lundi 13 décembre 2010

A Bil’in, les droits humains, ça ne veut rien dire

publié le dimanche 12 décembre 2010.
11 décembre
La Journée internationale des Droits humains est devenue une méchante plaisanterie hier en Palestine, alors que les manifestants non violents étaient aspergés de gaz lacrymogènes, tirés à balles d’acier enrobées de caoutchouc, et arrêtés alors qu’ils manifestaient dans la non-violence.

Texte de Brynn Utela, photos avec l’aimable autorisation d’Activestills.


Photo : Les manifestants non violents défilaient pour la Journée internationale des Droits humains, exigeant la libération d’Abdallah Abu Rahmah, toujours détenu bien que sa peine de prison soit finie. Il a été arrêté il y a un an pour avoir participé à la coordination des manifestations hebdomadaires à Bil’in.
Les manifestations non violentes hebdomadaires organisées hier à travers toute la Palestine ont connu une forte participation internationale en commémoration de la Journée internationale des Droits humains.
Ce soutien international toujours plus fort n’a guère dissuadé les soldats israéliens d’utiliser des quantités inhabituelles de lacrymogènes pour disperser les foules, en plus des balles caoutchouc et des grenades assourdissantes ; ils ont en outre arrêté deux militants à Bil’in, et un à Beit Ma’asara.
Un militant qui fut témoin de la violence israélienne nous a déclaré, « Les Israéliens ont lancé les lacrymogènes avant même que la manifestation ne soit arrivée au mur… c’était dingue ! ».
Les manifestations à Bil’in ont revêtu une importance particulière ce vendredi car c’était le jour du premier anniversaire de l’emprisonnement d’Abdallah Abu Rahmah. Rahmah était le coordinateur du Comité populaire contre le mur et la colonisation, à Bil’in, quand il a été arrêté, le 10 décembre 2009, et il fut reconnu coupable « d’avoir organisé des manifestations illégales » et « d’incitation ».

Photo : Des soldats israéliens ont formé une première ligne pour intimider les manifestants et se préparent à l’affrontement.
Bien que sa peine de prison ait expiré le mois dernier, Abdallah Abu Rahmah est toujours gardé en détention à la requête du ministère public israélien. Malgré des manifestations de masse et la condamnation internationale, il est maintenu derrière les barreaux.
L’ampleur de la protestation à Bil’in a conduit à une réponse répressive exceptionnelle de l’armée israélienne. Les forces israéliennes ont utilisé des gaz, des grenades assourdissantes et des balles caoutchouc pour disperser les foules.
Les soldats israéliens ont également déclaré, en toute illégalité, que le secteur était « Zone militaire fermée », tentant ainsi d’obliger les manifestants étrangers à partir du secteur. Déclarer ce secteur « Zone militaire fermée » sans une ordonnance de tribunal est illégal selon la loi israélienne d’occupation.
Un militant a refusé de partir de la « Zone militaire fermée » et il est arrêté. Il sera relâché quelques heures plus tard après la fin de la manifestation.
 
Photo : Un militant allemand est arrêté après que les Israéliens aient déclaré illégalement la terre palestinienne de Bil’in, « Zone militaire fermée ».
Un Palestinien a également été arrêté à Bil’in et gardé en détention avant d’être relâché dans l’après-midi.
Un militant israélien a également été arrêté, puis relâché, hier, à la manifestation hebdomadaire de Beit Ma’asara.
http://www.palestinemonitor.org/spip/spip.php?article1646
traduction : JPP
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La délégation du Parlement européen de retour de Gaza choquée par la situation

L’Humanité
publié le samedi 11 décembre 2010.
11 décembre 2010
Une délégation du Parlement européen composée de députés de différents groupes parlementaires s’est rendue en Palestine, à Gaza et en Cisjordanie. Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité et vice-président du groupe de la Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique était le seul député français de cette délégation.
L’objet de ce déplacement visait à faire une évaluation de la situation en Palestine, rencontrer les parlementaires du Conseil législatif palestinien et de l’autorité palestinienne, vérifier l’utilisation des fonds européens à la Palestine, en coopération avec l’ONU. Ils ont également rencontré les représentants du quartet à Jérusalem.
La délégation, choquée par la situation à Gaza, a fait aujourd’hui cette déclaration publique :
Une rencontre avec les représentants élus de tous les partis politiques dans le Conseil législatif palestinien (PLC) afin d’évaluer les conditions de vie à Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, et par la même, de discuter de la question de la réconciliation ont été les principaux objectifs de la délégation du PE [1], dirigée par Proinsias de Rossa (S & D, IE), qui a visité les territoires palestiniens (Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est), du 27 novembre au 1er décembre 2010.
La délégation a été choquée par les privations subies par le peuple à Gaza : 750 000 personnes continuent à avoir besoin d’aide alimentaire de l’UNRWA ; 300 000 d’entre eux sont dans une pauvreté abjecte. Les écoles sont toujours privées de matériaux de construction.
Afin d’améliorer les conditions de vie des habitants de Gaza, le siège doit être levé. Les activités économiques normales et les entreprises doivent commencer à nouveau, sans aucune restriction sur les exportations et les importations.
A Naplouse, le problème de sécurité majeur est l’activité violente des colons, sur lesquels les services palestiniens n’ont pas le pouvoir. Les Forces de défense israéliennes, ont cependant une autorité, mais ne prennent aucune des mesures contre les auteurs de crimes : meurtres ou destruction de 3 700 oliviers.
L’activité violente des colons à Jérusalem-Est avec le soutien des autorités israéliennes se poursuit, ainsi que des colonies illégales, les expulsions de familles palestiniennes, la démolition de maisons et l’intimidation des enfants.
Au cours de réunions avec les homologues PLC, la question des 8 000 prisonniers palestiniens (y compris certains membres du PLC) a été soulevée.
Trois membres du CLP Jérusalem ont été sommées de quitter Jérusalem-Est. Ils ont refusé de le faire et ont trouvé refuge dans le bureau de la Croix-Rouge internationale.
[1] Membres de la délégation :
Proinsias de Rossa (S & D, IE) – président, Margrete Auken (Les Verts / ALE, DK), vice-président, Gaston Franco (PPE, FR), Niccolo Rinaldi (ALDE, IT), Nicole Kiil-Nielsen (Verts / EPT, F), Patrick Le Hyaric (GUE / NGL, FR) et Robert Atkins (ECR, UK).
http://humanite.fr/09_12_2010-la-d%C3%A9l%C3%A9gation-du-parlement-europ%C3%A9en-de-retour-de-gaza-choqu%C3%A9e-par-la-situation-459666
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L'improbable "plan B" des Palestiniens

Déçue par l’impuissance américaine à forcer Israël à cesser la colonisation de ses territoires, l’Autorité palestinienne (AP) menace d’en appeler à l’ONU pour arracher la reconnaissance de son futur Etat. Après plus de quinze ans de négociations stériles avec l’Etat hébreu, cette stratégie alternative représente un tournant dans l’approche, adoptée jusque-ici, pour régler le conflit israélo-palestinien.
Ce passage en force est défendu par le négociateur en chef, Saeb Erakat, qui rencontre la secrétaire d’Etat, Hilary Clinton, ce week-end à Washington. « Mais les Américains exercent une forte pression pour que les Palestiniens ne mettent pas leur plan à exécution », prévient un diplomate français à Jérusalem. En effet, leur initiative inquiète fortement la communauté internationale.
Soutenu par Mahmoud Abbas, le chef de l’AP, ce plan à étapes est le suivant : d’abord demander à l’administration Obama de reconnaître l’Etat palestinien. Face au probable véto des Etats-Unis, Erakat et ses amis envisagent de porter, ensuite, la requête devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Et en cas de nouvel échec, leur exigence serait transmise, cette fois, à l’Assemblée générale des Nations unies, qui pourrait adopter une résolution – non contraignante.
« Nous comprenons cette stratégie, mais elle est dangereuse, et elle ne peut pas porter ses fruits », relève, de son côté, un diplomate d’un autre pays européen. "Jouer la carte de l’ONU sans appui américain est une erreur. Jamais, Washington ne reconnaîtra un état palestinien contre le gré de son allié israélien".
Ce virage ne fait pas, non plus, l’unanimité parmi la direction palestinienne. Salam Fayyad, le Premier ministre à qui la communauté internationale a confié la mission de bâtir les fondations d’un Etat, épouse les réserves occidentales. Mais il fait face à l’impatience d’une partie des cadres du Fatah, la colonne vertébrale de l’Autorité palestinienne. « Et Fayyad n’est qu’un gestionnaire, rappelle le diplomate français. Il n’exerce pas d’influence sur les négociations, qui sont du ressort de l’OLP ».
Dans son bras de fer, Saeb Erakat n’hésite pas à brandir la menace d’une autodissolution de l’Autorité palestinienne. Et c’est là où la donne se complique pour les pays donateurs, qui soutiennent à bout de bras l’embryon d’état palestinien. Mais pour des négociateurs discrédités par des dizaines de sommets infructueux avec les Israéliens, cette manœuvre permettrait de redorer leur blason auprès de la population. Elle obligerait également Israël à assumer la charge d’une occupation de territoires, dont elle est exemptée depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994.
Pour Abbas et les siens, un tel geste constituerait un aveu d’échec cinglant, sur lequel ses adversaires islamistes capitaliseraient. Et puis, ce serait la population qui en serait la première victime.
Pour toutes ces raisons, cette stratégie de la rupture est à haut risques. Mais en faisant de l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-est un préalable à toute reprise des négociations, la direction palestinienne s’est, elle-même, placée dans une impasse. « Comment l’aider à redescendre de l’arbre ? », se demande-t-on dans les chancelleries occidentales.
Le temps presse. Car le moment de vérité approche. Dans six mois, Salam Fayyad prendra à témoin les pays donateurs, en leur disant qu’il a accompli sa mission (« State building »), et que c’est à eux, désormais, de prendre leurs responsabilités.
« Que ferons-nous ? », s’interroge-t-on au Quai d’Orsay. Accorder un certificat de naissance à l’Etat palestinien ? Le Brésil, la Norvège et d’autres pays y sont prêts. Mais, dans l’immédiat, pour éviter le passage par la case ONU, il convient de reprendre les pourparlers. Et donc contourner l’obstacle de la colonisation. En sautant directement à l’étape des frontières de la Palestine. Avec, en coulisses, un rôle accru pour l’Union européenne, maintenant que les Américains ont étalé leur impuissance. 
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Les propriétaires de magasins à Jérusalem Est obligés d'écrire le nom de leurs magasins en hébreu

