un faire cela à un chien, vous vous mettez à pleurer. Alors, le voir faire à un être humain... », là, elle se bloque.
Selon les sœurs de Jilani, la mort de leur frère est un acte gratuit, pour elles, et elles insistent, s’il avait commis un crime la police aurait dû l’arrêter et faire une enquête. Au lieu de cela, des agents ont tiré sur Jilani à bout portant, dans la tête, alors qu’il était tombé à terre, blessé par les premières balles. Si Ha’aretz a d’abord parlé d’un tir provoqué par « un soupçon d’agression terroriste », disant que Jilani aurait heurté trois policiers avec son camion, l’article d’Amira Hass de ce mercredi évoque d’autres possibilités à l’incident : il y avait énormément de piétons à circuler qui rentraient de la prière du vendredi, et des témoins ont vu que des pierres étaient jetés sur les policiers. Certains disent avoir vu des pierres tomber sur le véhicule de Jilani, lui faisant faire un écart. (*) Des milliers de Palestiniens ont alors afflué dans le quartier de Shu’fat de Jilani, les deux jours qui suivirent sa mort. Bien que Jilani n’ait été membre d’aucun parti politique, très vite, il fut appelé le « Shaheed (martyr) Ziad Jilani » sur les affiches.
« En Amérique, quand les gens pensent à un martyr, ils pensent, "il voulait la guerre, il est devenu martyr" » dit Moira. « Non. Il n’était pas parti se battre. Il est mort d’une mort islamique, sans armes. Il n’avait même pas un crayon pour se défendre. Un crayon est considéré comme une arme ici ».
« Ici », c’est très loin de sa patrie à Moira : les Etats-Unis et la Barbade. Elle a rencontré Ziad au Texas, au début des années 90, où elle dirigeait une chaîne de pizzerias, la Sbarro. Lui était étudiant à l’université A&M du Texas (agronome et mécanique). « Nous sommes devenus inséparables dès le premier jour où nous somme rencontrés, » dit-elle. « Mon mari était le genre d’homme que les gens voulaient connaître simplement par son regard. Ses yeux racontaient des histoires. Ils dansaient toujours pour moi. »
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Ziad et Moira Jilani à Barbade, en 2003.
Moira a attendu un enfant six mois après son mariage avec Ziad, et son premier voyage en Palestine, elle l’a fait pour le mariage de son beau-frère. « Je n’étais pas très sûre de moi en venant ici, parce que tout ce que j’avais vu aux infos, c’était des Palestiniens qui lançaient des pierres et des choses comme cela - j’étais alors vraiment influencée par la propagande, » dit-elle.
Elle n’a pas tardé à tomber amoureuse du pays de son mari, et le couple décida alors de rester à Shu’fat. «  Je ne parlais pas un mot d’arabe, mais j’étais heureuse avec une famille merveilleuse tout autour de moi » explique Moira. « Mes enfants avaient tellement d’oncles, tellement de tantes, tellement de cousins. Ils se voyaient tous les jours, ils allaient les uns chez les autres. Ce n’était pas comme en Amérique où on voit juste les amis. Je n’avais jamais connu le bonheur d’une famille aussi grande, aussi aimante, auparavant. C’était merveilleux. »
Après la mort de Ziad, cette grande famille et les quartiers les plus proches d’où elle vivait sont même devenus plus importants. Moira indique que la nuit précédente, elle a trouvé sa seconde fille, Mirage, pleurant sur les photos de son père. L’enfant de 15 ans a dit alors à sa mère qu’elle avait peur d’oublier son père. Moira lui a répondu, « Déjà ? Il vient juste de mourir. Ne t’inquiète pas, personne ici ne te laissera oublier ton père. »
C’est avec un sourire que la famille raconte les voyages à Jéricho, quand Ziad emmenait ses filles et les cousins dans son camion, par une route déserte. « Nous allions là-bas pour pique-niquer avec toute la famille. Les enfants y allaient simplement pour qu’il les laisse conduire, même les voisins, » racontait Moira.
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Ziad Jilani avec son neveu, Mohammed, à Jéricho.
L’entrée de Moira par son mariage dans la famille de Jilani a changé sa vision du monde, avant même qu’un policier israélien n’assassine son mari. Elle décrit sa réaction au traitement plein de préjugés que Ziad a subi à l’aéroport Ben Gourion, quand il sont arrivés la première fois dans sa patrie occupée : « J’ai été choquée. J’ai voyagé partout dans le monde, mais je n’avais jamais voyagé avec un Palestinien. Cela m’a ouvert les yeux. »
Elle intervient plusieurs fois sur l’oppression des Palestiniens par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et Jérusalem-Est, et elle jure que pour la mort de son époux, elle n’en restera pas là. « Je vais dire à tous ceux avec qui je parlerai que leurs impôts ont servi à payer les balles qui ont traversé la tête de mon époux. Qu’ils paient pour les avions qui viennent bombarder Gaza ».
Les autorités israéliennes ont dit à Moira qu’elles faisaient faire une enquête interne sur la mort de son mari. Elles ont saisi l’ordinateur portable de son mari jeudi. Moira n’a reçu ni les rapports médicaux sur son mari ni la moindre information sur ce qu’est devenu son véhicule, lequel pourrait contenir les preuves confirmant les jets de pierres qui ont gêné sa conduite. Moira dit qu’elle engage une action juridique sur la mort de son mari. Elle refuse de discuter des détails, mais elle affirme qu’elle ne réglera pas cela en dehors du tribunal (**). Ce nouveau combat va conduire sa vie.
« Ici c’est la maison de mes enfants. Ils doivent pouvoir y vivre en liberté. J’aime tellement ce pays que je suis prête à y rester et à sacrifier toute vie facile. Mon époux, hamdi’lillah (Dieu merci)... ce chemin à ses côtés... comme je l’ai aimé. Simplement, je ne pensais pas qu’il s’arrêterait si tôt. »
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Ziad avec ses enfants



(*) Enquête du PCHR : Selon l’enquête, il est environ 13 h, après la prière du vendredi, Ziad Mohammed Badawi al-Joulani, 41 ans, se rend en voiture visiter des parents dans le secteur de Housh al-Hadami, dans le quartier de Wad al-Jouz. Alors qu’il arrive dans le quartier, il voit des soldats israéliens postés à un barrage volant. Des enfants palestiniens sont en train de leur lancer des pierres. Quand al-Joulani s’engage dans une petite rue, les soldats le prennent en chasse. Il arrête sa voiture et descend, aussitôt ils lui tirent dessus. Il est blessé de 3 balles, dans le bras gauche, dans le ventre et dans la cuisse droite, et il s’écroule. Un soldat israélien s’approche de lui et, à bout portant, lui tire deux balles supplémentaires, une dans la cuisse droite et une dans la tête. L’hôpital où il est dirigé constate son décès. Al-Joulani était marié, et père de trois enfants. Autre conséquence des tirs de l’occupant, un enfant de 5 ans, Ilham Sa’id al-Silwadi est également blessé par un éclat à la tête et au cou. Les troupes israéliennes ont également tabassé Mahmoud ‘Othman al-Joulani, 34 ans, alors que celui-ci essayait de porter secours à la victime.
Rapport du PCHR du 10 au 16 juin 2010 (1 - Incursions - 11 juin - Jérusalem).
(**) - Ce sont les tribunaux de l’occupant israélien - ndt.
20 juin 2010 - The Palestine Monitor traduction : JPP
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Des journalistes indépendants démontent l’emprise israélienne sur le discours médiatique

