En 2005, une coalition de groupes de la société civile  palestinienne a appelé les gens du monde entier à s’engager dans une  campagne non-violente pour boycotter, désinvestir de et sanctionner  Israël jusqu’à ce qu’il se conforme à la loi internationale. L’appel  était inspiré par les initiatives internationales de boycott et de  désinvestissement appliquées à l’Afrique du Sud dans la lutte pour  abolir l’apartheid. Nous accueillons un débat entre Omar Barghouti, un  membre fondateur de la campagne BDS et un commentateur et militant des  droits humains palestiniens, et le rabbin Arthur Waskow, depuis  longtemps militant anti guerre et pour les droits civils, fondateur et  directeur du Shalom Center.         
                    Invités :
 
 Omar Barghouti
Omar Barghouti, membre  fondateur de la 
campagne  BDS et militant et commentateur palestinien des droits humains.  
  
  
 
 Rabbin Arthur Waskow
Rabbin Arthur Waskow,  depuis longtemps militant anti guerre et pour les droits civils,  fondateur et directeur du 
Shalom Center.
 
  
 
Juan Gonzalez : Des  négociations indirectes entre les dirigeants Israéliens et Palestiniens  doivent commencer au début de la semaine prochaine alors que l’envoyé  des États-Unis au Moyen-Orient George Mitchell retourne dans la région.  La ligue Arabe a accepté de soutenir la proposition étasunienne de  quatre mois de discussions indirectes.
 
Alors que beaucoup d’observateurs sont sceptiques sur le  succès de ces discussions dites de proximité, quand des années de  négociations directes ont échoué à produire une paix équitable et  durable, pendant ce temps la société civile palestinienne et les  militants de la solidarité internationale utilisent des tactiques très  différentes pour pousser à une juste résolution du conflit.
 
En 2005, une coalition de groupes palestiniens de la  société civile a appelé les gens du monde entier à s’engager dans une  campagne non-violente pour boycotter, désinvestir de et sanctionner  Israël jusqu’à ce que il se conforme à la loi internationale. Inspiré  par les initiatives de boycott et de désinvestissement appliquées à  l’Afrique du Sud dans la lutte pour abolir l’apartheid, le nouveau  mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, en bref BDS, était  né.
Amy Goodman : Cette  semaine marque de ce que beaucoup d’activistes du BDS appellent « la  semaine de l’apartheid israélien ». Lancée d’abord à l’université de  Toronto en 2005, elle comprend maintenant des événements dans les campus  universitaires de plus de 40 villes autour du monde.
 
Plusieurs responsables Israéliens et des organisations  juives de la diaspora ont critiqué les événements, et un rapport récent  d’un think-tank israélien met l’accent sur le mouvement BDS comme une  partie d’un « réseau de délégitimation » qu’Israël devrait traiter comme  une « menace existentielle potentielle ».
 
Eh bien aujourd’hui nous allons accueillir un débat sur  le mouvement BDS, l’appel à boycotter, désinvestir de et sanctionner  Israël. Omar Barghouti est un membre fondateur de la campagne BDS. Il  est militant des droits humains palestiniens et commentateur. Il se  joint à nous depuis Berkeley, Californie. Et pour une position anti-BDS,  nous sommes rejoints depuis Philadelphie par le rabbin Arthur Waskow,  un militant anti guerre et des droits civils de longue date, fondateur  et directeur du Shalom Center, 
http://wwwtheshalomcenter.org.
Nous vous accueillons tous les deux à Democracy Now !  Omar Barghouti, ne voulez-vous pas expliquer pourquoi vous avez établi  la campagne BDS, pourquoi vous voulez que les gens boycottent,  désinvestissent et sanctionnent Israël ?
 
Omar Barghouti : La  campagne boycott, désinvestissements et sanctions, ou BDS, est un appel  de la société civile palestinienne. Il est soutenu par presque toute la  société civile palestinienne, les forces politiques, O.N.G.,  organisations de femmes, syndicats, etc.
 