Jérusalem - 11-12-2010

Par IMEMC
La municipalité de Jérusalem essaie d'obliger les propriétaires de magasins du quartier arabe de Jérusalem Est à changer la langue des pancartes de leurs magasins en hébreu, et a informé ces propriétaire qu'ils ne le font pas, leurs magasins n'auront pas d'autorisation et qu'ils devront les fermer.

Le quotidien israélien Ma'ariv a rapporté jeudi que la décision entre en vigueur dans tous les quartiers arabes, même dans ceux où n'habite aucun juif.
La nouvelle décision a entraîné des protestations des habitants et des propriétaires de magasins. Ma'ariv dit que Mazin Al-Qaq, chef du Comité des Marchands à Jérusalem, a qualifié la décision d'illégale, et a ajouté que de nombreux habitants arabes de Jérusalem ne parlent ni ne lisent l'hébreu.
"Que veut la municipalité ?", a dit Al-Qaq. "Essayent-t-ils d'obliger une personne de soixante ans à retourner à l'école pour apprendre l'hébreu ? Cette décision est tout simplement illégale et ils ne peuvent obliger personne à s'y soumettre."
L'avocat israélien Yifat Solel a adressé une lettre au maire de Jérusalem, Nir Barkat, lui demandant d'annuler la décision car elle est illégale et qu'elle serait annulée par n'importe quel tribunal.
Traduction : MR pour ISM 

Construction du Mur à Al Walaja et à Beit Jala

Bethléem - 11-12-2010

Par Anne Paq 
Malgré une procédure judiciaire en cours, la construction du Mur continue à toute vitesse dans le village de Al Walaja avec la complicité de sociétés telles que Caterpillar et Volvo. Une fois terminé, le Mur va totalement encercler le village en lui spoliant des terres. Le village n'aura ensuite qu'une seule porte pour entrer et sortir. Les constructions allaient aussi bon train dans la colonie voisine de Har Gilo.














Photos prises le 07.12.2010 par Anne Paq



Après la visite assez pénible à Al Walaja, où le Mur est construit à toute vitesse, j'ai décidé d'aller à Beit Jala. Au début de l'année, Beit Jala a été le théâtre de nombreuses manifestations contre la construction du Mur. Une maison a été particulièrement touchée : la maison de Mitri Ghounam, plus connu sous le nom d'Abu Michel.
Abu Michel a construit au fil des années ce qu'il appelait un paradis pour ses petits-enfants. Il avait un jardin d'enfants magnifiques, un taboun traditionnel (four), et sa maison était entourée par de beaux oliviers centenaires.
Tout cela a disparu.
Les oliviers ont été détruits, ainsi que les jeux d'enfants et le taboun. Le Mur a été construit seulement à quelques mètres de la maison. Il prend la vue et la lumière et ce qui etait un espace vert ouvert ressemble maintenant à une cage. La plupart des terres ont été confisquées. La maison est entourée d'un côté par le mur et sur les autres côtés par une haute clôture.
Je n'avais pas visité la maison depuis un petit moment. Il était donc tout à fait navrant de visiter ce lieu devasté non par une catastrophe naturelle mais bien par une politique humaine. Abu Michel et sa famille se sentent déprimés, et impuissants. Chaque jour, les travaux continuent et les enferment un peu plus. Des gardes de sécurité privés sont toujours là, ainsi que des camions bruyants Volvo et les bulldozers Caterpillar. De nombreux journalistes sont venus, ainsi que de nombreux politiciens, m'ont-ils dit, mais rien n'a changé.







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Une relation entre la marche pour les droits de l'homme et les manifestations en Cisjordanie ?

Palestine - 12-12-2010

Par Joseph Dana 
Avant que les premières trombes d'eau ne tombent sur Israël vendredi dernier, des milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre ville de Tel Aviv pour marquer la Journée des Droits de l'Homme. L'occasion a réuni diverses ONG israéliennes et des milliers de citoyens voulant montrer un visage d'Israël qui soutient les droits de l'homme et les valeurs progressistes. Les marcheurs ont brandi à travers les rues des pancartes en soutien aux droits des homosexuels, des femmes, des réfugiés africains, et également pour la coexistence entre Juifs et Arabes. La police était positionnée le long des rues empruntées par la manifestation pour assurer la sécurité des manifestants et empêcher une confrontation avec une contre-manifestation de droite (en Israël, on trouve une manifestation contre les droits de l'homme !). Si la marche pour les droits de l'homme à Tel Aviv s'était voulue plus cohérente en termes de coexistence palestino-israélienne, elle aurait dû nouer des liens avec la lutte pour les droits de l'homme qui avait lieu simultanément en Cisjordanie.














Nabi Saleh - les jeunes Palestiniens collectent les grenades lacrymogènes que l'armée sioniste vient de leur tirer dessus. (photo Joseph Dana)
A seulement 25km de cette scène festive, les Palestiniens du village de Ni'lin tenaient leur protestation hebdomadaire contre le mur et pour les droits de l'homme. La manifestation a commencé comme à l'habitude par un discours sur le mur et les souffrances qu'il inflige à la communauté, discours suivi par les prières de midi puis par la marche de protestation vers le mur. Parmi les Palestiniens, il y avait une poignée de supporters israéliens venus de Tel Aviv.
Une fois arrivés au mur, les manifestants ont cogné sur la porte à coups de pierres et de bâtons. Pendant une seconde, le bruit des coups ressemblait à celui des tambours de Sheikh Jarrah, qui scandent leur "résistance joyeuse" au son des tambours et des sifflets lors de la manifestation hebdomadaire.
L'armée, de l'autre côté du mur, a crié dans un haut-parleur que le secteur était une zone militaire fermée et que nous devions tous partir. Il semble que pour l'armée, ce soit partout une zone militaire fermée et un jour, peut-être bientôt, je m'attends à ce que nous entendions le même haut-parleur, à Jaffa ou à Jérusalem, proclamer que la terre d'Israël toute entière est une zone militaire fermée. Un soldat a continué à crier dans le haut-parleur pour dire qu'ils étaient là pour protéger le mur. Le mur a été construit pour des raisons de sécurité et il requiert donc sa propre sécurité. Tout comme les colonies, dont on nous a dit qu'elles amélioraient la sécurité israélienne mais qui en fait, drainent des ressources sécuritaires.
Contrairement à la présence policière à Tel Aviv, à Ni'lin, l'armée est là pour attaquer, pas pour défendre. Elle est là pour écraser l'esprit de la résistance non armée en Cisjordanie. Elle est là pour rappeler que les Palestiniens sont un peuple sous contrôle vivant sous une occupation israélienne constante. Tandis que Naomi Chazan commençait son discours à Tel Aviv (je suivais les nouvelles sur Twitter tout en envoyant les miennes), l'armée a commencé à noyer les manifestants sous les gaz lacrymogènes. Des vagues successives de gaz ont recouvert tout le secteur. Les soldats ont tiré les grenades directement sur les manifestants. Sans retenue. La reconnaissance par Israël de la Journée internationale pour les droits de l'homme commençait à prendre toute sa dimension.
La protestation s'est terminée rapidement, comme c'est souvent le cas ces temps-ci à Ni'lin, et les cinq Israéliens présents sont partis à Nabi Saleh. Il y eut peu de discussions sur les droits de l'homme entre les Israéliens. Ils étaient engagés dans une lutte pour les droits de l'homme sur le terrain, et il est clair qu'ils n'avaient pas l'énergie/le temps de formuler des approches théoriques plus fines sur le sujet ni de grandes perspectives pour l'avenir.
Le village de Nabi Saleh était sous siège depuis midi. Comme les autres semaines, les Israéliens qui voulaient se joindre à la manifestation devait faire à pied un long détour à travers les collines escarpées de Cisjordanie pour atteindre le village. Là, la manifestation non armée a été écrasée à coups de balles réelles, de balles caoutchouc-acier et de nuages de gaz lacrymogènes.

