mercredi 5 août 2009

L'occupation enlève quinze Palestiniens en Cisjordanie

04/08/2009 Les forces d'occupation israélienne, qui se sont infiltrées, lundi, dans les villes et villages de la Cisjordanie, ont enlevé quinze Palestiniens.

Dans le village de Bilin, à l'ouest de Ramallah, l'occupation a enlevé huit personnes dont un activiste américain.

L'infiltration israélienne continuelle dans ce village vise à empêcher les marches de protestation contre la construction du mur d'apartheid sur les terres agricoles.

Deux autres personnes, ont également été arrêtées dans le village de Dar Salah à l'est de Bethléem, et plusieurs autres à Na

almanar.com

Oeil pour oeil

Khalid Amayreh jette un regard sévère sur ce sixième congrès du Fatah, tant attendu, tant annoncé et tant controversé qui doit se réunir à Bethléem.
4 AOÛT 2009

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne (AP) et chef du Fatah, a décidé de tenir le congrès le 4 août dans les territoires palestiniens occupés, malgré les sérieuses objections formulées par certains dirigeants importants du Fatah tels que le Secrétaire général du Comité central Farouk Kaddoumi. Toutefois, alors que les obstacles logistiques et autres entravant l’organisation du congrès ont été largement surmontés, les conditions de son succès demeurent incertaines.

Ce congrès sera le plus important de l’histoire du Fatah et devrait constituer un événement décisif qui déterminera la forme et le discours politique du principal mouvement politique palestinien pour de nombreuses années. En outre, l’issue du congrès aura un impact sur le processus politique avec Israël actuellement dans l’impasse.

Le congrès verra l’élection d’un nouveau leadership du Fatah, ce qui signifie que certains visages actuels du mouvement, hauts responsables inclus, seront soit réélus soit rejetés par les votes. De nouveaux visages seront mis en avant, ce qui pourrait avoir d’importantes ramifications sur le processus de paix, le conflit avec le Hamas et les troubles internes au Fatah.

Il n’empêche que plusieurs graves points d’interrogation planent sur le lieu du congrès. Par exemple : le Hamas autorisera-t-il pas moins de 400 dirigeants du Fatah de la Bande de Gaza à partir pour Bethléem ? Et si le Hamas les autorise effectivement à sortir, Israël leur garantira-t-il l’entrée en Cisjordanie ?

Cette semaine, les organisateurs de la conférence ont reçu de mauvaises nouvelles de Gaza. Mahmoud Al-Zahhar, dirigeant du Hamas, a dit au cours d’un sermon que les autorités islamiques à Gaza n’autoriseraient les délégués du Fatah à sortir que si le gouvernement de l’AP dominé par le Fatah à Ramallah acceptait de libérer tous les détenus politiques affiliés au Hamas et de fournir à Gaza des passeports, longtemps refusés aux Gazaouis en représailles à l’expulsion violente par le Hamas de milices du Fatah à l’été 2007. « Bonne action pour bonne action, et mauvaise action pour mauvaise action » a dit Al-Zahhar, s’adressant à des milliers de fidèles dans une mosquée du centre de Gaza.

Les 400 délégués du Fatah de Gaza représentent un poids numérique important dont la présence ou l’absence aura un impact fort sur les délibérations et sur l’issue du congrès.

En outre, on suppose généralement que beaucoup de ces délégués sont loyaux au camp Abbas. On peut donc affirmer sans risque qu’Abbas et ses alliés, en particulier l’ancien homme fort Mohammed Dahlan, seront près de perdre au cas où le Hamas persiste à refuser d’autoriser les délégués du Fatah à quitter Gaza.

Dans cette optique, le leadership du Fatah a demandé à l’Egypte de faire pression sur le Hamas pour qu’il autorise les délégués du Fatah à partir. Néanmoins il est peu probable que le Hamas fera des concessions gratuites au Fatah, spécialement avec quelque 900 partisans du Hamas toujours emprisonnés dans les geôles de l’AP. Certains détenus auraient été soumis à de graves tortures physiques et psychologiques, comme en a témoigné un journaliste de Kalkilya libéré de sa prison de l’AP le 26 juillet dernier, après cinq mois de détention sur l’accusation d’affiliation au Hamas.

En début de semaine, un ancien détenu du Hamas qui avait passé plusieurs mois dans les prisons de l’AP à Hébron, a été déclaré « cliniquement mort » au Centre Médical Roi Hussein à Amman. Kamal Tiema (45), a été libéré de sa détention AP il y a près de deux mois, après un grave infarctus qui serait la conséquence de tortures.

Certains responsables du Fatah sont restés défiants, mettant le Hamas en garde sur le fait que son « intransigeance » aurait de graves conséquences sur le dialogue Hamas-Fatah. Mais d’autres s’interrogent sur le sens de tenir le sixième congrès en l’absence des délégués Fatah de Gaza.

Outre le facteur Hamas, le succès de la conférence repose aussi sur l’arrivée en Cisjordanie et la participation au congrès de centaines de délégués du Fatah venus de la diaspora.

Jusqu’à présent, seul un éminent dirigeant du Fatah est arrivé en Cisjordanie pour le congrès. Il s’agit d’Abou Maher Ghoneim, souvent cité comme successeur possible de Mahmoud Abbas.

Trente autres délégués se préparaient à quitter Amman pour la Cisjordanie dans les prochains jours. Toutefois il n’est toujours pas certain qu’Israël les autorise tous à entrer en Cisjordanie. Mais des dizaines voire quelques centaines d’autres délégués sont susceptibles de boycotter le congrès ou d’être interdits d’entrée en Cisjordanie par Israël.

Ensuite il y a le facteur Kaddoumi, qui pourrait peser lourd sur le congrès. Début juillet, celui-ci a lancé une bombe au cours d’une conférence de presse improvisée à Amman, disant qu’il était en possession d’un document authentique montrant qu’Abbas et Dahlan étaient impliqués dans un complot israélien visant à empoisonner le défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat.

