mardi 19 août 2014

Gaza : les manifestants écossais donnent une leçon à la police (Vidéo)

La police cherchant à contraindre les militants d’Édimbourg à manifester dans des rues désertes et par rangées de 3 ou 4, nos amis écossais ont trouvé une astuce intéressante comme on peut le constater : ils occupent l’artère principale de la ville, mais les uns à côté des autres, sur des centaines de mètres, bien visibles des piétons et des automobilistes !
(Merci à Annie et Pedro pour le sous-titrage en Français de cette vidéo)

Le célèbre acteur britannique Russell Brand appelle au Boycott d’Israël

Russell Brand* appelle au boycott d’Israël : l’humoriste anglais demande aux grandes entreprises qui « facilitent l’oppression de la population de Gaza" de cesser de financer les crimes de guerre.
"Russell Brand a franchi une étape supplémentaire dans sa condamnation des hostilités entre Israël et Gaza : il ne critique pas seulement la façon dont les diverses sources d’information en assurent la couverture. L’humoriste demande aux banques, aux fonds de pension et aux autres grandes entreprises de cesser d’investir en Israël ou de conclure des marchés, tout ce qui, selon lui « facilite l’oppression de la population de Gaza », rapporte la presse britannique.
Prenant pour exemple Barclays, il révèle que la banque gère « les portefeuilles d’une entreprise israélienne spécialisée dans la défense, Elbit qui fabrique les drones destinés à bombarder Gaza. »
« Le message qu’elles nous donnent est tout le contraire de la réalité ; elles se comportent comme si elles faisaient partie intégrante de notre communauté », a-t-il déclaré au cours d’un épisode de « The Trews » (The True News, les vraies nouvelles).
« Mais si on se rend compte de la réalité de ce qu’elles font, on a le pouvoir de les influencer. »
Il encourage ensuite son audience à signer une pétition sur le site « Avaaz campaign », afin de faire pression sur les entreprises telles que Barclays, l’entreprise d’informatique HP, les géants de la sécurité G4S, le fonds de pension ABP et le fabricant de bulldozers, Caterpillar, afin qu’ils revoient leurs investissements.
Jusqu’à présent, cette pétition a récolté 1 million 700 mille signatures de soutien.
Cahier des charges de la pétition : « À la suite de l’atroce violence qui se déroule en Palestine-Israël, nous, citoyens de par le monde, sommes extrêmement préoccupés au sujet des investissements permanents de vos compagnies dans des entreprises et des projets qui financent les colonies illégales et l’occupation oppressive du peuple palestinien ».
« 17 pays de l’UE ont récemment déconseillé à leurs citoyens de faire des affaires ou d’investir dans les colonies israéliennes illégales. Vu ces considérations légales, vous avez dès lors l’occasion de retirer vos investissement et de respecter le droit international. Voici le moment de se mettre du bon côté de l’histoire. »
Les firmes concernées se sont senti obligées de répondre à ces interpellations dans le cadre de la campagne BDS.
HP prétend que « le respect des droits humains est une valeur fondamentale » de leur entreprise et affirme qu’elle utilise les postes de contrôle israéliens pour permettre aux personnes de « se rendre à leur lieu de travail ou de faire leurs affaires plus rapidement et en meilleure sécurité ».
De son côté, la société Caterpillar déclare que, « tout en partageant l’inquiétude du monde au sujet des troubles au Moyen Orient », elle ne croit pas qu’elle ait « le droit légal ou les moyens de contrôler l’emploi individuel de son matériel ».
Les commentaires de Brand suivent la menace du Secrétaire d’état au Commerce, Vince Cable, de suspendre les licences d’exportation vers Israël, si la violence reprend à Gaza. Sont comprises les pièces détachées pour les avions de combat, les chars et les systèmes radars."
  • Acteur, éditorialiste, chanteur et présentateur de télévision et de radio
(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Israel interdit à Amnesty International et à Human Rights Watch d’entrer à Gaza

Ces deux organisations, qui voulaient conduire une enquête indépendante sur les combats entre Israel et la résistance palestinienne à l’intérieur de la bande de Gaza, se sont fait barrer la route par Israël.
Ces deux ONG ont demandé à Israel l’autorisation d’entrer dans la bande de Gaza depuis le 7 juillet.
La première excuse avancée a été que la frontière d’Erez était fermée et qu’aucune autorisation n’était accordée jusqu"’à nouvel ordre, ce qui est faux, indique Amira Hass dans Haaretz.
Puis l’administration israélienne des territoires palestiniens occupés a ensuite déclaré qu’aucune des ces deux ONG n’était enregistrée en tant qu’association humanitaire auprès du ministère israélien des affaires sociales.
Les deux organisations souhaitaient envoyer des experts militaires ayant des connaissances sur les différents types d’armes et de munitions, afain d’évaluer les affirmations palestiniennes et israéliennes concernant les combats.
Ce qui est particulièrement important quand on sait que des preuves physiques telles que les cratères provoqués par l’impact de missiles ou les traces de munitions disparaissent rapidement après les combats.
Ces deux ONG qui ne peuvent être accusées de parti pris vu les rapports qu’elles ont publié par le passé, mettant y compris en cause le Hamas, sont pourtant interdites d’entrée à Gaza par Erez depuis 2006 en ce qui concerne les enquêteurs de Human Right Watch et 2012 ceux d’ Amnesty International.
Amnesty International a demandé à plusieurs ministres des affaires étrangères européens de soulever ce problème dans leurs échanges diplomatiques avec Israël. Aucune réponse à ce jour.

Les habitants de Gaza retournent à leurs maisons détruites

SHAAF, Bande de Gaza – Le calme qui a prévalu dans la Bande de Gaza durant la trêve de trois jours ressemblait à un étrange invité, notamment dans les régions qui, seulement quelques jours auparavant, avaient connu les plus atroces des batailles.
JPEG - 252.9 ko
Les membres de la famille Kafarna vérifient leurs maisons détruites à Beit Hanoun, le 11 août 2014 (Photo de Motaz al-Aaraj)
Maintenant que l’odeur de la mort et les bruits des bombardements se sont estompés, les gens ont été aperçus marchant dans les ruines. La frontière Est qui a déjà été visitée par Al-Monitor le premier jour de la trêve (le 11 août), paraissait calme, tel un horizon doré alors qu’auparavant, s’approcher de cet endroit était synonyme de suicide.
Le danger à présent dissipé et la situation plus calme, le déplacement et la souffrance des familles retournées dans leurs maisons ravagées par la guerre sont devenus manifestes. Certaines de ces familles n’ont jamais été réfugiées auparavant, à l’instar de la famille Kafarna qui réside dans la ville de Beit Hanoun, rue Abu Aouda. Ici, on ressent parfaitement la signification de « destruction de la beauté. » La ville, autrefois belle et agréable avec ses arbres plantés partout et ses immeubles bas, n’est désormais qu’un site de constructions abandonnées.
Assise sur le pas de sa maison, la seule chose qui a échappé aux bombardements, Dalal Kafarna raconte : « Nous sommes retournés ce matin pour inspecter la maison. Regardez-la…J’ai vécu de nombreuses guerres dans ma vie, y compris celles de 1956, de 1967, de 2008 et celle de 2012. Jamais ma famille n’a vécu ce qu’elle vient de vivre durant cette guerre. Ils ont bombardé notre maison et ils nous ont terrorisés. Nos proches ont été tués. »
Parcourir les quelques mètres qui conduisent à l’entrée de la maison de Dalal, relève du défi à cause des débris de pierres, des morceaux de verre et du fer.
« Tout ce qu’on a pu acquérir en travaillant très dur s’est volatilisé. Mes enfants n’ont pas encore fini de payer les prêts investis dans la construction de cette maison à quatre-étages, » déplore-t-elle en notant qu’elle a été profondément choquée et secouée lorsqu’elle a vu l’état de la maison lors de la première trêve.
Afin de retrouver son chemin au milieu de toutes ces ruines, le fils ainé de Dalal, Iskandar Kafarna, a réussi à repérer le seul et unique arbre resté debout dans la rue. Il souligne : « La première fois que je suis revenu [après la trêve], je n’ai pas réussi à trouver la maison, mais heureusement que cet arbre m’a permis de me localiser et de reconnaître ce qui reste de notre demeure. »
Tous les quelques mètre, de gros trous qui creusent les amoncellements de décombres et de gravas indiquent l’endroit où les bombes sont tombées. Ayman Kafarna, le cousin d’Iskandar dont la maison a également été détruite a confié : « Les avions ont largué des barils d’explosifs sur nos maisons. C’est la première fois de ma vie que je les vois. Avant, je ne les connaissais qu’à travers les nouvelles qui nous parvenaient de la Syrie. »
Contenant des tonnes d’explosifs, ces barils sont capables de détruire des quartiers complets. Par les gestes de sa main Ayman poursuit : « Sur la Rue Abu Awda, j’ai vu environ quatre cratères. Dans chaque trou, il y avait le baril d’explosifs qui a donné lieu à ces énormes destructions. »
JPEG - 83.7 ko
Consultez le diaporama des maisons détruites dans Gaza en cliquant ici
La famille Kafarna a découvert que la maison a été bombardée durant la première trêve qui a commencé le 5 août et n’a duré que trois jours. Aida, l’épouse d’Iskandar, a informé Al-Monitor : « Lorsque nous sommes retournés ici à la suite du premier cessez-le-feu de 12 heures, la maison était toujours debout et c’est ce qui a pu nous consoler. Cependant, lorsque nous sommes revenus après, tout a disparu et la maison a été détruite. »
Et d’ajouter : « A ce moment-là, je n’ai pas pu entrer dans le quartier sans couvrir mon visage et mon nez à cause de la puanteur qui se dégageait des corps en décomposition. Actuellement, nous nous sommes réfugiés avec nos enfants dans une école. Nous n’avons que les vêtements qui sont sur nous et nous avons malheureusement contracté bon nombres de maladies et d’infections depuis que nous sommes ici. »
D’après Iskandar et son cousin, les corps de 11 personnes en uniforme, portés généralement par les combattants de la résistance, ont été ensevelis sous les décombres de leurs maisons. Ils ont été retirés sous le contrôle des autorités locales.
Avec l’intensification des bombardements israéliens, les membres de la famille Kafarna ont fui leurs maisons durant la deuxième semaine de la guerre, soit le 16 juillet. Ils ont laissé leurs maisons vides et fermées et se sont dirigés vers une école de l’UNRWA. Toutefois, l’école a été bombardée par les chars israéliens le 24 juillet, obligeant la famille de partir à Beit Hanoun.
Contrairement aux femmes assises sur les seuils de leurs maisons détruites, les hommes se sont allongés sous des tentes faites de couvertures, en face des ruines comme s’ils étaient en train d’attendre de retourner chez eux.
En quittant la région de Beit Hanoun, je suis montée dans la voiture qui assure mes déplacements. Nous sommes descendus le long de la ligne Est pour atteindre le quartier Shaaf, situé à la frontière Est avec Israël. Ici, l’impact de la destruction n’a pas besoin d’être montré du doigt, il saute directement aux yeux avec ses immeubles et ses usines incendiés, à l’instar de l’usine de jus Al-Wadiah.
La voiture est finalement arrivée devant l’hôpital Al-Wafa qui n’est autre que trois immenses amas de décombres. La seule chose qui émerge des ruines est l’insigne marquant le nom de l’hôpital. Alors que quelques employés tentaient de sauver les appareils spécialisés utilisés pour le traitement des personnes à besoins spécifiques, deux gardiens de l’hôpital préparent un thé sur un feu allumé avec le bois des arbres qui composaient le jardin de l’hôpital avant sa destruction.
L’un des gardiens, Abu Salam Mushtahi, raconte à Al-Monitor : « Malgré les menaces de l’armée israélienne de bombarder l’hôpital, tout le personnel travaillant ici a décidé de rester jusqu’à la seconde semaine de la guerre. Nous n’avons pas quitté les lieux jusqu’à ce qu’ils ont commencé à bombarder le tout nouveau bâtiment qui est le troisième bâtiment de l’hôpital. » Il a indiqué qu’à ce moment, des étrangers étaient présents ; ils avaient tenu à rester en signe de solidarité, néanmoins, ils n’ont pas pu supporter l’intensité des bombardements et ont fini par partir. »
Il ajoute : « Au beau milieu des bombardements, nous avons transporté les personnes âgées et les malades en utilisant les couvertures. Ils étaient environ 100 au total. Nous les avons déplacés à l’aide de deux ambulances et d’une voiture personnelle appartenant à l’hôpital. Nous avons effectué environ dix va-et-vient jusqu’à ce que tout le monde fût en sécurité au sein du Centre Médical Sahaba. »
Les immeubles résidentiels qui entourent l’hôpital semblent être sur le point de s’effondrer en raison des bombardements de chars successifs. L’un des résidents, Omar al-Khaisi, ainsi que ses deux cousins, sont retournés dans leurs maisons incendiées. « Nous passerons la nuit ici s’ils ne reprennent pas les bombardements. Et si la guerre est finie, nous retournerons chez nous et nous planterons des tentes à la place de nos maisons détruites, » déclare-t-il à Al-Monitor.
Il a poursuivi : « Je suis venu aujourd’hui pour récupérer quelques vêtements pour ma famille déplacée et qui se réfugie actuellement dans des écoles. Je voudrais également prendre nos albums photo. Hélas, je remarque que tout a été brûlé par les obus. »
Non loin de là, sur la frontière et derrière l’hôpital dans le quartier Shaaf, les maisons ressemblent à des structures grises qui auraient au hasard été rongées par une armée de souris, et pourtant, ce sont les obus des chars israéliens qui ont causé tout cela.
Les propriétaires de ces maisons sont retournés en masse pour vérifier et inspecter les lieux. Certains d’entre eux ont planté des tentes en face de leurs immeubles détruits, tandis que d’autres se sont assis sur les canapés et les chaises qu’ils ont trouvés à l’intérieur des pièces, désormais exposées au public. Certaines chambres révèlent les secrets des maisons où l’on peut clairement voir des dessins de cœurs et de Mickey Mouse sur les murs intérieurs.
Al-Monitor s’est entretenu avec Fatima Afaneh qui s’était adossée à un mur. Elle avoue : « Aujourd’hui, nous avons non seulement découvert l’étendue et l’ampleur de la destruction, mais nous avons également trouvé ce que les soldats israéliens ont laissé derrière eux. Ils ont déféqué dans le sac de farine que j’utilisais pour cuisiner pour ma famille. Ils ont également mangé et laissé des emballages vides, avec des inscriptions en hébreu. »
Il est vrai que tout le monde ici était coopératif avec la presse et les visiteurs, néanmoins, ils ne parvenaient pas à cacher la confusion et la stupeur qui se dessinaient sur leurs visages. Chacun voulait savoir où reconstruire sa maison, et pour l’instant, il s’agit de la question la plus importante pour ces habitants désemparés.
« La maison est aussi chère que l’âme, » soupire Dalal alors que les larmes inondent son visage.

