mercredi 16 septembre 2009

Les vedettes militaires sionistes visent des barques de pêcheurs palestiniens au sud de Gaza

[ 15/09/2009 - 22:10 ]
Gaza – CPI

Les vedettes militaires sionistes ont ouvert le feu, le matin de ce mardi 15/9, de leurs armes lourdes, sur les barques des pêcheurs palestiniens qui se trouvaient sur les plages de la mer de Tel Sultan dans la ville de Rafah au sud de la bande de Gaza.

Des sources locales ont dit que les vedettes militaires sionistes ont ouvert le feu sur les pêcheurs palestiniens, sans qu'aucune victime ne soit enregistrée.

De leur côté, les brigades d'Abou Ali Moustafa, la branche militaire du front populaire pour la libération de la Palestine, a annoncé que leurs résistants se sont accrochés avec une force spéciale sioniste dans la région de Saifa au nord de Beit Lahya (au nord de la bande de Gaza).


Journal d’un séjour en Iran

Eurasie :: Lundi, 14 septembre 2009
Journal d’un séjour en Iran

Début août, Christian Bouchet, rédacteur en chef adjoint de Flash Magazine, s’est rendu en Iran. Dans un court journal de voyage publié dans Flash Magazine, il témoigne de ce qu’il a vu.

1 août 2009, Shiraz.

Je suis maintenant sur la terre de l’antique empire perse depuis quatre jours et rien n’est comme je l’avais imaginé.

Quand j’ai annoncé à mes proches, début juillet, que j’avais l’intention de me rendre en Iran, pour juger sur pièce de la situation, les réactions ont été de deux types. Mes amis politisés n’ont pas caché qu’ils m’enviaient et qu’ils auraient aimé être à ma place. Les autres, en revanche, n’ont eu de cesse de me mettre en garde contre le danger inutile que je prenais, vu les circonstances, en me jetant volontairement dans ce qu’ils considéraient comme la gueule du grand méchant loup… Pour eux, je risquais bien de connaître le même sort que Clotilde Reiss, voire pire. Les Conseils aux voyageurs figurant sur le site du Ministère français des Affaires étrangères allait dans le même sens et insistaient sur le fait que « dans les circonstances actuelles, il est recommandé de surseoir à tout voyage non essentiel en Iran. Cette recommandation s’applique aussi bien aux voyages d’affaires qu’aux voyages touristiques. Les services de sécurité sont en effet très suspicieux à l’égard des contacts avec la population, notamment avec les milieux universitaires et étudiants, qu’ils observent avec attention, et à l’égard des prises de photographies. »
Bien que n’ignorant pas ce que la Propaganda Staffel occidentale peut générer comme désinformation, et bien qu’ayant, naturellement, un a priori favorable pour l’Iran résistant de Mahmoud Ahmadinejad, j’ai donc pris le vol de la KLM Amsterdam-Téhéran avec une certaine perplexité et une légère inquiétude… En tous cas, je n’imaginais nullement à ce que j’allais découvrir : une réalité en tout point différente de l’image que les médias du Grand Occident nous délivrent.

Soixante-douze heures pour parcourir Téhéran, des quartiers bourgeois des contreforts des monts Alborz à ceux populaires sis au sud, c’est bien peu. Mais c’est cependant suffisant pour se faire une idée assez juste.

Ce qui frappe, tout d’abord, c’est le modernisme général des voies de circulation, de l’architecture, des boutiques, des restaurants. Le dépaysement quand on se promène dans les rues est faible, bien moindre que celui que l’on éprouve à Istanbul ou à New Delhi, on pourrait par certains côtés se croire à Madrid… si ce n’était le dress-code islamique qui impose le port du tchador.

A la lecture des journaux je m’étais imaginé des femmes strictement couvertes, ne laissant voir aucune mèche de cheveux. J’avais lu, dans les articles de Delphine Minoui, la correspondante du Figaro à Téhéran, qu’une police des mœurs veillait au grain et pourchassait les femmes « mal voilées » et les couples d’amoureux. Mais où donc est cette police ? Les femmes « mal voilées », maquillées, laissant voir une très grande partie de leur chevelure a peine dissimulée sous un élégant châle, sont légion, les couples de jeunes sont nombreux eux aussi et à Darband, au bord d’un ruisseau qui dévale des monts Alborz, tout semble organisé pour la drague et la séduction… Je fais part de mon étonnement à mon chauffeur qui sourit et me précise que cette police n’est plus active depuis plusieurs années… De cela, la miss Minoui a oublié de nous avertir !

