vendredi 8 janvier 2010

Déclaration de l'Union Internationale des Oulémas Musulmans à propos du blocus et du mur de la mort à Gaza

Monde Arabe - 08-01-2010
Par Union Internationale des Oulémas Musulmans

A l’occasion du premier anniversaire de la guerre d’agression contre la bande de Gaza et la poursuite du blocus israélien et arabe


Doha, le 12 Muharram 1431, correspondant au 29 décembre 2009

Louanges à Allah/Dieu, que les prières et le salut soient sur notre maître Muhammad l’envoyé d’Allah/Dieu, ainsi qu’à sa famille, ses compagnons et tous ceux qui le suivent,

L’Union Internationale des Oulémas Musulmans vit encore sous le choc suite à la nouvelle diffusée dans les médias que les autorités égyptiennes avaient entrepris depuis quelques jours de construire un mur souterrain de séparation en acier, allant de 20 à 30 mètres en profondeur, pour en finir avec les tunnels clandestins entre la ville de Rafah côté palestinien et la ville de Rafah côté égyptien, ce qu’avaient confirmé les autorités égyptiennes sous prétexte que cela serait une nécessité pour la sécurité nationale de l’Egypte. Nous ne pouvons que nous demander qui sont ceux qui menacent la sécurité nationale de l’Egypte, sont-ils les frères encerclés à Gaza ou bien les sionistes qui guettent ?

Il est remarquable, selon un bon nombre de rapports, que les autorités égyptiennes construisent ce mur avec le soutien direct, en financement et en compétences humaines, des administrations américaine et française. L’organisation arabe pour les droits de l’Homme basée en Grande Bretagne a révélé en présentant son rapport à ce sujet que le gouvernement égyptien avait déjà achevé la construction de 5,4 km de ce mur d’une longueur totale de 10 km, que ce mur était composé de plaques d’acier de 18 m de longueur chacune et de 50 cm d’épaisseur, qu’elles étaient équipées de capteurs qui pourraient alerter contre toute tentative de percement, et que la construction du mur se faisait sous une supervision franco-américaine.

Les autorités égyptiennes procèdent à ces travaux alors que nous vivons le premier anniversaire de l’agression ignoble contre Gaza qui a tout détruit, et dont les ravages sont encore là comme si cela s’était produit la veille, et que la bande de Gaza dont les coûts de reconstruction ont été estimés à plus de 2 milliards de dollars n’a vu arriver que quelque quarantaine de camions avec des matériaux de construction ! Et c’est à cause de ce blocus que les familles catastrophées, dans leur majorité, vivent encore sur les décombres de leurs maisons détruites ou sous des tentes qui ne protègent ni de la chaleur ni du froid.

Alors qu’on s’attendait à ce que l’Egypte de l’arabisme et de l’islam ouvrît son cœur et ses frontières pour ses frères étouffés par l’ennemi, et qu’elle fît de son mieux pour lever ce blocus injuste au lieu de le renforcer et d’y participer en construisant ce mur de séparation.

Devant la gravité de la situation et la responsabilité religieuse, morale et politique qui nous incombe vis-à-vis de nos parents agressés et encerclés à Gaza, l’Union Internationale des Oulémas Musulmans déclare ce qui suit :

La continuation de la construction de ce mur d’acier est un acte interdit selon l’islam et contraire aux liens de fraternité et de voisinage, car l’objectif de sa construction est de fermer toutes les issues devant nos parents dans la bande de Gaza afin de renforcer le blocus qu’ils subissent, de les affamer et les humilier davantage, et d’exercer plus de pression sur eux jusqu’à ce qu’ils s’inclinent et se rendent à l’ennemi occupant, le meurtrier haineux qui les guette.

Nous appelons les autorités égyptiennes avec toute insistance à se distancer de cet acte interdit et à arrêter immédiatement de construire ce mur qui ne sera d’aucun intérêt ni pour l’Egypte, ni pour le peuple d’Egypte ni pour les autorités égyptiennes elles-mêmes non plus. En fait le premier à gagner et le premier à profiter de ce mur, c’est Israël, et le premier à perdre et le premier à en souffrir c’est nous, les Arabes et les musulmans, dont l’Egypte en premier lieu qui va perdre sa position remarquable aux niveaux arabe et musulman.

Nous demandons à toutes les institutions islamiques et toutes les autorités religieuses de référence dans les mondes arabe et musulman de rompre le silence et de montrer la gravité et l’illicéité de cet acte odieux, où le musulman aide son ennemi aux dépens de son frère, où ce frère lui demande son soutien mais il ne le lui accorde pas, où ce frère le supplie de lui porter secours mais il le livre à son ennemi, alors qu’Allah/Dieu, gloire à Lui, dit : « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres » (at-Tawbah, s9, v71), et il dit : « Et s'ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours » (al-Anfâl, s8, v72). Le noble Messager dit : « Le musulman est le frère du musulman, il ne commet pas d’injustice à son égard et il ne le livre pas », c.à.d. qu’il ne l’abandonne pas, et il dit : « Apporte ton soutien à ton frère qu’il soit oppresseur ou opprimé » (et le Prophète poursuit en expliquant que quand il s’agit d’un oppresseur, le soutien consiste à l’empêcher d’opprimer les autres, Ndt), mais il n’a pas dit : encercle ton frère et étouffe-le afin que ton ennemi et son ennemi en tire profit. Nous demandons aux autorités égyptiennes d’arrêter ce projet dangereux et qu’elles refusent de jouer ce rôle indigne d’elles, et qui n’est qu’un service gratuit offert à l’ennemi sioniste qui encercle notre peuple en Palestine d’une manière générale et à Gaza en particulier.

Nous lançons un appel au secrétariat général de la Ligue Arabe et de l’Organisation de la Conférence Islamique de faire leur devoir de conseil et d’explication pour que le gouvernement égyptien arrête ce mur de mort et qu’il ouvre le passage de Rafah, le passage de la vie, devant les gens de Gaza qui subissent un blocus d’injustice et d’agression.

Nous exhortons les peuples arabes et musulmans et à leur tête le grand peuple d’Egypte, de déclarer, avec les moyens pacifiques, leur refus de cet acte horrible en envoyant des messages écrits ou électroniques aux responsables égyptiens, en écrivant et condamnant cet acte dans les journaux et l’ensemble des médias, ainsi qu’en utilisant tous les moyens légaux pour exprimer la colère de la Oummah, chacun comme cela lui convient.

Finalement, nous disons : Allah/Dieu nous demandera de rendre compte que nous soyons des gouvernants ou des gouvernés, et nous Le rencontrerons, chacun avec ses registres d’actions : « Lis ton livre ! Aujourd’hui, il suffit que tu sois ton propre comptable » (al-Isrâ’, s17, v14). Alors craignons Allah/Dieu avant que ce soit trop tard et méfions-nous de commettre de l’injustice, car l’injustice viendra comme des ténèbres le jour de jugement, et ses conséquences sont graves sur les pays et les gens. Et nous prions Allah/Dieu qu’Il nous épargne les méfaits des épreuves : « Redoutez le Jour où vous serez tous amenés à comparaître devant Allah/Dieu, et où chacun sera largement rétribué selon ses œuvres, sans subir la moindre injustice » (al-Baqarah, s2, v281).

Le Secrétaire Général
Dr. Muhammad Salîm al-Awwa

Le Président
Dr. Yûsuf al-Qaradâwi

(photo ci-dessus)


Texte en Arabe ici.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13230&type=analyse

Communiqué final de la IXème rencontre annuelle de la Coalition Palestinienne pour le Droit au Retour, Paris 19-22 novembre 2009

France - 08-01-2010
Par Coalition palestinien pour le droit au retour
A l’invitation du Comité Droit au Retour France et de l’Association des Palestiniens en France (APF) section Paris, la IXème rencontre annuelle de la Coalition Palestinienne pour le Droit au Retour s’est ouverte à Paris, vendredi 20 novembre 2009, en présence des membres de la Coalition et d’un nombre de militants de la défense des droits du peuple palestinien. Les participants ont fait un point sur la situation générale et souligné l’importance du rôle du mouvement de défense du droit au retour dans le contexte actuel.

Comme pour les précédentes réunions, cette IXème rencontre annuelle s’est tenue dans des conditions politiques de plus en plus complexes, tant au niveau de la situation interne des Palestiniens, des négociations ou de l’échec persistant de la communauté internationale et de la diplomatie occidentale à trouver une solution au conflit. Dans ce contexte, cette rencontre acquiert une importance stratégique particulière du fait que les institutions, les structures et les organisations membres de la Coalition sont conscients du poids de la responsabilité qui leur incombe par rapport à leur cause et à leur peuple, d’autant que la lutte nationale dans son ensemble au-delà des perspectives du mouvement de défense du droit au retour, se trouve dans une situation critique.

En tant que membres de la Coalition Palestinienne pour le Droit au Retour, nous estimons que toute position doit se baser sur une analyse détaillée de la situation présente, de ses fondements et des positions des forces déterminantes en présence. Nous devons caractériser minutieusement la voie à suivre et cela en vue de garantir les droits imprescriptibles du peuple palestinien, principalement le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers d’origine et le droit à l’autodétermination. Mais également choisir les mécanismes, les moyens et les outils les mieux adaptés à la lutte pour atteindre l’objectif stratégique, l’établissement d’un Etat palestinien démocratique sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique, tel que défini par les décisions et les recommandations des VIIème et VIIIème rencontres de la Coalition.

En tant que membres de la Coalition Palestinienne pour le Droit au Retour et en tant que force d’impulsion du mouvement du retour, nous estimons que, afin de sortir de l’impasse nationale actuelle, il nous faut commencer par structurer notre vision et notre stratégie sur le fondement de la lutte de libération nationale et la notion de paix stratégique qui se base sur deux principes : le principe de la garantie des droits primordiaux du peuple palestinien, à la tête desquels se trouvent le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers d’origine et le droit à l’autodétermination et le principe de rendre justice aux victimes palestiniennes.

LA VISION GLOBALE DE LA CONJONCTURE POLITIQUE ET DE LA SITUATION ACTUELLE

Israël, Etat colonialiste de peuplement, d’apartheid et d’occupation militaire

Plus de 61 ans après la Nakba de 1948 et plus de 42 ans après l’occupation de 1967, et à l’issue de près de 20 ans de négociations directes et indirectes, l’analyse objective approfondie de la nature et de l’essence d’Israël aboutit à la conclusion qu’il s’agit là d’un cas unique en son genre, qui est le fruit d’une idéologie raciste qui se manifeste aux niveaux idéologique, politique et juridique et qui se caractérise par l’apartheid, la colonisation de peuplement et l’occupation militaire. Le système israélien est l’expression d’une idéologie raciste représentée par le mouvement politique dénommé sionisme C’est ainsi qu’Israël en tant que système s’attaque à l’ensemble du peuple palestinien sur la base de son identité nationale, qu’il se trouve en exil ou qu’il soit dans les territoires occupés en 1948 ou dans les territoires occupés en 1967. Et c’est à partir de cette vision d’« Israël » que la Coalition doit définir son action.

