vendredi 9 octobre 2009

Campagnes en Israël pour empêcher les Juives de rencontrer des Arabes

vendredi 9 octobre 2009 - 00h:16

Jonathan Cook



NAZARETH. Une municipalité israélienne a formé une équipe spéciale de conseillers et de psychologues dont la tâche sera d’identifier les jeunes femmes juives qui sortent avec des hommes arabes afin de les « sauver ».

Cette initiative, lancée par la municipalité de Petah Tikva, une ville proche de Tel Aviv, est la dernière d’une série d’initiatives séparées - et peu discutées - menées par des organismes officiels, des rabbins, des organismes privés et des groupes d’habitants, pour empêcher les rencontres et les mariages interraciaux.

D’autre part, les médias israéliens ont annoncé ce mois-ci que les résidents de Pisgat Zeev, une grande colonie juive au milieu des faubourgs palestiniens de Jérusalem-Est, ont formé une patrouille pour empêcher les Arabes de fréquenter les filles juives locales.

L’hostilité aux relations intimes qui se développent au travers du fossé ethnique d’Israël est partagée par beaucoup de Juifs israéliens, qui considèrent un tel comportement comme une menace pour la judaïté de l’Etat. Un des rares sondages sur ce sujet, en 2007, a trouvé que plus de la moitié des Juifs israéliens considèrent le mariage mixte comme une « trahison nationale ».

Depuis la fondation de l’Etat en 1948, des analystes ont noté qu’une série de mesures légales et administratives ont été prises par Israël pour limiter les possibilités de liens étroits entre les citoyens juifs et arabes, ces derniers comportant un cinquième de la population.

La ségrégation des communautés et la séparation des systèmes d’éducation font que les jeunes Arabes et les jeunes Juifs ont peu d’occasions de se familiariser les uns avec les autres. Même dans un petit nombre de « villes mixtes », les Arabes sont groupés le plus souvent dans des quartiers distincts.

En outre le mariage civil est interdit en Israël, ce qui signifie que dans le petit nombre de cas où des Juifs veulent se marier avec des Arabes, ils ne peuvent le faire qu’en quittant le pays pour accomplir les formalités de mariage à l’étranger. Le mariage est reconnu au retour du couple.

Le docteur Yuval Yonay, sociologue à l’université d’Haïfa, estime que le nombre de mariages interraciaux est « trop faible pour pouvoir être étudié ». « La séparation entre Juifs et Arabes est si enracinée dans la société israélienne qu’il est étonnant de voir quiconque échapper à ces contrôles centraux, » a-t-il dit.

L’équipe de Petah Tikva, une ville de 200.000 habitants, a été constituée en réponse directe à une information. Deux filles juives âgées de 17 et 19 ans accompagnaient un groupe de jeunes hommes arabes lorsque qu’ils auraient battu à mort un Juif, Leonard Karp, le mois dernier sur une plage de Tel Aviv. La fille la plus âgée était de Petah Tikva.

La fréquentation de jeunes Arabes par ces filles juives a relancé la crainte de voir s’éroder parmi certains jeunes le tabou autrefois strict interdisant la fréquentation interraciale.

Traduisant l’opinion générale, Mr. Hakak, porte-parole de la municipalité de Petah Tikva, a dit que les « filles russes », les jeunes femmes Juives dont les parents sont arrivés en Israël au cours des dernières deux décennies après la chute de l’Union soviétique, étaient particulièrement vulnérables à l’attention des hommes arabes.

De son côté, le docteur Yonay pense que les femmes russes sont moins fermées à l’idée d’avoir des rapports avec les hommes arabes, car, dit-il, « elles n’ont pas subi l’éducation religieuse et sioniste » à laquelle la plupart des Juifs israéliens ont été soumis.

Mr. Hakak a dit que la municipalité a créé une ligne directe que les parents et amis des femmes juives peuvent utiliser pour les dénoncer.

« Nous ne pouvons pas dire aux filles ce qu’elles doivent faire, mais nous pouvons envoyer chez elles un psychologue pour les conseiller, ainsi que leurs parents, » a-t-il dit.

Motti Zaft, l’adjoint au maire, a indiqué au site Ynet que la municipalité sévit contre les propriétaires de la ville qui subdivisent illégalement des appartements pour les louer bon marché à des Arabes célibataires qui cherchent du travail dans la région de Tel Aviv. Il a estimé que plusieurs centaines d’Arabes ont emménagé de cette façon.

L’hostilité de Petah Tikva à l’égard des Arabes qui fréquantent des Juives est partagée par d’autres communautés [juives].

À Pisgat Zeev, une colonie de 40.000 Juifs, on apprend qu’une patrouille d’environ 35 hommes, connue sous le nom de « Feu pour le judaïsme », essaye d’arrêter les fréquentations interraciales.

Pisgat Zeev a attiré, fait exceptionnel pour une colonie, une population minuscule mais croissante de familles arabes venant de Jérusalem-Est ainsi que de l’intérieur d’Israël. Étant donné que Pisgat Zeev est à l’intérieur des frontières municipales de Jérusalem, les Arabes qui ont le droit de résider en Israël peuvent y vivre tant que des colons juifs sont disposés à leur louer des appartements.

Un membre de la patrouille, qui s’est identifié au Jerusalem Post sous le nom de Moshe, a déclaré : « Notre but est d’être en contact avec ces filles pour essayer de leur expliquer les dangers qui les menacent. Au cours des 10 dernières années, 60 filles de Pisgat Zeev sont entrées dans des villages [Palestiniens en Cisjordanie]. Et pour la plupart d’entre elles, on n’en a plus entendu parler ». Il a nié avoir exercé des violences ou des menaces contre des hommes arabes.

L’année dernière, la municipalité de Kiryat Gat, une ville de 50.000 Juifs au sud d’Israël, a lancé un programme dans les écoles pour avertir les filles juives du danger de fréquenter des Bédouins. On a montré aux filles une vidéo intitulée « Dormir avec l’ennemi », qui décrit les couples mixtes comme un « phénomène contre nature ».

On voit sur cette vidéo Haim Shalom, chef des services sociaux de la ville, déclarer : « Les filles, en toute innocence, vont avec des Arabes qui les exploitent. »

En 2004, à Safed, au nord d’Israël, des affiches sont apparues partout dans la ville pour avertir les Juives que rencontrer des Arabes les mèneraient « à recevoir des coups, aux drogues dures, à la prostitution et au crime ». Le grand rabbin de la ville, Shmuel Eliyahu, a déclaré à un journal local que la « séduction » des filles juives était « une autre forme de guerre » menée par des Arabes.

Les campagnes de Kiryat Gat et de Safed sont soutenues par une organisation religieuse appelée Yad L’achim, qui anime une équipe d’anti-assimilation consacrée officiellement au « sauvetage » des femmes juives.

D’après son site web, l’organisation dit recevoir plus de 100 appels par mois au sujet de femmes juives vivant avec les Arabes, en Israël et en Cisjordanie. Elle lance des opérations de « sauvetage paramilitaire [des femmes] des villages arabes hostiles » en coordination avec la police et l’armée.

« L’âme juive est une ressource précieuse et bien trop rare, et nous ne sommes pas disposés à en abandonner une seule », dit le site web.

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25 septembre 2009 - The National - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.thenational.ae/apps/pbcs...
Traduction : J.P Bouché

« Menteurs et escrocs »

vendredi 9 octobre 2009 - 00h:15

Bill Van Auken - WSWS


Obama, loin de changer quoi que ce soit de ces objectifs stratégiques, n’a fait que couvrir la politique impérialiste américaine avec encore plus d’hypocrisie. C’est lui et ses alliés qui, comme Bush et Blair avant lui, ont mérité de se faire appeler « menteurs et escrocs ».