Il est vrai que les journaleux au service du Grand Occident peuvent écrire n’importe quoi, personne n’ira vérifier leurs dires : il n’y a ici presque aucun occidental de passage et les seuls touristes que je rencontre sont … irakiens !

Ils peuvent aussi écrire ce qu’ils veulent sur les rassemblements de l’opposition, personne n’ira les contredire. Or, en rentrant à mon hôtel, hier en fin d’après-midi, je suis pris dans un embouteillage. Nous sommes vendredi, les partisans de Moussavi ont appelé à une manifestation dans le centre de la capitale et, par un heureux effet du hasard, je suis dans les premières voitures immobilisées par celle-ci. Comparé à ce qui est habituel en France, il y a peu de policier et ils sont très légèrement équipés. Il faut dire que les manifestants, majoritairement des jeunes, ne sont pas très nombreux non plus. Je les estime à cent cinquante, au maximum à deux cents… C’est moins que rien quand on sait que douze millions d’habitants vivent dans l’agglomération. Je comprends alors pourquoi tous les reportages télévisés sont faits en plans très serrés. Agitant des banderoles vertes, ils bloquent un carrefour qui est à quelques dizaines de mètres, les voitures klaxonnent, certains chauffeurs commencent à s’énerver. Soudain arrivent des « voltigeurs » monté sur des motos de type trial – un policier conduit, un autre muni d’une longue matraque est assis à l’arrière – ils ne font pas dans le détail et frappent de bon cœur les manifestants qui s’enfuient. Les motards les poursuivent, y compris sur les trottoirs. C’est fini, la manifestation est dispersée et la circulation reprend. Le lendemain, sur internet, je lis le compte-rendu qu’en font les agences occidentales : d’une échauffourée insignifiante, qui montre une incontestable indifférence de la population, elle font un symbole de résistance…

2 août 2009, Yazd.

Il fait 43° à l’ombre…

J’ai tenu à venir ici pour visiter la plus importante communauté zoroastrienne encore existante en Iran. Ses membres maintiennent en vie la religion révélée cinq siècles avant notre ère par Zarathoustra. Ils vénèrent le feu, symbole de Dieu, et entretiennent dans la pénombre de leurs lieux de culte des flammes éternelles. Celle qui brûle dans le temple de Yazd a été allumée il y a 1539 ans !

A l’extérieur de la ville, je visite leurs « tours du silence ». Leur religion leur interdisant de souiller les éléments, les zoroastriens ne peuvent ni enterrer ni incinérer leurs morts, ils les abandonnaient donc aux vautours dans des tours sises en haut de collines. En Inde, à Bombay, cela se pratique toujours. Ici, les lieux sont désaffectés depuis que Reza Pahlavi, en 1962, les ait obligés de se plier à la règle commune en matière d’inhumation.

Les lieux sont mal entretenus, les monuments récemment restaurés ont été vandalisés et tagués. Alors que les autres sites historiques que j’ai visités jusqu’alors étaient gardés et dans un état parfait, celui-ci est à l’abandon. On sent que la protection des vestiges du passé païen de l’Iran ne motive guère les autorités…

3 août 2009, Ispahan.

J’ai pris une chambre à l’Isfahan Kowsar International Hotel, un cinq étoiles admirablement situé. Il est bondé. Mais dans ses couloirs, ce ne sont pas des iraniens fortunés que je croise mais des mutilés de guerre et leurs proches, des gens simples voire très simples, des familles de paysans et d’ouvriers. Que font-ils là ? Ils bénéficient d’une semaine de vacances, tous frais payés, qui leur est offerte par la Fondation des martyrs, structure qui a été créée en 1980 pour prendre en charge les anciens combattants, les invalides de guerre et leurs familles. La Fondation a investi ses fonds dans l’industrie et le commerce et est devenue richissime. Les bénéfices qu’elle génère sont largement redistribués aux victimes de la guerre Iran/Irak. Comme les familles de ceux-ci bénéficient encore d’autres avantages en matière de service militaire et d’accès à l’université, je découvre que les anciens combattants et les parentèles des soldats tombés au front sont jalousées…

En me promenant en ville, je suis surpris de trouver sa population encore plus moderne qu’à Téhéran. Les looks les plus improbables se rencontrent dans la jeunesse : techtoniques, punks (ont des « iroquois »), etc. Je vois même un rocker avec une « banane ». Au restaurant, le soir, je constate que les deux tiers des tables sont occupées par des femmes sortant « entre copines », elles rient, se prennent en photo avec leurs portables. Est-ce ainsi que se manifeste l’oppression des femmes par les Mollah ?