Il appelle les personnes de conscience autour du monde à  boycotter Israël et les institutions complices d’Israël, y compris les  compagnies, etc., à cause de son système d’oppression à trois niveaux  contre le peuple palestinien : son occupation, en 1967, de la  Cisjordanie, de Gaza et ceci inclut Jérusalem Est ; ainsi que son  système de discrimination raciale contre ses citoyens non juifs, les  citoyens Palestiniens d’Israël ; et le troisième et plus éminent est son  refus du droit au retour des réfugiés, les réfugiés Palestiniens, en  accord avec la résolution 194 de l’ONU. Alors, ces trois formes  d’injustices sont exactement ce que nous visons. Nous visons Israël par  ce que nous voulons mettre fin à son impunité, et nous voulons mettre  fin à la complicité du monde avec ce système d’injustice.
Juan Gonzalez : Et, Rabbin  Arthur Waskow, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous pensez que  c’est une fausse approche du problème ?
 
Rabbin Arthur Waskow :  Alors, permettez-moi d’abord de dire shalom et salam et la paix sur  vous, Amy et Juan, et à M. Barghouti, et de dire, pour commencer, que  dans un sens je pense que la question oui ou non au BDS est la mauvaise  question. La bonne question est, comment est-ce que nous parvenons à  finir l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Gaza, et du blocus  de Gaza, et de Jérusalem Est ? Et il me semble que si on pose la  question de cette façon, le BDS devient en réalité inefficace et, à  certains égards, une manière antiéthique d’y arriver, et le changement  majeur qui doit arriver est un changement profond des actions du  gouvernement des USA, et il y avait des indices de cela, plus que des  indices, dans la rhétorique du président Obama, mais un échec total de  traduire en politique la rhétorique du discours du Caire et un certain  travail depuis.
La vraie question est, les Etats-Unis peuvent-ils - ils  le peuvent, c’est sûr - les Etats-Unis utiliseront-ils leur énorme  influence et pouvoir pour mettre fin à l’occupation, pour finir l’état  de guerre entre Israël et le monde arabe entier à l’exception de  l’Égypte et la Jordanie ? Les Etats-Unis peuvent-ils parvenir à un  traité de paix complet entre un nouvel État de Palestine, l’État  d’Israël et les états arabes ? Les états arabes ont, en réalité, proposé  cela. Le gouvernement israélien et le dernier gouvernement US,  l’administration Bush, ont complètement ignoré la proposition. Il y a  des indications que c’est ce que l’administration Obama veut  occasionner.
 
Mais ceci n’aura pas lieu à moins qu’il y ait un  mouvement public dans la société américaine pour l’exiger. Sinon ça  n’aura pas lieu. Et quand je pose la question, alors qu’elle est le  moyen le plus efficace pour y parvenir, il me semble qu’une alliance  entre les trois groupes de gens en Amérique qui sont passionnément  intéressés par les peuples du Moyen-Orient - les Musulmans, les  Chrétiens sérieux et les Juifs sérieux - une alliance de ceux de ces  trois camps qui sont engagés pour la paix est maintenant possible. Dans  la communauté juive, il y a maintenant des organisations et des  engagements et des êtres humains prêts à agir sur cela, même si la  structure classique, formelle, institutionnelle du système  institutionnel juif établi ne le fait pas. Mais les juifs oui, et parmi  des musulmans et parmi la plupart des protestants et des chrétiens  catholiques — par certains des fondamentalistes chrétiens de droite,  mais le reste de la communauté chrétienne. Mais ils ne se sont pas du  tout unis pour que cela ait lieu. Et c’est ce qui doit avoir lieu.
Ce sont les raisons qui me font penser que le BDS est  une fausse approche. Et je vais aborder ces —
 
Omar Barghouti : Est-ce  que je peux interrompre ?
 
Rabbin Arthur Waskow : —  mais je voudrais indiquer que je pense qu’il est un autre moyen d’y  parvenir.
 
