jeudi 15 avril 2010

La crise de confiance empêche la reprise des pourparlers israélo-palestiniens

14 avril 2010
 La situation sur le terrain reste fragile au Moyen-Orient et une crise de confiance entre les parties israélienne et palestinienne a empêché jusqu'à présent la reprise des pourparlers, a déclaré mercredi le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, dans un exposé devant le Conseil de sécurité sur la situation dans cette région le mois passé.
Il a réaffirmé la volonté des Nations Unies de rester engagées avec ses partenaires du Quatuor pour le Moyen-Orient pour assurer le respect des conditions qui avaient rendu possible un accord sur le lancement des pourparlers de proximité.

M. Pascoe a noté que le gel partiel de la construction des colonies de peuplement décidé par les autorités israéliennes était toujours en vigueur, malgré quelques violations. Toutefois, il n'est pas à la hauteur des obligations d'Israël en vertu de la Feuille de route du Quatuor qui prévoit un gel complet de toutes les activités de peuplement et exclut toute activité de peuplement à Jérusalem-Est, a-t-il dit.

Notant qu'il n'y a pas eu de démolition de logements palestiniens à Jérusalem-Est depuis janvier dernier, le Secrétaire général adjoint a souhaité que cette tendance se poursuive. Il a ensuite fait état d'incidents « quotidiens » entre colons israéliens et Palestiniens en Cisjordanie.

M. Pascoe s'est dit inquiet de l'entrée en vigueur le 13 avril d'un ordre donnant au commandement militaire israélien le pouvoir d'expulser une large catégorie de personnes que les autorités israéliennes considèrent comme n'étant pas résidentes de la Cisjordanie. La possibilité pour Israël de déporter des individus a provoqué une forte réaction chez les Palestiniens et dans le monde arabe, a-t-il relevé.

Le Secrétaire général adjoint a évoqué l'organisation des élections municipales palestiniennes prévues pour le 17 juillet prochain, qui constitue une étape importante de l'agenda lié à la consolidation de l'État palestinien. Il a exhorté le Hamas, qui a appelé au boycott de ce scrutin, à laisser les habitants de Gaza exercer leur droit de vote.

M. Pascoe a rappelé que l'Autorité palestinienne nécessitait un financement externe d'une centaine de millions de dollars par mois pour couvrir ses dépenses budgétaires. Seuls 174 millions lui ont été transférés depuis janvier dernier, une situation de nature à compromettre ses projets de réforme.

En ce qui concerne Gaza, les conditions de sécurité sont encore loin d'être réunies, a-t-il noté, comme en témoigne un affrontement à Khan Younis au cours duquel deux soldats israéliens et trois militants palestiniens ont trouvé la mort.

Pas moins de 35 roquettes et mortiers ont été tirés au cours de la période à l'examen, dont 16 ont touché les localités du sud d'Israël, sans faire de victimes, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Un civil palestinien a été tué et 15 autres blessés lors de 14 incursions et six frappes aériennes autorisées lancées par les forces de sécurité israéliennes.

Des informations font état des efforts du Hamas pour prévenir que d'autres actes de violence ne se reproduisent, mais les tirs de roquettes se poursuivent, a-t-il relevé. 
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21692&Cr=Isra%EBl&Cr1= 

Un journal Emirati appelle à une concentration arabe sur le dossier nucléaire israélien

14 Avr 2010
Abou Dhabi /  Le journal émirati /Akhbar al-Arab/ a invité aujourd'hui les pays arabes à poursuivre inlassablement le dossier nucléaire israélien et à ne pas céder l'exigence du démantèlement de toutes les armes de destruction massive que possède Israël.
Dans un article intitulé /Pas de complaisance envers le nucléaire israélien/, le journal insiste sur la gravité de cette question "dont il relève la sécurité et la paix dans la région". "Cette question nécessite une attitude arabe ferme", a insisté le journal qui trouve "anormal et injuste" la persistance de l'ignorance des armes de destruction massives dont dispose Israël "au moment où on somme les autres pays de se soumettre à l'inspection, à la surveillance et au contrôle".
Pour le journal émirati, il faut absolument demander des comptes sur l'armement de destruction massive que possède Israël "cette entité agressive qui avait embrasé la région de six grandes guerres et commis des sottises nazies sans nombre", et obliger celui-ci à ouvrir la voie aux comités d'inspection techniques et aux experts internationaux et régionaux pour connaître les quantités d'armes nucléaire qu'il possède.
Gh.H.
http://www.sana.sy/fra/55/2010/04/14/282885.htm

L'Assemblée de la nation koweitienne dénonce l'expatriation forcée par Israël des Palestiniens

14 Avr 2010
Koweit / L'Assemblée de la nation koweitienne a vivement dénoncé la politique que mène Israël dans l'expatriation forcée de tous les Palestiniens de la Cisjordanie et des autres territoires palestiniens.
Au cours de sa réunion aujourd'hui, rapportée par l'Agence d'informations koweitiennes /KUNA/, les membres de l'Assemblée de la nation koweitienne ont appelé à un mouvement sérieux pour le règlement de la Cause palestinienne, ainsi qu'à l'unification des factions palestiniennes face aux pratiques israéliennes.

Les membres ont incité les pays arabes qui établissent des relations avec Israël à les rompre immédiatement, tout en insistant sur la nécessité de prendre une position islamique et arabe unifiée et ferme pour la sauvegarde de la Mosquée d'al-Aqsa et l'arrêt de la judaïsation d'al-Qods. 
R.Jorf 
http://www.sana.sy/fra/55/2010/04/14/282901.htm 

Les autorités britanniques empêchent un office de tourisme israélien de poursuivre le lancement des affiches touristique incluant des sites islamiques d'al-Qods occupée

14 Avr 2010
Londres /   Les autorités britanniques ont empêché un office de tourisme israélien au Royaume Uni de poursuivre sa campagne de propagation touristique, les affiches qu'il lançait incluant des photos du dôme du Rocher et la Mosquée al-Ibrahimi, lieux saints islamiques d'al-Qods occupée, qu'ils présentaient comme aspects israéliens.
D'après le journal /The Guardian/ qui a rapporté la nouvelle, l'organisme britannique chargé d'assurer le respect des normes de publicité trouve que l'admission de cette annonce israélienne donne l'impression d'une reconnaissance que ces régions de la ville d'al-Qods fait partie d'Israël.
L'organisme a affirmé que partant de ces considérations il a décidé d'arrêter la poursuite ce cette propagande touristique israélienne et exigé de l'officie de tourisme israélien de cesser de donner de fausses informations.
L'année passée, une campagne de propagation touristique lancée par l'office gouvernemental israélien du tourisme avait été suspendue, ayant affiché une carte d'Israël incluant la Cisjordanie, Gaza et le Golan occupés.
Gh.H.
http://www.sana.sy/fra/55/2010/04/14/282900.htm 

La fin de Moubarescu se rapproche-t-elle ? - Protestations dans les rues du Caire : « La rue est à nous »

Egypte - 14-04-2010
Par Nadine Acoury 
Les manifestants se sont rassemblés en masse pour protester contre la répression des manifestations de la semaine dernière et la répression policière en général. Ils exigent des réformes constitutionnelles et économiques, à la veille des échéances électorales (législatives et sénatoriales cette année, présidentielles en 2011), ainsi que l'abolition de la loi d'exception qui régit le pays (censure, interdiction de manif etc.) depuis 29 ans !
Voir la vidéo d'aljazeera.net
Ce qui était nouveau hier, ce que les manifestants aient osé investir la rue (le principal slogan était hier « La rue est à nous ») et rendre quelques coups à une police largement déployée.
Ici article alquds.co, en arabe.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13719&type=temoignage

Le Président de l’Assemblée nationale française se réunit avec le Hezbollah

14/04/2010 
Mardi, à Beyrouth, le Président de l’Assemblée nationale française s’est entretenu avec une délégation du mouvement du Hezbollah.
Lors de cette rencontre avec Bernard Accoyer, le Président du parlement français, la délégation du Hezbollah la, surtout, évoqué le danger de l’arsenal atomique de l’entité sioniste dans la région.
 "Israël fait la sourde oreille, face aux critiques mondiales. La Communauté internationale et la France doivent se sentir concernées, en exerçant des pressions sur Israël, afin de le contraindre à abandonner ses politiques belliqueuses et expansionnistes.", ont affirmé les représentants du Hezbollah.
Ils ont, également, évoqué, avec le Président du parlement français, les multiples cas de violations, par le régime sioniste, de l’espace aérien, terrestre et maritime libanais. Le dialogue national et la stratégie de défense du Liban ont, aussi, été au centre des entretiens entre Bernard Accoyer et la délégation du Hezbollah.
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=133591&language=fr

Erdogan refuse des sanctions sur l'Iran:Pourquoi laisser le nucléaire israélien?