Rentrant à l’hôtel, après le dîner, je rencontre une nouvelle manifestation : une cinquantaine de jeunes tentent ici aussi de bloquer un carrefour, la police arrive, ils se dispersent. C’est tout. Ce n’est qu’en regardant la télévision un peu plus tard que je comprends la raison de cette sporadique agitation : le guide Ali Khamenei vient de confirmer la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.

Je termine ma journée au café internet. La connexion est de qualité et ne coûte quasiment rien. Je consulte ma messagerie, intervient sur quelques fora, met à jour plusieurs sites auxquels je participe. Tout fonctionne pour le mieux. En revanche, impossible d’accéder à Facebook. L’employée à qui je m’en plains me répond que c’est normal, le gouvernement filtrant son accès car, me dit-elle, « les USA et la Grande-Bretagne l’utilisent pour répandre de fausses nouvelles dans le pays. »

6 août 2009, Qom.

Pour faire le trajet Ispahan-Qom, comme précédemment celui Shiraz-Ispahan, j’ai en grande partie emprunté une autoroute d’excellente facture. Comme en France elle était payante (du moins sur certains tronçons) et si la police y était présente c’était pour vérifier le port de la ceinture et sanctionner les excès de vitesse à l’aide de radars…

La dite autoroute passe à quelques dizaines de mètres de la centrale nucléaire de Natanz. Celle-ci, défendue par des canons anti-aériens et protégée par un merlon de terre, est bien visible de la route et je m’étonne dans ces conditions que Wikipedia, source d’information habituellement fiable et abondamment reprise, puisse évoquer une « installation nucléaire secrète »… Je note qu’il n’est même pas interdit de s’arrêter sur le parking qui en face de la centrale ni de prendre des photos. Question de base secrète on a décidément connu mieux !

A Qom, un officiel de second range me reçoit. C’est mon premier contact avec un membre de l’appareil du régime, et ce sera le seul, mon voyage étant une expédition de découverte organisée par mes soins de manière toute à fait indépendante. Nous échangeons quelques idées. Il a l’habitude de rencontrer des occidentaux et avant que je formule le fond de ma pensée, il me dit : « Je sais ce que vous allez me dire, tous les Européens que je reçois me disent la même chose : l’Iran que j’ai découvert n’a rien à voir avec ce que les médias m’avaient fait croire ». Il a parfaitement raison. J’abonde dans son sens et je lui fait remarquer que le fait que je puisse être abusé partiellement sur la réalité, en dit long sur le niveau de désinformation qui peut être obtenu chez le citoyen occidental lambda.

8 aout 2009, aéroport Imam Khomeini, zone internationale.

J’ai terminé mon séjour par une dernière journée à Téhéran.
Occasion de visiter la maison de l’Imam Khomeini… Une maison ? Une bicoque presque de guère plus de 40 m2. Les lieux sont restés dans l’état dans lesquels ils étaient lors de son décès. L’homme qui par son action a renversé la dynastie Pahlavi, célèbre pour son goût du luxe, a vécu la fin de sa vie dans un lieu dépouillé, simple et pauvre…

Après la maison de l’Imam, son mausolée. Là on change du tout au tout. Les pierres tombales de Khomeini, ainsi que ceux de son épouse et de ses fils occupent un coin d’un immense espace couvert (quatre ou cinq mille mètres carrés peut-être) qui tient du caravansérail. Tandis qu’à proximité du cénotaphe certains prient et font de conséquentes offrandes monétaires (la couche de billets de banques qui recouvre le sol près du tombeau dépasse les 50 centimètres), dans le reste de la grande halle des enfants jouent, des hommes font la sieste, des groupes devisent… Quand je quitte le mausolée, à la nuit tombée, je découvre que ses parkings sont devenus un gigantesque campement de pèlerins.