Abbas et Dahlan ont dédaigné ces révélations, accusant Kaddoumi de chercher à faire avorter le prochain congrès de Bethléem. Il n’empêche que les effets directs et secondaires de la bombe de Kaddoumi ne se sont pas encore dissipés, puisqu’un certain nombre de dirigeants du Fatah exigent qu’une « enquête sérieuse » sur les allégations de Kaddoumi soit réalisée par un « organisme neutre et crédible ». Une telle investigation en soi équivaudrait à un vote de défiance envers Abbas, qui ne permettra sans doute pas qu’elle ait lieu.

Selon des sources palestiniennes fiables, Kaddoumi a exprimé sa bonne volonté de conciliation avec Abbas si le chef de l’AP accepte de limoger Dahlan, de dissoudre le gouvernement de Salam Fayyad soutenu par les États-Unis et de mettre un terme à la campagne de quasi inquisition contre les dirigeants et les militants du Hamas en Cisjordanie.

De telles conditions ont peu de chances d’être acceptées par Abbas car ce faisant les relations de l’AP seraient sérieusement détériorées avec les USA, dont le soutien vital pour Abbas est directement lié à sa position anti-Hamas.

La question la plus conflictuelle dans le congrès de Bethléem est sans doute le processus de paix moribond avec Israël. Les leaders du Fatah sont déjà occupés à sanctionner les dirigeants de l’AP pour avoir été trop longtemps trompés par la duplicité et la corruption israéliennes, pendant qu’Israël accapare toujours plus de terres palestiniennes et construit toujours plus de colonies juives en territoire occupé.

Les observateurs palestiniens prédisent qu’il sera difficile à Abbas de vendre aux délégués, parmi lesquels beaucoup d’ex-prisonniers des geôles israéliennes, une « vision modérée » pour la paix, tout spécialement à la lumière de l’hostilité rancunière et de l’extrémisme agressif manifestés par le gouvernement israélien actuel.

Les observateurs attendent également la réaffirmation des constantes nationales palestiniennes de jadis : le retrait israélien total de Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est, et une solution juste à la détresse des réfugiés conformément à la Résolution 149 de l’ONU.

Khalid Amayreh
Ramallah, le 1er août 2009.


Khalid Amayreh (né en 1957 à Hébron) est un journaliste palestinien basé à Dura, le district d’Hébron. Il a fait ses diplômes universitaires aux États-Unis : BA en journalisme à l’Université de l’Oklahoma, 1982 ; maîtrise en journalisme de l’Université de Southern Illinois, 1983. Pendant longtemps, sa vie n’a pas été rendue facile par le fait qu’il a été en grande partie confiné par les pouvoirs à son village de Dura, près d’Hébron.

Sur son expérience de vie comme Palestinien, voir : “Reflections on the 1967-war anniversary”, palestine-info, 5 juin 2008.

Traduit de l’anglais par Marie Meert (04.08.2009) :
http://www.info-palestine.net/article.php3 ?id_article=7058

Article original en anglais (01.08.2009) :
http://www.xpis.ps/Uploadarticles/1162articles%20Eye%20for%20an%20eye.doc

Cet article a également été publié sur Al-Ahram Weekly


Al-Mouallem: Israël manque de bonne volonté politique pour l'instauration de la paix dans la région

04 Août 2009

Damas / M.Walid al-Mouallem, ministre des affaires étrangères, a examiné aujourd'hui avec M.Ivan Louis, ministre d'Etat pour les affaires du Moyen-Orient du ministère britannique des affaires étrangères, les relations de coopération entre les deux pays et les moyens de les approfondir dans les différents domaines.

Les deux parties ont discuté de la situation au Moyen-Orient, notamment en Irak, et des derniers développements du processus de paix.

M.al-Mouallem a affirmé l'existence d'un obstacle essentiel devant l'instauration de la paix dans la région consistant en le manque d'Israël de la volonté politique pour l'instauration de la paix, tout en critiquant vivement la politique qu'adopte Israël dans les territoires arabes occupés, représentée par la construction des colonies, la persistance du blocus injuste et le refus du retrait des territoires arabes occupés, dont le Golan syrien jusqu'à la ligne du 4 juin 1967.

De son côté, M.Louis a insisté sur l'importance de l'arrêt par Israël de la construction des colonies vu qu'elle s'oppose aux articles du droit international, tout en exprimant le plein appui de la Grande Bretagne à l'initiative arabe de paix.

M.Louis a affirmé le rôle important et central que joue la Syrie au processus de paix au Moyen-Orient.

Dans une déclaration faite aux journalistes au terme de cette rencontre, M.Louis a qualifié de "constructifs et francs" ses entretiens avec M.al-Mouallem, soulignant avoir abordé avec M.al-Mouallem les moyens de développer les relations entre la Syrie et la Grande Bretagne "la chose qui débouchera sur le renforcement des perspectives de paix et de stabilité dans la région".

M.Louis a exprimé la conviction quant à l'existence d'une opportunité "très importante" pour le règlement du conflit arabo-israélien "qui ne se fera que par l'instauration de la paix globale assurant la récupération du Golan syrien occupé, la solution des deux Etats et l'établissement d'un Etat palestinien viable.

Par ailleurs, dans un dialogue avec les journalistes au siège de l'ambassade britannique à Damas, M. Louis a indiqué avoir foi en la position importante et très influente de la Syrie dans le processus de paix au Moyen-Orient, exprimant l'espoir qu'Israël réponde favorablement et positivement aux impératifs du processus de paix présentés par le président américains Barak Obama.

Il a affirmé que son pays adopte une position permanente et franche à l'égard des colonies israéliennes qui sont illégales et du processus de paix qui exige l'arrêt de toutes les opérations d'implantation.

"Il est très important de vivre en paix globale et permanente et de voir la reprise des négociations entre la Syrie et Israël, étant donné qu'il est très clair que la récupération du Golan est une question très essentielle", a-t-il ajouté.