14/04/2010  
Dans un entretien télévisé à la CNN, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a refusé de soutenir les efforts du président américain visant à soutenir de nouvelles sanctions fermes contre l'Iran, se demandant sur les raisons pour lesquelles le dossier nucléaire israélien passe sous silence international.
En marge du sommet "la sécurité nucléaire" à Washington, Erdogan a mis l'accent sur l'alliance stratégique entre Ankara et Téhéran depuis le 17ème siècle, assurant que le choix de la diplomatie est l'issue de cette crise.
La position d'Erdogan survient après des déclarations précédentes sur son refus d'imposer des sanctions économiques sur l'Iran.
"Je suis pour une solution diplomatique, les pays membres de l'AIEA et de la convention de la non prolifération des armes destructives en 1968, nous devons déployer tous nos efforts. Quant à la Turquie, elle pourrait jouer le rôle d'un médiateur important", a ajouté Erdogan. 

Un responsable israélien: "Israël" détient des matières nucléaires dangereuses

14/04/2010  
Le chef de la délégation israélienne au sommet sur le nucléaire à Washington Dan Mridor a révélé qu'Israël possède deux réacteurs nucléaires contenant des matières dangereuses, sans pour autant souligner l'ampleur de l'arsenal nucléaire israélien.
"Nous œuvrons depuis des années pour nous protéger des dangers nucléaires", a-t-il dit, faisant référence à Dimona et Nahal Shorik.
Ce n'est pas la première fois qu'un responsable israélien reconnait la présence des deux réacteurs, mais "Israël" continue d'imposer un blackout total sur son arsenal.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netenyahu a annulé sa participation au sommet nucléaire pour éviter d'éventuelles exigences arabes, dont l'Egypte et la Turquie, de dévoiler son arsenal nucléaire et de le soumettre au contrôle international. 

Une flottille internationale au secours de Gaza

mercredi 14 avril 2010 - 12h:41
Paul Larudee - Silvia Cattori
Paul Larudee, un participant californien à cette audacieuse entreprise, répond aux questions de Silvia Cattori.
L’étranglement de la population de Gaza par Israël
La population de Gaza est victime du plus grand scandale de notre temps. Gaza est à l’agonie non pas à cause d’une catastrophe humaine naturelle mais à cause d’une catastrophe minutieusement organisée et exécutée par Israël. Une coalition internationale, qui rassemble nombre d’organisations et mouvements, se prépare à envoyer une flottille de dix bateaux pour briser le blocus israélien illégal qui asphyxie Gaza.
(JPG)
Tanks israéliens aux frontières de Gaza
Silvia Cattori : Avec le Free Palestine Movement californien que vous présidez, vous vous préparez à vous joindre en Méditerranée à un convoi composé d’une impressionnante flottille. Vous étiez à l’origine du projet dont les bateaux ont réussi à accoster Gaza en août 2008. Ce succès avait alors consacré la naissance du Free Gaza Movement (FGM). Qu’est-ce qui n’allait pas avec ce mouvement qui vous a conduit à en créer un autre (1) ?
Paul Larudee : Nous n’étions à l’origine qu’un petit groupe de gens basés en Californie que le projet de partir à Gaza par mer avait réunis. Après avoir réussi à naviguer avec notre groupe jusqu’à Gaza, pour la première fois en 40 ans, je pensais que, après ce test réussi, Free Gaza devait s’en tenir là et cesser d’envoyer des petits bateaux sans envergure et sans matériel conséquent. Qu’il fallait envisager quelque chose de plus ambitieux susceptible d’ouvrir à la population de Gaza des perspectives concrètes. Je pensais qu’il fallait organiser un système régulier de transport de marchandises et de passagers capable de contribuer à l’amélioration de la vie des Palestiniens de Gaza.
Après cette expérience, notre groupe s’est scindé en plusieurs groupes, dont celui qui est devenu le Free Palestine Movement. De nouveaux groupes sont nés qui ont créé d’autres initiatives, et ont poursuivi la lutte pour contraindre Israël et l’Égypte à lever le blocus qui enferme Gaza (2).
Aujourd’hui le mouvement prend de l’ampleur. Grâce aux efforts de plusieurs ONG - pas seulement européennes - soutenues par des volontaires et des personnalités de 30 pays, une grande coalition s’est créée (3) ; elle prépare l’envoi d’une flottille de dix navires qui vont transporter plus de 500 personnes, et trois cargos qui vont livrer 5 000 tonnes de matériel urgent à Gaza.
C’est la plus grande initiative internationale de ce genre jamais organisée. 30 pays sont représentés par les gens qui vont partir avec ce convoi maritime. Le départ vers Gaza est prévu dans le courant de mai et les bateaux devraient atteindre leur destination avant la fin du mois.
Silvia Cattori : Avec quel groupe le Free Palestine Movement va-t-il naviguer ?
Paul Larudee : Nous allons naviguer avec les bateaux affrétés par le Greek Free Gaza Movement. Chaque groupe est responsable de ses propres bateaux et des passagers qu’il prend à son bord.
Silvia Cattori : Quelques jours après l’annonce de cette coalition destinée à secourir Gaza, il y a eu des menaces sur des militants (4). Les organisateurs de cet impressionnant convoi n’ignorent pas que l’armée israélienne et ses agents se préparent certainement déjà à faire capoter ce projet ?
Paul Larudee : Avec une flotte de cette importance, dont les préparatifs ont duré plus d’une année, les organisateurs ont fait ce qu’ils pouvaient faire de mieux. La dimension de ce convoi se hausse à la hauteur de la tâche. Elle devrait rendre plus difficile toute tentative d’interdire le passage de la flottille.
Silvia Cattori : Cela n’en reste pas moins un défi dont l’issue est incertaine. Israël cherche notamment à liquider la direction du Hamas à Gaza. Ses agents se sont toujours servis du mouvement de solidarité pour faire du renseignement en Palestine. La suspicion demeure qu’Israël a laissé accoster plusieurs bateaux conduits par Free Gaza en 2008 parce qu’il y avait trouvé son intérêt. Quand il n’y a plus trouvé son intérêt, il les a stoppés (5). Ce qui nous laisse penser qu’il ne laissera passer votre convoi que s’il y trouve son compte. Ou si, en cas d’épreuve de force en mer, votre flottille se voyait assurée du soutien d’États. Comment les organisateurs de ce convoi vont-il résoudre la question cruciale des infiltrations ?
Paul Larudee : Nous sommes des groupes ouverts et transparents. Nous sommes bien sûr conscients de tout cela et prenons des précautions en conséquence. Je crois que nos alliés palestiniens qui attendent notre arrivée savent mieux que quiconque que, malgré toutes les précautions, l’infiltration d’agents est possible. Cela fait partie du jeu.
Silvia Cattori : Avez-vous établi une stratégie dans le cas où Israël vous barrerait le passage ?
Paul Larudee : Oui, bien sûr. Je crois que ce ne sera pas chose facile pour Israël de nous barrer la route. Il y aura à bord des personnalités éminentes. Il y aura des journalistes. Il va être difficile aux médias qui voudraient l’ignorer de passer sous silence une flottille de cette ampleur et comprenant autant de personnalités ayant pour but de porter secours à une population en grande détresse.
Israël n’a aucune légitimité à empêcher notre convoi de naviguer dans les eaux internationales, puisque nous n’entrons pas dans des eaux reconnues par aucune autorité - y compris israélienne - comme territoire israélien. Nous sommes déterminés à ne pas nous laisser stopper par son armée car c’est notre droit de naviguer dans cette zone. Nous allons résister ; nous ne céderons pas. La marine israélienne devra faire usage de la force, envoyer des commandos à bord de nos bateaux....
Silvia Cattori : Depuis 44 ans, aucun bateau palestinien n’a jamais pu franchir cette zone ; la marine israélienne coule les bateaux palestiniens. Tout n’est-il pas envisageable ?
Paul Larudee : Toutes sortes de scénarios sont prévus. Nous nous préparons à mobiliser l’opinion publique et à faire connaître notre droit de navigation. Des avocats sont prêts à intervenir et à nous défendre si ce droit est menacé. Nous pouvons compter sur l’effet médiatique qu’une pareille opération ne manquera pas de provoquer. Plus de 30 pays vont avoir des ressortissants à bord de ces bateaux. Ils feront appel à leurs gouvernements. Quant au Free Palestine Movement, il peut compter sur l’appui de membres du Congrès des États-Unis. Barbara Lee, représentante de notre département en Californie, est prête à défendre nos droits. Je suis assez optimiste.
Silvia Cattori : Quand on parle avec des gens à Gaza, on les sent très désabusés sur les va-et-vient d’internationaux. Ils disent n’en avoir jamais vu de retombées. La première fois, les bateaux de Free Gaza ont suscité de la joie. Puis cela les a laissés totalement indifférents. C’était pour eux des effets médiatiques sans conséquences. En quoi ce nouveau convoi pourra-t-il véritablement trancher ?
Paul Larudee : Après le premier accostage avec les deux petits bateaux symboliques, je souhaitais que l’on transforme ce succès en envisageant la réalisation de projets plus substantiels : un cargo et l’utilisation de cette voie maritime pour transporter des marchandises et permettre aux gens de Gaza de faire des échanges commerciaux librement. Je n’étais donc pas très content de l’envoi répété de petits bateaux à Gaza. Maintenant on voit que la grande coalition internationale est en train de réaliser ce grand projet. En tant que Free Palestine Movement, nous avons pour mandat d’assurer qu’il y ait une présence de personnalités états-uniennes parmi les participants au convoi.
Silvia Cattori : Une question est toujours posée par des gens qui ont contribué financièrement au succès de Free Gaza. Combien d’argent a-t-il été englouti dans l’achat de bateaux et les dépenses des militants ?
Paul Larudee : Un demi-million d’euros a été dépensé pour l’achat des deux premiers bateaux et couvrir les dépenses des militants du Free Gaza Movement durant deux ans de préparatifs. C’est bien sûr beaucoup. Il est difficile de justifier un tel niveau de dépenses à long terme. Mais, cette fois, ce qui sera dépensé par les groupes qui composent la flottille devrait se voir justifié par des résultats plus concrets.
Silvia Cattori : Votre action est-elle humanitaire ou politique ?
Paul Larudee : Ni l’une ni l’autre. C’est une action en faveur des droits humains. Nous ne sommes pas liés à des partis politiques ; nous livrons une aide humanitaire à Gaza dans des circonstances dont la gravité nous impose de le faire. Nous voulons appeler la communauté internationale à faire appliquer le droit des Palestiniens de Gaza ; y compris le droit de sortir de Gaza. La liberté de mouvement est un droit qui doit être garanti à toute personne. Le Free Palestine Movement s’est engagé à soutenir le droit international et les droits humains du peuple palestinien.
Silvia Cattori : Il n’y aura de solution que politique. Raison pour laquelle les militants palestiniens [6] considèrent que le soutien des mouvements est effectif uniquement s’il se fonde sur deux exigences : le refus de l’occupation coloniale et la reconnaissance des droits fondamentaux des Palestiniens. Tous ceux qui vont naviguer avec le Free Palestine Movement sont-ils appelés à se déterminer à ce sujet ?
Paul Larudee : Tous les participants comprennent que ces principes sont à la base de ce projet et de notre message. Toutefois il y a des considérations stratégiques ; la présence de telle personnalité est déjà en soi un acte de résistance à l’occupation, même si sur les principes elle ne se prononce pas. Chaque personne a ses propres raisons quand elle accepte de se rallier à ce projet. Et nous avons nos propres raisons stratégiques en choisissant de l’inviter.
Silvia Cattori : Vous avez d’autres actions en projet ?
Paul Larudee : Oui nous avons de nombreux projets. Notre objectif est toujours le même : mettre en cause Israël à propos de ses violations des droits humains. Nous envisageons l’envoi d’un avion à Gaza à la fin de l’année. Dans l’immédiat, nous sommes concentrés sur les préparatifs liés à notre participation à la flottille.
Silvia Cattori : Ce n’est que le commencement d’une longue lutte ?
Paul Larudee : Nous espérons pour le peuple palestinien qu’elle ne soit pas trop longue ; et que la libération de la Palestine ne soit pas trop lointaine. La patience est une vertu ; mais l’impatience est elle aussi vertueuse.
[2] La Gaza Freedom March, Viva Palestina, le Greek Free Gaza Movement basé à Athènes, et le Free Palestine Movement basé en Californie.
[3] Cette coalition est composée de l’European Campaign to End the Siege on Gaza (ECESG), de l’ONG turque des droits humains Insani Yardim Vakfi (IHH), de la Greek Ship to Gaza campaign, de la Swedish Ship to Gaza campaign, et du Free Gaza Movement.
[5] Par trois fois, en 2008, Israël a laissé passer les bateaux de Free Gaza. Par la suite, les autres tentatives ont été stoppées.
[6] La Palestinian campaign for the academic and cultural boycott of Israël (PACBI) a demandé aux mouvements de solidarité internationale qui veulent soutenir leur juste cause, de respecter deux conditions. Primo : tout projet doit exprimer une forme de résistance à l’occupation. Secondo : ceux qui participent à des projets doivent appuyer les droits fondamentaux des Palestiniens ; avoir des postions qui ne mettent pas en discussion ces droits.
Ce sont des mesures qui devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international en mettant fin à son occupation et à sa colonisation de tous les terres arabes et en démantelant le Mur ; en reconnaissant les droits fondamentaux des citoyens arabo-Palestiniens d’Israel à une égalité absolue ; en respectant, protégeant et favorisant les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU.
13 avril 2010 - Silvia Cattori
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8530