* Asma al-Ghoul est journaliste et écrivain, du camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha

Résistant à Gaza : récit d’un combattant en première ligne

Le bruit des explosions et des tirs s’est tue après plus d’un mois d’une agression militaire israélienne générale sur la bande de Gaza, mettant un terme à l’effusion de sang qui depuis le 7 Juillet a tué au moins 1980 Palestiniens, dans leur large majorité des civils - ainsi que 67 Israéliens dont 64 [environ 150 selon la Résistance] étaient des soldats.
JPEG - 114.5 ko
Fresque murale dans la Bande de Gaza
Une série de cessez-le feu, y compris l’accord actuel de cinq jours d’arrêt des combats, ont contribué à dégager de l’horizon la fumée et la poussière, et malgré les régulières violations israéliennes - dont les tirs sur deux bateaux de pêche palestiniens - le calme actuel semble susceptible de durer même si ce n’est que pour un moment.
Les scènes de totale dévastation dans la bande de Gaza témoignent de la force meurtrière qu’Israël a utilisée lors de ses attaques, détruisant des maisons, des hôpitaux, des écoles, des mosquées et de nombreuses autres structures civiles. L’anéantissement de familles entières réfugiées dans leurs maisons, l’assassinat de patients sur leurs lits d’hôpitaux, de médecins, d’infirmiers, de travailleurs humanitaires des Nations Unies, et de membres de la presse, pour ne citer qu’eux, ont suscité des appels pour une enquête internationale enquêtes sur les crimes de guerre.
Alors que se déroulaient tous ses crimes, des combattants palestiniens restaient dans leurs retranchements et leurs cachettes afin de se confronter aux troupes d’invasion israéliennes, prenant des positions de tireurs d’élite, tirant des roquettes et luttant tels des fantômes dans les quartiers vidés de leurs habitants.
Au milieu de la récente accalmie, les combattants de la résistance palestinienne ont lentement émergé de leurs retranchements souterrains pour prendre un peu de repos après plus d’un mois de combats acharnés contre ’invasion des forces israéliennes.
Après plusieurs tentatives, Ma’an a obtenu une entrevue avec Abu Muhammad, l’un des combattants des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, affiliées au Fatah.
Le souci de sécurité et la prudence sont indispensables pendant les escalades militaires, afin de rester invisibles des drones équipés de caméras. C’est une obligation absolue pour les combattants de la résistance palestinienne, en particulier lorsqu’ils sont interviewés.
Abu Muhammad - ce qui n’est pas son vrai nom - est âgé de 40 ans et le père de cinq enfants, dont le plus âgé a 10 ans. Il a été engagé dans les combats depuis le début de l’offensive israélienne au commencement de juillet.
Il avait dit à ses enfants qu’il s’absentait pour se rendre ailleurs dans ​​la bande de Gaza pour des raisons médicales, afin de masquer sa disparition - et dans le cas où il lui arriverait quelque chose. Mais sa femme savait dès le début qu’il était au front, servant comme un combattant de la résistance, et qu’il pourrait bien ne jamais revenir.
« Ma famille me manque beaucoup, mais j’ai le devoir de défendre mon peuple et de répliquer aux attaques des envahisseurs qui ont tué des centaines de civils », a déclaré Abu Muhammad.
« J’essaie de communiquer au minimum avec eux - quand je parle à mes enfants, je les rassure et leur dis que les choses vont bien se passer. Ma femme commence à pleurer chaque fois que j’appelle. Les émotions sont fortes. J’essaie de faire des appels très courts... »
Bien que les martyrs d’Al-Aqsa Brigades soient la branche armée du Fatah qui est le rival politique du Hamas, au moment des attaques israéliennes toutes les factions et partis se sont coordonnés sous un commandement unifié.
Portant un masque noir et jaune et un fusil automatique, Abu Muhammad explique à Ma’an qu’il était un combattant depuis maintenant 20 ans.
Il souligne également qu’il s’oppose à l’abandon par le Fatah de la lutte armée en faveur de négociations sans fin, la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah en Cisjordanie.
« Notre ennemi ne comprend que le langage de la force. Regardez ce qui s’est passé au cours des vingt dernières années de pourparlers de paix : plus de colonisation et de vol des terres, la mort et la destruction, » dit-il.
« Maintenant, regardez comment la résistance impose ses conditions (à Israël) », en faisant référence à l’insistance par le Hamas de la levée du siège israélien imposé depuis huit ans, comme condition de tout accord de paix à long terme. Ce que Israël commence à devoir prendre en considération...
« La résistance est un atout pour le peuple palestinien », ajoute-t-il.
Quand on lui demande ce qu’il pense de la principale exigence d’Israël pour mettre fin aux hostilités - le désarmement des factions de la résistance palestinienne - la réponse d’Abu Muhammad est sans équivoque : « Celui qui accepte cette condition est un traître. »
« Nous avons le droit de résister et de nous défendre », poursuit-il. « Notre ennemi a des ogives nucléaires et les armes les plus avancés dans le monde. Pourquoi cette entité est-elle autorisée à s’armer ? Nous sommes sous occupation militaire et en vertu du droit international, nous avons le droit de résister à l’occupant ».
Environ 1980 Palestiniens ont été tués et plus de 10 000 blessés dans le dernier mois des attaques israéliennes. La grande majorité des personnes tuées étaient des civils dont plus de 450 enfants, selon les Nations Unies.
Un certain nombre de combattants ont également été tués, mais on ne sait pas encore combien de résistants sont tombés et à quelles organisations ils appartenaient.
Peu de temps après qu’un cessez le feu humanitaire de 72 heures sous médiation égyptienne soit entré en vigueur, les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont publié un récit sur 29 de leurs combattants qui avaient pris part à de violents affrontements avec les forces israéliennes et réussi à rester en vie plusieurs jours à l’intérieur d’un tunnel de 25 mètres de profondeur dans la partie orientale d’al-Qarara, près de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.
Al-Qassam a déclaré dans le rapport que chaque combattant n’a mangé que la moitié d’un fruit et ne buvait que de la moitié d’une tasse d’eau chaque jour.
Tandis que le Hamas a dans le passé été accusé d’exagérer ses succès - notamment en ce qui concerne le nombre de soldats ennemis abattus - au cours de cette guerre, il est devenu une des sources les plus fiables pour les comptes précis des combats sur le terrain.
L’armée israélienne a, en revanche, toujours retardé la divulgation d’informations et a minimisé ses pertes, lesquelles ont atteint des proportions stupéfiantes allant même au-delà de ce que les forces israéliennes ont souffert lorsqu’elles ont été chassées du Liban en 2006 par le Hezbollah.
Israël affirme que 64 de ses soldats ont été tués et que plus de 1000 ont été blessés pendant toute la durée des combats. Les affrontements les plus féroces ont eu lieu près de la frontière dans les régions du nord et de l’est de la bande de Gaza, dont Beit Hanoun, dans l’est à Shujaiyya et à l’est de Khan Younis et de Rafah.
Bien que les forces israéliennes se soient retirées des villes de Gaza et que les discussions sur un cessez-le feu permanent occupe une place importante, les combattants de la résistance restent déployés sur le terrain, vigilants en cas d’effondrement des négociations.
Abu Muhammad dit également qu’il ne sera pas de retour dans sa famille jusqu’à ce que la bataille soit officiellement terminée, mais il ajoute qu’il n’a de cesse de pouvoir embrasser ses enfants et prendre un repas, tous en semble, dans sa famille.
« Nous ne nous reposerons pas jusqu’à ce que nous libérions notre terre occupée », dit Abu Muhammad.
« La résistance est une carte gagnante. Les dirigeants politiques, en particulier les dirigeants du Fatah, doivent comprendre que le rameau d’olivier ne permettra pas de libérer la Palestine. Nous avons tendu le rameau d’olivier et suivi le processus de paix pendant de 20 ans, mais nous vivons toujours sous occupation israélienne. »
* Yousef Al-Helou est un journaliste palestinien travaillant pour l’agence Reuters - Il peut être suivi sur Twitter
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar

Données pour un embargo militaire contre Israël

Usage illégal de la violence militaire par Israël
Israël fait usage de la force militaire pour maintenir un régime illégal et colonial d’occupation et d’apartheid. Ce système est mis en place pour contrôler autant de terres que possible avec le moins possible de natifs palestiniens, et pour empêcher le peuple palestinien d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.

Rien qu’entre 2000 et 2010, les forces armées israéliennes ont blessé plusieurs dizaine de milliers de Palestiniens et en ont tué plus de 7000.
Israël a un historique documenté en matière de violation du Droit humanitaire international et des Droits de l’homme au cours de ses conflits armés. Ceci comprend ses opérations militaires, invasions et occupation des territoires palestiniens et autres territoires arabes. Les guerres d’Israël sont des actes d’agression et non d’auto-défense, et sont donc en opposition avec le droit international. Les forces armées israéliennes ont officiellement adopté la doctrine de la force disproportionnée, aussi connue comme la doctrine Dahiya, qui appelle a frapper délibérément et sévèrement les civils et les infrastructures civiles comme moyen le plus efficace pour arrêter et miner les forces irrégulières de résistance. Les Nations Unies et d’autres institutions ont régulièrement documenté les crimes de guerre et crime contre l’humanité.
La capacité d’Israël à mener de telles attaques dévastatrices en toute impunité vient largement des larges coopérations et relations commerciales sur le plan militaire au niveau international, lesquelles se maintiennent avec la complicité des gouvernements a travers le monde.
Aide militaire et exportation avec Israël
Pour la période 2009/2018 les États-Unis sont amenés à fournir à Israël une aide militaire de 30 milliards dollars. En 2011, chaque personne imposable aux États-Unis a donné en moyenne 21 dollars en aide militaire à Israël. Cette aide militaire est souvent utilisée pour acheter de l’équipement militaire venant de compagnies étatsuniennes. Depuis 2000, les États-Unis ont accordé des licences d’exportation d’armes allant de près de 825 millions de dollars à près de 10,5 milliards de dollars.
Les pays de l’Union Européenne exportent aussi d’importants volumes d’armes et d’équipements militaires en Israël. Pour la période 2005/2009 les pays européens ont accordé des licences d’exportation d’armes vers Israël pour une valeur de 7,47 milliards d’euros. Les exportations d’armes de l’Union Européenne vers Israël en 2012 étaient de 613 millions d’euros, soit 290% de plus que l’année précédente.
Les gouvernements qui accordent des licences de ventes d’armes à Israël donnent une claire approbation de sa continuelle agression contre le peuple palestinien et les autres peuples arabes de la région, pendant que les compagnies qui produisent et vendent des armes en profitent et encouragent la violence coloniale israélienne et la violation du droit international.
Exportation de « technologies testées sur le terrain »
Selon des données extraites des programmes de recherches gouvernementales étatsuniennes, pour la période 2008/2011, Israël est le septième exportateur d’armes dans le monde et le plus important per capita. En 2010, environ 80% de la production militaire israélienne a été exportée et les exportations par les compagnies israéliennes d’armement ont totalisé 7,2 milliards $.
Les revenues issus de l’exportation d’équipements et de technologies militaires fournissent une source de revenus vitaux pour le gouvernement israélien et l’armée. Pendant que l’industrie militaire devient toujours plus importante dans l’économie israélienne, une puissante incitation à la poursuite de l’occupation, du colonialisme, de l’état de belligérance et de l’agression militaire se développe.
Les attaques israéliennes persistantes sur les Palestiniens offrent aux compagnies militaires israéliennes comme Elbit Systems et IAI la possibilité de valoriser leurs nouvelles technologies. Les compagnies militaires israéliennes étiquettent leur exportation militaire comme « testées sur le terrain », voulant ainsi dire que leurs technologies ont été testées pendant des assauts réels sur les civils palestiniens.
Suite à l’assaut de 2008/2009 sur Gaza, au cours duquel plus de 1400 palestiniens ont été tués, essentiellement des civils, l’armée israélienne et l’industrie militaire ont organisé un salon commercial dans lequel ils ont montré comment leurs nouvelles technologies ont été utilisées contre les Palestiniens.
Israël joue un rôle moteur dans l’exportation d’armes, d’équipement et de technologie vers les régimes oppressifs. Autant qu’exporter des technologies militaires et sécuritaires, [Israël] exporte une idéologie sécuritaire, et renforce la militarisation des pouvoir exécutifs autant que l’intense développement de l’oppression et la domination.
Les drones mortels israéliens
Israël fait régulièrement usage de UAVs (unmanned aerial vehicles), connus sous le nom de drones, dans ses attaques des Palestiniens de Gaza. Selon le centre Al Mezan, plus de 1000 palestiniens de Gaza ont été assassinés par des drones armés durant la période 2000/2010.
Israël est maintenant le plus grand exportateur de drones dans le monde. Les compagnies militaires IAI et Elbit Systems exportent à travers le monde une technologie qui est testée sur les Palestiniens de Gaza.
Dans la liste des pays qui ont acquis des drones de la compagnie Elbit, se trouvent l’Australie, le Canada, la Croatie, la France, la Géorgie, le Mexique, Singapour, le Royaume-Uni, le Brésil et les États-Unis.
Recherche militaire conjointe : une complicité directe avec les crimes israéliens
Autant que le commerce direct d’armes et diverses fournitures militaires, Israël est aussi engagé dans des recherches, des entrainements et des développements militaires et sécuritaires conjoints avec des pays à travers le monde.
Notablement, les compagnies militaires israéliennes peuvent participer aux programmes de recherches européens. Pour la période 2007/2013 les compagnies militaires israéliennes ont participé à des projets de recherche que l’Union Européenne a subventionné à hauteur de 244 millions d’euros.
L’appel palestinien pour un embargo militaire
En 2011 le comité national palestinien de la campagne BDS a publié un appel pour un embargo total contre Israël, ce qui signifie la fin de toutes les formes de commerce et de coopération militaires avec Israël.
Un embargo militaire total est crucial et vital pour avancer vers la fin de l’illégal et criminelle usage de la force par Israël contre le peuple palestinien et les peuples de la région. Cette campagne est efficace, tout en étant un moyen non-violent pour forcer Israël à se soumettre à ses obligations relevant du droit international.
Un certain nombre de pays, incluant la Norvège et la Turquie, ont développé des formes d’embargo militaire contre Israël dans le passé. L’Allemagne a récemment décidé de ne pas poursuivre une aide militaire négociée avec Israël.
Plus d’une douzaine de banques européennes se sont désinvesties d’Elbit Systems, la plus grande cible des compagnies militaires israéliennes, en raison de sa responsabilité dans la violence militaire israélienne.
Agissez concrètement pour #StopArmingIsrael
Agissez maintenant pour soutenir « Stop Arming Israël »
Signez l’appel pour un embargo militaire lancé par des lauréats du prix Nobel et des artistes :
http://www.bdsmovement.net/2014/tak...
Partagez sur les réseaux sociaux le lien internet à propos de la pétition pour l’embargo militaire et de ces données.
Agissez en ligne maintenant pour demander à l’Europe d’arrêter de financer les compagnies militaires israéliennes :
https://secure.waronwant.org/ea-act...
Écrivez à votre gouvernement pour demander un embargo militaire sur Israël et demandez aux organisations dont vous êtes membres de mettre la pression sur votre gouvernement.
Restez en contact pour soutenir le démarrage d’une campagne de désinvestissement contre les compagnies et les banques qui sont impliquées dans l’agression militaire israélienne et les crimes de guerre :
http://www.bdsmovement.net/contact
http://www.bdsmovement.net/2014/mil...
Traduit et transmis par Sivan H.