La communauté internationale

A moins d’une stratégie telle celle qui a mis un terme à l’apartheid en Afrique du Sud, on ne peut rien attendre des organisations internationales qui se trouvent totalement impuissantes du fait de la domination qu’exercent sur elles les puissances occidentales d’une part, et de la faiblesse des pays non alignés, des pays arabes et des pays de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). La communauté internationale n’a pas réussi à protéger les droits imprescriptibles du peuple palestinien, notamment son droit à l’autodétermination et le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers d’origine. Il est un fait que la communauté internationale, qui n’est jamais parvenue à prendre les mesures nécessaires pour faire respecter le droit international, les résolutions des Nations Unies et l’avis consultatif de la Cour de Justice Internationale (CJI) par Israël, a activement participé à créer une tragédie humaine en Palestine. Le mépris délibéré avec lequel les grandes puissances ont accueilli le rapport Goldstone sur la récente agression contre notre peuple à Gaza, en le vidant de son contenu et en ignorant les mesures qu’il préconise est une éclatante illustration du soutien inconditionnel des grandes puissances à Israël et de leurs efforts inlassables en vue de l’épargner en le protégeant de toute velléité de sanction et de le dédouaner de toute responsabilité. Il est dans ce contexte incompréhensible et inacceptable de considérer les Etats-Unis et l’Europe comme étant neutre, mais elles sont bel et bien complices dans la continuité de la catastrophe que subit le peuple palestinien.

L’Organisation de Libération de la Palestine, l’Autorité Palestinienne et la situation interne

La division inter-palestinienne prend de l’ampleur à l’heure où l’intérêt national demande d’unir les rangs et les efforts. De plus, nous sommes conscients que la continuité de cette division ne profite qu’aux ennemis de notre peuple et il est inacceptable et injustifiable de retarder la réconciliation pour des intérêts de clans ou de partis. Sur ce, le critère de légitimité et la sincérité de l’engagement repose sur la charte nationale palestinienne et le fait de se regrouper autour de l’Organisation de Libération de la Palestine le seul et légitime représentant du peuple palestinien et de commencer immédiatement à la réactiver sur de véritables bases démocratiques. Comme il est inacceptable de présenter à la place de l’OLP l’Autorité Palestinienne ce qui a pour conséquence d’affaiblir notre situation interne et qui met en péril les acquis de la révolution palestinienne sur tous les plans.

Cependant, nous constatons et ce malgré le rapport de force qui n’est pas en notre faveur, que notre peuple possède la foi et l’énergie nécessaire pour faire barrage à l’abandon de nos revendications auquel on assiste jour après jour.

Nous considérons que la reconstruction et la réactivation des institutions de l’OLP, seul et légitime représentant du peuple palestinien est le cadre national rassembleur, l’outil politique et organisationnel, la plus haute autorité du peuple palestinien, constituent une priorité absolue qui ne peut être retardée. A plus forte raison qu’elle constitue la seule issue face à cette situation de crise et la seule garantie pour la mobilisation des forces. Elle constitue aussi une garantie pour que la communauté internationale impose une solution juste basée sur le droit.

La solution, l’Etat et le droit au retour

L’échec du dit « processus de paix » et des accords d’Oslo sont depuis un certain temps une réalité concrète qu’on ne peut nier. De plus, les éléments que nous avons évoqués confirment sans aucun doute l’impossibilité de la solution des deux Etats. Déclarer le contraire serait se tromper soi-même ou se jeter de la poudre aux yeux. Le gouvernement israélien actuel et les faits accomplis sur le terrain confirment cette mascarade.
Il est donc essentiel de rappeler ce qui a été adopté dans le passé par l’OLP à travers la charte nationale : Un seul Etat démocratique sur la terre de la Palestine historique.

Les recommandations

1-Oeuvrer sans attendre à la reconstruction et à la réactivation des institutions de l’OLP, surtout le Conseil National Palestinien ainsi que le bureau des affaires des réfugiés sur une base démocratique ce qui garantira la participation de toutes les forces en son sein du fait qu’elle est le seul et légitime représentant du peuple palestinien et sa plus haute instance.

2- Aider par des discussions nationales afin d’en finir avec la division inter-palestinienne.

3- Oeuvrer avec toutes les organisations et institutions nationales, régionales et internationales pour la levée du blocus de Gaza.

4- Faire pression sur les responsables palestiniens afin de les empêcher d’utiliser des expressions et des « formules diplomatiques élastiques » quand il est question du droit des réfugiés et des déplacés au retour dans les foyers d’origines et de refuser de collaborer avec une quelconque proposition internationale ou palestinienne qui ne soit pas du niveau du propos ou du contenu de la résolution 194 des Nations-Unies.

5- Réactiver le rôle de l’OLP afin de fournir la protection et l’aide nécessaire aux réfugiés palestiniens, et spécialement à ceux du Liban et à tous les autres là où ils se trouvent.

6- Nous insistons pour que les représentants de la Palestine lors des conférences internationales et plus spécialement aux Nations-Unies, soit du ressort de l’Organisation de Libération de la Palestine et ne pas accréditer les représentants ou ambassadeurs de l’Autorité Palestinienne comme étant l’alternative l’OLP, étant donné que l’Autorité n’est qu’un des programmes de l’OLP.

7- Nous refusons tout projet ou initiative de normalisation et disons qu’il faut dénoncer ceux qui les mettent en œuvre et éduquer les jeunes générations concernant les dangers de ces projets.

8- Nous confirmons que le droit à la résistance sous toutes ses formes est un droit garantit pour le peuple palestinien et ses forces tant que ses droits et son pays seront volés. De plus, la cause des prisonniers palestiniens est une de celles dont la coalition à le devoir de prendre en charge et présenter dans toutes ses initiatives afin de dénoncer les atteintes aux droits de l’Homme par Israël ainsi que son racisme.

9- Oeuvrer avec la société civile internationale pour dénoncer les crimes du système israélien d’Apartheid, de colonisation de peuplement et d’occupation militaire, et soutenir la lutte du peuple palestinien là où il se trouve – dans la Palestine historique et en exil – afin que le peuple palestinien recouvre ses droits à l’autodétermination, le retour dans les foyers d’origine et obtenir la justice et l’égalité.

10- Oeuvrer avec la société civile internationale pour activer la campagne internationale de Boycott, désinvestissement et Sanctions (BDS) comme le stipule l’appel des 171 organisations palestiniennes de juillet 2005. Puis nous demandons aux unions de commerçants, aux unions de professionnels et académiciens ainsi qu’aux syndicats, aux églises et aux institutions de prendre des mesures concrètes afin d’isoler Israël et de lui imposer des sanctions internationales.

11- Faire pression sur les gouvernements et spécialement en Europe afin qu’ils soutiennent les droits des réfugiés palestiniens et plus spécialement leur droit au retour dans leurs foyers d’origines et qu’ils fassent pression sur Israël pour l’application des droits des Palestiniens.

12- Faire du 11 décembre de chaque année une journée nationale (en référence au vote de la résolution 194 par l’ONU) et organiser à cette occasion des initiatives qui mettent en avant l’identité du peuple palestinien.

13- Faire du 20 juin de chaque année (journée internationale des réfugiés) une journée d’action pour les membres de la coalition.

14- Œuvrer à renforcer le rôle de l’UNRWA dans les cinq zones où elle agit et demander aux pays donateurs de contribuer à un niveau plus important et que cette contribution soit payée chaque année afin de faire face aux réductions de budget donc de services accordés aux réfugiés.

Les participants :

- Badil, Bethléem, Palestine
- Comité de défense des droits des réfugiés palestiniens, et centre Yafa du camp de Balata, Naplouse, Palestine
- Union des centres sociaux de jeunes, les camps de réfugiés, Palestine
- Bureau exécutif des réfugiés, Palestine
- Organisation de défense des droits des réfugiés à l’intérieur de la ligne verte de 1948
- Comité droit au retour, Grèce
- Comité droit au retour France
- Comité droit au retour, Suisse
- Comité droit au retour, Norvège
- Comités de défense du droit au retour, Suède
- Groupe ‘Aïdoun, Liban et Syrie

Gloire à nos martyrs, libération de nos prisonniers, guérison de nos blessés
Vive la Palestine, tous ensemble unis jusqu’au retour à nos foyers d’origine


22 novembre 2009
Paris, France

Crise entre le Caire et des pays arabes sur fond de portraits de Moubarak brûlés


06/01/2010

Selon le quotidien arabe « al-qods al-arabi », citant des sources au sein du parti au pouvoir en Egypte, une crise camouflé a éclaté entre Le Caire et plusieurs capitales arabes, y compris Beyrouth, Amman, suite à la mise en feu de portraits du président égyptien Hosni Moubarak sans compter les slogans accusant les hauts responsables égyptiens de trahir la cause palestinienne et de faire des concessions importantes pour « Israël » après la décision de construire le mur d’acier. .
Selon le journal, les députés du parti majoritaire, ont exigé que les ambassadeurs égyptiens dans les pays où les citoyens ont brûlé des affiches de Moubarak soient convoqués.

Selon une source haut placée dans le parti au pouvoir, les images diffusées sur des chaînes satellitaires arabes, montrant des citoyens en colère dans certaines capitales arabes, scandant la chute de Moubarak ont provoqué la colère au palais présidentiel et l’anxiété dans certaines institutions, estimant que les gouvernements des pays arabes dont la Jordanie, le Liban, auront dû empêcher leurs citoyens de s’attaquer au Président Hosni Moubarak et incendié ses portraits.
Toujours selon le quotidien, certains hauts fonctionnaires ont estimé qu’il valait mieux accorder un peu de temps avant la construction du mur d’acier pour protéger l'image de l'Egypte dans les mondes arabe et islamique. Une image qui aujourd’hui est sérieusement endommagée..
A ce titre, un ancien vice-ministre des Affaires étrangères égyptien, Abdullah Ashaal , a déclaré qu’en échange des services inégalés que l’Egypte offre à Israël rien n’est clair sur ce qu’est l’Egypte gagnera en contrepartie !
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=118606&language=fr

Mur d'acier et dôme d'acier: la hâche de guerre encore déterrée?