L’épuisement et la perte de sa légitimité sont les plus grandes menaces pour Israël

mercredi 14 avril 2010 - 16h:41
Wadii Aawawda - Al Jazeera
L’étude sur la sécurité nationale, présentée lors de la dixième conférence d’Herzeliya (Israël), montre qu’Israël fait face aujourd’hui à des dangers stratégiques dus au développement de la résistance arabo-islamique. Le but de cette résistance est « l’épuisement et l’effondrement » d’Israël à travers des campagnes visant à lui enlever sa légitimité dans le monde.
(JPG)
Soldat israélien blessé au Liban, juillet 2006 - Le Hizbollah a remis les pendules à l’heure en démontrant la faiblesse des troupes israéliennes sur le terrain face à une résistance arabe organisée et déterminée.
L’étude publiée par l’Institut de sécurité « Raout » - institut d’études créé en 2004 dont la mission est de conseiller les décideurs - affirme que les dernières guerres du Liban et de Gaza ont révélé un grand danger pour la légitimité d’Israël dans le monde.
A cause de son alliance avec les Etats-Unis, de ses rapports privilégiés avec les principaux Etats européens et de la paix avec l’Egypte et la Jordanie, Israël s’expose aujourd’hui à de dures campagnes dans le monde, y compris dans des Etats amis.
Boycott mondial
L’étude - à la préparation de laquelle ont participé de nombreux experts - indique qu’Israël est exposé à des opérations diaboliques qui cristallisent la menace de la dépossession de son droit à l’existence.
Pour preuve de cela, on cite les tentatives de boycott académique en Angleterre contre Israël et le boycott académique et économique dans certains pays européens, tandis que le rapport de Richard Goldstone (à propos de la guerre contre Gaza) marque le couronnement de ces campagnes.
Les auteurs de l’étude attirent l’attention sur les conséquences stratégiques résultant de la dégradation de la position d’Israël : la contraction de sa capacité de manœuvre dans l’utilisation de la force militaire, l’augmentation de l’intervention internationale dans les affaires concernant la situation des citoyens arabes israéliens et l’activité de tribunaux internationaux contre des Israéliens causant ainsi des tensions diplomatiques.
On pourrait penser qu’à priori les dangers et les défis auxquels fait face Israël paraissent anciens, mais par le passé également, il lui était difficile de consolider les acquis obtenus lors d’affrontements militaires, de même que le pays s’était exposé à de violentes critiques allant jusqu’à faire douter de sa légitimité, comme la décision des Nations-Unies en 1975 assimilant le sionisme au racisme.
Israël se trouve aujourd’hui devant un défi stratégique existentiel nouveau résultant de deux démarches coordonnées venant à maturité l’année dernière : la résistance arabo-islamique adopte une stratégie de l’épuisement d’Israël, pour aboutir à son effondrement, en utilisant plusieurs moyens : maintenir les charges qui pèsent sur Israël tout en les augmentant, développer une théorie de combat sur les fronts militaire et civil en tenant compte des rapports de forces inégales et enfin enlever à ce pays sa légitimité.
Les auteurs de l’étude observent que la résistance a remplacé ces dernières années le « discours de la destruction » direct basé sur l’invasion militaire, par le « discours de l’épuisement ». Ce dernier discours vise l’effondrement d’Israël de l’intérieur, par l’augmentation de la tension dans la société israélienne qui l’entraînerait à une guerre civile entre orientaux et occidentaux, faucons et colombes, religieux et séculaires ou juifs et arabes.
Exemples mondiaux
Le « discours de l’épuisement » a commencé en 1970 après l’échec de l’affrontement direct avec Israël, mais, dernièrement, ce discours a pris un nouveau départ qui s’est traduit par une série de lignes de conduite qui ont commencé à porter leur fruit.
Pour preuve du danger engendré par la stratégie de l’épuisement, l’étude présente des exemples de pays qui se sont effondrés suite à la perte de leurs assises politique et économique, comme l’Afrique du Sud, l’Union Soviétique et l’Allemagne de l’Est.
Et la prolongation (de la stratégique de l’épuisement) est la raison centrale de l’effondrement de ces pays qui s’est produit après un manque évident de l’équilibre entre les ressources et les besoins ou entre l’idéologie et la réalité.
Prolongation (de la stratégie de l’épuisement) et défis
Le sionisme fait face à cette stratégie depuis la guerre de 1967 qui a creusé un fossé entre ses valeurs traditionnelles appelant à un Etat juif démocratique et la réalité : l’occupation (de terres arabes) et la situation démographique qui en résulte.
L’étude signale également que la résistance a transformé l’occupation israélienne de fardeau en acquis pour elle : l’Organisation de libération (de la Palestine) a commencé à étayer sa nouvelle stratégie en 1974. Et certains voient dans les accords d’Oslo une des couvertures de cette nouvelle stratégie, la reconnaissance d’Israël par les Palestiniens (mentionnée dans ces accords) ne signifiant pas celle de son droit à l’existence.
Une autre démarche dangereuse se cristallise autour de la dé-légitimation d’Israël dans le monde, dans le but de le transformer en Etat atteint de la lèpre (symbole du mal envahissant), Etat qui finira par disparaître. Cette démarche fait découvrir la faiblesse du dispositif d’information israélien à destination de l’extérieur.
La menace contre le droit d’Israël à l’existence, représentée par la suppression de sa légitimité essentielle, représente l’un des défis principaux qui se posent à lui après 70 ans.
Cette menace est le produit des deux conduites mentionnées qui provoquent par leur interaction et leur alimentation une situation politique et diplomatique explosive qui peut se transformer en danger existentiel dans quelques années.
Méthodes de protection
L’étude - qui se base sur une enquête auprès de cent experts israéliens et étrangers et des enquêtes en Europe - montre clairement que la résistance (arabo-musulmane) agit aujourd’hui selon le « discours de l’épuisement » en relation avec les attaques politiques et économiques contre Israël.
Cette action vise à épuiser continuellement Israël afin de lui rendre le fardeau de l’occupation de plus en plus lourd et à lui enlever sa légitimité, en lui livrant une guerre de harcèlement sur le front intérieur, et tout ceci pour contrebalancer la supériorité militaire et technologique israéliennes.
L’étude insiste sur le fait que la résistance n’attend pas la fin de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, mais elle utilise la cause palestinienne comme un moyen de se débarrasser d’Israël ; c’est pour cela que la création d’un Etat palestinien et la fin du conflit avec les Palestiniens n’arrêteront pas la démarche de la résistance visant à enlever sa légitimité à Israël.
Il est probable que la résistance arabe utilisera à l’avenir, si le règlement des deux Etats (palestinien et israélien) aboutissait malgré elle, d’autres arguments pour ébranler la légitimité d’Israël de l’intérieur et de l’extérieur comme : les Palestiniens de l’intérieur, l’arme nucléaire israélienne ou l’application des règlements relatifs aux Lieux Saints.
Pour relever les nouveaux défis, les auteurs de l’étude appellent Israël à s’appuyer sur des programmes dont les objectifs sont : le triomphe simultané sur les fronts militaire et politique, la fortification du front intérieur, le développement de l’information en passant de la défense à l’attaque par l’intermédiaire de nouveaux ambassadeurs non gouvernementaux, la construction de larges réseaux de relations personnelles avec des parties influentes dans le monde dans les différents domaines.
