mercredi 10 décembre 2014

La reconnaissance d'un Etat palestinien : un marché de dupes !

Plusieurs Etats européens s’apprêtent à reconnaître symboliquement un Etat palestinien. On peut se demander quelle motivation anime aujourd’hui ces Etats alors qu’aucun d’entre eux n’a eu le moindre geste symbolique pour dénoncer les massacres commis par les sionistes à Gaza au cours de l’été 2014.
Dans les médias occidentaux, on nous présente cette initiative partie de Suède comme un enjeu majeur vers le règlement du conflit. Pourtant un Etat palestinien est déjà reconnu par l’immense majorité des pays du monde, sans que cela ne change absolument rien sur le terrain. Il semble alors nécessaire de s’interroger sur la signification d’une telle démarche de la part de quelques ex-puissances coloniales, qui soutiennent de manière fervente le sionisme et l’Etat d’Israël. Il faut aussi se demander pourquoi maintenant et quelles peuvent en être les conséquences.

Mais d’abord de quel Etat parle-t-on ? L’ « Etat palestinien » que s’apprêtent à reconnaître quelques Etats européens est un territoire aux frontières non définies englobant une portion minime du territoire de Palestine, sans aucune souveraineté, sous occupation militaire et truffé de colonies toujours plus nombreuses où sont installés près de 600.000 colons juifs. C’est un territoire administré par des dirigeants illégitimes et corrompus, non élus et non mandatés par le peuple palestinien pour négocier sur ce point sans tenir compte des revendications nationales. Il s’agit de donner le statut d’Etat à des portions de territoire sous administration de l’Autorité Palestinienne, donnant ainsi l’illusion que le processus d’Oslo a eu quelques effets bénéfiques. Mais quid d’al-Quds comme capitale, chaque jour plus isolée du reste de la Cisjordanie en raison de la colonisation galopante ? Quid du retour des réfugiés, du démantèlement des colonies, de la libération des prisonniers politiques, lors de la reconnaissance de cet Etat fantoche ? Nul ne le sait.
Par cette démarche, l’Europe croit encore pouvoir ressusciter un « processus de paix » mort depuis longtemps et sauver l’Etat sioniste avant qu’il ne soit trop tard. Cette entité est la base avancée de l’impérialisme dans la région et tout doit être mis en œuvre pour protéger son existence. Les déclarations des dirigeants politiques, notamment en France, sont claires. Ils agissent pour la « sécurité d’Israël ». Cette reconnaissance vise aussi à apporter un soutien à Mahmoud Abbas et à ses acolytes collaborationnistes de l’Autorité Palestinienne qui se trouvent dans une posture particulièrement défavorable après la victoire de la résistance armée à Gaza.
Effectivement il n’est pas anodin que cette reconnaissance (ou non) apparaisse actuellement comme une priorité dans l’agenda politique des Etats européens alors que cette question n’avait pas engendré de réaction majeure de leur part lorsqu’elle avait été soumise à l’ONU en 2011. Il faut dire que la situation sur le terrain a bien changé. Depuis cette date, l’entitésioniste s’est particulièrement affaiblie. Elle a multiplié les échecs militaires face à la résistance palestinienne qui a quant à elle, intensifié sa force de frappe, comme elle a pu le montrer au cours de l’été 2014. Jamais auparavant, l’entité sioniste n’avait été déstabilisée à ce point par la résistance. 
Il semble par ailleurs que la volonté d’unité palestinienne n’ait jamais été aussi forte que maintenant. Le peuple est unanimement aux côtés de la résistance armée et la coordination des organisations de la résistance a montré son efficacité sur le plan militaire, même si cela a du mal à se traduire pour l’instant en acquis politiques. En réponse à la poursuite de la colonisation sioniste en Cisjordanie , à la judéisation galopante d’al-Quds et aux menaces sur la mosquée al-Aqsa, la jeunesse palestinienne n’a plus rien à perdre face à l’occupant. Elle est déterminée à résister à la dépossession par tous les moyens à sa disposition. De plus, les puissances occidentales n’ont pas réussi à venir à bout des pays qui leur résistent comme l’Iran et la Syrie, ou des mouvements de résistance comme le Hezbollah libanais. La vitalité actuelle de la résistance palestinienne à Gaza, mais aussi l’éventualité d’une nouvelle Intifada en Cisjordanie et à al-Quds, représentent une menace centrale pour le camp impérialiste dans la région. Tout doit être mis en œuvre pour empêcher la résistance de se structurer et d’agir.
Mais les considérations de politiques étrangères n’expliquent pas à elles seules la démarche. Au cours de l’été 2014, les Etats européens ont pu mesurer une nouvelle fois le fossé entre leur soutien indéfectible à l’entitésioniste et l’immense solidarité populaire envers la résistance palestinienne, exprimée notamment par les populations arabo-musulmanes. Ce fut particulièrement le cas en France où le gouvernement socialiste a interdit plusieurs manifestations de soutien et continue à menacer des militants de la cause palestinienne. La reconnaissance de l’Etat palestinien portée à l’Assemblée nationale par quelques députés de gauche ne semble être qu’une manœuvre politicienne pour tenter de séduire l’électorat populaire qu’elle a perdu cet été.
Il ne fait aucun doute que cette reconnaissance ne traduit en rien une soudaine prise de conscience de la justesse de la cause palestinienne pour les Etats européens. Qui plus est, la création d’un Etat palestinien fictif constituerait un véritable piège pour les Palestiniens. La création de cet « Etat » figerait une situation coloniale en violant le droit à l’autodétermination et au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers. On peut parier que les Etats européens agissent en toute connaissance de cause au profit de l’entité sioniste car ils savent parfaitement que la création d’un Etat palestinien, même dans les frontières de 67, est impossible. Impossible car la puissance occupante n’en veut pas, et les faits sur le terrain révèlent ses véritables intentions. D’un côté, la colonisation se poursuit inexorablement et de l’autre, le parlement sioniste vote des lois définissant officiellement l’entité sioniste comme l’ « Etat-nation de tous les juifs du Monde ». L’objectif est clair : finir ce qui a été commencé en 1948 !
Le mouvement de solidarité a la responsabilité de ne pas se laisser berner par ce marché de dupes et par des concepts vides imposés par les puissances occidentales. Toute autre posture relève de la naïveté ou de l’immaturité politique. Il faut se concentrer sur les strictes revendications nationales du peuple palestinien que sont le droit à l’autodétermination et le droit au retour des réfugiés. Il faut soutenir inconditionnellement la résistance pour la libération totale de la terre arabe de Palestine. La volonté palestinienne est là, et nulle part ailleurs !
COMITE ACTION PALESTINE
BP 30053
33015 BORDEAUX
facebook : capfalestine

Le ministre Ziad Abou Ain tué par les soldats israéliens

Ziad Abou Ain, 55 ans, ministre palestinien en charge du dossier de la colonisation et membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a été tué aujourd'hui par des soldats israéliens alors qu'il participait, avec 300 personnes, à une manifestation pacifique contre le vol des terres et à une opération de plantation d'oliviers.