Amy Goodman : Avant  qu’Omar Barghouti réponde, j’aimerais rester avec vous, rabbin Waskow.  Vous avez soutenu le mouvement anti-apartheid. Vous avez soutenu le  mouvement de désinvestissement et de sanctions contre l’Afrique du Sud.  Mais vous appelez le mouvement BDS contre Israël, comme vous venez juste  de dire, peut-être anti-éthique. Quel est pour vous la différence ?
 
Rabbin Arthur Waskow : Eh  bien, une différence majeure est une différence stratégique. L’énorme  soutien au régime d’apartheid d’Afrique du Sud ne venait pas de sources  gouvernementales. Elle venait de banques privées. J’ai fait un sit-in à  la banque Chase Manhattan en 1965 pour demander qu’elle cesse ses prêts  au gouvernement d’apartheid. Dans la situation actuelle, l’énorme  soutien économique ne vient pas des banques privées et de l’industrie.  Il y en a, mais ce n’est pas le gros soutien. Le gros soutien vient du  gouvernement des États-Unis. C’est complètement différent de la  situation sud-africaine. Si vous appliquez le genre de question de base  de l’Afrique du Sud, comment allez-vous changer les relations  économiques, avec le comportement injuste du gouvernement israélien  maintenant et le comportement injuste et violent et vil à l’occasion de  certains leaders Palestiniens ? Comment changez-vous ça ? C’est le  gouvernement des États-Unis que vous devez viser, pas l’industrie privée  ou le commerce privé. Alors c’est une vraie grosse différence  simplement au niveau stratégique et tactique.
Éthiquement, le problème est qu’il y a une vraie société  israélienne avec une sous-structure appréciable : culture, économie,  mode de vie, la renaissance de l’hébreu, la création de romans, etc.,  etc. L’ennui avec le BDS, les sanctions et boycotts tous azimuts et tout  ça vis-à-vis d’Israël, c’est que ça diabolise la société israélienne.  Ca ne dit pas qu’il y a un gouvernement israélien qui se comporte mal,  et par conséquent nous devons exercer une pression sur le gouvernement  israélien, tout comme, au passage, et pas tellement au passage, les gens  qui ont fait le voyage de la liberté de Gaza ont découvert qu’arrivés à  Gaza, Hamas a agi de manière injuste et répressive envers eux. Il ne  voulait pas qu’ils prennent contact avec les Palestiniens de Gaza, les  vrais gens des rues. Aussi ce n’est pas seulement la diabolisation d’un  peuple entier et la sanctification d’un autre peuple. Le gouvernement  israélien, de manière écrasante, certains leaders palestiniens, moins  fortement parce qu’ils ont moins de pouvoir, agissent injustement et  oppressivement. C’est là que l’accent doit être placé. Le BDS diabolise  toute une société.
Juan Gonzalez : Omar  Barghouti, que dites-vous de la question numéro un, sur la campagne  diabolisant une société tout entière ? Et aussi, si vous pouvez parler  des similarités que vous voyez entre la campagne de boycott  antiapartheid et celle-ci, particulièrement dans la situation où les  Etats, les Etats existant dans le monde, étaient incapables de remédier à  la situation en Afrique du Sud ou à la situation actuelle au  Moyen-Orient ?
 
Omar Barghouti : OK, il y a  des similarités évidentes, mais ce n’est pas seulement sur les  similarités entre le système colonial et d’apartheid israélien et le  système d’apartheid sud-africain. C’est sur la question de savoir si  Israël pratique effectivement l’apartheid et un régime colonial contre  les indigènes Palestiniens. Et c’est le cas. Et c’est le cas d’après la  convention de l’ONU sur la suppression du crime d’apartheid. Nous  n’avons pas à prouver qu’Israël est identique à l’Afrique du Sud pour  prouver qu’Israël pratique l’apartheid. Nous disons qu’il se conforme à  la définition par l’ONU du système d’apartheid.
Qu’est-ce que nous voulons dire par cela ? À l’intérieur  même d’Israël — oubliez les territoires palestiniens occupés en 1967 —  dans Israël, il y a deux systèmes de lois : un qui s’applique à ses  citoyens Juifs, qui sont aussi des nationaux, et un autre qui s’applique  aux citoyens non-juifs. Ainsi il y a une claire discrimination. Même le  département d’État des USA, dans ses rapports annuels sur les droits  humains, accuse Israël de discrimination institutionnalisée légale et  sociétale contre les citoyens Palestiniens arabes de l’État d’Israël.
 