Il faut indiquer enfin qu’à la conférence d’Herzeliya, plusieurs exposés ont porté sur la guerre que doit mener Israël contre la prise de conscience du monde à son sujet et l’image que se fait ce monde d’Israël.
4 avril 2010 - Al Jazeera
Traduction de l’arabe : Siahmad Taleb
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8532

L’indispensable IslamOnline ne doit pas faillir

mercredi 14 avril 2010 - 07h:11
Ramzy Baroud
Un site Web islamique très populaire a connu jusque très récemment un succès incontesté. IslamOnline était arrivé au moment où des millions de Musulmans avaient besoin d’une plate-forme commune et d’un moyen d’expression qui les unisse, écrit Ramzy Baroud.
(JPG)
L’histoire d’IslamOnline concerne surtout la liberté et l’indépendance éditoriale des médias dans les pays arabes
Nous avions donc un site Web ni insipide ni aliéné. Son influence était encourageante et positive plutôt que destructrice ou sectaire. Ce n’était pas un moyen d’expression fait pour s’excuser, mais il présentait plutôt patiemment et progressivement au monde l’Islam d’aujourd’hui et les questions des Musulmans. Celles-ci ont été interprétées et transmises par des centaines d’associés et de journalistes qualifiés qui travaillaient jour et nuit depuis leurs bureaux du Caire.
Puis quelque chose est survenu qui a mis fin brutalement à cette noble mission. L’histoire d’une réussite s’est soudainement transformée en un terrible cauchemar pour les centaines de collaborateurs d’IslamOnline. Le site Web IslamOnline est resté en ligne, mais il était à peine mis à jour. Au lieu de cela des vidéos ont été diffusées sur Youtube™, montrant le personnel d’IslamOnline, apparemment éprouvé, criant des slogans dans l’entrée de leur bâtiment au Caire. Ils exigeaient le retour de leur liberté d’expression et de leurs droits éditoriaux. Ils réclamaient justice.
Ces journalistes brillants, parmi les meilleurs dans la région, devraient être assis derrière leurs écrans d’ordinateurs, écrivant, éditant et participant à des dialogues en direct avec des lecteurs investigateurs. Au lieu de cela ils étaient assis par terre, portant des insignes et des bannières et criant des slogans avec des voix fortes.
Quelque chose avait horriblement mal tourné.
Hadeel Al-Shalchi a tenté d’expliquer dans un communiqué récent d’Associated Press : « Le gouvernement qatari a limogé la direction modérée d’un site Web islamique populaire et veut remodeler celui-ci dans un sens plus religieux et conservateur ».
Toujours selon ce communiqué, « le site a été profondément perturbé... les propriétaires essayant de changer son orientation, et incitant ainsi 350 de ses employés au Caire à se mettre en grève. La direction, qui est à Doha, a alors coupé leur accès au site et a procédé à des mises à jour avec des articles d’information mais sans le contenu diversifié pour lequel IslamOnline est connu », ont déclaré d’anciens employés.
IslamOnline est financé par Al-Balagh, une compagnie basée à Doha. Al-Balagh a été dirigé par Sheik Youssef al-Qaradawi, qui est unanimement respecté et qui est aussi une autorité religieuse des plus sensibles et judicieuses. Il est connu et beaucoup apprécié pour ses vues progressistes sur l’Islam. Al-Qaradawi est très populaire parmi les Musulmans autour du monde, pour ses idées politiques innovantes, ses fortes prises de positions pacifistes et en faveur de la résistance, et pour sa clarté morale sur beaucoup de questions.
En bref, Al-Qaradawi est l’antithèse des ecclésiastiques religieux qui agissent comme on leur ordonne de le faire.
Un rédacteur en grève d’IslamOnline m’a décrit comment la crise s’est développée. Cela s’apparente à un coup de force : le Sheik a été licencié de la compagnie Al-Balagh, les directeurs du site ont été déplacés, une nouvelle direction a été installée (en fait imposée), et même les mots de passe de site Web ont été changés de sorte que les employés n’y aient plus accès. Bouleversés et exaspérés par ces changements impromptus, environ 350 employés ont fait grève - pour se retrouver finalement soumis à une enquête par des juristes de la compagnie pour avoir exercé ce qui est universellement reconnu comme un droit fondamental.
Le rédacteur m’indique aussi qu’ils ont été en particulier durement critiqués pour leur soutien intransigeant et courageux en faveur de la Palestine et de Gaza. En effet, IslamOnline avait inlassablement œuvré pour favoriser une plus grande conscience de la lutte en Palestine auprès des lecteurs Musulmans comme non-Musulmans.
Après les événements tragiques du 11 septembre, quelques sites ont joué le rôle vital qui est aussi celui d’IslamOnline. Ses rédacteurs ne servent pas la cause de fanatiques, avec leur interprétation terrible du monde et d’eux-mêmes, pas non plus qu’ils n’adoptent la fonction de porte-parole de gouvernements arabes.
Tout aussi important, ils n’ont pas essayé de simuler une position « modérée » de façon à plaire à un gouvernement - arabe ou autre. Au lieu de cela, ils ont réellement reflété et véritablement exprimé l’opinion de la majorité des Musulmans de tous les horizons, de partout dans le monde. C’était vraiment un exploit impressionnant de voir une telle ligne éditoriale indépendante émerger dans une capitale arabe [le Caire] et en grande partie financée par une autre [Doha].
Mais cela semblait trop beau pour être vrai - d’où les changements terribles, chaotiques et dévastateurs qui ont paralysé cet outil tout à fait vital. C’est la possibilité même de présenter au monde une voix musulmane éloquente qui est menacée.
L’histoire d’IslamOnline est présentée comme celle d’une rivalité entre Arabes : gouvernements, groupes et individus. Une terminologie réductionniste, tels que conservateurs contre modérés - imprègne une fois de plus un discours prévisible au Moyen-Orient. Mais beaucoup de questions demeurent sans réponse.
En fait, l’histoire d’IslamOnline tient plus à la liberté et à l’indépendance éditoriale des médias dans les pays arabes qu’à beaucoup de ce qui précède. La lutte est entre d’un côté quelques politiciens égoïstes ne pensant qu’à se servir, et de l’autre des centaines de professionnels du monde des médias - brillants et inspirés comme le sont les jeunes femmes et hommes qui composaient le personnel d’IslamOnline.
Pour eux, IslamOnline n’était pas juste un emploi. Il s’agissait d’une mission, d’une vocation même, et des millions de lecteurs à travers le monde appréciaient leur travail.
On ne peut qu’espérer qu’IslamOnline trouvera son chemin du retour, avec ses employés actuels et une ligne éditoriale intacte. Cette histoire qui a connu le succès ne doit pas finir ainsi. Les ambitions individuelles ne peuvent pas faire obstacle à cette si précieuse mission qui est celle d’une génération et qui est aujourd’hui tout simplement indispensable.
(JPG)
* Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est écrivain et publie pour PalestineChronicle. Ses écrits sont publiés par de nombreux journaux, quotidiens et anthologies à travers le monde. Son avant-dernier dernier livre : La Seconde Intifada : une chronique du combat du peuple (Pluto Press, Londres) et le dernier tout récemment publié : Mon Père était un combattant de la liberté : l’histoire non dite de Gaza (Pluto Press, London).
Traduction : Naguib
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8523