Des soldats de l'occupation israéliens ont attaqué la manifestation à coups de grenades lacrymogènes. Outre l'inhalation des gaz, les témoins ont rapporté que des soldats ont frappé Ziad Abou Ain à coups de crosses de fusil et de casques à la tête et dans la poitrine. De plus, comme on le voit sur la photo ci-dessus, un soldat de l'occupation l'a rudement empoigné à la gorge.
C'est le directeur de l'hôpital de Ramallah, Ahmed Betawi, qui a annoncé la mort de Abou Ain, pendant le transport à l'hôpital.
Le Fatah a annoncé un deuil national de trois jours après la nouvelle du martyre de Ziad Abou Ain.

Début du procès de Tristan Anderson, militant américain mutilé par l'armée israélienne en mars 2009

Le procès civil de Tristan Anderson contre l'armée israélienne a commencé dimanche 7 décembre à 10h, au tribunal de district de Jérusalem. Tristan avait été grièvement blessé à la tête par une grenade lacrymogène à haute vélocité tirée par un policier israélien des frontières, pendant une manifestation contre la construction du "mur de séparation" en mars 2009, dans le village de Ni'ilin. Anderson, militant ISM de Oakland, en California, était arrivé en Cisjordanie occupée quelques semaines auparavant, avec son amie américaine, qui participait aussi aux manifestations contre la confiscation des terres et des libertés palestiniennes pour la construction du mur.

Tristan avec ses parents Mike et Nancy et son amie Gabbie, dans leur maison de Grass Valley, Californie
Selon le fabricant, Combined Systems Inc (aux Etats Unis), les grenades lacrymogènes à grande vitesse sont destinées à "pénétrer des barricades" et ont une portée de plusieurs centaines de mètres. La grenade qui a blessé Tristan a été tirée à environ 60 mètres ; elle lui a écrasé le crâne, des morceaux d'os ont pénétré profondément dans son cerveau et il a perdu son œil gauche. 
Cinq ans plus tard, Tristan continue d'avoir besoin de soins permanents en raison d'une déficience cognitive et de son invalidité physique. Il a également la moitié du corps paralysé et se déplace en fauteuil roulant.
Aucune charge criminelle n'a jamais été déposée contre les policiers qui ont tiré sur Tristan et l'enquête sur le tir a été largement considérée comme un simulacre.
La famille de Tristan Anderson, représentée par l'avocate israélienne et défenseur des droits de l'homme Lea Tsemel, attend depuis des années que le procès commence. Viendront témoigner dimanche 7 et jeudi 11 décembre d'autres militants internationaux qui étaient avec Tristan au moment du tir. Ils témoigneront sur le tir lui-même, leur implication dans le mouvement de protestation et sur le checkpoint où l'ambulance de Tristan a été retardée par l'armée israélienne. Plusieurs Palestiniens ont également été témoins du tir, mais ils ont été interdits de participation au procès parce qu'ils sont résidents de Cisjordanie et que le tribunal est à Jérusalem.
D'autres dates (en plus des 7 et 11 décembre) sont fixées au 25 et 28 décembre, et 4 janvier 2015.
Ni'ilin continue de manifester, toutes les semaines, contre le mur.
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM

Israël est-il à l’origine du virus « Regin » ?

Le week-end dernier, Symantec, l’éditeur de l’anti-virus du même nom, a publié des détails sur un nouvel élément qu’il avait récemment détecté, intercepté et décodé, dans la longue liste des logiciels malveillants.


Plusieurs autres éditeurs d’anti-virus ont publié peu de temps après leurs propres communiqués sur cette pièce de pointe parmi les logiciels malveillants.
Regin, un outil d’espionnage sophistiqué, a très probablement été l’œuvre d’un État occidental, disent les experts. Cemalware peut entre autres choses, faire des saisies d’écran, voler les mots de passe, ou même prendre le contrôle de la souris et du clavier.
Selon Symantec : « Le développement et le fonctionnement de ce malware aurait nécessité un important investissement de temps et de ressources, ce qui indique que c’est un État qui en est le responsable. Sa conception le rend très adapté pour des opérations de surveillance à long terme sur des cibles bien identifiées. »
Vu l’ampleur du travail consacré à ce programme, il est peu probable que ce soit des pirates indépendants et non-étatiques qui en soient à l’origine. « Il est probable que son développement a pris des mois, sinon des années, pour aboutir », a déclaré Symantec, « et ses auteurs ont fait de grands efforts pour dissimuler ses traces. »
Des implantations de Regin ont été trouvés en Algérie, en Afghanistan, en Belgique, au Brésil, dans les Fidji, en Allemagne, en Iran, en Inde, en Indonésie, dans les Kiribati, en Malaisie, au Pakistan, en Syrie et en Russie, selon Kasperskey, un fournisseur d’anti-virus russe. Symantec affirme que la majorité des machines ciblées étaient localisées en Russie et en Arabie saoudite.
Bien que les éditeurs d’anti-virus n’ont pas nommé explicitement le coupable (en l’absence d’un « pistolet fumant », ils ont tendance à s’en abstenir), mon hypothèse de travail est qu’Israël est susceptible d’avoir été impliqué dans la création et/ou d’exploitation de ce projet. Un expert a déclaré au Guardian : « il n’y a pas d’autre pays auquel je puis penser », hormis les États-Unis, le Royaume-Uni ou Israël, qui aurait pu créer Regin. Je suis d’accord avec l’idée que ce sont les coupables les plus probables.
En mai 2012, une cyber-menace très similaire a été découverte, surnommée Flame ou Flamer. Comme ReginFlame a été conçu pour espionner des ordinateurs bien définis (plutôt que de les saboter, au contraire d’un autre infâme malwareappelé Stuxnet). Comme ReginFlame a été retrouvé sur les ordinateurs dans les États du Moyen-Orient. Comme Regin,Flame a été conçu en utilisant une conception modulaire sophistiquée et flexible. Ces deux virus font un usage avancé de la cryptographie, ce qui leur a évité toute détection pendant des années.
Lorsque j’ai parlé de Flame en 2012, ma conclusion avait été qu’il était probablement une création de la National Security Agency (NSA) des États-Unis, avec les Israéliens comme partenaires. Ces derniers sont également susceptibles de l’avoir exploité.
Les Israéliens et la NSA ont également travaillé ensemble sur Stuxnet, la cyber-arme qui a saboté physiquement une installation iranienne de gestion d’énergie nucléaire en 2008 et 2009. Comme je l’ai expliqué dans mon analyse à l’époque, Flame et Stuxnet, bien que très différents à bien des égards, partagent un code identique dans certaines parties clés. Il semble probable que les deux malware faisaient partie de la même vague de guerre cybernétiqueautorisée par le George W. Bush puis l’administration Obama.
Depuis lors, le dénonciateur de la NSA, Edward Snowden, a confirmé que Stuxnet a été co-développé par la NSA et Israël. Il semble plus que probable que Flame ait également été créé par les États-Unis et Israël, et les similitudes entreFlame et Regin suggèrent que cette nouvelle menace cybernétique a également été créée par les deux alliés, en particulier lorsque l’on considère ses objectifs.
Le cabinet russe de cybersécurité Kasperskey, explique dans son analyse de Regin que les principales victimes étaient « les opérateurs de télécommunications, les gouvernements, les institutions financières, les organismes de recherche, les organismes politiques au niveau international et les individus impliqués dans la recherche avancée en mathématique et cryptographie. » Ainsi, plutôt que le type de surveillance de masse mis en œuvre par la NSA (qui comme nous le savons maintenant, grâce à Snowden, pompe à peu près tout ce qui circule sur l’Internet), Regin fait un ciblage plus précis, plus fin. Sa conception modulaire fait que ses capacités peuvent être élargies facilement et définies très précisément selon le type de cible.
Quelque chose qui semble nouveau avec Regin est la façon dont il cible aussi les réseaux de téléphonie mobile. Selon Kaspersky : « Un module Regin particulier est capable de surveiller des station de base GSM, de collecter des données à l’intérieur des cellules GSM et à travers l’infrastructure du réseau. »
Il est trop tôt pour dire qui est exactement derrière cette nouvelle cyber-menace, mais il est possible que Regin a été utilisé partiellement comme un remplaçant de Flame. Lorsque ce dernier a été exposé au grand jour par Kaspersky en 2012, ses logiciels d’anti-virus ont intégré un arrêt d’urgence du malwareRegin pourrait alors avoir été utilisé par le même agresseur comme un outil de remplacement.
La complexité de Regin explique pourquoi il a fallu des années aux entreprises de cyber-sécurité pour réussir à comprendre ce qu’ils avaient entre les mains. C’est pourquoi rien n’a été révélé au monde jusqu’à ce week-end dernier, malgré le fait que ce virus était soumis à l’étude depuis 2008, voire plus tôt.
En outre, même si Regin va maintenant commencer à être ciblé par les logiciels anti-virus, toute la force de la menace n’a pas encore été découverte. Symantec, pour sa part, estime que « de nombreux composants de Regin restent à découvrir, et des fonctionnalités et versions supplémentaires peuvent exister. »
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Asa Winstanley est un journaliste indépendant basé à Londres qui séjourne régulièrement dans les TPO. Son premier livre “Corporate Complicity in Israel’s Occupation” est publié chez Pluto Press. 
Voir son site web.
https://www.middleeastmonitor.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu

Bi’lin, la résistante

Il est dix heures du matin lorsque nous nous retrouvons avec quatre amis place Manara, en plein cœur de Ramallah. Une heure inhabituelle pour se lever un vendredi matin pour des étudiants en Palestine ; les soirées étudiantes – quelque peu arrosées pour les étrangers et la « Haute palestinienne » - ont toutes lieu les jeudis soirs. Mais ce vendredi est spécial.

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Défilé à Ramallah - Photo : Sekina
Depuis notre arrivée en territoires palestiniens en septembre, nous avons beaucoup entendu parler des manifestations hebdomadaires de Bi’lin. Tous les vendredis, Palestiniens, internationaux, et même Israéliens se réunissent pour dénoncer l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie. Bi’lin se trouve en zone C ; elle est donc sous contrôle total d’Israël pour la sécurité et l’administration.
Le mur de séparation borde la ville, et elle est soumise à une forte désorganisation ; pas de police palestinienne présente, et une autorité israélienne qui intervient de façon limitée – sauf généralement pour protéger les intérêts israéliens. Ce qui en a fait un lieu de cristallisation des tensions en Cisjordanie, et tout un symbole pour la résistance civile palestinienne.
Nous prenons un taxi-bus, taxi collectifs bon marchés. Nous arrivons à Bi’lin en fin de matinée. Nous sommes un peu en avance, nous devons attendre la fin de la prière du vendredi pour que la manifestation pacifique commence. Un Palestinien nous propose de nous emmener jusqu’au lieu de la manifestation en voiture. Nous sommes sept, serrés les uns contre les autres dans le véhicule, où nous faisons la connaissance de deux Anglaises sexagénaires venues manifester.
En arrivant au lieu de rendez-vous, quelques internationaux sont déjà présents, ainsi que des journalistes. Mais les plus nombreux sont les Palestiniens, et surprise pour nous, des Israéliens. Ceux-ci sont membres du parti anarchiste israélien, Akhadim (unité).
Quelques minutes après notre arrivée, l’armée israélienne fait son apparition.
Pendant près d’une demi-heure, aucun heurt n’est à signaler. Les soldats israéliens vérifient l’identité des manifestants israéliens, et discutent politique avec eux. La plupart des manifestants sont en retrait, distant de l’armée. Un manifestant palestinien prend cependant les devants, et s’approche des soldats.
A une dizaine de mètres d’eux, il leur demande ce qu’ils font encore là, à quoi bon rester dans une terre qui n’est pas la leur. Devant son indignation, les soldats ne bougent pas. Ils prennent même des photos des manifestants, entre deux poses sandwich.
Pendant ce temps, nous discutons avec un des Israéliens présent : « Je suis de Tel-Aviv » nous dit-il. « L’occupation est une honte, cette situation doit cesser. Ce qui arrive aux Palestiniens est horrible… ». L’homme bafouille un peu, et semble quelque peu dérouté par la situation. Peut-être est-ce sa première manifestation. Au moins, ce discours diverge beaucoup de celui d’un bon nombre d’Israéliens, généralement peu critiques vis-à-vis de l’occupation et de la colonisation.
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Soldats des troupes israéliennes d’occupation - Photo : Sekina
Après une demi-heure, une partie des manifestants s’éloigne. Nous les suivons. En réalité, ils se rapprochent du mur, probablement pour que la manifestation ait plus d’impact. Nous apercevons des habitations israéliennes, toutes proches maintenant. D’autres soldats israéliens se déploient alors devant nous. Ils semblent cette fois plus offensifs.
En une seconde, le calme relatif fait place à la panique. Des bruits de tirs surviennent « GO,GO !! NOW ! ». L’armée a lancé plusieurs gaz lacrymogènes, alors que la manifestation n’avait exprimé aucune violence. Naturellement, nous fuyons le plus loin possible du gaz, qui brule nos yeux et donne une impression de manque d’oxygène.
« Ne pas s’évanouir, ne pas s’évanouir, fuir l’armée, fuir l’armée » pensai-je prise de panique, « même si l’horrible sensation du gaz me fait presque perdre conscience ». Si l’armée israélienne nous arrête lors d’une manifestation de ce type, c’est directement la case « expulsion » pour tous les internationaux présents.
Nous parvenons à nous extirper du « champ de gaz » avec peine, et nous retrouvons sur une route loin de l’armée israélienne.
Sur notre chemin, nous croisons une maison et une piscine abandonnées. « C’était un restaurant, avant le mur » nous dit notre ami Palestinien, habitué de Bi’lin. « Le mur a tué l’économie locale… ». L’une des critiques faites au mur de séparation est souvent économique. Il a coupé les déplacements des habitants présents des deux côtés du mur, ainsi que les échanges entre eux, et les Palestiniens eux-mêmes désertent ces zones.
Nous arrivons sur une côte, d’où le « mur de la honte », et les habitations israéliennes sont visibles. Quelques Palestiniens présents à la manifestation s’y trouvent aussi.
Un des Israéliens membre du parti « Unité » survient, et discute un instant avec nous. Je ne retire pas mon écharpe et mes lunettes de soleil, qui me cachent le visage. Après quelques semaines en territoires palestiniens, la méfiance devient votre meilleure ennemie. Particulièrement dans ce genre « d’évènement » à connotation politique, qui peut être réutilisé par l’État israélien pour nous refuser une demande de visa.
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Défilé à Ramallah. Ici le portrait du jeune Abu Khdeir, jeune palestinien brûlé vif par ses meurtriers - Photo : Sekina
Après quelques minutes à se ressaisir, nous rentrons à Ramallah. Ce vendredi, les Palestiniens fêtent l’Aïd al-Adhra, et nous assistons avec surprise à un défilé pour l’occasion dans la capitale administrative palestinienne.
Autant de drapeaux palestiniens et keffieh arborés avec honneur qui nous rappellent, après la manifestation de Bi’lin, que les Palestiniens luttent à chaque instant pour affirmer leur droit à exister et à exprimer leur culture.
Parmi les participants au défilé, deux hommes tiennent le portrait du jeune Mohamed Abou Khdeir, brûlé vif par des juifs extrémistes en juillet dernier. Une image qui rappelle que face aux initiatives pacifiques de Bi’lin - qui fleurissent dans toute la Cisjordanie - et les rencontres israélo-palestiniennes qui se forment pour l’occasion, le conflit israélo-palestinien fait parfois appelle à une violence extrême…
3 octobre 2014 - Transmis par l’auteur