dimanche 27 juin 2010 - 07h:05
Abraham Greenhouse, Nora Barrows-Friedman
The Electronic Intifada
Décidés à ne pas permettre au gouvernement israélien de continuer à dominer le discours public sur l’attaque de la flottille avec sa version discutable des événements, des journalistes indépendants autour du monde ont analysé et identifié les incohérences du discours israélien.
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« La tentative systématique et la priorité n°1 tout à fait délibérée des soldats israéliens quand ils sont montés à bord des bateaux a été de créer un black-out, de confisquer toutes les caméras, de couper les liaisons satellite, de détruire les caméras en circuit fermé à bord du Mavi Marmara, pour s’assurer que rien ne sortait. Ils étaient décidés à contrôler l’histoire », a commenté le journaliste australien Paul McGeough, l’un des centaines de militants et de reporters journalistes qui ont assisté à l’attaque mortelle du 31 mai sur la flottille de la liberté pour Gaza ("Framing the Narrative : Israeli Commandos Seize Videotape and Equipment from Journalists After Deadly Raid" Democracy Now, 9 Juin 2010). McGeough a été un des au moins 60 journalistes de la flottille qui ont été détenus et dont les filmages ont été confisqués.
Dans les heures suivant l’interception et le siège dans les eaux internationales de la flottille d’aide pour Gaza par des commandos israéliens, qui ont tué neuf personnes - certaines à bout portant - à bord du Mavi Marmara, des nouvelles de l’attaque sanglante s’étaient répandues dans le monde entier. La colère, la condamnation et des appels à une enquête internationale ont suivi.
Entre temps, la campagne d’Israël pour son scénario de l’attaque, pour déformer les faits et étouffer une opinion outragée battait son plein. Parallèlement, les militants et les journalistes sceptiques ont commencé à déconstruire l’histoire officielle et à assembler des preuves pour révéler la vérité derrière les morts violentes des militants d’une mission humanitaire pour la bande de Gaza assiégée.
À partir du moment où l’armée israélienne a brouillé apparemment les communications de la flottille, et pendant les deux jours suivants où les survivants furent maintenus au secret, leurs caméras et leurs prises de vues potentiellement accusatrices saisies, la version israélienne du raid a dominé les titres internationaux.
Au centre de la stratégie médiatique d’Israël, il y eu la diffusion rapide de clips audio et vidéo sélectionnés qui, d’après le gouvernement, validaient son affirmation que les passagers avaient violemment essayé de tuer les troupes sans provocation - forçant ainsi les soldats à utiliser des balles réelles en autodéfense. Cependant, les clips distribués très largement au début portaient des signes de fortes altérations, y compris le masquage ou l’élimination de marques chronométriques.
Quoique les clips montrent apparemment des passagers à bord du Mavi Marmara frappant des soldats israéliens avec des bâtons et d’autres objets, le contexte des images n’était absolument pas clair. Il était impossible de déterminer à quel moment les clips avaient été filmés au cours de l’assaut, ce qui soulevait des questions sur quelle partie exactement avait agi en autodéfense.
Jamal Elshayyal d’Al-Jazeera, parmi d’autres, a corroboré les récits d’autres passagers de la flottille, y compris de la membre de la Knesset israélienne Hanin Zoabi, disant que les commandos israéliens auraient commencé à tirer avant de descendre en rappel sur le pont du navire ("MK Zoabi : Israel wanted highest number of fatalities" YNet, 1 Juin 2010 ; "Kidnapped by Israel, forsaken by Britain" Al-Jazeera, 6 Juin 2010).
Ces clips furent rapidement complétés par du filmage mis sur YouTube, elles aussi fortement retravaillées, dont Israël a dit qu’elles avaient été prises par les caméras de sécurité du navire et par des journalistes dont l’équipement avait été saisi ("Flotilla Rioters Prepare Rods, Slingshots, Broken Bottles and Metal Objects to Attack IDF Soldiers" 2 Juin 2010). Le service de presse de l’armée israélienne a aussi distribué de nombreuses images fixes soi-disant documentant le combat sur le pont.
Après que les bateaux affrétés de la flottille furent emmenés au port israélien d’Ashdod et déchargés, le 1er juin, le ministère israélien des Affaires étrangères (MAF) commença à distribuer via le site Flickr des photographies d’objets trouvés d’après lui à bord. Le matériel que le MAF classifiait comme « armes » - soutenant soi-disant son affirmation que les militants avaient planifié un « lynchage » des troupes israéliennes - étaient publiquement identifiables comme de l’équipement nautique standard et des ustensiles de cuisine ("Weapons found on Mavi Marmara").
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(cliquer pour agrandir)
D’autre part, les bateaux furent inspectés de multiples fois avant leur départ pour Gaza, à la fois par les douanes turques et par une compagnie de sécurité indépendante, et à chaque fois avait été trouvés ne contenir aucune arme, d’après un communiqué de presse du mouvement Free Gaza ("Did Israel deliberately murder civilians aboard Freedom Flotilla ?" 3 Juin 2010). Les participants dirent aussi que tous les passagers ont été soumis à un contrôle de sécurité approfondi avant de monter à bord, quel que soit le lieu d’embarquement.
Ces photographies d’« armes » devinrent le premier point de fixation de l’effort pour analyser et exposer les incohérences des affirmations israéliennes. Peu après la publication des images apparues sur la page officielle du MAF le 1er juin, des commentateurs commencèrent à attirer l’attention sur le fait que plusieurs images comportaient de l’information numérisée indiquant qu’elles avaient été prises plusieurs années auparavant. Le MAF y répondit en modifiant les dates, et par une déclaration disant qu’une de ses caméras avait été mal calibrée.
Si cette déclaration ne peut être ni confirmée ni réfutée, la gaffe exposa le fait que la hâte d’Israël à promouvoir sa version des événements dans les médias produisait des erreurs et des négligences significatives. Alors que les passagers survivants de la flottille commençaient à être relâchés et expulsés après leur détention en Israël, leur récit des événements à bord des bateaux - et sur le Mavi Marmara en particulier - divergeait clairement du discours israélien officiel.
Les journalistes à bord du navire, dont certains avaient été capables de diffuser par satellite pendant un certain temps durant l’assaut, ont dit aux intervieweurs qu’ils avaient été spécifiquement ciblés par les troupes israéliennes dans l’attaque. « Nous avions des caméras autour du cou et nos cartes de presse en main, mais les soldats ne cessaient de diriger les lasers de leurs fusils sur nos yeux pour nous intimider », a dit le journaliste turc Yuecel Velioglu de l’agence de presse AA à Reporters Sans Frontières ("As Turkish photographer is buried, other journalists aboard flotilla speak out" 9 Juin 2010) [Voir les photos de Marcello Faraggi ci-dessus et ci-contre].
De plus, une grande part des filmages (très retravaillés) diffusés par Israël furent volées aux journalistes à bord du bateau après la confiscation de leur équipement. Cette action a été fortement dénoncée par l’Association de la presse étrangère d’Israël (FPA) qui déclarait le 4 juin : « l’utilisation de ce matériel sans permission des agences de médias concernées est une violation claire et inacceptable de l’éthique journalistique ».
Décidés à ne pas permettre au gouvernement israélien de continuer à dominer le discours public sur l’attaque de la flottille avec sa version discutable des événements, des journalistes indépendants autour du monde ont analysé et identifié les incohérences du discours israélien. Ce travail a joué un rôle central pour produire un tableau des événements plus complet et juste, disponible pour un public anglophone : la grande majorité des médias privés anglophones, à l’exception notable d’Al-Jazeera anglais, reproduisaient simplement les déclarations israéliennes et n’entreprirent pas ou très peu le travail de vérification pour s’assurer de leur validité.