Nabi Saleh envahi par les gaz lacrymogènes (photo Joseph Dana)
Au moment où la pluie se mettait à tomber sur Tel Aviv marquant la fin de la marche pour les Droits de l'Homme, Nabi Saleh était envahi par des soldats israéliens tirant à balles réelles dans toutes les directions. Le petit village, perché sur une colline, était envahi par les gaz lacrymogènes. Faute de vent, les gaz ne se dispersaient pas dans l'atmosphère et le village tout entier titubait, comme ivre, chacun ayant les yeux pleins de larmes.
Le siège de Nabi Saleh s'est poursuivi jusqu'au coucher du soleil, lorsque les jeeps de l'armée ont quitté le village. Dès leur départ, de jeunes garçons se sont précipités pour ramasser des centaines de grenades lacrymogènes dégoupillées. A les voir se bousculer pour les ramasser, l'absurdité de la journée pour les droits de l'homme en Israël devenait évidente. Tandis que des milliers de personnes brandissaient des pancartes à Tel Aviv proclamant la paix et la coexistence, à peine une dizaine d'Israéliens avait fait la demi-heure de trajet pour Nabi Saleh ou Ni'lin.
Imaginez si ce chiffre n'était pas de dix, mais de cinquante Israéliens. Si cinquante personnes sur les milliers qui ont défilé à Tel Aviv s'étaient montrées à Nabi Saleh, la réalité sur le terrain aurait été différente. Même une trentaine aurait eu un effet important sur le comportement des soldats et sur la population de Nabi Saleh, qui compte beaucoup sur ses soutiens internationaux et israéliens.
Pourquoi des milliers d'Israéliens de gauche sont-ils capables de se rassembler au nom des droits de l'homme, de la lutte et des valeurs communes et ne pensent-ils pas à s'aventurer en Cisjordanie pour lutter aux côtés des Palestiniens ? Le chemin vers la coexistence passe par ces actions communes de solidarité, et puisque les Palestiniens ne sont pas autorisés à venir à Tel Aviv, c'est la responsabilité des Israéliens d'aller en Cisjordanie. La déconnection entre les droits de l'homme à Tel Aviv et les droits de l'homme dans les territoires occupés était flagrante hier. Même si que la marche était nécessaire pour créer un nouvel espace politique en Israël, elle ne devrait être qu'une partie d'une plateforme plus large qui inclut les Palestiniens des territoires occupés. Peut-être l'an prochain verrons-nous des manifestations pour les droits de l'homme, de Nabi Saleh à Tel Aviv, avec plus d'Israéliens et Palestiniens dans les deux endroits.
Traduction : MR pour ISM 

Ministre australien : le processus de paix au PO en 2011 sera " très difficile

12/12/2010    
Le chef de la diplomatie australienne Kevin Rudd a estimé dimanche après une rencontre à Amman avec son homologue jordanien que l'année 2011 serait "difficile" et représenterait un "défi" pour le processus de paix au Moyen-Orient.  
"Concernant le processus de paix (...), ce sera une année très, très difficile, un défi, mais nous tâchons de travailler en étroite collaboration (...)", a déclaré M. Rudd lors d'une conférence de presse conjointe avec Nasser Jawdeh. "Le temps presse", a-t-il ajouté. 
Le ministre australien, en tournée dans la région, était samedi en Egypte où il s'est entretenu avec le président égyptien Hosni Moubarak et le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit.  
"Les nouvelles implantations (d'Israël) devraient et doivent cesser", a déclaré M. Rudd. 
"Cela sape l'efficacité du processus de paix. Je répèterai la même chose lors de ma visite à Tel-Aviv".
M. Rudd doit rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie dans la journée.
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L’AG réaffirme le droit de retour et adopte 25 résolutions anti israéliennes

11/12/2010  
L’Assemblée générale ( AG) des Nations Unies a réaffirmé le droit des Palestiniens de 1948 de retourner à leurs foyers dans les territoires de 1948.
Par 167 voix pour, six contre (États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie, Nauru, Palau) et 4 abstentions (Cameroun, Canada, Libéria, Panama), l’AG a réaffirmé « le droit de toutes les personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures de regagner leurs foyers ou anciens lieux de résidence dans les territoires occupés par le régime israélien depuis 1967 », et  souligné la nécessité de leur retour accéléré.  
Elle avait en premier lieu, et par 169 voix pour, prorogé jusqu’au 30 juin 2014, le mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et dont le nombre a dépassé les 4,6 millions aujourd’hui.  
De plus, et sur recommandation de sa Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (quatrième Commission), l’Assemblée a adopté au total 25 résolutions et 2 décisions, portant, entre autres, sur la question palestinienne et dénonçant les pratiques du régime israélien.  
L’Assemblée général qui rassemble sous son auspice 192 pays a réaffirmé qu’il est essentiel que l’Office poursuive effectivement ses activités dans toutes les zones d’opérations. Elle prie le Secrétaire général de continuer d’aider au renforcement institutionnel de l’Office en lui fournissant des ressources financières suffisantes provenant du budget ordinaire de l’Organisation des Nations Unies.  
Sachant que ses résolutions ne sont pas contraignantes, elle a demandé au régime israélien de lever entièrement les restrictions à l’importation de matériaux de construction et de fournitures nécessaires pour la reconstruction et la réparation des installations endommagées ou détruites de l’Office, notamment d’écoles, de centres sanitaires et de milliers de logements de réfugiés, et pour l’exécution des projets d’équipement civils suspendus dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza.  
Par la résolution du même nom, adoptée par 169 voix pour, 6 voix contre, l’Assemblée générale engage instamment les parties palestinienne et israélienne à examiner, ainsi qu’elles en ont convenu, l’importante question des biens des réfugiés de Palestine et du produit de ces biens, dans le cadre des négociations du processus de paix au Moyen-Orient liées au statut final.  
Aux termes de la résolution du même nom, adoptée par 94 voix pour, 9 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie, Nauru, Palau, Panama), l’AG exige de nouveau que « le régime israélien, puissance occupante, collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat ».  
Au chapitre des pratiques du régime israélien affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres arabes des territoires occupés, l’un des textes adoptés condamne en particulier toutes les activités du régime israélien de colonisation et la construction du mur, ainsi que l’usage excessif et systématique de la force contre la population civile, la destruction et la confiscation de biens, les mesures de châtiment collectif et la détention et l’emprisonnement de milliers de civils.  
Elle demande la cessation immédiate de ces agissements. En attendant que l’occupation israélienne ait entièrement pris fin, elle prie le Comité de continuer à enquêter sur les politiques et les pratiques israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans les autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967. 
Par la résolution du même nom, adoptée par 169 voix pour, et 6 voix contre, l’instance onusienne a enjoint le régime israélien de reconnaître l’applicabilité de jure de la Convention au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés par lui depuis 1967 et d’en respecter scrupuleusement les dispositions.  
Elle a réaffirmé que les colonies de peuplement israéliennes implantées dans le Territoire palestinien, y compris à Jérusalem-Est, et au Golan syrien occupé sont illégales et constituent un obstacle à la paix et au développement économique et social, et exigé l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et le Golan syrien.  
Elle a réitéré l’appel qu’elle a lancé pour que soient évités tous les actes de violence et de harcèlement de la part des colons israéliens, en particulier contre des civils palestiniens et contre leurs biens, y compris les sites historiques et religieux, et leurs terres agricoles.  
L'Assemblée générale a par ailleurs adopté par consensus une résolution sur la promotion d’un nouvel ordre mondial privilégiant l’humain dans laquelle elle demande aux États Membres de poursuivre les efforts ambitieux qu’ils ont engagés contre les inégalités.
Elle souligne qu’il faut promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et équitable afin d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)  
(Source : Irna)
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"Israël": pas question de négocier un "chronomètre à la main"