Les hôpitaux de Gaza déclarent l’état d’urgence avant l’effondrement du système de la santé

Le Docteur Youcef Abou Rish, directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré l’état d’urgence pour l’ensemble des hôpitaux de Gaza suite aux crises successives, il accuse le gouvernement palestinien d’entente nationale de retarder leurs actions et de ne pas prendre leurs responsabilités face au ministère de la santé.

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Hôpital al-Shifa, au plus fort des bombardements israéliens cet été. Le très grand nombre de tués et blessés dans la population palestinienne a placé tout le système sanitaire et médical de Gaza sous une pression terrible, et aujourd’hui les employés de ce secteur sont en grande partie sans salaire depuis plusieurs mois.
Lors de la conférence de presse tenue au siège du ministère de la santé, le Docteur Abou Rish a déclaré : « l’état d’urgence est annoncé parce que les besoins les plus élémentaires dans le domaine de la santé ne sont pas couverts dans les circonscriptions du sud, sans parler de l’incapacité du gouvernement d’entente nationale à couvrir les dépenses nécessaires au ministère de la santé à Gaza. Tout ceci a conduit à l’arrêt du fonctionnement des services d’hygiène, de gestion des repas ainsi qu’à la pénurie du carburant, des médicaments et des consommables médicaux sans oublier l’interruption des consultations médicales. »
Le comité d’urgence a décidé l’arrêt de toutes les opérations non urgentes dans tous les hôpitaux. Il a d’autre part lancé un avertissement concernant l’arrêt de travail de nombreux autres services et des centres de soins.
Abou Rish a alerté le gouvernement du danger que constitue l’arrêt de travail dans les hôpitaux pour le citoyen palestinien et il l’a appelé à assumer ses responsabilités.
Quant aux entreprises générales de nettoyage des hôpitaux de la bande de Gaza, elles ont annoncé un arrêt de travail jusqu’à nouvel ordre, à partir de mercredi 3 décembre, car le gouvernement ne les a pas rémunérées depuis 6 mois.
Le porte-parole du ministère de la santé Achraf Alqodra a pour sa part alerté le gouvernement des graves conséquences que provoque cet arrêt de travail sur les 113 enfants dans les couveuses, les 100 patients en réanimation, les centaines de patients admis dans les différentes unités hospitalières, sans oublier la suspension des opérations chirurgicales pour les centaines de patients des 45 blocs chirurgicaux en plus de l’interruption des accouchements par césariennes.
Il a ajouté : « il ne faut pas oublier les risques d’accumulation des déchets dans les chambres des malades, les unités de séjour, les urgences, les consultations externes, les unités de traitement des brûlés et les soins intensifs, en plus des conséquences de l’arrêt de travail dans les laboratoires. L’impact sera également grave pour les patients dialysés et les enfants hospitalisés. »
Al qodra a également insisté sur le risque de transmission des germes suite à l’arrêt de travail des entreprises de nettoyage avec des risques de propagation des infections chez les patients et leurs accompagnateurs, ce qui conduirait à une catastrophe sanitaire pour toute la population.
http://arabic.ruvr.ru/news/2014_12_...
Traduction de l’arabe : Info-Palestine.eu - Fadma Nsumer

L’union douanière, la solution israélienne « Zéro État »

Amal Ahmad, membre du réseau al-Shabaka, estime que l’union douanière illustre parfaitement les intentions d’Israël : maintenir une « solution zéro état » de facto afin de contrôler les TPO en assurant leur gestion, jusqu’à pouvoir engloutir complètement la Cisjordanie et Jérusalem-Est, en abandonnant Gaza à son sort.


