dimanche 7 mars 2010

L'invasion israélienne des esplanades de la mosquée sainte d'al-Aqsa soulève le monde arabe et islamique

06 Mar 2010
Capitales /   L'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a dénoncé l'invasion par les forces d'occupation israélienne des esplanades de la mosquée sainte d'al-Aqsa et l'agression israélienne contre les prieurs à l'intérieur de la Mosquée.
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Le secrétaire général de l'Organisation, M. Ekmeleddin İhsanoğlu, a affirmé, dans un communiqué publié sur le site–Internet de l'OCI, que l'agression des forces d'occupation israélienne contre les lieux saints des Musulmans est une violation flagrante du droit international et de la liberté de culte, et qu'elle risque d'emporter la région dans une guerre religieuse.
M. İhsanoğlu a appelé la communauté internationale, notamment le quartette internationale, à réaliser la gravité des violations israéliennes sur la situation et l'avenir de la région, l'appelant à une action internationale effective sur tous les niveaux pour mettre un terme aux agressions israéliennes et forcer Israël à respecter le droit international.
Moussa: La question d'al-Qods, de la Mosquée d'al-Aqsa et des autres lieux sacrés en Palestine, ainsi que les violations israéliennes dans les territoires arabes occupés, à l'ordre sur jour du prochain sommet arabe
Dans ce même contexte, le secrétaire général de la Ligue Arabe, M. Amr Moussa, a déclaré aujourd'hui que la question d'al-Qods, de la Mosquée d'al-Aqsa et des autres lieux sacrés en Palestine, ainsi que les violations israéliennes dans les territoires arabes occupés, figurent à l'ordre sur jour du prochain sommet arabe (fin mars en Libye) "qui discutera d'un plan de sauvetage et de protection de ces lieux saints".

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Auparavant la Ligue Arabe avait réagi contre le nouveau crime israélien contre al-Aqsa et les prieurs palestiniens, en avertissant de ses conséquences sur la région tout entière et en demandant à sa mission à Genève de soumettre la question des violations israéliennes incessantes dans les territoires palestiniens occupés au Conseil des droits de l'homme.
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Elle a également demandé au groupe arabe à New York de soumettre les questions concernant al-Qods à l'Assemblée Générale des Nations Unies et à examiner de la possibilité de les soumettre à la Cour internationale de Justice.
Le chef du bureau du secrétaire général de la Ligue, M. Hicham Youssof, a souhaité, dans des déclarations à la presse, une position américaine sérieuse, ferme et effective vis-à-vis du nouveau crime israélien.
Il a incité, en outre, le Conseil de Sécurité international à assumer ses responsabilités, jugeant insuffisant la déclaration publiée par ce Conseil à ce sujet.
Le Conseil de Sécurité, en effet, avait exprimé son inquiétude vis-à-vis des violents affrontements entre Palestiniens et forces d'occupation israéliennes à l'intérieur et autour des esplanades de la mosquée d'al-Aqsa dans la ville occupée d'al-Qods.
L'ambassadeur du Gabon auprès des Nations Unie, président du Conseil de Sécurité pour ce mois, a indiqué dans un communiqué publié hier que les membres du Conseil de Sécurité expriment leur inquiétude vis-à-vis de la situation dans les territoires palestiniens occupés, y compris à al-Qods, appelant à l'arrêt de tels actes et au retour aux négociations entre les deux parties.
Les Palestiniens: Appel à un soulèvement général et avertissement de la révolution des volcans
M. Maan Bachour, président du centre arabe et international des communications et de solidarité avec al-Qods, a affirmé que l'agression israélienne hier contre al-Aqsa et les prieurs, et avant contre le sanctuaire al-Ibrahimi et la Mosquée de Bilal, donne un message clair sur l'absurdité de tout pari sur les négociations avec cette entité qui ne comprend que le langage de la force, de la résistance et de l'intifada.
M. Bachour qui parlait à la chaîne de télévision satellitaire al-Aqsa, a appelé les Palestiniens à la réconciliation et les différentes organisations, institutions et personnalités arabes et internationales à un soulèvement général pour défendre les droits des Palestiniens et d'al-Qods et les lieux saints "que l'ennemi allait droit sur la voie de leur judaïsation sous couverture des négociations", avertit-t-il.
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M. Ahmad Bahr, premier vice-président du Conseil législatif palestinien, a avertit dans un entretien au site Qods-Press, des répercussions du terrorisme israélien acharné contre les lieux saints dans les territoires palestiniens.
"La poursuite du terrorisme israélien contre le peuple palestinien et les lieux sacrés risque de provoquer des volcans qu'embrasés, personne n'en saurait prévoir les conséquences", a avertit M. Bahr qui assure que le peuple palestinien ne permettra pas qu'on touche à ses lieux saints. Il a appelé enfin à l'intifada contre l'injustice et la turpitude israéliennes.
Hier, vendredi, de violents affrontements ont éclaté à la mosquée sainte d'al-Aqsa et dans la ville d'al-Khalil en Cisjordanie entre des fidèles palestiniens et les forces d'occupation israélienne après la prière de vendredi, lesquels ont fait des dizaines de blessées parmi les palestiniennes.  
N.S. / R.B. / Gh.H.
http://www.sana.sy/fra/55/2010/03/06/276675.htm 

Palestiniens et internationaux contre la construction du mur et la destruction des oliviers à Beit Jala

Bethléem - 06-03-2010
Par ISM 
Le mardi 2 mars au matin, les bulldozers israéliens ont commencé à déraciner de vieux oliviers dans le jardin d’une famille palestinienne, à Beit Jala, au nord-ouest de Bethléem, en préparation de la construction d’une nouvelle section du mur d’apartheid. Le mercredi matin, la famille, qui a déjà perdu de grands pans de sa terre lorsqu’Israël l’a volée pour construire la « bretelle 60 » qui relie les colonies israéliennes illégales, ont découvert que la petite aire de jeu pour enfants, installée dans leur jardin, était détruite et que trois oliviers juste en face de leur maison étaient hachés. Une croix rouge était peinte, à deux mètres de leur porte d’entrée, pour indiquer où le mur allait passer. Les autres oliviers étaient marqués en jaune, pour être déracinés un peu plus tard.

Ce marquage des arbres et au sol sont les signes que bientôt, la famille va perdre ce qui lui reste de terre, et vivre immédiatement en face de l’énorme mur de béton gris.
Entre le 2 et le 3 mars, les bulldozers ont déraciné 70 oliviers sur les terres de la famille et de leurs voisins, créant rapidement des « faits accomplis » avant même que les avocats puissent contrer la récente série d’ordres confus visant à « légaliser » le vol de terre en cours. Selon le projet israélien le plus récent, cette section du mur volera 281 autres dunams de terres palestiniennes (28ha), propriétés de 35 familles.
Le 3 mars, le Comité populaire d’al-Ma’sara et le Holy Land Trust de Bethléem ont mobilisé un groupe de Palestiniens, d’activistes internationaux et israéliens pour tenter d’arrêter physiquement les bulldozers de continuer leur travail. Des dizaines de soldats, d’agents de sécurité et de policiers des frontières ont passé deux heures à pousser et tirer les activistes sur la colline, loin des bulldozers en action, et enfin, ont sorti un ordre d’arrestation contre quiconque resterait sur la terre de la famille après 9h.
Le 4 mars, un groupe d’activistes s’est à nouveau mobilisé et a réussi à arriver sur les lieux tôt le matin pour protéger les oliviers restants. Un activiste s’est enchaîné à un arbre marqué, pendant que d’autres formaient des grappes autour de lui et d’autres arbres. Tandis que la police et les soldats se rassemblaient sur les lieux, les militants ont entonné des slogans contre le mur et l’occupation, et ont replanté deux arbres arrachés.
Quelques heures après, les activistes ont appris qu’une décision juridique avait été prise interdisant tout autre déracinement jusqu’à ce qu’un nouvel ordre du tribunal soit pris. Dans l’attente de cette interdiction, les activistes se tiennent prêts pour d’autres interventions au cas où les bulldozers reprendraient leur travail.

La Syrie dénonce les agressions israéliennes contre l'esplanade des Mosquées

06/03/2010  
La Syrie a dénoncé vendredi les agressions israéliennes contre l'esplanade des Mosquées à AlQods.
"La Syrie dénonce les agressions israéliennes contre l'esplanade des Mosquées et contre les fidèles, qui font partie des mesures visant à judaïser Jérusalem", a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Les violations israéliennes surviennent au moment où la Ligue arabe a accepté le lancement de négociations indirectes israélo-palestiniennes, ce qui est une preuve supplémentaire du peu du sérieux d'Israël dans sa recherche de la paix", indique le texte.
"C'est une preuve également que la politique israélienne rejette le processus de paix et vise à liquider la cause palestinienne", poursuit le communiqué.
Des heurts ont opposé sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam à AlQods, la police israélienne, qui a pris d'assaut la mosquée, à des manifestants palestiniens, faisant des dizaines de blessés.