Les blessés continuent de souffrir dans Gaza

mercredi 14 avril 2010 - 06h:13
Stefan Christoff
« La communauté internationale doit obliger Israël à lever le siège par des sanctions, et elle doit agir contre le gouvernement israélien avec la même détermination dont le monde a fait preuve contre le régime d’apartheid d’Afrique du Sud à la fin des années 1980, par des sanctions économiques et par l’isolement politique. »
(JPG)
Ces blessures de guerre interminables ont un impact dévastateur.
Ils sont des milliers dans toute la bande de Gaza à vivre avec des blessures graves : des jeunes amputés de guerre, des mères gravement brûlées par les bombes au phosphore, un nombre incalculable de Palestiniens confrontés à des troubles psychologiques, toutes ces blessures venant de la catastrophe provoquée sur Gaza par l’agression militaire israélienne, l’hiver 2008/2009.
Et les blessures de guerre sont toujours une réalité constante en 2010.
« Toutes les nuits, et même la nuit dernière, les avions israéliens bombardent Gaza, » déclare Muawiya Hassanein, directeur général des services ambulanciers et des services d’urgences pour le ministère de la Santé palestinien, dans une interview à Gaza ville, pendant les récentes frappes aériennes.
« Beaucoup sont blessés... il y a de graves blessures et ces personnes sont en ce moment même soignées à l’hôpital européen de Gaza. »
Des blessures graves dans Gaza, mais dans la presse, rien, aucun gros titres dans le monde, tel est le scénario habituel qui ne veut pas voir la violence normalisée, les morts et les blessures infligées régulièrement à des civils.
Ces blessures de guerre interminables ont un impact dévastateur, beaucoup de jeunes fréquentent l’école dans la bande de Gaza avec un ou plusieurs membres en moins, ou avec des éclats d’obus restés dans le corps, des blessures qui sont le résultat d’une violence militaire sans fin contre la population civile palestinienne.
« Beaucoup dans Gaza souffrent de traumatisme psychologique et ont besoin d’être suivis, » dit Hassanein. « Des milliers d’enfants ont des traumatismes graves ou vivent avec des blessures critiques qui affectent leur vie, leur éducation, leur famille et plus important encore, leurs rêves d’avenir, et aucun, aucun Israélien (dans les responsables) n’est tenu pour responsable de ces crimes de guerre. »
Alors que les manchettes de la presse mondiale se bousculaient sur les initiatives de promotion du « processus de paix » au Moyen-Orient, que la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, s’adressait à la conférence de l’AIPAC en confirmant un soutien politique indéfectible de l’administration Obama à la politique du gouvernement israélien pour qu’il laisse la bande de Gaza en état de siège, il n’y eut qu’un intérêt tout relatif de la part des médias pour la souffrance physique et sociologique après l’opération Plomb durci.
En revanche, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, a publiquement exprimé une « solidarité » avec la population de Gaza lors de sa venue dans le territoire, condamnant le prolongement d’un blocus qui provoque « une souffrance inacceptable » pour le peuple palestinien.
En dépit des appels politiques aux plus hauts niveaux internationaux pour la fin de ce siège, les autorités israéliennes continuent de punir collectivement le un million et demi de Palestiniens de la bande de Gaza, provoquant une crise humanitaire qui s’aggrave dans un lieu que John Homes, secrétaire général adjoint des Nations-Unies pour les Affaires humanitaires, appelle « une vaste prison à ciel ouvert ».
Solidarité médicale dans Gaza
(JPG)
Un médecin qui avait déjà connu une agression israélienne lors du siège de Beyrouth en 1982.
Alors que les missiles israéliens tombaient sur Gaza au lendemain du Noël 2008, Mads Gilbert, médecin norvégien, s’envolait pour l’Egypte avec le soutien diplomatique de la Norvège, pour entrer dans Gaza et apporter son aide d’urgence aux services médicaux palestiniens qui allaient à la catastrophe.
Les témoignages directs d’internationaux depuis Gaza sur les bombardements ont été limités car Israël a profité de l’opération Plomb durci pour investir et couper tous les accès à Gaza. Les journalistes, militants et travailleurs humanitaires internationaux n’ont pu entrer sur le territoire palestinien.
Ce fut une exception que Gilbert puisse entrer dans Gaza avec le soutien politique du gouvernement norvégien qui négocia son entrée avec les autorités égyptiennes. Gilbert fut l’un d’une poignée d’internationaux qui purent passer durant les bombardements israéliens.
Ce témoignage de première main qui donne des détails sur l’agression israélienne à Gaza s’est trouvé au centre de la conférence universitaire que Gilbert a tenue récemment en Amérique du Nord. Plus d’un an après les bombardements israéliens, Gilbert ne s’en tient pas aux massacres qui ont frappé la population de Gaza durant l’opération Plomb durci, il parle aussi des frappes aériennes israéliennes qui se poursuivent encore aujourd’hui et du traumatisme social enduré à la suite des blessures graves de guerre.
« Les pertes pour les familles sont étendues, douloureuses et durables, jamais vous ne pourrez oublier que votre enfant a été tué de la main humaine, » déclarait Gilbert pendant son séjour à Montréal. « Ce n’était pas une catastrophe naturelle, ce n’était pas un tsunami ni un tremblement de terre, c’était à cent pour cent une catastrophe provoquée par l’homme, planifiée et exécutée avec le plus grand soin par les chefs militaires israéliens sous l’égide du gouvernement israélien. »
Le témoignage de première main de Gilbert depuis Gaza, essentiellement basé sur son expérience à l’hôpital d’Al-Shifa, le plus grand centre médical dans Gaza, est clairement ancré dans les principes de solidarité internationale, articulé par un médecin qui avait déjà connu une agression israélienne lors du siège de Beyrouth en 1982, pendant lequel il soignait les blessés de guerre dans la capitale libanaise où plus de 10 000 civils perdirent la vie.
C’est sur l’humanité de Gaza que Gilbert se focalise, apportant des témoignages directs sur la tragédie avec un regard médical, comme pour la famille Samouni qui a perdu 29 de ses membres sous les attaques israéliennes selon les investigations de multiples organisations des droits de l’homme. Nous faisant profiter de son expérience, Gilbert met l’accent sur la détermination de la population de la bande de Gaza, avec toujours le même leitmotiv, « (Ils) n’ont pas besoin de notre pitié, mais de notre solidarité et de notre soutien ».
Au-delà des détails émouvants sur la lutte pour la vie qu’ont menée des centaines de Palestiniens, blessés et mourants, passés par l’hôpital Al-Shifa durant l’hiver 2008/2009 à Gaza, Gilbert se concentre aussi sur les conséquences à long terme de la politique israélienne visant à maintenir un blocus qui aujourd’hui n’attire guère l’attention internationale.
« Tous les enfants dans la bande de Gaza sont traumatisés par l’état de siège, » dit-il. « Les conséquences à long terme des blessures pour les survivants palestiniens de Gaza sont cruelles à vivre, ces blessures de guerre sont physiquement douloureuses et les moyens de réadaptation très limités à cause du siège. »