Alors, comment mettons-nous fin à l’occupation, à  l’apartheid et au déni des droits des réfugiés ? C’est par le boycott,  le désinvestissement et les sanctions comme outil de puissance qui  permet aux masses, au mouvement social d’agir pour changer la politique  des USA, exactement comme nous vous avons fait — et j’étais dans le  mouvement antiapartheid dans le cas sud-africain — comme nous avons fait  contre l’apartheid sud-africain.
 
Bien sûr il y a une complicité des gouvernements  occidentaux, mais c’était aussi le cas pour l’apartheid sud-africain, et  les compagnies et les institutions. Le moyen le plus important pour  remettre en cause ce système de complicité et pour remettre en cause  l’impunité et l’exceptionnalisme d’Israël — Israël est mis sur un  piédestal, et il n’est pas traité comme le reste du monde quand il  s’agit de ses violations des droits humains et de la loi internationale —  nous devons l’abattre de ce piédestal et le traiter comme n’importe  quel autre offenseur, n’importe quel autre système qui crée de telles  injustices. Il ne s’agit pas de diaboliser Israël comme dans une expression  abstraite. Ce que le BDS délégitime, c’est le racisme, l’apartheid et le  régime colonial, exactement ce que le BDS délégitimait dans le cas  sud-africain. Il ne délégitimait pas les blancs ou les Chrétiens, il  délégitimait l’apartheid. C’est aussi ce contre quoi nous sommes. Nous  ne sommes jamais venus et n’avons jamais dit que nous étions contre tel  ou tel groupe de gens sur la base de leur identité. Nous sommes contre  l’apartheid et le colonialisme israélien. Ce serait rigoureusement  pareil qu’Israël soit un État juif, catholique ou musulman. Tant qu’il  nous opprime, nous continuerons à lui résister.
Et le BDS est une forme de résistance très efficace et  non violente. Il s’accroit énormément. Personne ne peut parler de la  part des Juifs du monde, comme s’ils étaient tous dans le même panier.  Je pense que c’est complètement inapproprié. Il y a beaucoup de groupes  juifs qui soutiennent le mouvement BDS, y compris à l’intérieur  d’Israël, y compris dans ce pays. Et de plus en plus en Europe de  l’Ouest, de nombreux groupes juifs rejoignent le mouvement BDS, parce  qu’ils le considèrent comme un mouvement très cohérent moralement. Il  est basé sur la loi internationale et sur les droits humains universels.  Il ne fait pas de distinction entre les gens selon leur identité comme  le fait le système israélien.
 
En second lieu, l’État israélien n’est pas seul dans le  vide. Il est complètement soutenu par les institutions de l’État  d’Israël, y compris les institutions universitaires et culturelles.  Aucune dose de pub, de groupes de danse, de musique et de poésie ne peut  masquer le système colonial et d’apartheid d’Israël. Cet effort de  changement d’image est précisément anti-éthique, parce qu’il essaie de  blanchir ce système d’oppression.
 
Et le dernier point que je veux mentionner, c’est que  c’est un moment très opportun pour débattre de cela, au moment où les  étudiants de l’université de Californie se battent contre l’incroyable  augmentation des frais d’inscription et contre la privatisation, pour  ainsi dire de par l’arrière, de l’éducation supérieure dans ce pays.  Pourquoi l’université de Californie devrait-elle augmenter les droits  d’entrée de 32 % alors qu’Israël reçoit des États-Unis plus de 5,6  milliards de dollars annuels d’aide militaire et d’autres formes  d’aide ? Pourquoi Israël, un système colonial et d’apartheid,  continue-t-il de recevoir cet énorme subside, des dizaines de milliards  de dollars au cours des années d’occupation et d’apartheid, tandis que  le système de santé, d’éducation et l’infrastructure de ce pays  s’effondrent et que l’éducation, l’éducation supérieure, devient à  nouveau un privilège du riche ? L’éducation devrait être disponible pour  tous. Et pour cela nous devons vraiment demander où sont les priorités  des financements des USA.
Amy Goodman : Omar  Barghouti, que dites-vous du point du rabbin Waskow, qu’il est moins  important de viser Israël, que les États-Unis sont le vrai pouvoir dans  cette situation avec son énorme soutien pour Israël ? Et aussi, dans  votre mouvement BDS, quelles compagnies viseriez-vous ?
 