12/12/2010   
Un ministre israélien du parti Likoud (droite, au pouvoir) a averti dimanche que son gouvernement n'était pas prêt à discuter des sujets clés du conflit avec les Palestiniens, "un chronomètre à la main" en réaction aux déclarations à Washington de la secrétaire d'Etat américaine. 
 "Il n'est ni logique ni dans l'intérêt d'Israël de négocier un chronomètre à la main", a déclaré à la radio publique le ministre de l'Environnment, Gilad Erdan, considéré comme un proche du chef du gouvernement Benjamin Netanyahu. 
 Le Premier ministre "va continuer à oeuvrer pour la paix étant bien entendu que son prix ne soit pas tel qu'il menacerait l'existence et l'avenir d'Israël", a t-il souligné.  
Il a écarté un retrait global de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est annexée, sous motif que ces territoires deviendraient des bases d'attaque contre « Israël d'islamistes, alliés de l'Iran » selon ses propres termes.  
Par la même occasion, il a désavoué le ministre de la Guerre Ehud Barak qui a évoqué à Washington l'hypothèse d'une partition dans le cadre d'un règlement de paix, un point de vue opposé à celui de Benjamin Netanyahu
 "Jérusalem sera discuté à la fin (...) Jérusalem-Ouest et les (quartiers) juifs pour nous, les quartiers arabes peuplés de réfugiés pour eux, et une solution négociée pour les lieux saints", a avancé Barak.  
Sur cette question, Ehud Barak "ne représente ni le gouvernement ni le Premier ministre", a répliqué Erdan
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Echec des pourparlers israélo-turcs pour une réconciliation

12/12/2010  
Selon le quotidien israélien Haaretz, les négociations entre les Israéliens et les Turcs qui ont eu lieu en fin de semaine pour résoudre leurs différends causés par l’agression de la flottille de la liberté ont été suspendues.  Le quotidien précise qu’ « Israël refuse de s'excuser » pour avoir tué un certain nombre de militants humanitaires Turcs, qui étaient à bord du navire Mavi Marmara !
De son côté, la Turquie a refusé de s'engager à ne pas intenter d’action en justice contre des soldats israéliens, tout comme elle a refusé de reconnaitre  que les soldats se défendaient.
Selon un responsable israélien, cité par Haaretz les négociations étaient "bloquées" et  "les différends restent importants."
Au cours des conversations téléphoniques qui ont eu lieu entre les deux parties jeudi dernier, il semble clair que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté les deux demandes Israéliennes.
Le quotidien turc  "Turkich Daily News" a rapporté samedi que les représentants de la Turquie et d’ « Israël » se sont réunis à Genève pour discuter de la demande israélienne pour  parvenir à un accord formel avec la Turquie et les familles des victimes qui ont été tués à bord du navire, "Mavi Marmara", dans le but d’empêcher toute action en justice contre l’entité sioniste ou contre les soldats israéliens !  
Pour sa part, un haut responsable turc a déclaré au journal que le litige concerne le contenu  des excuses israéliennes et non la question de l'indemnisation.
La source turque a précisé que dans le texte proposé par la partie israélienne, il est dit qu’ « Israël  regrette le meurtre de citoyens  Turcs, mais n’assume pas  la responsabilité de la chute de ces victimes, car les soldats israéliens se défendaient ! Une formule qu’Erdogan a rejeté en bloc. 
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Coulée de plomb : L’opération militaire israélienne contre Gaza

dimanche 12 décembre 2010 - 10h:57
Revue d’Etudes Palestiniennes
Mise sous tutelle égyptienne après la création, en 1948, de l’Etat d’Israël, la bande de Gaza a connu depuis lors une histoire mouvementée et souvent tragique.
Occupée par l’armée israélienne au cours de la campagne du Sinaï en 1956, elle a été rétrocédée à l’Egypte puis réoccupée en juin 1967. Dans ce territoire minuscule de 360 km2, peuplé par un million et demi de personnes dont un nombre considérable de réfugiés, la résistance a toujours été acharnée, et la répression de l’occupant particulièrement dure.
(JPG)
Après les accords d’Oslo en 1993 et l’installation de l’Autorité palestinienne, les événements qui se sont succédé - assassinats ciblés de dirigeants du Hamas par les services israéliens, désengagement unilatéral de l’armée israélienne, conflits politiques interpalestiniens et coup de force du Hamas en 2006, interventions militaires israéliennes de toutes sortes jusqu’à l’opération de grande envergure, en 2008-2009, baptisée "Plomb durci" ou "Coulée de plomb"-ont entraîné une détérioration encore plus dramatique que par le passé des conditions d’existence de la population.
Ce livre documenté aux sources palestiniennes, israéliennes et américaines les plus fiables fournit une information précise sur cette vaste opération, notamment sur l’armement utilisé et sur les pertes subies en vies humaines et en biens.
Deux chronologies détaillées de l’histoire de Gaza de 1948 jusqu’à nos jours, ainsi qu’un état des lieux sur les plans économique et social, en font le dossier le plus complet publié en français sur ce sujet.
Fondé à Beyrouth en 1963 par des universitaires renom, études palestiniennes est un organisme indépendant spécialisé dans l’étude de la question palestinienne et du conflit israélo-arabe. Il a déjà édité plus de six cents litres en langues arabe, anglaise et française, et il publie deux périodiques en anglais et un en arabe.
-  Editeur : Actes Sud (9 octobre 2010)
-  Collection : La bibliotheque arabe
-  Langue : Français
-  ISBN-10 : 2742792899
-  ISBN-13 : 978-2742792894
Traduction : Jean-Claude PONS
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Les snipers israéliens fêtent la journée internationale de solidarité

dimanche 12 décembre 2010 - 00h:05
Vittorio Arrigoni
1977 : l’Assemblée Générale des Nations Unies désigne le 29 novembre comme Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien.
Ceci semble être une compensation symbolique de la grande faille ayant frappé la justice et les droits de l’homme, trente années auparavant, jour pour jour, à travers la résolution 181.
En effet, le 29 novembre 1947, l’injustice aberrante traduite dans la résolution en question (181) entérina la scission de la Palestine historique en attribuant à la population hébraique d’autrefois plus de la moitié de tout le territoire, sachant que cette population qui ne possédait pas plus de 6% de la terre représentait le 1/3. Cette démarche représenta alors la mise en place des fondements pour la création de l’état israélien et pour la Nakba, c’est-à-dire le début du nettoyage ethnique du peuple palestinien par le terrorisme sioniste en premier lieu, puis par l’IDF (armée de défense israélienne) jusqu’au jour d’aujourd’hui.
Lundi dernier, à l’occasion de cette journée, une quarantaine de militants, parmi lesquels des représentants de l’ISM (Mouvement International de Solidarité), des journalistes et des volontaires palestiniens de Local Initiative se sont rassemblés à Beit Hanoun. Ils se sont mis à dessiner des graffitis sur les bâtiments laissés pour ruines durant les bombardements menés par l’offensive israélienne “Plomb Durci”.
Ces dessins véhiculent un message appelant à relancer la solidarité avec la cause palestinienne d’une part, et à réitérer la nécessité de boycotter Israël, responsable de crimes de guerre et de crimes contre les droits de l’homme. A ce sujet, Saber Al Za’anin, coordonateur de Local Initiative a tenu à exprimer et à réitérer la nécessité d’une intervention massive de la part de la société civile à travers le monde entier et ce, pour exercer des pressions sur Israël afin qu’il mette un terme à l’occupation et au blocus sur Gaza. Ainsi, il souligne l’importance vitale d’un appui international pour soutenir les palestiniens dans leur lutte et leur résistance non violente contre l’oppresseur israélien.
Il ajoute : “Nous avons dessiné les drapeaux de plusieurs pays représentés par les militants internationaux présents aujourd’hui à Beit Hanoun pour manifester à nos côtés. Il est grand temps pour que soient organisés des festivals, des manifestations et des campagnes de boycott à travers le monde entier pour dire stop à l’occupation israélienne et aux attaques quotidiennes perpétrées par les soldats de l’armée de l’occupation contre les civils gazaouis”. Dans la foulée, des militants et des volontaires se sont joints à la manifestation en direction du passage d’Erez, au même endroit où, deux jours plus tôt, six fermiers avaient été blessés par des snipers israéliens.
Parmi les internationaux présents, il y avait le survivant du massacre contre le navire turc Mavi Marmara, Ken O’Keefe. Le militant avait planté un drapeau palestinien tout près de la frontière et a tenu à rappeler aux médias tous ces militants turcs abattus par des commandos israéliens. Les victimes se trouvaient dans les eaux internationales en Méditérranée à la tête d’un convoi humanitaire dont l’objectif principal était d’expliquer au monde entier ce que voulait dire être solidaire avec une population opprimée.
Par ailleurs, Ken n’a pas manqué de dénoncer et de condamner le crime consistant à imposer une zone tampon. Dans ce contexte, un rapport récent de l’ONU a noté que la zone tampon empêchait les fermiers palestiniens d’accéder à 35% de tous les terrains cultivables et aux fonds fertiles situés à l’intérieur de la Bande de Gaza.
Ainsi, il précise : “Quand nous voyons des civils blessés et tués à la frontière alors qu’ils ne faisaient que travailler leur terre ou bien qu’ils étaient en train de ramasser et de récupérer des matériaux de construction à partir de restes d’édifices détruits (l’acquisition de ciment et de fer sont interdits par Israël), nous nous rendons malheureusement compte que le supposé relâchement du blocus n’est que pure propagande de Tel Aviv. Le blocus sur Gaza doit prendre fin et les seules et uniques personnes à même de mener à son élimination sont celles dont la conscience est toujours prête à agir, à l’instar de ce que nous faisons aujourd’hui”.
Notre manifestation s’est poursuivie ; nous étions à environ 100 mètres du mur, chantant et brandissant des drapeaux quand soudain, nous avons entendu un cri menaçant d’un soldat israélien en provenance d’une tourelle militaire proche. Cependant, au moment où le groupe s’était éloigné de la frontière (environ 500 mètres) un sniper a ouvert le feu en notre direction : vingt coups retentissent et les premières balles volaient à quelques mètres au dessus de nos têtes.
Tout le monde fuyait les tirs, mais les projectiles ont pu atteindre une cible : Vera Macht, membre de l’ISM a été légèrement blessée à une jambe.
Restons humains
* Vittorio Arrigoni réside à Gaza ville. Journaliste freelance et militant pacifiste italien, membre de l’ISM (International Solidarity Movement), il écrit notamment pour le quotidien Il Manifesto. Il vit dans la bande de Gaza depuis 2008. Il est l’auteur de Rester humain à Gaza (Gaza. Restiamo umani), précieux témoignage relatant les journées d’horreur de l’opération « Plomb durci » vécues de manière directe aux côtés des ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien.
(JPG)
Vittorio Arrigoni
Son blog peut être consulté à :
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
Vittorio Arrigoni a reçu le prix spécial « Rachel Corrie » à Ovada [Piémont italien] pour son travail d’information à Gaza : http://www.testimonedipace.org,
http://guerrillaradio.iobloggo.com/...
Traduction de l’italien : Niha
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La police israélienne agresse une délégation d’Afrique du Sud (Cosatu)