07/01/2010 Il y a de l'acier dans l'air au Moyen-Orient. En forme de mur pour les Palestiniens, et de dôme pour les Israéliens.
Bien entendu, les fonctions de l'un et de l'autre sont loin d'être identiques: Le premier comme tout le monde le sait déjà est destiné à renfermer les Palestiniens de la Bande de Gaza, afin de briser en eux cette volonté de résistance pour restituer leurs droits usurpés.
Le second, loin d'être un plafond de plomb en bonne et due forme, comme le laisse croire son appellation, consiste en un système de défense anti missiles, et devrait protéger les Israéliens et imposer leur diktat, voire leur usurpation des droits palestiniens.

Selon le ministère de la sécurité israélienne, cité par le quotidien israélien en ligne Haaretz, ce système aurait passé avec succès tous les tests et serait donc " prêt pour une utilisation opérationnelle», pour contrer les missiles de courte et moyenne portée, allant de quatre kilomètres à 80.
Sont concernés par ce bouclier de feu (le terme serait plus approprié) aussi bien les roquettes artisanales de type Grad et Qassam, tirées depuis la bande de Gaza que contre les «autres menaces potentielles" selon les termes du communiqué du ministère sioniste. Des sources israéliennes évoquent aussi les Fajr d'une portée de ...

Les médias israéliens ont révélé que les exercices qui ont été effectués durant les deux derniers jours achèvent la mise au point de ce système, grâce au fonctionnement simultané de tous les véhicules, dans un scénario simulant des salves de projectiles. Selon le Haaretz, il relevé le défi "de préciser le parcours des missiles entrants, de les poursuivre et les détruire", à la foi des rapports.

Il devrait être affecté à l'armée de l'air israélienne où un bataillon portant le même nom lui sera consacré.
Force est de constater que l'annonce de l'achèvement de ce projet survient à un moment ou l'entité sioniste annonce sans relâche la parfaite disposition de ses forces militaires à contrer toute attaque: les troupes d'infanteries, les tireurs d'élites, les avions de combat , de chasse...
Proférant ses menaces au camp de la résistance, alors que s'accélère la fermeture du fief de la résistance palestinienne, dans la Bande de Gaza, cet avertissement ne peut se lire séparément d'une autre annonce: celle du projet préliminaire pour résoudre le conflit israélo-palestinien élaborée par l'administration américaine.
Sachant que l'idée principale de la feuille américaine, prônant officieusement la séparation temporelle des trois thèmes de la solution finale, a toujours été récusée par les Palestiniens, toutes tendances politiques confondues.
Ces menaces israéliennes devraient en premier lieu servir de pressions sur les Palestiniens pour les faire plier.
Faute de quoi, elles pourraient ulérieurement être mises à exécution. A fortiori à Gaza.
La hâche de guerre serait-elle une fois de plus déterrée??
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=118738&language=fr

Discours à la marche de protestation à Tel Aviv, le 2 janvier 2010

jeudi 7 janvier 2010 - 16h:59

Nuri Peled Elhanan
UJFP

Discours à la marche de protestation à Tel Aviv, le 02 janvier 2010

(JPG) Bonsoir à vous tous qui êtes venus pour marquer le premier anniversaire du carnage à Gaza et pour protester contre l’autosatisfaction confortable dont font preuve les habitants de cette ville et de ce pays face à la lente annihilation qui va sans cesse croissant à Gaza comme dans toute la Palestine.

Aurait-on posé aux enfants israéliens des écoles maternelles la question : "Qu’as-tu appris à l’école cette année mon cher petit garçon ?" que beaucoup de réponses différentes auraient pu être données. Un enfant éclairé et à l’esprit critique aurait pu répondre : "j’ai appris que le soleil brille toujours, que l’amandier fleurit et que les bouchers tuent, et aucun juge les condamne." (1)

Et l’enfant qui est moins habitué à théoriser aurait pu se réjouir en disant : "j’ai appris comment berner les Américains, décevoir les Palestiniens, tuer des Arabes, expulser des familles de leurs maisons et maudire quiconque me dit que je suis un sale morveux quand j’ai été un sale morveux et j’ai appris que le peuple juif est vivant et que Gilad Shalit est vivant lui aussi. Encore." (2)

Et le nouveau petit immigrant à qui il tarde terriblement d’être intégré et de faire partie de la société pourrait dire : "J’ai appris qui détester, j’ai appris qui doit être tué et sur qui je peux cracher et je suis toujours prêt pour ce boulot quel que soit le moment où vous m’appellerez."

Un enfant sioniste-religieux qui va dans un jardin d’enfants entouré d’une clôture et bien gardé dans une colonie pourrait dire : "J’ai appris à être un bon sioniste, à aimer la Terre , à mourir et à tuer pour sa sauvegarde, à en expulser les envahisseurs, à tuer leurs enfants, à détruire leurs maisons et à ne jamais oublier qu’à toutes les générations et à chacune d’entre elles des persécuteurs se lèveront pour nous annihiler et que tous les non-Juifs sont les mêmes, qu’ils sont tous des antisémites qui doivent être supprimés. Et le plus important est que le soleil continue à briller, que l’amandier continue à fleurir et bientôt, nous irons faire des plantations sur toutes les montagnes de Judée et de Samarie, et nous garderons bien les jeunes arbres contre ces hordes de bergers qui ont envahi notre pays pendant les 2 000 ans où nous n’avons pas été là pour veiller sur lui."

Cette année nos enfants ont appris que tuer un non-Juif, quel que soit son âge, est un grand commandement. Et cela, ils ne l’ont pas seulement appris des rabbins, mais aussi des soldats qui sans cesse fanfaronnent à propos de ce qu’ils ont fait. Et cela été bien exprimé par Damian Kirilik quand la police l’a arrêté et accusé du meurtre de toute la famille Oshrenko. (3). Presque tranquillement il a demandé aux enquêteurs de la police : "pourquoi faites-vous tant d’histoire pour le meurtre d’enfants ?" Damian Kirilik est un nouvel immigrant qui ne comprend pas les nuances sophistiquées des enseignements des rabbins pour tuer les enfants non-juifs. Mais cet assassin du dehors a vite compris l’idée générale, c’est qu’il est arrivé dans un endroit où le meurtre des enfants est pris avec beaucoup de légèreté.

Nos enfants ont appris cette année que tous les qualificatifs dégradants que les antisémites attribuent aux Juifs sont aujourd’hui manifestes parmi nos leaders : fraude et duperie, cupidité et meurtres d’enfants. Au moment où il est accusé de trafic d’organes transplantés le gouvernement d’Israël imperturbable s’engage dans le trafic d’êtres humains tout entiers, pour le moment. On peut prévoir pour bientôt, et pour de nombreuses années, alors que de nombreuses voitures arborent l’auto-collant : "Gilad, né pour être libre" (4)que les capitaines de ce bateau-pirate qui est Israël, continueront leurs machinations et marchanderont encore pour savoir combien de kilos de chair juive, probablement rétrécie, peut être commercialisée contre combien de chair palestinienne, qui n’est sans doute plus ce qu’elle était, comme nous l’avons appris dans les informations à propos des vols de peau et de cornée au Centre Forensic d’Abu Kabir. (5).

Et ils continueront de tuer au nom de Gilad et d’affamer et d’étrangler au nom de Gilad pour annihiler le peuple palestinien lentement mais sûrement et par la même occasion, ils vont encourager les « mauvaises herbes » palestiniennes qui toujours légitiment la poursuite des assassinats.

Comme dans toute société pourrie et corrompue le mot "valeurs" ressurgit encore et encore dans chaque discours de chaque politicien spécialement de ceux qui sont inculpés. Les valeurs du sionisme, et les valeurs du judaïsme et les valeurs de l’armée israélienne. Les valeurs du sionisme ont bien été remarquées cette année dans leur pleine gloire à l’occasion de l’expulsion des familles de leurs maisons à Sheikh Jarrah. Les valeurs de la démocratie et la force du droit s’expriment pleinement pour les Palestiniens qui sont suspectés d’actes violents et sont assassinés sans autre forme de procès dans leurs maisons en présence de leurs enfants pendant que des terroristes juifs jouissent d’une complète impunité face au système judiciaire.

C’est cela que nos enfants apprennent dans l’Etat juif démocratique. Donc, on peut s’étonner du choc supposé exprimé face à la violence dans les écoles et les discothèques, dans les rues et sur les routes. Après tout cette violence n’est rien d’autre que la mise en pratique des valeurs de l’armée, un cours d’entrainement de base pour les activités et les opérations qui sont à l’horizon pour ces jeunes. C’est l’occasion qu’ont ces jeunes de montrer ce qu’ils ont appris de leurs parents et de leurs grands frères, de leurs professeurs et de leurs guides. Le seul problème qui apparemment perturbe les autorités, tant celles de l’éducation que celles du maintien de l’ordre est qu’il n’y a pas de Palestiniens dans les écoles juives et dans les discothèques juives et dans les rues juives. A cause de ce manque, les jeunes juifs dirigent leur violence les uns contre les autres et cela ne devrait pas arriver, un juif ne devrait pas blesser un autre juif. La violence devrait être canalisée et régulée, guidée par l’obéissance aveugle aux lois raciales et dirigée seulement et exclusivement à l’encontre de ceux qui ne sont pas juifs.

Et nous qui manifestons chaque semaine, chaque mois, à chaque carnage et à chaque anniversaire de chaque carnage, quelle est notre force ? Aucune. Le deuil et l’échec sont notre lot dans ce pays. Jeudi dernier, nous sommes restés aux portes de Gaza, disciplinés et obéissants aux conditions des autorisations de la police, heureux de nous voir les uns les autres et de constater que nous sommes vivants et scandant d’une voix forte des slogans devant un parterre de policiers et de soldats semblables à des robots, complètement incapables de comprendre ce que nous étions en train de dire. Mais nous n’avons pas fait tomber le Mur. Nous n’avons pas réussi à sauver ne serait-ce qu’un seul enfant de l’épidémie de méningite qui infeste Gaza depuis plusieurs mois.

Que pouvons-nous faire avec notre impuissance et nos échecs ? Que pouvons-nous faire dans un système éducatif qui demande à ses diplômés une identification absolue avec les combattants de la guérilla juive qui furent exécutés avant 1948 par les Britanniques sous l’inculpation de "terrorisme" et au même moment une identification totale à leurs bourreaux ? De s’identifier aux victimes d’Auschwitz et en même temps de se comporter avec une indifférence cruelle envers la souffrance de quiconque n’appartient pas à notre race ? Qu’est-ce que les militants de la paix peuvent bien faire dans un pays dirigé par l’armée dont les écoles sont infestées de criminels de guerre venant injecter leur enseignement et où les élèves sont obligés d’expérimenter une semaine prémilitaire de "Gadna" (brigades de jeunes) et d’écouter les récits héroïques des criminels du carnage de Gaza et pour qui toutes les possibilités offertes, qu’elles soient psychologiques, sociales ou éducatives, ont pour but de faire d’eux des rouages de la machine à tuer ?

