Le criminel de guerre et  premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a directement ordonné l’assaut  contre la flottille internationale en direction de Gaza, était en  visite officielle au Canada au moment de l’attaque israélienne.
Cette attaque constitue un acte de piraterie en  violation de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
Le geste de M. Netanyahou, ayant eu pour résultat 19  décès et jusqu’à 60 blessés, constitue un acte criminel commis en eaux  internationales (BBC News - Deaths as Israeli forces storm Gaza aid  ship). Par une cruelle ironie du sort, M. Netanyahou s’est engagé dans  une déclaration récente à faire la paix avec la Palestine : « Nous  voulons aller le plus rapidement possible vers des discussions directes  puisque le genre de problème que nous avons avec les Palestiniens peut  être résolu pacifiquement et seulement si nous nous assoyons ensemble. »  Plusieurs personnalités éminentes, ainsi que certains auteurs et  partenaires du Centre de recherche sur la mondialisation étaient à bord  des bateaux.
L’attaque du 31 mai est une suite de l’opération « Plomb  durci » lancée à la fin décembre 2008. Elle a pour but de renforcer le  statut de prison urbaine de facto de Gaza. L’opération « Plomb durci »  relevait d’une intervention du renseignement militaire plus vaste,  amorcée au début du gouvernement d’Ariel Sharon en 2001. C’est sous  l’opération « Vengeance justifiée » de M. Sharon que des avions de  combat F-16  ont été initialement utilisés pour bombarder des villes  palestiniennes. L’assaut contre la Flottille de la liberté participe de  la logique voulant transformer Gaza en camp de concentration urbain.  L’opération « Vengeance justifiée » a été présentée en juillet 2001 au  gouvernement israélien d’Ariel Sharon par le chef d’état-major de l’IDF,  Shaul Mofaz, sous le titre « La destruction de l’Autorité palestinienne  et le désarmement de toutes les forces armées ». On faisait également  référence à cette opération sous le nom de « Plan Dagan », d’après le  nom du général à la retraite Meir Dagan, actuellement chef du Mossad, le  service de renseignements israélien. (Voir Ellis Shulman, Operation  Justified Vengeance, A Secret to Destroy the Palestinian Authority,  Global Research, 2002) Meir Dagan, en coordination avec ses homologues  des États-Unis, avait été chargé de diverses opérations de renseignement  militaire. Il convient de noter que lorsqu’il était un jeune colonel,  Meir Dagan a travaillé étroitement avec Ariel Sharon, alors ministre de  la Défense, aux raids sur les camps de réfugiés palestiniens à Beyrouth  en 1982.
L’invasion terrestre de Gaza en 2009, à maints égards,  ressemble étonnamment à l’opération militaire de 1982 menée par  MM. Sharon et Dagan.
À titre de chef du renseignement israélien, M. Dagan a,  sans aucun doute, aussi pris part à la décision de lancer l’attaque  contre la Flottille de la liberté.
La décision a-t-elle été prise en  consultation avec Washington ?
Le 26 mai, l’Armée israélienne (IDF ou Tsahal) a  confirmé qu’elle confronterait la Flottille de la liberté en eaux  internationales, en faisant allusion à la présence d’éléments  terroristes à bord des bateaux :
La Marine a procédé à un exercice de préparation  militaire comprenant l’interception de bateaux et l’arrestation de  passagers.
Le major-général Eliezer Marom, commandant de la Marine,  a mentionné que ses forces utiliseront des mesures pour protéger la vie  des soldats et s’assurer qu’il n’y a pas d’éléments terroristes ni  d’explosifs à bord des bateaux.
Le major Marom a dit avoir donné l’ordre aux forces  d’agir de manière sensible et d’éviter les provocations, en ajoutant que  l’IDF n’avait pas l’intention de blesser les centaines de passagers à  bord de ces embarcations. (Israel’s Military Command Says Will Stop  Flotilla, but Transfer Supplies to Gaza)
Il convient de noter qu’avant cette annonce, l’IDF a  lancé une campagne de relations publiques décrivant la flottille comme  un « acte provocateur » :
Le chef de la mission de liaison et de coordination pour  l’enclave palestinienne, le colonel Moshe Levi, a convoqué une  conférence de presse et affirmé qu’il n’y avait pas de pénurie de  nourriture ni de marchandises dans la Bande de Gaza.