Les agriculteurs palestiniens sont le dernier bastion de la résistance

Comme beaucoup d’agriculteurs dans le monde, les agriculteurs palestiniens sont victimes d’une approche néolibérale — hiérarchisée du haut vers le bas – qui tente de les déposséder de leur terres et semences au service des banques, des multinationales et des géants de l’agrobizness. L’instrument de cette approche a été la création par l’Autorité Palestinienne (AP) de zones industrielles qui vont ancrer la dépendance des Palestiniens vis-à-vis d’Israël et soutenir le cadre économique nuisible actuel.
JPEG - 34.5 ko
Fayez Taneeb, agriculteur palestinien de Tulkarem en Cisjordanie, prisonnier sur sa terre entre le mur et les usines de pesticides de l’occupant, il résiste par son acharnement à cultiver ses terres dans des situations extrêmement difficiles : terres spoliées, destruction des cultures par les colons, restrictions d’accès aux champs...(Ism-France)
Dans ce dossier politique, l’auteure invitée Vivien Sansour et le directeur du programme Al-Shabaka Alaa Tartir donnent la parole à un certain nombre d’agriculteurs qui essaient actuellement de résister à ces défis. Ils ont travaillé en particulier avec des agriculteurs de Jénine et de Jéricho, où deux zones industrielles sont en construction, et ils proposent des mesures pour aider les agriculteurs à se réapproprier leur souveraineté et à rester sur leurs terres. (1)
Les Zones Industrielles Palestiniennes : la nouvelle menace
« Un jour nous nous sommes éveillés à l’annonce du gouverneur de Jénine que nous devions enlever nos cultures de la terre. Si nous ne le faisions pas volontairement, eux allaient le faire pour nous. J’avais du blé à ce moment-là. Je suis descendu et je l’ai moissonné afin qu’il ne soit pas détruit. »(2)
Ainsi parle Mahmoud Abufarha, l’un des nombreux agriculteurs du village de Al-Jalameh dans le district de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, qui lutte pour rester sur sa terre. Aujourd’hui, des agriculteurs comme Abufarha sont non seulement menacés par l’implacable politique israélienne de confiscation de terres, mais de plus en plus il sont confrontés à des confiscations de terres par l’AP elle-même. Elle veut y construire des zones industrielles qui, prétend-elle, vont aider les agriculteurs et créer des emplois. Mais beaucoup d’agriculteurs craignent que ces zones ne soient uniquement destinées à faire d’eux des travailleurs prolétarisés plutôt que des fermiers productifs et à les priver délibérément de leur source de pouvoir la plus précieuse - la terre - tout en prétendant les aider.
Les efforts pour réduire le pouvoir des agriculteurs palestiniens ne sont pas nouveaux. En réalité, de multiples tentatives et politiques agressives pour éliminer pratiquement les agriculteurs palestiniens sont en cours depuis le début de l’état d’Israël en 1948, lorsque ces efforts pour « moderniser » les fermiers commencèrent à introduire de nouvelles méthodes et de nouvelles semences, qui réduisaient leur indépendance et donnaient la priorité à la quantité sur la qualité, afin de pourvoir aux besoins du nouveau projet sioniste.
Tandis qu’Israël faisait son auto-promotion partout dans le monde comme le pays qui avait « fait fleurir le désert », les agriculteurs palestiniens étaient manipulés et instrumentalisés pour des expériences qui leur ont coûté de nombreuses souches de leurs semences indigènes ainsi que de grands pans de leurs terres productives. Après qu’Israël eut occupé les territoires palestiniens en 1967, il appliqua beaucoup de ces méthodes à la Cisjordanie. Depuis sa création en 1993, l’AP a poursuivi ce processus au lieu de l’inverser, abandonnant des agriculteurs palestiniens qui sont aujourd’hui dans une situation terrible.
Avec la tendance mondiale à industrialiser les terres agricoles, les agriculteurs de Palestine ne sont pas un cas unique : partout dans le monde, les producteurs subissent des tentatives pour réduire leur autonomie en matière de production de nourriture et pour accroître leur dépendance vis-à-vis des banques, des multinationales et des géants de l’agrobizness. Que ce soit à Haïti, au Honduras, en Inde ou en Palestine, l’agriculture paysanne à échelle familiale représente la dernière frontière de résistance contre un système politique mondial actionné par le capital, qui dilue les identités des gens et les prive de leur souveraineté alimentaire dans le but d’assurer à une oligarchie la domination politique et économique sur les ressources tant humaines que naturelles.
Pour Abufarha comme pour beaucoup d’agriculteurs, l’agriculture n’est pas seulement une source de revenus, c’est l’exemple vivant d’une relation intime avec la terre, et elle est profondément imbriquée avec l’identité, les croyances et les valeurs. Dans le cas de la Palestine, elle est aussi le moteur qui anime les luttes paysannes pour l’autodétermination face à la colonisation israélienne de leurs terres.
Ce secteur, longtemps négligé et souvent saboté par les dirigeants palestiniens, les institutions internationales et Israël, se voit confronté à une nouvelle menace : la création de zones industrielles palestiniennes, subventionnées au niveau régional ou international. Ces zones contribuent à priver l’économie palestinienne de son potentiel de transformation ; elles étendent la domination territoriale israélienne dans les Territoires Palestiniens occupés (TPO) ; elles augmentent la dépendance des Palestiniens vis-à-vis d’Israël sur le marché des biens et de l’emploi ; et elles supplantent la petite agriculture familiale, qui est une force de soutien du peuple palestinien depuis des générations. Mais l’AP, son secteur privé captif et ses sponsors internationaux sont d’un autre avis : pour eux, les zones industrielles sont un pilier de l’effort de construction d’un état qui va renforcer l’économie palestinienne et réussir un développement durable.
L’agriculture sous une occupation et un néolibéralisme invasif
Les agriculteurs palestiniens affrontent aussi d’autres contraintes. Depuis 1967, par exemple, Israël a noyé le secteur agricole sous les pesticides, herbicides, insecticides et fertilisants chimiques. Dans la même veine, il a défendu un système de monocultures qui a laissé les paysans plus vulnérables devant des intermédiaires qui dictent les prix et imposent les variétés culturales. Il a également poussé le secteur agricole vers des cultures très exigeantes en temps de travail, comme les fraises, les cornichons ou les tomates, qui sont produites en serre à grand renfort de pesticides, moyennant des forces de travail faiblement rémunérées. (3)
Par ailleurs, le Ministère palestinien de l’ Agriculture n’a jamais été capable de protéger les agriculteurs d’un déversement de produits de l’agrobizness en provenance de colonies juives, qui inondent les marchés locaux de Palestine.
La prohibition officielle des denrées coloniales n’a pas été introduite avant 2010, mais souvent elle n’est pas appliquée et les produits continuent d’arriver des fermes israéliennes industrielles, même quand les produits saisonniers locaux sont disponibles.
En juin dernier encore, le Ministre de l’ Agriculture de l’AP, qui avait d’abord encouragé les agriculteurs à produire des pastèques en promettant promotion et protection des cultures, a été obligé d’autoriser sur le marché palestinien des arrivages massifs de pastèques produites à moindre coût en Israël – des arrivages sous la protection de l’armée israélienne. A présent ce genre de chose se produit tous les jours, conséquence de l’asymétrie entre Palestiniens et Israéliens, et entraîne des pertes économiques importantes pour les producteurs palestiniens.
Comme beaucoup l’ont relevé, les fonds dévolus au secteur agricole n’ont pas franchi la barre du 1 % du budget annuel total de l’AP. En même temps le secteur agricole ne comptait que pour 1,4 % de l’aide internationale totale entre 1994 et 2000, et aujourd’hui ce chiffre est tombé à 0,7 %. Pour 2012, l’agriculture n’a fait que 5,9 % du PIB palestinien alors qu’elle représentait 13,3 % en 1994. Et tout cela malgré les rapports du Programme Alimentaire Mondial (PAM) selon lesquels 50 % des ménages palestiniens souffrent actuellement de l’insécurité alimentaire.
La dernière session des pourparlers de « paix » parrainés par les USA entre l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP)/AP et Israël indique que de futures abominations attendent le paysan palestinien. En mai 2013, le Secrétaire d’État John Kerry a promu l’Initiative Economique Palestinienne (PEI) au Forum Economique Mondial en Jordanie, promettant « un nouveau modèle de développement » qui réunirait 4 milliards de dollars d’investissements internationaux et en retour, accroîtrait le PIB palestinien de quelque 50 % en trois ans, réduirait le chômage et ferait augmenter les salaires. (Quelques mois plus tard le chiffre de 4 milliards de dollars était ajusté à 11 milliards de dollars).
Des fuites précoces de la PEI ont suscité des vagues de critiques de la part de l’approche du développement néolibérale traditionnelle à hiérarchie descendante, celle qui est vénérée dans les instituions financières internationales. En fait, tout ceci ne diffère guère du modèle économique raté que les décideurs internationaux ont imposé aux palestiniens depuis le début du processus d’Oslo, lequel propose des solutions économiques pour des problèmes politiques.
Dans la PEI, l’agriculture est un des huit « secteurs clés » choisis pour le développement, principalement via les nouvelles « zones économiques spéciales » (SEZ) palestiniennes, c’est-à-dire des zones industrielles censées relancer l’économie et le secteur agricole en particulier via des investissements de l’agrobizness et des profits plus importants. Déjà, deux parcs industriels sont en construction à Jénine et à Jéricho. Ils ont obtenu des fonds internationaux et sont contrôlés par une institution affiliée à l’AP, Palestinian Industrial Estates et par la Free Zone Authority (PIEFZA). (4)
Cependant, malgré les allégations que ces zones industrielles constituent un projet national palestinien, des publications ont alerté sur les bénéfices qu’en tireront les entreprises israéliennes, en particulier des compagnies basées dans des colonies juives en Cisjordanie, illégales en droit international – tout en démembrant les familles paysannes et les bandes de terre les plus fertiles des TPO. Les critiques ont décrit ces zones comme des « prisons économiques », rendant les Palestiniens encore plus asservis à Israël, vu que l’AP doit compter sur la bonne volonté de l’occupant pour l’accès, la mobilité et le transfert des revenus des taxes.
En outre, concentrer l’activité dans ces zones sape la propriété foncière des Palestiniens en les enlevant à leurs terres pour les faire travailler dans des zones spécifiques, en général près des centres urbains, sans parler de la rupture de relations entre le consommateur et le producteur local. Cela entraînera inévitablement un transfert de population et une urbanisation forcée des communautés rurales à long terme. Les conséquences seront des préjudices graves pour la souveraineté et le développement durable palestiniens, sans parler des dégâts environnementaux qu’on peut prévoir de la production de déchets industriels, tant dans les zones agricoles que résidentielles.
Pour défendre sa collaboration avec Israël, l’AP a fait beaucoup d’efforts pour promouvoir les zones industrielles comme si elles étaient des projets de développement anodins. En juillet 2013, le Premier Ministre intérimaire Rami Hamdallah posait devant les caméras sur le site de la Zone Industrielle de Jénine et déclarait que la zone créerait plus de 15.000 emplois. Ce même mois, le Ministre palestinien du Plan rencontrait des ministres japonais, jordaniens et israéliens pour discuter du développement du Parc Industriel agricole de Jéricho (JAIP), une zone décrite comme un projet pilote de « l’Initiative du corridor pour la paix et la prospérité » que le Japon a proposée dans l’objectif d’une coopération régionale. (5)
JPEG - 60.1 ko
Un agriculteur palestinien récolte ses figues de Barbarie dans son champ à Arabouneh près de Jénine en Cisjordanie, le 18 juillet 2011 - AP Photo/Mohammed Ballas
A qui profite le système ? Pas aux agriculteurs de Jénine !
Toutefois les agriculteurs palestiniens doutent qu’ils profiteront de ces zones industrielles. Naturellement, les plus fortes tensions existent avec les petits fermiers qui n’ont pas été consultés et voient das ces zones une menace existentielle. En fait, beaucoup de petites exploitations ont déjà été abandonnées parce qu’elle ne peuvent concurrencer les produits de l’agrobizness venant d’Israël et de ses colonies illégales. Les zones industrielles ne feront qu’aggraver le problème.
La Zone Industrielle de Jénine, connue aussi sous le nom du village d’Al-Jalameh, est issue du processus d’Oslo et elle était prévue pour la fin des années ’90 avec le soutien de la Banque Allemande de Développement (KfW). En 2000, l’AP expropria 933 dunams (93 ha) au total pour « usage public » et les transféra à la PIEFZA. Mais après la Deuxième Intifada qui commença en 2000, le projet fut gelé. C’est seulement en 2007 que PIEFZA l’a ranimé accordant la concession à un partenaire turc, OBB-BIS Industrial Parks Development and Management Company, pour gérer le parc pendant 49 ans. Le fait le plus alarmant à propos de la ZIJ c’est qu’elle est construite sur un sol qui fait partie de la municipalité de la vallée de Jezraël (Marj ben Amer), la plaine [d’Esdraelon] la plus fertile de Palestine, et qui fait partie du Croissant Fertile. Historiquement, c’est le grenier à blé de la Palestine.
D’après les agriculteurs locaux, le terroir sur lequel la zone industrielle est maintenant construite a été appelée El-Roba’yat pendant des générations. Les habitants des villages voisins de Al-Jalameh et Burqin cultivent cette partie de la vallée de Jezraël et en tirent leur subsistance. Le paysage est multicolore selon la variété des cultures, comme l’épinard vert, les pousses de sésame ou le blé d’or. Beaucoup de gens dans les villages et les villes des environs achètent leurs légumes et leur fourrage sur ce site où les usines du parc industriel et la centrale électrique vont être construites et étendues.
Pour construire cette zone industrielle, l’AP a exproprié les producteurs de El-Roba’yat sous le prétexte du droit de préemption. Cette loi permet au gouvernement d’acheter des terres à des prix très bas censés compenser l’expropriation pour le « bien public ». Mais certains fermiers refusent de renoncer à leur moyens de subsistance pour la création d’une zone industrielle qui mettra fin à leur mode de vie et détruira leurs ressources naturelles et économiques. Une vingtaine d’agriculteurs ont récemment intenté une action en justice contre l’AP contestant l’allégation que le terroir servira au bien public.