Images et l’élimination du contexte
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Une autre photo diffusée par les bureaux du porte-parole de l’armée israélienne a suscité encore plus de controverses quand elle a commencé à apparaître dans des articles de nouvelles sur l’incident. L’image, montrant un homme barbu anonyme qui tenait un couteau courbe, fut généralement présentée avec une légende, elle aussi originaire de l’armée israélienne, déclarant que le porteur de couteau était un militant à bord du Mavi Marmara photographié après que les troupes israéliennes aient assailli le navire.
Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, remarqua immédiatement des incohérences claires dans le contexte de la photo, jetant un doute sur sa véracité. Abunimah fit remarquer sur son blog que derrière l’homme, on pouvait voir la lumière naturelle diffusée au travers d’une fenêtre - malgré le fait que le raid a été mené avant l’aube. De plus, l’homme était entouré par des photographes qui paraissaient d’un calme inattendu pour des voisins au milieu d’un combat ("Israeli propaganda photo in Haaretz of man with knife make no sense #FreedomFlotilla" 31 Mai 2010). Finalement, quelques jours après la première apparition de l’image, elle fut réutilisée dans un montage vidéo publié sur YouTube sous le nouveau nom "gazaflotilliatruth", mais cette fois-ci moins recadrée dans la nouvelle version de l’image, l’homme barbu peut être vu assis, pas debout - encore une fois une position physique inhabituelle au cours d’une mêlée ("Gaza Flotillia - The Love Boat" 2 Juin 2010).
Le journaliste d’enquête Max Blumenthal rapporte que la légende utilisée par l’armée israélienne - utilisée à répétition par des médias tels que le quotidien israélien Haaretz - indique que le barbu tenait le couteau après que les commandos soient montés à bord ("Nailed Again : IDF Description of Suspicious Photo It Distributed Is Retracted" 8 Juin 2010).
Après sa question au bureau du porte-parole de l’armée israélienne, Haaretz « effaça sa légende de la photo suspecte ». Blumenthal ajoute que Haaretz « ne mentionna pas la rétraction, considérant probablement que personne ne remarquerait. La rétraction soulève des questions inquiétantes sur le niveau de coordination entre l’IDF [armée israélienne] et les médias israéliens ». Elle ne mentionna pas non plus que l’homme barbu était le ministre yéménite du Parlement Mohammad al-Hazmi, qui montrait sa dague de cérémonie - une part essentielle du costume yéménite traditionnel - à des « journalistes curieux et étrangers sur le bateau », comme le souligne Blumenthal, évidemment bien avant l’attaque.
Nouvelles accusations instantanément démenties
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Les témoignages des passagers survivants commençant à recevoir une meilleure attention de la part de la grande presse occidentale, Israël répondit par une série d’accusations de plus en plus terribles pour les discréditer. La nature grave de ces accusations fait qu’il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement israélien aurait attendu si longtemps pour les porter. Quand les journalistes commencèrent à évaluer les nouvelles déclarations, ils trouvèrent que les faits venant à leur appui étaient insignifiants, voire inexistants.
Une de ces accusations, publiée dans un communique de presse du MAF du 2 juin, fut que 40 passagers du Mavi Marmara avait été identifiés comme des mercenaires employés par Al-Qaeda ("Attackers of the IDF soldiers found to be Al Qaeda mercenaries," 2 Juin 2010 [pas de lien]). Plus tard le même jour, le porte-parole du département d’État US, Philip Crowley, déclara que ses services ne pouvaient pas valider l’histoire israélienne, et des journalistes indépendants sur le terrain à Tel-Aviv partirent vite enquêter par eux-mêmes.
Blumenthal et sa collègue Lia Tarachansky se firent dire brutalement par le service de presse de l’armée que les militaires n’avaient « aucune donnée » soutenant l’affirmation du MAF. Le matin du 3 juin, toutes les références à Al-Qaeda avaient été retirées de la version en ligne du communiqué de presse ("Under Scrutiny IDF Retracts Claims About Flotillas - Al Qaeda Links" [pas de lien]).
Plus significatif, le 4 juin, Israël communiquait un clip sur YouTube qui selon lui était un extrait de communication radio entre l’armée israélienne et le Mavi Marmara. Le clip comprenait une voix disant aux Israéliens de « retourner à Auschwitz », et une autre voix déclarant « nous aidons les Arabes à aller contre les USA », en réponse aux annonces israéliennes que le bateau « s’approchait d’une zone sous blocus naval » ("Flotilla Ship to Israeli Navy : "We’re Helping Arabs Go Against the US, Don’t Forget 9/11 Guys" 4 Juin 2010). Cette dernière voix était faite avec un accent ressemblant à celui du sud des USA, malgré le fait que personne de cette région n’était présent à bord des bateaux. De nombreux blogueurs commentèrent que les accents avaient l’air d’avoir été limités, et tournèrent en ridicule la qualité de la falsification apparente.
Une des organisatrices de la flottille, la citoyenne étasunienne Huwaida Arraf, fut stupéfaite de trouver que le clip incluait aussi sa propre voix - alors qu’elle était sur un autre bateau que le Mavi Marmara. La journaliste et bloggeuse de Tel-Aviv, Mya Guarnieri, remarqua qu’Arraf a dit à l’agence Maan News de Bethléem que le clip de sa voix, disant « nous avons la permission d’entrer de la capitainerie du port de Gaza », semblait avoir été extrait d’une communication au cours d’un voyage de flottille précédent (il y a eu neuf voyages depuis 2008) ("Israel under fire for doctoring flotilla recordings" 5 Juin 2010). « Quand ils nous sont appelés par radio [dans ce voyage], nous étions à plus de 100 miles », fait remarquer Arraf.
Blumenthal attira l’attention sur la mystérieuse présence d’Arraf et sur d’autres incohérences du clip dans un article publié le 4 juin. Le lendemain, le MAF fit une déclaration admettant que le clip avait été substantiellement édité ("Clarification/Correction Regarding Audio Transmission Between Israeli Navy and Flotilla on 31 May 2010" 5 Juin 2010). Toutefois, le clip, incluant les paroles sur « Auschwitz » reste sur le site Web du MAF dans une version nouvelle « non éditée » de la soi-disant transmission.
Un travail de limier high-tech révèle un réseau de tromperie
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Peut-être le plus préjudiciable pour la crédibilité des récits israéliens fut une carte publiée par Ali Abunimah sur son bloc, générée en utilisant les données archivées des transmissions du système d’identification automatique (AIS) pour suivre la position du Mavi Marmara alors qu’il naviguait le matin du raid ("Did Israel press on with bloody attack on Mavi Marmara even as ship fled at full-speed ?" 7 Juin 2010). À l’aide de la carte, Abunimah fut capable de déterminer la localisation et la destination du bateau avec les émissions mettant son statut à jour. La carte a aussi positionné le Mavi Marmara aux moments exacts où les images des caméras de surveillance du navire - qu’Israël a publié sans effacer les marques chronométriques - furent apparemment enregistrées.
D’après les données AIS, le Mavi Marmara s’est dirigé vers le sud, parallèlement à la côte israélienne et à plus de 80 milles de la côte - jusqu’à approximativement 4h 35, heure locale. À ce moment-là, le bateau vire brusquement vers l’ouest, s’éloignant de la côte de Gaza.