Le ministre britannique a indiqué que sa visite en Syrie a pour objectif principal de renforcer les relations bilatérales, affirmant la volonté de voir des relations plus fermes entre les deux pays dans un proche avenir dans les domaines du commerce, de l'économie, de l'change culturel, social et de l'enseignement.

Il s'est félicité du traitement positif de la Syrie avec l'Irak et sa stabilité et de sa contribution aux efforts visant à unifier le rang palestinien.

M. Louis a indiqué avoir mené des entretiens approfondis sur le partenariat syro-européen, exprimant l'espoir de signer cet accord pendant l'année en cours. Il a indiqué que son pays essaie de jouer un rôle positif dans ce domaine, surtout que ledit accord serait un point de transformation dans les relations entre l'Union européenne et la Syrie.

Il s'est déclaré heureux de visiter la Syrie, quelques semaines après son accession au poste de ministre d'Etat pour les Affaires du Moyen-Orient, précisant qu'il est très important que la Syrie soit le premier pays à visiter au début de mon travail vu son rôle axial et important en ce qui concerne les perspectives du processus de paix au Moyen-Orient.

Il a exprimé sa joie de visiter l'ancienne ville de Damas, la mosquée des Omeyyades, le palais Azem et le musée national qui sont tous des lieux très charmants.

R.Jorf / R. Bittar

sana.sy

Un Texan fou de Dieu cherche la manne pétrolière en Terre sainte

05/08/2009
John Brown, propriétaire de Zion Oil and Gas, se fonde sur des versets de la Bible pour repérer les sites où se cache l'or noir.

John Brown, un Texan qui se présente comme un « chrétien sioniste », est convaincu d'avoir été investi d'une mission divine : trouver du pétrole au pays du lait et du miel, Israël. Pour Brown, 69 ans, le doute n'est pas permis, le sous-sol israélien regorge d'or noir. D'ailleurs, soutient-il, la Bible fournit toutes les indications nécessaires pour repérer les sites où se cache ce trésor.
Debout devant sa plate-forme de forage haute de 45 mètres qui se dresse dans le centre d'Israël, ce Texan proclame que le pétrole coulera à flots dans quelques mois en Terre sainte. « Il n'y a pas de peut-être qui tienne, cela va arriver », affirme-t-il. Et il n'est pas le seul à y croire dur comme fer. Sa compagnie, Zion Oil and Gas, cotée à la Bourse de New York, a ainsi levé récemment 21 millions de dollars pour financer le projet.
Mais en Terre sainte, de nombreux sceptiques n'ont pas oublié le mot de Golda Meïr, une ancienne Premier ministre d'Israël et « dame de fer » locale, selon lequel Moïse avait mis 40 ans pour sortir les Hébreux du désert afin de les mener au « seul endroit au Proche-Orient où il n'y avait pas de pétrole ».
« Elle avait tort », rétorque John Brown en s'agrippant à la vieille Bible qu'il a toujours à portée de main, et de citer des versets du livre qui selon lui constituent des indices sur l'existence de sites pétroliers. Rassurant, il précise toutefois que sa compagnie, fondée en l'an 2000, ne s'est pas contentée de telles références. Elle a aussi mené des études approfondies. « Ce qui a débuté comme un acte de foi a été étayé avec des preuves sismiques et scientifiques », s'enflamme-t-il. « C'est la géologie qui confirme la théologie », ajoute ce Texan qui n'a pas d'expérience en matière de pétrole, mais qui s'est entouré de professionnels du secteur. Et la découverte, en janvier, d'un vaste champ gazier au large des côtes israéliennes l'a encouragé.
Des travailleurs turcs et des géologues israéliens travaillent 24 heures sur 24 à Maanit, le site de forage situé à une cinquantaine de km au nord de Tel-Aviv. Selon Zion Oil, des indications sur la présence d'hydrocarbures y ont été découvertes en 2005 dans une couche située entre 3 636 et 4 696 mètres, mais des problèmes mécaniques ont empêché d'autres tests. Les travaux ont repris en mai et les responsables de la compagnie espèrent parvenir à une profondeur de 5 450 mètres.
« Tout récemment encore, les gens se moquaient lorsqu'on leur disait que nous projetions de prospecter », se souvient Richard Rinberg, le PDG de Zion Oil. Selon les responsables de la compagnie, aucun champ pétrolier d'importance n'a été découvert en Israël parce que les travaux de prospection ne sont pas allés assez profond. Les travaux entrepris par Zion Oil coûtent entre 30 000 et 50 000 dollars par jour, selon John Brown. Sa compagnie enregistrée dans l'État du Delaware (est des États-Unis) dispose de deux licences de prospection en Israël, couvrant une superficie de 132 hectares.
Dans sa brochure de présentation, Zion Oil affirme que sa vocation « est d'aider Israël à devenir indépendant politiquement et économiquement ». Une possible découverte d'une manne pétrolière en Israël aurait des implications majeures pour un pays situé dans une région qui dispose des principales réserves d'or noir dans le monde.
John Brown est confiant : le pétrole qu'il affirme être sur le point de faire jaillir sera de très bonne qualité. Et pour cause, proclame-t-il, car « je n'ose imaginer que Dieu ait donné moins à Israël qu'aux Arabes ».

Patrick MOSER (AFP)
l'orient le jour

Un plan de paix US pour le Proche-Orient bientôt dévoilé ?


05/08/2009

Les Arabes mettent la pression sur Israël pour faire avancer les négociations avec les Palestiniens.