La députée Guigou: toute guerre contre le Liban sera catastrophique pour "Israël"

06/03/2010  
L'ancienne ministre française de la Justice, la députée Elizabeth Guigou, assure que "toute guerre israélienne contre le Liban sera catastrophique pour les Israéliens, après leur échec en 2006 et celui dans la guerre de Gaza".
Dans une interview exclusive accordée  au site "El-nashra", elle affirme qu' « Israël », pour le moment, a les yeux rivés sur l'Iran.
"Le Liban est impressionnant, du fait qu'il renaît de ces cendres, et vu ses capacités énormes", dit-elle.
Par ailleurs, la députée française avance que le retour de la Syrie sur la scène internationale est important, afin d'empêcher les extrémistes d'aboutir à leurs objectifs, rappelant du rôle et des efforts français déployés dans ce sens.
Quant à la situation arabo-israélienne Guigou confirme qu'"Israël" ne pourra garantir sa continuité, à cause de la croissance démographique importante chez les arabes.
Et d'expliquer "les Etats-Unis et l'Union européenne sont convaincus que deux Etats, palestinien et israélien seront une solution acceptable".
Enfin Guigou souhaite que la sécurité et le développement économique règnent au Moyen-Orient.
Rappelons que Guigou a animé une conférence organisé  à l’Ecole supérieure des Affaires à Beyrouth portant sur le thème « L'état de l'Union pour la Méditerranée et le rôle de la société civile ».Elle a insisté sur l’importance de “se réunir pour la Méditerranée.” La secrétaire nationale au Parti socialiste, chargée de la Réforme de l'Etat et des Collectivités territoriales, a ajouté que “l’union ne se fait pas par la force, mais d’une façon pacifique et démocratique” au cours de cette conférence à laquelle participait aussi l’ancien ministre libanais des Finances Georges Corm et le président de Bader, Robert Fadel. Elisabeth Guigou a par ailleurs demandé aux États et aux sociétés civiles “ d'arrêter de s'accuser mutuellement, comme certaines régions du monde le font actuellement ”.

Damas a fourni au Hezbollah des missiles anti-aériens capables de viser les F-16

06/03/2010 
Le général brigadier Youssi Biden, chef du département de recherches de l'armée israélienne, a affirmé que Damas a fourni au Hezbollah des armes stratégiques, au cours des derniers jours, dont des missiles anti-aériens russes modernes, du modèle GLA 9K338, capable de viser les drones, les hélicoptères et les F-16.
Il a assuré devant la Knesset que ce dernier développement est dangereux et constitue une transformation stratégique dans l'équilibre de forces au Liban et donc « Israël ne peut pas assister à ce changement sans réagir».
Par ailleurs, selon le quotidien israélien Haaretz « Israël a annulé au cours de ces dernières manœuvres militaires  un exercice auquel était censé participer les forces de réserve »,  cette annulation, explique Haaretz, vise d’abord à montrer que « le front intérieur israélien n’a pas été affecté par le discours du secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, et aussi pour dire aux parties hostiles, que Israël ne se  prépare pas à la guerre ».
Toujours selon Haaretz, citant des sources militaires,  l’entité sioniste s’est efforcée ces derniers temps a montré à la Syrie, que se soit par voie officieuse ou officielle qu’elle ne cherchait pas à hausser la tension à travers ses manœuvres militaires.
Pour sa part, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a affirmé « qu'Israël suivait de prés toutes les pistes au Liban, et qu’il était temps d'en discuter plus sérieusement, surtout  que le Hezbollah a plus de quarante-cinq mille roquettes de plus en plus élaborés et complexes ».
Cela dit, suite à menaces prononcées par Sayyed Hassan Nasrallah de détruire Tel-Aviv au cas l’entité sioniste bombardait la banlieue-sud de Beyrouth, les forces armées israéliennes ont imaginé différents scénarios, dont l’un impliquait le bombardement de la plus grand tour en Israël, la tour (Moshe Aviv) dans la ville (Ramat Gan).
La tour est composée de soixante-dix étages et comprend des institutions gouvernementales et des appartements résidentiels.
Le Directeur général de la tour (Mickey Bar-IL) a souligné sur l'importance d’une telle manœuvre  sachant que la tour a plusieurs avantages, à savoir que plus de sept mille personnes la visitent chaque jour.

La force de dissuasion du Hizbullah

samedi 6 mars 2010 - 08h:26
Omayma Abdel-Latif - Al-Ahram Weekly
Le Hizbullah a menacé Israël de lui rendre coup pour coup s’il s’avisait de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation.
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Combattant de la résistance libanaise
La récente bande annonce, sous-titrée en hébreu sur la chaîne télévisée Al-Manar avant les informations du soir, résume comment le Hizbullah anticipe - avec la nouvelle équation qui en découle - un conflit avec Israël : un bâtiment pour un bâtiment, une raffinerie de pétrole pour une raffinerie de pétrole, une usine pour une usine.
La déclaration faite dans un discours prononcé par Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hizbullah, mardi dernier à l’occasion de la journée de commémoration des Martyres du mouvement, n’indique peut-être rien de neuf. Lors de discours précédents, Nasrallah avait déjà envoyé des messages à peine codés au sujet de la capacité du mouvement de la résistance islamique à se confronter à n’importe quelle agression israélienne à venir contre le Liban. Néanmoins, il ne s’était jamais étendu sur le type d’armements en possession du Hizbullah. Mais cette fois-ci Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation. De plus pour la première fois, Nasrallah a fait un exposé complet du type de cibles israéliennes que le Hizbullah serait capable de frapper lors de prochains combats, faisant suggérer à beaucoup de personnes que Nasrallah a amené le conflit à un nouveau et sans précédent niveau.
« Je veux dire aux Israéliens la chose suivante : non seulement si vous frappez Dahiyeh nous frapperons Tel Aviv, mais si vous frappez l’aéroport international du martyre Rafik al-Hariri à Beyrouth, nous frapperons votre aéroport Ben-Gourion à Tel Aviv ; si vous frappez nos ports, nous frapperons les vôtres ; si vous frappez notre raffinerie de pétrole, nous frapperons les vôtres... si vous frappez un seul bâtiment dans Dahiyeh, nous en détruirons plusieurs à Tel Aviv, » a déclaré Nasrallah.
Nawaf Al-Musawi, député du Bloc de Loyauté à la Résistance au parlement libanais, a expliqué les préparatifs ayant conduit à la déclaration de Nasrallah. Cette déclaration dit-il est le fruit d’efforts méthodiques réalisés 24 heures sur 24 depuis la fin de la guerre de juillet en 2006 jusqu’à ce mois de février 2010 : « Des dizaines de milliers de combattants se sont entraînés pour porter la résistance à un niveau tel qu’Israël ne puisse prendre la moindre décision précipitée de lancer une guerre sans que cela s’avère suicidaire pour lui, » a expliqué Al-Musawi. La nouvelle équation posée par Nasrallah, poursuit Al-Musawi, est le début d’un nouveau chapitre dans le conflit israélo-arabe, car les menaces de guerre et d’agression proférées par Israël ne resteront plus sans réponse. Le Hizbullah, selon ses responsables, est bien mieux équipé aujourd’hui qu’il ne l’était en 2006. « Si les Israéliens pensent pouvoir nous causer plus de dommages, ils savent maintenant que nous pouvons aussi leur infliger plus de dégâts, » a déclaré au Times Sheikh Naim Qassim, secrétaire adjoint du Hizbullah.
Le discours de Nasrallah a été fait deux jours après que Samir Geagea, chef des Forces libanaises [fascistes libanais ayant dans la passé participé activement pour le compte des Israéliens aux massacres de Sabra et Chatila - N.d.T] et ancien seigneur de guerre, ait accusé le Hizbullah, dans un discours daté du 14 février de donner à l’Israël un prétexte pour lancer une guerre contre le Liban puisque le Hizbullah conservait son arsenal. Cette idée avait fait des émules, en particulier parmi les partis chrétiens de droite du bloc du 14 mars - le parti phalangiste et les forces libanaises. Nasrallah a répondu à cela en retournant l’accusation. « C’est une rhétorique très dangereuse parce qu’elle justifie absolument n’importe quelle agression israélienne et juge à l’avance la résistance [libanaise] responsable de n’importe quelle attaque israélienne. Est-ce un appel à une guerre israélienne contre le Liban ? Sommes-nous à nouveau dans les circonstances de 1982 ? Est-ce que certains s’imaginent qu’il n’y a aucune voie possible pour leurs rêves et leur espérances si ce n’est par une guerre israélienne contre le Liban ? C’est cela, la question, » a questionné Nasrallah avec force.
Geagea a répété sa position le lundi 21 février, dans une conférence de presse organisée pour répondre au discours de Nasrallah. Il a suggéré qu’ « il n’y avait aucune raison d’organiser une session censée aborder la question d’une stratégie unifiée de défense pour le Liban. » Nasrallah a exigé que l’Etat libanais et le gouvernement prennent clairement position face à pareils propos. Le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri a répondu indirectement par un certain nombre de déclarations dans les journaux italiens et lors d’une visite au Vatican au cours de laquelle il a critiqué Israël et l’a accusé de menacer de guerre le Liban.
En tout cas, la dernière déclaration de Nasrallah a mis en évidence la naïveté de l’opinion qui domine dans les cercles intellectuels de Washington au sujet de la capacité des Etats-Unis à impliquer le Hizbullah dans des entretiens de bas niveau « en coopération avec les Anglais et tout en informant les Israéliens, » — comme le suggérait un observateur — pour finalement forcer le Hizbullah à la démilitarisation en suivant le même processus de désarmement que l’IRA [Irish Republican Army]. Cette vue, qui consiste à considérer l’armement du Hizbullah comme une menace non seulement pour Israël mais « pour le Liban », suppose qu’une des incitations possibles pour que le Hizbullah abandonne son arsenal soit un engagement israélien de s’abstenir d’attaquer le Liban si « le Hizbullah se soumettait à un processus de désarmement ». Mais pour le Hizbullah, qui estime que la communauté internationale a abandonné le Liban lors de la guerre 2006, une telle proposition ignore les réalités les plus élémentaires.
L’idée ci-dessus - telle qu’elle a été présentée par les analystes Steven Simon et Jonathan Stevenson du département américain des affaires étrangères en janvier - suggère que souscrire à un tel programme de démilitarisation fournirait au Hizbullah une immunité temporaire au cas où l’Israël « réalise une autre incursion, mieux calibrée ». Penser que le Hizbullah s’engagerait dans un tel processus de désarmement pour obtenir une immunité est la preuve de l’ignorance par ces deux analystes des capacités, en conviction et en calculs, du mouvement de résistance. Simon et Stevenson ont même lié ce processus de désarmement à la fourniture à l’armée libanaise d’armes américaines plus perfectionnées. Mais tout le monde est convaincu que les Etats-Unis ne fourniront jamais à l’armée libanaise d’armes pouvant représenter une menace pour Israël, ou même simplement empêcheraient les survols israéliens quotidiens qui violent la souveraineté libanaise.
Al-Musawi, se faisant le reflet de cette conviction, suggère que l’armée libananise s’oriente vers une coopération stratégique et militaire avec la Syrie et l’Iran.
28 février 2009 - Al-Ahram Weekly - Traduction de l’anglais : al-Mukhtar
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8285