Elle situe cette union douanière non seulement dans le contexte de la politique israélienne dans les TPO, mais aussi en tant qu’aboutissement logique du projet sioniste.
Depuis 1967 Israël a un accord commercial d’union douanière avec les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), une situation de facto qui a ensuite été institutionnalisée par les Accords d’Oslo en 1994. L’union douanière qui, apparemment, semble n’être qu’un simple arrangement commercial, a toujours été et demeure cruciale pour l’endiguement (containment) (1) des TPO par Israël, la stratégie israélienne du refus d’accepter une souveraineté palestinienne ou de reconnaître leurs droits humains dans d’autres accords qui finaliseraient un statut, par exemple celui de simple état binational.
Une union excessivement faussée
Les régimes commerciaux entre nations sont soit autonomes, impliquant que la nation X n’a pas d’obligation commerciale envers la nation Y, soit préférentiels, établissant de faibles barrières entre X et Y et les liant au moyen d’obligations et d’avantages réciproques. Les unions douanières sont une forme de commerce préférentiel, bien qu’allant un peu plus loin par l’établissement des barrières uniformes contre le reste du monde, pour harmoniser la politique commerciale extérieure des états membres de l’union. Israël et les TPO sont liés par une union douanière de fait depuis 19967 et de droit depuis 1994.
En théorie, une union douanière apporte des avantages mutuels aux états membres. Toutefois, comme le soulignait dès 1988 un rapport de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), entre 1967 et 1888 l’union douanière entre Israël et les TPO a traité les deux économies selon un dualisme qui consolide le statu quo ; à cette époque, celui-ci avait fait des TPO un réservoir de main d’œuvre bon marché et d’Israël une puissance économique de production et d’exportation. Essentiellement, l’accord permettait un flux illimité de marchandises israéliennes dans l’économie palestinienne. Depuis, l’état de l’économie palestinienne n’a cessé de se détériorer, et sa dépendance vis-à-vis des importations israéliennes n’a fait qu’augmenter. L’économie est marquée par la stagnation industrielle et le déclin d’autres secteurs productifs, en particulier de l’agriculture, ainsi que par des déficits commerciaux croissants et une base d’exportations faible.
L’union douanière a été la clé de ce processus de stagnation, maintenant l’économie palestinienne industriellement faible, sous-développée et dépendante des importations.
Des résultats aussi faussés sont prévisibles au vu de l’asymétrie considérable de capacité productive entre Israël et les TPO. Le préjudice causé à l’économie palestinienne a encore été amplifié par la capacité d’Israël à imposer à volonté, en tant que puissante occupante, une mise en œuvre unilatérale et incohérente de l’union.
Un exemple flagrant de la distorsion de l’union douanière par Israël est l’usage de quotas d’importations hors taxes. Suite à ses accords commerciaux avec d’autres pays, Israël peut exporter un certain nombre de ses marchandises vers le pays Z hors taxe ou quasiment exonérées de droits de douane, tout en s’engageant à importer un quota de biens du pays Z à des taux également réduits. Les marchandises qu’Israël s’engage à importer de chez ses partenaires sont souvent des équipements agricoles ou des denrées alimentaires, qui par ailleurs bénéficient d’un haut niveau de protection commerciale en Israël.
Depuis la signature du Protocole de Paris(2) en 1994, Israël a donné à l’Autorité palestinienne (AP) 20% de ses quotas d’importation. Mais le problème est plus grave qu’il n’y paraît. Israël donne aux Palestiniens 20 % des quotas d’importation, mais rien des quota correspondants d’exportation. Par exemple si le pays Z s’engage à acheter 2.000 tonnes de tomates d’Israël en échange, 100 % de ces tomates viennent de producteurs israéliens. En réalité Israël se sert alors de l’économie palestinienne pour détourner la pression de son propre marché en réduisant la pénétration d’importations bon marché de 20 %, en se réservant le plein avantage des contrats d’exportation. 
Cet exemple souligne l’ingénieuse stratégie protectionniste d’Israël et son instrumentalisation de l’économie palestinienne comme un simple appendice quand cela lui convient. Tout avantage pour l’économie palestinienne dans le processus est purement ponctuel et advient en fait au détriment de l’industrie productive.
Pas d’issue
Au fil des années, beaucoup d’analystes ont argué que si la mise en œuvre de l’union douanière était « meilleure » ou plus en accord avec la théorie économique, elle serait optimale pour le commerce et le développement des TPO. Néanmoins, ce genre d’appels à « secourir » ou à « modifier » l’union embrouille les problèmes réels auxquels sont confrontés les TPO, notamment le cercle vicieux et la considérable asymétrie avec son plus grand et plus « libre » partenaire commercial, Israël.
Théoriquement, il y a deux alternatives.
La première impliquerait un accord plutôt fermé (non préférentiel) ou un accord asymétrique de libre-échange. De tels arrangements limiteraient l’accès d’importations israéliennes sur le marché palestinien en établissant des barrières (tarifaires) envers ces importations, protégeant temporairement les producteurs palestiniens et encourageant le développement industriel. Cependant de tels accords, incluant un arrangement standard de libre-échange, impliquent des règles distinguant l’origine de telle ou telle marchandise, ce qui nécessite l’existence d’une frontière douanièreentre les partenaires. En d’autre mots, un tel accord ne peut s’appliquer que dans un scénario de solution post-conflit entre deux états.
L’alternative serait de maintenir un commerce ouvert mais sous les auspices d’un futur état binational unique qui serait responsable du bien-être des producteurs tant Israéliens que Palestiniens. Un tel état gérerait une plate-forme fiscale commune avec un soutien ciblé aux zones arriérées, impliquant la protection des producteurs palestiniens via le transfert fiscal plutôt que par des tarifs externes. Il est clair que cette option, elle aussi, ne pourrait être appliquée que dans le scénario d’une solution à un état.
Dans la pratique cependant il n’existe aucune alternative. Comme on l’a vu ci-dessus, tous les accords alternatifs, indépendamment de leurs mérites économiques, présupposent soit de tracer des frontières intérieures, soit leur élimination, pour passer soit à un état palestinien souverain soit à un état binational intégré. Mais nous estimons que ces deux scénarios sapent les intérêts stratégiques israéliens. C’est pourquoi tout autre accord commercial peut être oublié, indépendamment de la situation économique, sauf celui qui ne demande ni frontières ni intégration : une union douanière.
En effet, le principal bénéfice de l’union douanière pour ses architectes israéliens a été de postposer le règlement des frontières pour maintenir les frontières provisoires. Pour l’économie israélienne, la pénétration du marché palestinien est d’une importance mineure et pourrait avoir été obtenue par d’autres régimes, comme les zones de libre-échange. Donc l’union douanière est bien un choix issu d’une nécessité politique plutôt que de l’opportunité économique. Elle illustre que la seule « solution » pour Israël est une solution sans-état, où les Palestiniens ne sont ni souverains ni intégrés, mais constamment « endigués »par confinement, avec toutes les répercussions que cela entraîne dans le champ politique et économique.