Avant de passer en zone d’embarquement, un policier vérifie mon passeport. En douze jours de voyage c’est mon second contrôle. C’est sans doute cela la suspicion contre laquelle me mettait en garde mon gouvernement. J’avoue qu’en matière d’État policier j’ai connu mieux !

J’ai maintenant un peu de temps pour réfléchir avant mon vol de retour. En dressant un bilan, je constate que deux faits m’interpellent tout particulièrement. Tout d’abord, ayant pu juger sur pièce de la désinformation concernant l’Iran, il a été très troublant pour moi de constater que, malgré ma sympathie pour la République islamique et ma connaissance des stratégies médiatiques de la propagande occidentale, j’avais été contaminé et partiellement abusé par elle… Ensuite, il me revient le souvenir de notre enthousiasme de 1979 : activistes NR et évoliens avions alors cru que la Tradition venait de remporter une victoire sur le monde moderne. En fait il n’en fut rien. Ce qui venait de triompher c’était une troisième voie, c’était, et cela reste, fort sympathique, la victoire d’un peuple qui se dressait contre l’impérialisme yankee, mais ce ne fut pas la mise en œuvre d’une vue du monde traditionaliste… La république iranienne est actuellement un pays qui résiste à l’Empire du mal, elle est sans aucun doute plus traditionnelle que nos décadentes sociétés d’Occident, mais là aussi le sel ronge l’acier, et il suffit de voir la jeunesse pour se dire qu’à terme, comme partout, c’est le monde moderne, le kali yuga, qui va triompher.

Photo : Téhéran, dans un club de musculation traditionnel

http://www.geostrategie.com/1980/journal-d’un-sejour-en-iran

Comment Israël décide-t-il à qui délivrer des visas pour Ramallah ?

mardi 15 septembre 2009 - 06h:08

Amira Hass - Haaretz


Sven Ouzman, un archéologue de 39 ans d’Afrique du Sud, a enfreint six fois les conditions de son visa « Autorité palestinienne seulement » en empruntant involontairement, et faute de choix, des routes sous contrôle israélien entre les enclaves de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.

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Amira Hass

Ouzman, qui assistait à une conférence du congrès archéologique mondial à Ramallah le mois dernier, était en retard pour une conférence qu’il devait donner le 9 août au soir. Il était arrivé au Pont Allenby le samedi matin 8 août, après être passé par le contrôle des passeports du côté jordanien et avoir pénétré dans la zone sous contrôle israélien ; toutefois, les employés de l’Autorité des aéroports d’Israël ont exigé qu’il revienne le lendemain. Quand il leur a demandé pourquoi « ils ont été très grossiers et ont refusé de répondre » a dit Ouzman par téléphone cette semaine depuis l’Afrique du Sud.

Des connaissances lui ont dit plus tard qu’ un tel arbitraire est normal du côté israélien. Ouzman est rentré à Ammân pour la nuit. Le lendemain matin il a passé 2 heures du côté jordanien et puis 9 heures du côté israélien. « C’est alors qu’a commencé un long processus : va là-bas, viens ici, beaucoup de questions que je trouvais blessantes et de longues attentes, surtout des attentes » a dit Ouzman.

Ouzman est professeur au département d’ethnographie et d’archéologie de l’université de Pretoria et enseigne également l’archéologie en prison. Il a dit qu’ au passage du pont Allenby, il a repensé à une leçon d’anthropologie qu’il avait apprise à l’occasion de ses cours en prison, à savoir que les autorités cassent intentionnellement la monotonie et crient sur les prisonniers pour les désorienter. Il prétend que c’est ce qui se passe à la frontière contrôlée par Israël.

« Ils sont tous très jeunes. Vous vous demandez quelle formation ils ont reçue ; vous ne pouvez pas vous fâcher sur eux, ils ne font qu’obéir aux ordres » a dit Ouzman.