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"Blair, un mélange unique de cruauté et de malhonnêteté" (Robert Fisk)

Dans un éditorial publié dimanche, le Financial Times de Londres s’est joint à l’assaut médiatique contre l’Iran, qualifiant ses dirigeants de « menteurs et escrocs » à qui « l’on ne peut faire aucunement confiance » sur la question du programme nucléaire du pays.

Si le quotidien est dévoué à démasquer les « menteurs et escrocs », pourquoi a-t-il attendu si longtemps ? Il aurait pu rendre ce précieux service à ses lecteurs presque sept ans plus tôt, durant les préparatifs pour la guerre contre l’Irak. Après tout, ces épithètes décrivent parfaitement le rôle joué par les gouvernements américain et britannique.

C’est aujourd’hui un fait historique reconnu que Bush et Blair ont systématiquement trompé leur propre population et le monde entier lorsqu’ils préparaient une guerre d’agression contre l’Irak. En présentant l’Irak comme une menace imminente en raison de ses supposées « armes de destruction massive » et ses liens (entièrement fabriqués) avec Al-Qaïda et les attaques du 11-Septembre, ils ont cherché à rallier l’opinion publique. Non seulement ces assertions se sont-elles avérées fausses à la suite de l’invasion de l’Irak en mars 2003, tout porte à croire que ceux qui ont fait ces déclarations à l’époque savaient qu’elles étaient mensongères.

Tentant de soutenir son argumentaire selon lequel le programme nucléaire iranien pose une menace semblable, le Financial Times a publié son éditorial sur la question et en plus, en première page, un commentaire de Paul Wolfowitz, l’un des principaux architectes de la guerre en Irak et grand fournisseur de faux renseignement qui a servi à la préparer. Cet individu, qui devrait être accusé et jugé pour crimes de guerre, est maintenant recyclé en expert de la « menace » iranienne.

Tout est oublié et pardonné. Ces mêmes personnes, responsables d’une guerre qui a enlevé la vie à plus d’un million d’Irakiens, sont de retour en affaires ; toute la machine de propagande des médias de la grande entreprise est mise en branle pour amplifier leurs accusations contre l’Iran.

De la même façon, le chroniqueur du Washington Post Richard Cohen, qui a répété joyeusement les mensonges de l’administration Bush au sujet des armes de destruction massive irakiennes, a écrit un commentaire mardi rejetant l’affirmation de l’Iran que ses installations nucléaires étaient conçues avec des visées pacifiques. « Les Perses mentent comme ils respirent », a-t-il grogné.

De manière plus sinistre, il s’est servi de ce commentaire pour attaquer Obama pour être trop conciliant et afin de faire de la propagande guerrière. « Seuls les Etats-Unis ont la capacité de détruire les installations souterraines de Téhéran », a-t-il écrit. « Washington pourrait devoir agir. »

La dernière hystérie a été alimentée en prévision des négociations du premier octobre qui doivent prendre place à Genève entre l’Iran et les puissances du P5+1, c’est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies - les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France - plus l’Allemagne. Elle a été concentrée sur la prétendue découverte d’une usine nucléaire souterraine « secrète » près de la ville de Qom, annoncée de façon mélodramatique vendredi dernier à une conférence de presse organisée par Barack Obama, le premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas Sarkozy.

En fin de compte, il s’est avéré que l’Iran avait averti l’agence de surveillance nucléaire des Nations Unies, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de l’existence quatre jours plus tôt de l’usine et les services du renseignement américains étaient au courant depuis plusieurs années. Selon le traité de non-prolifération signé par l’Iran, le pays est tenu d’aviser l’AIEA de telles installations seulement 180 jours avant que le combustible nucléaire y soit apporté. Téhéran a dit que cela ne se produirait pas avant une autre année et demie. Conséquemment, cette dernière révélation n’a fourni aucune preuve que l’Iran ne respecte pas le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), encore moins qu’il est engagé dans un programme pour produire des armes nucléaires.

Plus fondamentalement, ni Washington ni les autres puissances majeures n’ont daigné expliquer pourquoi la prétendue poussée pour le développement de telles armes par l’Iran constitue un crime contre l’humanité, alors qu’il est parfaitement acceptable pour l’Inde, le Pakistan et Israël d’obtenir, par eux-mêmes, des bombes nucléaires. Contrairement à l’Iran, aucun de ces trois pays n’a signé le TNP, vieux de 40 ans, ou n’a permis à l’AEIA d’inspecter leurs installations.

On croit qu’Israël posséderait des centaines d’armes nucléaires et il a régulièrement menacé d’attaquer l’Iran. Les Etats-Unis ont régulièrement protégé Israël de l’inspection et ont récemment dénoncé une résolution passée par l’Assemblée générale de l’AIEA qui appelait l’Etat sioniste à se conformer au TNP.

D’ailleurs, l’Iran lui-même serait une puissance nucléaire aujourd’hui - avec l’aval de Washington - si ce n’était de la révolution de 1979 qui a renversé la dictature haïe du Chah, appuyée par les Etats-Unis. Gendarme régional et plus grand acheteur d’armes de Washington, le Chah avait déclaré ouvertement son intention d’obtenir des armes nucléaires et les Etats-Unis lui avaient vendu les réacteurs et le combustible nécessaires.

Il y a l’argument de principe - et le World Socialist Web Site l’a fait - qu’une tentative de la part du régime bourgeois nationaliste en Iran d’obtenir des armes nucléaires serait non seulement réactionnaire, mais serait incapable de protéger le pays contre l’impérialisme. La classe ouvrière ne peut appuyer les politiques d’armement de tout régime bourgeois. Elle ne peut dépendre que de son unité internationale dans la lutte pour le socialisme afin de vaincre la guerre.

Ceci étant dit, comment les accusateurs de l’Iran peuvent-ils s’élever contre les armes nucléaires ? Les Etats-Unis, le principal instigateur de la violence armée de par le monde, ont développé le plus grand arsenal nucléaire de tous les pays. Ils se distinguent, sombrement, pour avoir été la seule puissance qui n’ait jamais utilisé ces armes nucléaires. Ils ont lancé des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki pour démontrer leur puissance militaire en incinérant les populations civiles de ces deux grandes villes. De plus, les Etats-Unis sont eux-mêmes en contravention du TNP, car ils n’ont pas entrepris de démanteler leur arsenal nucléaire et ont plutôt développé de nouvelles générations de nouvelles armes comme les bombes anti-bunkers.

La Grande-Bretagne et la France, avec leur longue histoire de crimes contre les pays coloniaux, ont tout les deux des armes nucléaires, alors que l’Allemagne, pour des raisons historiques évidentes, ne peut pas faire la morale à qui que ce soit. En tout cas, Berlin, qui est en train de se réarmer encore une fois, a la technologie et développé l’infrastructure pour produire du combustible nucléaire qui lui permettrait de produire une grande quantité d’armes nucléaires en quelques mois, si n’est pas en quelques semaines. Son allié de la Deuxième Guerre mondiale, le Japon, a développé la même capacité.

L’opposition de Washington à ce que l’Iran ait une capacité similaire est le fait de calculs purement stratégiques. Washington craint que l’Iran avec la capacité des armes nucléaires vienne modifier l’équilibre du pouvoir dans une région où l’impérialisme américain mène deux guerres, à la frontière ouest et la frontière est de l’Iran. Le but de la guerre en Irak et en Afghanistan est d’affirmer l’hégémonie américaine sur les immenses ressources énergétiques du golfe Persique et du bassin de la Caspienne, dont les réserves de gaz et de pétrole de l’Iran constituent une part importante.