Omar Barghouti : OK. Mais  précisément parce que ce sont les USA qui sponsorisent l’oppression et  l’apartheid israélien, nous essayons effectivement de changer la  politique des USA. La question est comment y parvenir. Nous avons le  précédent sud-africain, une très bonne leçon à étudier, que c’est la  manière de changer la politique aux USA. Pas en mendiant. Pas en  écrivant des lettres à Obama qu’il ignorerait. C’est par le mouvement de  masse, le mouvement social à la base, les étudiants, les églises, les  syndicats, les groupes de femmes et féministes, etc., tous agissant  ensemble sur une plate-forme antiraciste, progressiste et qui veut la  fin de l’injustice.
Rabbin Arthur Waskow : Je  suis d’accord avec ça, mais la question est : le BDS est-il le moyen de  mettre ensemble ce mouvement social.
 
Omar Barghouti : Je le  pense — je pense — je pense que c’est la question. Que nous devons agir à  partir de la base jusqu’aux pressions et aux changements.
 
Les compagnies — votre deuxième question est quelles  compagnies visons-nous dans le mouvement BDS. Ceci varie. Le BDS n’est  pas une taille unique pour habiller tout le monde. Il dépend du  contexte. Dans chaque situation, nous visons des compagnies complices de  l’apartheid et de l’occupation israélienne pour lesquels nous pouvons  gagner dans notre combat. Ainsi aux USA, beaucoup de compagnies  militaires américaines sont visées. En Suède, une compagnie française a  été visée. En Grande-Bretagne — et ainsi de suite. Ce sont les  compagnies israéliennes de même que les compagnies internationales qui  sont complices de l’apartheid et de l’occupation israélienne.
Amy Goodman : Rabbi  Waskow, votre réponse ?
Rabbin Arthur Waskow : Eh  bien, avant tout, il est intéressant que M. Barghouti mette l’accent sur  l’aide militaire certainement déraisonnable que les États-Unis donnent à  Israël — et, d’ailleurs, aussi à l’Égypte — comme étant le problème  pour l’université de Californie, alors qu’en fait 10 ou 20 ou 30 fois  cette quantité d’argent est dépensée dans la guerre en Irak et en  Afghanistan. Les gigantesques quantités d’argent qui devraient aller aux  écoles, aux universités et à l’infrastructure américaine devraient  venir de là. Et selon ce standard, c’est presque — une goutte dangereuse  et toxique dans le seau, mais c’est une goutte dans le seau — l’aide à  Israël et à l’Égypte, avec l’aide militaire pour eux. La grande question  de la société américaine devrait être la distorsion écrasante impliquée  dans les guerres massives en Afghanistan et en Irak et l’armée  américaine congestionnée à part et à côté de ces guerres.
 
Mais en deuxième lieu —
 
Omar Barghouti : C’est le  même programme.
 