dimanche 12 décembre 2010 - 18h:04
Sapa - Times Live
Une délégation d’Afrique du Sud en Palestine a été agressée par la police israélienne vendredi, indique le Congrès des syndicats d’Afrique du Sud (Cosatu).
(JPG)
TOUT POUR L’ALLIANCE : Zwelinzima, secrétaire général du Cosatu
Photo : Halden Krog
« Les membres de la délégation de l’Alliance tripartite sud-africaine actuellement en visite en Palestine ont été agressés avec des gaz lacrymogènes et des "bombes assourdissantes" et repoussés par la police israélienne à Ramallah  » déclare le porte-parole du Cosatu, Patrick Craven.
La délégation est conduite par Ribbon Mosholi, responsable des relations internationales de l’ANC, et elle comprend également le secrétaire adjoint à l’international du Cosatu, Zanele Matebula, indique la déclaration.
« En dehors des effets des lacrymogènes, des oreilles douloureuses et de petites ecchymoses, nous allons bien, » dit Matebula, cité dans la déclaration de Craven.
Il ajoute que c’est là juste un petit avant-goût de la brutalité qui « pleut » quotidiennement sur le peuple de Palestine.
« Cela renforce notre détermination à faire campagne pour mettre fin à l’occupation israélienne du territoire palestinien et pour que le peuple de Palestine vivent dans un Etat indépendant, souverain. »
10 décembre 2010 - Times Live - traduction : Info-Palestine.net
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The Electronic Intifada : « Nous avons besoin de votre soutien »

dimanche 12 décembre 2010 - 00h:05
Appel
Pour rester une publication forte, indépendante et une ressource éducative pour le mouvement pour la solidarité et la justice avec la Palestine, The Electronic Intifada a besoin du soutien de ses lecteurs et amis. Nous vous sollicitons pour que vous fassiez aujourd’hui une contribution.
En même temps que The Electronic Intifada se préparait à lancer sa campagne annuelle de soutien auprès de ses lecteurs et amis pour soutenir notre traitement indépendant de l’information sur la Palestine, nous nous sommes retrouvés confrontés à l’attaque d’une organisation anti-palestinienne de premier plan.
Le but des agresseurs, selon nous, est de nous faire taire en faisant pression sur les bailleurs de fonds pour que ceux-ci retirent les subventions qu’ils nous ont attribuées.
Si nous ne pouvons pas payer nos rédacteurs en chef ou journalistes, ou maintenir nos équipements et nos serveurs en fonctionnement, ils auront alors atteint leur but : il y aura un surveillant de moins pouvant rapporter sur les violations des droits de l’homme en Palestine et informer ses milliers de lecteurs quotidiens sur la lutte palestinienne pour la liberté et le mouvement de solidarité à l’échelle mondiale.
Les attaques en augmentation contre The Electronic Intifada et d’autres organisations palestiniennes, israéliennes et internationales relatives aux droits de l’homme et à la défense des droits civiques oeuvrant pour la justice, sont la preuve de l’effet que nous avons dans le changement des esprits. Sinon, pourquoi voudraient-ils de nous arrêter ? Mais nous savons aussi que les puissantes organisations qui s’opposent aux droits des Palestiniens, se préparent pour des manoeuvres encore plus agressives, comme nous l’avons déjà signalé.
Nous avons la capacité de résister parce que l’essentiel des fonds utilisés par The Electronic Intifada ne provient pas d’une subvention unique, mais des lecteurs qui attendent de nous - tous les jours - des articles de fond, des analyses pertinentes, des nouvelles de l’action sur le terrain, une large gamme d’articles et de commentaires traitant des arts.
Tant que nous bénéficierons de la base solide d’un soutien collectif, personne ne pourra nous empêcher de faire notre travail. Faites la preuve de votre soutien et aidez-nous à maintenir notre travail d’éducation et d’incitation à travailler pour la justice. Faites une contribution aujourd’hui même !
Les lecteurs comme vous soutiennent notre travail parce que vous savez que l’information produite par The Electronic Intifada fait plus qu’informer un public passif. C’est une puissant moyen mis dans les mains de tous ceux qui agissent pour la justice.
-  Nos rapports solides sur l’implication de Veolia dans le « tramway de Jérusalem » reliant les illégales colonies israéliennes en Cisjordanie ont fourni aux militants les informations dont ils ont eu besoin pour lancer une campagne qui a obligé la société Veolia à rendre des comptes, et a fait qu’elle ait jugé non rentable de construire des infrastructures pour l’occupation israélienne en violation du droit international. À la fin de novembre, la société Veolia a annoncé qu’elle se retirait du projet, ce qui représente une grande victoire.
-  The Electronic Intifada a fait éclater au grand jour le fait que le fils de Ethan Bronner, responsable du bureau du New York Times à Jérusalem, s’était engagé volontairement dans l’armée israélienne, ce qui soulève un grave conflit d’intérêt pour Bronner et ses reportages pour le New York Times. Citant notre rapport, l’éditeur public en chef du journal a demandé que Bronner soit réaffecté (« Too Close to Home », 6 février 2010). Bien que le journal ait choisi d’ignorer la recommandation de son médiateur, notre reportage a forcé une importante institution à reconnaître publiquement ses propres partis pris, et a déclenché un large débat sur les doubles standards qui sévissent dans les plus grands reportages concernant Israël et les Palestiniens.
Ce ne sont que deux exemples de la façon dont, avec votre soutien, The Electronic Intifada a pu avoir un impact.
S’il vous plaît, lisez nos travaux et faites-les partager, et n’oubliez pas, nous ne pouvons pas faire ce travail sans vous !.
8 décembre 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet appel à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Info-Palestine.net
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« Obama n’a jamais rien voulu changer »