L’importance des frontières – ou de leur absence
Dans le reste du monde, la politique reflète les intérêts économiques sous-jacents, à un degré quelquefois pervers. Les intérêts israéliens sont imposés par le pouvoir militaire, raison pour laquelle l’armée israélienne a été l’administrateur « économique » des TPO de 1967 à 1988 et reste le principal agent de liaison israélien avec l’administration palestinienne d’aujourd’hui. . En effet, ce sont les considérations politiques d’Oslo sur les frontières qui ont dicté les accords économiques commerciaux du Protocole de Paris : puisque Israël insistait pour écarter tout accord sur le statut final des frontières, l’union douanière restait la seule option politique viable. Plutôt qu’un choix économique souhaitable, ce fut la conséquence logique d’une nécessité politique pour Israël, et il existe des preuves substantielles que la partie palestinienne a été contrainte par chantage à accepter l’union après qu’Israël eut menacé de stopper le flux de main d’œuvre palestinienne, comme on peut le lire dans les documents produits par la commission Ben-Shahar et le gouvernement israélien dès 1967, et qui attestent les antécédents historiques des considérations frontalières imposant une intégration commerciale « malsaine » des TPO avec Israël (3).
Au lieu d’étudier la signification potentielle d’une telle trajectoire politique pour le commerce palestinien, la littérature relative à l’union douanière a réussi à l’ignorer complètement, préférant maintenir l’analyse hors du champ politique, avec quelques vagues références à l’occupation israélienne, tout en se centrant sur des accords-cadres d’après-conflit. Pourtant dans le cas des Palestiniens, l’occupation devrait servir de point de départ à l’analyse. Les réflexions sur les frontières reflètent des intérêts stratégiques qui donnent le contexte économico-économique nécessaire au débat sur le commerce.
Ce n’est pas un hasard si les accords d’Oslo, et par extension le Protocole de Paris, étaient des contrats incomplets et vagues négligeant de discuter de nombreuses éventualités (le protocole fait 35 pages, alors que l’Accord de libre-échange nord-américain en fait 1.000) – et surtout, ils étaient de nature temporaire. Plusieurs économistes palestiniens, dont Raja Khalidi, Adel Zagha et Husam Zomlot, soulignent que dans les TPO la solution des problèmes économiques n’est pas économique et que le problème fondamental du Protocole de Paris est politique.
Notre argument est que l’objet du protocole n’était pas de donner la main à Israël dans les négociations sur le statut final, puisque les contrats incomplets avantagent la partie la plus forte. L’objectif était de remettre à plus tard un statut final, tout à fait en ligne avec la politique d’Israël depuis 1967.
Par ailleurs nous soutenons que le projet sioniste se trouve au cœur du désir d’Israël qui a tout fait pour forger un contrat incomplet et intérimaire avec les TPO. Comme l’a avancé Mushtaq Khan, le désir sioniste d’une majorité juive d’avoir des droits nationaux différenciés a dicté une Realpolitik où l’état israélien ne peut se séparer des TPO, mais ne peut pas non plus les engloutir au sein d’un seul état. Un état palestinien souverain ne résout pas « le problème palestinien » en Israël, tandis qu’un état binational fait complètement échouer le projet national sioniste. Dans la perspective sioniste, la meilleure, voire la seule solution au « problème » palestinien càd la démographie et l’affirmation des droits, c’est une solution « zéro état », dans laquelle les Palestiniens sont gérés sous la contrainte à perpétuité. Récemment le Ministre israélien de l’Economie le formulait expressément sous l’appellation « plan de paix ».
L’union douanière va donc persister aussi longtemps que persiste l’intérêt israélien à maintenir ce qu’on pourrait qualifier « d’absence stratégique de frontières ». C’est ce qui permet d’expliquer la longévité historique d’une union « économique » qui ne sert aucune rationalité en théorie et fourmille de contradictions en pratique.
La pertinence de cette analyse démontant les développements en Israël-Palestine est illustrée par la récente controverse sur les postes douaniers. Les postes de douane collectent les taxes à l’importation. Ils ne sont pas censés exister dans des unions douanières où le commerce entre états membres est supposé libre. Néanmoins ils sont quelquefois placés le long d’une frontière intérieure pour entamer la transition vers un accord de libre échange ou des accords plus protectionnistes. Certains économistes ont longtemps plaidé pour l’établissement de postes douaniers entre Israël et les TPO dans l’espoir que ces postes ouvriraient la transition vers un régime commercial économiquement plus souhaitable. En outre, en tant que symboles de l’autonomie fiscale pour les Palestiniens, ces postes pourraient ouvrir la voie à une autonomie politique. Mais cela reflète un mauvaise compréhension du contexte d’endiguement politique, lequel exclut la possibilité que ces postes se concrétisent un jour en une frontière souveraine et opérationnelle.
Cette réalité est apparue en plein jour quand, après six mois de négociations secrètes, le gouvernement israélien et l’AP signèrent un accord pour « resserrer la coopération » fiscale et douanière, en juillet 2012. L’accord réévaluait le mécanisme d’exonération fiscale et établissait de nouveaux postes douaniers. L’objectif déclaré était de réduire les fuites de revenus des douanes israéliennes vers l’AP et d’améliorer les capacités des douanes palestiniennes. L’AP a sans doute signé en désespoir de cause, étant donné que toute amélioration, même marginale, des revenus fiscaux, qui constituent 70 % des budget hors aide, serait utile. Et elle s’est jointe au concert de louanges des signataires israéliens pour apprécier l’accord comme un pas en avant en direction d’une souveraineté fiscale et politique palestinienne.
En réalité, l’accord ne présageait d’aucune amélioration mais reflétait plutôt une réalité bien plus défavorable. Modifier l’union pour assurer des améliorations croissantes a certainement apporté de légers bénéfices en termes de revenus mais absolument aucun pour les capacités de production palestiniennes, puisque la majorité des flux commerciaux avec Israël demeurait intacte et donc toujours asymétrique. Le fait que les postes douaniers établis par l’accord étaient et sont toujours placés le long du Mur de séparation israélien, structure illégale qui pénètre de facto en Cisjordanie, confirme la volonté israélienne d’endiguement le long de lignes intérimaires qui séparent les populations tout en maintenant l’absence stratégique de frontières.
La question des postes de douane éclaire un point crucial : les analyses du commerce et plus largement de l’économie doivent être situées dans le contexte pertinent de la politique israélienne d’endiguement en tant que mode de gestion du conflit, notamment par la continuation d’une solution sans état où les frontières sont stratégiquement absentes et où les Palestiniens et leur économie sont indéfiniment contraints par ce management.
Des accords-cadres post-conflit qui assureraient un statut final avec des frontières définies et qui feraient appel aux différents scénarios commerciaux décrits plus haut peuvent tenter une communauté en Israël, en Palestine et dans le monde - ceux qui recherchent désespérément une solution à deux états. Toutefois ils obnubilent les questions réelles auxquelles est confrontée l’économie palestinienne et ce faisant, valident et contribuent à soutenir le statu quo, ce qui en est l’opposé.
Réinstaurer des frontières, c’est réorienter le débat commercial Israélo-palestinien
L’endiguement stratégique israélien est au cœur du défi économique palestinien. Dans une économie aussi sous-développée et distordue que l’économie palestinienne, une politique de développement rigoureuse est indispensable pour échapper aux cercles vicieux et passer à des modes de développement vertueux.
Les politiques justes sont très dépendantes des contextes spécifiques et sont souvent le résultat de processus d’apprentissage par essais et erreurs. Mais les exigence de la politique économique sont claires : il faut un pouvoir centralisé souverain, dans des frontières définies, qui puisse accompagner un programme de fiscalité étatique et une politique des dépenses publiques. La plate-forme fiscale est nécessaire non seulement pour construire les capacités et les incitations locales mais aussi pour assurer la médiation entre le niveau de développement du pays et les pressions compétitives des marchés internationaux, ainsi que pour soutenir un capitalisme naissant.
C’est là tout le drame de l’économie palestinienne. Pour que le commerce serve les objectifs du développement, certaines capacités fiscales comme la substitution des importations et la promotion des exportations sont indispensables, surtout dans les premiers stades. Mais puisque le développement requiert plus largement une base fiscale qui à son tour présuppose une souveraineté - alors l’endiguement actuel des TPO et leur exclusion de toute souveraineté est bien le pire scénario possible pour tout économie en développement.
L’absence tant de transferts fiscaux au sein d’un état unique israélo-palestinien que de protection souveraine sous un état palestinien frappe d’incapacité les compétences fiscales qui sont au cœur de tout processus de développement et empêche toute stratégie pour soutenir les potentialités intérieures. L’économie sous contrainte va forcément opérer selon un mode tout à fait ponctuel qui est catastrophique non seulement pour un développement à long terme mais pour une viabilité à court terme.
Que faire pour redresser la situation ?
D’abord, les acteurs du développement devraient éviter les ex-accords-cadres post-conflit, y compris les scénarios pour la construction d’un état et pour des frontières finalisées, qui sont inappropriées pour comprendre, évaluer ou planifier l’économie palestinienne. Au point de départ ils doivent comprendre non seulement l’asservissement de l’économie palestinienne à la gestion israélienne du conflit mais aussi sa manière spécifique d’administrer le conflit, autrement dit, la politique d’endiguement. Sans quoi il est impossible de saisir les vraies racines de la détérioration actuelle de l’économie et l’absence de toute perspective de développement.
En second lieu, si la communauté internationale veut vraiment soutenir le développement de la Palestine, elle doit faire front, expliquer et défier l’endiguement des TPO. Cela implique de rejeter la solution de façade à deux états ou « processus de paix » et de reconnaître la manière dont Israël gère la population palestinienne et son économie à perpétuité, refusant de considérer le moindre accord qui les sépare en un état souverain (cf les déclarations récentes du Premier Ministre Benjamin Netanyahou et de la [ex] Ministre de la Justice Tzipi Livni) ou de les intégrer dans un état binational.
En outre, il est plus que temps pour la communauté internationale de dénoncer nommément la vision raciste et la discrimination des droits entre juifs et non juifs en Israël aussi bien que dans les TPO, qui appuient cette stratégie. Même si ces positions assumées par la communauté internationale ne garantissent pas une « solution » ou une autre, elles soutiendraient certainement la lutte contre ce qui pourrait être une politique d’endiguement et un retard de développement qui se perpétueront.
En bref, il y a nécessité de recentrer le débat, l’analyse et l’action par rapport à la stratégie d’endiguement d’Israël – une solution « zéro état » de fait dans les TPO – et aux répercussions de cette stratégie sur le champ économique. D’ici là, le sous-développement du commerce et de l’économie palestinienne en général restera institutionnellement assuré.
(1) Endiguement mis au point dès 1946 par les États-Unis pour soutenir les peuples libres, face au marxisme. La transposition régionale de l’endiguement s’est faite alors face au monde arabo-musulman. Dans le temps long, l’endiguement du conflit israélo-palestinien par du contrôle social violent s’inscrit dans le projet géostratégique américain d’intégration du Grand Moyen-Orient. 
(2) « Le Protocole de Paris, qui régissait les relations économiques israélo-palestinienne, avait créé une union douanière partisane qui excluait largement les biens et services palestiniens du marché israélien. » 
(3) cf Arie Arnon et al., « The Palestinian Economy : Between Imposed Integration and Voluntary Separation » (Leyde, Brill, 1997).
- Al-Shabaka est une organisation indépendante à but non lucratif dont la mission est d’éduquer et promouvoir le débat public sur les droits humains et l’autodétermination des Palestiniens dans le cadre du droit international.