Mahmoud Abufarha est l’un des agriculteurs qui se sont joints au combat légal pour tenter de sauver sa terre. Parcourant la vallée dans sa vieille Subaru il raconte comment sa famille a acquis cette terre : « Nous avons économisé sur notre pain quotidien pour pouvoir payer cette propriété. J’ai 59 ans et je cultive cette terre depuis un demi-siècle. C’est ma vie ». Au bord des larmes, il contemple le site en construction où des barrières métalliques et des structures en béton sont en train d’être érigées à la place de ses champs d’orge et de blé.
Comme beaucoup de villageois, Abufarha croit que les décisions politiques et économiques qui sont prises ne respectent ni son héritage ni ses moyens de subsistance. « Les autorités disent que ce projet vise à servir le bien public. Moi je produis de la nourriture. N’est-ce pas davantage au bénéfice du public qu’une zone industrielle qui ne sert que de grosses usines ? On dirait que nos vies sont un gros gâteau et que l’AP, Israël et les donateurs veulent tous une part du gâteau sans prendre en considération ce qui va nous arriver. Il s’agit uniquement de profit, pas du bien public ».
Abufarha souligne qu’il y a d’autres moyens de déterminer la valeur de la terre. « Mille deux cents dunums [120 ha], cela nourrit plus de 20.000 personne par an, mas maintenant nous devrons attendre notre pain arrive d’autres régions. La terre c’est la vie. Sans nos terres nous n’avons pas de vie ».
Malgré les efforts concertés pour sauver la vallée de Marj Ben Amer de sa destruction annoncée, le tribunal a rejeté l’action intentée par les fermiers contre l’AP. En avril 2014, les agriculteurs se sont vu remettre des documents les forçant à accepter une compensation pour leurs terres, qu’ils avaient refusé de vendre. Les filiales de l’AP ont évalué les terres, et les prix ont été fixés sans aucune négociation avec les propriétaires fonciers. Selon Abufarha : « On m’a dit : que je veuille vendre ou pas n’a plus d’importance, la terre est à présent la propriété de la zone industrielle. J’ai aussi été avisé que l’argent serait déposé sur mon compte à titre de compensation, que je veuille le prendre ou pas ».
Khaled Mireh, chef du Conseil du village de Al-Jamaleh, explique que puisque les agriculteurs ont échoué à empêcher l’établissement de la zone, le conseil du village s’efforce de minimiser les dégâts autant que possible. La crainte de voir des déchets toxiques enfouis dans ce qui reste de leurs terres est leur principal souci. « Il est inexplicable qu’une zone industrielle soit construite sur des terres cultivées dans une zone peuplée. Tout ce projet a été imposé à notre communauté et maintenant nous devons en gérer les conséquences prévisibles, surtout celles qui touchent à l’environnement et à la santé publique ».
Désignant une colline rocheuse à l’horizon, Mireh ajoute : « Nous ne sommes pas contre le développement. Mais si nous avions voulu construire une zone industrielle, nous aurions choisi cette colline, qui est loin des habitats et qui est stérile ». A la question de savoir quelles alternatives il aurait suggérées s’il avait été consulté, il dit : « Je pense que la majorité des gens dans le village aurait salué un projet impliqué dans ce que nous avons déjà. Un projet qui amènerait de petites entreprises pour commercialiser les produits des fermiers ou mettrait en valeur les choses que nous faisons tout en veillant au bien-être des gens et à l’avenir de notre village ».
Sans hésitation, il affirme : « Nous avons en Palestine beaucoup d’alternatives qui existent déjà. S’ils étaient intéressés par la création d’emplois, ils auraient investi de manière à consolider les nombreuses coopératives de fermiers et de producteurs, ce qui aurait préservé la terre et l’environnement et aurait garanti la création d’emplois locaux pour des gens d’ici, servant non seulement à notre village mais à toute la Palestine » (exemple )
JPEG - 65.5 ko
Un agriculteur du village de Qaryut inspecte ses oliviers vandalisés dans la nuit par des colons israéliens, le 9 octobre 2012. En 2013, les colons ont détruit plus de 4.000 oliviers en Cisjordanie occupée
De Jénine à Jéricho
Alors que la Zone Industrielle de Jénine en est toujours à ses débuts, l’infrastructure du Parc agro-industriel de Jéricho (JAIP) est presque achevée. Des amas de métal d’une des usines déjà opérationnelles jouxtent les panneaux solaires financés par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) pour fournir une énergie verte au Parc. Subhi Hallaq, un ingénieur représentant la Compagnie d’électricité du District de Jérusalem note cependant que l’électricité générée par ces panneaux ne suffira pas, ce qui veut dire que de l’électricité complémentaire devra être amenée d’Israël et de Jordanie. Entre-temps, les habitants de Jéricho continuer à subir régulièrement des coupures de courant.
JICA a été critiquée pour avoir produit des études de faisabilité inadéquates et pour gérer le JAIP sans mécanismes de responsabilisation ni mesures de transparence. Mais la principale critique est que le succès du JAIP ne dépend pas seulement de la collaboration entre colonisateurs et colonisés, mais que le Parc lui-même se situe dans la fertile Vallée du Jourdain qu’Israël veut contrôler dans tout futur état palestinien. Vu le vif intérêt d’Israël pour cette zone, beaucoup de terres agricoles adjacentes sont contrôlées par des colonies juives, dont on peut penser qu’elles seront les premières bénéficiaires du Parc industriel, plutôt que les agriculteurs palestiniens.
Assis à l’angle de ce qui était naguère une ferme de maraîchage très productive, l’agronome et propriétaire de pépinière Abou Muhanad al-Fatyani explique comment les règles et les conditions du JAIP rendent impossible une participation des agriculteurs. « Certaines personnes affiliées à l’AP nous ont dit qu’elles pouvaient nous accorder des baux pour utiliser notre propriété au sein de la zone industrielle. Mais le bail proposé est de 30 $ le mètre, ce qui veut dire 30.000$ l’an par dunum. Il n’y a pas un seul agriculteur qui peut offrir autant. Même si les agriculteurs mettaient leur argent en commun pour ouvrir une usine, ce ne serait pas faisable. Seuls de gros investisseurs ont les moyens pour de tels contrats ».
Qui seront ces investisseurs, la question reste posée, de même que le genre d’usines qui seront basées dans cette zone. Cette ambiguïté exacerbe les préoccupations des petits fermiers de Jéricho tels que Abed Alqader. Il explique que les agriculteurs sont pleins d’appréhension "parce qu’ils ont de bonnes raisons de croire que ces zones industrielles ne sont pas conçues pour produire quoi que ce soit. Ou plutôt, elle serviront d’installations de conditionnement pour les produits de l’agrobizzness des colonies. Si ces zones étaient destinées à nous aider, nous les agriculteurs palestiniens, pourquoi n’avons-nous pas été invités à aucune des discussions ? » Abed Alqader demande : « Nos fermes sont des exploitations familiales. Elles ne peuvent supporter des opérations industrielles aussi massives, et nous n’avons pas été approchés pour augmenter notre production ou pour acquérir de nouvelles compétences, alors, comment peuvent-ils dire que ceci est une zone agro-industrielle destinée à aider le fermier palestinien ? ».
A 1 km du JAIP s’étendent les champs de Nasser Ismaïl. En tant qu’agriculteur biologique, Ismaïl est fier d’utiliser de l’eau propre pour irriguer ses palmiers dattiers. Tout en entassant le fumier bio pour que ses fils le répartissent équitablement à chaque arbre, Ismaïl dit : « Nous sommes concurrencés par un flot de dattes des colonies, qui sont produites avec des eaux usées non retraitées et qui sont beaucoup moins chères ». Quand on lui dit que la zone industrielle voisine va ouvrir des installations de conditionnement de dattes et d’autres produits, il est choqué et dit : « Si cela est vrai alors c’est la fin pour nous. Ces installations de conditionnement ciblent une production de masse de cultures industrielles. Je suis un petit fermier ; Cela va me faire perdre mon exploitation ».
Plus que tout autre sans doute, Ismaïl sait ce que veut dire lutter pour maintenir la tête hors de l’eau. La signature des Accords d’Oslo et du Protocole Economique de Paris ont introduit des réglementations qui interdisent aux Palestiniens de vendre leur production à Israël. Résultat : Nasser a perdu 84.000 ILS [shekels][soit près de 25.000$]. C’est alors qu’il a cessé de cultiver des figues et du raisin et qu’il a commencé la culture des dattes comme culture de rente. Affrontant un nouveau défi et davantage d’incertitudes à cause de la zone industrielle voisine, Ismail dit qu’il n’aura peut-être pas la force de continuer s’il perd sa ferme. Son frère Abou Issa , par contre, est déterminé à continuer la culture malgré tous les obstacles : « L’amour de la terre et de l’agriculture c’est comme un virus dans le sang : il reste toujours là. Même si je ne plante qu’un pot de persil, il faut que je produise de la nourriture. Et même si je perds, je ne quitterai jamais la terre ».
JPEG - 32 ko
Les agriculteurs palestiniens sont le dernier bastion de la résistance
Un appel à la société civile
Depuis 2011, Israël a donné à certains agriculteurs de Cisjordanie et de Gaza des permis pour aller assister à son plus grand congrès agricole annuel, qui rassemble cultivateurs, acheteurs, distributeurs, exportateurs, chaînes de marketing et autres pour travailler en réseau et conclure des affaires. Ces mêmes individus qui étaient naguère considérés comme « menaces à la sécurité » de l’état d’Israël sont maintenant des hôtes d’honneur à un événement important à Tel Aviv. Les invitations étendues à ces fermiers, dont les visites sont financées par USAID, apparaissent comme une autre tentative de cooptation émanant de l’Initiative Économique du Secrétaire d’État Kerry, dans le but de persuader le petits agriculteurs palestiniens d’acheter selon les critères de l’agrobizness. Si cela s’avère, cela va sans doute créer davantage d’endettement et achever de déconnecter des agriculteurs palestiniens de leurs terres.
Les agriculteurs palestiniens ont besoin d’avocats solides pour défendre leurs droits contre les politiques d’Israël tout autant que de " l’Etat " de Palestine. En tant qu’acteurs locaux ayant l’accès le plus direct aux organisations et aux donateurs internationaux qui influencent le développement de la politique en Palestine, les membres de la société civile et des ONG portent une responsabilité spéciale pour agir et défendre les agriculteurs palestiniens, en s’unissant autour du travail que font déjà des organisations telles que le Syndicat des comités de travail agricole (UAWC), le Centre Bisan pour la Recherche et le Développement et l’initiative Sharaka (« Partenariat »)
Plus spécifiquement, la société civile et les ONG doivent aider à :
- assurer soutien et ressources pour que les agriculteurs puissent durcir leur lutte pour résister aux zones industrielles.
- ouvrir des voies aux fermiers pour qu’ils puissent se confronter directement à l’AP, y compris au système judiciaire de l’AP, qui dénient leurs droits à ces fermiers.
- développer des projets en coordination avec des dirigeants communautaires pour soutenir les agriculteurs, grâce à des structures alternatives permettant une plus grande production, un marketing local et des réseaux de valorisation locale.
- organiser une campagne de communication publique pour exposer le mythe du projet de construction d’État, lequel est au service d’un ordre du jour néolibéral aux dépens de l’agriculture palestinienne.
Le peuple palestinien ne peut attendre que la politique change. Il faut des efforts organisés et durables de la communauté pour réinvestir dans l’agriculture locale. Un objectif majeur serait de reconnecter les consommateurs avec les producteurs en circuit direct. Cela nécessite un financement communautaire d’entreprises et de projets agricoles – ce que pourraient faciliter des structures coopératives – et des start-up marchandes ou non marchandes qui puissent élaborer des outils rendant l’agriculture durable plus accessible et plus réalisable pour les agriculteurs, les revendeurs et les consommateurs.
Conclusion
Les agriculteurs sont l’ultime frontière de liberté des Palestiniens et un pilier capital pour créer un modèle de développement alternatif basé sur une économie de résistance et de ténacité (soumoud). L’agriculture et la souveraineté alimentaire sont deux sources de pouvoir qui permettent aux gens de réclamer leurs droits et de préserver leur héritage ancien et divers. Privés des moyens de se nourrir, les Palestiniens perdraient l’un des éléments de résistance les plus importants dont ils disposent.
Notes :
(1) Merci aux agriculteurs, à Thaer Washaha (Centre Bisan) et à Rena Zuabi pour leurs précieuses contributions.
(2) Les citations proviennent des interviews réalisées par les auteurs.
(3) Pour toute information, voir George Kurzom : Towards Alternative Self-Reliant Agricultural Development (Birzeit : Birzeit University Development Studies Programme, 2001) ; le MA’AN Development Center ainsi que l’ UAWC (Union of Agricultural Work Committees).
(4) Pour une analyse en profondeur, voir : “Neoliberal Palestine” dans : Ali Abunimah, The Battle for Justice in Palestine (Chicago, Illinois : Haymarket Books, 2014), 75-124, ainsi que les publications du Bisan Centre for Research and Development.
(5) Le ministre japonais a avancé : “Quand le concept de Corridor pour la Paix et la Prospérité » sera matérialisé, le problème régional sera résolu par des voies économiques, plutôt que par des voies sécuritaires ou politiques ».
JPEG - 3.5 ko
* Vivien Sansour née à Beit Jala est écrivain, photographe, productrice et elle milite pour une agriculture de résistance (Honduras, Inde, Uruguay, Palestine, Colombie, USA). Pendant 6 ans elle a travaillé sur le terrain avec des agriculteurs, collectant leur histoire pour les transmettre. Elle est actuellement doctorante au College of Agriculture and Life Sciences à la North Carolina State University. Voir son interview en vidéo.
JPEG - 2.8 ko
* Alaa Tartir coordonne le programme de Al-Shabaka (The Palestinian Policy Network), il est chercheur doctorant au Département ’Développement International’ de la London School of Economics and Political Science (LSE). Il est également chercheur au MAS (Palestine Economic Policy Research Institute) et au Centre Bisan pour la Recherche et le Développement ainsi qu’au PARC (Palestinian American Research Center) et au Centre pour le Moyen-Orient de la LSE. Il a publié notamment "Le rôle de l’aide internationale dans le développement : le cas de la Palestine 1994-2008" (Lambert 2011). Voir son interview en vidéo.