Les États-Unis dévoileront prochainement un plan de paix pour le Proche-Orient, a annoncé hier le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, qui a invité son pays à l'accepter. « Dans les semaines à venir, le plan (américain) sera formulé et présenté aux parties (intéressées) », a dit Ehud Barak devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. Cité par un porte-parole du Parlement, le ministre de la Défense a ajouté : « Je crois qu'Israël devrait prendre l'initiative en acceptant ce plan. » Le dirigeant travailliste a eu une série d'entretiens avec l'émissaire du président Barack Obama pour le Proche-Orient, George Mitchell, sur la demande américaine de gel de la politique de colonisation que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, refuse d'ordonner.
Selon des médias israéliens, l'administration Obama va faire un certain nombre de nouvelles propositions pour tenter de débloquer le processus de paix amorcé lors de la conférence internationale d'Annapolis de novembre 2007. À Washington, interrogé sur l'imminence de l'annonce par George Mitchell d'un plan de paix américain, le porte-parole du département d'État, P.J. Crowler, a répondu lundi, sans autres précisions: « Je pense que c'est une question de semaines. »
Parallèlement, deux responsables arabes en visite à Washington ont fait porter lundi la responsabilité d'une reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens sur l'État hébreu, accusé par l'Arabie saoudite de ne pas être sérieux sur ce sujet. L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, s'est entretenu avec le président américain Barack Obama, tandis que la secrétaire d'État Hillary Clinton a reçu Nasser Joudeh, ministre jordanien des Affaires étrangères. Tous deux ont accru la pression sur Israël, qui dit de son côté attendre davantage des Palestiniens et de leurs alliés arabes.
En visite vendredi aux États-Unis, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, avait sommé Israël de décider « s'il veut vraiment la paix, qui est à portée de main, ou s'il veut continuer à brouiller les pistes ». Les pays arabes ont multiplié les critiques envers Israël, qui résiste aux appels américains à geler les activités de colonisation en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, sources de tensions accrues entre les deux alliés.
l'orient le jour

Abbas appelle le Fateh à tirer leçon de « ses erreurs »

05/08/2009

Mahmoud Abbas s’adressant aux délégués du Fateh réuni en congrès, hier, à Bethléem.               Abbas Momani/AFP
Mahmoud Abbas s’adressant aux délégués du Fateh réuni en congrès, hier, à Bethléem. Abbas Momani/AFP
CONGRÈS « Nous devons tirer la leçon de nos erreurs », a lancé Mahmoud Abbas devant quelque 1 900 délégués de son parti réunis pour la première fois en vingt ans à Bethléem, en Cisjordanie.

« En raison du blocage du processus de paix, mais aussi à cause de nos erreurs, certains de nos comportements rejetés par le public, notre faible performance, notre éloignement avec le pouls de la rue et notre manque de discipline, nous avons perdu les élections législatives (en 2006) et ensuite, nous avons perdu Gaza », a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas devant les délégués du Fateh réuni en congrès à Bethléem, en Cisjordanie. Le Fateh, qui exerçait jusqu'alors un contrôle sans partage sur l'Autorité palestinienne, avait été battu aux élections par le Hamas, avant d'être violemment délogé par le mouvement islamiste 18 mois plus tard par la force de la bande de Gaza. « Ce congrès doit constituer une plate-forme pour un nouveau départ, consolidant notre lutte pour atteindre nos principaux objectifs : la libération et l'indépendance », a affirmé M. Abbas, qui dirige le Fateh depuis le décès de son dirigeant historique Yasser Arafat en 2004. « Nous devons tirer la leçon de nos erreurs, et chercher en permanence à nous remettre en question et à rectifier notre façon d'agir », a-t-il ajouté. « Notre principale tâche en tant que membres du Fateh est de redonner au mouvement (...) son rang, son rayonnement et son âme pour qu'il continue d'assumer son rôle historique qui est de conduire notre peuple vers la liberté et l'indépendance », a-t-il souligné. Il s'agit du premier congrès général du mouvement depuis 1989 et seulement du sixième depuis sa création à la fin des années 1950.
Dans le projet du programme politique soumis au congrès, le Fateh souligne la volonté des Palestiniens de « reprendre l'initiative afin de sortir les négociations de paix de l'impasse » tout en réitérant le « droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation conformément à la loi internationale, y compris la lutte armée ». « Tout en réitérant notre attachement à l'option de la paix et les négociations, nous nous réservons le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par le droit international », a dit M. Abbas dans son discours de plus de deux heures, louant plus particulièrement « la résistance populaire » pacifique.
M. Abbas s'en est en outre pris au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, l'accusant d'anéantir les chances d'une reprise des négociations de paix en refusant le gel de la colonisation et en excluant une restitution aux Palestiniens de la partie arabe de Jérusalem ou de la vallée du Jourdain. Il a aussi accusé le gouvernement israélien de se livrer à une campagne de « purification ethnique » à Jérusalem-Est en détruisant des maisons arabes et en installant des colons dans des quartiers palestiniens.
Le ministre israélien de l'Information Youli Edelstein a qualifié le congrès de « déclaration de guerre » contre Israël, dans des propos rapportés par le site d'information YNet. « Ils disent explicitement qu'ils soutiennent la poursuite de la lutte armée », a-t-il dit.
M. Abbas a en outre violemment critiqué les « putschistes » du Hamas, dénonçant notamment la « répression » qu'ils exercent à l'encontre du Fateh à Gaza et les accusant d'entraver le dialogue avec son parti en vue d'une réconciliation. « C'est un discours rempli de fanfaronnades et d'affabulations contre le Hamas », a réagi le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
Au cours de ce congrès de trois jours, quelque 1 900 délégués doivent renouveler le Comité central (21 membres) et le Conseil révolutionnaire (120 membres), principales instances du Fateh, et adopter un nouveau programme politique. Le Hamas a empêché quelque 400 autres délégués du Fateh de Gaza de se rendre à Bethléem pour y participer.
l'orient le jour

Israël annexe un village palestinien près de Jérusalem

Ecrit par Leyla Jad
Tuesday, 04 August 2009
RAMALLAH – Les autorités israéliennes ont annexé le village palestinien de Beit Iksa en le plaçant à l'ouest du mur de séparation, en le considérant donc part de Jérusalem. Le village sera ainsi isolé de la Cisjordanie.
La décision actuelle en contredit une autre de 2006, lorsque le gouvernement israélien ne voulait pas annexer le village.
Environ 3000 Palestiniens seraient autorisés à entrer en Israël sans avoir besoin d’un permis, mais ils ne seront plus en territoire de Cisjordanie.