**Amal Ahmad est chercheuse en économie. Elle a étudié à l’Institut Palestinien de Recherche politique et économique à Ramallah, avant son Master en économie du développement à l’Ecole des Etudes Orientales et Africaines à Londres. Elle s’est spécialisée dans les relations fiscales et monétaires entre Israël et la Palestine, tout en s’intéressant à la politique du développement dans tout le Moyen-Orient.
http://al-shabaka.org/policy-brief/...
Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert

Amnesty : « Israël s’est rendu coupable de crimes de guerre dans Gaza »

L’armée israélienne a commis des crimes de guerre commis pendant son offensive contre Gaza cet été et doit être soumis à une enquête, a déclaré ce mardi Amnesty International, l’organisation de défense des droits de l’homme.

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Jabalya, le 28 juillet 2014 - Une fillette palestinienne pleure la mort de son petit frère, tué dans un bombardement israélien sur ce quartier d’habitations - Photo : AA
La destruction de quatre immeubles de plusieurs étages au cours des quatre derniers jours de la guerre de 50 jours, étaient en violation du droit international humanitaire, a indiqué le groupe dans un rapport.
« Tous les éléments dont nous disposons montrent que cette destruction à grande échelle a été commise délibérément et sans justification militaire », a déclaré Philip Luther, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
« Ces crimes de guerre doivent être soumis à une enquête indépendante et impartiale et les responsables doivent être traduits en justice dans de justes procès. »
Une des preuve est la déclaration faite par l’armée israélienne au moment des attaques disant qu’il s’agissait « d’une punition collective contre le peuple de Gaza » visant à détruire leurs moyens de subsistance, a ajouté Luther.
Il n’y a pas eu de la part des autorités israéliennes, de réaction immédiate à la déclaration d’Amnesty.
Toutefois, Tel-Aviv a refusé de coopérer avec une possible enquête sur les crimes de guerre à l’initiative des Nations Unies, accusant ces dernières de partialité.
L’armée israélienne a lancé une série d’enquêtes sur des incidents dans la guerre, y compris le bombardement d’une école des Nations Unies où au moins 15 personnes ont été tuées, et le bombardement d’une plage où quatre enfants ont également été abattus.
Mais ces enquêtes sont largement considérées comme « de la poudre aux yeux ».
« Enquête indépendante »
Plus de 2100 Palestiniens, la plupart des civils, ont été assassinés lors de l’offensive israélienne, qui a pris fin le 26 août. Du côté israélien 73 personnes ont été tuées dont 67 sont des soldats, suite à des attaques de représailles de la part des combattants du Hamas [résistance palestinienne].
L’un des bâtiments emblématiques détruits était le Centre Municipal Commercial à Rafah, qui contenait un centre commercial, une clinique médicale et des bureaux, et fournissait les moyens de subsistance à des centaines de familles, indique le rapport d’Amnesty.
Les habitants des bâtiments sur le point d’être détruits ont été avertis par l’armée israélienne de devoir se sauver immédiatement, mais ils n’ont pas eu le temps de récupérer leurs effets, ajoute-t-il.
Des dizaines de personnes dans des bâtiments voisins ont été blessées, et des centaines ont perdu leurs maisons, selon l’organisation internationale.
Les autorités israéliennes d’occupation ont prétendu que l’un bâtiment abritait un centre de commandement du mouvement palestinien Hamas, et qu’un autre avait « des installations liées à des militants palestiniens », selon le rapport.
Cependant, Luther a répondu que les militaires [des forces israéliennes d’occupation] « avaient l’obligation de choisir des moyens et méthodes d’attaque qui minimisent les dommages aux civils et à leurs biens ».
« L’armée israélienne ont déjà mené des frappes aériennes [assassinats ciblés] sur des appartements spécifiques dans les bâtiments de grande hauteur sans procéder à leur destruction complète, » a-t-il ajouté.
Le groupe Amnesty a déclaré qu’il avait envoyé ses conclusions au sujet des frappes aériennes aux autorités israéliennes avec des questions sur les raisons de chaque attaque, mais sans recevoir de réponse digne de ce nom.
Le rapport exige qu’Amnesty et d’autres groupes de défense des droits de l’homme soient autorisés à accéder à Gaza et qu’une enquête des Nations Unies soit diligentée pour « mener une enquête sans entraves ».
Les États-Unis qualifient « d’infondée » l’annonce de sanctions contre Israël
Dans le même temps, les États-Unis ont fermement démenti lundi un rapport qualifié de « sans fondement » selon quoi l’administration était en train de réfléchir à l’imposition de sanctions contre Israël, ce qui avait fait bondir les sénateurs américains.
« Je ne peux que remettre les pendules à l’heure et être clair sur le fait que les rapports disant que nous réfléchissions à des sanctions contre Israël sont complètement sans fondement et dénué de sens », a déclaré Jen Psaki, la porte-parole du département d’État, aux journalistes.
Elle s’exprimait après que le quotidien israélien Haaretz la semaine dernière ait écrit que la Maison Blanche envisageait de prendre des mesures contre Israël pour sanctionner ses constructions permanentes de colonies.
Le quotidien n’utilisait pas le terme de « sanctions », mais citait un haut responsable israélien resté anonyme disant que les responsables de la Maison Blanche ont discuté il y a quelques semaines de « prendre des mesures actives contre les colonies. »
Plusieurs étapes, dont s’abstenir d’opposer un veto aux résolutions de l’ONU condamnant Israël, ont été discutées, a indiqué le journal.
L’administration Obama a toujours dénoncé la construction de colonies juives en Cisjordanie et dans la Jérusalem arabe comme un obstacle à toute tentative de parvenir à une paix avec les Palestinien avec une solution à deux États.
Mais en dépit de la frustration croissante des États-Unis à l’égard de la direction israélienne qui ne cesse de construire des unités d’habitation coloniales, aucune mesure de rétorsion n’a jamais été prise.
Les élus républicains, irrités par l’article d’Haaretz, avaient écrit à la Maison Blanche pour demander une explication.
« Non seulement l’administration rejette de nouvelles sanctions pour mettre fin à la menace nucléaire de l’Iran, mais elle serait en train d’étudier des sanctions contre notre plus proche allié, Israël », a déclaré le sénateur Mark Kirk dans un communiqué publié vendredi.
« Cette décision ne fait que renforcer l’idée que l’administration traite nos amis comme des ennemis et nos ennemis comme des amis. »
http://www.middleeasteye.net/news/i...
Traduction : Info-Palestine.eu