L’attaque, dont les passagers survivants disent qu’elle a commencé juste avant quatre heures, a été communiquée aux militants grecs en communication directe avec le navire à un certain moment avant 4 h 51. Cependant la marque chronométrique vue dans le filmage communiqué de la caméra de sécurité, décrit en légende comme étant le moment où « les émeutiers commencent leur confrontation avec les soldats israéliens », indique que le clip a été filmé à 5h 03. Ceci est renforcé par le fait que la mer est apparemment éclairée par la lumière naturelle, ce qui n’aurait pas été possible une heure plus tôt.
Cette preuve contredit directement les déclarations israéliennes concernant la séquence et le timing des événements, et jette un doute sur son narratif global. Tandis que la grande majorité des films du raid ont été saisis par Israël, ainsi que les Voyage Data Recorders (VDRs, l’équivalent maritime des « boîtes noires » des avions), les militants ont archivé assidûment toutes les données disponibles pour empêcher Israël de les altérer ou de les détruire. Au fur et à mesure de la disponibilité de données supplémentaires chrono datées, elles seront incorporées par les militants et inclues par des logiciels de cartographie pour aider non seulement à révéler ce qui s’est produit sur le Mavi Marmara, mais pour garantir une meilleure application de la responsabilité d’Israël quand il aura à répondre de flottilles futures.
Une quantité significative de données apparaît déjà. Plusieurs survivants ont réussi à cacher des cartes mémoires de leurs geôliers israéliens, dont ils sont rendus les contenus disponibles aux journalistes à leur retour chez eux. Certaines photos, publié par le journal turc HaberTurk, montrent des passagers administrant une aide médicale aux soldats israéliens blessés et même les protégeant des prises de photos - ce qui semble contredire les allégations israéliennes disant que les passagers étaient résolus à un lynchage prémédité des commandos israéliens ("İsrail’den kaçırılan fotoğraflar" 4 Juin 2010).
Des clips vidéos de survivants de la flottille récemment publiés montrent les soldats israéliens frappant du pied et du poing et tirant sur des passagers, dont un film qui d’après l’agence turque Cihan News montre le meurtre à bout portant de Furkan Dogan, un citoyen étasunien de 19 ans, par une arme automatique ("Israeli Soldiers Murdering Man Identified as Furkan Dogan" 10 Juin 2010). Une autopsie a montré que Dogan a reçu cinq tirs, dont un dans le dos et deux dans la tête presque à bout portant. D’autres vidéos montrent des hélicoptères tournant au-dessus de la flottille, apparemment avec des flammes de bouche et des sons de tirs, en accord avec les assertions des survivants disant que les commandos tiraient déjà avant de monter à bord des navires, stimulant ainsi la résistance limitée dont les passagers terrifiés ont fait preuve.
Enquête internationale et interne
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Le gouvernement israélien continue de rejeter l’idée d’une enquête internationale, en faveur de la sienne propre. Le 5 juin, le secrétaire général des Nations unies a proposé une commission internationale pour examiner la mort des neuf passagers de la flottille, mais l’ambassadeur d’Israël aux USA, Michael Oren, a annoncé à Fox Niouzes le lendemain qu’Israël refuserait « d’être enquêté par aucune commission internationale » ("Transcript : Amb. Michael Oren on ’FNS’," 7 Juin 2010 - [pas de lien]).
Ceux qui demandent une enquête internationale ont de bonnes raisons de douter de la capacité d’Israël d’enquêter lui-même. D’après Human Rights Watch (HRW), citant des statistiques de l’organisation israélienne des droits humains Yesh Din, entre 2000 et 2008, « les soldats israéliens ont tué plus de 2 000 civils palestiniens non impliqués dans des combats dans les territoires palestiniens occupés. Sur 1 246 enquêtes criminelles débutées dans la même période pour des offenses suspectées de toute nature par des soldats contre des civils palestiniens, seules 6 % (78 cas) ont conduit à des poursuites. Seules 13 de ses poursuites accusaient les soldats d’avoir tué des civils. En septembre 2008, cinq soldats ont été inculpés pour la mort de quatre civils » ("Why No Justice in Gaza ? Israel Is Different, and so ..." 1 Octobre 2009).
HRW à trouvé un schéma similaire sur les cas découlant de l’attaque infâme de trois semaines d’Israël sur Gaza, commençant le 27 décembre 2008. L’invasion, qui causa la mort de plus de 1 400 palestiniens, n’a conduit qu’à une seule inculpation criminelle - pour le vol d’une carte de crédit appartenant à une famille palestinienne après que les soldats aient pillé leur logement.
Concernant l’attaque de la flottille, certaines sources du gouvernement israélien ont indiqué qu’elles permettraient à un « observateur » ou plus d’être inclus dans son enquête interne. Les gouvernements autour du monde ont insisté que ceci n’est pas une alternative acceptable à une véritable enquête internationale. Cependant, même un groupe complètement impartial chargé d’enquêter sur le raid analyserait les « preuves » (tels que les filmages saisis et les VDRs) qui ont été sous le contrôle complet de l’armée israélienne depuis l’assaut.
Responsabilités et journalistes indépendants
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Avec peu d’espoir d’une enquête formelle ayant une certaine crédibilité, les journalistes indépendants autour du monde ont reconnu le besoin de monter la leur. Le travail de journalistes indépendants parvient à un niveau croissant d’influence sur les grands médias. Et l’histoire des meurtres du Mavi Marmara, malgré le manque de volonté de beaucoup de reporters professionnels de contester publiquement la version israélienne des événements, ne fait pas exception.
« C’est une question où, dans l’incident de la flottille, les circonstances morales et légales des violations israéliennes ont été si flagrantes et visibles que des médias indépendants ont eu une occasion plus importante d’être entendus », dit Richard Falk, expert en loi internationale et Rapporteur spécial de l’ONU sur les Droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Si l’ONU ou un autre organisme impartial montait une enquête internationale, elle « bénéficierait grandement des initiatives actives [de médias indépendants] pour renforcer ce qu’entreprendrait l’enquête », a commenté Falk pour cet article.
Des journalistes indépendants ont déjà réussi à briser le mur du discours israélien dans les médias privés. Pendant presque une heure le matin du 5 juin, la plupart des comptes-rendus des grands médias sur la situation du quatrième bateau retardé de la flottille qui avait inclus le Mavi Marmara se sont basés presque exclusivement sur les informations recueillies depuis des messages partagés entre militants et journalistes indépendants via Twitter. Le travail d’Abunimah et de Blumenthal pour discréditer une bonne part du discours israélien a été cité in extenso dans un article du blogueur Robert Mackey du New York Times ("Photographs of Battered Israeli Commandos Show New Side of Raid" 7 Juin 2010).
Le 10 juin, une conférence de presse de l’ONU a été consacrée à la présentation du filmage non censuré de l’assaut recueilli par la réalisatrice Iara Lee, qui promet de faire les grands titres avec d’innombrables images contredisant la version israélienne des événements.
Paul Larudee, un militant de la région de San Francisco qui a participé à la flottille et a souffert d’un tabassage sévère le forçant à être hospitalisé, croit que le succès des journalistes indépendants dans la mise en évidence du discours incohérent d’Israël a eu un effet pour transformer la conscience populaire.
« Il se passe quelque chose ici. Les perceptions commencent à changer », dit Larudee. « Les gens comprennent - ils comprennent qu’un convoi d’aide humanitaire a été attaqué, que les passagers se défendaient, malgré le travail de distorsion qu’Israël a créé dans les médias. Israël ne pourra plus soutenir ça très longtemps. Ça commence à s’effondrer complètement ».