Appel à mobilisation : procès Corrie en Israël

samedi 6 mars 2010 - 09h:38
Famille Corrie
Chers amis,
Comme beaucoup d’entre vous le savent, une action civile est prévue pour l’affaire de notre fille Rachel Corrie au tribunal de district de Haïfa à partir du 10 mars 2010.
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Rachel Corrie
Observatrice des droits humains et militante, Rachel, 23 ans, a essayé, sans violence, de protéger une famille palestinienne dont la maison était menacée de démolition par l’armée israélienne. Le 16 mars 2003, elle a été écrasée par un bulldozer Caterpillar D9R des forces israéliennes de défense (FID) à Rafah, Gaza.
L’action en justice fait partie de l’effort déployé par notre famille depuis sept ans pour demander justice au nom de notre fille et soeur. Nous espérons que ce procès montrera qu’il y a des comptes à rendre pour les milliers de vies perdues, ou définitivement compromises par l’occupation - à Gaza sous siège et encerclé, et dans toute la Palestine/Israël. L’action attirera aussi l’attention sur l’offensive menée contre ceux qui militent de manière non violente pour les droits humains (qu’ils soient Palestiniens, Israéliens ou internationaux) et elle soulignera le fait que tellement de familles palestiniennes, blessées aussi profondément que la nôtre, n’ont pas accès aux tribunaux israéliens.
Dans le but de diffuser ces messages interconnectés aussi efficacement que possible, nous vous demandons d’assister en nombre au procès lui-même ainsi qu’aux événements qui l’entoureront.
Nous espérons que vous vous joindrez à nous lors des événements énumérés ci-dessous et que vous nous aiderez à diffuser cet appel.
Mercredi 10 mars 9:00 - 16:00 - ouverture du procès au tribunal de district de Haïfa (12 Palyam St. Haifa)
La présence, au premier jour du procès, de nombreux observateurs des droits humains, d’observateurs juridiques et d’autres personnes, montrera que cette affaire est suivie de près et que la vérité, la remise de comptes et la justice sont importantes pour nous tous. Le procès se poursuivra les 14, 15, 17, 21, 22, et 24 mars. Votre présence à toutes les séances du tribunal est bienvenue et nécessaire !
Vendredi, le 12 mars 13 : 00 - 15 : 00 - projection à la cinémathèque de Tel-Aviv (2 Shprinzak St. Tel Aviv)
Projection du documentaire RACHEL, suivie d’une séance Q&R avec que la cinéaste Simone Bitton et la famille Corrie. RACHEL est une enquête cinématographique dans l’assassinat de Rachel qui soulève beaucoup de questions sur lesquelles le procès devrait se pencher.
Mardi 16 mars 20. 00 - 22:00 - mémorial : lieu : TBA
Le 16 mars marque le septième anniversaire de l’assassinat de Rachel. Nous espérons le célébrer comme une « journée de la conscience » avec un important rassemblement qui lancera un appel pour la vérité, la justice et la responsabilisation dans le cas de Rachel et au-delà. Des événements auront aussi lieu à Gaza (au centre culturel Rachel Corrie pour les enfants et les jeunes, situé à Rafah) et peut-être en Cisjordanie (TBA) ainsi que dans le monde entier.
Si vous n’êtes pas avec nous en Palestine/ Israël , réfléchissez à ce que vous et votre groupe/ communauté pouvez faire de façon visible et audible le 16 mars. Nous savons que cette période sera difficile, mais nous savons aussi que l’amitié témoignée depuis des années par un si grand nombre d’entre vous, nous aidera à surmonter les semaines à venir.
Bien que le déroulement et l’issue du procès soient une inconnue, nous nous félicitons d’avoir l’occasion de soulever et de mettre en lumière un grand nombre de questions critiques auxquels l’affaire de Rachel est liée. Nous vous remercions de votre appui. En solidarité et en reconnaissance.
Cindy & Craig Corrie
Source : par courriel
Traduction : Anne-Marie Goossens