publié le samedi 11 décembre 2010

entretien avec Tariq Ali

 
Militant tiers-mondiste de la trempe d’un Edward Saïd et d’un Frantz Fanon, Tariq Ali, né au Pakistan et formé en Grande-Bretagne, fustige, dans son dernier livre, la politique du président américain.  [1]
Avez-vous été surpris par le résultat des élections américaines de mi-mandat, qui ont vu la défaite des démocrates de Barack Obama ?
Tariq Ali : La question que les électeurs ont posée était : quelque chose a-t-il changé substantiellement depuis que la Maison-Blanche est occupée par l’un des descendants des esclaves qui l’ont construite ? La seule chose qui a changé à mes yeux est la petite musique d’ambiance jouée à Washington, guère plus. L’immense espoir qui s’est levé durant la campagne présidentielle d’Obama s’est rapidement estompé. L’élection d’un métis au rang de président chargé de panser les plaies des Etats-Unis et de restaurer leur image à l’étranger a été saluée par une vague d’euphorie idéologique qui n’avait pas été observée depuis l’arrivée au pouvoir de Kennedy. Barack Obama a été reçu en Europe comme une véritable rock star.
Les Etats-Unis suivent-ils toujours les mêmes politiques ?
George W. Bush a été diabolisé, présenté comme une aberration dans l’histoire des Etats-Unis ; mais il était facile de prévoir qu’Obama allait poursuivre dans la même direction. Aux Etats-Unis, beaucoup de gens disent qu’Obama voudrait au plus profond de lui mettre les banques au pas, mais qu’il ne peut pas grand-chose face aux marchés financiers. Remarquez, les partisans de cette thèse sont de moins en moins nombreux. Si rien n’a changé après deux années de crise économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, les gens se rendent aujourd’hui compte que ce n’est pas parce qu’Obama en est empêché mais bien parce qu’il n’a jamais été dans ses intentions de modifier quoi que ce soit. Quand les démocrates se plaignent du mouvement du Tea Party, je leur réponds qu’ils ont bien plus de soutien dans la société américaine. Les démocrates ont attiré durant les élections présidentielles treize millions de supporters dont ils ont conservé les adresses e-mail. Pourquoi ne mobilisent-ils pas dans les rues de Washington ne serait-ce qu’un demi-million d’entre eux afin de soutenir Obama ? Les démocrates ne le souhaitent pas. Ils ne veulent pas mobiliser le peuple. George W. Bush ne s’y trompe pas. Je cite de mémoire l’ancien président républicain, qui vient de publier un livre : « Obama est un très bon successeur et je suis très satisfait de la manière dont il dirige les Etats-Unis. » Nous pouvons toujours nous illusionner sur le nouveau Roosevelt...
Obama paie la poursuite de la guerre en Irak ?
En 2002, durant son ascension politique, Obama s’est opposé à l’attaque contre l’Irak. Mais, une fois élu président, il s’est empressé de réengager le secrétaire à la Défense de George W. Bush. La continuité ne peut être plus claire. Avant son entrée à la Maison-Blanche, Obama avait promis le retrait de toutes les troupes « de combat » d’Irak. Certes, la dernière brigade a été retirée en août dernier, mais il reste encore cinquante-six mille Américains dans ce pays, des conseillers, etc. Les conséquences de l’invasion américaine sont révoltantes : un million d’Irakiens sont morts depuis l’invasion de 2003, et les chiffres irakiens officiels font état de cinq millions d’orphelins. Cette guerre est bien sûr liée au pétrole, comme tout ce qui se passe au Moyen-Orient, mais pas uniquement. Pour Washington, c’est aussi une manière de montrer que les Etats-Unis contrôlent toujours le monde et les principales ressources énergétiques de la planète. Un message reçu cinq sur cinq par les pouvoirs émergents de la Chine et des pays du Moyen-Orient.
Etes-vous tout aussi critique sur le fait qu’Obama ait renforcé le contingent américain en Afghanistan ?
Dans ce pays, il a été plus loin que son prédécesseur, élargissant le front de l’agression impériale et se lançant dans une escalade de violence. Pendant sa campagne électorale, Obama s’était montré soucieux de surpasser Bush dans « sa guerre juste ». Il a depuis engagé plus de troupes, plus de puissance de feu pour éliminer la résistance afghane. Il a aussi autorisé plus d’intrusions de drônes au Pakistan, si bien que le New York Times a informé ses lecteurs que, « depuis l’arrivée au pouvoir de M. Obama, la CIA a effectué plus d’attaques de drônes Predator au Pakistan que durant les huit années de mandat de George W. Bush ». Pourtant, plusieurs généraux américains ont informé Obama que cette guerre n’était pas gagnable. Des atrocités commises par les troupes américaines ont même été dénoncées par un agent des services secrets sur place, avant sa démission.
L’argument « il faut libérer les Afghanes » est largement partagé dans la classe politique en Europe. Qu’en pensez-vous ?
En effet, les partisans de cette thèse sont nombreux. Il suffit d’écouter les propos tenus par Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen. Cela n’est pourtant que de la propagande. Dans les documents militaires diffusés par le site internet Wikileaks, un peu plus tôt cette année, la CIA écrivait que les Européens étaient très largement opposés à la guerre en Afghanistan. L’agence a indiqué qu’obtenir un soutien public nécessitait l’emploi du seul argument disposant d’une certaine résonance, à savoir « libérez les femmes Afghanes ». Il suffit d’écouter la principale organisation de femmes afghanes : avec la présence des troupes de l’OTAN, leurs conditions de vie se sont dégradées par rapport à la période où les talibans occupaient le pays !
Contrairement à Bush, Obama a fait plusieurs discours portant sur la paix. Cela ne compte-t-il pas à vos yeux ?
Sur le terrain, rien n’a changé. Prenez par exemple la question Israël-Palestine. Obama est encore plus pro-israélien que son prédécesseur. Sa politique a pour résultat de rendre impossible toute solution politique sur la base de deux Etats. Dans les faits, il n’en existe qu’un seul. L’Autorité palestinienne n’existe que sur le papier. Tout le monde sait là-bas que les décisions sont en réalité prises par l’armée israélienne. Les officiels israéliens ont d’ailleurs reconnu ouvertement qu’ils ne reviendraient jamais aux frontières de 1967, restant ainsi dans les territoires occupés. Le seul espoir est le développement de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanction, à l’image du mouvement qui s’était construit contre l’apartheid. La campagne BDS est très forte aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle est en train de se développer pacifiquement à travers le monde. J’ai été choqué de voir qu’en France quatre-vingts militants de cette campagne ont été traînés devant les tribunaux pour avoir appelé à boycotter des produits israéliens fabriqués dans les territoires occupés, en infraction avec le droit international. Même le gouvernement israélien qui a réprimé cette campagne à domicile n’a pas été aussi loin. I
[1] Historien formé à Oxford, Tariq Ali est né au Pakistan. Figure de la vie militante britannique depuis son opposition à la guerre du Vietnam, il participe à de prestigieuses revues, comme la New Left Review à Londres et Counterpunch aux Etats-Unis. De passage à Paris, il a présenté son dernier livre : Obama s’en va-t-en guerre (éditions La Fabrique).
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER VILAIN
publié par le Courrier

« Le règlement de la question palestinienne, une nécessité pour la communauté internationale »