Abraham Greenhouse est le fondateur du Palestine Freedom Project (palestinefreedom.org), qui se spécialise dans l’étude et la fourniture de soutien pour le travail des militants de base solidaires avec la Palestine dans le monde.
Nora Barrows-Friedman est une journaliste indépendante primée, qui écrit pour The Electronic Intifada, Inter Press Service, Truthout et d’autres médias. Elle rapporte régulièrement de Palestine, où elle anime aussi des ateliers multimédias pour les jeunes dans le camp de réfugiés de Dheisheh en Cisjordanie occupée.
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15 juin 2010 - The Electronic Intifada - traductgion : JPB
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Gaza plongée dans le noir

dimanche 27 juin 2010 - 08h:16
Ma’an News Agency
L’unique station d’énergie de la bande de Gaza a cessé de fonctionner la nuit dernière, a annoncé l’ingénieur responsable de son exploitation.
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Photo : Ma’anImages
Kanaan Obeid, responsable du secteur de l’énergie à Gaza, a tenu responsable de la crise le premier ministre Salam Fayyad [autorité de Ramallah] « parce qu’il n’a pas payé le fuel industriel en provenance d’Israël, en dépit du fait que les personnes dans l’enclave assiégée ont continué à payer pour cela. »
Obeid a expliqué que les coupures de courant dans la bande de Gaza avaient atteint 60 pour cent du temps, et a averti du désastre humanitaire allant survenir à la suite de la pénurie d’électricité dans les hôpitaux et autres institutions.
Désormais, Gaza dépend totalement de l’électricité venant d’Egypte et d’Israël, ce qui signifie rester jusqu’à 15 heures par jour sans courant.
Selon Obeid, les lignes israéliennes fournissent 120 mégawatts [MW] d’électricité à Gaza par jour, tandis que les lignes égyptiennes fournissent 16 MW en moyenne. La centrale électrique de Gaza produisait 60 MW avant de devoir s’arrêter.
Lundi [21 juin], l’autorité [du secteur de l’énergie] a déclaré que la centrale recevait le tiers du fuel industriel nécessaire à son fonctionnement, et a accusé le gouvernement de Ramallah de restreindre les livraisons, après qu’une contribution de l’UE pour financer les approvisionnements à destination de Gaza ait été transférée à l’Autorité palestinienne [de Ramallah] en prétextant des contraintes budgétaires.
D’après un rapport publié par l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires [OCHA], des températures élevées ont vu la demande en électricité en hausse dans Gaza, « augmentant par conséquent le déficit en puissance électrique. »
Les importations de carburant nécessaire pour faire fonctionner la centrale électrique ont d’environ 40% diminué entre le 16 et le 22 Juin, dit encore le rapport.
[On notera que cette diminution drastique intervient en pleine « propaganda » israélienne sur un soit-disant allégement du blocus - N.d.T]
A la suite de cela, la grande majorité de la population de Gaza subit de huit à 12 heures de coupure électrique par jour, a précisé OCHA.
26 juin 2010 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net
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Le sentiment d’isolement d’Israël de plus en plus exacerbé