Le dernier crime du Mossad : une étape pour Israël vers l’autodestruction

samedi 6 mars 2010 - 08h:27
Hasan Abu Nimah
The Electronic Intifada
L’assassinat à Dubaï de Mahmoud Al-Mabhouh - un des responsables du mouvement Hamas - très certainement par un escadron de la mort envoyé par le Mossad israélien, n’est nullement le premier crime de ce genre contre la souveraineté d’un autre Etat. Alors qu’Israël a littéralement commis à l’extérieur des meurtres par milliers, ce crime serait-il le crime de trop ?
(JPG) Israël a à son actif une longue et sanglante histoire de meurtres, de sabotages et de pur terrorisme partout en Europe, à Beyrouth, à Tunis, à Amman, à Damas et maintenant à Dubaï. Et cette liste est juste ce que nous savons. Tout ceci serait, parait-il, de « l’autodéfense » contre le « terrorisme » bien que ce soit le mouvement sioniste en Palestine qui ait inventé le terrorisme moderne pour lequel le Moyen-Orient est devenu notoire. Cela a débuté par d’innombrables attaques à la bombe perpétrées par les sionistes contre les civils palestiniens à partir des années 30, souvent sur les marchés et dans les cafés, suivis des attentats contre les hôtels du Roi David et de Semiramis à Jérusalem dans les années 40 et qui ont coûté la vie à des dizaines d’innocents, lesquels ont été suivis du meurtre du comte Folke Bernadotte, médiateur des Nations-Unies. Ces crimes qui marquent le début d’une longue histoire de massacres de Palestiniens, de Libanais et d’autres Arabes durant les six dernières décennies, étaient tous portés comme des insignes honorifiques par des dirigeants sionistes comme Menachem Begin et Yitzhak Shamir qui sont ensuite devenus Premiers ministres.
L’actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui selon certaines informations a personnellement approuvé le meurtre d’Al-Mabhouh, a dû penser que ce serait un haut fait d’armes célébré par le monde « civilisé » qui est toujours engagé dans une « guerre contre la terreur ». La soi-disant « communauté internationale » après tout, a aidé Israël à isoler le mouvement Hamas et à le labelliser comme organisation « terroriste » en dépit des ouverture diplomatiques faites par ce mouvement, des offres répétées de trêves et de cessez-le-feu, et du mandat gagné dans les urnes.
Malheureusement, cette fois-ci les choses ne tournent pas de cette façon. Compter sur la complicité internationale habituelle ne manquait pas d’un certain réalisme de la part d’Israël. En effet il n’y a eu aucune condamnation claire de l’assassinat d’Al-Mabhouh, dans une chambre d’hôtel, apparemment par électrocution et étouffement avec un oreiller selon le Daily Mail. Ce qui a soulevé l’indignation est le fait d’avoir fabriqué de faux passeports et d’avoir usurpé des identités.
Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont vigoureusement condamné l’utilisation frauduleuse de passeports, mais n’ont pas eu le courage de nommer publiquement Israël bien que plusieurs gouvernements dont le Royaume-Uni et l’Irlande avaient déjà convoqué leurs ambassadeurs israéliens. Les ministres des Affaires étrangères britanniques et irlandais ont même directement interpellé leur alter ego israélien Avigdor Lieberman, également présent à Bruxelles.
Le Mossad, service israélien d’espionnage et agence internationale du crime organisé, a une longue histoire d’utilisation de passeports fabriqués et volés impliquant des pays comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Allemagne. Il a notoirement employé de faux passeports canadiens lors de la tentative de meurtre de Khaled Meshal, dirigeant du Hamas, à Amman en 1997.
Chaque pays considère ses passeports comme il le fait de ses devises : leur crédibilité et leur valeur doivent être protégées. Les vies de ses citoyens peuvent dépendre d’un passeport ; un ressortissant irlandais, britannique ou allemand doit pouvoir voyager partout dans le monde sans craindre qu’on ne le suspecte d’être un assassin du Mossad.
Il y a plusieurs années la Nouvelle-Zélande, un pays de trois millions d’habitants, a interrompu ses relations diplomatiques avec Israël suite à l’utilisation de passeports néo-zélandais par le Mossad. Mais indépendamment de ce cas, la plupart des pays ont été trop timorés pour s’affronter à Israël. Que Lieberman ait refusé de fournir la moindre information supplémentaire ou même simplement reconnu le rôle israélien dans l’attaque de Dubaï alors qu’il rencontrait les ministres européens des Affaires étrangères, est la preuve qu’Israël se sent toujours en sécurité, montrant son arrogance et son mépris des lois car il sait bien que « la communauté internationale » n’a jamais osé lui demander de comptes.
Cette fois, cependant, l’arrogance israélienne a peut-être dépassé les limites de ce qui était toléré jusqu’ici, et transformé ce qui était censé être un acte « héroïque » en un scandale aux conséquences majeures. Il y a quelques facteurs spécifiques et généraux qui y contribuent. D’abord, le crime a été commis sur le territoire d’un pays arabe modéré [« modéré » signifie ici aligné sur la politique des Etats-Unis et d’Israël au Proche-Orient - N.d.T] dont le soutien à la paix avec Israël s’est pratiquement traduit en relations bilatérales officieuses. Une délégation israélienne de haut niveau y était présente quelques jours à peine avant l’arrivée de l’équipe de tueurs du Mossad. Afficher tant de mépris pour un des premiers Etats arabes modérés donne un très mauvais exemple pour n’importe quel autre Etat arabe disposé à tempérer sa position envers Israël (comme les Etats-Unis l’avaient exigé en tant que « mesures de mise en confiance » pour le « processus de paix »).
Un second facteur est que ne peut être facilement dissimulé le fait qu’Israël a employé des identités volées à des personnes vivantes, d’où le choc et la crainte du public de se réveiller un jour en trouvant son nom éclaboussé dans les journaux et mêlé à un meurtre.
Un troisième facteur est que le mauvais coup israélien à Dubaï porte exactement la marque du genre d’acte de terrorisme que le monde s’est mobilisé pour combattre. Des améliorations concernant le contrôle des passeport ont été réalisées ces dernières années pour stopper le terrorisme, mais voici un pays qui viole et sabote ces mesures de sécurité afin de commettre un meurtre.
N’imaginons pas que l’assassinat de Dubaï sera la paille qui brisera le dos de l’immunité et de l’impunité israéliennes, mais nous pouvons par contre être certains que l’érosion générale de la position d’Israël qui en résulte, en particulier après ses récentes guerres d’agression contre le Liban et Gaza, signifie que ce qui a été toléré par le monde plus facilement il y a cinq ou dix ans sera à présent moins facilement toléré. Le dégoût général du public face aux actions israéliennes a atteint des niveaux qui permettent d’exiger des gouvernements qu’ils réagissent plutôt que de se taire et d’être complices comme ils sont portés à le faire.
Quand il y avait un dit « processus de paix » les crimes d’Israël, en particulier contre les Palestiniens, étaient ignorés pour ne pas nuire à des relations ou ne pas retarder la conclusion positive espérée. Mais personne aujourd’hui — sauf le plus naïf ou le plus aveugle - ose croire qu’il y ait quoi que ce soit comme processus de paix. En dépit des efforts israéliens pour en faire porter la responsabilité aux Palestiniens, seuls les plus extrémistes des proisraéliens osent encore nier que la violente colonisation israélienne de Jérusalem et de la Cisjordanie, comme le blocus contre Gaza, sont les faits qui tuent dans l’oeuf toute perspective d’une solution négociée.
Rappelez-vous que juste quelques jours avant que l’affaire des passeports n’éclate, Israël faisait pression sur le Royaume-Uni pour qu’il change ses lois afin de protéger les officiels israéliens d’une arrestation pour crimes de guerre, s’ils passaient par Londres. Bien que les responsables britanniques aient publiquement exprimé leur honteuse bonne disposition à modifier la loi britannique pour répondre aux exigences israéliennes, ils peuvent maintenant faire face à une réelle opposition publique s’ils essayent de la changer. Quel intérêt le Royaume-Uni a-t-il à protéger d’une arrestation des individus comme Tzipi Livni si les faits et l’évidence le justifient ?
La vérité est que plus il se sentira désespéré, plus Israël sera violent et dangereux, non seulement pour ses voisins mais aussi pour la paix, la sécurité et la prospérité du monde. Sans la constante pression du lobby proisraélien, il n’y aurait eu aucune invasion de l’Irak. Aujourd’hui, c’est Israël et ses inconditionnels qui incitent en permanence à la confrontation et à la guerre avec l’Iran alors que la majeure partie de cette région ne souhaite que la paix et de bons voisinages.
Même si les pays affectés par le dernier coup tordu d’Israël ne le tiennent pas justement responsable comme il se devrait, celui-ci est sur le chemin qui le mène à l’autodestruction. La grande crainte aujourd’hui est tout le mal qu’il fera à d’autres en cours de route.

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25 février 2010 - The Electronic Intifada - Traduction de l’anglais : Claude Zurbach
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8286