Kerry se rend à Rome dimanche pour une rencontre avec Netanyahu


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendra dimanche à Rome pour une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu consacrée à Israël, la Cisjordanie, Jérusalem et le Proche-Orient, a annoncé le département d'Etat.
Sa porte-parole Jennifer Psaki n'a pas précisé exactement dans son communiqué la date de cet entretien prévu dans la capitale italienne, indiquant que son ministre pourrait se rendre dans d'autres pays au cours de ce nouveau voyage. MM. Kerry et Netanyahu, qui se parlent quasiment tous les jours, se sont vus pour la dernière fois mi-novembre à Amman.

Un adolescent palestinien grièvement blessé par l'armée israélienne


Un adolescent palestinien a été très grièvement blessé à la tête par un tir de l'armée israélienne mercredi lors de heurts dans le camp de réfugiés de Jelazoun, en Cisjordanie occupée, ont indiqué des responsables palestiniens de la sécurité et des secours.
Les affrontements ont éclaté après la mort d'un haut responsable palestinien, Ziad Abou Eïn, décédé ailleurs en Cisjordanie à la suite de heurts avec des soldats israéliens au cours d'une manifestation qui se voulait pacifique contre la confiscation des terres palestiniennes au profit de la colonisation israélienne.
Après avoir reçu sur place des soins d'un médecin de l'armée israélienne, le garçon de 14 ans a été hospitalisé dans un état très grave à Ramallah, a indiqué une source médicale à l'AFP.
Selon un porte-parole de l'armée israélienne, les soldats israéliens ont été confrontés à Jelazoun à une "émeute d'une cinquantaine de Palestiniens (qui) ont lancé des pierres et fait rouler des pneus enflammés" dans leur direction.
Une autre porte-parole a affirmé que l'armée n'avait pas fait usage de balles réelles, mais avait employé les habituels moyens anti-émeutes (parmi lesquels figurent des projectiles en caoutchouc, ndlr).

Mort d'un responsable palestinien: l'UE demande une enquête "immédiate" et "indépendante"


L'Union européenne a demandé mercredi une enquête "immédiate" et "indépendante" sur les circonstances de la mort d'un responsable palestinien, Ziad Abou Zeïn, dans des heurts avec des soldats israéliens lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée.
"Les informations sur un usage excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes sont très inquiétantes", a déclaré dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "J'appelle à une enquête immédiate et indépendante sur la mort du ministre Abou Zein", qui s'est effondré après des heurts alors qu'il manifestait contre la colonisation, a-t-elle ajouté.

Mort d'un responsable palestinien: Mahmoud Abbas dénonce un acte "barbare"


Le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié d'"acte barbare" la mort mercredi d'un responsable palestinien dans des heurts avec des soldats israéliens lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée.
M. Abbas a condamné "l'attaque brutale qui a provoqué la mort" de Ziad Abou Eïn, "tombé en martyr". C'est un "acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré", a-t-il ajouté, selon l'agence officielle WAFA.

Un responsable palestinien tué lors de heurts avec des soldats israéliens en Cisjordanie


Un responsable palestinien a été tué mercredi dans des heurts avec des soldats israéliens lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée, a-t-on appris de sources médicales et sécuritaires.
Ziad Abou Eïn, en charge du dossier de la colonisation au sein de l'Autorité palestinienne, est décédé après avoir été frappé au torse par des soldats lors d'une marche de protestation dans le village de Turmus Ayya, près de Ramallah, a indiqué une source de sécurité palestinienne.

La Syrie accuse Israël d'avoir mené deux raids près de Damas


La Syrie a accusé dimanche Israël d'avoir mené deux raids contre des régions tenues par le régime dans la province de Damas, selon la télévision officielle, qui a précisé qu'ils n'avaient pas fait de victimes.
"L'ennemi israélien a attaqué la Syrie en visant deux régions sécurisées (gouvernementales) de la province de Damas: le secteur de Dimas (nord-ouest) et celui de l'aéroport international de Damas", a indiqué la chaîne.
L'armée et l'aviation israéliennes ont mené plusieurs attaques contre des positions militaires depuis le début de la révolte contre le régime, en mars 2011.
La raid aérien israélien le plus récent avait eu lieu en mars, et visé des positions militaires dans la région de Qouneitra, près du Golan occupé par Israël en 1967.
Les autorités israéliennes n'avaient pas réagi dans l'immédiat.

Les démolitions punitives de maisons palestiniennes par Israël sont des violations du droit international

Le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, James W. Rawley, a exprimé jeudi sa préoccupation face à la reprise par les autorités israéliennes des démolitions punitives de maisons palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dans le territoire palestinien occupé.
Les démolitions visent les résidences des familles des auteurs présumés d'attaques contre les forces de sécurité ou civils israéliens, avec l'objectif déclaré de dissuader d'autres éventuels attentats. Lors de récentes conversations téléphoniques avec le Premier ministre d'Israël et le Président de l'Etat de Palestine, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a lui aussi exprimé sa consternation face à la recrudescence de la violence au cours des dernières semaines.
« Ces démolitions punitives constituent une sanction collective qui punit les gens pour des actes qu'ils n'ont pas commis. Ces démolitions ont pour conséquence que des civils innocents se retrouvent sans-abri. L'impact sur les enfants, les femmes et les personnes âgées est particulièrement grave », a rappelé M. Rawley dans un communiqué de presse.
Entre le 1er juin et le 30 novembre cette année, les autorités d'occupation israéliennes ont démoli cinq maisons pour des motifs punitifs, ce qui a causé le déplacement de 34 Palestiniens, dont 16 enfants. Six autres familles, dont quatre à Jérusalem-Est et deux dans d'autres parties de la Cisjordanie, sont menacées par un risque imminent de déplacement.
Les démolitions punitives constituent des violations des normes internationales des droits de l'homme ainsi que de plusieurs instruments juridiques internationaux que l'Etat d'Israël a acceptés, dont l'interdiction de détruire la propriété privée dans un territoire occupé, l'interdiction absolue de sanctions collectives, et le droit à un procès équitable et une procédure régulière, ou encore le droit à un logement convenable.
« Les démolitions punitives doivent cesser. Elles sont contraires au droit international et accentuent le risque de déstabiliser encore plus une situation déjà fragile », a déclaré M. Rawley. « Les violations des droits de l'homme ne sont pas seulement un symptôme de la poursuite du conflit, elles contribuent à l'embrasement ».