Expulsé, ghettoïsé et tué par Israël : histoire de mon cousin à Gaza

Aujourd’hui, l’armée israélienne attaque les même personnes (et leur descendants) que les premiers sionistes (et leur milices terroristes) avaient expulsées vers le ghetto de Gaza, il y a 66 ans.
JPEG - 33.9 ko
Les frappes aériennes d’Israël ont causé des problèmes innombrables aux agriculteurs de la bande de Gaza assiégée : fermiers tués, destructions, bétail décimé, pollution par armes toxiques, etc...
Mon cousin éloigné Sobhi Abou Shammala a été tué en juillet dernier par les forces israéliennes alors qu’il était en train d’arroser sa petite palmeraie dans la zone de Mawasi à Khan Younis. Réfugié, il a une histoire qui balaie l’histoire de la Palestine depuis la Nakba, le désastre de notre expropriation en 1948, jusqu’à récemment, avec les divers prétextes dont a usé Israël pour exercer une violence militaire écrasante à l’encontre des Palestiniens.
Il n’est pas le seul. Plus de 1.800 Palestiniens, des civils pour la plupart, ont été tués par les derniers crimes de guerre israéliens, qui, je veux le croire, seront bientôt confirmés par les enquêtes.
Expulsée de Beit Daras en 1948 à l’âge de 11 ans, la famille de Sobhi s’est réfugiée à Khan Younis dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, l’armée israélienne attaque les même personnes (et leur descendants) que les premiers sionistes (et leur milices terroristes) avaient expulsées vers le ghetto de Gaza, il y a 66 ans. Après toutes ces années, comme tant d’autres, ils gardent toujours précieusement les actes notariés de leurs terres familiales à Beit Daras, à quelques kilomètres de Gaza. Mais notre propriété est hors d’atteinte, nous pensons qu’elle a été confiée à du bétail israélien.
En terre sainte, aujourd’hui en tout cas, il n’y a rien qui ressemble à l’égalité des droits – il n’y a que possédants et dépossédés, occupant et occupé, Israéliens juifs et Palestiniens. L’égalité des droits est un grand progrès pour les Américains de différents contextes religieux et raciaux, mais elle n’existe pas en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. La discrimination légalisée est la loi du pays pour quiconque a les yeux ouverts.
Nous Palestiniens qui sommes déjà sous les bombardements d’armements américains – des F16 et de nouveaux stocks de munitions fournies par l’administration Obama – comment pouvons-nous comprendre qu’au moins deux activistes juifs américains se trouvaient dans la première vague d’envahisseurs ce mois-ci ? De quel droit des Américains participent-ils aux crimes de guerre et à l’assujettissement pratiqués contre les Palestiniens ? Pourquoi un pays où tous sont égaux en droits irait-il exercer un droit supérieur sur les Palestiniens ? Cette pratique ne devrait pas être autorisée par le gouvernement étatsunien.
Bien que les Israéliens aient pratiquement tout pris à la famille de Sobhi, à la mienne, et aux autres 750.000 Palestiniens expulsés en 1948, il y a des valeurs et des pratiques que les Palestiniens ont su transmettre à leurs enfants, et les enfants, à leur tour, à leurs propres enfants : des choses qu’Israël et les extrémistes américains n’auront jamais réussi à leur prendre. Outre la dignité et la ténacité contre toute probabilité et devant la force brute scandaleuse exercée par l’armée israélienne contre les hommes, les femmes et les enfants, la plus importante des pratiques que les Palestiniens transmettent à leurs enfants est de respecter l’importance de l’éducation.
Aujourd’hui, les enfants de Sobhi occupent différents postes : un directeur à l’Hôpital Européen de Gaza, un principal d’une école de l’UNRWA et un instituteur, et ils ont des connaissances professionnelles dans toute la bande de Gaza. Un jour, bientôt peut-être, les Américains et le monde entendront l’histoire de Sobhi et ils s’exclameront : pourquoi ne nous a-t-on jamais dit ça ? Qu’est-ce qu’Israël a provoqué avec des armes américaines en terre sainte aussi bien avec des musulmans qu’avec des chrétiens ?
Peut-être ces Américains ont-ils appris qu’Israël serait « une lumière éclairant les nations », mais aucune lumière n’a été donnée aux enfants de Gaza, uniquement le désespoir le plus noir et la terreur des armes dans l’air de la nuit, avec le bourdonnement inquiétant des drones qui semblent toujours présents au-dessus de leurs têtes. En bas, la destruction anéantit les petits corps et menace le tissu même de notre société, même si nous nous accrochons de plus en plus étroitement les uns aux autres avec le peu qui reste de nous.
Les écoles des Nations Unies n’ont pas pu s’occuper des centaines de milliers de personnes – quelque 245.000 nouveaux réfugiés « réfugiés », un Palestinien sur 7 à Gaza – chassées de leurs maisons vers les installations de l’ONU. Des dizaines de milliers d’autres se sont abritées dans des habitations privées. Un Palestinien sur quatre sans doute est personne déplacée de l’intérieur.
JPEG - 69.7 ko
Des Palestiniens fuient Khan Yunis en portant des drapeaux blancs - Photo : Anadolu Agency/Getty Images/Belal Khaled
Dans mon camp de réfugiés, des gens ont offert abri et nourriture à ces victimes, certaines d’entre elles étant déplacées pour la troisième, la quatrième, voire la cinquième fois de leur vie. L’appartement de ma sœur, un cinquième étage dans Gaza Ville, n’avait pas d’électricité et très peu d’eau, mais elle avait la passion d’aider et a accueilli deux familles. De même, mon cousin Wedjan et mes autres voisins de Khan Younis ont logé des dizaines de déplacés et partagé leurs maigres ressources. La plupart des Gazaouis sont revenus à l’éclairage à la bougie.
Feu mon parent Anis Abu Shammala, le maire de Bureij, a fait de même, il logeait deux familles quand sa maison a été visée – le touchant, lui, deux de ses fils et cinq des réfugiés qu’il avait accueillis.
Mes voisins cuisinent et envoient de la nourriture aux personnes déplacées. Les gens courent d’un enterrement à l’autre, d’une tragédie à une autre au sein d’une communauté profondément connectée. Mais il n’y a pas de temps pour le chagrin et pas de temps pour les larmes. Ils vivent dans des conditions impossibles – rendues pires par le manque d’électricité et le manque d’aide des gouvernement du monde, alors que le soutien populaire est clairement du côté du peuple palestinien – et ils accomplissent l’infaisable en attendant la mort à tout moment.
La résilience des Gazaouis et des Palestiniens en général est extraordinaire. Nous ne nous soumettons pas, nous ne nous couchons pas et nous ne renonçons pas devant l’extraordinaire puissance militaire. Pourquoi ? Parce que les principes et le droit sont de notre côté.
Gazaouis et Palestiniens en général se battent pour la liberté, les droits humains, l’égalité des droits et la dignité. De Rafah au sud jusqu’au camp le plus reculé au Liban, en Syrie ou en Jordanie, il y a une mémoire collective et une volonté de faire respecter nos droits, le principal étant le droit au retour et celui de montrer au monde que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que les juifs au milieu desquels nous vivrions, que ce soit à Beit Daras ou Ashkelon – que nous connaissons comme al-Majdal – ou en des centaines d’autres lieux depuis longtemps envahis par les herbes où nous aspirons à revenir.
Mais cette détermination est de celles que les médias occidentaux montrent rarement, parce que informer le public de la justice de notre cause à retourner chez nous n’est pas une priorité. Beaucoup de commentateurs ne connaissent peut-être même pas l’histoire de notre expropriation. Au lieu de cela, trop souvent, la vision qu’on donne des Palestiniens reste enfermée dans les horribles stéréotypes forgés depuis tant d’années au sujet de la Palestine et de son peuple.
Néanmoins Israël se plaint de perdre la guerre immédiate des relations publiques par les images sortant de Gaza. L’obsession israélienne de son image publique est terriblement déplacée. Qu’en est-il de la perte, de l’horreur, du désespoir de jeunes parents ensevelissant le corps de leur enfant mort déchiqueté ? Ce que j’ai vu ces dernières semaines dans les réseaux sociaux, les témoignages que j’ai entendus de ma famille et de mes amis, et les images de mort et de deuil que je vois – tout cela sera en moi et en tout Palestiniens pour toujours.
L’approche israélienne ne donne aucun espoir de réconciliation future. Un père et son enfant ont vu les membres de leur famille tués par une explosion dans leur propre maison alors qu’ils étaient assis pour l’iftar qui rompt le jeûne du ramadan : 19 enfants de la famille Abu Jamei pulvérisés pour une même cible – que sont-ils censés penser après un tel carnage ? Il est certain que les survivants feront d’autant plus énergiquement pression en faveur de la liberté palestinienne.Aujourd’hui plus que jamais, le désir de liberté est fort chez les Palestiniens et nous sommes prêts à en payer le prix fort.
Je ne suis revenue à Gaza que le 10 août, mais chaque personne que j’ai rencontrée, jeune ou vieille, homme ou femme, réfugié ou vieil habitant de Gaza, déplacé dans les centres ONU, dispersés dans les hôpitaux ou toujours dans leurs maisons, ils n’ont qu’un seul message aux négociateurs palestiniens au Caire : ce siège inhumain, le plus long de l’histoire, doit cesser maintenant et nous sommes prêts à payer les prix pour recouvrer notre dignité.
Sobhi a passé sa vie à se construire avec sa famille, à partir de rien, et tout cela pour être abattu par les militaires israéliens à l’âge de 77 ans. Nous n’oublierons pas. Nous persévérerons, comme nous l’avons toujours fait, vers la liberté, le retour et une vie digne et équitable. Mais maintenant je m’accroche à l’espoir qu’un jour un des enfants de Sobhi témoignera devant la Cour Pénale Internationale pour faire enfermer l’officier en charge qui a jugé acceptable de faire feu sur son père bien-aimé, un vieil homme occupé à irriguer ses arbres dans un pays où il a été contraint à l’exil des décennies auparavant par les aïeuls des militaires sans conscience qui à présent dévastent Gaza et son peuple.
JPEG - 7.3 ko
* Ghada Ageel est une réfugiée palestinienne de troisième génération qui a grandi dans le camp de réfugiés de Khan Yunis. Elle est professeur invitée en Sciences Politiques à l’Université d’Alberta à Edmonton (Canada) et membre de Faculty4Palestine . Spécialiste de la Nakba, elle est l’auteur de nombreuses publications sur le sujet.
14 août 2014 - MondoWeiss - Vous pouvez consulter cet article à :
http://mondoweiss.net/2014/08/expel...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM

Gaza: les chances d'un cessez-le-feu durable "s'évaporent" (Hamas)

Les chances de parvenir à un cessez-le-feu durable avec Israël dans la bande de Gaza "s'évaporent", a jugé mardi un représentant du mouvement islamiste palestinien Hamas au sein de la délégation de négociateurs au Caire.
"Il n'y a pas de progrès dans les négociations, les chances de parvenir à un accord s'évaporent et nous tenons les occupants sionistes pour entièrement responsables de cette situation", a déclaré sur Twitter Ezzat al-Rishq, un haut responsable du Hamas.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle de facto la bande de Gaza, est la principale cible de l'offensive israélienne meurtrière lancée sur la petite enclave palestinienne le 8 juillet.
"La délégation palestinienne a présenté sa réponse finale à la proposition (de cessez-le-feu durable) des Egyptiens. Les Egyptiens l'ont remise à la délégation de l'ennemi, qui est repartie (du Caire) avec l'excuse qu'ils doivent la présenter à leur gouvernement", a poursuivi M. Rishq.

Gaza : "pas de progrès" dans les négociations de cessez-le-feu (Palestiniens)

Les négociations indirectes au Caire entre Palestiniens et Israéliens pour transformer un cessez-le-feu expirant dans 4 heures en trêve durable n'ont enregistré aucun progrès mardi, ont annoncé les négociateurs palestiniens alors que les hostilités ont repris dans la bande de Gaza.
Le fragile cessez-le-feu qui durait depuis 12 jours et qui a été prolongé de 24 heures lundi, doit expirer à minuit, heure locale (21h00 GMT). Mais dans l'après-midi, Israël a mené des raids aériens sur la petite enclave palestinienne après des tirs de roquettes de la bande de Gaza sur le territoire israélien.

Gaza : Israël ordonne le retour de ses négociateurs du Caire

Israël a ordonné mardi le retour de ses émissaires dépêchés au Caire pour tenter de négocier avec les Palestiniens une prolongation du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a indiqué un responsable israélien à l'AFP.
Cette décision fait suite à la reprise des tirs de roquettes palestiniens en pleine trêve.

Gaza: Abbas mercredi à Doha pour des consultations avec le Qatar et Mechaal

Le président palestinien Mahmoud Abbas se rendra mercredi soir à Doha pour des consultations sur les négociations en cours en vue d'une trêve durable dans la bande de Gaza, a indiqué mardi à l'AFP l'ambassadeur de Palestine au Qatar.
La visite de M. Abbas à Doha avait été annoncée initialement pour lundi soir par des responsables palestiniens au Caire où Palestiniens et Israéliens négocient par l'intermédiaire des Egyptiens une trêve durable.
"Le président Abbas est attendu mercredi soir à Doha où il aura jeudi des entretiens avec l'émir du Qatar et des consultations avec le chef du Hamas Khaled Mechaal sur les négociations en cours" avec Israël, a déclaré l'ambassadeur Monir Ghannam. M. Abbas, "dont la visite à Doha était programmée dès le début pour mercredi", doit aborder avec ses interlocuteurs "les derniers développements des négociations" entre Palestiniens et Israéliens sur une trêve durable ainsi que sur "les secours et la reconstruction de la bande de Gaza", a-t-il ajouté.
Selon M. Ghannam, le président de l'Autorité palestinienne doit se rendre, après Doha, en Egypte dans le cadre des contacts que la direction palestinienne entreprend "pour des consultations avec toutes les parties concernées" par le conflit israélo-palestinien.
Un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur dans la bande de Gaza pour 24 heures jusqu'à mardi minuit (21H00 GMT), aux termes d'un accord obtenu in extremis au Caire. Mais on ignore l'état des discussions censées produire non plus une pause limitée, mais une trêve durable entre des parties aux exigences apparemment inconciliables.
Un cessez-le-feu est observé depuis le 11 août, après des hostilités qui ont fait plus de 2.000 morts côté palestinien et près de 70 côté israélien en un mois.

Hamas : "Les Israéliens vivant près de Gaza reviendront chez eux quand nous les laisserons y revenir"

Par
"Les habitants des villes et colonies israéliennes proches de la Bande de Gaza ne reviendront chez eux que lorsque le Hamas, et non le Premier ministre israélien Netanyahu, le leur permettra," a déclaré le porte-parole du Hamis Sami Abu Zuhri. "Netanyahu ment à son peuple en disant qu'il va gagner. La vérité, c'est que la Résistance palestinienne a gagné," a dit Abu Zuhri lors d'un rassemblement de soutien aux factions palestiniens organisé à Gaza.
Hamas : 'Les Israéliens vivant près de Gaza reviendront chez eux quand nous les laisserons y revenir'
"Nous répétons ce que nous avons dit auparavant - ce n'est pas nous qui avons commencé cette guerre, c'est Israël. Avant qu'Israël lance la guerre, nous avons dit que nous ne voulions pas d'escalade, mais la guerre nous a été imposée. Nous avons promis qu'elle ne serait pas comme les guerres précédentes, et elle ne l'a pas été. La résistance continuera à se défendre contre eux [les Israéliens]."
Il a noté que la priorité du Hamas est de parvenir à un accord de cessez-le-feu permanent, mais Israël doit cesser de gagner du temps.
"Soit il y aura un accord qui honore nos exigences, soit il n'y aura pas d'accord. L'ennemi doit être prêt à des répercussions si nous n'arrivons pas à un accord," a-t-il ajouté.
Abu Zuhri a dit qu'il est impossible de désarmer la résistance, et il a prévenu que les membres du Hamas sont prêts à faire le sacrifice de leurs vies pour la résistance.
L'Egypte accueille actuellement une nouvelle série de négociations entre Israël et les factions palestiniennes, dans l'espoir d'atteindre un accord pour un cessez-le-feu permanent, après la trêve temporaire qui a débuté jeudi [14 août] et qui doit se terminer aujourd’hui [18 août]
Les déclarations palestiniennes et israéliennes montrent qu'il y a un fossé entre les exigences des deux bords.
Israël a lancé une attaque sur Gaza le 7 juillet, qu'il a appelée "Opération Bordure protectrice". Quelques 2.016 Palestiniens, principalement des civils, ont été tués pendant les bombardements et 10.193 autres ont été blessés, selon les chiffres palestiniens officiels.
Selon Israël, 64 soldats israéliens et 3 civils ont été tués, et 1.008 autres blessés, dont 651 soldats et 357 civils.