39 raids de l’armée, 28 arrestations, en une seule journée en Cisjordanie

publié le samedi 6 mars 2010

Amira Hass

 
Au total, ce mercredi 24 février, 212 incidents liés à l’occupation ont été recensés : 4 agressions physiques ; 39 raids de l’armée (dont un à Gaza) ; 28 arrestations ; 12 interpellations sur des check-points et dans des secteurs habités...
« L’année 2009 fut la plus calme pour les Israéliens du point de vue sécurité et la plus violente pour les Palestiniens du point de vue des agressions par des colons en Cisjordanie. » Et juste au moment où il prononçait cette déclaration – montrant l’une des absurdités qui caractérisent la situation politique – le ministre palestinien de l’Agriculture, Ismail Daiq, recevait un coup de téléphone du district de Jénine, l’informant que 5 puits artésiens du village de Daan venaient d’être détruits dans la matinée. Un homme avait été blessé au ventre en tentant de remonter la pompe pour la sauver. Ce n’était pas une attaque de colons, mais un raid de l’armée.
Et ce n’était pas le seul évènement de routine quotidienne pour ce mercredi 24 février. Le département des Affaires de négociations à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) rassemble quotidiennement les informations de tous les districts des territoires occupés (Gaza et Cisjordanie, comme Jérusalem), pour les publier dans un rapport quotidien du Palestinian Monitoring Group (http://www.nad-plo.org/main.php ?view=pmg_pmg). Par souci de convenance, le rapport classe d’abord les faits et donne ensuite les détails par district.
Au total, ce mercredi 24 février, 212 incidents liés à l’occupation ont été recensés. Notons par exemple : 4 agressions physiques (en Cisjordanie et concernant des civils frappés à Naplouse et à Jérusalem) ; un blessé (un civil touché dans un accrochage à Daan) ; 8 agressions militaires par armes à feu (dont 2 à Gaza, 2 en cours de raids, une depuis un avant-poste militaire) ; 39 raids de l’armée (dont un à Gaza) ; 28 arrestations ; et 12 interpellations sur des check-points et dans des secteurs habités. Dans ces listes quotidiennes, on trouve encore des démolitions de maisons (aucune ce mercredi), des arasements de terres agricoles (un, à Gaza) et des travaux de construction du mur de séparation (à 22 endroits).
Le rapport reprend également les destructions de propriétés (7 cas, dont la destruction des puits et de récoltes ; la fermeture de check-points (8 cas sur 5 check-points, notamment des cas d’accès rendus difficiles) ; les check-points mobiles (« volants ») (23 ce jour-là) ; les fermetures permanentes de routes conduisant à des villages (7 cas) ; les fermetures de grandes routes (40, dont 4 à Bethléhem et 14 à Hébron, ainsi qu’au village de Jaba, à l’est de Ramallah) ; la fermeture de passages frontaliers importants (4, dont le blocus permanent de Gaza) ; les perturbations dans les écoles (3 dont le lancement de deux grenades lacrymogènes) ; la violence des colons (un cas, à Sheikh Jarrah) ; les manifestations (une, à Hébron). La liste indique également les attaques palestiniennes (pas une ce mercredi).
La philosophie de ces rapports sur la situation quotidienne est claire. Un « évènement » n’est pas qu’une fatalité, une agression, un tir ou une démolition. C’est quelque chose qui entraîne des dégâts durables et qui résulte de cette politique de bouclages imposés, de construction du mur et de maintien du blocus de la bande de Gaza. Mais même en dehors de ces éléments qui sont liés à l’occupation, la plupart des incidents n’est pas portée à la connaissance de la grande majorité des Israéliens.
Aucune statistique ne peut arriver à exprimer la détresse affective et sociale qui accompagne chacun de ces évènements, et non-évènements, tels que l’incarcération d’un million et demi de personnes à l’intérieur de la bande de Gaza, ou le fait que des dizaines de milliers des Gazaouis ne peuvent toujours pas reconstruire leur maison endommagée pendant l’offensive des Forces de défense israéliennes de l’hiver 2008/2009. Même sans le demander, on sait la raison de la destruction des puits, dans le district de Jénine : ils avaient été creusés « sans autorisation ». Mais le souverain qui détruit est aussi celui qui contrôle les ressources aquifères et décide de la répartition, inégale, de l’eau entre Palestiniens et Israéliens. Les statistiques ne prennent pas en compte les difficultés concrètes qui découlent de cette discrimination, ni l’affront permanent qu’elle inflige.
En 2009, Israël a détruit 225 maisons palestiniennes en Cisjordanie et arraché 515 Palestiniens à leurs foyers, rapporte le Bureau des Affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA - http://ochaonline.un.org/). Des milliers de Palestiniens en zone C et à Jérusalem vivent dans la crainte permanente que leur maison soit démolie et d’être expulsés de leurs lieux de résidence.
Comment chiffrer la peur ? Comme cette peur qui habite les familles de ces quelque 700 mineurs arrêtés par les FDI en 2009. La section Palestine de Défense de l’Enfance internationale (DCI - http://www.dci-pal.org/english/home.cfm) a représenté 218 de ces mineurs devant les tribunaux. 40 ont été relâchés, 28 sous caution et 12 sans conditions. 7 mineurs ont été gardés en détention administrative, c’est-à-dire, détenus sans jugement. 192 ont été traduits devant un tribunal, dont 23 étaient âgés de 12 ou 13 ans, et 46 de 14 ou 15 ans. La majorité – 123 mineurs – avait 16 ou 17 ans.
Des peines inférieures à 6 mois ont été infligées à 121 de ces jeunes arrêtés (63%), alors que 31 ont pris entre 6 mois et un an, et 32 entre un an et 3 ans. 8 des mineurs sont emprisonnés pour plus de 3 ans.
La majorité des ces jeunes (117) ont été condamnés pour des jets de pierres, 33 pour possession et lancement de cocktails Molotov, 11 pour être membres d’organisations interdites, 8 pour préméditation de meurtres, 7 pour possession et recel d’explosifs, et 16 pour possession et fabrication d’armes.
Pour l’instant, parlons des arrestations et des jugements du système militaire, dont on dit qu’il est le moyen de faire respecter l’ordre public, mais qui, actuellement, fait respecter l’occupation. Mettons de côté, pour le moment, le fait que dans ces tribunaux militaires, il est souvent recommandé au prévenu d’admettre des délits qu’il n’a pas commis, car son temps de détention depuis le début de sa procédure pourrait bien finir par dépasser celui de la condamnation applicable pour l’infraction reprochée.
Mais comment faire pour quantifier la colère, individuelle et collective, qui s’exprime dans les pierres qui sont jetées, une colère qui est soulevée par le système judiciaire militaire d’Israël ?
Tout élément d’information que nous donnons et qui traite de la domination israélienne sur les Palestiniennes est mensonger. Il veut donner l’impression de dire ce qui s’est réellement passé du côté palestinien, et qu’en dehors de cela, tout est normal, voire rayonnant. Mais toute nouvelle information publiée dans la presse israélienne est le signe de ce qui manque, de ce que personne ne veut savoir.

Conclusions de la première session du Tribunal Russell sur la Palestine

publié le samedi 6 mars 2010
TRP

 
Voir la PJ ci dessous en Pdf :
CONCLUSIONS DE LA PREMIERE SESSION INTERNATIONALE DU TRIBUNAL RUSSELL SUR LA PALESTINE
Barcelone, 1-3 mars 2010
Vous les trouverez aussi sur le site du Comité français d’appui au Tribunal :

Négociations : les Palestiniens ont reçu des garanties de Washington

publié le samedi 6 mars 2010
René Backmann

 
Les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont reçu de l’administration américaine les assurances qu’ils attendaient pour participer aux « négociations indirectes » avec Israël. Selon des sources américaines et palestiniennes, l’administration Obama a fait parvenir à Mahmoud Abbas un document écrit dans lequel elle s’engage notamment à désigner le coupable éventuel d’un échec des négociations - si échec il y a.
Les Palestiniens fondent très peu d’espoir sur cette phase de négociations basée sur une navette de l’émissaire américain George Mitchell entre Ramallah et Jérusalem. Ils confient même qu’ils n’ont accepté d’y participer que pour démontrer leur volonté de négocier et ne pas fournir à Israël « un prétexte pour fuir ses responsabilités ». Mais ils réclamaient, depuis que l’idée de « négociations indirectes » avait été avancée par George Mitchell, un engagement clair de Washington à attribuer l’échec éventuel des pourparlers à ceux qui en seraient les responsables. Pourquoi ?
Parce qu’en juillet 2000, ils avaient été indignés par l’attitude de Bill Clinton, qui avait imputé l’échec des négociations de Camp David à Yasser Arafat seul, alors qu’elles étaient - pour le moins - partagées entre le président palestinien et le premier ministre israélien Ehoud Barak. Leur fureur était d’autant plus grande que quelques jours avant le sommet, l’un des négociateurs palestiniens, Ahmed Qorei (Abou Ala), à l’époque président du parlement, avait rencontré Bill Clinton et lui avait indiqué que les Palestiniens ne participaient à cette réunion que parce qu’il les avait invités, mais qu’ils n’avaient aucune illusion sur son issue, la partie israélienne n’ayant modifié en rien ses positions et n’ayant fait aucune ouverture.
« Clinton m’avait écouté et avait accepté ma requête de ne pas rendre Arafat responsable d’un possible échec. Et pourtant, à peine avions nous quitté Camp David , après le fiasco total du sommet, qu’il accusait Arafat de l’avoir fait capoter » avait, quelques mois plus ta rd, confié Ahmed Qorei à l’auteur de ces lignes.
Même si depuis juillet 2000 des historiens, des journalistes et même plusieurs anciens collaborateurs de Clinton ont rétabli la vérité sur cet épisode, ce « coup de poignard dans le dos », selon les mots d’un autre négociateur palestinien a laissé des traces durables et douloureuses.
On comprend, dans ces conditions, que la lettre de garanties adressée à Mahmoud Abbas ait été accueillie avec soulagement à Ramallah. On y trouve en effet des engagements très clairs. « Nous attendons des deux parties qu’elles agissent sérieusement et de bonne foi, indique le document. Si l’une des parties, à notre point de vue, ne répond pas à nos attentes, nous ferons connaître nos
Préoccupations et nous ferons ce qui doit être fait pour vaincre cet obstacle ». La lettre américaine précise que l’engagement américain consistera à participer à « l’échange de messages entre les parties et à présenter nos propres idées et nos propositions de compromis ».
« L’essentiel, pour nous, indique aussi le document, est la naissance d’un Etat palestinien viable, indépendant et souverain, doté d’un territoire contigu, qui mettra un terme à l’occupation commencée en 1967 ».
Sur la question brûlante des colonies, l’administration américaine rappelle son soutien à la Feuille de route, qui ordonne à Israël le gel de toute construction dans les colonies et le démantèlement des colonies sauvages construites depuis mars 2001.
En dépit de ces garanties américaines, les réserves, sur le mode de négociation et sur leur substance demeurent très vives chez les Palestiniens, sans parler de la position du Hamas, ouvertement hostile à ces pourparlers. Membre du Fatah et ancien « homme fort » de la bande de Gaza, Mohammed Dahlan a ouvertement pris ses distances.
Et vendredi, le ministre égyptien des affaires étrangères - membre du Comité de la Ligue arabe qui a donné son feu vert à Mahmoud Abbas pour reprendre les négociations - a déclaré qu’à ses yeux, les Palestiniens ne devraient pas entrer en discussion avec les Israéliens, compte tenu de la décision annoncée par Benjamin Netanyahou d’ajouter à la liste des sites historiques israéliens deux « Lieux saints » de Cisjordanie : le Tombeau de Rachel et le Caveau des Patriarches.
Dénoncée par l’autorité palestinienne comme une « annexion » de fait, cette initiative du premier ministre israélien a provoqué, depuis qu’elle a été rendue publique une cascade de manifestations. Celle de cet après midi, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, où la police israélienne est entrée en force a fait 15 blessés parmi les policiers et plusieurs dizaines parmi les manifestants. [1]
[1] De nouveaux affrontements ont éclaté vendredi entre fidèles musulmans et police israélienne sur l’Esplanade des mosquées, le lieu le plus conflictuel de la Vieille ville de Jérusalem, faisant au moins un blessé grave.Selon la police israélienne, des fidèles sortant de la grande prière du vendredi à la mosquée Al-Aqsa ont commencé à jeter des pierres sur les forces de l’ordre et les juifs en train de prier au Mur des lamentations, juste en contrebas de l’esplanade.
Une Palestinienne, touchée à la tête par une balle en caoutchouc, a été hospitalisée dans un état grave, a annoncé Ron Krumer, porte-parole de d’hôpital Hadassah de Jérusalem. En tout, selon les ambulanciers palestiniens, 13 personnes ont été blessées.
Selon Najeh Btirat, un des responsables du Waqf, le sermon de la grande prière du vendredi avait eu pour thème la nécessaire protection des sites religieux musulmans des visées de l’Etat hébreu. Dès après le sermon, environ 300 jeunes se sont mis à lancer des pierres sur la police.
Selon le porte-parole de la police de Jérusalem Shmuel Ben-Ruby, les forces anti-émeute stationnées aux alentours de l’Esplanade sont alors intervenues pour rétablir l’ordre.
D’autres fidèles sont ensuite intervenus pour tenter de faire baisser la tension et la police a fini par quitter les lieux, en coordination avec les religieux du Waqf, le fonds qui gère le lieu saint.
AP, relayé par Yahoo