Ce sont nos propres fils et nos propres filles - et nous n’avons aucun accès au système qui dirige leurs vies. Où est l’espace qui nous est laissé pour instiller en eux une ou deux de nos propres valeurs ? Quelles valeurs de beauté et de bonté pouvons-nous glisser dans un tel appareil sophistiqué de lavage de cerveaux et de distorsion du réel ?

Il semble que la seule valeur que nous ayons encore le pouvoir d’instiller et qui ait encore du sens est la valeur du refus. Apprendre à dire non. Enseigner à nos enfants qui n’ont pas encore été empoisonnés à résister au lavage de cerveaux, à rejeter les virus qui sont injectés dans leurs esprits. C’est une tâche dure, une tâche de Sisyphe, mais le seul chemin pour réaffirmer notre humanité. Dire non au mal, non à la duplicité, non à la tromperie, non au trafic d’êtres humains, non au racisme qui se répand ici comme un incendie sauvage, un racisme qui ne s’arrête ni au checkpoint de Kalandia ni au checkpoint d’Erez mais qui s’étend comme un cancer jusqu’aux centres honteux d’absorption des immigrants, aux écoles qui proclament l’intégration et pratiquent la ségrégation, à toutes les cultures et à toutes les croyances dans ce pays. Si nous n’apprenons pas à refuser et à rejeter le mal, les lois et les contraintes du mal, nous nous retrouverons nous rejetant et nous refusant nous-mêmes et notre vérité intérieure la plus essentielle. Nous devons refuser de sentir part d’une minorité disparue, refuser la peur, l’appréhension et l’aliénation qui nous sont imposées, refuser d’en être complices.

Seul, le refus peut sauver de la capitulation, de la faillite, du désespoir. Nous sommes ici aujourd’hui comme des étrangers, comme une minorité d’étrangers haïs et persécutés. Mais, ensemble, avec nos amis qui cherchent la paix de l’autre côté du Mur, de l’autre côté des barrières de barbelés, nous pouvons devenir une majorité. Seul le refus de capituler devant les murs et les checkpoints peut ouvrir les portes de notre ghetto afin que nous puissions jeter à bas les murs de leurs ghettos. Pour voir enfin qu’il y a un monde extérieur, qu’il y a des régions tout autour que le Fond national juif n’a pas détruits, qu’il y a une culture et qu’il y a des peuples et que ça vaut la peine de les rencontrer de les connaître et d’en faire des amis, d’apprendre d’eux des choses sur ce pays où nous vivons comme des étrangers résidents et nous rappeler que cette terre peut être une terre d’une beauté sans égale. (7)


Notes :

( 1 ) Une référence au poème célèbre de Bialik sur le Pogrom de Kishinev en 1903.

( 2 ) "AM YISRAEL HAI", "Le peuple juif vit", une parole traditionnelle souvent utilisée dans un contexte nationaliste.

(3) Voir : Jerusalem Post

(4) Le slogan "Ron Arad, né pour être libre" se réfère au pilote israélien Ron Arad. Pour sa libération le gouvernement israélien refusa de libérer des prisonniers palestiniens et Llibanais et qui est considéré comme étant définitivement perdu.

(5) Voir : The Gardian

(6) Les leaders des colonies se dissocient des actes d’extrême violence envers les Palestiniens en définissant ceux qui les perpétuent comme "es mauvaises herbes de notre jardin"

(7) Le terme "Hébreu" utilisé "Yefe Nof" est tiré du poème de nostalgie envers Jérusalem écrit par le poète médiéval espagnol Yehuda Halévy : "O séjour de beauté sans égale/joie de la terre entière".

cet article peut être consulté ici :

http://www.ujfp.org/modules/news/ar...

Gaza, la déchirure

jeudi 7 janvier 2010 - 07h:06

Dr Zouhair Lahna - UAM93

Les mois passent et la plaie occasionnée par l’agression sur la bande de Gaza de décembre 2008- janvier 2009, reste béante. Agression disproportionnée d’une armée d’occupation vis-à-vis d’une population encerclée et ne possédant que des moyens rudimentaires pour subsister, et le cas échéant se défendre.
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Photo : Associated Press

La suite fût lamentable. Au lieu de chercher les moyens de lever cet embargo injuste et prolonger la sympathie mondiale vis-à-vis de la population palestinienne de Gaza, il nous a été donné à observer un feuilleton Fath-Hamas, avec des rencontres, sommets, rejets mutuels de responsabilités, promesses, etc. Les images de la population martyrisée et sans moyens pour panser ses plaies ont laissé la place aux images de dirigeants de tous bords devant des micros tantôt discutant calmement, tantôt vociférant. Lamentable et pathétique.

Tous les dons qui ont été promis pour la reconstruction sont en stand by !! Qui a le droit d’en disposer, les dirigeants locaux non désirables ou les acceptables qui n’ont plus d’entrées dans la bande ? Entre les deux, des palestiniens ordinaires ont payé un lourd tribut suite à cette agression et n’ont toujours pas vu les premiers éléments d’une reconstruction annoncée.

Ma première visite à Gaza, durant les derniers jours de l’agression armée sioniste et après le cessez-le feu, m’a laissé un sentiment d’inachèvement. J’avais commencé un travail chirurgical que je souhaitais développer et partager avec mes collègues palestiniens. Ce sentiment d’inachèvement que je vais devoir trainer encore un peu.

Les trois semaines passés en janvier 2009, au sein de l’hôpital du croissant rouge palestinien de Khan Younes, m’ont permis de soigner et d’opérer quelques patientes. Mon activité qui n’est pas au premier abord urgente, puisqu’il s’agit de la médecine reproductrice et de la chirurgie féminine, s’est avérée intéressante une fois sur place. Les besoins se font ressentir eu égard au blocus imposé depuis plus de trois ans. Alors, les femmes consultent et cherchent des solutions en présence d’un médecin venu d’ailleurs. Par ailleurs, on a souhaité mettre la lumière sur une autre problématique à laquelle s’intéresse Bernard Guillon, mon ami et collaborateur, fondateur de l’Association de Développement de la Santé des Femmes, c’est celle de la position et du préjudice que subissent les femmes durant les conflits. Mais nous semblons bien seuls à s’intéresser à ce problème durant ce conflit. Les Organisations internationales et humanitaires regardent ailleurs...

Je me suis rendu à la frontière de Gaza six mois après l’agression de l’armée d’occupation

Je me suis rendu à la frontière de Gaza six mois après l’agression de l’armée d’occupation. Une mission médicale a été mise en place à Paris afin de venir en aide à des blessés victimes de séquelles traumatiques. Cette initiative prise par une association créée suite à cette agression et qui s’est donné pour nom : Union For Palestine. La présidente est une jeune femme et jeune maman douée d’une forte personnalité et une force de travail et d’engagement peu communes. Preuve s’il en fallait que les agressions peuvent faire naitre vocations et militantismes, peu soupçonnables.

C’est Bernard Guillon qui m’a mis en relation avec Union For Palestine. Il existe une vivacité dans les pays occidentaux, que ça soit par les musulmans ou les défenseurs des droits humains qui devraient faire pâlir les autres. Mais là c’est un autre sujet et qui ne fera que fâcher tous ceux qui ne font pas grand chose mais pensent qu’ils militent pour la cause palestinienne juste parce qu’ils en parlent ou poussent de temps en temps des cris qui restent sans échos.

Venant de Casablanca, c’est au Caire que j’ai été rejoint par mes trois autres collègues de cette aventure. Le premier est le docteur Jacques Bères, co-fondateur de Médecins Sans frontières et immense figure de l’humanitaire en France, il a été de toutes les guerres, plus de cinquante missions à son actif. Soixante dix ans d’âge assorti d’une volonté et d’une jeunesse dans l’action. Je connaissais un peu Jacques avant cette rencontre puisqu’il a été Président d’Aide médicale Internationale, juste après mon mandat de vice président dans cette association née de la mouvance des French Doctors. Le deuxième personnage est Patrick Knipper, un chirurgien plasticien, président d’une association de la chirurgie réparatrice, et qui se donne quatre à cinq fois par an le temps d’aller en mission notamment en Afrique afin de réaliser en brousse de la chirurgie esthétique et réparatrice à des démunis, victimes de malformations ou de séquelles de traumatismes voire de brulures. Il ne voulait surtout pas qu’on parle de sa spécialité comme d’une spécialité de luxe. C’était la première fois que je rencontrais un chirurgien plasticien de cette trempe, un plaisir. La troisième personne est Hassan Farssadou, le président de l’Union des Associations Musulmanes de la seine saint Denis (UAM 93).

Ce jeune chef d’entreprise, et militant associatif depuis de longues années, est venu comme logisticien. Son association a financé cette action humanitaire. Le voyage de son secrétaire général M’hammed Henniche dans les suites immédiates de l’agression sur Gaza, leur a fait prendre conscience qu’il fallait agir, puisque ceux qui au nom des palestiniens multiplient les appels aux dons auprès des bienfaiteurs et surtout dans les mosquées, étaient loin de réaliser ce qu’ils faisaient croire aux donateurs.

Ici encore, un autre sujet qui risque de fâcher ceux qui font semblant d’agir dans leurs flyers vis-à-vis des donateurs, plus ou moins sensibilisés aux malheurs du peuple palestinien. J’avais rencontré des membres des ces associations en vogue auprès des musulmans en France, durant les jours qui ont suivi le cesser le feu à Gaza. Leurs actions et facultés à réagir dans l’urgence étaient absentes. Tandis que du point de vue stratégies et ambitions, elles étaient plus qu’insuffisantes par rapport aux besoins et surtout par rapport aux promesses tenues vis-à-vis des donateurs.

Notre petit groupe de quatre personnes a été accompagné par Saïd, un jeune médecin égyptien qui fait partie de l’Union des Médecins Arabes, mais il a préféré faire valoir face aux autorités égyptiennes rencontrés lors des check points sa qualité de membre du Croissant Rouge Egyptien, plus acceptable ! L’Union des Médecins Arabes dirigée actuellement par des médecins affichant plus ou moins leurs observance de l’Islam, ne sont plus tolérés comme cela fût le cas au moment de l’agression sur Gaza, en Janvier 2009.