À un moment donné, Ouzman a montré aux fonctionnaires du Pont Allenby son invitation à la conférence d’archéologie et leur a donné le numéro de téléphone d’un des organisateurs, Adel Yahya de Ramallah. Les employés ont appelé Yahya et lui ont demandé la liste des participants à la conférence. Dix conférenciers (sur environ 20) étaient arrivés via Allenby, dont trois de nationalité turque. Deux des ressortissants turcs se sont vu refuser le passage a dit Yahya et le troisième a reçu un visa « Autorité palestinienne seulement ». Un conférencier portugais invité a également reçu le tampon « Autorité palestinienne seulement ». Ces deux personnes, de même que Ouzman, n’ont pas pu participer à la visite guidée de Silwan à Jérusalem avec l’archéologue Rafi Greenberg.

Quand Haaretz a demandé pourquoi certains visiteurs reçoivent des visas ordinaires, tandis que d’autres reçoivent le visa estampillé « Autorité palestinienne seulement » les questions sont restées sans réponse.

Ouzman a abrégé son voyage de deux jours à cause de son visa restrictif. Toutefois, dans certains cas, le préjudice est beaucoup plus important : le visa "Autorité palestinienne seulement" a ruiné le travail de recherche de L., chercheur britannique qui avait passé l’été à l’université de Beir Zeit.

L. a reçu, de l’administration civile, un visa d’un jour pour Israël et il a pris rendez-vous au ministère de l’intérieur à Jérusalem afin de demander un visa ordinaire. « Une fois que le l’employé [du ministère de l’intérieur] a remarqué que mon visa disait « Autorité palestinienne seulement » elle a hurlé que je ne devrais pas être en Israël et m’a crié dessus pour être entré sans visa. J’ai essayé d’expliquer que c’est la raison pour laquelle j’étais là et que j’avais du travail à faire en Israël ainsi qu’en Cisjordanie. Elle ne m’a pas écouté et elle m’a dit en colère que je devais partir et retourner en Cisjordanie.

L. a dit à l’employée qu’il avait un visa d’un jour et qu’il venait dans ce pays est au moins deux fois par an et qu’il avait toujours reçu un visa ordinaire. L. dit que l’employée, toujours en colère, a parlé avec quelqu’un au téléphone.

« Elle m’a alors dit que selon [son supérieur] je ne devrais pas être en Israël parce que je n’avais pas le visa approprié et que si j’insistais auprès du ministère pour obtenir un visa complet, je pouvais le faire, mais qu’on me refuserait le visa sur place » a dit L.

Le ministère de l’intérieur a dit qu’il n’a pas de représentant au passage du Pont Allenby.

L’Autorité des aéroports d’Israël : « les employés de l’Autorité des aéroports s’en tient aux directives tout en maintenant la dignité des voyageurs et en leur prodiguant un service de qualité appropriée. L’Autorité supervise les employés par le biais de différentes méthodes. Les tampons sont délivrés uniquement par les superviseurs à la frontière (ceux-ci ne sont pas employés par l’Autorité)".

Le service d’aide aux négociations, qui conseille le département des négociations de l’OLP, a préparé un document de position sur la politique israélienne en matière de visas qui a été envoyé aux consulats et aux missions étrangères. La position dit : « les Etats tiers dont les ressortissants sont exposés à de telles politiques illégales ont l’obligation de protester une fois que les faits leur sont communiqués et que leurs ressortissants leur demandent de réagir ou de prendre des mesures. Faute de présenter leurs objections, les Etats tiers laisseront entendre qu’ils acceptent les actes illégaux d’Israël en violation de leur devoir de ne pas reconnaître [de tels actes].

8 septembre 2009 - Ha’aretz - Cet article peut être consulté ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens

Le parlement brésilien recommande le gel de l’accès d’Israël au troisième marché d’exportation mondial

mardi 15 septembre 2009 - 19h:13

PNN



« Cette décision porte un coup énorme à l’économie et aux relations extérieures israéliennes » dit Jamal Juma’ de la campagne « Stop the Wall ».

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Photo : de gauche à droite pendant l’audition publique : Daniel Jadue, Arlene Clemesha, le Député Marcondes Gadelha (PSB) qui a demandé l’audition publique, dr Rosinha (PT), président du Parlement Mercosur au moment de la signature de l’accord. photo : Luiz Alves.

La Commission parlementaire brésilienne des affaires étrangères et de la défense nationale a recommandé que le Parlement ne ratifie pas l’accord de libre-échange entre Mercosur et l’État d’Israël jusqu’à ce que « Israël accepte la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 ».