Sur le rapport Goldstone

publié le samedi 6 mars 2010
Patrick le Hyaric

 
Intervention de Patrick Le Hyaric, eurodéputé de la Gauche Unitaire Européenne sur la mise en oeuvre du rapport Goldstone.

La politique américaine au Moyen-Orient (troisième partie) : 1991-2003

publié le samedi 6 mars 2010
Vincent Fromentin

 
La radicalisation de la stratégie américaine au Moyen‑Orient face au terrorisme international (1991-2003)
Cet article est le troisième volet consacré à la politique américaine au Moyen-Orient de 1919 à nos jours. [1]
En 1991, l’assise des États-Unis au Moyen-Orient est totale, mais son discrédit est à la hauteur de son emprise stratégique. A l’origine, la contestation émane des leaders victorieux de l’URSS basés en Afghanistan et au Pakistan (notamment dans la cellule très active de Peshawar). L’aide officielle apportée par l’administration Reagan pour contrebalancer l’influence soviétique en Afghanistan contribue à structurer un réseau de plusieurs milliers de combattants islamistes et certaines figures idéologiques charismatiques (telles que Abdullah Azzam, Oussama Ben Laden ou Omar Abdel Rahman). Mais, après le retrait soviétique, les combattants d’al Qaïda vont chercher de nouveaux terrains (Tchétchénie, Somalie, etc.). Le terrorisme d’al Qaïda reste régional.
Ben Laden, réfugié en Arabie Saoudite, en est expulsé en 1991 pour ses positions trop véhémentes envers la présence américaine sur le sol des Lieux Saints. Cette date marque l’internationalisation du terrorisme.

1. Les origines du terrorisme international d’al Qaïda (1991-2001)

Dès avant ce 11 septembre 2001, où l’opinion semble découvrir le terrorisme médiatique d’al Qaïda, un certain nombre d’événements précurseurs est à analyser.
A l’origine, le terrorisme est la défense d’un territoire
Avant d’être, aux yeux des États-Unis, l’unique apanage de Ben Laden ou de Saddam Hussein, le terrorisme a été un moyen de contestation de populations autonomistes ou anticoloniales. Par exemple, en 1928, la création des Frères Musulmans en Égypte par Hasan el Bana prône « le refus de l’asservissement culturel, politique et économique de l’Oumma » afin de se dégager du joug colonial.
Avant tout, le terrorisme est la défense d’un territoire. Ces deux mots partagent étrangement la même étymologie.
Ce terrorisme combat la présence physique des soldats américains sur les Lieux Saints mais aussi la présence symbolique des valeurs occidentales (notamment les touristes en Égypte). Et cette guerre de libération totale glisse progressivement vers une radicalisation idéologique. Effectivement, si l’on parle de territoire, il devient petit à petit celui du religieux. Le terrorisme n’est pas national : il constitue la lutte armée pour l’établissement d’un territoire dépourvu de toute influence ou déviance occidentale. Il est l’expression radicale et violente des projets de panarabisme. Le vecteur de cette contestation en est la religion.
La religion est un vecteur de contestation
Pendant ces années 90, même si la majeure partie des attentats terroristes reste régionale, la « menace al Qaïda » s’internationalise. Ben Laden, après l’instauration d’un pouvoir fondamentaliste au Soudan grâce au Front national islamique en 1989, rassemble des figures de la contestation régionale issues du front afghan mais aussi des leaders algériens, yéménites ou égyptiens (notamment Ayman Al Zawahiri). Des attentats régionaux sont perpétrés contre les intérêts américain : Aden en 1992, Mogadiscio en 1993, Riyad en 1995, Khobar en 1996, Nairobi et Dar es-Salaam (240 morts et des milliers de blessés) en 1998.
De retour en Afghanistan où les taliban ont pris le pouvoir à Kaboul depuis 1996, Ben Laden et Al Zawahiri annoncent la formation du Front Islamique mondial pour le djihad contre les Juifs et les Croisés.
La contestation et les menaces d’al Qaïda prennent plus d’ampleur et touchent directement le sol américain comme en témoignent l’assassinat du rabbin extrémiste Meir Kahane en 1990 ou l’attentat contre le WTC en 1993 inspirés par Omar Abdel Rahman.
Ce qu’il faut comprendre c’est que les racines du terrorisme islamiste s’originent dans une contestation de l’hégémonie sur un territoire : c’est le cas en Afghanistan contre les Soviétiques, dans les multiples conflits nationaux des Balkans mais aussi sur le territoire sacré de l’Arabie Saoudite contre la présence américaine. Mais à partir des années 90, l’essor de figures charismatiques contribuent à idéologiser et à formaliser une doctrine. Le territoire n’est plus la terre à proprement parler mais le territoire des croyants, l’Oumma, face aux infidèles. La représentation géopolitique du terrorisme islamiste se détache progressivement d’une vision strictement autonomiste. Néanmoins, la religion n’est-elle pas un vecteur de contestation identitaire plutôt qu’une fin en soi ?
Le faux-problème du choc des religions
Le fameux concept du « choc des civilisations », rendu célèbre par Samuel Huntington en 1993, mais, en réalité, développé dès les années 60 par un universitaire américain, Bernard Lewis (proche de Wolfowitz et des néoconservateurs américains), consiste à opposer dangereusement deux blocs : l’Occident judéo-chrétien et l’Islam.
Cette opposition essentialiste et réductrice tend à se placer dans le domaine des idées : la confrontation de deux religions. La médiatisation excessive de ces notions conceptuelles contribue en outre à occulter la réalité des choses. Le problème essentiel reste celui de l’oppression d’un peuple ou de l’occupation bien réelle d’une terre. Parler d’un conflit religieux entre Palestiniens et Israéliens, c’est oublier le problème de la violation du Droit International par Israël. Focaliser sur le terrorisme islamiste, c’est oublier ses racines de revendication d’un territoire.
Alors comment comprendre ce glissement d’un terrorisme comme revendication strictement territoriale vers le terrorisme international d’al-Qaïda et ses appels au djihad ?
Effectivement, si le terrorisme des années 80 revendique un territoire face à un occupant, à partir des années 90, il s’idéologise, se radicalise et s’internationalise grâce aux médias. Le recours aux nouvelles technologies et à Internet permet de diffuser un message relayé dans le monde entier. Les médias contribuent à donner à la lutte d’al Qaïda une valeur symbolique. Prenons l’exemple du keffieh palestinien : il est devenu l’emblème de la résistance pour les jeunes occidentaux (altermondialistes, irlandais, corses, etc.) complètement déconnecté de sa signification originelle. L’ampleur médiatique d’al Qaïda agit de la même manière : le label al Qaïda est récupéré comme représentation identitaire par des groupuscules n’entretenant parfois aucun rapport avec les combattants d’Afghanistan : comme ce sera le cas à Djerba contre la synagogue de la Ghriba en avril 2002, à Casablanca en mai 2003, ou à Istanbul en novembre 2003, etc. Les médias permettent la confluence du terrorisme autonomiste régional vers le terrorisme internationaliste.
Dans cette course médiatique, certains analystes ne voient parfois en al Qaïda qu’une construction médiatique servant à la fois les intérêts de groupes autonomistes ou internationalistes et ceux des puissances légitimant leur cœrcition par une lutte anti-terroriste (Hitler en 1939 avait prétexté le terrorisme tchèque pour envahir la Tchécoslovaquie : « Nous ne voulons pas oppresser une autre nation et nos actions ne sont pas basées sur la haine d’une autre nation. Je sais que cette guerre est très sérieuse mais je veux nous protéger des actes d’un monstre. Il a régné avec une terreur continue sur son peuple et les a soumis au silence et à la misère. Son armée a un arsenal militaire énorme qui ne peut représenter qu’un danger imminent pour le reste du monde. Nous avons été très patient mais nous ne pouvons plus rester inactif devant le danger. », Discours de Hitler au Sportpalast de Berlin en avril 1939).