En 2003, alors que le Premier ministre Ariel Sharon dirigeait le gouvernement israélien, il avait été décidé que le village aurait été du côté israélien du mur.

Mais en 2006, avec Ehud Olmert au pouvoir, le nouveau tracé du mur établissait que Beit Iksa aurait été du côté palestinien du mur, à seulement 200 mètres de la Ligne verte.

La clôture sera probablement électronique et une route lui passera à côté pour permettre le passage des patrouilles de l’armée israélienne. (PNN)

Yes, You Can !

publié le mardi 4 août 2009

Uri Avnery, le 25 juillet 2009
L’OBJECTIF DE NETANYAHU est de judaïser Jérusalem. Cette semaine, il s’est vanté d’avoir, au cours de son mandat précédent, il y a dix ans, créé le quartier juif fortifié de Har Homa.

D’ABORD, je dois honnêtement dire que j’aimais beaucoup l’hôtel Sheperd

Dans les premières années qui ont suivi la Guerre des Six Jours, j’y allais fréquemment. Mon travail à la Knesset m’imposait de passer à Jérusalem au moins deux nuits par semaine, et après la guerre j’ai quitté les hôtels de Jérusalem-Ouest pour ceux de la partie est de la ville. Celui que je préférais était le Shepherd. Je m’y sentais chez moi.

Le charme de l’endroit tient à son atmosphère particulière. Il est situé en plein cœur de cette ancienne ville arabe pour laquelle je nourrissais une vive curiosité. Ses chambres ont de hauts plafonds et leur mobilier est ancien ; de surcroît, il était géré par des gens remarquables – deux dames arabes d’un certain âge qui avaient fait leurs études à Beyrouth et étaient imprégnées de culture palestino-libanaise.

L’hôtel est situé dans le quartier du clan al-Husseini. Les propriétés de cette famille très étendue, de plus de 5.000 membres, couvrent la plus grande partie du quartier de Sheikh Jarrah, dans lequel on trouve aussi la légendaire Maison d’Orient.

La famille al-Husseini fait partie de la poignée des familles aristocratiques de Jérusalem, et c’est peut-être l’une des plus respectées (ses membres en ont certainement la conviction). Pendant des siècles, la famille a assuré au moins l’une des plus importantes fonctions de la ville, celle de Grand Mufti, maire et notable chargé des sanctuaires musulmans. Le Shepherd a été construit par Hajj Amin al-Husseini, le mufti qui a dirigé la rébellion arabe dans les années 30 et qui était devenu l’Arabe que la communauté hébraïque se plaisait le plus à haïr.

Je passais des heures à parler avec les deux dames, j’apprenais d’elles beaucoup de choses et je m’étais beaucoup attaché à ce lieu. Ce fut un jour triste pour moi lorsqu’il fut fermé.

Je ne sais pas comment cette propriété est tombée entre les mains du millionnaire américain, le roi du Bingo dont l’intention déclarée est d’établir des colonies juives dans l’ensemble de la ville arabe. Maintenant il souhaite réaliser un projet d’immeubles d’habitation sur le site du Shepherd.

Mais cela suffit pour ce qui le concerne. C’est à Binyamin Netanyahou que j’en ai.

L’OBJECTIF DE NETANYAHU est de judaïser Jérusalem. Cette semaine, il s’est vanté d’avoir, au cours de son mandat précédent, il y a dix ans, créé le quartier juif fortifié de Har Homa.

Pour Har Homa - dont le véritable nom est Jebel Abou Ghneim, montagne du père des brebis – j’éprouve aussi un attachement sentimental. J’ai consacré beaucoup de jours et de nuits à la lutte pour empêcher le monstrueux projet d’immeubles d’habitation qui s’y développe maintenant.

C’est un autre Husseini qui dirigeait ce combat – l’inoubliable Feiçal. Je le tenais en haute estime. Je n’hésite pas à dire que je l’aimais. C’était un homme noble au vrai sens du mot : d’ascendance noble mais simple dans son comportement, généreux et accessible, un homme de paix mais sans peur dans ses affrontements avec les troupes d’occupation, un véritable patriote palestinien, modéré dans ses opinions, sage et courageux. Il était le fils d’Abd-el-Kader al-Husseini, le chef des combattants arabes dans le secteur de Jérusalem au cours de la guerre de 1948 et qui fut tué lors de la bataille pour le “château” près de la ville. Je n’ai pas pris part à cette bataille mais je suis passé à côté quelques heures plus tard avec un convoi de secours pour le secteur juif assiégé de Jérusalem. Comme la plupart de mes camarades, je le respectais comme un ennemi honorable.

Le site de Har Homa, pour ceux qui l’auraient déjà oublié, était un lieu d’une beauté unique entre Jérusalem et Bethléem, une colline harmonieuse couverte d’un bois épais. Les destructeurs de Jérusalem – cette coalition brutale de requins de l’immobilier, de sionistes fanatiques, de millionnaires américains et de mystiques religieux – avaient décidé de supprimer ce dernier endroit de beauté pour construire une colonie juive très peuplée, fortifiée et particulièrement laide. Sous la direction de Feiçal et de Ta’amri, l’ancien époux d’une princesse jordanienne, un camp de tentes fut monté. Lorsque les bulldozers commencèrent à abattre les arbres et à niveler le sommet de la colline, nous avons fait des dizaines de manifestations et de veilles. Lors de l’une d’entre elles, je fis une hémorragie et j’aurais alors terminé là ma vie si une ambulance palestinienne n’avait réussi à m’atteindre dans ce désert pierreux et dépourvu de routes et à me conduire à temps à l’hôpital. Voilà pourquoi j’ai un attachement sentimental à ce lieu.