Photo
Portée des roquettes tirées par la résistance palestinienne sur le territoire de Palestine 48 en juillet 2014
Traduction : MR pour ISM

Pardon, mais, Israël n’a aucun droit d’exister

Par
Article paru dans Al-Akhbar en anglais le 17.05.2012, traduit par VD pour Le Grand Soir. On peut suivre l'auteur sur Twitter : @snarwani
L’expression « droit d’exister » est entrée dans ma conscience dans les années 1990, tout comme le concept d’une solution à deux Etats est entré dans notre vocabulaire collectif. Dans chaque débat à l’université, quand un sioniste était à bout d’arguments, ces trois mots magiques étaient invoqués pour interrompre la conversation avec un « Etes-vous en train de dire qu’Israël n’a pas le droit d’exister ? » indigné. Bien sûr, vous ne pouviez pas contester le droit d’Israël à exister - c’était comme nier le droit fondamental des Juifs d’avoir... des droits, avec toute la culpabilité de l’Holocauste jetée à la figure pour faire bonne mesure.
Pardon, mais, Israël n’a aucun droit d’exister
Sauf bien-sûr que je n’y suis pour rien dans l’Holocauste – et les Palestiniens non plus. Le programme de nettoyage ethnique méthodique en Europe de sa population juive a été employée de façon tellement cynique et opportuniste pour justifier le nettoyage ethnique de la nation arabe palestinienne, qu’il me laisse totalement indifférente. Je me suis déjà surprise - ô stupeur - en train de lever les yeux au ciel en entendant Holocauste et Israël dans la même phrase.
Ce qui me trouble dans cette ère post-"solution à deux Etats", est l’audace même de l’existence d’Israël.
Quelle idée fantastique, cette notion qu’un groue d’étrangers d’un autre continent puisse s’approprier une nation existante et peuplée - et convaincre la « communauté internationale » que c’était la chose juste à faire. Un tel culot me ferait rire si ce n’était pas aussi grave.
Encore plus flagrant est le nettoyage ethnique de masse de la population palestinienne indigène par les juifs persécutés, à peine remis de leur propre expérience de nettoyage ethnique.
Mais ce qui est vraiment effrayant, c’est la manipulation psychologique des masses dans la croyance que les Palestiniens seraient en quelque sorte dangereux – des « terroristes » déterminés à « jeter les juifs à la mer ». Je gagne ma vie avec les mots et l’usage du langage dans la création de perceptions m’intrigue. Cette pratique - souvent appelée « diplomatie publique » - est devenue un outil indispensable dans le monde de la géopolitique. Les mots, après tout, sont les blocs de construction de notre psychologie.
Prenez par exemple la façon dont nous sommes arrivés à percevoir le « différend » israélo-palestinien et toute résolution de ce conflit qui perdure. Ici, je vais généreusement emprunter des passages d’un article précédent...
Les États-Unis et Israël ont déterminé le discours mondial sur cette question, en définissant des paramètres stricts qui limitent de plus en plus le contenu et l’orientation du débat. Tout discussion en dehors de ces paramètres, jusqu’à récemment, était largement considérée comme irréaliste, improductive et même subversive.
La participation au débat est réservée à ceux qui souscrivent à ses grands principes : l’acceptation d’Israël, son hégémonie régionale et sa supériorité militaire ; l’acceptation de la logique douteuse sur laquelle est fondée la revendication de la Palestine par l’Etat juif ; et l’acceptation de quels sont les interlocuteurs, mouvements et gouvernements acceptables ou non dans toute solution au conflit.
Des mots comme colombe, faucon, militant, extrémiste, modéré, terroriste, islamo-fasciste, négationniste, menace existentielle, mollah fou déterminent la participation de certains à la solution - et sont capables d’en exclure d’autres instantanément.
Ensuite, il y a le langage qui préserve « le droit d’Israël à exister » sans poser de questions : tout ce qui invoque l’Holocauste, l’antisémitisme et les mythes sur les droits historiques des Juifs à la terre léguée par le Tout-Puissant - comme si Dieu était un agent immobilier. Ce langage ne vise pas seulement à empêcher toute contestation de la connexion juive à la Palestine, mais cherche surtout à punir et à marginaliser ceux qui s’attaquent à la légitimité de cette expérience coloniale moderne.
Mais cette pensée collective n’a abouti à rien. Elle n’a fait qu’occulter, distraire, dévier, esquiver, et diminuer, et nous ne sommes pas plus près d’une solution satisfaisante... parce que la prémisse est fausse.
Il n’y a pas de solution à ce problème. C’est le genre de crise où vous constatez votre échec, réalisez vos errements et rebroussez chemin. C’est Israël qui est le problème. C’est la dernière expérience coloniale des temps modernes, une expérience menée au moment même où de tels projets s’effondraient partout dans le monde.
Il n’y a pas de « conflit israélo-palestinien » - qui laisserait entendre une sorte d’égalité dans la puissance, la souffrance et les éléments concrets négociables. Mais il n’y a pas la moindre symétrie dans cette équation. Israël est l’occupant et l’oppresseur. Les Palestiniens sont occupés et opprimés. Qu’y a-t-il à négocier ? Israël détient toutes les cartes. Ils peuvent rendre des terres, des biens, des droits, mais même cela est une absurdité – car qu’en est-il du reste ? Pourquoi ne pas rendre toutes les terres, tous les biens et tous les droits ? Pourquoi auraient-ils le droit de garder quoi que ce soit – en quoi l’appropriation des terres et des biens avant 1948 est-elle fondamentalement différente de l’appropriation des terres et des biens après cette date arbitraire de 1967 ?
En quoi les colonialistes d’avant 1948 sont-ils différents de ceux qui ont colonisé et se sont installés après 1967 ?
Permettez-moi de me corriger : les Palestiniens ont bien une carte en main qui fait saliver Israël – la grande revendication à la table de négociation qui semble contenir tout le reste. Israël aspire à la reconnaissance de son « droit d’exister ».
Mais Israël existe déjà, non ?
En fait, ce que Israël craint plus que tout c’est sa « délégitimation ». Derrière le rideau de velours, voici un Etat construit sur des mythes et des récits, protégé uniquement par un géant militaire, des milliards de dollars d’aide des États-Unis et un seul veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Rien d’autre ne se dresse entre cet Etat et son démantèlement. Sans ces trois choses, les Israéliens ne vivraient pas dans une entité qui est devenue « le lieu le plus dangereux au monde pour les Juifs. »
Retirez tout le discours et tout le vernis de la propagande, et vous réalisez rapidement qu’Israël n’a même pas les bases d’un Etat normal. Après 64 ans, il n’a pas de frontières. Après six décennies, il n’a jamais été plus isolé. Plus d’un demi-siècle plus tard, et il a besoin d’une armée gigantesque simplement pour empêcher les Palestiniens de rentrer chez eux à pied.
Israël est une expérience ratée. Il est sous assistance respiratoire – débranchez ces trois tubes et il est mort, ne survivant que dans l’esprit de quelques étrangers qui se sont gravement fourvoyés en pensant qu’ils pouvaient réussir le casse du siècle.
La chose la plus importante que nous pouvons faire dans l’optique d’un seul État est de nous débarrasser rapidement du vieux langage. Rien n’était vrai de toute façon - ce n’était que le langage employé dans un « jeu » particulier. Développons un nouveau vocabulaire de possibilités - le nouvel Etat sera la naissance de la grande réconciliation de l’humanité. Musulmans, chrétiens et juifs vivront ensemble en Palestine comme ils le faisaient auparavant.
Les détracteurs peuvent aller se faire voir ailleurs. Notre patience s’amenuise comme la toile des tentes dans les camps de purgatoire où vivent les Palestiniens depuis trois générations.
Ces réfugiés exploités de tous parts ont droit à ces beaux appartements - ceux qui ont des piscines au rez-de-chaussée et un bosquet de palmiers à l’extérieur du hall d’entrée. Parce que l’indemnité qui leur est due pour cette expérience occidentale ratée sera toujours insuffisante.
Et non, personne ne hait les Juifs. C’est l’argument de dernier recours qu’on nous hurle aux oreilles – le dernier « pare-feu » pour protéger ce Frankenstein israélien. Ca ne m’intéresse même plus d’insérer les mises en garde habituelles censées prouver que je ne hais pas les Juifs. C’est impossible à prouver et franchement, l’argument n’est qu’un alibi. Si les Juifs qui n’ont pas vécu l’Holocauste en ressentent encore la douleur, qu’ils s’arrangent avec les Allemands. Qu’ils exigent une portion importante de terres en Allemagne - et bonne chance à eux.
Quant aux antisémites qui salivent sur un article qui s’en prend à Israël, allez faire un tour ailleurs - vous faites partie de la cause qui a provoqué ce problème.
Les Israéliens qui ne voudront pas partager la Palestine comme des citoyens égaux avec la population palestinienne indigène - ceux qui ne voudront pas renoncer à ce qu’ils ont demandé aux Palestiniens de renoncer il y a 64 ans - pourront prendre leur deuxième passeport et rentrer chez eux. Ceux qui resteront feront mieux d’adopter une attitude positive - les Palestiniens ont montré leur capacité à pardonner. Le niveau du carnage qu’ils ont subi de la part de leurs oppresseurs - sans riposte comparable - démontre une retenue et une foi remarquables.
Ce sera moins la mort d’un Etat juif que la disparition des derniers vestiges du colonialisme moderne. Ce ne sera qu’un rite de passage – tout se passera très bien. A ce stade particulier du 21e siècle, nous sommes tous, universellement, des Palestiniens – et corriger cette injustice constituera un test de notre humanité collective, et personne n’a le droit de rester les bras croisés.
Israël n’a pas le droit d’exister. Brisez cette barrière mentale et dites-le : « Israël n’a pas le droit d’exister ». Savourez-le, tweetez-le, postez-le sur Facebook – et faites-le sans y réfléchir à deux fois. La délégitimation est là – n’ayez pas peur.
La Palestine sera moins douloureuse qu’Israël ne l’a jamais été.
Source : Le Grand Soir