Une fois les cartons de médicaments et fongibles chargés sur le toit de notre taxi, une vielle Peugeot 404 Break, on a pris la route direction le nord afin de passer la nuit à al Arich, près de Rafah.

On a passé la nuit dans un confort sommaire dans un bungalow peu équipé mais qui a quadruplé de prix par rapport à Janvier dernier, à cause de la saison estivale.

La déchirure dont j’ai été témoin durant ce séjour au poste frontière de Rafah est l’histoire de cette mère...

Au poste frontière, une atmosphère effervescente était à notre rencontre. C’était le dernier jour d’ouverture annoncé pour les palestiniens qui souhaitent passer vers un côté ou l’autre de la frontière. En cet instant je ne pensais pas que j’allais passer quatre jours devant ce poste sans jamais pouvoir le traverser entièrement, que j’allais partager les histoires de palestiniens et de militants associatifs bloqués aux portes de Rafah.

Nous avions à priori l’accord des services de sécurité égyptiens pour passer mais on n’avait pas de papiers le prouvant en notre possession. Le lendemain, une fois le papier en main, la date était passé la veille, ça rappelle à juste titre les romans de Kafka. Plus encore, suites aux multiples interventions effectués par l’infatigable Sihem, présidente d’Union For Palestine auprès du Quai d’Orsay ou de l’ambassade de France au Caire , on avait l’impression au matin du quatrième jour que ça allait se décanter. On a été invité à traverser la douane et on a même été jusqu’à acheter les timbres pour avoir les visas de passage. Au bout de deux heures d’attente je revois encore le jeune chef de la sécurité marchant nonchalamment vers nous, et avant même d’ouvrir sa bouche il a hoché sa tête pour nous indiquer qu’il ne sera pas possible de passer faute de Coordination. Il nous a remis les passeports en nous indiquant gentiment qu’il n’y a pas de coordination. En ce moment, j’avais la certitude que personne ne passe sans un accord des autorités israéliennes ; c’était la coordination manquante.

Durant la même semaine une autre délégation française qui devait passer par l’autre point de passage d’Eretz a été également bloquée quelques jours, et il aura fallu les protestations du Professeur Oberlin dans les médias et le début d’une mise en place d’une procédure judicaire à Paris pour les laisser passer. Passer mais difficilement et pas suffisamment pour ne pas réaliser l’objectif du voyage. Ou autrement dit, dissuader afin de laisser tomber.

Le point de passage a ouvert trois jours après une fermeture de plusieurs semaines. Les membres d’une association internationale qui milite pour l’ouverture de la frontière nous ont raconté un peu l’humiliation et les difficultés que subissent les palestiniens entassés et qui souhaitent regagner leurs domiciles à Gaza. Les personnes ont passé la nuit à attendre, le lendemain les autorités égyptiennes n’ont ouvert les portes qu’à 11 heures du matin. On peut facilement imaginer la bousculade qui s’en est suivie. Les personnes âgées, les femmes et les enfants en bas âge ont bien entendu été victimes de cette maltraitance. Sans parler des insolations, ni des humiliations subies de la part les agents de sécurité ou autres douaniers.

La déchirure dont j’ai été témoin durant ce séjour au poste frontière de Rafah est l’histoire de cette mère qui venait comme moi de Casablanca espérant voir sa fille qu’elle n’a pas aperçu depuis plus de quatre ans et sa petite fille qu’elle ne connaît pas. Sa fille a épousé un palestinien de Gaza qu’elle a rencontré lors d’une conférence au Maroc. La suite c’est le blocus, la jeune femme ne peut quitter la prison ouverte de Gaza parce qu’elle ne pourra y retourner auprès de son mari. Elle ne possède pas la nationalité palestinienne. La mère est venue plusieurs fois afin de voir sa fille, elle est hébergée chez des égyptiens de Rafah. Perdant l’espoir d’entrer à Gaza pour passer quelques jours avec sa fille, elle a demandé aux autorités le droit de voir sa fille et sa petite fille ne serait ce qu’une petite heure au poste frontière, mais sa requête a été tout simplement refusée. Pour avoir des droits inférieurs à ceux des prisonniers, il faut venir voir Gaza.

Patrick et moi sommes rentrés au bout de huit jours sans avoir pu mettre les pieds dans Gaza, le cœur serré mais avec la volonté intacte de revenir et réessayer.

Hassan et Jacques qui devaient prendre l’avion deux jours après nous, ont eu un accord de dernière minute. J’ai été content que Jacques ait pu opérer quelques malades et que Hassan ait pu vivre cette expérience jusqu’au bout.

* Dr Zouhair Lahna

1e janvier 2010 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.uam93.com/news/gaza-la-d...

Le convoi international d’aide arrive à Gaza

publié le jeudi 7 janvier 2010
AFP
En mars dernier, M. Galloway avait remis plusieurs milliers de dollars et des dizaines de véhicules au gouvernement dirigé par le mouvement islamiste palestinien à Gaza où il était arrivé avec un convoi d’aide.

Un convoi international d’aide est entré mercredi soir dans la bande de Gaza après un long périple et des incidents avec la police égyptienne, a constaté un photographe de l’AFP. Le convoi est passé dans l’enclave palestinienne, soumise à un strict blocus israélien, via la ville frontalière de Rafah, sous les applaudissements de milliers de personnes. Il est formé d’au moins 140 camions et voitures chargés de nourriture et de matériel médical en provenance d’Europe, de pays arabes et de Turquie, et dirigé par le député britannique George Galloway.

"Nous sommes venus de 17 pays, nous avons voyagé pendant plus d’un mois pour venir ici, et pourquoi ? Parce que nous sommes honorés d’être en Palestine", a déclaré M. Galloway à son arrivée dans la ville de Gaza. "J’en appelle au monde arabe, du Maroc à Bahreïn, pour qu’il soutienne et défende la Palestine", a-t-il plaidé. Son convoi, bloqué pendant plusieurs jours en Jordanie, était arrivé lundi à Al-Arich, dans le Sinaï égyptien, après avoir transité par la Syrie. Dans la nuit de mardi à mercredi, des heurts violents ont opposé des policiers égyptiens aux militants pro-palestiniens membres du convoi.

Les militants protestaient contre une décision de l’Egypte de faire transiter une partie de leurs véhicules par Israël avant d’entrer à Gaza. Cinquante-cinq personnes —40 militants, selon les organisateurs, et 15 policiers, selon une source médicale— ont été blessées dans les heurts, la police utilisant canons à eau et matraques et lançant des pierres sur les manifestants, tandis que les activistes répliquaient par des jets de pierres. Le calme est finalement revenu mercredi à Al-Arich et le convoi a pu prendre la route pour Gaza. Toutefois, indépendamment de ces incidents, la tension est montée mercredi à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza, où un policier égyptien a été tué et cinq Palestiniens blessés lors d’un échange de tirs.

La fusillade a eu lieu à la suite d’une manifestation à Rafah de quelque 200 jeunes Palestiniens qui protestaient en lançant des pierres contre l’édification d’un mur métallique souterrain du côté égyptien de la frontière. Le terminal de Rafah, géré par l’Egypte, est le seul donnant accès au territoire palestinien qui ne soit pas contrôlé par Israël.

En mars dernier, M. Galloway avait remis plusieurs milliers de dollars et des dizaines de véhicules au gouvernement dirigé par le mouvement islamiste palestinien à Gaza où il était arrivé avec un convoi d’aide. Israël et l’Egypte ont considérablement réduit le mouvement de et vers la bande de Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en juin 2007.

Publié par la Libre Belgique

http://www.lalibre.be/actu/internat...

« Les colonies israéliennes tuent la solution à deux Etats »

publié le jeudi 7 janvier 2010
Entretien avec Ghassan Khatib
En l’absence de toute avancée vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, les dirigeants de l’Autorité palestinienne adoptent une démarche légitime afin que soient exercées des pressions sur Israël pour arriver à le faire revenir à la table de négociation.

Ghassan Khatib, personnalité influente, ancien ministre de l’Autorité palestinienne (AP) et co-éditeur du groupe Bitterlemons de publications Internet, a déclaré en s’entretenant avec Jerrold Kessel et Pierre Klochendler que l’AP recherche un soutien international pour obtenir qu’Israël se conforme au gel de toute implantation coloniale supplémentaire, comme convenu dans la Feuille de route.

IPS : La solution à deux Etats est-elle toujours vivante ou a-t-elle été éliminée ?

Ghassan Khatib : Non, elle vit toujours mais l’expansion des colonies israéliennes est en train de la tuer. En l’état actuel, elle reste encore une possibilité. Mais si elle ne trouve pas bientôt application, et si l’expansion des colonies se poursuit, il se pourrait qu’elle devienne pratiquement impossible à mettre en œuvre.

IPS : Dans ce cas, cela ne vaut-il pas la peine d’essayer de prendre le Premier ministre Netanyahu à son propre piège du gel des colonies ?

GK : Il y a deux problèmes : d’abord, il n’a pas dit « geler » ; ensuite, il a extrêmement nuancé sa décision politique quant à la colonisation, ce qui fait qu’en réalité il n’y a pas de gel. Il fait une exception pour Jérusalem qui, selon l’analyse israélienne, équivaut à 22% de la Cisjordanie. Il exclue aussi les immeubles pour lesquels un permis de construire a déjà été délivré, et également les établissements publics. Tout cela fait que rien n’a changé.

Nous avons déjà tenté cette démarche – c’est d’ailleurs là-dessus que le Président Bush avait insisté à la veille de la conférence de paix d’Annapolis, il y a deux ans. Il nous avait dit que nous ne devions pas exiger l’arrêt de la colonisation comme condition préalable, mais d’en traiter avec la question des colonies lors des négociations. Si la colonisation s’arrête, disait-il, c’est très bien ; sinon, vous, les Palestiniens, serez dans une position beaucoup plus forte pour exiger l’arrêt des constructions dans les colonies par la suite. Mais ça n’a pas marché. Le résultat fut simplement qu’il y a eu d’autres expansions, et que la pression internationale pour l’arrêt de la colonisation s’est relâchée.

IPS : Mais étiez-vous favorables à la relance des discussions, cela n’aurait-il pas accru la pression sur Israël ?

GK : Nous avons deux objectifs : le premier, demander à la communauté internationale de nous aider à aller à des discussions bilatérales, tout en tenant compte des leçons du passé. Les négociations doivent avoir des attributions claires. Cela n’est pas imposer une condition préalable. Second objectif : ces négociations doivent avoir comme base la Feuille de route qui a été acceptée par toutes les parties. La Feuille de route contient des obligations pour toutes les parties, notamment le gel de la colonisation, et je ne vois pas pourquoi Israël ne remplirait pas les siennes.