2. La pression américaine sur le Proche et Moyen Orient

La disparition du bloc soviétique projette l’administration américaine dans une intense campagne diplomatique et médiatique pour instaurer un ordre mondial américain. Après la guerre contre l’Irak de 1991, les forces américaines sont présentes dans le Golfe et le Moyen-Orient. De surcroît, l’accord (dont certaines clauses restent secrètes) conclu en 1996 entre la Turquie et Israël renforce le projet américain. En novembre 2000, lord Roberston, secrétaire général de l’OTAN, déclare que la Turquie « est un allié sûr de l’OTAN au cœur d’une zone vitale qui comprend les Balkans, le Caucase, le Proche-Orient et la Méditerranée ».
Ces atouts permettent aux États-Unis de réaliser ses deux impératifs : d’une part le contrôle énergétique régional et d’autre part la sauvegarde de la souveraineté de leur allié israélien en relançant à leur avantage le processus de paix.
Capitaliser la guerre contre l’Irak afin d’établir un « nouvel ordre mondial »
Zone de Texte : Discours de G.Bush devant le Congrès américain, 11 septembre 1990 « Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. Une centaine de générations ont cherché cette voie insaisissable qui mène à la paix, tandis qu’un millier de guerres ont fait rage à travers l’histoire de l’homme. Aujourd’hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles. »La violation par l’Irak de l’intégrité du Koweït pousse Saddam Hussein à justifier son occupation par l’exemple israélien de non-respect de la résolution 242 de 1967. Mais, cet argument ne suffit pas et l’opération rapidement déclenchée conduit, à partir de 1991, à maintenir l’Irak dans une position d’embargo total jusqu’en 1996 date à laquelle il est allégé par un programme « pétrole contre nourriture » permettant l’importation de nourriture et de médicaments. En outre, États-Unis, Grande-Bretagne et France, malgré l’absence de résolutions de l’ONU en ce sens, établissent des zones d’exclusion aérienne sur 60% du territoire irakien afin de protéger les minorités kurdes au Nord et chiites au Sud. Mais, progressivement, ces zones d’exclusion légitiment des bombardements sur des zones stratégiques qui suscitent le retrait de la France en 1996 de la zone de surveillance du Kurdistan.
L’Irak est soupçonné de mener un programme d’élaboration d’armes de destruction massive. Des experts de l’UNSCOM sont dépêchés pour examiner toutes les installations. Mais dès avant la production de tout rapport d’analyse de l’UNSCOM, l’opération Renard du Désert est déclenchée en 1998 (où, par rapport à la Guerre du Golfe, le double de missiles de croisière a été lancé). La Russie, la Chine et la France critiquent ces bombardements en dehors des zones d’exclusions aériennes et qui touchent, selon l’ONU, près de 41% des civils.
Ces zones d’exclusion aérienne, aux fondements en Droit International controversés, initialement prévues pour sauvegarder les minorités irakiennes, permettent en réalité d’étouffer le pouvoir de Bagdad. Elles ont hélas aussi autorisé en 2000 des représailles militaires turques sur le PKK implanté en territoire irakien.
Conserver la maîtrise des processus de paix afin de préserver la souveraineté israélienne
L’ensemble du monde arabe condamne l’acharnement des États-Unis et de la Grande-Bretagne en Irak. Le parallèle est souvent observé, non en Droit mais dans la presse internationale, entre l’occupation du Koweït par l’Irak et l’occupation des territoires palestiniens par Israël. C’est pourquoi, en 1991, après le rejet du plan Baker de 1989 par les gouvernements israéliens, les États-Unis enclenchent avec l’URSS un processus de paix pour régler la question du conflit israélo-palestinien lors de la Conférence de Madrid.
Mais le processus souffre de plusieurs faiblesses :
-  Les États-Unis forcent la main aux deux Parties,
-  L’OLP est absente de la délégation pour les négociations à Madrid,
-  L’ONU et l’UE sont conviées comme participants (non comme commanditaires) : leur approche défendant le Droit International (notamment le respect de la IV Convention de Genève) est marginalisée,
-  Le programme de négociation lancé est basé sur le principe contestable de la restitution des territoires en échange de la paix.
Ce dernier point consacre le monopole de la violence et du terrorisme aux Palestiniens, la position de droit, de facto, étant celle d’Israël.
Tous ces décalages contribuent à enliser les négociations. En réalité, l’objectif est d’arriver le plus rapidement à une solution politique : même si le cœur des débats autour de la question des colonies juives et du statut de Jérusalem est suspendu, le processus d’Oslo, initié par l’allié des États-Unis, la Norvège, d’abord secret, aboutit à la reconnaissance mutuelle officielle entre Itzhak Rabin et Yaser Arafat qui signent une Déclaration de Principes à Washington en septembre 1993. Par cet accord, l’OLP est reconnu pleinement par Israël et permettent d’enclencher un processus de discussion plus serein pour l’autonomie des territoires palestiniens.
Depuis 1993, pour faire face aux attentats palestiniens et dés-intriquer, séparer les deux peuples, une logique sécuritaire se développe par des mesures de police : Gaza et la Cisjordanie sont bouclés par des barrages et des permis d’entrée, mais aussi par des mesures d’aménagement du territoire : les « by Pass Roads ». Israël s’engage effectivement à établir des routes de contournement pour garantir la sécurité des élections palestiniennes. En réalité, ces routes contribuent d’une part à isoler les confettis de territoires palestiniens éparpillés en cantons séparés les uns des autres et d’autre part, en contournant les zones de densité palestinienne, de relier toutes les extensions et colonies juives jusqu’au cœur du territoire israélien.
Mais, en 1994, le massacre commis par des colons israéliens, tuant près de cinquante civils palestiniens et blessant plusieurs centaines de fidèles en prière dans la mosquée d’Abraham à Hébron, conduit au déploiement temporaire d’une force internationale (résolution 904) autour d’Hébron.
L’erreur stratégique de la carte israélienne : le « deux poids / deux mesures »
Les différentes rencontres dilatoires et le veto américain à tout respect du Droit International conduisent à l’impasse. En septembre 2000, la seconde Intifada est déclenchée suite à la visite provocatrice d’Ariel Sharon au Haram al-Sharif (l’esplanade des Mosquées), qui se situe dans Jérusalem-Est sous occupation israélienne. Mais, le mois suivant, lors du vote de la résolution 1322, les États-Unis au Conseil de Sécurité ne reconnaissent pas la visite de Sharon comme une provocation, ni l’emploi de la force par Israël contre les Palestiniens. Les pressions des États-Unis et d’Israël éloignent les possibilités d’un règlement du conflit sur les bases du Droit International.
De fait, une commission spéciale des Nations unies pour enquêter sur les droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens propose dans son rapport de mars 2001 la création d’une présence internationale « pour surveiller et rendre compte régulièrement de la conformité de toutes les parties aux normes des droits de l’homme et du droit humanitaire, de sorte à assurer à la population des Territoires occupés l’entière protection des droits de l’homme. Une telle présence internationale devrait être immédiatement établie et constituée de manière à refléter le sentiment d’urgence au sujet de la protection des droits de l’homme du peuple palestinien (§114) ». C’est d’ailleurs dans ce sens que se prononcent les ministres des Affaires étrangères lors de leur réunion du G8 à Rome en juillet 2001. Mais le 11 septembre suscite d’autres priorités pour les États-Unis et marque l’arrêt du processus de paix.

