Hervé  de Charette a été ministre des affaires étrangères en 1995-1996, alors  que Jacques Chirac était président de la République et Alain Juppé  premier ministre. Il a joué un rôle actif et positif au moment de  l’agression israélienne contre le Sud-Liban au printemps 1996 (le  premier ministre était alors Shimon Peres). Envoyé par le président, de  Charette séjourne dans la région pendant près de deux semaines,  obtenant, malgré les réticences américaines et israéliennes, la mise sur  pied d’un groupe de surveillance du cessez-le-feu auquel sont associés  la Syrie, Israël, le Liban, les Etats-Unis et la France.
Député, Hervé de Charette a quitté l’UMP en décembre 2009 et a  rejoint le Nouveau Centre. Le 24 mars 2010, lors des questions au  gouvernement, il est intervenu sur la question palestinienne :
« Monsieur le ministre des affaires étrangères, dites-nous jusqu’à  quand l’Europe, et avec elle la France, va continuer de supporter sans  réagir la politique réactionnaire du Gouvernement israélien à l’égard du  peuple palestinien. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)  Le Gouvernement israélien décide de construire 1 600 nouveaux  logements dans la partie arabe de Jérusalem, qu’Israël occupe depuis  quarante ans sans aucun droit. Que fait l’Europe ? Rien. »
« La malheureuse population de Gaza est enfermée dans une vaste  prison à ciel ouvert où des milliers de familles sont livrées à la  misère, au milieu des ruines laissées par la guerre déclenchée par  l’armée israélienne. Que fait l’Europe ? Rien. »
« La colonisation se poursuit inlassablement en Cisjordanie. Que  dit l’Europe ? Rien. Des milliers de Palestiniens sont détenus dans les  prisons et les camps israéliens sans jugement et sans droit. Que dit  l’Europe ? Rien. Toujours rien. »
« Monsieur le ministre, les provocations récentes du Premier  ministre israélien, son intention délibérée de rendre impossible quelque  négociation que ce soit avec les dirigeants palestiniens, ont atteint  un niveau qu’on avait sans doute jamais connu dans le passé. Tous dans  cette assemblée, nous souhaitons pour Israël un avenir de paix, de  sécurité et de prospérité, mais nous sommes nombreux à refuser de  sacrifier le peuple palestinien à l’intolérance et à l’aveuglement du  gouvernement israélien d’aujourd’hui. »
« Plus encore qu’au ministre des affaires étrangères, je m’adresse  au French Doctor qui s’est toujours intéressé aux droits de l’homme  dans le monde. (Exclamations.) Je vous en supplie : entendez  l’appel de la Palestine, qui depuis des années, subit l’injustice de  l’Histoire. (Applaudissements.) »
La réponse du ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner est  désarmante.
« Monsieur de Charette, j’ai bien entendu votre éloquent constat.  Permettez-moi de le juger un peu excessif. (Protestations sur les  bancs du groupe SRC.) Vous ne proposez pas plus d’action que vous ne  dénoncez l’inaction. Permettez-moi de vous dire que si nous sommes  d’accord, hélas, sur tous les points que vous avez cités, qu’il s’agisse  de la poursuite de la colonisation ou la situation insupportable à  Gaza, vous ne pouvez pas dire que l’Europe ne fait rien. »
« Que peut-on faire alors que tous les jours, à toutes les  réunions, non seulement nous dénonçons mais nous proposons également.  Nous avons, à partir de la conférence de Paris, mis au point avec Salam  Fayad, Premier ministre palestinien, des projets qui se poursuivent jour  après jour. La situation a changé en Cisjordanie, même si elle est  encore extrêmement difficile. La situation ne change pas à Gaza, et nous  le dénonçons. Le Président de la République a prononcé les mêmes mots à  la Knesset et à Ramallah : nous n’avons jamais accepté l’annexion de  Jérusalem Est, nous n’avons jamais accepté la poursuite de la  colonisation, nous avons fortement dénoncé la construction de 1 200  appartements annoncée au moment de la visite du Vice-Président américain  Joe Biden. »
« Nous poursuivons ces efforts, et nous essayons d’être présents  sur place. Que pouvons-nous faire d’autre, dites-le moi ? »
M. Roland Muzeau (député communiste). « Agissez sur les accords de  coopération ! »
M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères. « Avez-vous  une idée sur ce que nous pourrions opposer pour être efficace ? Nous  n’en avons pas beaucoup, alors nous faisons, et l’Europe avec nous,  beaucoup de choses. Ne soyez pas injuste. »
A part des déclarations, non seulement le gouvernement français ne  fait rien, mais il développe les relations bilatérales avec Israël sur  tous les plans, indépendamment de ce qui se passe dans les territoires  occupés, sans même obtenir la moindre reconnaissance de Tel-Aviv (lire  « Tel-Aviv piétine ses alliés », Le  Monde diplomatique, avril 2010).
Alors, comme le suggère le député Roland Muzeau, le gouvernement  français pourrait demander la suspension de l’accord d’association liant  Israël à l’Union européenne. Les violations permanentes des droits de  la personne en Palestine sont un motif suffisant, comme le prévoit  l’article 2 de cet accord (lire Isabelle Avran, « Atermoiements de l’Union européenne face  à Israël », La valise diplomatique, jeudi 25 juin 2009).
Et comme M. Bernard Kouchner semble à court d’idées, en voici trois  qui démontreraient que la France refuse dans les faits la colonisation,  qui est une violation du droit international, et qui mérite donc une  riposte.
D’abord, et ce serait seulement se conformer au droit et aux  décisions de l’Union européenne, lancer une campagne pour tracer  l’origine des produits israéliens exportés en France et interdire (pas  seulement taxer) les produits des colonies.
Ensuite, affirmer que l’installation de colons dans les territoires  occupés n’est pas acceptable et que ceux-ci devraient donc être soumis à  une demande de visa s’ils désirent se rendre en France, une mesure  facile à mettre en œuvre à partir des adresses des individus désirant  visiter notre pays.
Enfin, proclamer que des citoyens français qui effectuent leur  service militaire en Israël ne sont pas autorisés à servir dans les  territoires occupés. Leur participation aux actions d’une armée  d’occupation pourrait entraîner des poursuites judiciaires.
Ces trois mesures démontreraient au gouvernement israélien, ainsi  qu’à la population israélienne, que la colonisation a un prix...
http://blog.mondediplo.net/2010-04-06-Trois-suggestions-a-Bernard-Kouchner 
 
 


 
            
            
            
            
            
            
            
            
           