Cette décision est une pression explicite sur le gouvernement israélien pour qu’il se conforme au droit international. Elle fait pièce aux années de constantes pressions israéliennes poussant à la ratification de l’accord par le Parlement.

La Palestinian Grassroots Anti-Apartheid Wall Campaign (Campagne palestinienne de la base contre le mur de l’apartheid) et le Palestinian Boycott Divestment and Sanctions National Committee (BNC)* (Comité national palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions), ont fait une déclaration commune aujourd’hui dans laquelle ils présentent l’appel par le parlement brésilien en faveur du gel de l’accord de libre échange entre Israël et Mercosur.

Cette décision porte un coup énorme à l’économie et aux relations extérieures israéliennes. La décision est une pierre d’achoppement de taille empêchant l’établissement de l’accord qui, depuis sa signature en 2007, a été bloqué faute de sa ratification par les pays membres de Mercosur. Mercosur est un des marchés qui se développe le plus rapidement dans le monde où son économie occupe la cinquième place. Les exportations israéliennes vers Mercosur se sont chiffrées à près de 600 millions de dollars en 2006.

Israël s’est investi fortement pour faire approuver l’accord, et a concentré ses efforts particulièrement sur le Brésil, principale économie de Mercosur dont il est le plus puissant acteur politique. À lui seul le Brésil, même sans l’accord de libre-échange (ALE), est le troisième marché d’exportation israélien. En 2005, Ehud Olmert, à l’époque ministre du commerce, s’est rendu au Brésil pour obtenir l’appui du Président Lula en faveur de l’accord. Il y a un peu plus d’un mois, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est rendu au Brésil pour demander instamment la ratification de l’accord.

Depuis le début des négociations de l’ALE, les sommets de la société civile de Mercosur ont rejeté le marché commercial. Au nom du Comité BDS national palestinien (BNC), la Campagne palestinienne de la base contre le mur d’apartheid a travaillé avec des intellectuels, des mouvements sociaux, des partis et des hommes politiques brésiliens afin de bloquer la ratification de l’ALE. Le front pour la défense du peuple palestinien et le front parlementaire contre la ratification de l’ALE ont été formés pour appuyer l’appel palestinien contre l’ALE. En janvier, le BNC a remis une lettre au président Lula.

À la suite de cette lettre, la commission a accepté de tenir une audience publique avant de passer au vote hier.

Oscar Daniel Jadue, vice-président de la fédération palestinienne du Chili, a appelé au rejet de la loi. Il a argué que la ratification de l’accord viole le droit international et profite à un pays qui ne respecte pas les droits humains des Palestiniens.

« Je vous invite à réfléchir sur cette mesure qui récompenserait le gouvernement israélien et ouvrirait le marché latino-américain à un pays qui anéantit le peuple palestinien » a dit Jadue.

Arlene Clemesha, professeure d’histoire arabe à l’université de Sao Paulo et membre du réseau de coordination des Nations unies pour la Palestine, a plaidé contre le geste symbolique que représente la ratification de l’accord qui exclurait la production des colonies. Celle-ci, a-t-elle prévenu, est impossible à identifier puisque par le passé, Israël a commercialisé les produits des colonies comme étant des produits israéliens. Au lieu de cela, a-t-elle dit, pour que l’on s’achemine vers la paix, il faut que des forces internationales obligent Israël à mettre fin à l’occupation militaire des territoires palestiniens.

Les membres de la Commission parlementaire se sont dits d’accord avec Clemesha et Jadue et ont recommandé le gel de l’accord comme moyen de pression politique.

« Ce sera une modeste contribution, mais elle est spécifique. L’accord ne sera valable que s’ il est approuvé par les pays membres de Mercosur. Comme l’Uruguay l’a déjà approuvé, nous collaborerons avec l’Argentine et le Paraguay. Le gouvernement Lula a été courageux et il a dit publiquement que l’accord est gelé jusqu’à la reprise des négociations de paix » a déclaré M. Nilson Mourão (PT-AC).

Jamal Juma’, coordinateur de la Campagne palestinienne contre le mur d’apartheid a ajouté :

« Après des années de campagne, nous sommes extrêmement heureux de cette décision. C’est une victoire majeure qui n’a été possible que grâce à l’appui important et déterminé de la société civile au Brésil ».