dimanche 27 juin 2010 - 07h:07
Janine Zacharia
The Washington Post
Un concert d’Elton John ne fait pas normalement la une des journaux. Mais en Israël, où beaucoup ont le sentiment, comme jamais au cours des dernières décennies, d’être rejetés, la décision de l’idole légendaire de la musique pop de venir à Tel Aviv jeudi dernier a été la cause d’une véritable fête.
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Liban. Soutien aux deux navires prêts d’appareiller pour Gaza.
(Mohammed Abed/AFP via Getty Images)
Après des semaines d’article ennuyeux sur des artistes qui cédaient aux appels à boycotter Israël, des diplomates israéliens qui se faisaient expulser par des pays amis, et même sur les pressions qui venaient des Etats-Unis pour changer de cap à Gaza, John a donné l’occasion à Israël « pendant trois heures », comme un critique musical l’a dit, « d’être un pays normal ».
Israël n’est pas étranger à ce sentiment d’isolement. Il a subi les années de l’hostilité soviétique et arabe pendant la guerre froide. Des livres ont été écrits sur l’antagonisme des Nations unies tel que ressenti par l’Etat juif. Une chanson bien connue, vieille de plusieurs décennies, « Le monde entier est contre nous », est reprise aujourd’hui par des Israéliens qui soutiennent que quoi que fasse le pays, il sera dédaigné.
Le sentiment est devenu plus vif ces dernières semaines. Avec un processus de paix au point mort, une communauté internationale qui jette un regard sceptique sur les démonstrations de force israéliennes, et les groupes propalestiniens toujours pressés de se saisir des faux-pas commis par le pays, le décor était monté pour la scène des réactions furieuses au moment où les commandos ont tué neuf militants à bord du navire humanitaire turc qui se dirigeait vers Gaza, le 31 mai. Depuis, les Israéliens se sont lancés dans un débat national, chaud, sur le comment et le pourquoi d’un tel isolement du pays.
La décision ultérieure du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’alléger le blocus de la bande de Gaza, concession faite à ses alliés européens et états-uniens, a révélé l’ampleur des pertes de soutiens internationaux à Israël, selon les analystes.
« Il y a une chose que les Israéliens savent : c’est qu’ils dépendent énormément et des Etats-Unis et de l’Allemagne, et dans un sens plus large, de l’Europe. Et il n’y a rien qu’ils ne craignent plus que d’être seuls au monde, » dit Tom Segev, historien israélien.
Peu importe comment les seuls Israéliens pouvaient le ressentir dans le passé, ils étaient toujours assurés du soutien inconditionnel des Etats-Unis. Mais même si aujourd’hui les sondages aux Etats-Unis montrent toujours un fort soutien de l’opinion à Israël, il n’empêche que des militants états-uniens ont participé à l’organisation des flottilles humanitaires pour Gaza. Dimanche, 500 manifestants dans le port d’Oakland ont empêché le déchargement d’un cargo israélien.
Mais ce ne sont pas seulement les libéraux de la Baie de San Francisco qui critiquent Israël. Le pays a eu huit années d’un soutien sans réserve US sous la présidence de George W. Bush, maintenant avec l’approche du Président Obama pour le Moyen-Orient, les Israéliens se sentent comme en danger de perdre leur plus important allié.
Les diplomates US ont travaillé avec l’envoyé spécial, Tony Blair, pour faire pression sur Israël afin qu’il revoit sa politique pour Gaza et qu’il limite son blocus aux armes et aux matériels d’armement. Les Etats-Unis ont également exercé des pressions pour que des matériaux de construction soient autorisés à entrer dans le territoire qui est sous contrôle du groupe islamiste Hamas. Plutôt que de répéter comme des perroquets le leitmotiv israélien, « il n’y a pas de crise humanitaire à Gaza », les officiels états-uniens ont décidé de qualifier la situation d’ « insoutenable et inacceptable ».
Le ministre de la Défense, Ehud Barak, aurait dit à Netanyahu et aux autres ministres du gouvernement, après le raid sur la flottille, qu’il fallait à Israël une « initiative politique audacieuse et assurée » pour lui éviter un isolement international, selon le quotidien israélien Ha’aretz. Et le journal d’ajouter, citant Barak : « Il n’y a pas moyen de renouer les liens avec l’administration (US) sans avancer un programme politique affirmé portant sur les questions centrales d’un règlement définitif avec les Palestiniens », lequel Barak rencontrait lundi le secrétaire à la Défense US, Robert M. Gates, à Washington.
La violence de la condamnation internationale qui a surgi contre Israël après son raid a pris les diplomates israéliens au dépourvu, bien qu’elle se soit produite dans un climat où déjà des artistes avaient annulé leurs concerts et où des universitaires s’étaient désinvités de conférences internationales.
Ce qui a été le plus surprenant pour les Israéliens ces derniers mois, c’est que les critiques ne sont pas venues seulement de leurs détracteurs habituels du monde musulman, mais aussi de l’Occident. Israël est devenu tel, « qu’il est très difficile, même pour ses amis les plus fidèles, de comprendre son comportement, » a dit le ministre allemand du Développent dimanche dernier qui venait de se voir interdire par Israël l’entrée dans la bande de Gaza.
Israël a eu déjà des ennuis avec ses alliés occidentaux qui l’ont fortement soupçonné d’avoir assassiné en janvier de cette année un agent du Hamas dans un hôtel de Dubaï. Israël n’a jamais dit que c’était son service de renseignements, le Mossad, qui avait commis l’assassinat. Mais l’Australie, le Royaume-Uni et l’Irlande ont expulsé les diplomates israéliens de leur territoire pour protester de l’usage, par les assassins, de faux passeports de leurs pays.
L’arrestation en Pologne, ce mois-ci, d’un agent du Mossad suspecté dans cette affaire, et la menace qui plane qu’il soit expulsé vers l’Allemagne, ont compliqué les relations d’Israël avec deux pays alliés de plus en Europe. Le ministre des Affaires étrangères néerlandais a aussi annulé sa venue en Israël prévue plus tôt dans ce mois, et un fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que le ministère se demandait qui d’autres allaient être refoulés dans les prochaines semaines.
Les tensions s’étendent aussi jusqu’à l’Asie : le Vietnam a fait savoir après l’incident de la flottille au président Shimon Peres, homme d’Etat vétéran d’Israël, qu’il ne fallait pas se déplacer pour la visite prévue.
La frustration ressentie du fait de l’isolement international d’Israël s’ajoute à l’anxiété qui est celle des Israéliens devant les capacités apparemment déclinantes du pays, dit Oz Almog, sociologue à l’université de Haïfa. « Nous ne sommes pas aussi forts que nous avons l’habitude de la croire », dit Almog. « Notre armée n’est plus aussi imbattable qu’autrefois ».
Alors dans ce contexte, les Israéliens ont regardé du côté d’Elton John pour se donner quelque l’assurance, tout comme ils voient des raisons de désespoir dans les annulations d’Elvis Costello, des Pixies et du chanteur psyché-folk Devendra Banhart.
Les Israéliens peuvent être indifférents à la critique quand elle émane de leurs propres médias ou des groupes israéliens pour les droits humains, dit Segev, « mais nous ne sommes pas indifférents à ces manifestations quand elles nous arrivent de l’étranger ».
22 juin 2010 - The Washington Post - Rubrique Affaires étrangères - traduction : JPP
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‘Qu’ils mangent de la coriandre !’