Ceux qui sont tentés d’avaler la dernière campagne de propagande contre l’Iran ferait bien de sortir de leur amnésie politique. L’administration Obama suit le même patron que celui de l’administration Bush en 2002-03. Elle fait circuler des déclarations de plus en plus inquiétantes et entièrement non fondées sur les « armes de destruction massive » iraniennes, tout en demandant à Téhéran de réaliser ce qui revient à un suicide au ralenti en tentant de satisfaire une suite sans fin de demandes impossibles. Et dans le but d’arriver à son objectif de changement de régime, il a donné un appui actif à une opposition de droite pro-impérialiste.

Obama, loin de changer quoi que ce soit de ces objectifs stratégiques, n’a fait que couvrir la politique impérialiste américaine avec encore plus d’hypocrisie. C’est lui et ses alliés qui, comme Bush et Blair avant lui, ont mérité de se faire appeler « menteurs et escrocs ».

Il y a une logique à une telle fraude. Ce serait une grave erreur de croire qu’Obama, au contraire de son prédécesseur, adopte une politique de diplomatie et ne veut que faire pression sur l’Iran. Derrière les mensonges officiels et la campagne de plus en plus hystérique des médias, on trouve le danger réel et présent que Washington se prépare à lancer une attaque militaire sur l’Iran, et plus tôt que plusieurs pourraient le croire.

2 octobre 2009 - World Socialist Web Site - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.wsws.org/francais/News/2...

Israël doit répondre de ses crimes

jeudi 8 octobre 2009 - 05h:14

Sousan Hammad - Al Jazeera


L’ajournement du vote du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU sur les résultats du rapport de Richard Goldstone concernant la récente guerre de 22 jours lancée par Israël contre Gaza a soulevé beaucoup d’interrogations.

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Gaza , janvier 2009 - En totale impunité, avec la complicité active des puissances occidentales et au mieux la passivité des despotes du monde arabe, Israël a commis un nombre incalculable de massacres à l’encontre des Palestiniens. Cette impunité finira-t-elle un jour ?

Sahar Francis, un avocat palestinien israélien des Droits de l’Homme qui a témoigné devant la mission d’enquête de l’ONU conduite par Goldstone, s’est exprimé devant Al Jazeera à propos de cet ajournement et de ses implications.

Al Jazeera : Ce vendredi, la direction palestinienne a soutenu les manœuvres pour l’ajournement d’un vote sur les résultats du rapport de Richard Goldstone. Que signifie cette décision pour les Palestiniens ?

Sahar Francis : Ce comportement de la part de l’Autorité palestinienne (AP) a été vraiment très décevant. Je pense que c’est une grossière erreur car les Palestiniens ont lutté pour les droits de l’homme depuis si longtemps. Il est également très décevant que toutes les fois que nous sommes sur le point de mettre une fin à l’immunité [d’Israël], la politique vienne se mettre en travers de l’application du droit international.

Al Jazeera : Pourquoi pensez-vous que l’AP nie que les pressions des Etats-Unis aient joué un rôle dans leur décision de retirer leur soutien à une une résolution approuvant le rapport ?

Sahar Francis : [Les officiels de l’AP] n’ont aucune justification à valoir devant leur propre peuple. Il est vraiment regrettable que nous soyons arrivés à un point où les gens aient perdu toute confiance dans la direction palestinienne.

Al Jazeera : Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, a qualifié le rapport de Goldstone de « déséquilibré » et « inacceptable ». Pensez-vous que si ce rapport soit pertinent ou important pour faire progresser les droits des Palestiniens ?

Sahar Francis : Nous avons cru que cette fois... nous mettrions un terme à la longue, longue immunité d’Israël... Mais malheureusement nos propres dirigeants ont tout remis en cause. En fin de compte, au niveau international, n’importe quelle décision — même basée sur le document le plus important du point de vue juridique — reste sans effet sans volonté politique et sans soutien. En fin de compte, le droit international dépend des relations internationales et [] de l’équilibre des forces entre les différents Etats.

C’est la première fois dans l’histoire du conflit israélo-palestinien qu’une commission dirigée par une personne comme Goldstone se soit déplacée pour enquêter sur des crimes de guerre. C’était une occasion de prouver au monde que le droit international et les droits de l’homme sont valables pour tous et qu’il ne peut y avoir d’’immunité pour aucun criminel.

Malheureusement, comme cela s’est produit pour l’avis prononcé [par la Cour internationale de Justice] sur le Mur, et pour d’autres décisions de l’ONU, quand il est question du conflit israélo-palestinien les dirigeants israéliens parviennent toujours à obtenir l’appui politique nécessaire pour échapper à l’obligation de rendre es comptes.

Al Jazeera : Des sources en provenance de l’AP ont dit avoir voulu « l’unanimité » au Conseil des Droits de l’Homme concernant le rapport, tout en affirmant que la discussion sur ce sujet pourrait avoir une influence négative sur des négociations de paix. Qu’est-ce que cela signifie ?

Sahar Francis : Il était tout à fait évident que les Etats-Unis et Israël, au nom de la paix, essayent en vérité d’imposer l’idée que n’importe quelle mesure concernant la responsabilité israélienne affectera des négociations. Mais comment pouvez-vous prétendre gagner la paix sans rendre justice au peuple palestinien ?

C’est cela qui est triste avec M. Abbas, le président palestinien. Je ne pense pas qu’il accepte totalement cette position. Je ne comprends pas comment il peut gagner la paix sans justice. Mais c’est de la politique. Et comme Palestiniens, nous sommes toujours du côté faible dans les négociations. C’est ce qui sort de tout cela.

Al Jazeera : Les USA ont annoncé qu’ils reporteront toutes les discussions sur le rapport Goldstone à six mois, jusqu’à ce que la prochaine session du Conseil de droits de l’homme se tienne en mars 2010. Pourquoi pensez-vous que ce rapport est maintenant classé ?

Sahar Francis : Je pense qu’en retardant la discussion, ils pensent que les gens oublieront, que rien ne sortira du rapport et qu’aucune procédure légale ne sera appliquée.

En tant que défenseurs des Droits de l’Homme, nous ne devrions pas accepter cet état de fait. Nous devrions poursuivre notre travail pour faire connaître ce rapport et tenter de l’exploiter d’autres manières. C’est de la responsabilité de chacun. En nous servant de la juridiction universelle nous pouvons présenter, devant les cours internationales, des cas de victimes inviduelles de la guerre contre Gaza. Ce ne sera pas facile, mais je crois que ce sont les gens qui imposeront le changement.

Il viendra du peuple palestinien et de tous ceux qui les soutiennent partout dans le monde et qui croient en notre lutte, et cette justice devra bénéficier aux Palestiniens.

4 octobre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction : Info-Palestine.net

Abed el-Muhmayn Asus : « Ils ont massacré mes oliviers »

jeudi 8 octobre 2009 - 05h:14

Delphine Matthieussent - Libération


Quelques jours avant le début de la récolte des olives, les arbres gisent à terre, leurs branches chargées de fruits presque mûrs, dans un champs situé en contrebas de Yitzhar, une colonie juive ultra-orthodoxe réputée comme l’une des plus extrémistes de Cisjordanie.

« Ils ont massacré mes oliviers », se lamente Abed el-Muhmayn Asus, qui habite Burin, village palestinien proche de Yitzhar, en montrant ses arbres amputés - certains vieux de plusieurs décennies.

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La semaine dernière, près d’une centaine de ses oliviers ont été détruits par les colons de Yitzhar, dont les toits sont visibles sur la ligne de crête qui surplombe son champ.

C’est la quatrième fois qu’ils s’en prennent à ses arbres. Parmi l’enchevêtrement de branches brisées, des troncs calcinés et des boutures d’arbres témoignent des destructions précédentes.

