L’attaque par Israël d’une flottille de militants pro-palestiniens qui se dirigeaient vers Gaza a soulevé de vives réactions en Egypte. Des activistes ont manifesté lundi devant le ministère des Affaires étrangères.
Brandissant le drapeau palestinien, les manifestants se sont mis à scander des slogans comme : « Nasser, où es-tu ? Viens voir la situation des Arabes » et « Au diable les gouverneurs arabes ». Ils réclament la fermeture des ambassades d’Israël en Egypte et en Jordanie et l’expulsion des ambassadeurs israéliens. « Ce qui s’est passé est un crime de guerre. C’est le début d’une nouvelle série d’agressions commises par le gouvernement israélien. Le laxisme de la communauté internationale a encouragé Israël à commettre de tels crimes », lance Mohamad Abdel-Qoddous, président du Comité des libertés au syndicat des Journalistes. Tout commence lorsqu’une flottille, acheminant des centaines de militants pro-palestiniens venus principalement de Turquie et de Grèce ainsi que de l’aide pour Gaza, se fait prendre d’assaut par l’armée israélienne au large de la Méditerranée. La flottille, qui comprenait six bateaux, avait appareillé dimanche après-midi depuis les eaux internationales au large de Chypre pour le territoire palestinien. Le gouvernement israélien a accusé les passagers de la flottille d’avoir « déclenché les violences ». Mais l’incident a provoqué de vives réactions et une indignation aussi bien en Egypte que dans le monde entier. « Les Israéliens sont des assassins. Cette flottille transportait des militants des droits de l’homme et de l’aide humanitaire, mais les Israéliens les ont traités comme des pirates armés, ce qui est totalement faux. Ces gens avaient tout au plus des couteaux de cuisine pour couper le pain et les fruits », assure Essam Al-Eriane, membre de la Confrérie interdite mais tolérée des Frères musulmans. Et d’expliquer que deux députés égyptiens membres de la Confrérie se trouvaient à bord de la flottille et sont actuellement détenus par les autorités israéliennes. Al-Eriane accuse le gouvernement égyptien d’avoir favorisé ce drame. « Les autorités égyptiennes ont fermé le passage de Rafah face aux convois humanitaires destinés à Gaza. Un précédent convoi international d’aide à Gaza avait éprouvé des problèmes énormes. C’est pourquoi les militants ont décidé d’emprunter la mer cette fois-ci pour se rendre à Gaza », explique Al-Eriane.
Sur le plan officiel, ce drame a soulevé une vague d’indignation. Le président Hosni Moubarak qui se trouve à Nice pour le sommet Afrique-France, dénonce « l'usage excessif et injustifié de la force par Israël et la perte de vies innocentes ». Il affirme également la solidarité du peuple et du gouvernement égyptiens avec la population de Gaza et réaffirme que la réconciliation palestinienne est la voie vers la levée du blocus et la fin de la souffrance humanitaire de ses habitants.
Pour sa part, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossam Zaki affirme que « l’Egypte condamne l’attaque israélienne contre la flottille. L’Egypte a toujours attiré l’attention sur le danger du blocus israélien illégitime imposé à la bande de Gaza et elle appelle à nouveau, après ces incidents tragiques, à la levée immédiate de ce blocus ». L’Egypte a, par ailleurs, convoqué son ambassadeur au Caire pour lui faire part de sa protestation après l’intervention israélienne meurtrière contre la flottille humanitaire internationale.
Suite à ce drame, plusieurs députés ont soumis des interpellations au gouvernement, réclamant la rupture de toute relation avec Israël et la présentation des criminels de guerre israéliens devant un tribunal international. « Nous devons adopter une position ferme et rapide. Ce genre d’agressions constitue une menace à la sécurité nationale de l’Egypte », déclare le député indépendant Moustapha Bakri. La classe politique égyptienne est mobilisée.
Des journalistes, des militants nassériens, des Frères musulmans et des activistes du mouvement d’opposition Kéfaya ont participé à la manifestation de lundi devant le ministère des Affaires étrangères ainsi que sur les marches du syndicat des Journalistes. « Face au silence des gouvernements arabes, nous réclamons la tenue d’une grande manifestation au stade du Caire à laquelle participeraient tous les citoyens pour dénoncer les crimes israéliens barbares », affirme Georges Ishaq du mouvement Kéfaya. Et de conclure : « Israël paiera certainement le prix de cet acte odieux ».