publié le dimanche 12 décembre 2010
Entretien avec Hassan Balawi

 
OPINION :
Où en est l’Autorité palestinienne aujourd’hui, alors que Gaza reste sous contrôle du Hamas et que le président Abbas est toujours en place à cause du report des élections ?
L’Autorité palestinienne (AP) reste aujourd’hui une chose essentielle dans la mesure où elle remplit un besoin, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour les États arabes, Israël et la communauté internationale (Union européenne et États-Unis), et ce, malgré les divisions palestiniennes entre le Fatah et le Hamas (1) et la situation de « ni guerre ni paix » qui prévaut aujourd’hui dans les Territoires palestiniens, du fait de l’impasse dans lequel se trouve le processus d’Oslo. La raison essentielle en est la poursuite par Israël de sa politique d’occupation, notamment à travers la construction du mur et le renforcement de la colonisation dans les Territoires occupés, qui rendent impossible l’évolution de l’Autorité vers un véritable État souverain.
Dans ce contexte, la disparition de l’AP conduirait une grande partie de la région vers l’incertitude en raison du développement de tendances islamistes salafistes (en Palestine et dans l’ensemble de la région) et donc, contrairement à ce qui est parfois dit, la disparition de l’AP n’arrangerait pas les principaux acteurs régionaux.
Le maintien de cette instance reste fondamental, tout simplement parce que c’est elle qui gère la vie quotidienne du peuple palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Même Israël, qui fait tout pour limiter le développement de l’AP vers un État palestinien souverain et pour discréditer son action politique, a également besoin de cette autorité, car il peut ainsi apparaître aux yeux de l’opinion comme étant dispensé en quelque sorte de ses obligations. Selon la quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre (12 août 1949), une puissance occupante est en effet responsable de la population qu’elle contrôle, de son approvisionnement en vivres et en médicaments, de la santé et de l’éducation des enfants, etc. Or, depuis l’entrée en vigueur des accords d’Oslo et la mise en place de l’Autorité palestinienne en juillet 1994, Israël ne s’occupe que de la gestion de la sécurité et des frontières des Territoires occupés palestiniens et se retrouve dispensé de ses autres obligations, qui coûtent cher financièrement et politiquement.
L’Autorité palestinienne étant financée par la communauté internationale, jamais une occupation n’aura été aussi favorable pour une puissance occupante. Israël n’en exerce pas moins une occupation de plus en plus brutale par la mise en place de barrages de contrôle sur l’ensemble de la Cisjordanie et la construction de colonies en violation du droit international et d’un mur.
L’existence de l’AP avec ses institutions permet également à Israël de dire à la communauté internationale qu’il n’y a plus d’occupation militaire ni dans la bande de Gaza ni en Cisjordanie, en dépit du système de sécurité qui, lui, vise à empêcher tout attentat et action militaire contre l’État hébreu. Dans ce contexte, l’éventuelle disparition de l’AP inquiète Israël et menace ses intérêts, car du jour au lendemain, le pays se retrouverait de nouveau responsable de presque 4 millions de Palestiniens. Aussi, malgré la politique menée dans les Territoires à l’encontre de l’Autorité palestinienne, Israël a-t-il plus que jamais intérêt à ce qu’elle se maintienne, mais en même temps, qu’elle reste dépendante et sous pression.
Cette situation de « ni guerre ni paix » qui prévaut depuis les accords d’Oslo n’est aujourd’hui plus tenable pour les Palestiniens. Les Israéliens doivent savoir qu’ils n’ont d’autre alternative à la paix, comprise comme la dignité et la souveraineté pour les Palestiniens conformément au droit international, que le retour à la situation ante Oslo. Vous constaterez que je ne parle pas de guerre, car les Palestiniens ne disposent ni de chars, ni d’avions, ni d’armée, et ils savent que la lutte armée qu’ils ont menée pendant quarante ans fait beaucoup moins de morts en une année que les accidents de voiture en Israël ! Ils ne peuvent militairement rien faire face à la quatrième armée du monde, leur lutte armée étant avant tout une action politique, médiatique et populaire. Ce que je veux dire par là, c’est que les Palestiniens n’ont pas la capacité de déclencher une guerre.
Quel risque représente cette situation de « ni guerre ni paix » ?
Les Palestiniens ont fait à Oslo une importante concession historique, en reconnaissant qu’ils devaient créer leur État sur 22 % du territoire historique de la Palestine. C’est d’ailleurs ce qu’ils ne cessent de dire aux Israéliens. Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Salam Fayyad, l’a encore rappelé début février 2010, lors de la dixième conférence de Herzliya sur la sécurité d’Israël (2), en affirmant qu’un État palestinien
La bande de Gaza soumise à un blocus israélien depuis la prise de contrôle du territoire par le Hamas en juin 2007 ne pouvait être établi que sur la base de la paix, de la justice, de l’équité, de la stabilité et de la sécurité. Et que cette justice passait par le droit de créer un État palestinien sur 22 % de la Palestine historique. Cela relève aussi de l’intérêt des Israéliens, car dans la paix, il y a une certaine justice, et non la justice totale, absolue, qui correspondrait à un État palestinien sur l’ensemble de la Palestine historique. Les Israéliens ont donc aujourd’hui le choix entre cette paix liée à une certaine justice et une situation de « non-paix » aux conséquences inconnues : le déclenchement d’une nouvelle Intifada ? de nouveaux attentats terroristes ? une guerre avec l’Iran ? un nouveau conflit avec le Hezbollah ? Personnellement, je n’en sais rien. Le jour où il n’y aura plus de perspectives, tout sera ouvert. En termes de stratégie, ce cadre de « non-paix » me paraît plus dangereux que la guerre elle-même. Car la « non-paix » est pleine d’imprévus et il est impossible de savoir comment elle va se dérouler, qui va la mener et quelles en seront les conséquences.
Nous en sommes aujourd’hui à ce stade. L’Autorité palestinienne ne peut plus continuer dans cette configuration, cela fait quinze ans que cela dure, et ce, même si elle reste un besoin pour les Palestiniens. L’Autorité représente tout de même 170 000 fonctionnaires (y compris à Gaza), des ministères, des organismes, tout un système financé par des taxes et surtout les donateurs de la communauté internationale. Sa disparition signifierait un appauvrissement pour l’économie palestinienne, car les milliers de fonctionnaires de l’AP font vivre un demi-million de personnes, si l’on considère qu’une famille palestinienne comprend entre cinq et huit personnes. Elle reste également indispensable à la communauté internationale, qui a besoin d’un partenaire pour négocier ou apporter de l’aide aux Palestiniens, ainsi qu’au Hamas.
Même si le mouvement islamiste, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza, déclare ouvertement son hostilité à l’AP et à son président, Mahmoud Abbas, le Hamas dépend de son autorité. Le gaz, l’essence, l’électricité, les médicaments qui alimentent Gaza sont en effet payés par l’AP pour le bien du peuple palestinien, y compris ses fonctionnaires. Le Hamas est donc dans une position très confortable, puisqu’il gouverne sans en assumer les frais. L’AP, autrefois maudite par les dirigeants du mouvement islamiste qui la qualifiaient de « fruit des accords de trahison avec les Israéliens », est finalement aujourd’hui profitable à ses membres. Si Ismaïl Haniyeh et les membres du Hamas circulent et voyagent dans le monde, c’est aussi grâce à l’existence de l’Autorité et des passeports qu’elle peut leur octroyer.
Concernant le Hamas, les négociations avec le Fatah avancent-elles ?
Va-t-on vers un rapprochement entre les deux mouvements palestiniens ?
Sur ce plan, il y a des évolutions notables. Le 3 février, Nabil Chaas, un haut dirigeant du Fatah, s’est rendu pour la première fois à Gaza, contrôlée par le Hamas. Il y a rencontré plusieurs cadres du mouvement islamique. Les possibilités de rapprochement interpalestinien sont donc plus grandes aujourd’hui et les conditions plus propices pour voir le Hamas signer l’accord d’entente élaboré par l’Égypte au cours de longs mois de pourparlers menés sous son égide en 2009 entre les deux mouvements palestiniens. Le Fatah a immédiatement accepté ce document. Le Hamas était sur le point de le signer, le 25 octobre 2009, mais il a demandé un report en prenant comme prétexte la parution du rapport Goldstone (3). Or, depuis que ce rapport a été entériné par l’Assemblée générale de l’ONU en novembre, le mouvement islamiste n’a plus de prétexte. Il affirme d’ailleurs dans les médias qu’il est prêt à signer cet accord de réconciliation palestinienne, mais demande des garanties pour son application.
Ensuite, le Hamas subit une certaine pression de l’Égypte qui construit une barrière métallique souterraine, le long de sa frontière avec la bande de Gaza, pour empêcher la contrebande par des tunnels passant sous la frontière. Le Hamas sait que sans ces tunnels vers l’extérieur, Gaza court à l’asphyxie. Il s’est aussi rendu compte que les chances d’aboutir dans ses négociations avec Israël pour procéder à l’échange du soldat Shalit contre des prisonniers palestiniens sont minces à court terme, du fait du changement d’attitude de Benyamin Netanyahou qui a durci ses positions, et donc qu’il ne pourra en tirer une victoire politique.
Enfin, les conditions sont aussi meilleures sur la scène régionale. Le sommet de la Ligue arabe qui se tient fin mars en Libye s’ouvre dans un contexte apaisé, car les relations entre États arabes se sont améliorées. On a en particulier récemment assisté à un rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Syrie à la suite de l’élection de Saad Hariri au Liban. L’Arabie tente aujourd’hui d’améliorer les relations entre la Syrie et l’Égypte. Il semble clair que l’amélioration de ces relations internes au monde arabe aura des conséquences sur le Hamas. Cela n’échappe à personne que la Syrie exerce une influence sur ce mouvement, que Khaled Mechal, un de ses dirigeants, exilé en Syrie, a été récemment reçu en Arabie.