publié le dimanche 27 juin 2010
Jonathan Cook

 
Le blocus " sécuritaire " d’Israël est, dans ses versions ancienne et nouvelle, en tous points un blocus " civil ". Conçu pour être une “ punition collective ”des gens de Gaza pour avoir élu les mauvais dirigeants...c’est un crime contre l’humanité.
Alors qu’Israël annonçait cette semaine l’ "allègement " du blocus de Gaza qui dure depuis 4 ans, un responsable en expliquait le nouveau principe directeur : "des biens civils pour des civils".
Les restrictions sévères et apparemment arbitraires sur les aliments qui entrent dans l’ enclave – la coriandre, non, la cannelle, oui– vont enfin se terminer, nous dit-on. Les 1.5 million habitants de Gaza vont avoir toute la coriandre qu’ils veulent.
Cet "ajustement," comme le nomme le premier ministre Benjamin Netanyahou, a pour seul objectif de limiter les dégâts.
Israël est responsable de la mort de 9 civils à bord d’une flottille d’aide pour Gaza il y a trois semaines, aussi le monde a-t-il finalement commencé à s’interroger sur les objectifs du blocus. Ces neufs personnes devaient- elles mourir afin que la coriandre, le chocolat et les jouets ne puissent pas arriver à Gaza ? Et puis, comme il va y avoir d’autres flottilles, Israël devra-t-il exécuter d’autres personnes pour appliquer cette politique ?
Confronté à cet examen dont il ne veut pas, Israël - tout comme les Etats-Unis et les membres de l’UE qui sont complices du blocus- a mis tous ses efforts à détourner l’attention des exigences de levée totale du blocus. Il a mis en avant, à la place, qu’un blocus plus souple de Gaza fera la différence entre les mesures de "sécurité " nécessaires et un blocus injuste des "civils". Israël se pose en chirurgien qui, face à des jumeaux siamois, maîtrise la technique miraculeuse qui permettra de les séparer.
Le résultat, a dit Netanyahu à son cabinet, serait de “renforcer le blocus sécuritaire parce que nous avons enlevé au Hamas la capacité de nous accuser de porter atteinte à la population civile.” Ecoutez les responsables israéliens et vous croirez que des milliers de produits "civils" vont se déverser dans Gaza. Pas de Qassam pour le Hamas mais bientôt, si on les en croit, les magasins de Gaza seront aussi bien achalandés que n’importe lequel de nos supermarchés.
Vous pouvez être sûr que ça ne va pas arriver.
Même si de nombreux produits ne sont plus interdits, il faudra encore qu’ils arrivent à entrer dans l’ enclave. Israël contrôle les points de passage et détermine combien de camions peuvent entrer chaque jour.
Après une semaine d’ allègement du blocus, seulement un quart de ceux qui avaient autrefois le droit d’entrer sont autorisés à décharger leur cargaison, et cela ne devrait pas changer de façon significative. De plus, blocus "sécuritaire " oblige, on s’attend à ce que demeure l’interdiction du ciment et de l ’acier qui sont indispensables pour reconstruire et réparer les milliers de maisons dévastées par l’attaque israélienne d’il y a 18 mois.
En tout cas, tant que Gaza n’est pas maîtresse de son espace aérien, portuaire et de ses frontières, tant que ses usines ne sont pas reconstruites et les exportations à nouveau possibles, son économie chancelante n’a aucune chance de se rétablir. Pour l’immense majorité des Palestiniens de Gaza, englués dans la pauvreté, la nouvelle liste de produits autorisés -dont la coriandre- restera un simple espoir.
Mais plus important pour Israël, en focalisant l’attention du monde sur la fin supposée du blocus "civil", le pays espère que nous oublierons de poser une question plus pertinente : quel est l’objectif de ce blocus "sécuritaire " relooké ?
Au fil du temps, les Israéliens ont dit au choix que le blocus était imposé pour isoler les dirigeants "terroristes" de Gaza, le Hamas ; ou pour servir de levier afin d’arrêter les tirs de roquettes sur les communautés israéliennes voisines ; ou pour empêcher la contrebande d’armes vers Gaza ; ou encore d’imposer le retour de leur soldat capturé, Gilad Shalit.
Aucune de ces raisons ne résiste à un examen même superficiel. Le Hamas est plus fort que jamais, les attaques de roquettes ont cessé il y a bien longtemps, les contrebandiers utilisent les tunnels sous la frontière avec l’Egypte, pas les points de passage d’Erez ou Kerem Shalom ; et le sergent Shalit serait déjà chez lui si Israël avait vraiment voulu l’échanger contre la fin du blocus.
Le but réel du blocus a été établi de façon brutale dès sa conception au début 2006, peu après que le Hamas eut gagné les élections palestiniennes.
Dov Weisglass, alors principal conseiller du gouvernement, déclarait qu’il mettrait les Palestiniens de Gaza “ au régime mais sans les faire mourir de faim.” Des associations humanitaires peuvent témoigner de la malnutrition rampante qui a suivi. Le but ultime, admettait Weisglass, était de punir les Gazaouis ordinaires dans l’espoir qu’ils renverseraient le Hamas.
Weisglass est-il une relique de la période pré-Netanyahu, son blocus-régime depuis longtemps dépassé ? Pas du tout. Le mois dernier, lors de l’audition d’une plainte contre le blocus, le gouvernement de Netanyahu justifait sa politique non pas comme mesure de sécurité mais en tant que “guerre économique” contre Gaza. Un document spécifiait même le minimum de calories – ou “lignes rouges”, comme on les appelle aussi – qu’il fallait aux Gazaouis selon l’âge et le sexe.
En vérité, le blocus "sécuritaire" d’Israël est, dans ses versions ancienne et nouvelle, en tous points un blocus "civil". Conçu pour être une “ punition collective ”des gens de Gaza pour avoir élu les mauvais dirigeants, il continue à l’être. Heureusement, le droit international définit le statut de la politique israélienne : c’est un crime contre l’humanité.
Alléger le siège afin que Gaza meure à petit feu est peut-être mieux que rien.Mais le véritable devoir de la communauté internationale est de libérer 1.5 million de Palestiniens de la prison qu’Israël a construite pour eux.
Jonathan Cook écrivain et journaliste basé à Nazareth. Une version originale de cet article a été d’abord publié par The National, à Abu Dhabi, et publié ensuite par Ma’an news
traduction : C. Léostic, Afps

La Turquie attachée au principe de paix au Proche-Orient

publié le dimanche 27 juin 2010
Karima Mokrani
 
Une stabilité nécessaire pour le maintien de son développement économique
La Turquie n’est pas près d’oublier l’agression israélienne contre la Flottille de la Liberté, survenue le 31 mai dernier en haute mer, en violation flagrante du droit international. L’ambassadeur de Turquie en Algérie, Ahmet Necati Bigali, invité hier au forum du quotidien arabophone echaab, a réitéré son appel pour que l’Etat hébreu accepte son erreur, présente officiellement ses excuses à la communauté internationale et indemnise les victimes. « L’attaque s’est produite dans une zone maritime internationale. Aucun Etat n’a le droit d’arrêter en haute mer le navire d’un autre Etat […] C’est un acte terroriste. Une violation flagrante du droit international et de la souveraineté turque », a-t-il affirmé, rappelant qu’il s’agissait d’un convoi humanitaire composé de six navires, conduit par une organisation non gouvernementale IAH, entièrement indépendante du gouvernement turc. Les navires, poursuit-il, contenaient des vivres, des médicaments, des vêtements, des jouets, etc. « C’étaient des civils en mission humanitaire. Il n’y avait aucune arme », insiste-t-il, soulignant que, malgré cela, il y a eu mort d’hommes : huit Turcs et un ressortissant américain d’origine turque. « Les soldats israéliens avaient tué délibérément les humanitaires. Ils avaient bien l’intention de les tuer », lance-t-il. Ce n’est donc nullement un accident mais un acte terroriste préparé à l’avance, soutient-il. C’est pourquoi il ne faut pas se taire sur ce crime.
L’ambassadeur de Turquie en Algérie dénonce, encore une fois, le blocus « illégitime » et « inhumain », imposé aux Palestiniens de Ghaza. « Ce blocus a été décidé de manière unilatérale, sans l’aval du Conseil de sécurité », fait-il remarquer.
Le gouvernement turc compte engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de l’agression barbare. Cela après avoir gelé toutes les activités dans tous les domaines. « Nos relations avec Israël ne seront jamais les mêmes qu’avant l’attaque de la flottille », déclare l’ambassadeur. Toute la Turquie plaide toutefois pour une véritable paix au Proche-Orient. Cela entre dans le cadre de sa nouvelle politique « 0 problème ». Elle a de grandes ambitions économiques : être une grande force économique dans toute la région. Etre un leader, non seulement dans ce domaine de l’économie mais dans tous les autres créneaux. Une récente étude d’un organisme international présage, d’ailleurs, un avenir radieux pour ce pays : 9ème puissance économique au niveau mondial et 2ème en Asie. Pas dans l’immédiat mais dans quelques années. Pourquoi pas puisque le pays dispose de tous les atouts ?
D’autres chiffres indiquent que ce même pays enregistre un total de 20 millions de touristes chaque année et que, en moins de cinq années, son PIB est passé de 250 milliards de dollars à près de 1 000 milliards de dollars. De grands atouts et de grands projets mais, pour arriver au but final, il faut l’adhésion de tous les pays voisins, de tous les pays arabes, de toute la région du Proche-Orient. Sans la paix dans cette région du Proche-Orient, les projets de l’Etat turc tomberont à l’eau.
C’est ce qui explique, en partie, son attachement à cette paix si chère à tous les peuples du monde arabe et musulman. « Nous demandons à Israël de se conformer au droit international, aux décisions du Conseil de sécurité », insiste l’ambassadeur de Turquie en Algérie, Ahmet Necati Bigali.
publié par la Tribune (Algérie)