LA PROVOCATION DU SHEPHERD fait partie de l’action inlassable de judaïsation de Jérusalem. En clair : réaliser un nettoyage ethnique. Cette campagne se poursuit depuis déjà 42 ans, depuis le premier jour de l’occupation de Jérusalem-Est, mais le rythme de cette opération particulière obéit à des considérations tactiques.

Netanyahou subit de fortes pressions américaines pour geler la colonisation en Cisjordanie. Il est dans l’impossibilité de le faire, aussi longtemps qu’il demeure à la tête de la coalition qu’il a lui-même choisie, composée de gens de droite, de religieux zélotes, de colons et de véritables fascistes. Il a proposé plusieurs “compromis”, tous fondés sur divers stratagèmes de mauvaise foi, mais les Américains ont tiré les leçons du passé et ne sont tombés dans aucun de ses pièges. Son frère siamois, Ehoud Barak, s’affaire à laisser filtrer aux médias des “informations” sur une opération grandiose : à tout moment, comme Alexandre avec le nœud gordien, les dizaines d’“avant-postes” qui ont été créés depuis 2001 avec le soutien discret du gouvernement vont être démantelés. Mais, en dehors des gens des médias eux-mêmes, il n’y a guère personne pour croire que cela va réellement se produire. Certainement pas les colons, si l’on en juge par leurs sourires entendus.

Que faire par conséquent pour éviter d’avoir à démanteler les avant-postes ? Netanyahou, le roi de la pirouette, a une solution : une nouvelle provocation pour détourner l’attention de la précédente. L’hôtel Shepherd est en train en ce moment de détourner l’attention du monde des collines de “Judée et Samarie”. Lorsque vous avez mal aux dents, vous oubliez vos maux de ventre.

Comment, dit-il, les goyim veulent nous empêcher de construire à Jérusalem, notre ville sainte ?! Notre capitale éternelle, qui a été réunifiée pour l’éternité ?! Quel culot ! Vont-ils interdire aux juifs de construire à New-York ? Vont-ils interdire à des Anglais de construire à Londres ?!

Netanyahou a réellement fait fort lorsqu’il a déclaré que tout Arabe peut vivre à Jérusalem-Ouest, et que par conséquent pourquoi un Juif ne pourrait-il pas construire sa maison à Jérusalem-Est ?

Il aborde clairement la question – et de façon totalement mensongère. Lorsque Netanyahou dit ce genre de choses, il est difficile de savoir s’il répand consciemment des mensonges (bien qu’il soit facile de les dévoiler), ou s’il est lui-même convaincu de ces choses fausses. Ainsi, par exemple, il a prétendu se souvenir des soldats britanniques devant sa maison lorsqu’il était enfant – alors que le dernier soldat britannique avait quitté le pays une année avant sa naissance.

La vérité, c’est qu’aucun Arabe, à de rares exceptions près, ne peut acquérir un appartement à Jérusalem-Ouest, sans parler d’y construire une maison – bien que d’importantes parties de la partie ouest de la ville sont d’anciens quartiers arabes dont les habitants ont fui ou ont été expulsés au cours de la guerre de 1948. Les anciens propriétaires des maisons de ces quartiers (comprenant Talbiya, Katamon, Dir Yassin) qui avaient trouvé refuge à Jérusalem-Est n’avaient pas été autorisés à revenir dans leurs maisons lorsque Jérusalem fut “unifiée” en 1967, et ils n’ont pas non plus été indemnisés (comme j’en ai fait la proposition à la Knesset).

Mais Netanyahou n’est guère préoccupé d’être cru ou non par les gens. Cette semaine, comme toutes les autres semaines depuis qu’il est revenu au pouvoir, sa survie l’occupe complètement. Pour survivre, la coalition doit demeurer intacte. Pour y arriver, il doit montrer qu’il ne “plie” pas sous les pressions américaines. Il n’y a pas de meilleur endroit que Jérusalem pour en faire la preuve.

Pour ce qui est de Jérusalem, comme les porte-parole officiels ne se lassent pas de nous le répéter, pour ce qui concerne Jérusalem il y a un consensus national. Sur tout l’échiquier politique. De la gauche à l’extrême droite.

Cependant, ce mythe est mort depuis longtemps. Il n’existe aucun consensus de ce genre. En ce moment même, la plupart des Israéliens sont prêts à faire passer les quartiers arabes de Jérusalem-Est sous souveraineté palestinienne et échange d’une paix véritable. Je ne connais aucune mère juive qui soit prête à sacrifier son fils dans une guerre pour l’hôtel Shepherd.

JE SOLLICITE de contredire encore un autre mythe qui a été inlassablement propagé de façon par nos médias : qu’un consensus national est en train de prendre corps contre le président Obama.

Beaucoup d’Israéliens, vraiment beaucoup, espèrent que Barack Obama fera pour eux ce qui semble impossible sans lui : leur apporter la paix. Ils ont perdu espoir dans notre système politique, tant dans la coalition que dans l’opposition, tant dans la droite que dans la gauche. Ils ont la conviction que seule une force extérieure peut réaliser cet espoir.

Même si Obama entre en conflit avec Netanyahou à propos de son refus de geler la colonisation en Cisjordanie et de sa volonté de continuer à construire à Jérusalem-Est, c’est pour la victoire d’Obama que de nombreux Israéliens vont prier. Ils savent que dans cette bataille, ce n’est pas Netanyahou mais Obama qui représente les vrais intérêts d’Israël.

La question est de savoir si Obama a le pouvoir d’aller au bout de sa démarche, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a fait depuis Dwight Eisenhower.

Netanyahou ne le pense pas. Ses partenaires américains – les républicains vaincus, les néoconservateurs qui se tiennent actuellement dans l’ombre, les prêcheurs évangéliques presque silencieux – ce camp des vaincus espère renouer avec sa bonne fortune en encourageant le lobby juif et le gouvernement israélien à provoquer Obama. Netanyahou qui a mobilisé le Congrès contre la Maison Blanche dans le passé pense qu’il peut le faire encore.