« Cette fois-ci, c’est la pire de toutes. Ils ont tailladé sauvagement les troncs verticalement pour qu’il n’y ait aucune chance que je puisse sauver les arbres », explique Abed. Il y a le manque à gagner - 20 000 shekels (3 650 euros) - liés à la vente des olives, mais aussi le dommage de la destruction des arbres, « inestimable », précise l’agriculteur : « Chaque olivier vaut plusieurs milliers de dollars. Leur destruction me ramène plus de dix ans en arrière. »

La récolte des olives, traditionnellement festive dans les Territoires, est, depuis la deuxième Intifada, l’occasion d’incidents avec les colons qui tentent d’intimider les agriculteurs. Cette année, les Palestiniens disent s’attendre au pire en raison des pressions des Etats-Unis, réclamant un gel total de la colonisation, ce qui a exacerbé l’hostilité des Israéliens implantés en Cisjordanie.

La situation est particulièrement tendue autour de Yitzhar, qui est régulièrement le théâtre d’affrontements entre colons, Palestiniens et forces de sécurité israéliennes. Quatre avant-postes de la colonie sont sur la liste des implantations illégales que le gouvernement israélien a promis à Washington de démanteler.

Les habitants de Yitzhar, qui accusent les Palestiniens de tenter de brûler leurs champs et leurs maisons, assurent ne pas avoir entendu parler de l’affaire. « Je ne suis au courant d’aucun incident de ce genre mais si ces oliviers ont effectivement été détruits, cela ne m’étonnerait pas que cela soit l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes ou d’anarchistes [militants des organisations internationales de défense des droits des Palestiniens, ndlr], qui se livrent souvent à ce genre de provocation », estime le porte-parole de l’implantation, Yigal Amitaï.

Il y a un mois environ, explique Mohammed Zaban, plus gros propriétaire terrien de Burin, 200 de ses oliviers ont été aspergés d’insecticides, rendant incomestibles les olives. « Cela fait plusieurs années qu’ils s’en prennent à nos arbres, mais depuis quelques mois, tous les moyens sont bons : ils déracinent, brûlent, lacèrent, utilisent des insecticides », explique Mohammed.

Et d’ajouter : « La pression des Etats-Unis ne fait que renforcer l’agressivité des colons à notre égard et sur le terrain, rien ne change, Israël continue d’investir des millions dans les colonies. »

En raison des heurts incessants, les Palestiniens ne peuvent accéder à leurs terres proches de Yitzhar qu’en se coordonnant au préalable avec les autorités israéliennes, qu’ils accusent de complaisance à l’égard des colons. « Quand j’ai rapporté ce qui s’est passé, l’officier israélien responsable m’a demandé pourquoi j’étais en colère, que ce genre d’incident arrive tout le temps », relate Abed. Puis, désabusé : « Je n’ai pas porté plainte, ça ne sert à rien. Et ce qui est sûr, c’est que ça ne me rendra pas mes oliviers. »

* Delphine Matthieussent est envoyée spéciale du journal Libération à Burin

7 octobre 200 - Libération - Cet article peut être consulté ici :
http://www.aloufok.net/spip.php?art...

Jérusalem : Elyashiv avertit

Par GREER FAY CASHMAN

08.10.09

Le rabbin Yossef Shalom Elyashiv, considéré comme l'un des plus grands experts de la loi juive (halakha), a réitéré l'interdiction faite aux Juifs de pénétrer sur le Mont du Temple. Il a répété cela au président Shimon Peres qui lui a rendu visite dans sa Soukka dans le quartier de Méa Shéarim à Jérusalem.

Le président Shimon Peres rencontre le rabbin Yossef Shalom Elyashiv.
PHOTO: BEIT HANASSI , JPOST

Peres lui a exposé ce problème suite aux hostilités survenues entre les autorités musulmanes et un petit groupe de Juifs qui ignorent cette interdiction halakhique. Beaucoup de Musulmans affirment que des Juifs d'extrême-droite ont l'intention d'accéder à l'esplanade et même d'y construire une synagogue.

Interdictions halakhiques mises à part, a continué Elyashiv, il est important de voir que toute provocation de Juifs déterminés à se rendre sur le Mont du Temple pourrait mener à des condamnations inutiles et dramatiques à l'égard d'Israël de la part des nations du monde entier. Les dirigeants palestiniens, dont le chef de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, ont accusé Israël à plusieurs reprises de vouloir "judaïser" la capitale.

Peres estime qu'une voix aussi respectée que celle d'Elyashiv devrait être entendue et obéie.

La rencontre s'est achevée par une bénédiction spéciale : "En tant que président vous avez besoin d'une bénédiction spéciale pour mener la nation sur le bon chemin en ces temps difficiles."

Les tensions n'ont pas cessé dans la Vieille Ville depuis dimanche où les forces de sécurité ont décidé de restreindre l'accès à l'esplanade après un appel lancé ce week-end aux Musulmans de venir "défendre le Mont".

Une patrouille de police avait découvert dimanche en début de matinée des brouettes remplies de pierres. Les forces de sécurité en ont conclu que les émeutes avaient été planifiées avant la prière du dimanche.

http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1254861898626&pagename=JFrench/JPArticle/ShowFull

Italie:Manifestation contre Abbas, Washington demande à Israël de le récompenser

08/10/2009 Des centaines de Palestiniens et arabes ont protesté, mercredi, contre la visite du président sortant de l'autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, en Italie.

Les manifestants ont brandi les drapeaux palestiniens et scandé des slogans réclamant la démission d'Abbas. Ils ont même appelé à sa sanction, pour avoir vendu le sang des victimes à Gaza.

"Abbas a sauvé l'occupation, en frappant les efforts de toutes les organisations juridiques internationales qui ont condamné "Israël", durant la guerre contre Gaza", a souligné, Mohamed Hanoun, le président de l'assemblée palestinienne en Italie.

La communauté palestinienne à Rome, a elle aussi, publié un communiqué, dans lequel elle a souligné que l'Autorité a mis en danger la question palestinienne.
Notons qu'Abbas, qui a cédé aux pressions américano-israéliennes et accepté le report du rapport Goldstone (accusant "Israël" de crimes contre l'humanité), a été très vivement critiqué dans les rangs palestiniens.

RECOMPENSE D'ABBAS

Dans ce contexte, le quotidien israélien "Maariv" a révélé que les Etats-Unis ont demandé à "Israël" de récompenser Mahmoud Abbas.

Selon le quotidien, Washington a demandé à "Israël" d'être flexible lors de la visite, de l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell. Washington veut renforcer la position d'Abbas, qui a subi de vives critiques, après avoir renoncé au rapport Goldstone, au conseil des droits de l'homme de l'Onu, ajoute le quotidien.

Citant un responsable israélien, "Maariv" poursuit qu'Abbas assume les conséquences de ses actes. Il ne devait pas jouer sur deux tableaux: Soutenir(avant de céder aux pressions)le rapport Goldstone, alors qu'il ne regrettait pas la guerre israélienne contre Gaza.

http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=106168&language=fr

Al Masri : Hamas étudie la possibilité de reporter l'accord de réconciliation avec Fatah

[ 08/10/2009 - 10:20 ]
Gaza- CPI

"Le Hamas étudie actuellement la possibilité de reporter la ratification d'un accord avec le Fatah, dans une mesure de contestation contre la position de l'autorité palestinienne qui avait rejeté l'adoption du rapport de Goldstone, devant le conseil des droits de l'homme", a déclaré le dirigeant au Hamas, Mouchir Al Masri.

Al Masri a souligné, le mercredi 7/10, lors d'une déclaration de presse, que les dirigeants du Hamas étudient actuellement la possibilité de répondre au report du rapport de Goldstone, par le report de toute ratification de réconciliation nationale avec le Fatah.

"Le scandale du présidant sortant, Mahmoud Abbas représente un grand crime contre les droits du peuple palestinien", a ajouté Al Masri.

Criez : cela leur est égal, tout à fait !