IPS : Etes-vous déçus par la démarche du Président US Barack Obama ?

GK : Nous restons confiants, toujours optimistes, Obama changera les choses. Bien que cela prenne plus de temps qu’on l’avait prévu. Pourtant, son approche est complètement différente de celle de son prédécesseur. C’est ce que nous apprécions le plus.

IPS : Avec le manque d’avancée, est-il inconcevable que les Etats-Unis puissent prendre leurs distances avec l’ensemble du processus ? Est-ce une préoccupation sérieuse pour les Palestiniens ?

GK : Je ne suis pas inquiet, ils ne peuvent pas faire cela. Il y a une très forte interaction entre le conflit israélo-palestinien et la situation dans la région tout entière. La stabilité au Moyen-Orient est vitale pour tout le monde. Cette question revêt un intérêt fondamental pour les Etats-Unis. Obama est motivé pour agir.

IPS : En l’absence de progrès, toutefois, l’option pour les Palestiniens ne serait-elle pas de se rabattre sur une stratégie unilatéraliste ?

GK : Pas du tout, permettez-moi de profiter de l’occasion pour clarifier notre position : aucun organisme palestinien n’a jamais pris la moindre décision concernant une stratégie unilatérale. Notre politique est basée sur un mouvement dans deux directions : d’abord, encourager la communauté internationale à s’impliquer davantage, c’est une démarche par nature multilatérale ; ensuite, nous oeuvrons à créer les institutions de notre Etat. Il y a en cela évidemment un aspect d’unilatéralisme, mais c’est un unilatéralisme positif. C’est notre tâche, nous ne contredisons personne quand nous disons que nous travaillons à la concrétisation de notre Etat. Nous devons nous tenir prêts pour notre Etat. Tel est notre choix, notre stratégie de paix est bilatérale et multilatérale, et ne relève pas d’une démarche unilatérale.

IPS : N’est-ce pas là un obstacle majeur dans cette œuvre créative d’un Etat ? Après tout, la Palestine est divisée entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, et le Hamas dans la bande de Gaza…

GK : La situation intérieure palestinienne est bien sûr un élément négatif dans la réalisation de nos aspirations. Je tiens à souligner, toutefois, que l’insistance d’Israël à effectuer son retrait de Gaza de façon unilatérale, sans négociations et en dehors du processus de paix, a contribué à renforcer le Hamas et à affaiblir l’AP. De la même manière, la prévention par Israël de tout déplacement entre la Cisjordanie et Gaza continue d’avoir un effet nuisible grave.

IPS : On a l’impression que les Palestiniens se retrouvent piégés dans une incertitude politique ? N’est-ce pas dangereux ?

GK : Il est vrai qu’une situation d’incertitude ne peut pas durer longtemps. Le temps ne travaille pas pour nous, mais le Premier ministre (Salaam) Fayyad est sérieux quand il exhorte la communauté internationale à s’impliquer davantage pour nous aider à construire les structures de notre futur Etat. Certes, l’actuel statu quo, la division opérationnelle de facto du contrôle entre Israël et l’AP sur un même territoire ne sont pas sains du tout. Ni viables. Soit nous allons à deux Etats, donc vers un Etat palestinien, soit la situation va se détériorer de façon imprévisible.

IPS : A votre avis, Netanyahu se consacre-t-il à la paix ?

GK : Netanyahu n’est pas un partenaire pour la paix. Sa priorité, c’est son électorat national, particulièrement à droite. Il essaie de plaire à la droite plutôt que de satisfaire aux nécessités de la paix. Ce n’est bon ni pour la paix, ni pour Israël. On ne voit jamais monter les critiques d’Israël par la communauté internationale.

IPS : Le Président Abbas est-il sérieux à propos de son désistement ?

GK : Nous n’avons aucune raison de ne pas croire qu’il est sérieux quand il parle de ne pas se représenter. C’est un message politique qui montre à quel point les choses sont urgentes.

IPS : Ce qui fait que les six mois à venir vont être critiques…

GK : J’espère que la situation ne va pas devenir incontrôlable et qu’on va commencer à aller de l’avant. Que l’Egypte avancera dans son travail de réconciliation entre l’AP et le Hamas une fois qu’aura été effectué l’échange de prisonniers dont il est question depuis longtemps (entre Israël et le Hamas) et que, dans les six mois, la communauté internationale sera en mesure de nous sortir de la stagnation présente. Elle a besoin d’être plus efficace dans l’avancement des pourparlers bilatéraux, dans l’arrêt de l’expansion des colonies israéliennes conformément à la Feuille de route, et dans la poursuite de son aide à la création de l’infrastructure de notre Etat.

IPS : Fasse que le peuple palestinien ait la patience…

GK : Je crois qu’il est patient, mais il ne le sera pas indéfiniment. Le temps est un facteur très important.

Jérusalem, le 30 décembre 2009

http://ipsnews.net/news.asp?idnews=49851 traduction : JPP pour l’AFPS

Faut-il sauver le soldat israélien Gilad Shalit ?

publié le jeudi 7 janvier 2010
Laurent Zecchini
La question posée à Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien, représente le plus difficile des dilemmes : faut-il sauver le soldat Gilad Shalit, prisonnier du Hamas depuis le 25 juin 2006

Si, du point de vue humanitaire, la réponse va de soi, il n’en va pas de même dès que l’on charge le fléau de la balance : en échange d’une seule vie, l’Etat juif doit-il libérer près d’un millier de prisonniers palestiniens, dont une minorité, auteurs ou commanditaires d’attentats, ont du sang sur les mains ?

Qu’Israël, pays qui a construit sa capacité de dissuasion sur la réputation d’invincibilité de son armée, l’efficacité de ses services de renseignement et aussi la brutalité de ses représailles, en vienne à considérer comme acceptables les termes d’un tel marché ne laisse pas de surprendre. En Europe et en Amérique, la raison d’Etat dicterait sans doute une réponse négative : un gouvernement démocratique, comptable de la sécurité de ses citoyens, ne saurait assumer sans difficulté la responsabilité politique de relâcher des meurtriers susceptibles de récidiver.

Mais la vérité est grise, car Israël a une longue histoire de négociations avec ceux qu’il qualifie de " terroristes ". Le précédent du 20 mai 1985, lorsque l’Etat juif avait obtenu la libération de trois de ses soldats en échange de celle de 1 150 Palestiniens, l’atteste. Si la guerre de Gaza a été déclenchée au cours de l’hiver 2008, c’est en partie parce que la réputation de Tsahal avait été sérieusement entamée lors de la guerre du Liban de l’été 2006.

Enfin, l’affaire Shalit est avant tout un constat d’échec : celui de l’armée et des services de renseignement Shin Beth (sécurité intérieure) et Mossad (sécurité extérieure), incapables, en trois ans et demi, de libérer Gilad Shalit. Ce soldat de 23 ans est devenu une icône nationale et une épine politique pour le gouvernement. Celui-ci se doit de faire avancer les négociations pour sa libération et, au minimum, de donner cette impression à l’opinion publique. 52 % des Israéliens demandent une libération " à n’importe quel prix ", et une partie du rabbinat invoque le " commandement religieux " de " racheter le captif ".

Cette détermination tient à l’essence de la société israélienne : l’armée est étroitement identifiée à l’Etat et représente une part intime de chaque famille. Garçons et filles sont censés consacrer, respectivement, trois et deux années de leur vie à Tsahal. En échange de ce sacrifice consenti à la défense de la nation, chacun attend de l’armée qu’elle veille, coûte que coûte, au sort de ses soldats. Mais les opposants à un compromis avec le Hamas forment un parti puissant : l’Association des parents de victimes du terrorisme dénonce par avance une " capitulation " et compare M. Nétanyahou à Chamberlain.

Se situant souvent à l’extrême droite de l’échiquier politique, c’est un lobby idéologiquement proche de celui des colons. Pour un premier ministre connu pour temporiser devant l’obstacle, ce double front représente un risque politique majeur. Car le scénario de l’éventuelle libération de Gilad Shalit est écrit : à la formidable liesse qui se déclenchera en Israël feront écho les manifestations de victoire à Gaza et en Cisjordanie. M. Nétanyahou peut craindre que la première se dissipe vite, alors que les images de la seconde imprimeront durablement les esprits.

S’il donne son accord aux termes de l’échange que souhaite lui imposer le Hamas, M. Nétanyahou doit payer le prix de lui consentir un formidable élan politique. Il ne s’agit donc pas seulement de " sauver le soldat Shalit ", mais de poser un acte déterminant pour le processus de paix israélo-palestinien.

Car le grand perdant risque d’être Mahmoud Abbas, président de l’Autoritépalestinienne. A plus forte raison si son rival Marouane Barghouti, emprisonné en Israël, est élargi. Le Hamas espère tirer prestige d’un compromis pour accroître sa popularité en Cisjordanie, au détriment du Fatah.

Un accord donnerait du crédit à sa rhétorique selon laquelle seule la violence est susceptible d’arracher des concessions à Israël et rendrait plus flagrante l’inanité de la démarche modérée de M. Abbas.

Est-ce ce que souhaite M. Nétanyahou ? Suit-il la stratégie de privilégier le Hamas - pour affaiblir le Fatah et faire perdurer un statu quo favorable à la colonisation en Cisjordanie -, qui fut celle d’Ariel Sharon ? S’agira-t-il d’exciper du renforcement du Hamas pour éradiquer le " foyer terroriste " de Gaza ?

Certains experts, comme Matti Steinberg, qui fut conseiller pour les questions palestiniennes de trois chefs successifs du Shin Beth, le pensent. " Je ne sais pas si c’est la stratégie de Nétanyahou ; je constate simplement que la montée en puissance du Hamas est une conséquence constante de sa politique ", note-t-il. Le médiateur allemand dans l’affaire Shalit va reprendre prochainement son bâton de pèlerin. Israël et le Hamas s’efforcent de faire retomber sur l’autre la responsabilité des errements de la négociation, voire de son échec, en utilisant l’arme de la désinformation.

Cette effervescence médiatique n’est peut-être qu’un écran de fumée destiné à dissimuler la détermination d’Israël de refuser les exigences du Hamas. Si ce n’est pas le cas, la décision de M. Nétanyahou est celle d’un homme seul, probablement le test le plus exigeant de sa carrière politique.

publié par le Monde

http://www.lemonde.fr/

Assez de division

publié le jeudi 7 janvier 2010
Ziad Medoukh
Un appel aux Palestiniens et aux solidaires internationaux à propos de la marche internationale vers Gaza

Mon objectif en écrivant cet article est de montrer l’importance de l’unité dans le travail des Palestiniens dans leur lutte pour la liberté et la paix et également dans le travail des solidaires internationaux dans leurs actions et les mobilisations pour soutenir la cause palestinienne.