Nos journaux jubilent en signalant, avec graphiques et tableaux à l’appui, que la position d’Obama en Amérique est en train de plonger. Il n’est pas difficile de deviner que l’essentiel de cette information vient du ministère des Affaires étrangères d’Avigdor Lieberman, la même source qui alimente les médias américains en informations sur l’opposition croissante de l’opinion publique israélienne à Obama. Bientôt les médias américains montreront des protestataires brandissant des pancartes avec Obama en uniforme SS, comme c’est arrivé pour Yasser Arafat et Yitzhak Rabin avant lui.

La bataille ne concerne pas 20 avant-postes, ni 20 appartements sur l’emplacement du Shepherd hôtel. Chaque maison dans chaque colonie de Cisjordanie est au service d’un seul dessein supérieur : détruire toute possibilité de paix. Chaque maison israélienne à Jérusalem-Est est au service du même objectif suprême. Les opposants à la paix savent qu’aucun dirigeant arabe ne signera jamais un accord de paix qui ne désigne pas Jérusalem-Est comme la capitale palestinienne et aucun dirigeant arabe ne signera jamais un accord de paix qui n’attribue pas l’ensemble de la Cisjordanie à l’État de Palestine.

Une responsabilité historique repose sur les épaules de Barak Obama : ne pas plier, ne pas abandonner, ne pas “faire de compromis”. Insister sur un gel total de la colonisation comme premier pas nécessaire vers la paix. Pour son bien et pour le nôtre aussi.

En tant qu’Israélien, j’ai envie de lui crier : Yes, You Can !

Article écrit le 26 juillet 2009, publié sur le site de Gush Shalom, en hébreu et en anglais – Traduit de l’anglais pour l’AFPS : FL

Conférence du Fatah: quelle «révolution» ?

Ecrit par Leyla Jad
Tuesday, 04 August 2009
BETHLEEM – Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a ouvert à Bethléem le premier congrès du Fatah depuis vingt ans.
Le parti politique du Fatah avait été fondé par Yasser Arafat. C’est le plus grand parti politique en Palestine, devenu «un parti au pouvoir» avec la création de l’Autorité nationale palestinienne, partenaire d’un processus de paix parrainé par les Etats-Unis qui n’a produit aucune amélioration dans les Territoires palestiniens occupés.

Durant les 4-6 août, les délégués réunis devront élire un nouveau leadership – mais pas le président – et surtout proposer une nouvelle plate-forme, afin de se renforcer face aux Palestiniens. La corruption généralisée, d'ailleurs déjà présente avant Abbas, a entamé encore davantage la popularité du Fatah, provoquant la victoire du Hamas aux élections de 2006.

«En raison du blocage du processus de paix, mais aussi à cause de nos erreurs, certains de nos comportements rejetés par le public, notre faible performance, notre éloignement du pouls de la rue et notre manque de discipline, nous avons perdu les élections législatives (en 2006) et ensuite avons perdu Gaza», a déclaré Abbas dans son discours d’ouverture, duré trois heures, appelant à un «nouveau départ».

«Même si nous avons fait le choix de la paix, nous nous réservons le droit à la résistance, qui est légitime en droit international», a déclaré Abbas.

Mais malgré des symboles de la résistance armée étaient présents au Congrès, comme une bannière montrant un jeune une Kalachnikov à la main, il semble que la lutte armée du Fatah contre l’occupation israélienne ait été enterrée après la Première Intifada au profit des négociations.

Un total de 2500 participants étaient dans la salle de l’école chrétienne Terra Sancta, à côté de la Basilique de la Nativité, selon les organisateurs de la conférence. Environ 400 délégués n'ont pas été autorisés par le Hamas à quitter la bande de Gaza pour se rendre à Bethléem. (PNN)

Le renouveau ou la mort

Palestine . Le Fatah a entamé mardi à Bethléem son 6e congrès. Trois jours durant, les quelques 2 000 délégués se pencheront sur des questions clés comme la restructuration du mouvement, les luttes interpalestiniennes et la relation avec l’Etat hébreu.

C’est dans un contexte des plus difficiles mais aussi un contexte nouveau que s’est ouvert mardi à Bethléem le 6e congrès du Fatah, le premier depuis 20 ans et le premier tenu en territoire palestinien. Mais avec une direction minée par les divisions, affaiblie par sa déroute face aux islamistes du Hamas à Gaza, et avec un processus de paix au point mort, la tâche s’annonce difficile. Et les défis grandioses. Il s’agit donc d’une rencontre cruciale, voire historique. Soit le Fatah se montre capable d’opérer les réformes, le rajeunissement et les changements nécessaires, soit il poursuit son déclin et devient simplement le parti de l’Autorité palestinienne, sans avoir réalisé ses objectifs de libération nationale. Et dans ce cas, les divisions palestino-palestiniennes s’accroîtront, que ce soit au sein du Fatah lui-même ou entre ce dernier et le Hamas.

D’ores et déjà, à la veille du congrès, le climat s’est tendu un peu plus entre ces deux partis, le Hamas ayant interdit aux membres du Fatah basés dans la bande de Gaza de se rendre en Cisjordanie. Sur ces quelques 400 membres du Fatah, seulEs une douzaine a réussi à se rendre à Bethléem. Et le Hamas a annoncé que ceux-ci seraient traduits en justice « dès leur retour » pour avoir bravé l’interdiction imposée par le mouvement islamiste de quitter la bande de Gaza. Le Hamas, qui contrôle ce territoire, exigeait au préalable la libération de ses prisonniers détenus par l’Autorité palestinienne comme condition à un feu vert à la participation des délégués du Fatah de la bande de Gaza à leur congrès. Une condition qualifiée de provocation par le mouvement du président Mahmoud Abbass. Une fois de plus donc, aucun accord n’a été obtenu entre les deux parties. Et le ton est monté : un responsable du Fatah a menacé le Hamas de nouvelles arrestations. Cette menace « ne réussira pas » à ébranler le Hamas, a rétorqué un de ses leaders, Sami Abou-Zourhi. Réplique de Raëd Radouane, responsable du Fatah à Ramallah, l’attitude du Hamas enfonce « le dernier clou dans le cercueil du dialogue » entre les deux mouvements en cours au Caire depuis des mois et qui doit reprendre le 25 août. Un dialogue qu’Ismaïl Haniyeh, dirigeant du Hamas, a tout simplement menacé de boycotter si le Fatah ne libérait pas des partisans du mouvement islamiste détenus en Cisjordanie.