L'Autorité palestinienne présente une nouvelle loi anticorruption

28/06/2010
 Le président Abbas a présenté une nouvelle loi contre la corruption dans le cadre des efforts déployés pour jeter les bases d'un État palestinien indépendant. Le texte prévoit la mise sur pied d'une commission dirigée par Rafiq al-Natsheh, un ancien ministre du Fateh, le parti du président Abbas, qui pourra interroger tous les responsables de l'Autorité palestinienne y compris le président. « Il s'agit d'une avancée majeure pour l'Autorité en termes de transparence, d'intégrité et de contrôle des comptes », a affirmé le président Abbas lors d'une conférence de presse à Ramallah (Cisjordanie).

Les médias israéliens évoquent une « faille tectonique » dans les relations avec Washington

28/06/2010
Lors d'une réunion d'information au ministère des Affaires étrangères la semaine dernière, l'ambassadeur de l'État hébreu à Washington, Michael Oren, a estimé que les relations entre Israël et son plus proche allié étaient au plus mal. D'après un diplomate cité par le quotidien Haaretz, M. Oren a usé d'une terminologie plutôt sombre pour décrire les changements survenus sous l'administration Obama. « Les relations peuvent s'assimiler à une faille tectonique, où les continents s'éloignent l'un de l'autre », a déclaré l'ambassadeur, cité par le diplomate.
Un autre diplomate, cité par le journal Yediot Aharonot, a parlé de changement historique dans l'attitude de Washington envers Israël. « Il n'y a pas de crise des relations israélo-américaines car dans une crise, il y a des hauts et des bas. »
Les deux journaux ont attribué ce changement à des « intérêts et des calculs froids » de la part du président Barack Obama qui ne fait pas preuve des dispositions historiques et idéologiques favorables à Israël de ses prédécesseurs.
Les relations israéliennes avec l'administration Obama ont traversé une passe houleuse en mars sur la question de la colonisation à Jérusalem-Est annexée.
Le ministère des Affaires étrangères n'a pas commenté ces informations. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit rencontrer le président américain le 6 juillet à Washington. M. Netanyahu avait remis à plus tard sa venue aux États-Unis prévue initialement le 1er juin à la suite du raid sanglant israélien contre une flottille humanitaire internationale en route pour Gaza, qui a fait neuf morts. 

Abbas prêt sous conditions à des négociations directes avec Israël

28/06/2010
Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé être prêt à mener des négociations directes avec Israël en cas de progrès dans les discussions indirectes parrainées par les États-Unis. « Notre condition de base (pour la reprise des négociations directes) est l'arrêt total de la colonisation israélienne, c'est pourquoi nous menons des négociations indirectes », a déclaré M. Abbas. Un haut responsable palestinien a, par ailleurs, déclaré sous le couvert de l'anonymat que M. Abbas rencontrerait l'émissaire américain George Mitchell qui mène les négociations indirectes, « le 1er juillet à Ramallah » en Cisjordanie occupée. 

L’Iran et la paix au P-O au menu du sommet Abdallah-Obama

28/06/2010
Diplomatie La rencontre entre les deux dirigeants pourrait favoriser la signature de contrats d'armements pour le renforcement des capacités défensives de Riyad.
Le roi Abdallah d'Arabie saoudite évoquera demain avec le président américain Barack Obama à Washington les appréhensions du royaume à l'égard des sanctions contre l'Iran, le blocage du processus de paix au Proche-Orient et la guerre en Afghanistan, selon des analystes. Cette rencontre pourrait également favoriser des contrats d'armements pour le renforcement des capacités défensives de Riyad face à la menace iranienne, y compris la demande saoudienne, toujours en souffrance, d'acquérir 72 avions de combat F-15 Eagle, selon des sources de l'industrie d'armement. Au cours de sa troisième rencontre avec le roi Abdallah, 86 ans, le président Obama devrait demander à son interlocuteur d'être patient au sujet d'une relance des négociations de paix au Proche-Orient et d'aider à la lutte contre les talibans en Afghanistan et au Pakistan, toujours selon les analystes. Il n'y a pas de grandes divergences stratégiques entre les deux alliés, souligne Thomas Lippman de l'US Council on Foreign Relations qui estime qu'« il n'y a plus de brèche à colmater comme auparavant ».
La première rencontre Abdallah-Obama le 3 juin 2009 à Riyad et le discours adressé le lendemain depuis Le Caire par le président américain au monde arabo-musulman ont largement comblé le fossé qui existait du temps de l'administration de George W. Bush. M. Lippman, qui prépare un livre sur les relations saoudo-américaines, souligne l'étroite coordination entre les deux pays dans la lutte contre el-Qaëda.
Mais bien qu'ils approuvent le rôle de Washington dans les principales questions régionales, les Saoudiens ont des appréhensions quant à son approche des dossiers iranien et afghan. Et ils craignent que l'engagement d'Obama pour un accord de paix israélo-palestinien ne se soit affaibli, face à l'intransigeance d'Israël. « Je crois que les Saoudiens sont mécontents au sujet de quelques questions, mais ils ne savent pas ce qu'ils devraient faire ou ce que nous devrions faire à cet effet », ajoute M. Lippman. Selon Mustafa Alani, directeur du département sécurité et défense au Gulf Research Center de Dubaï, « pour le roi Abdallah, la question du processus de paix est primordiale ». « Il y a une profonde déception en Arabie saoudite et dans le monde arabe face à la capacité du président Obama à tenir ses engagements », estime-t-il.
Jon Alterman, directeur du Centre américain d'études stratégiques et internationales en charge des affaires du Moyen-Orient, estime pour sa part que les pays arabes du Golfe « veulent avoir leur mot à dire » dans la politique américaine face à l'Iran, même s'ils n'ont pas une idée claire sur le moyen de contenir les ambitions nucléaires de l'Iran ». Traditionnellement discret, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal a publiquement critiqué en février les sanctions. Il n'a pas été clair sur les attentes de Riyad, mais les Saoudiens ont toujours estimé qu'un règlement de la question palestinienne contribuerait à régler les autres problèmes régionaux, y compris la menace que constituerait l'Iran, leur rival.