Il a poursuivi : « cette décision a montré que les gouvernements démocratiques d’Amérique latine sont des alliés de la justice et sont prêts à prendre une position intègre au sujet de la Palestine en dépit des pressions de la part des Israéliens. La délégation Liebermann a essayé de faire croire au Brésil qu’il pourrait devenir un « médiateur » dans la région s’il se montrait « impartial » et soutenait les intérêts israéliens auprès de l’ALE. Toutefois les hommes politiques brésiliens ne sont pas tombés dans ce piège.

Juma’ a ajouté « nous demandons maintenant à l’OLP et à l’Autorité nationale palestinienne de faire en sorte que le « non » à l’ALE soit une priorité dans leur politique étrangère régionale ».

La lutte contre l’ALE n’est pas finie ; le projet sera encore analysé par les Commissions du développement économique et du Commerce et de l’industrie ainsi que par le Parlement. Le projet sera ensuite envoyé au Sénat. Toutefois il est peu probable que la décision d’hier soir soit renversée et le processus de ratification de l’ALE par le Brésil et d’autres pays du Mercosur est devenu un instrument de pression efficace sur Israël.

*les membres actuels du BNC sont : Palestinian Non-Governmental Organizations Network (PNGO), Occupied Palestine and Golan Heights Advocacy Initiative (OPGAI), Grassroots Palestinian Anti-Apartheid Wall Campaign (Stop the Wall), Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI), Council of National and Islamic Forces in Palestine, Palestinian General Federation of Trade Unions (PGFTU), General Union of Palestinian Workers, Global Palestine Right of Return Coalition, Federation of Unions of Palestinian Universities’ Professors and Employees, General Union of Palestinian Women (GUPW), Charitable Organizations Union, Independent Federation of Unions - Palestine (IFU), Palestinian Farmers Union (PFU), National Committee for the Commemoration of the Nakba, Civil Coalition for Defending the Palestinians’ Rights in Jerusalem, Coalition for Jerusalem, Union of Palestinian Charitable Organizations, Palestinian Economic Monitor, Union of Youth Activity Centers - Palestinian Refugee Camps (UYAC)

12 septembre 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.pnn.ps/index.php?opt...
Traduction : Anne-Marie Goossens

A Haut Nazareth

Palestine 48 - 16-09-2009
Par Ilan Pappe
Officiellement, aucun Palestinien ne vit dans la «ville juive» du Haut-Nazareth. L’élégant site internet de la ville n’est diffusé qu’en hébreu et en russe. Quand j'étais là-bas récemment, j'ai appelé un porte-parole pour lui poser une question sur les chiffres mais il n’a pas voulu me donner de réponse claire.
« Je suis devant une maison où il est écrit au-dessus de la porte, en arabe coranique : "Il n'y a de pouvoir qu'en Dieu" ai-je dit. « Et je sais que deux Palestiniens font partie du conseil de votre ville. »
« Nous ne disposons toujours pas d'informations suffisantes sur les chiffres », fut la réponse.





















Vue générale de Nazareth, encerclée par les colonies.


En fait, selon l'Association Arabe pour les Droits de l'Homme, 20% des habitants de la ville sont Palestiniens. La plupart d’entre eux sont venus de la ville surpeuplée du vieux Nazareth en bas de la colline et des villages environnants. Certains d'entre eux ont dû payer jusqu’à 500.000 Livres pour une maison, soit trois fois la valeur du marché. Les gens qui vendent sont des immigrants russes qui se rapprochent de Tel Aviv.

Il n'y a pas d'écoles ou de jardins d'enfants palestiniens, donc les routes entre Nazareth et le Haut-Nazareth sont bondées aux heures de pointe. Mais les 20% de non-existants sont représentés au sein du Conseil et, Israël étant Israël, les deux conseillers palestiniens sont dans une coalition bizarre avec le parti d’extrême-droite d'Avigdor Liberman. Le maire a eu besoin de leur aide afin de vaincre le parti travailliste. Ils ont exigé, et obtenu, la promesse d'une construction d’une école arabe dans le Haut-Nazareth.