[ 08/10/2009 - 22:06 ]
Dr. Ibrahim Hamami

Criez, condamnez, indignez-vous, soyez scandalisés, manifestez, écrivez, protestez, faites ce que vous voulez. Cela ne sert à rien ; cela leur est égal, à ces mauvais leaders qui jouent à découvert.

Ces derniers jours étaient pleins de scandales, des scandales qui pourraient faire tomber non seulement une autorité fictive (qu’est cette autorité palestinienne de Ramallah), mais aussi de vrais gouvernements, et même carrément des pays tout entiers.

En effet, ce qui s’est passé ces derniers jours est exceptionnel. L’Histoire n’a jamais connu de telle trahison, au nom du nationalisme, au nom de l’intérêt supérieur d’un peuple, au nom du réalisme. L’Histoire n’a jamais connu de tel terrorisme, de tel enlèvement, de tel acharnement, de telle mauvaise conduite, commis au nom de la légalité !

Allons voir quelques-uns de ces évènements.

Le 22 septembre 2009, Liebermann, se trouvant aux côtés de Netanyahu et devant un certain nombre de journalistes, déclare qu’il venait de demander à Abbas de retirer sa demande présentée contre Israël devant le tribunal international de La Haye l’accusant d’avoir commis des crimes de guerre contre des habitants de la bande de Gaza. « J’ai dit, ajoute-t-il, aux membres de la délégation représentant l’autorité palestinienne, que c’était elle qui pratiquait des pressions sur Israël pour qu’elle aille jusqu’au bout dans sa guerre contre Gaza dans le cadre de l’opération Plomb durci ».

Le 2 octobre 2009, l’ambassadeur de l’autorité d’Abbas auprès des Nations Unies dit que son autorité essaie de retirer le projet de loi condamnant Israël pour ses crimes perpétrés durant sa dernière guerre menée conte Gaza.

Le 30 juin 2009, le ministre des affaires de la ville d'Al-Quds de l’autorité démissionne, accusant son gouvernement de ne dépenser pour la ville que 1% de son budget. Cependant, Israël dépense 20% pour la seule affaire de la colonisation dans la même ville !

Notons qu’au moment où cette autorité ne tend la perche à la ville sinistrée, elle dépense sans compter les biens du peuple palestinien dans une affaire louche et personnelle. Elle soutient Dahlan contre la chaîne satellitaire Al-Jazeera, au moment où elle se plaint d’un budget en péril.

Le 27 septembre 2009, des colons sionistes envahissent la sainte mosquée d’Al-Aqsa, sans que l’autorité palestinienne de Ramallah ne bouge un doigt.

Par contre, cette autorité essaie de rendre sans importance la transaction grâce à laquelle une vingtaine de captives palestiniennes ont été libérées. Les positions bizarres se comptent à la pelle.

Ainsi, tout dialogue sera inutile avec ces gens-là ; c’est une perte de temps. Ce ne sont que des représentants des occupants israéliens. Toute parole perdra tout son sens avec de tels corrompus qui ne s’intéressent ni de près ni de loin aux intérêts de leur peuple.

Maintenant, il faut que nous sachions qu'on ne doit pas rester inerte au nom de la neutralité. La neutralité ne joue qu’en la faveur de l’oppresseur, au détriment de l’opprimé.

L’unité, le travail et la pression populaire sont primordiaux. Sans cela, nous resterons comme nous sommes.

Que l’œil des lâches ne dorme jamais.

Article publié par Pholestin al-an, Palestine aujourd’hui.
Traduit et résumé par le département français du CPI

Pleins feux sur l’Autorité palestinienne

Palestine - 08-10-2009
Par Hassan Moali
L’ajournement à mars 2010 de l’examen du rapport Goldstone sur les crimes de guerre d’Israël lors de sa guerre contre Ghaza, à la demande du délégué palestinien au conseil des droits de l’homme de l’ONU a mis l’autorité de Mahmoud Abbas dans de sales draps.





















En effet pour une fois que l’Etat hébreu était mis en demeure de répondre de ses actes, il a bénéficié contre toute attente d’une planche de salut tendue par… l’Autorité palestinienne !

En effet, et contrairement aux déclarations de son représentant à l’assemblée générale du conseil à Genève, c’est lui-même qui a demandé le report de l’examen du rapport Goldstone et non pas le groupe arabe et musulman. Le délégué de Mahmoud Abbas aurait ainsi cédé aux pressions des Américains qui ne voulaient pas que leurs « poulains » israéliens soient accusés de crimes de guerre.

L’Etat hébreu s’en était donc sorti indemne de toute condamnation avec, ironie de l’histoire, la bénédiction du représentant du peuple qu’il a pulvérisé avec ses bombes phosphoriques !

Et c’est fort logiquement que les autres factions palestiniennes ont dénoncé ce qu’elles en appellent la « haute trahison ». Pour le Hamas, le FPLP et le FDLP, l’Autorité palestinienne a « vendu la cause ». Même au sein du propre camp de Mahmoud Abbas, le report a eu l’effet d’une bombe. Un ministre indigné, a même démissionné de son poste en signe de protestation. Hier, c’était le tour du pourtant très « égyptien » Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, de réitérer sa « vive indignation » de la demande du report du vote sur le rapport Goldstone sur les crimes de guerre perpétrés lors des agressions israéliennes contre Ghaza.

Feuille de route, feuille de vigne…

Dans des déclarations à la presse publiées hier au Caire, M. Moussa s’est dit «profondément indigné » de cette attitude mettant en garde contre les répercussions négatives d’une telle décision à long terme. Cette décision prise à Genève « est d’une grande gravité et tout à fait négative », a martelé M. Moussa ajoutant qu’il était « inconcevable qu’un rapport demandé par l’ONU soit établi après une enquête sur les crimes commis contre la population en Palestine, particulièrement à Ghaza et qu’il soit toujours en suspens ». « La construction des colonies se poursuit alors que le rapport Goldstone est mis à l’écart sans qu’il y ait une position arabe commune », s’est interrogé M. Moussa qui s’est félicité du rapport, d’autant que « l’absence de justice sape tout espoir de relance du processus de paix ».

De son côté, l’Etat du Qatar, qui continue de casser l’unanimisme arabe, a mis les pieds dans le plat en déclarant hier que c’est l’Autorité palestinienne et non les pays arabes et islamiques, qui avait demandé le report du vote sur le rapport de l’ONU fustigeant l’attitude d’Israël pendant la guerre de Ghaza. « Le délégué palestinien a demandé le report de l’examen du rapport au cours de la réunion le 2 octobre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et a informé tous les participants de sa demande », a déclaré le directeur du bureau des droits de l’homme au ministère des Affaires étrangères, cheikh Khaled Ben Jassem Al Thani.

« Nous ne serons pas plus royalistes que le roi, puisque les Palestiniens ont eux-mêmes demandé le report », a ajouté le responsable qatari dans des déclarations à la chaîne satellitaire Al-Jazira. Cheikh Khaled a démenti que la demande de report ait été formulée à la demande du groupe arabe et islamique à l’Onu, comme l’avait annoncé l’Autorité palestinienne. Il a estimé que « le vote aurait pu avoir lieu et je crois qu’une bonne occasion (de condamner Israël) a été perdue et pourrait ne pas se renouveler ».

Ce feu nourri contre l’Autorité palestinienne coupable d’avoir « sauvé » Israël d’une condamnation, intervient au moment où l’armée d’occupation poursuivait hier le bouclage de la mosquée El Aqsa, à El Qods, dans le cadre de la politique israélienne de répression dans les territoires palestiniens occupés.