Rabbin Arthur Waskow : -  la question est, effectivement, comment créer vous un mouvement de  masse ? Comment créer tout un mouvement social ? Et je pense que ce qui  doit se produire, c’est ce que j’ai dit. Les mosquées, les églises, les  synagogues et, oui, les féministes et les étudiants etc., devraient se  réunir et exiger que le gouvernement des États-Unis insiste sur  l’indépendance palestinienne, en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est,  tout cela, approximativement dans les frontières de 1967, et pour un  traité de paix total pour Israël avec les états arabes. Ceci est une  demande éthique. Elle ne diabolise personne. Elle met fin à l’oppression  de l’occupation. Elle met fin au danger -
Omar Barghouti : Mais vous  ignorez la majorité des Palestiniens.
Juan Gonzalez : Euh-
Omar Barghouti : Vous  ignorez la majorité des Palestiniens.
Rabbin Arthur Waskow :  Non, ça n’ignore pas la majorité des-
Juan Gonzalez : J’aimerais  demander au rabbin Waskow, la question de — Israël est évidemment  ennuyé par cette campagne de délégitimation, et un des think-tank  israélien, Reut, a publié toute une analyse et une stratégie pour le  combattre. Et il a parlé du fait que généralement Israël s’est concentré  sur les relations d’État à État pour parvenir à ses fins. Ici, aux  États-Unis, vous dites que nous devrions nous focaliser, ou que les gens  devraient se focaliser sur un changement de la politique du  gouvernement. Mais est-ce que le fait que aussi bien les partis  Démocrates que Républicains, virtuellement toutes les directions des  deux partis se sont alignées pendant des décennies derrière la politique  israélienne, n’indique-t-il pas que peut-être une direction différente,  une approche par la société civile, comme celle représentée par la  campagne BDS, est un nouveau moyen d’avancer et que c’est précisément le  fait que c’est un mouvement non étatique qui se développe sous le BDS  qui gêne par son efficacité certains segments de la société  israélienne ?
Rabbin Arthur Waskow :  Non, ce n’est pas la raison. Ça les dérange parce qu’il y a de  l’organisation en cours. Je vous assure que si, dans les villes, les  mosquées, les églises et les synagogues américaines, ensemble, disaient  « nous allons exiger que nos membres du congrès insistent — et le  président — insiste sur un traité de paix complet pour un État  palestinien indépendant, côte à côte avec Israël, et sur un traité de  paix complet avec le reste du monde arabe », que le gouvernement  israélien — l’actuel — aurait beaucoup plus peur, et que le peuple  israélien s’exciterait à l’idée que enfin, enfin, un traité de paix  mettant fin aux pressions sur Israël, avec pour seule compensation — et  pour beaucoup d’Israéliens ce serait une bonne compensation — de se  retirer de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est.
 
Et dans la communauté juive américaine, qui a été  hostile à toute sorte d’arrangement que le gouvernement israélien  n’aimerait pas, une telle approche, incluant un traité de paix complet  pour Israël, ainsi qu’un traité de paix complet avec la Palestine, ceci  serait attractif pour une proportion énorme de la communauté juive  américaine. Les organisations ne le soutenons pas s’aligneraient ou  s’effondreraient à la suite. C’est le social — je suis d’accord sur la  nécessité du mouvement social, mais ça ne va pas réussir par le BDS. Ça  va être en visant la cible la plus importante —
Omar Barghouti : Mais  c’est en cours.
Rabbin Arthur Waskow : -le  gouvernement des États-Unis.
Omar Barghouti : Mais  c’est en cours.
Juan Gonzalez : Omar  Barghouti, votre réponse ?
Omar Barghouti : Oui, eh  bien d’abord, c’est en cours. Je veux dire, le rabbin nie que c’est en  cours. En vérité le BDS s’étend considérablement. Nous avons un  important soutien de grands syndicats en Grande-Bretagne, Norvège,  Espagne, France, Italie et beaucoup, beaucoup de pays, Canada bien sûr.  Et il entre de plus en plus aux États-Unis, plus lentement que dans le  reste du monde occidental, mais c’est en cours. Il y a un énorme  mouvement de soutien aux BDS qui inclut plusieurs groupes juifs, et  c’est ignoré. Il y a un nombre disproportionné de Juifs, — de citoyens  de conscience juive des pays occidentaux qui ne sont pas seulement  actifs, mais qui mènent certains mouvements BDS dans le monde  occidental.
 