L’épreuve ne fait que confirmer un peu plus, voire approfondir, les divisions entre le Fatah et le Hamas, qui sont à couteaux tirés depuis que le Hamas s’est emparé de la bande de Gaza en juin 2007, délogeant les forces loyales à M. Abbass après dix-huit mois de coexistence houleuse au pouvoir.

Clivages internes

Mais il ne s’agit pas que de cela. Au sein du Fatah également, ce n’est pas le beau temps. Le mouvement est parcouru par des clivages internes concernant la conduite des négociations avec Israël, le degré d’activisme à observer vis-à-vis de l’Etat juif, la démocratie interne et le renouvellement générationnel.

Le principal clivage interne oppose les réformistes, issus de la lutte armée sur le terrain, puis de la négociation avec Israël, à l’« establishment » privilégié de la diaspora, qui n’est revenu en Palestine qu’à la suite des accords d’autonomie conclus à Oslo en 1993. Tout-puissant du temps de Yasser Arafat, le Fatah a commencé à se lézarder après sa mort en novembre 2004, faisant le lit du Hamas, qui a remporté en 2006 la majorité absolue au Conseil législatif palestinien, ouvrant une ère d’affrontement entre les deux « frères ennemis ». Le Fatah est aussi tenu par beaucoup de Palestiniens pour responsable de la corruption et de l’insécurité qui ont sévi dans les territoires palestiniens, avant que l’Autorité palestinienne ne se décide à les combattre sérieusement ces dernières années. Le mouvement nationaliste cherche ainsi à retrouver quelque crédibilité aux yeux des Palestiniens, qui lui reprochent aussi le maigre résultat des concessions successives faites à Israël durant les négociations passées.

En effet, aujourd’hui, le Fatah ne contrôle que la Cisjordanie et sa ligne politique prônant un règlement négocié du conflit avec Israël après des années de lutte armée ne cesse de perdre en crédibilité, faute de progrès dans les négociations de paix. Au cours de ce congrès de trois jours, les quelques 2 000 délégués doivent renouveler le Comité central et le Conseil révolutionnaire, principales instances du Fatah, et adopter un nouveau programme politique. Si le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass est assuré d’être reconduit comme chef du mouvement, la composition du nouveau Comité central de 21 membres, qui seront élus par les délégués, fait l’objet de toutes sortes de pronostics. Ainsi, une partie des « éléphants » qui font partie de l’actuel Comité central, devraient céder la place à des plus jeunes. Le secrétaire du général du Fatah en Cisjordanie emprisonné en Israël, Marwan Barghouthi, l’ex-chef de la Sécurité préventive, Jibril Rajoub, l’ex-homme fort du Fatah à Gaza et « chouchou » des Américains, Mohammad Dahlane, apparaissent comme les prétendants les plus sérieux. Quant au Conseil révolutionnaire, il compte 120 membres, dont la majorité sera élue par les délégués et le reste désigné par le nouveau Comité central.

A cela s’ajoutent les querelles entre les ténors du Fatah qui ont contribué au déclin du mouvement et qui se sont exacerbées ces dernières semaines lorsque son secrétaire général et l’un des fondateurs du parti, Farouq Qaddoumi, a publiquement accusé M. Abbass d’avoir comploté avec Israël pour éliminer Yasser Arafat.

Garder l’essence du texte fondateur

Reste la question d’un nouveau programme politique. Selon des responsables du parti, le Fatah du président de l’Autorité palestinienne devrait approuver la solution à deux Etats, mais ne pas exclure la possibilité d’une « lutte armée » contre Israël, ni l’éventualité d’une déclaration unilatérale de création de l’Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le texte fondateur du Fatah, créé en 1965 par Yasser Arafat, appelle à la lutte armée « jusqu’à ce que l’entité sioniste soit supprimée et la Palestine libérée ». Pour Nabil Chaath, vétéran du Comité central du Fatah, la charte « ne peut pas être modifiée ». « Elle restera en l’état. Cela ne sera pas sujet à discussion », a abondé Azzam Al-Ahmad, autre haut dirigeant du mouvement. Cependant, le projet de nouveau programme préconise de nouvelles formes de résistance, notamment la désobéissance civile contre les implantations juives en Cisjordanie occupée ou la barrière de sécurité érigée par Israël. Le président de l’Autorité palestinienne s’est retiré des pourparlers de paix avec l’Etat juif après l’offensive des forces israéliennes en décembre et janvier derniers dans la bande de Gaza. Les discussions ne reprendront que si le gouvernement de Benyamin Netanyahu accepte de geler les activités de colonisation, a déjà prévenu Mahmoud Abbass, soutenu en ce sens par les Etats-Unis et l’Europe. Aussi, le projet du programme politique réaffirme le « refus de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif », comme l’a exigé M. Netanyahu. Le programme du Fatah affirme en outre la volonté des Palestiniens de « reprendre l’initiative afin de sortir les négociations de paix de l’impasse, soulignant que la base des négociations avec Israël doit être l’initiative de paix arabe ». « Nous espérons que nos voisins nous permettront d’arriver à la paix pour construire l’avenir de notre Etat qui vivra aux côtés de leur Etat dans la paix et la sécurité », a dit Abbass à la veille du congrès. Mais à ce sujet, rien n’est à espérer avec l’actuel gouvernement israélien. Pour les Palestiniens, le plus important est plutôt de rassembler leurs rangs, au sein du Fatah et avec les autres factions. Faute de quoi une implosion interne aux conséquences fatales sera inévitable .

Abir Taleb

alahram.org