Selon des agences de presse, qui citent des témoins, des milliers de policiers israéliens ont été déployés pour la deuxième journée consécutive autour de la mosquée El Aqsa, dans la partie orientale d’El Qods. C’est là la première « récompense » d’Israël à Mahmoud Abbas qui semble obéir une autre feuille de route que celle qui vise à prendre Israël en flagrant délit de crime de guerre.
Source : El Watan

Rapport de l'ONU sur Gaza : Washington menace de mettre son veto

ONU - 08-10-2009
Par Al Manar
Les Etats-Unis ont à nouveau défendu mercredi le report de l'examen du rapport de l'ONU accusant "Israël" de crimes contre l'humanité, durant la guerre israélienne à Gaza.

Ian Kelly, un porte-parole du département d'Etat a prétendu que le rapport contient "des allégations très graves qui doivent être examinées en profondeur".
"Nous croyons aussi que ces problèmes doivent être débattus de manière constructive et non polémique" a-t-il estimé. "C'est pourquoi nous pensons que l'endroit adéquat pour ces discussions est le Conseil des droits de l'homme" de l'ONU.

Mercredi, sous la pression des pays arabes, les Occidentaux du Conseil de sécurité ont accepté d'avancer d'une semaine - du 20 au 14 octobre - le débat public que le Conseil tient chaque mois sur "la situation au Proche-Orient, incluant la question palestinienne".

Selon l'ambassadeur américain adjoint, Alejandro Wolff, le rapport Goldstone "n'est pas à l'ordre du jour du Conseil de sécurité" le forum adéquat pour en discuter est le Conseil des droits de l'homme". "Nous avons simplement accepté d'avancer le débat mensuel sur le Proche-Orient. Toutes les délégations seront libres de soulever (à cette occasion) toutes les questions qu'elles estimeront pertinentes", a ajouté Wolff.

Les pays occidentaux ont également refusé la tenue d'une réunion spécifique sur le rapport Goldstone, qu'ils considèrent comme "défectueux" et "déséquilibré".

Le document met en cause "Israël", et demande au Conseil de sécurité de saisir le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) si aucun progrès n'est réalisé d'ici six mois dans les enquêtes israéliennes sur les crimes qu'il a commis à Gaza.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait décidé, conformément aux demande d'"Israël' et ses alliés, de reporter à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur le rapport d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a cédé aux pressions américano-israéliennes et accepté le report de ce rapport, a été très vivement critiqué dans les rangs palestiniens.
Source : Al Manar

Selon des sources bien informées, l'entourage d'Abbas lui a conseillé de ne pas rentrer à Ramallah

Palestine - 08-10-2009
Par Palestine Info
Des sources palestiniennes sûres ont révélé sous couvert d’anonymat que son entourage a conseillé à Mahmoud Abbas de repousser son retour à Ramallah jusqu’à ce que la colère populaire et le scandale causés par sa décision vis-à-vis du rapport Goldstone s’apaisent.

Selon Quds Press, les sources ont dit que les conseillers politiques et sécuritaires d’Abbas lui ont demandé de ne pas rentrer à Ramallah et de continuer son voyage régional et européen en mettant sur pied un long programme de visites jusqu’à ce que la fureur populaire se calme.

Dans un contexte lié, le Ministre palestinien de l’Intérieur dans la Bande de Gaza a annoncé mercredi qu’il lançait des poursuites au nom de la police de Gaza et des hommes de la sécurité qui ont été tués par Israël pendant sa guerre contre la Bande contre tous les responsables de l’Autorité Palestinienne à Ramallah qui sont responsables du retrait du rapport Goldstone sur les crimes de guerre israéliens.

Le porte-parole Ihab Al-Ghussein a déclaré que le Ministère de l’Intérieur qu’il travaillerait à ses poursuites avec tous les organismes juridiques et des droits de l’homme concernés, notant que plus de 250 membres de la police palestinienne et autres appareils de sécurité ont été massacrés pendant la guerre israélienne contre Gaza.

Dans le même contexte, plusieurs professeurs et intellectuels palestiniens ont appelé les pays arabes et musulmans à ne pas traiter avec Abbas parce qu’il a abandonné les intérêts de son peuple, collaboré avec l’occupation israélienne et qu’il est devenu une menace à la sécurité nationale et arabe.

Lors d’une conférence tenue mercredi Place Palestine à Gaza-ville, leur porte-parole a dit qu’Abbas et son entourage ne représentaient pas le peuple palestinien après qu’ils aient préféré leurs intérêts personnels à ceux du peuple palestinien.

Le porte-parole a souligné qu’Abbas, par ce nouveau scandale, confirmait quelques-unes de ses positions traîtresses antérieures contre le peuple palestinien, les plus notables étant son implication dans la liquidation de l’ancien Président Yasser Arafat et sa collaboration sécuritaire avec l’occupation israélienne.

Le même jour à midi, Rome, la capitale italienne, a été témoin d’une marche de masse à laquelle ont participé des centaines de résidents palestiniens et arabes qui ont condamné la visite d’Abbas dans le pays et sa position sur le rapport Goldstone.

Pour sa part, Ala’a Tafesh, secrétaire général du groupe Martyr Jawdah, affilié aux Brigades Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, a dit mercredi que les combattants de la résistance au sein du Fatah allaient créer un tribunal révolutionnaire pour engager des poursuites contre tous ceux qui étaient impliqués dans le retrait du rapport Goldstone.

Tafesh a ajouté dans une déclaration posté sur Al-Jazeera.net que la seule punition qui convenait à ce crime politique était « la peine de mort » devant les masses palestiniennes, pour donner une leçon à ceux qui auraient la tentation de trahir le peuple palestinien et sa cause.

Abbas refuse une réunion arabe d’urgence sur al-Aqsa

Palestine - 07-10-2009
Par Palestine Info
Mahmoud Abbas, dont le mandat en tant que chef de l’Autorité Palestinienne a expiré en janvier dernier, a rejeté l’idée d’appeler d’urgence à une réunion arabe pour discuter de l’attaque israélienne contre Aqsa et des confrontations qui en ont résulté, ont révélé des sources palestiniennes bien informées.

Le quotidien égyptien Al-Shuruq a cité mardi des sources disant qu’Abbas ne souhaitait pas entendre des critiques arabes sur sa récente décision de reporter le vote du conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur le rapport condamnant les crimes de guerre israéliens à Gaza.

Pratiquement toutes les factions et institutions palestiniennes ont condamné la demande d’Abbas de reporter le vote à mars 2010, et la ligue arabe et la Syrie ont exprimé leurs regrets d’une telle décision.

Rapport ONU sur Gaza : Demande de réunion d'urgence du Conseil de sécurité

ONU - 07-10-2009
Par Al Manar
La Libye a demandé mardi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le rapport de l'ONU accusant "Israël" de crimes contre l'humanité.

L'ambassadeur adjoint de Libye, Ibrahim Dabbashi, a indiqué que son pays, agissant au nom du groupe arabe à l'ONU, avait demandé la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil pour examiner le rapport de la commission Goldstone, qui avait été chargée, par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, d'enquêter sur les crimes israéliennes commis à Gaza.

Selon des diplomates arabes, le Conseil de sécurité, dont la présidence est assurée ce mois-ci par le Vietnam, aura des consultations mercredi pour décider s'il tiendra ou non une réunion formelle sur le sujet.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé, sa satisfaction après la demande de la Libye, seul Etat arabe siégeant actuellement au Conseil de sécurité.

Abbas a lui-même opéré un revirement sur cette question, après avoir cédé aux pressions israélo-américaines et accepté un report du vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur ce rapport, ce qui lui avait valu de très vives critiques dans les rangs palestiniens, y compris dans son propre camp.

Rappelons que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a reporté à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur ce rapport.