« La flottille devant se rendre à Gaza est un acte  provocateur et inutile dans les conditions actuelles de la Bande Gaza,  où la situation humanitaire est bonne et stable », a-t-il affirmé,  ajoutant qu’Israël permet que bien des produits soient introduits dans  la Bande et restreint seulement l’accès de ceux qui pourraient servir à  faire avancer les activités terroristes du Hamas. (Ibid)
Washington était entièrement au fait de la nature ainsi  que des conséquences probables de l’opération navale de l’IDF dans des  eaux internationales, incluant le meurtre de civils. Des indications  portent à croire que la décision a été prise en consultation avec  Washington.
Le rôle de Rahm Emmanuel
Rahm Emanuel, le chef de cabinet d’Obama à la  Maison-Blanche, était en Israël la semaine avant le lancement du raid  contre la Flottille de la liberté.
Même s’il s’agissait d’une visite privé, Rahm Emanuel a  rencontré le premier ministre Benyamin Netanyahou lors de discussions de  haut niveau le 26 mai. M. Emanuel a également rencontré le président  Shimon Peres le 27 mai. La Maison-Blanche a décrit la réunion du 26 mai  avec M. Netanyahou comme « une discussion informelle sur un éventail de  questions relatives à la relation bilatérale entre les États-Unis et  Israël ».
De plus, le même jour (26 mai), l’IDF a confirmé le  déclenchement d’une opération militaire visant la Flottille de la  liberté. Le 26 mai, Rahm Emanuel a aussi invité M. Netanyahou à  rencontrer le président Obama au début juin, après sa visite officielle  prévue au Canada. Aux dernières nouvelles, M. Netanyahou avait annulé  son voyage aux États-Unis et retournait à Tel Aviv.
Le vaste programme militaire
Il faut comprendre que le raid contre la flottille  coïncidait aussi avec les jeux de guerre de l’OTAN et d’Israël dirigés  contre l’Iran. Selon le Sunday Times, « trois sous-marins israéliens  fabriqués en Allemagne et équipés de missiles de croisière nucléaires  seront déployés dans le Golfe, près des côtes iraniennes ». (Israel  Deploys Three Nuclear Cruise Missile-Armed Subs Along Iranian  Coastline). Le reportage présente tacitement Israël comme une victime  plutôt que comme l’auteur d’une menace militaire.
« Le centre israélien d’affaires et de la défense  demeure la ville la plus menacée du monde », a affirmé un expert. « Il y  a plus de missiles par pied carré ciblant Tel Aviv que tout autre  ville », a-t-il ajouté.
[...] Le premier [sous-marin] a été envoyé en réaction  aux craintes israéliennes que des missiles balistiques développés par  l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, une organisation politique et  militaire au Liban, frappent des sites en Israël, dont des bases  aériennes et des lance-missiles.
Les sous-marins de la Flottille 7— Dolphin, Tekuma et  Leviathan — ont visité le Golfe auparavant. Toutefois, la décision a  maintenant été prise d’assurer une présence permanente d’au moins un des  vaisseaux.
Le commandant de la flottille, identifié seulement sous  le nom de « Colonel O », a déclaré à un journal israélien : « Nous  sommes une force d’assaut sous-marine. Nous opérons en profondeur et  loin, très loin de nos frontières. »
[...] Le déploiement est conçu pour dissuader,  recueillir des renseignements et potentiellement pour implanter des  agents du Mossad. « Nous constituons une base solide pour la collecte  d’informations sensibles, puisque nous pouvons demeurer au même endroit  pour une longue période », a admis un officier de la flottille.
Les sous-marins pourraient être utilisés si l’Iran  poursuit son programme visant à produire une bombe nucléaire. « La  portée de 1,500 km des missiles de croisière des sous-marins peut  atteindre n’importe quelle cible en Iran », a avoué un officier de la  marine.
Répondant apparemment aux activités israéliennes, un  amiral iranien a déclaré : « Quiconque désire poser un geste diabolique  dans le golfe Persique aura droit à une très forte réaction de notre  part. »
Le besoin urgent qu’a Israël de dissuader l’alliance  Iran-Syrie-Hezbollah a été démontré le mois dernier. Ehoud Barak, le  ministre de la Défense, aurait montré au président Barack Obama des  images satellites classifiées d’un convoi de missiles balistiques  quittant la Syrie, se rendant au Liban et destiné au Hezbollah. (C’est  l’auteur qui souligne)
Alors que ces déploiements navals étaient en cours dans  le golfe Persique, Israël était également impliqué dans un jeu de guerre  sur la Méditerranée. Le jeu, nom de code « MINOAS 2010 », s’est déroulé  sur une base aérienne grecque dans la baie de La Sude sur l’île de  Crète.