Les échos de la marche internationale pour Gaza et les premiers bilans effectués par les différents groupes venus de 43 pays montrent l’importance de la coordination entre ces groupes afin d’atteindre l’objectif de cette marche qui est de briser le blocus imposé à la population civile dans la bande de Gaza.

Mon intention dans cet article n’est pas de critiquer qui que ce soit , tant au niveau des associations que des individus, mais de souligner l’impact négatif des divisions et du manque de coordination entre les organisateurs de la marche internationale de la liberté pour Gaza d’une part, et entre les différents comités palestiniens d’accueil de cette marche dans la bande de Gaza.

Je suis un simple citoyen palestinien de Gaza , universitaire engagé dans la lutte non violente contre l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens, un habitant qui vit dans la bande de Gaza qui connaît le blocus , l’enfermement et l’isolement et qui a choisi de résister sur sa terre à travers son travail dans le domaine de l’éducation et surtout, qui apprécie au plus haut point la solidarité internationale avec notre cause juste , la cause palestinienne .

A travers mes contactes avec beaucoup d’associations et d’organisations notamment francophones, j’ai pu découvrir les différentes actions de solidarité menées en France , en Europe et partout dans le monde . J’ai déjà écrit beaucoup d’article sur le rôle irremplaçable de la solidarité internationale pour faire connaître la souffrance et la résistance des Palestiniens au monde extérieur et j’ai toujours insisté et insiste toujours, sur le fait que notre cause est une cause internationale.

J’ai eu l’occasion lors de mon dernier séjour en France de faire plus de 48 conférences , rencontres et débats publics en France et en Europe, invité par des organisations , des collectifs et d’associations de solidarité avec la Palestine et j’ai essayé de répondre à toutes les invitations sans faire la distinction entre ces différentes associations qui militent pour la paix et la justice dans notre région, même si elles pouvaient avoir des stratégies et méthodes divergentes .

Lors de mes différentes conférences, j’ai essayé d’être objectif en parlant de la situation actuelle en Palestine en général, et dans la bande de Gaza en particulier, en insistant sur le rôle de la société civile et des universités qui luttent contre toutes les mesures de l’occupation et aussi sur les conséquences préjudiciables de la division dans la société palestinienne .

La marche internationale de la liberté pour Gaza qui a réussi à regrouper plus de 1400 personnes de 43 pays a été une initiative extraordinaire, pas seulement pour essayer de briser le blocus inhumain imposé contre un million et demi de palestiniens de Gaza depuis plus de 3 ans, mais surtout, comme témoignage puissant d’une solidarité internationale déterminée à manifester son soutien à la population civile dans la prison à ciel ouvert de Gaza, et cela malgré les conditions très difficiles pour ces marcheurs .

Je pense à l’échec de leur tentative d’entrer à Gaza et à leur grande déception devant le refus égyptien de leur permettre d’arriver jusqu’à la frontière de la bande de Gaza . Pour nous les habitant de Gaza le geste était plus que symbolique Après le retour de ces solidaires dans leur pays et au vu des divers communiqués et rapports des différentes organisations sur le déroulement des péripéties rencontrées par les marcheurs bloqués au Caire, je persiste à penser , en conclusion de tout cela, que le seul véritable perdant de l’impossibilité de l’arrivée des solidaires internationaux à Gaza est l’habitant gazaouis.

Cet habitant qui attendait avec impatience la venue des marcheurs pour qu’ils comprennent leur réalité, qu’ils constatent sur place l’inhumanité de la vie quotidienne des Palestiniens de Gaza, mais aussi et surtout, qu’ils témoignent des leçons de courage , de résistance et d’espoir que donnent notre peuple . Et j’ajoute, que la division entre les différentes associations et organisations de la marche d’une part, et entre les différentes composantes de la société civile, des partis politiques et des syndicats de la bande de Gaza d’autre part, a été à mon avis plus grave que la déception de l’annulation de cette marche .

Personnellement, c’était le cas du département de français et de mon université , nous étions prêts à accueillir les marcheurs, nous réjouissons à l’avance qu’il y ait parmi eux plus de 400 français et francophones. Pendant la semaine du 27 décembre au 2 janvier, j’ai reçu beaucoup d’appels de différents groupes, collectifs et amis impliqués dans cette marche qui m’ont donné des nouvelles sur les différentes stratégies, actions et tentatives vaines de rentrer à Gaza . La division et la divergence entre les différents groupes français, et l’absence quasi-total de coordination, je dois le dire, m’ont consterné, et ont, je le pense, participé à affaiblir cette initiative de solidarité .

C’est pourquoi mon appel est simple et précis : un appel à l’unité et à la coordination ; le contraire est l’affaiblissement de notre cause. Assez de divisions, de récupérations, voire, de manipulations de la cause palestinienne et de la souffrance des Palestiniens pour des fins politiques et personnelles, que ce soit en en Palestine ou à l’extérieur, parfois, chacun semble œuvrer en priorité pour sa propre association, sa propre publicité, et en fonction de ses propres objectifs, sans réelle coordination avec les autres. la coordination, côté palestinien et côté international, est indispensable , et toutes les organisations doivent se sentir concernées par cette question. l’objectif, c’est le renforcement de la solidarité et du soutien et non son affaiblissement, au travers de plusieurs stratégies contradictoires qui s’opposent.

Tous les solidaires internationaux sont toujours les bienvenus à Gaza pour découvrir la réalité, la vie quotidienne et la souffrance de la population mais surtout le travail remarquable de la société civile, des universités et de toute la population, pour relever le défi que leur impose la situation et garder l’espoir d’un lendemain meilleur, un lendemain de paix et de liberté.

Après la marche, même non aboutie dans son objectif final, le moment est venu pour cordonner nos actions et nos initiatives nous les Palestiniens et vous les solidaires, pour réaliser notre objectif commun : la liberté pour les Palestiniens, la justice et la paix dans notre région.Et dans l’immédiat pour Gaza : la levée du blocus.

Tous ensemble pour que les portes de la prison s’ouvrent. Avec l’application de la justice internationale envers les crimes commis contre les Palestiniens de Gaza, un seul mot d’ordre, un seul objectif : Ouvrez les portes !

http://www.france-palestine.org/article13687.html

Israël empêche un Chrétien de Gaza et sa fiancée de Bethléhem de se marier

publié le jeudi 7 janvier 2010
B’Tselem
‘Issa Misak, 37 ans, vit à Gaza ville où il possède un magasin de vêtements. Il a fait ce témoignage à Muhammad Sabah, le 11 novembre 2009, dans son magasin.

"Je vis avec ma sœur dans le quartier Tel al-Hawa à Gaza. Depuis 15 ans, je possède un magasin de vêtements dans le centre ville.

"Je suis chrétien et tous les ans, à Noël et à Pâques, je me rends, avec des membres de la communauté chrétienne de Gaza, à la basilique de la Nativité à Bethléhem, pour prier et participer aux festivités. L’Eglise à Gaza organise notre voyage avec le bureau de liaison civile palestinien qui fait la demande auprès des responsables israéliens pour qu’on nous remette les permis nécessaires. Nous passons par le check-point d’Erez et nous allons ensuite à Bethléhem, prier, visiter les lieux saints, participer aux cérémonies, restant quelques jours le temps d’aller voir des parents et amis, puis nous revenons à Gaza. Cela m’apaise et me donne beaucoup de joie. Le voyage brise aussi la forte pression et la routine quotidienne épuisante qui sont les miennes ici. C’est comme un séjour dans une ambiance paisible et saine.

"Il y a deux ans, lors de l’une de mes visites à Bethléhem, j’ai rencontré grâce à des amis une jeune femme chrétienne de Bethléhem. J’ai discuté avec elle à plusieurs reprises et j’ai trouvé que nous avions beaucoup en commun et que nous nous accordions sur beaucoup de points. J’ai eu le sentiment qu’elle serait ma compagne pour la vie. Elle a conquis mon cœur et je me suis senti uni par l’amour avec elle, ce qui m’a rempli d’un sentiment agréable.

"Le 28 décembre 2008, alors que j’étais à Bethléhem pour Noël, nous nous sommes fiancés et avons décidé de nous marier en avril 2009.

"Alors que le jour du mariage approchait, j’ai présenté au bureau de liaison palestinien de Gaza une demande de permis pour moi et ma sœur Hanadi. Mais ma soeur fut la seule à obtenir le permis. Ma demande a été refusée et je ne pouvais me rendre à Bethléhem pour achever les préparatifs du mariage. J’ai alors présenté une demande pour permettre à ma fiancée de venir avec moi à Gaza, de sorte que nous puissions nous marier ici. Elle et sa mère ont obtenu l’autorisation d’entrer en Israël, mais pas à Gaza. En dépit du refus, elles se sont présentées au check-point d’Erez, mais là, on leur a refuser l’entrée à Gaza. En octobre 2009, ma fiancée et sa famille ont à nouveau déposé une demande pour entrer à Gaza afin que la cérémonie de mariage ait lieu ici.

"J’ai commandé tout ce qu’il fallait pour la cérémonie, depuis les invitations jusqu’aux habits. Mes amis et parents étaient impatients de participer à notre mariage, mais Israël a refusé la demande. L’intervention de l’Eglise n’y a rien fait. A cause du blocus de Gaza, personne n’obtient d’autorisation. Il est impossible d’en sortir et d’y entrer.

"La situation me laisse une sensation de tension et d’exacerbation. Je crains qu’ils ne laissent pas ma fiancée venir à Gaza et qu’ils ne me laissent pas aller à Bethléhem, et je ne sais si nous pourrons un jour nous marier. La communauté chrétienne de Gaza est très petite, et il n’y a presque pas de jeunes femmes. Je n’ai guère de chances de pouvoir me marier ici.

"Tout ce que nous voulons, c’est nous marier, pour vivre une vie paisible et élever des enfants."

http://www.btselem.org/English/Test...

traduction : JPP pour AFPS

Non-violence en Palestine ?

publié le jeudi 7 janvier 2010
Alain Gresh
Alors que l’on reparle d’un plan de paix américain, que Gilles Paris évoque sur son blog « Guerre ou paix » (« Un nouveau plan de paix américain ? », 4 janvier), les formes de lutte palestiniennes sont à nouveau en débat.