La guerre israélienne contre la bande de Gaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, a fait plus de 1.400 martyrs palestiniens, en majorité des civils.
Source : Al Manar

Note explicative à la suite de l'escamotage du vote du rapport Goldstone

ONU - 07-10-2009
Plomb durci : La défense des victimes progresse
Par Gilles Devers
Au milieu du fracas politique, la défense des droits des victimes palestiniennes progresse. Je reconnais les plus grands mérites à la politique, mais chacun sait que face au crime la justice est plus apte à répondre que la politique. Ce n’est pas la première fois que la justice est freinée par la politique, avant de rejaillir et de s’imposer.
En ce mois d’octobre 2009, rien n’est fait. De nombreux obstacles sont là mais nous pouvons dire que jamais nous ne sommes allés si loin dans la défense des droits des palestiniens.


La procédure devant la Cour Pénale Internationale repose sur deux actes :

Ø La déclaration du Ministre de la justice de Palestine du 21 janvier 2009donnant compétence à la Cour pour enquêter sur les crimes commis à Gaza

Ø La plainte des 350 ONG du 22 janvier 2009 demandant au Procureur d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Cette procédure posait la question de la structure étatique de la Palestine. Nous savons que la structure est inachevée, et c’est l’objet même des négociations que d’obtenir ce statut complet. Mais dans le cadre de la justice pénale, l’analyse est totalement différente. Ce que la Palestine demande en justice c’est ce que son agresseur lui usurpe, à savoir les attributs de la souveraineté qui lui permettent de commettre des crimes et d’organiser son impunité. Contester à la Palestine la recevabilité, serait donner un permis à l’agresseur de poursuivre.

Comme l’a dit lui-même le Procureur près de la Cour Pénale Internationale, ce n’est pas parce que la structure juridique est incomplète que le peuple palestinien, qui n’est revendiqué par aucun autre Etat, peut être privé de la protection de la Cour.

Après les travaux de nombreux avocats, de juristes et d’ONG, deux rapports de dimension internationale, rédigés par des équipes de juristes renommés, renforcent cette analyse. Il s’agit du rapport No Safe Place rédigé au nom de la Ligue arabe sous la signature de John Dugard, professeur de droit, ancien rapporteur de l’ONU sur la Palestine. Il conclut à la réalité des crimes, à la nécessité d’une enquête et à la compétence de la Cour Pénale Internationale.

Il s’agit ensuite du rapport de Richard Goldstone, ancien Procureur près du Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie, désigné pour une enquête de recherche des faits par le Conseil des Droits de l’Homme.

Son rapport déposé le 15 septembre 2009 confirme la réalité des faits connus depuis l’origine, notamment à travers le Centre palestinien des Droits de l’Homme, légitime les actions entreprises et la plainte déposée par la Palestine le 21 janvier 2009 ; elle encourage instamment le Procureur à ouvrir l’enquête compte tenu de tous les éléments qui sont réunis.

L’ISESCO s’est prononcé publiquement ce 3 octobre 2009 et porte plainte à propos de la destruction systématique des biens culturels et cultuels.

Alors où en sommes-nous ?

Dans la mesure où aucun Etat n’a porté plainte et que le Conseil de sécurité ne le fera jamais, le Procureur ne peut pas ouvrir l’enquête lui-même. Il doit saisir la chambre préliminaire et c’est cette chambre qui dira s’il existe une base raisonnable aux poursuites. Mais ce n’est pas à elle de statuer sur la recevabilité et la compétence. Ces questions sont traitées beaucoup plus tard et relèvent des attributions de la Cour (Article 15.4 du statut).

La procédure a également avancé sur l’autre moyen à savoir la double nationalité de responsables militaires israéliens.

La Cour peut enquêter à partir de la nationalité, lorsque les auteurs relèvent d’un Etat ayant ratifié le Traité de la Cour Pénale Internationale. Nombre de responsables militaires et politiques israéliens ont une double nationalité, dont l’une peut relever d’un Etat ayant signé le Traité. Un dossier est très avancé concernant un responsable militaire israélien et sud-africain, et c’est vraisemblablement le premier d’une longue liste.

C’est dans ce contexte, qui établit l’avancée objective de la procédure, qu’intervient le report du vote devant le Conseil des Droits de l’Homme. Le Conseil des Droits de l’Homme ayant désigné le rapport Goldstone, il était normal qu’un débat ait lieu. Il aurait été très souhaitable que ce débat soit l’occasion de marquer un consensus autour de la volonté de renforcer la justice internationale. La décision prise est inverse, chacun en analysera les causes. Mais il faut souligner que ce débat devant le Conseil des Droits de l’Homme est déconnecté des besoins de la procédure devant la Cour Pénale Internationale. Le Conseil des Droits de l’Homme n’a pas de place dans la procédure. La Cour est une juridiction indépendante qui repose sur l’adhésion de 110 Etats, et aucun d’eux n’a jamais dénoncé la plainte déposée par la Palestine en janvier 2009.

La procédure continuera, en s’appuyant sur le rapport Goldstone et sans être freiné en rien par les délibérations du Conseil des Droits de l’Homme.

On en évoque déjà le Conseil de Sécurité. A supposer que la question soit mise à l’ordre du jour, on sait qu’il y aura le veto américain. Quel en est l’intérêt politique ? Ce n’est pas mon sujet. En revanche, il ne faudrait pas accréditer qu’un échec devant le Conseil de sécurité, serait un nouvel échec pour les victimes palestiniennes, qui n’attendent rien de cette structure et tout de la Cour Pénale Internationale. La procédure doit se poursuivre sur la base de la déclaration du 21 janvier, sans tutelle de qui que ce soit.

La politique peut aider ou nuire, mais elle ne peut pas changer les bases juridiques de l’action qui se développera pour reconnaissance des droits des victimes.

Gilles Devers, porte parole du collectif d’avocats aux ONG.

L'ONU appelle à cesser les provocations à propos de Jérusalem

Robert Serry.

8 octobre 2009 – Les provocations de toutes parts concernant les sites religieux de Jérusalem doivent cesser, a affirmé jeudi le Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, après une visite au Mont du Temple/Harem Al-Sharif et à la Mosquée d'Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem.

« Le Secrétaire général Ban Ki-moon est très préoccupé par les récents affrontements à Jérusalem et j'ai été en contact avec toutes les parties pour atténuer les tensions », a déclaré M. Serry après cette visite.

Il a aussi rencontré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le négociateur en chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saeb Erekat, et le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, ainsi que le vice ministre israélien des affaires étrangères, Dany Ayalon, et de hauts représentants jordaniens à Amman.

« Cette ville sainte a une importance tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens et pour les fidèles de trois grandes religions. Les provocations de toutes part concernant les lieux saints, ainsi que les provocations concernant Jérusalem-Est, ne servent ni la cause de la paix ni les lieux saints », a dit Robert Serry.

Selon la presse, plusieurs incidents ont eu lieu ces deux dernières semaines, notamment à l'occasion de la fête juive de Souccot, qui a donné lieu à un important déploiement de police israélien. Le chef du Mouvement islamique en Israël, Raed Salah, a été arrêté pour incitation à la violence et libéré avec interdiction de rentrer dans Jérusalem pendant un mois.

« Ma visite à la mosquée d'Al-Aqsa et mes contacts m'ont montré que la situation n'est pas encore réglée, bien que les tensions se soient atténuées », a dit Robert Serry. « Nous ne pouvons pas permettre une nouvelle flambée de violence ou laisser les extrémistes décider du cours des événements ».

Par ailleurs, le Conseil de sécurité s'est réuni mercredi à New York pour des consultations réclamées par la Libye sur un rapport remis au Conseil des droits de l'homme (CDH ) concernant le conflit qui a opposé Israël au Hamas à Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.