« Aussi, pour les jeunes enfants blessés de guerre et traumatisés physiologiquement, il est extrêmement important d’en revenir à la vie normale, d’aller à l’école, de voir leurs copains, de retrouver une certaine forme de réalité après le chaos de l’agression israélienne ». Gilbert poursuit, « mais parce que cet état de siège débilitant touche de plus en plus les enfants, la malnutrition se développe, l’anémie se généralise, tout cela à cause de la faim, d’une malnutrition voulue par l’homme, imposée par Israël avec le total soutien des U.S.A. Comment pouvons-nous accepter cela en 2010 ? »
Gaza, toujours assiégée par les Israéliens
S’il y eut une large condamnation des dernières mesures prises par Israël pour construire de nouvelles colonies dans Jérusalem-Est, les protestations politiques par les institutions sont peu nombreuses s’agissant de l’état de siège militaire de Gaza, de l’emprisonnement massif d’un million et demi de personnes dans un territoire méditerranéen minuscule, le tout coordonné par les gouvernements d’Egypte et d’Israël.
L’approvisionnement en eau de la bande de Gaza se fait de plus en plus rare, à 80% au-dessous des normes minimales qualitatives telles que définies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et récemment, la Compagnie de distribution d’eau des municipalités côtières (CMWU) a insisté sur le fait qu’à moins qu’une action ne soit décidée d’urgence, l’approvisionnement en eau pour la consommation des gens de Gaza sera coupé dans cinq ou dix ans.
Dans Gaza assiégée, les coupures d’électricité permanentes par Israël conduisent à une capacité électrique insuffisante, sans rapport avec les besoins des stations d’épuration, alors qu’il est interdit de faire venir à Gaza les pièces maîtresses nécessaires pour le traitement des eaux contaminées. Lentement, les grandes mares d’eaux usées qui s’étendent en surface s’infiltrent dans les nappes souterraines ; cinq Palestiniens ont été tués quand le bassin d’une station s’est effondré en 2007, inondant un village au nord de Gaza ville.
Le paysage de Gaza est marqué par la guerre, de nombreux immeubles détruits dans l’hiver 2008 par les missiles israéliens sont toujours en ruines, pendant que l’infrastructure sociale est de plus en plus instable, que les matériels indispensables aux institutions scolaires sont bloqués à la frontière en raison du siège, que l’approvisionnement en produits alimentaires se fait toujours avec parcimonie, que la malnutrition s’étend. Des milliers de victimes de la guerre dans Gaza sont un rappel constant de blessures non cicatrisées, tant individuelles que collectives, provoquées par l’opération Plomb durci.
« Des enfants amputés, des gens en fauteuil roulant sont devenus chose courante dans Gaza, vous en voyez tous les jours, les gens souffrent », dit le militant et universitaire palestinien, Haidar Eid, lors d’un entretien à Gaza ville.
« (En mars), à Gaza nous avons marqué le 1 000ème jour d’un siège illégal qui empêche la population de recevoir les soins médicaux élémentaires, nous sommes confrontés à une politique de punition collective, illégale au regard du droit international ».
« Ces dernières années, la communauté internationale n’a rien fait de concret pour obliger Israël à lever le siège et mettre fin à la souffrance de la population palestinienne dans Gaza, » dit Eid.
« La communauté internationale doit obliger Israël à lever le siège par des sanctions, et elle doit agir contre le gouvernement israélien avec la même détermination dont le monde a fait preuve contre le régime d’apartheid d’Afrique du Sud à la fin des années 1980, par des sanctions économiques et par l’isolement politique. »
Samar Aldaghma, journaliste et mère palestinienne, qui étudie actuellement à Montréal, a survécu aux bombardements de l’armée israélienne et la discussion avec elle sur Gaza glisse très vite sur les conséquences du siège pour les blessés de guerre palestiniens.
« Il y en a eu tant de brûlés gravement pendant les bombardements israéliens, des brûlures au troisième degré pour certains, ces brûlures s’infectent de façon critique, » raconte Aldaghma. « Le matériel chirurgical et les antibiotiques nécessaires aux soins manquent dans Gaza pour la plus grande part à cause du siège, des milliers de blessés qui vivent maintenant dans la bande de Gaza n’ont pas accès au traitement qu’il leur faudrait parce ils vivent dans la plus grande prison du monde.
« Beaucoup sont amputés, qui ont perdu une jambe, un bras, un œil, et ne peuvent malheureusement recevoir de prothèses. De nombreux enfants gravement blessés ont (trop) honte, ou craignent d’aller à l’école par exemple avec une seule main. Tant d’enfants sont devenus déprimés, et pourtant leurs familles et les communautés leur donnent généralement tout le soutien moral possible - dans les écoles locales, des prix spéciaux pour les jeunes handicapés de la guerre sont fréquents. »
Gaza, presses et actions internationales
Les titres de l’actualité sur la Palestine s’intéressent généralement à la politique politicienne dans les allées du pouvoir, aux crises théâtrales entre dirigeants politiques de Tel-Aviv et Washington. Au milieu de ces rumeurs médiatiques, la dernière vague de frappes israéliennes contre Gaza et les conséquences du blocus israélien passent quasiment inaperçues.
« L’insuffisance de couverture par la presse internationale des derniers raids aériens influe sur la situation d’ensemble de la bande de Gaza, » dit Rami Almeghari, écrivain palestinien. « A un moment (où) Gaza continue de souffrir (du) blocus permanent et des agressions fréquentes de l’armée israélienne, les médias du monde portent leur attention ailleurs que sur les conditions que l’on connaît ici. »
L’attention sur Gaza aujourd’hui est critique, et déplacer les projecteurs loin d’un « processus de paix » politique qui jusqu’ici n’a fait que fournir une couverture diplomatique à l’apartheid israélien est déterminant. L’absence d’intérêt pour Gaza, argue Almeghari, « soulage Israël (de) la pression qui est montée (avec) la condamnation d’Israël par le Comité des droits de l’homme des Nations unies pour les atrocités commises dans la bande de Gaza en janvier 2009. »
Quand des militants de la solidarité internationale du monde entier se sont rassemblés au Caire, l’hiver passé, pour la Marche de la Liberté pour Gaza, dans une tentative de briser ensemble le siège israélien via l’Egypte, l’attention mondiale est revenue brièvement sur l’état de siège de Gaza, même si tous les efforts incroyables de ces gens pour entrer dans Gaza furent finalement bloqués par les autorités égyptiennes.
Initiée lors de cette marche, une Déclaration historique du Caire a été publiée en réponse au siège permanent, élaborant une plate-forme pour une action mondiale en solidarité avec la population de Gaza.
Alors que le siège de Gaza se poursuivait, et en prévision d’une journée internationale d’action en soutien à la campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions, pour la Journée palestinienne de la Terre (30 mars), la Déclaration du Caire apportait des éléments clairs pour poursuivre la construction d’un mouvement mondial qui monte en solidarité avec la Palestine.
(JPG) Stefan Christoff est journaliste, militant social et musicien. Il est basé à Montréal. Il écrit pour Rabble.ca et est membre de Tadamon Montréal. Il peut être contacté sur twitter.
Du même auteur :
12 avril 2010 - Rabble.ca - traduction : JPP
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8522