3. Le Moyen-Orient traumatisé (2001-2003)

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 sur les TwinTowers précipitent les plans d’action américains au Moyen-Orient :
-  Lancement en 2001 de l’opération « Liberté immuable » en Afghanistan décidée conjointement et conformément aux résolutions 1368, 1373 & 1378 du Conseil de Sécurité des Nations-unies,
-  Lancement d’une guerre préventive unilatérale (coalition formée de la Pologne, de la Grande-Bretagne, de l’Australie et des États-Unis), sans l’accord de l’ONU contre l’Irak en 2003.
La construction d’un Ennemi global
Conformément à leur conception du « nouvel ordre mondial » que les États-Unis défendent, dès les années 90, en raison de leur mission morale qui leur est quasi-divinement accordée du fait de leur puissance, unique après la chute du bloc soviétique, il s’agit concernant le Moyen-Orient :
- Comme nous l’avons vu, d’empêcher l’escalade du conflit israélo-palestinien en renforçant le partenariat avec Israël et les états arabes « pro-occidentaux »,
-  D’identifier et de détruire les armes de destruction massive (ADM), qui motivent les bombardements unilatéraux sur l’Irak en 1996 et 1998 ainsi que sur le Soudan en 1998,
-  De lutter contre le terrorisme,
-  Et de provoquer des changements en Irak et en Iran.
A partir de 2000, Saddam Hussein a préféré l’euro au dollar pour les transactions pétrolières et commerciales ; son initiative a été suivie par la Corée du Nord, l’Iran puis en 2002 par la Chine et la Russie pour leurs avoirs financiers. Même si la mainmise sur les hydrocarbures est une prérogative importante dans la politique américaine au Moyen-Orient, elle ne justifie pas à elle seule cette guerre préventive. L’affaiblissement de l’Irak semble avoir été prévu de longue date par l’administration américaine mais les sanctions internationales n’ont pas réussi à déstabiliser Saddam Hussein au pouvoir. On assiste à une cristallisation politique et médiatique autour de Saddam Hussein et de son « état-voyou ».
Les États-Unis légitiment cette intervention par la menace sur la paix mondiale que représente l’Irak :
-  Tout d’abord, la focalisation médiatique sur Saddam Hussein et sur Ben Laden contribue aux yeux des Américains à nouer un lien évident de connivence entre les deux hommes dans l’élaboration des attentats de 2001 et dans le soutien au terrorisme international malgré que les services de renseignements occidentaux n’aient jamais alerté sur ce type de danger.
-  L’argument avancé également depuis 1991 est la menace NBC et la détention d’ADM. Colin Powell affirme que les inspections ne suffiront jamais assez face aux réticences et au manque de transparence irakien.
Origines et légitimité d’une guerre préventive
Loin de la polémique de l’époque sur la justification de cette guerre préventive, il apparaît néanmoins que des deux pays en dehors de l’orbite « pro-américaine » et susceptibles de se doter (ou non) d’une arme nucléaire, l’Irak est affaibli et exsangue par rapport à l’Iran. Après le 11 septembre 2001, d’un point de vue stratégique, c’est donc l’occasion idéale pour se positionner militairement au Moyen-Orient. Pariant sur le ralliement de la minorité ch’iite irakienne, écartée par le pouvoir baasiste jusque-là, les États-Unis pensaient influer certainement sur l’Iran.
Le bombardement israélien sur le réacteur nucléaire irakien d’Osirak en 1981 est légitimé par les mêmes arguments : l’Irak est « hors la loi » et la menace, même si elle n’est pas totalement opérationnelle, constitue un facteur, à terme, de déstabilisation régionale. C’est une « légitime défense anticipée », conforme à l’article 51 de la Charte des Nations unies si l’Irak était en mesure de développer rapidement sa capacité nucléaire. Mais les États-Unis en 2002, comme Israël en 1981, se justifient en prétextant que le but de la guerre préventive est de créer les conditions préalables à l’instauration de la paix et au respect des droits de l’Homme et que par là-même elle est nécessaire en dépit de l’opposition du Conseil de Sécurité ou du respect du Droit International.
Les attaques du 11 septembre permettent aux États-Unis de remodeler l’ensemble du monde arabe en s’attaquant aux États-voyous. En définitive, désarmer l’Irak, c’est désarmer le seul pays arabe susceptible de contrebalancer l’équilibre des forces régionales au profit des deux alliés américains : Israël et la Turquie.
La Guerre d’Irak, déclarée en mars 2003 par l’opération « Iraqi Freedom » dont les « conflits majeurs » sont officiellement déclarés achevés en mai 2003 par le président américain, a permis de détrôner Saddam Hussein. Le temps est venu pour les États-Unis de mettre en place leur projet de « Grand Moyen Orient » afin de promouvoir ses alliances stratégiques vacillantes (l’Arabie Saoudite) et une vaste politique de démocratisation et de libéralisation pour changer les régimes en place.
[1] Le premier volet (1919-1979) analyse la progressive mainmise américaine sur les anciennes possessions européennes et la confrontation au bloc soviétique ; le deuxième volet (1979-1991) se consacre à l’effondrement de l’influence de l’URSS au Moyen-Orient et le contrôle total américain sur les ressources énergétiques régionales. http://www.france-palestine.org/art...

Les Européens veulent reprendre la main au Proche-Orient

07/03/2010
Le premier acte de l'engagement européen au PO doit se concrétiser 
avec la visite prochaine de Catherine Ashton. La Haute représentante de 
l'UE pour les Affaires étrangères doit entamer dimanche 14 mars une 
tournée qui doit la conduire en Israël, en Égypte et en Jordanie./
Le premier acte de l'engagement européen au PO doit se concrétiser avec la visite prochaine de Catherine Ashton. La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères doit entamer dimanche 14 mars une tournée qui doit la conduire en Israël, en Égypte et en Jordanie./ AFP
Les ministres européens des Affaires étrangères ont tenté de reprendre la main sur le dossier du Proche-Orient alors que se profilent, à l'initiative des Américains, des négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens pour relancer un processus de paix moribond.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est attendue dans la région dans une semaine et a demandé à se rendre à Gaza, un geste à haute valeur symbolique.
Samedi, lors d'une réunion informelle à Cordoue, dans le sud de l'Espagne, les ministres européens ont apporté un soutien unanime à l'offre de dialogue indirect américaine. "L'UE soutient les efforts américains" et "elle fera tout ce qui est possible pour que la solution avec deux États, israélien et palestinien, devienne une réalité", a assuré le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, à l'issue de la réunion. "L'UE doit devenir un acteur" dans la région, a-t-il ajouté.
Le premier acte de cet engagement européen doit se concrétiser avec la visite prochaine de Catherine Ashton. La Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères doit entamer dimanche 14 mars une tournée qui doit la conduire en Israël, en Égypte et en Jordanie. Attendue en Israël le 17 mars, Mme Ashton a indiqué qu'elle souhaitait se rendre aussi dans la bande de Gaza et a adressé une demande en ce sens aux autorités israéliennes. "J'ai besoin de me faire une idée par moi-même du problème et des questions que nous devons résoudre", a-t-elle expliqué.
Israël impose un blocus sur tous les biens non essentiels envers la bande de Gaza depuis que le mouvement islamiste Hamas a accédé au pouvoir en juin 2007. En décembre, Israël avait empêché une délégation de députés européens de se rendre à Gaza après avoir initialement autorisé cette visite. Seuls deux ministres européens ont fait le voyage à Gaza depuis un an. Le dernier en date est le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, la semaine dernière. "Nous avons affaire à Gaza à un blocus très inhumain qui est très contre-productif pour le processus de paix", a affirmé M. Martin qui a fait samedi un compte-rendu de son voyage à ses homologues européens.
Les pays de l'UE sont déjà les principaux contributeurs d'aide aux Palestiniens et Mme Ashton a assuré que l'Union allait amplifier son engagement pour aider l'Autorité palestinienne à bâtir ce qui pourrait être les bases institutionnelles d'un futur État palestinien. "Il est extrêmement important que nous continuions à renforcer" notre engagement à l'égard des Palestiniens, a-t-elle martelé.
"L'UE doit jouer un plus grand rôle que lors de ces dernières années", a renchéri le ministre finlandais des Affaires étrangères, Alexander Stubb.
Une éventuelle reconnaissance d'un État palestinien avant même le règlement de la question des frontières avec Israël, suggérée récemment par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, n'a pas été évoquée à Cordoue par les ministres européens. L'initiative de M. Kouchner avait été sèchement écartée par le président français Nicolas Sarkozy qui l'avait qualifiée de "prospective".
En attendant les Européens, l'émissaire spécial des États-Unis pour le Proche-Orient, George Mitchell, est attendu ce week-end à Jérusalem. Il sera suivi en début de semaine par le vice-président américain Joe Biden pour une visite de deux jours en Israël et en Cisjordanie.