Une critique régulièrement adressée à la lutte palestinienne est le fait que son caractère violent lui aliène nombre de sympathies. Cela est évidemment flagrant quand les cibles visées par des militants palestiniens sont des civils israéliens. L’argument n’est pas nouveau et toutes les luttes d’émancipation ont été confrontées à ce dilemme.

Il est bien évident que le gouvernement israélien est le responsable premier de la violence en Palestine. Le droit d’user de la violence pour se libérer est aussi un droit légitime des peuples. Mais ce droit n’entraîne pas forcément la justesse du recours à la force. Il faut aussi que ce soit la meilleure arme pour la libération. L’est-elle pour les Palestiniens ?

Dans un récent article (30 décembre 2009) du quotidien Le Monde, « Arrestations en série de militants palestiniens en lutte contre la “clôture de sécurité” israélienne », Benjamin Barthe revient sur la lutte non violente contre le mur de la honte élevé par les Israéliens :

« Dans les territoires occupés, la silhouette de Jamal Juma passait rarement inaperçue. Corpulent, le front dégarni et le sourire aux lèvres, ce quadragénaire, coordinateur de “Stop the wall”, la campagne de protestation contre la barrière de séparation israélienne, se bagarrait sur tous les fronts. Dans les oliveraies de Bilin ou de Nilin, deux villages qui manifestent chaque semaine contre cet ouvrage qui confisque près de 10 % des terres de Cisjordanie ; sur la place des Lions de Ramallah, haut lieu de rassemblement de la société civile palestinienne ; et dans les consulats européens de Jérusalem-Est qu’il rappelait à leurs obligations en matière de défense des droits de l’homme. »

« Mais, depuis le 15 décembre, le rayon d’action de Jamal Juma s’est considérablement rétréci. Le cerveau de la résistance non violente contre le “mur de l’apartheid” ne bataille plus que devant le tribunal militaire de la Moskobiya, un centre de détention à Jérusalem-Ouest. »

« Arrêté par la police, il a rejoint derrière les barreaux une dizaine d’autres activistes, engagés dans le même combat que lui, détenus le plus souvent sans la moindre charge et victimes, selon leurs défenseurs, d’une politique d’intimidation délibérée de la part des autorités israéliennes. “Israël cherche à briser ce mouvement qui marque des points dans l’opinion publique internationale, dit Magda Mughrabi, de l’association de défense des prisonniers Addameer. Il s’agit à la fois de dissuader les gens d’aller manifester et de saboter le travail de sensibilisation qu’ils mènent à l’étranger.” »

(...)

« C’est au mois de décembre que le rythme des interpellations s’est accéléré. Cinq surviennent d’un seul coup à Naplouse, visant des militants associatifs. Le 10 de ce mois, peu avant Jamal Juma, c’est Abdallah Abu Rahma, autre pilier des cortèges de Bilin, qui est embarqué par l’armée israélienne. Parmi les charges retenues contre lui, outre le “jet de pierres” et le “jet de ballons remplis d’excréments de poulet” (sic), figure “la possession d’armes israéliennes usagées”. »

« Les dites armes sont les reliques des grenades assourdissantes et lacrymogènes, tirées par les soldats contre les villageois, puis ramassées par ceux-là et exposées en guise de témoignage de la violence exercée contre eux. A l’idée qu’il s’agit là d’un délit, Gaby Lasky, l’avocate d’Abou Rahma, réprime un fou rire : “Et c’est quoi la prochaine étape ? Faire payer aux manifestants le prix des balles qui sont tirées sur eux ?” »

Parfois, aussi, l’armée use de violence plus grave et des manifestants pacifiques ont aussi été tués.

La journaliste Amira Hass affirme que ce qu’Israël craint le plus, c’est le développement des luttes populaires : « Danger : Popular struggle », Haaretz, 23 décembre 2009.

« Au cours des derniers mois, les efforts (israéliens) pour réprimer la lutte ont augmenté. La cible : les Palestiniens et les Israéliens juifs qui ne veulent pas renoncer à leur droit de résister à la séparation démographique et à la suprématie juive. Les moyens : dispersion des manifestations avec des balles réelles, raids de l’armée en fin de soirée et arrestations de masse. Depuis le début de l’année, vingt-neuf Palestiniens ont été blessés par des tireurs de l’armée alors qu’ils manifestaient contre la barrière de séparation. Les tireurs d’élite ont tiré des balles “expansives”, malgré un ordre explicite de 2001 des autorités militaires de ne pas utiliser ces munitions pour disperser des manifestations. Après que les soldats ont tué A’kel Srour en juin, les tirs ont cessé, mais ont ensuite repris en novembre. » (...)

« Ce qui est dangereux dans la lutte populaire, c’est qu’il n’est pas possible de la qualifier de terroriste. (...) La lutte populaire, même si elle est limitée, montre que l’opinion publique palestinienne est en train d’apprendre de ses erreurs passées et de l’utilisation des armes, et elle offre des solutions de rechange que même les hauts fonctionnaires de l’Autorité palestinienne ont été obligés d’appuyer – au moins au niveau des déclarations publiques. »

« Yuval Diskin et Amos Yadlin, les chefs respectifs du service de sécurité du Shin Bet et du renseignement militaire, ont déjà exposé leurs craintes. Au cours d’une réunion d’information au gouvernement, ils ont expliqué : “Les Palestiniens veulent continuer et construire un Etat de bas en haut... et forcer Israël à un accord d’en haut. La sécurité actuelle en Cisjordanie et le fait que l’Autorité agit contre le terrorisme de manière efficace ont amené la communauté internationale à se tourner vers Israël et là lui demander de faire des progrès (dans les négociations).” »

« La répression brutale de la première Intifada, et la répression à balles réelles des premières manifestations non armées de la deuxième Intifada, ont prouvé aux Palestiniens que les Israéliens ne les écoutent pas. La répression a laissé un vide qui fut comblé par la glorification de ceux qui prônaient l’utilisation des armes. »

« Est-ce là ce que l’establishment sécuritaire et ses supérieurs politiques tentent de réaliser aujourd’hui, eux aussi, afin de nous soulager du fardeau d’un soulèvement populaire ? »

Parlant de ses négociations avec le gouvernement sud-africain et de ses demandes d’arrêter la violence, Nelson Mandela écrivait : « Je répondais que l’Etat était responsable de la violence et que c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense. » (Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, Livre de poche, p. 647.)

publié sur le blog du Monde diplomatique "Nouvelles d’Orient"

http://blog.mondediplo.net/2010-01-...

Les contrebandiers continuent leur trafic malgré le mur à Gaza

08/01/2010
La tension est montée à la frontière entre l'Égypte et l'enclave contrôlée par le Hamas, où un policier égyptien a été tué et cinq Palestiniens ont été blessés.
Tandis que la construction d'une barrière anti-tunnels par l'Égypte suscite de vives tensions à la frontière avec la bande de Gaza, les contrebandiers palestiniens continuent leur trafic comme si de rien n'était. Le calme est revenu à Rafah, à la frontière entre l'Égypte et l'enclave palestinienne de Gaza, au lendemain d'un échange de tirs qui a tué un policier égyptien et blessé grièvement cinq manifestants palestiniens. Ces derniers protestaient contre l'édification d'un mur métallique souterrain du côté égyptien, censé empêcher la contrebande des marchandises via des centaines de tunnels creusés sous la frontière.
Pendant des décennies, les contrebandiers de Gaza sont parvenus à déjouer toutes les tentatives israéliennes de détruire leurs tunnels. Et que l'Égypte s'y mette à son tour, en érigeant une muraille d'acier sous terre, ne les impressionne pas. Ils observent l'avancée de travaux de l'autre côté, en Égypte, où des grues enfouissent des poutres et des plaques de métal dans le sable, à 20 ou 30 mètres de profondeur. Ceux qui vivent du trafic des tunnels doutent que l'Égypte réussisse là où les bombardements israéliens ont échoué. Ils sont persuadés que l'Égypte n'ira pas jusqu'au terme des travaux, ou que les Palestiniens prendront des contre-mesures efficaces, comme d'ouvrir au chalumeau des trous dans la barrière.
En fait, seuls quelques tunnels, sur les centaines qui courent sous la frontière, ont été bloqués dans les secteurs les plus sablonneux par le mur égyptien. Afin que la barrière soit efficace, il faudrait qu'elle s'étende sur les 12 kilomètres de démarcation entre l'Égypte et Gaza. Pour Abou Antar, propriétaire de tunnels, « la muraille est un coup médiatique car il est impossible que les Égyptiens l'établissent tout le long de la frontière ». Othman, un autre gérant de tunnel, confie que « l'obstacle a d'ores et déjà été surmonté », sans autre précision.
Un réseau étendu de tunnels - creusés parfois à plusieurs dizaines de mètres sous terre, ventilés et éclairés à l'électricité - a commencé à opérer du temps où l'armée israélienne occupait la bande de Gaza (1967-2005) et contrôlait la frontière avec l'Égypte. Depuis le retrait de l'armée en 2005, puis l'instauration d'un strict blocus israélien contre Gaza, ce réseau s'est considérablement développé au point de devenir une artère économique vitale pour ce territoire surpeuplé et déshérité où vivent 1,5 million de Palestiniens. Le Hamas, qui exerce le pouvoir à Gaza, contrôle et taxe le trafic des marchandises. Il fait venir armes et argent via ses propres tunnels secrets.
Par ailleurs, des avions israéliens ont lâché hier, selon des témoins, des milliers de tracts sur la bande de Gaza avertissant ses habitants de rester éloignés de la frontière, après des tirs d'obus de mortier en direction de l'État hébreu. « Quiconque s'approche plus près que ça se trouvera en danger », indique le tract, écrit en arabe. Hier matin, plus de cinq obus de mortier tirés depuis la bande de Gaza sont tombés près de Kerem Shalom, en Israël, ne causant ni dommages ni victimes, a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne. Ces tirs ont entraîné la fermeture par Israël du point de passage de Kerem Shalom avec la bande de Gaza « jusqu'à nouvel ordre », indique le ministère de la Défense dans un communiqué.
Sur le plan humanitaire, un convoi international d'aide est entré mercredi soir dans la bande de Gaza après un long périple et des incidents avec la police égyptienne, a constaté un photographe de l'AFP. Le convoi est passé dans l'enclave palestinienne via la ville frontalière de Rafah, sous les applaudissements de milliers de personnes. Il est formé d'au moins 140 camions et voitures chargés de nourriture et de matériel médical en provenance d'Europe, de pays arabes et de Turquie, et dirigé par le député britannique George Galloway.
http://www.lorientlejour.com/category/Moyen-Orient+et+International/article/642945/Les_contrebandiers_continuent_leur_trafic_malgre_le_mur_a_Gaza.html