Par ailleurs, dans la foulée de la décision prise sous  les auspices du TNP et visant les armes nucléaires israéliennes, la  Maison-Blanche a réaffirmé son soutien non seulement à Israël, mais  aussi à son potentiel nucléaire. La déclaration publiée un jour avant le  raid sur la flottille indique l’appui des États-Unis envers « les  capacités stratégiques et de dissuasion », incluant le lancement d’une  attaque préemptive contre l’Iran :
« [U]ne source politique de haut rang à Jérusalem a  signalé dimanche que le président des États-Unis, Barack Obama, avait  garanti à Israël que son pays maintiendrait et améliorerait les  capacités stratégiques et de dissuasion de l’État hébreux.
Selon cette source, « M. Obama a donné des garanties  sans équivoques [au premier ministre Benyamin] Netanyahou, dont une  amélioration substantielle des relations entre les États-Unis et  Israël ».
M. Obama a promis qu’aucune décision prise durant la  récente conférence des 189 pays visant à revoir et renforcer le Traité  sur la non-prolifération des armes nucléaires « ne permettrait de nuire  aux intérêts vitaux d’Israël », a affirmé la source. Obama promised to  bolster Israel’s strategic capabilities, Jerusalem officials say -  Haaretz Daily Newspaper)
La présence du chef de cabinet de M. Obama à Tel Aviv, a  indubitablement joué un rôle dans le choix du moment de cette  déclaration du dimanche 30 mai et de l’attaque concomitante contre la  Flottille de la liberté. L’administration Obama avait donné le feu vert  aux raids fatals en eaux internationales.
Le meurtre de civils non armés relevait du mandat du  commando naval israélien. Il faisait partie intégrante de la logique de  l’opération « Vengeance justifiée » de Dagan, laquelle présente Israël  comme la victime plutôt que l’auteur du crime et utilise les morts des  civils « d’un côté comme de l’autre » afin de justifier un processus  d’escalade militaire.
Le geste de l’IDF a déclenché une vague d’indignation à  travers le Moyen-Orient. Il provoquera sans doute également une réaction  des forces de résistance palestiniennes, incluant de possibles  attentats-suicides en Israël, lesquels pourraient ensuite être utilisés  par Israël comme prétexte et justification au lancement d’une opération  militaire plus vaste.
Dans les reportages des médias occidentaux on dit que  l’Iran est un supporter du Hamas et que la Flottille de la liberté est  soutenue tacitement par une alliance Hamas-Iran. Les réalités sont sens  dessus dessous. Israël est la victime. Dans les mots de Benyamin  Netanyahou : « Nos soldats devaient se défendre pour défendre leur  vie. » Toujours dans ses mots, lors d’une conférence de presse à  Ottawa :
« Les soldats ont abordé le navire pour vérifier si des  roquettes, des missiles ou des explosifs qui seraient utilisées pour  attaquer Israël étaient en direction de Gaza », a-t-il annoncé. « Ils  ont été assaillis, matraqués, ils ont été battus, poignardés, on  rapporte même qu’il y a eu des coups de feu et nos soldats devaient se  défendre, défendre leur vie sinon ils auraient été tués » a-t-il soutenu  lundi durant une visite avec le premier ministre Stephen Harper.
M. Netanyahou a ajouté : « Malheureusement, lors de  l’affrontement au moins dix personnes sont mortes. Nous regrettons cette  perte de vie. Nous regrettons toute la violence qui s’est produite  là-bas. Je voudrais souhaiter un prompt rétablissement à tous les  blessés, incluant quatre de nos propres soldats. » (Quoted in the  Toronto Star, May 31, 2010) (C’est l’auteur qui souligne)
Entre-temps, un porte-parole de la Maison-Blanche a  confirmé que les États-Unis « regrettent profondément la perte de vie et  les blessures subies ». Toutefois, l’action israélienne n’a pas été  condamnée par l’administration Obama : Celle-ci « tente actuellement de  comprendre les circonstances entourant cette tragédie ». (Voir The  Associated Press : Obama administration concerned about Gaza incident)