mercredi 2 juin 2010

« ET LE BATEAU EST DEVENU UNE MARE DE SANG » : PREMIERS TEMOIGNAGES DIRECTS SUR LE MASSACRE


Publié le 1er-06-2010


Des premiers directs sur la tuerie opérée en haute mer par la soldatesque israélienne ont été publiquement apportés mardi, par les premières victimes relâchées, sur les 700 passagers, dont la majorité était toujours séquestrée par l’Etat-pirate 36 heures après l’attaque.



Le Français Youssef Benderbal, membre du Comité de Bienfaisance et de Secours au Peuple Palestinien (CBSP) est arrivé mardi matin à Paris, après avoir été expulsé. Il voyageait à bord d’une des embarcations secondaires de la Flottille, et devait donner une conférence de presse mardi soir à Paris. Sur les 8 Français pris en otage par les Israéliens, 7 faisaient partie de la délégation CBSP, et le gouvernement français a dit qu’ils avaient été identifiés en tant que captifs d’Israël. On n’avait pas, par contre, de nouvelles officielles, mardi à la mi-journée, du sort réservé à Thomas Sommer-Houdeville, membre de la Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP). Il est probable, sans que cela soit une certitude, que Thomas est « seulement » incarcéré, en même temps que les centaines d’autres volontaires internationaux qui ont refusé de signer les papiers et formulaires (en hébreu) que leurs geôliers leur ont présentés.
La députée israélienne Hanin Zoabi était à bord du ferry turc Mavi Marmara, celui qui a subi l’assaut le plus sanglant. Relâchée lundi soir, cette jeune élue du parti Balad était sur le pont lorsque les barbares sont arrivés du ciel et de la mer. « Il était absolument évident, vu l’importance des forces déployées, que l’objectif n’était pas tant de prendre le contrôle du navire que de causer le maximum de pertes dans nos rangs, afin de dissuader par la terreur toute tentative ultérieure pour briser le blocus de Gaza », a-t-elle déclaré mardi matin au cours d’une conférence de presse à Nazareth (Galilée, nord d’Israël).
« Nous n’avions évidemment fait aucun préparatif pour une confrontation. Je n’ai pour ma part même pas vu une seule de ces ’barres de fer’ évoquées par la propagande militaire pour justifier son assaut brutal. J’ai pour ma part vu cinq cadavres de passagers ». Outre Zoabi, il y avait dans la Flottille 3 autres citoyens Palestiniens Israéliens, qui étaient toujours détenus mardi.
La militante turque Nilufar Cetin, à bord du Marmara, a réussi à se cacher, pendant toute la durée de l’assaut, qui a duré environ une heure, à l’intérieur de la salle de toilette de sa cabine, avec son nouveau-né.
« Oui, je sais, on m’a dit que ce n’était pas prudent ni responsable d’emmener mon petit dans cette aventure. Mais il y a aussi des milliers de bébés à Gaza, et si nous avions pu passer, nous aurions pu jouer avec eux et leur apporter de la nourriture stockée dans nos bateaux », a-t-elle commenté mardi au cours d’une conférence de presse.
« Lorsque l’attaque a cessé, je suis sortie de ma cachette, et ce que j’ai vu, c’est que le pont du ferry était devenu une mare de sang », a ajouté Mme Cetin, qui pense que le nombre de morts sur le Marmara est de onze.
Les autres bateaux n’ont apparemment pas subi de tirs à balles réelles, mais il y a eu un nombre indéterminé de blessés. Il y avait ainsi mardi 46 blessés, majoritairement turcs, hospitalisés en Israël, dont certains dans un état critique. La Turquie tenait trois avions médicalisés prêts à venir les chercher, si Israël accepte, ce qui n’était pas le cas mardi soir.
Embarqué sur le Sfendani, le volontaire Dimitris Gielatis, l’un des 6 Grecs libérés mardi, témoigne que sa petite embarcation a été attaquée de toutes part, « avec des tirs de balles en plastique, des grenades lacrymogènes et des tirs de pistolet électrique ». « Notre capitaine a été tabassé parce qu’il ne voulait pas lâcher le gouvernail, et un caméraman qui filmait la scène a reçu un coup de crosse de fusil dans l’oeil », témoigne Gielatis.
« Au cours des interrogatoires, de nombreux prisonniers ont été sévèrement cognés par les brutes », témoigne Aris Papadokoustopoulos, voyageur à bord du Free Mediterranean. Ce bateau, qui transporte principalement des fauteuils roulants pour les handicapés de l’attaque de décembre 2008 – janvier 2009 sur la bande de Gaza, ainsi que des produits médicaux et pharmaceutiques, a subi l’assaut en même temps que les cinq autres, soit vers 4 heures du matin, dans les eaux internationales, à 130 kilomètres des côtes de Gaza.
Ingénieur du génie civil qui a un projet précis d’aide à la reconstruction de Gaza la martyr, Thanassis Petrogiannis indique pour sa part que les géôliers lui ont présenté dans un premier temps un papier en hébreu à signer. Il a refusé, et exigé un document dans une langue qu’il connaît, ce qui a finalement été fait, et il l’a signé.
« Tous ceux qui ont refusé de signer ces papiers sont allés directement en prison », confirme-t-il.
Enfin, tous les passagers libérés indiquent que les Israéliens leur ont tout volé : téléphones portables, ordinateurs, caméras et vêtements.
CAPJPO-EuroPalestine