Mais encore une fois, revenons à la question. Il ne  s’agit pas seulement de finir l’occupation. Il y a trois droits  élémentaires pour le peuple palestinien. Il se trouve que la majorité  des Palestiniens ne sont pas dans les territoires palestiniens occupés ;  il se trouve que ce sont des réfugiés, nettoyés ethniquement pendant la  création de l’État d’Israël en et après 1948. Ils sont complètement  ignorés en adressant — en réduisant les droits palestiniens à  l’autodétermination à la seule fin de l’occupation. Ceci est tout  simplement inacceptable. Nous devons considérer l’apartheid et  israélien, le système de discrimination raciale, et nous devons  considérer les droits des réfugiés sanctionnés par l’ONU.
Mais la question la plus critique à adresser maintenant —  maintenant, pas stratégiquement — est la fin du siège de Gaza. Il y a  un siège criminel de Gaza. Le rapport Goldstone, le rapporteur de l’ONU  pour les droits humains, tous décrivent les crimes de guerre commis par  Israël à Gaza. Et le siège est certainement une grosse punition  collective, ce qui est un crime contre l’humanité. Les gens meurent. Les  gens réels meurent. Ce n’est pas une notion abstraite. Le siège doit  cesser.
 
Ainsi, nous arrivons au stade où Israël commet des actes  de génocide au ralenti contre 1,5 millions de Palestiniens à Gaza.  C’est extrêmement critique, et ceci exige des personnes de conscience  autour du monde d’agir, et d’agir très efficacement. Et le mouvement BDS  offre un outil puissant, non-violent par lequel ils peuvent avoir un  impact sur la politique aux USA, dans le monde occidental, et  certainement en Israël.
Amy Goodman : Avez-vous le  sentiment, rabbin Arthur Waskow-
Rabbin Arthur Waskow : Eh  bien, je suis d’accord que le-
Amy Goodman : -Y a-t-il un  point — rabbin Waskow, y a-t-il un point où vous soutiendriez — un  point à partir duquel vous soutiendriez le BDS ? Qu’est-ce qui -  qu’est-ce qui selon vous doit être pire ?
 
Rabbin Arthur Waskow :  Non, ce n’est pas une question de ce qui doit devenir pire. La question  est comment mettre fin au pire. Et je ne pense pas que le BDS va y  mettre fin. Et si le BDS se répand en Europe occidentale, ça n’aura pas  d’importance. Ce sont les États-Unis qui ont le pouvoir réel de faire la  différence. Et le BDS ne va pas engager une part suffisante de la  population américaine pour compter. Ce qui va compter c’est la structure  de l’aide militaire américaine et la structure de la diplomatie  américaine vis-à-vis d’Israël, de l’Égypte et du monde arabe. C’est ce  qui compte. Et le BDS et l’Europe occidentale n’auront pas d’importance.  Alors ce n’est pas une question de ce qui empire, c’est une question de  comment stopper le pire. Et je répète, le — oui, il faut un mouvement  social. Il y a maintenant — dans la communauté juive —, il n’y a pas  seulement J Street qui a absorbé et donné force aux gens de Brit Tzedek  v’Shalom, il y a aussi un mouvement à l’intérieur du mouvement juif  réformé. Il y a un mouvement parmi les Juifs qui, en théorie, ne sont  pas affiliés, mais qui sont préoccupés par cette question, et qui ne se  sentent pas représentés par la plupart des institutions juives  américaines établies. C’est là que le changement doit assembler, et en  parallèle, il doit inclure les églises protestantes et catholiques, il  doit inclure l’islam en Amérique. Et le travailler ensemble, c’est ce  qui va faire la différence. Ce sont les seuls Américains, à part, je  suppose, ceux des compagnies pétrolières, qui sont se sentent concernés  par le Moyen-Orient.
Amy Goodman : Nous allons  devoir — nous allons devoir en rester là pour maintenant. Nous voulons  remercier le rabbin Arthur Waskow, fondateur et directeur du Shalom  Center, and Omar Barghouti, qui est un des membres fondateurs de la  campagne BDS, la campagne pour boycotter, désinvestir de et sanctionner  Israël.
 
Rabbin Arthur Waskow : Et  je veux terminer en répétant shalom and salaam et la paix sur nous tous.
Amy Goodman : Merci.