Mais je pense qu’avant toute chose, ce qui pousse vers un rapprochement interpalestinien, ce sont les Palestiniens eux mêmes, fatigués, notamment à Gaza, de cette division interne. Il y a par conséquent une demande palestinienne populaire d’y mettre fin. Et comme les négociations avec Israël n’avancent pas, le Hamas n’a plus de motif de refus, ni au niveau politique ni sur le plan supposé de la résistance.
D’ailleurs, si vous analysez sur le fond (pas dans l’habillage) les discours du Hamas et du Fatah, ils ne sont pas très divergents : ils disent la même chose sur l’acceptation d’un État palestinien, dans les frontières de juin 1967, même si le premier parle de trêve et le second d’accord de paix avec reconnaissance d’Israël. Ce qui oppose les deux mouvements, ce sont des questions de pouvoir. La médiation égyptienne tente donc de redistribuer le pouvoir, en prenant en compte les positions des deux parties. Malgré les atrocités commises, la paix entre le Fatah et le Hamas est nécessaire, indispensable à l’unité palestinienne et aux projets politiques à réaliser en commun. Elle est aujourd’hui une exigence populaire à laquelle le Hamas ne peut plus s’opposer.
La division du camp palestinien handicape-t-elle la reprise des négociations avec Israël ?
Selon moi, c’est un nouveau prétexte avancé par Israël. Avant que le Hamas n’arrive au pouvoir en 2006, les négociations achoppaient déjà, Israël prétendant qu’il n’y avait pas de partenaire palestinien. Ensuite, les négociations ne se font pas avec le gouvernement de l’AP, mais avec l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), c’est-à-dire avec Mahmoud Abbas en qualité de représentant de l’OLP et non président de l’AP.
Alors qu’on s’attendrait à ce qu’Israël s’engage sérieusement dans les négociations, on a l’impression qu’il mène des pourparlers avec l’AP, tout en poursuivant la colonisation des Territoires palestiniens et la construction du mur, qui entravent sur le terrain la naissance d’un État palestinien. D’où l’exigence aujourd’hui de l’AP et du président Abbas de définir les objectifs et le cadre de référence avant d’engager de nouvelles négociations avec les Israéliens. Les Palestiniens ne veulent plus de ce type de négociations où l’on tourne en rond depuis plus de quinze ans.
Les Palestiniens se réfèrent à l’application des résolutions des Nations unies, de la feuille de route, des propositions de la Ligue arabe, qui prévoient le retrait d’Israël des Territoires occupés depuis juin 1967, puis le règlement des litiges concernant la fixation des frontières, Jérusalem-Est, le problème de la colonisation des Territoires occupés, la question du partage de l’eau et des réfugiés. L’objectif, c’est de parvenir à la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 et de trouver des solutions à toutes ces questions et à tous ces contentieux. Car c’est seulement sur cette base que l’on parviendra à trouver des compromis pour des problèmes sensibles, difficiles, tels que les colonies israéliennes, en procédant, par exemple, à des échanges de territoires.
Un État palestinien avec un mur, des bases militaires et des barrages qui confisquent plus de 40 % du territoire de Cisjordanie n’est ni envisageable ni viable. Une fois un accord établi sur les frontières, je pense qu’à ce moment-là, on pourra parvenir en l’espace de six mois à un an à trouver des solutions concrètes à tous les points précis. Des plans existent déjà et ils ont été élaborés des deux côtés depuis un certain temps. Mais il faut maintenant une volonté politique de la part de la direction israélienne, il faut qu’elle sache que les Palestiniens sont un peuple qui mérite dignité et indépendance, conformément aux résolutions des Nations unies. Tant que les Israéliens ne comprendront pas cela, les négociations n’avanceront pas. Les Palestiniens ne demandent au fond que le respect des critères fixés et acceptés par les Nations unies et le Quartet.
Le plan de paix proposé par la Ligue arabe, qui a été approuvé par les Palestiniens et l’ensemble des États arabes, parle clairement d’une solution acceptée par tous, c’est-à-dire y compris par les Israéliens, car c’est sur cette seule base que la paix pourra se réaliser.
Les Israéliens ont aujourd’hui le choix entre cette paix liée à une certaine justice et une situation de « non-paix » aux conséquences inconnues.
De telles négociations avec un objectif et des références affichées sont dans l’intérêt de tous : d’Israël bien sûr, mais aussi des États-Unis, des pays arabes et de l’ensemble de la communauté internationale. Mais il est également dans l’intérêt de tous que les Palestiniens se présentent unis dans ces négociations en tant qu’émanation de l’ensemble des Palestiniens. Que la Palestine soit unie, qu’il y ait une unité entre le Fatah et le Hamas est donc un intérêt stratégique pour parvenir à un accord. De la même façon, il est dans notre intérêt que le gouvernement israélien avec lequel nous allons négocier soit représentatif de l’ensemble des Israéliens avec des éléments de gauche comme de droite. « La paix se fait entre ennemis et non entre amis », disait le général de Gaulle. Le problème c’est que tant qu’on ne négocie pas, cela encourage la violence.
Quelles sont les marges de manoeuvre de l’Autorité palestinienne ?
D’abord, l’Autorité palestinienne a une fonction, celle de défendre les intérêts des Palestiniens de Cisjordanie comme de Gaza dans leur quotidien et de créer des institutions palestiniennes dans tous les domaines (santé, éducation, médias, infrastructures, municipalités). Cette démarche s’inscrit dans la réalisation du document adopté par l’AP, qui prévoit la fin de l’occupation israélienne et la mise en place d’un État d’ici à 2012. L’AP est donc censée préparer l’avènement d’un État palestinien en termes d’institutions, de lois, de projets, de financements, ce qui représente un grand chantier pour l’ensemble des territoires palestiniens. Ce chantier inclut également la reconstruction de la bande de Gaza détruite au cours de l’opération israélienne de décembre 2008-janvier 2009. La marge de manoeuvre est donc de dire que l’AP, représentant les intérêts palestiniens, fait partie de l’OLP et de pousser les Israéliens à faire la paix selon les critères fixés par la communauté internationale.
Comment voyez-vous la reprise des négociations sous l’égide américaine ?
Le président Obama a tenu plusieurs grands discours à Istanbul, au Caire et en Malaisie à destination du monde musulman. Ses déclarations ont réellement donné un espoir de changement à l’ensemble des musulmans, des Arabes, et en particulier des Palestiniens. Il a en effet affirmé qu’il n’y aurait pas de reprise des négociations entre Israël et les Palestiniens tant que se poursuivrait la colonisation des Territoires par Israël et tant qu’il n’y aurait pas un gel total de la colonisation. D’ailleurs, lorsque le président palestinien, M. Abbas, déclare qu’il ne veut pas reprendre les négociations sans le gel de la colonisation israélienne, il ne fait que reprendre un paragraphe du discours du président américain.
Aujourd’hui, l’attitude de Barack Obama est donc assez décevante, car il semble s’éloigner de ses objectifs initiaux et céder aux pressions des lobbies américains pro-israéliens. Le monde entier considérait avec optimisme le président Obama, car il parlait d’un changement d’attitude avec l’Iran et évoquait aussi la question de la Palestine.
Dans ce contexte, l’Europe devrait, à mon sens, jouer un rôle plus actif, en collaboration avec les États arabes, la Russie ou la Chine, afin d’influencer et d’infléchir l’attitude d’Israël et des États-Unis.
Aujourd’hui, la paix est gravement menacée dans cette région, et cet état de « ni guerre ni paix » me semble intenable à moyen terme.
Personnellement, je considère, non pas parce que je suis Palestinien, que la justice en Palestine, c’est-à-dire la création d’un État palestinien indépendant, est le test d’un certain équilibre, d’un certain respect et d’un nouveau rapport entre l’Orient et l’Occident. La Palestine fait, selon moi, le pont entre ces deux grandes civilisations. À cet égard, le règlement de la question palestinienne apparaît comme une nécessité pour l’ensemble de la communauté internationale. Par la création de l’État d’Israël, l’Organisation des Nations unies est historiquement et moralement responsable de la question palestinienne ; elle doit donc se donner les moyens de la résoudre.
Entretien réalisé par Frank Tétart[[(1) Depuis juin 2007, à la suite de violentes rivalités entre le Fatah (parti historique de Yasser Arafat) et le Hamas (Mouvement de la résistance islamique), la bande de Gaza est passée sous le contrôle du Hamas ; la Cisjordanie restant contrôlée par le Fatah.
(2) Cette conférence, qui regroupe chaque année l’intelligentsia politique, économique et militaire israélienne, accueillait pour la première fois un représentant de l’Autorité palestinienne.
(3) Ce rapport d’enquête du Conseil des Droits de l’homme des Nations unies, sous la direction du juge Richard Goldstone, accuse, d’une part, l’armée israélienne d’avoir « commis des actions qui équivalaient à des crimes de guerre, et peut-être par certains aspects à des crimes contre l’humanité » au cours de l’opération « Plomb durci » déclenchée par Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 dans la bande de Gaza ; et d’autre part, le Hamas de tirer des roquettes et des mortiers sur le sud d’Israël « destinés à tuer et blesser des civils ».
Tout comme Israël qui a aussitôt démenti ces conclusions, le Hamas a dénoncé ce rapport qui met « sur le même plan ceux qui commettent des crimes et ceux qui résistent ». Il a par ailleurs utilisé ce rapport pour critiquer l’AP, trop faible selon lui face à Israël et aux États-Unis.
Pour Mahmoud Abbas, il s’agissait d’une manoeuvre pour mettre à mal le processus.
Journaliste palestinien, auteur de Gaza : Dans les coulisses du mouvement national palestinien (Denoël, 2008)