Le chef de la Mission d'établissement des faits mise en place par le CDH sur le conflit à Gaza, le Juge Richard Goldstone, a recommandé au Conseil de sécurité d'exiger d'Israël et de l'Autorité palestinienne des enquêtes et des poursuites sur les crimes de guerre commis, sous peine de référer les affaires à la Cour pénale internationale (CPI) si rien n'est fait dans les six mois.

http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=20287&Cr=palestinienne&Cr1=

Relance de la navette US par temps d’orage

09/10/2009
En dépit des sourires et de la poignée de main de George Mitchell et d’Avigdor Lieberman, le processus de paix au P-O ne semble pas devoir progresser de sitôt.         Gali Tibbon/AFP
En dépit des sourires et de la poignée de main de George Mitchell et d’Avigdor Lieberman, le processus de paix au P-O ne semble pas devoir progresser de sitôt. Gali Tibbon/AFP
PROCHE-ORIENT L'émissaire américain rencontrera aujourd'hui le Premier ministre israélien et le président palestinien.

L'émissaire américain George Mitchell a entamé hier une nouvelle mission au Proche-Orient, sans grand espoir de progrès, pour tenter de ressusciter un processus de paix entravé par de nouvelles tensions. L'ex-sénateur américain, qui a multiplié les navettes dans la région ces derniers mois, n'a toujours pas réussi à relancer les négociations israélo-palestiniennes, au point mort depuis l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en décembre-janvier.
M. Mitchell s'est entretenu à Jérusalem avec le président israélien, Shimon Peres, avant de rencontrer le ministre de la Défense, Ehud Barak, et le chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman. « Nous allons poursuivre nos efforts pour parvenir à une reprise rapide des négociations car nous croyons qu'il s'agit d'un pas essentiel pour parvenir à une paix globale », a-t-il déclaré avant ses entretiens. « Il est temps d'avancer et de surmonter tous les obstacles. Aucun obstacle n'est insurmontable. Il faut démarrer les vraies négociations », a plaidé de son côté M. Barak. Aujourd'hui, M. Mitchell sera reçu par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, puis par le président palestinien, Mahmoud Abbas, en Cisjordanie.
L'émissaire américain arrive dans la foulée d'un sommet tripartite fin septembre à New York entre le président américain, Barack Obama, et MM. Netanyahu et Abbas, plus symbolique qu'autre chose. D'entrée de jeu, le bouillant Avigdor Lieberman a douché tout espoir de percée en affirmant qu'il ne croyait pas possible un accord global avec les Palestiniens. « Ceux qui croient que l'on peut parvenir dans les prochaines années à un accord global qui signifierait la fin du conflit ne comprennent pas la réalité. Ils sèment des illusions et nous entraînent vers un conflit général », a-t-il dit à la radio. Selon lui, il faut reporter « à bien plus tard les sujets difficiles » comme le statut de Jérusalem, où les tensions religieuses se sont ravivées, les colonies juives dans les territoires palestiniens occupés ou le droit au retour des réfugiés palestiniens, pour se concentrer sur un « accord intérimaire ». Les Palestiniens rejettent une telle approche et réclament un accord global. Pour sa part, dans un entretien accordé au quotidien israélien Haaretz, le roi Abdallah II de Jordanie a estimé que l'impasse dans le processus de paix renvoie la région « dans les ténèbres ». Évoquant le contentieux explosif de Jérusalem, il a jugé que la Ville sainte est « une poudrière dont l'explosion aura des répercussions dans tout le monde musulman ».
Les analystes, eux, s'accordent à penser que les chances de réussite de M. Mitchell sont quasi nulles. « Il serait très surprenant qu'il y ait des progrès significatifs. George Mitchell vient surtout pour tenter de calmer les choses », a estimé le politologue Mark Heller, de l'université de Tel-Aviv. Ce pessimisme se nourrit des récents heurts dans les quartiers arabes de Jérusalem, autour du conflit de l'esplanade des Mosquées, une poudrière politico-religieuse au cœur de la Ville sainte, et des divisions au sein de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Ce dernier est affaibli et sur la défensive, critiqué jusque dans son propre camp. On lui reproche d'avoir réclamé, sous pression américaine et israélienne, le report du vote par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'une résolution sur le rapport Goldstone qui accuse Israël de « crimes de guerre » pendant l'offensive à Gaza. Face à la levée de boucliers, M. Abbas a dû opérer un revirement complet en appuyant une initiative libyenne pour examiner le rapport Goldstone devant le Conseil de sécurité de l'ONU. « La crédibilité du président palestinien au sein de son peuple et même du Fateh (son parti) est devenue très fragile », selon l'analyste palestinien Samih Shabib.
Côté israélien, le ton est à la victoire. Benjamin Netanyahu n'a pas cédé un pouce de terrain sur la colonisation, dont les Américains réclamaient le gel. Les Israéliens s'autorisent même à critiquer sans ambages le président américain : « Obama fait preuve de naïveté, il nage dans le brouillard », a estimé Binyamin Ben Eliezer, ministre travailliste de l'Industrie. « George Mitchell est confronté à de nombreux problèmes, car on sait maintenant que l'on peut dire non au président américain et survivre », souligne Eytan Gilboar, un expert des relations israélo-américaines.

Le président Abbas conspué par les Palestiniens

publié le jeudi 8 octobre 2009

Agnès Rotivel
Le président palestinien a déclenché des manifestations en acceptant le report à mars 2010 du vote d’une résolution sur le rapport de la commission d’enquête des Nations unies concernant la guerre à Gaza

Depuis plusieurs jours, les manifestations se succèdent dans les Territoires palestiniens pour protester contre la décision du président Abbas de reporter le vote d’une résolution qui aurait permis le renvoi du rapport du juge Goldstone devant la Cour pénale internationale (CPI). Le rapport du conseil des droits de l’homme, remis par le juge sudafricain, fait état d’accusations de crimes de guerre commis à Gaza par Israël, et dans une moindre mesure par le Hamas, lors de l’offensive israélienne cet hiver.

Les Palestiniens accusent leur président d’avoir cédé aux pressions américaines et israéliennes. Les protestations émanent de tous côtés, Hamas, Fatah, et de la rue palestinienne. Le vote de la résolution est reporté à mars 2010, ce qui équivaut, selon les analystes, à l’enterrer. Une source palestinienne affirme que les Palestiniens avaient obtenu la majorité des voix des pays arabes et des non-alignés (33 sur 55) pour voter la résolution.

L’Autorité palestinienne a tenté de nier sa responsabilité. Mais Khaled Ben Jassem Al Thani, émissaire du Qatar à Genève, et Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), ont apporté de l’eau au moulin des protestataires en confirmant que c’était bien l’Autorité palestinienne qui avait pris la décision du report du vote. La Syrie a pris des mesures de rétorsion en annulant la visite que devait effectuer hier Mahmoud Abbas à Damas.

L’adoption d’une résolution aurait ouvert la voie à d’éventuelles poursuites d’officiers et de représentants du gouvernement israélien devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Un vote du Conseil de sécurité de l’ONU pour saisir la CPI était cependant nécessaire. Certes, la position américaine le rendait peu probable, mais un pas aurait été franchi.

Annoncée hier, la tentative du président Abbas de revenir en arrière et de modifier sa décision ne changera rien. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU ne va pas organiser une session de rattrapage. Cette affaire risque de tuer dans l’œuf les efforts de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Une réunion était prévue à cet effet au Caire le 25 octobre.

Cet épisode a montré, une fois de plus, que les pays arabes sont incapables d’adopter une stratégie commune. Quant à l’Europe, toujours prompte à protester contre les violations des droits de l’homme, elle est restée ici très silencieuse. Enfin, en cédant une fois encore aux pressions israéliennes, après son échec face à la colonisation, le président Barack Obama semble abandonner une de ses promesses faites au monde arabe pour un examen rapide de ce conflit par la justice internationale.

publié par la Croix

www.lacroix.fr