En dépit des restrictions d’Israël, l’économie de la Cisjordanie résiste

publié le mercredi 14 avril 2010

Laurent Zecchini

 
Les délégations des pays donateurs pour la Palestine, réunis lundi 12 et mardi 13 avril, à Madrid, ont dressé un bilan positif de l’évolution de la situation économique en Cisjordanie. Cet état des lieux repose sur les rapports de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), lesquels soulignent les progrès significatifs accomplis par le gouvernement du premier ministre palestinien, Salam Fayyad, dont l’objectif est d’annoncer la création d’un Etat palestinien "vers 2011".
Le rapport du FMI souligne le contraste entre la Cisjordanie, où la croissance a atteint 8,5 % en 2009, et la situation de Gaza, où, en raison du blocus maintenu par Israël, l’activité économique n’a pas dépassée 1 %. Trois facteurs sont à l’origine des bons résultats de la première : les réformes menées par l’Autorité palestinienne – notamment l’amélioration de la sécurité, les finances publiques, la lutte contre la corruption et la gouvernance – ont renforcé la confiance du secteur privé.
La communauté internationale est restée mobilisée, son aide budgétaire à l’Autorité palestinienne représentant 22 % du PNB palestinien. Enfin, Israël a allégé certaines restrictions s’agissant de la liberté de circulation des personnes et des marchandises à l’intérieur de la Cisjordanie. Mais outre que celles-ci restent fortes dans les zones "C" (environ 60 % de la Cisjordanie), qui sont entièrement sous contrôle israélien, rien n’a été fait pour alléger ces restrictions s’agissant du commerce extérieur de la Cisjordanie.
RALENTISSEMENT DE LA MOBILISATION INTERNATIONALE
"Une économie avec un marché aussi limité ne peut pas avoir une croissance soutenue sans exportations, à plus forte raison sans port, ni aéroport", souligne Oussama Kanaan, représentant du FMI pour les territoires palestiniens. Or les trois-quarts des marchandises produites en Cisjordanie transitent par Israël ou sont vendues en Israël. De septembre 2008 à fin 2009, Israël a supprimé 80 "obstacles" (barrages, check-points) en Cisjordanie, mais 550 restent en place, selon le FMI. Le chômage a légèrement baissé de 2008 à 2009 en Cisjordanie (18 % contre 20 %), alors qu’il est resté identique à Gaza, à environ 39 %.
L’une des préoccupations pour 2010 tient au ralentissement de la mobilisation internationale : les déboursements de l’aide sont particulièrement lents et certains engagements, notamment en provenance de pays arabes, n’ont pas été concrétisés. Ainsi, sur les 1,24 milliard de dollars (914 millions d’euros) nécessaires pour financer les besoins budgétaires de cette année, 174 millions de dollars seulement avaient été déboursés au cours des trois premiers mois de 2010.
Le FMI constate que l’Etat juif n’a apparemment pas intégré le fait qu’il a tout à gagner à une forte croissance de l’économie palestinienne. "Il est important qu’Israël annonce une stratégie pour la Cisjordanie, au lieu de se contenter de mesures ad-hoc", relève Oussama Kanaan, pour qui, si les restrictions de mouvement, intérieures et extérieures, ne sont pas levées, "l’économie palestinienne reposera exagérément sur le secteur public". Les résultats économiques dans l’ensemble encourageants de la Cisjordanie soulignent davantage la précarité qui règne à Gaza, où la croissance est extrêmement faible et où la situation humanitaire s’aggrave.
Dans ces conditions, l’objectif de Salam Fayyad de déclarer un Etat palestinien indépendant est-il réaliste ? Le représentant du FMI estime que différentes conditions doivent être réunies : outre que l’Autorité palestinienne doit continuer à établir un bilan, celui-ci devra montrer "que les objectifs de transparence, de sécurité, de responsabilité, de construction d’un Etat de droit, sont atteints. Il faut que ce gouvernement puisse montrer qu’on peut lui faire confiance". Un Etat palestinien ne serait pas viable, ajoute-t-il, "si les restrictions imposées par Israël à la liberté de mouvements ne sont pas supprimées, si une grande partie des zones "C" ne passent pas sous contrôle de l’Autorité palestinienne, et si le blocus de Gaza n’est pas levé".

La paix selon Avigdor Lieberman

publié le mercredi 14 avril 2010
Propos recueillis par Saraï Makover-Belikov

 
OPINION (édifiante !) :

Les réflexions du ministre des Affaires étrangères israélien sur les Palestiniens, les Arabes d’Israël, les transferts de population, la diplomatie américaine et quelques autres sujets d’actualité.
Pourquoi êtes-vous dans le gouvernement Nétanyahou ?
Avigdor Lieberman Il y a un an, pendant la formation du gouvernement, lorsqu’il a fallu aborder le volet diplomatique, j’ai d’emblée fait savoir que je ne croyais pas à la piste George Mitchell [envoyé américain chargé de négocier une paix israélo-arabe] et que je ne me voyais pas accepter comme objectif le retour aux frontières d’Israël de 1967. Pour moi, nous n’allions pas faire l’économie d’une brouille avec les Américains, voire d’un isolement international. J’avais mis en garde le gouvernement contre l’impasse dans laquelle certains voulaient nous engager. Mais, comme la plupart des Israéliens préfèrent ne pas voir la vérité en face, j’ai dit : “Chiche, pendant un an, je ne vous dérangerai pas pendant que vous testerez la piste Mitchell.” Un an plus tard, nous en sommes exactement là où je craignais d’arriver.
Avez-vous peur d’une solution fondée sur deux Etats pour deux peuples ?
Je crois dans le Grand Israël [Palestine biblique], mais je suis prêt à accepter une solution fondée sur deux Etats. Cette solution ne me fait pas plaisir mais, dès lors qu’il y a une contradiction insoluble entre deux systèmes de valeurs, il faut opter pour une solution qui, à défaut de garantir l’intégrité de la terre d’Israël, garantisse celle de son peuple. Cela dit, la solution que l’on tente de nous imposer est belle mais irréaliste. Je suis prêt à accepter la solution des deux Etats, mais pas celle qui donnerait un Etat et demi aux Palestiniens et un demi-Etat aux Juifs. Or, comme la majorité des Arabes israéliens se définissent comme Palestiniens, ils ne reconnaîtront jamais Israël comme Etat juif et sioniste. Tout le monde nous vante les mérites des frontières de 1967, mais il ne s’agit que de la poursuite du conflit par d’autres moyens, encore plus redoutables. Kfar-Sava ou Tel-Aviv seront arrosées de roquettes Qassam tirées depuis Qalqiliya ou de mortiers tirés depuis Tulkarem [en Cisjordanie]. Le retour aux frontières de 1967, ce n’est pas la fin mais le transfert du conflit au cœur du Goush Dan [le Grand Tel-Aviv] et de Haïfa.
Dès lors, que proposez-vous ?
Nous ne pouvons plus tergiverser à l’infini. Nous devons aller de l’avant et présenter à la communauté internationale un modèle simple et intelligible, pas quelque chose d’embrouillé et d’illisible. Des échanges de territoires et de populations. C’est la seule solution. Ça ne me plaît pas de voir le ­Triangle [un groupe de villes et villages arabes israéliens contigus à la Cisjordanie, au sud-est de Haïfa] sous ­souveraineté israélienne. Là-bas, il n’y a presque pas de Juifs et il ne sera pas difficile de faire passer ces Arabes israéliens sous souveraineté palestinienne. En contrepartie, les blocs d’implantations [colonies] de peuplement en Cisjordanie, comme le Goush Etzion [au sud-ouest de Jérusalem et Bethléem], passeront sous souveraineté israélienne.
En somme, vous proposez de virer les Arabes israéliens ?
Il ne s’agit pas de déplacer les gens mais les frontières. Les gens resteront dans leurs foyers et sur leurs terres, mais ils passeront sous souveraineté palestinienne. Une partie d’entre eux devront être évacués, tout comme, selon ce modèle, je pourrais être amené à évacuer ma maison de Nokdim [une colonie de Cisjordanie]. C’est sans doute difficile à avaler, mais je sens que cette solution commence aussi à faire son chemin en Europe. Nous devons dire ce que nous voudrons faire quand nous serons grands, exactement comme le font les Palestiniens. Notre objectif, c’est un Etat d’Israël ET juif, pas un Etat de tous ses citoyens ou d’autres contes de grands-mères.
Echanger des populations, est-ce démocratique ?
Lors de la création de l’Etat d’Israël, les pères fondateurs ont pris une décision historique : s’il y a conflit entre les valeurs universelles et les valeurs juives, ce sont ces dernières qui priment. C’est précisément pour cela qu’a été adoptée la loi du Retour, une loi qui ne concerne que les Juifs. Chaque démocratie a ses propres spécificités. Aux Etats-Unis, quelle est la différence entre Schwarzenegger et Reagan ? Reagan était un acteur hollywoodien élu gouverneur de Californie avant de devenir président des Etats-Unis. Schwarzenegger était un acteur hollywoodien et il est aujourd’hui gouverneur de Californie. Pourtant, il ne sera jamais président des Etats-Unis, tout simplement parce qu’il n’y est pas né. Est-ce davantage démocratique ? Non.
Pourquoi la communauté internationale accepterait-elle votre solution ?
La communauté internationale en a marre de nous. Ce qu’elle veut, c’est une solution, quelle qu’elle soit. C’est donc à nous de faire une proposition intelligible et limpide.
Que pensez-vous des exigences américaines ?
Les Etats-Unis exigent que nous gelions la construction dans la plupart des quartiers juifs de Jérusalem comme Gilo, Ramot, Pisgat Zeev et Talpiot-Est. C’est inacceptable. Toute concession israélienne supplémentaire est vaine. Tout ce sur quoi nous cédons est aussitôt oublié pour céder la place à de nouvelles revendications. Il y a un an, à [l’université nationaliste de] Bar-Ilan, le Premier ministre Nétanyahou a prononcé un discours clair dans lequel il acceptait le principe du “deux peuples, deux Etats”, la levée de la majorité des barrages et le gel de la construction en Judée et Samarie [Cisjordanie]. Personne ne nous a dit merci. Dès lors, si nous ne parvenons pas à convaincre les Etats-Unis que leurs exigences sont insensées, nous devrons nous accrocher et en payer le prix.
Une telle position ne peut qu’aggraver la crise avec les Etats-Unis.
Il y a un nombre incalculable de conflits aux quatre coins du monde, en Corée du Nord, en Afghanistan, en Iran, en Irak, en Inde, en Somalie, etc. Comme ils ne trouvent pas de solution, c’est à nous qu’on présente la facture, comme si résoudre le conflit israélo-palestinien allait tout faire rentrer dans l’ordre. Or le conflit du Moyen-Orient ne porte pas sur des territoires mais sur des valeurs. Il oppose l’islam extrémiste à l’Occident éclairé. Quiconque pense que la paix peut être pliée d’ici deux ans se trompe et trompe son monde.
Quelle est votre opinion sur [le parti de centre droit de Tzipi Livni] Kadima ?
Kadima n’est pas un parti politique mais un catalogue d’individualités venues d’horizons différents avec des idéologies différentes, et dont le seul dénominateur commun est leur ­appétit pour le pouvoir et les portefeuilles ministériels. Par ailleurs, à la place des dirigeants de Kadima, je ferais vœu de silence et je me retirerais dans un monastère. Pour vendre leur plan de désengagement [de la bande de Gaza, été 2005], ils avaient promis un jardin de roses, un pays où couleraient le lait et le miel. Le résultat, c’est quoi ? Le terrorisme et les roquettes. Et ils voudraient donner des leçons à la droite.
Le Parti travailliste ?
Aucun intérêt.
Les députés arabes de la Knesset ?
Voilà des gens dont la seule aspiration politique est de détruire Israël en tant qu’Etat juif et sioniste. Un député comme Ahmad Tibi ne reconnaît pas le caractère juif et sioniste d’Israël. Mais, comme il jouit de tous les droits conférés par un Etat démocratique, il participe au nom de l’Autorité palestinienne à des conférences contre l’Etat d’Israël. Il se présente lui-même comme un député “palestinien” et ne rate pas une occasion de nous ­calomnier.
Il représente un courant d’opinion et participe à des scrutins démocratiques.
L’opinion arabe comprend qu’être extrémiste peut s’avérer payant. Les Arabes israéliens ont été loyaux lors de la guerre du Kippour [octobre 1973] et de la première guerre du Liban [été 1982]. Mais, ces dernières années, les dirigeants israéliens ont fait preuve d’indécision, ce que les Arabes israéliens ont vu et ils se sont radicalisés. Nous n’osons pas avoir de la poigne à leur égard. Nous nous conduisons comme des imbéciles et des pleutres. Au Moyen-Orient, quand on agit comme ça, le résultat est à l’avenant.
Si les Arabes israéliens se radicalisent, n’est-ce pas parce qu’ils sentent qu’ils ne sont pas des citoyens égaux en droits dans leur propre patrie ? Les Arabes israéliens ont trop de droits, et cela dans tous les domaines. Qu’ils arrêtent de nous casser la tête. En Judée et en Samarie, on traque la moindre terrasse construite illégalement [par les colons], mais, chez eux, des milliers de chantiers sont lancés sans permis. Les Arabes israéliens jouissent d’une liberté et d’un niveau de vie comme dans aucun Etat arabe. Ils le reconnaissent eux-mêmes, mais ils pensent tout simplement que nous allons perdre et parient sur la partie adverse.
Selon votre conception de la citoyenneté, les Arabes devraient donc chanter “L’âme juive vibre” [une strophe de l’hymne national israélien] ?
Absolument. En Angleterre, les Juifs chantent l’hymne national, font leur service militaire et meurent au ­combat.
La gauche voit en vous un raciste.
Les gens de gauche me font pitié. Ces malheureux souffrent apparemment d’une tare génétique. Que Dieu leur pardonne. Moi, cela fait longtemps que je leur ai pardonné.

L'occupation démolit des dizaines de tentes au Néguev

[ 14/04/2010 - 18:59 ]
Le Néguev – CPI

De grandes forces de la police sioniste accompagnées par des bulldozers gigantesques ont envahi, le mardi 13/4, le village de Touail Abou Jeroual, en démolissant des dizaines de tentes et cassant leurs contenus avant de les raser.
Les forces sionistes ont envahi également le village d'al Araqib, où elles ont démoli plusieurs maisons reconstruites par les habitants du village, et ont démoli également plusieurs maisons et tentes appartenant à la famille de Talalika dans la région de Néguev, au sud des territoires palestiniens occupés en 1948, après avoir effectué un assaut surprenant contre le village.
Les bulldozers militaires étaient accompagnés par de grandes forces de la police sioniste qui ont interdit aux habitants de ces villages de défendre leurs maisons démolies, en arrêtant plusieurs jeunes Palestiniens des arabes bédouins qui tentaient de s'approcher du lieu.
Les forces occupantes ont suspendu des ordres de démolition sur 9 maisons dans le village d'Oum Noumailah, dans la même région, sous prétexte de la construction sans permission.

L'occupation démolit des établissements dans un village près de Selfit

[ 14/04/2010 - 18:58 ]
Selfit – CPI

Les forces de l'occupation ont envahi, le mercredi 14/4, le village de Hares, près de la ville de Selfit, où elles ont démoli une maison et plusieurs parcs, sous prétexte de la construction sans permission sur des terres qui appartiennent au village et dont les propriétaires possèdent des documents.
Des témoins oculaires ont dit que des dizaines de blindés militaires ont envahi, ce matin, le village et ont démoli une maison de deux étages et trois parcs, de façon agressive.
Les habitants ont souligné que les soldats sionistes ont encerclé la maison de Maher Sultan avant de la démolir par les bulldozers.
Les forces occupantes ont envahi des régions, à côté du village, où elles ont démoli trois autres parcs situés dans les terres agricoles palestiniennes.

L'occupation ouvre le feu sur les fermiers à Gaza

[ 14/04/2010 - 18:37 ]
Gaza – CPI

Les forces de l'occupation ont ouvert, ce matin mercredi 14/4, le feu sur les fermiers palestiniens, à l'est de la ville de Jabalia, au nord de la Bande de Gaza, en les obligeant de quitter leurs terres agricoles.
Des sources locales ont dit que les chars sionistes qui se trouvent dans un poste militaire sioniste, derrière le cimetière des martyrs, à l'est de la ville de Jabalia, ont ouvert le feu de leurs armes lourdes sur les fermiers palestiniens dans cette région, en les obligeant de quitter leurs terres agricoles.
Les forces sionistes imposent une région isolée sur les frontières entre la Bande de Gaza et les territoires palestiniens occupés en 1948, en interdisant aux fermiers palestiniens d'arriver à leurs terres agricoles.

Trois Palestiniens blessés par les tirs de l'occupation à Gaza

[ 14/04/2010 - 17:52 ]
Gaza – CPI

Trois Palestiniens ont été grièvement blessés par les tirs des forces de l'occupation qui ont attaqué, ce mercredi à midi 14/4, une marche pacifique, à l'Est de la ville de Gaza pour condamner la zone d'isolement que l'occupation veut imposer sur les frontières de la Bande de Gaza avec les territoires palestiniens occupés en 1948.
Le directeur des secours et des urgences au ministère de la santé, Dr. Mouawia Hassanein, a dit que les équipes de secours ont pu transporter trois blessés à l'hôpital de Chifa.
Dans le même contexte, 5 blindés militaires sionistes accompagnés par 6 bulldozers ont envahi, ce matin, de façon limitée la région située à l'est du camp d'al-Boureidj, au milieu de la Bande de Gaza, en rasant des terres agricoles dans cette région et lançant une campagne de fouille dans les terres plantées d'arbres oliviers.
Les forces occupantes ouvrent le feu de façon continuelle et hasardeuse sur les maisons résidentielles et les terres agricoles dans cette région.