Le maire n'en est pas moins attaché à la 'judaïsation' - à savoir la dé-arabisation - de sa ville, et Liberman a déclaré en août que l'arrêt de l'immigration des Arabes à Nazareth était, selon ses termes, une priorité nationale.

La ville a été construite dans les années 1950. David Ben Gourion était scandalisé par la présence d’autant d'Arabes en Galilée quand il a visité la région en 1953, quelques jours avant de se retirer pendant un an et demi de son mandat de Premier ministre. Il a nommé le directeur général du Ministère de la Défense, Shimon Peres, pour « judaïser la Galilée » en utilisant lesRègles d’Urgence qui permettaient à l'armée de confisquer les terres aux Palestiniens. Le Haut-Nazareth a ouvert en 1957, et des hauts officiers de l'armée y étaient cantonnés.

La zone couverte par le Haut-Nazareth a quadruplé depuis sa création. Chaque expansion s’est faite sur des terres expropriées à des Arabes. Ses 50.000 habitants vivent dans un espace urbain dynamique qui est en constante progression et développement.

Les 70.000 Palestiniens du vieux Nazareth vivent dans une ville dont la surface ne représente que la moitié de celle du Haut Nazareth et qui n'est pas autorisée à s’étendre sur un seul mètre carré de plus : en effet, l'une de ses collines ouest a été récemment réquisitionnée pour le Haut-Nazareth.

Les villages autour de Nazareth ont d'abord été visés par le plan de judaïsation de 1976 d’Yitzhak Rabin, Yehud Ha-Galil. Dans le grand Nazareth, la principale stratégie était de perturber la continuité géographique naturelle entre les villages palestiniens en créant des coins juifs entre eux.

Les Juifs sont venus, mais les Palestiniens ne partaient pas, donc une deuxième vague de judaïsation a commencé en 2001, sous Peres et Ariel Sharon. Ca n’a pas très bien réussi non plus ; les Juifs préféraient vivre à Tel-Aviv.

La tentative actuelle est motivée par l'échec des politiques antérieures pour rendre juive la Galilée, en général, et Nazareth, en particulier. Les gens et les économies fonctionnent de façon mystérieuse : les Palestiniens aisés ont commencé à acheter des maisons dans la citadelle qui a été construite pour les expulser. Benjamin Netanyahu considère cela comme une grave menace à la sécurité nationale d'Israël.

Les politiciens locaux sont encore plus directs. « Si nous perdons la majorité juive en Galilée, c'est la fin de l'État juif », a déclaré récemment Motti Dotan, un membre du Parti travailliste. « J’aimerais imaginer une Galilée sans Arabes : pas de vols, pas de crimes. . . nous aurions une vie normale. »
L'état d'esprit raciste en Israël exonère le gouvernement de toutes les inhibitions qui ont limitées ses actions dans le passé.

Maintenant, on fait appel à des écologistes, des industriels et des universitaires. Le Fonds National Juif se cache derrière l'initiative, avec la Société de Protection de la Nature en Israël.
L'objectif de diminuer la présence palestinienne en Galilée, est aussi pleinement approuvé par le prestigieux Syndicat des producteurs de vins israéliens, qui a adopté un plan préparé par des universitaires de renom de l'Institut israélien de Technologie.
Publié en 2003, le plan appelle à la reprise de la Galilée par les Juifs. « C'est eux ou nous », commence-t-il.
« Les problèmes de terre en Galilée ont montré que tout territoire qui n'est pas pris par des éléments sionistes sera très convoité par les non-sionistes ».

L'essentiel de ce qu'ils proposent, c’est de saisir les terres d'importance stratégique par la force et de les conserver jusqu'à ce que des Juifs s'y installent.
Le directeur général de l'AMPA, un électricien, a récemment déclaré que son entreprise fabriquait maintenant non seulement des réfrigérateurs, mais qu’elle soutenait également activement la "judaïsation de la Galilée" en construisant de nouvelles communautés dans la région pour les anciens ouvriers d’AMPA. « Nous n'avons pas honte de dire que nos plans ont un élément sioniste ».

Le village palestinien d'Ayn Mahil, à l'est de Nazareth et à proximité du Haut Nazareth, n’est désormais accessible que par un seul chemin, et il passe par un quartier religieux juif du Haut-Nazareth : le jour du Grand Pardon, les gens d’Aïn Mahil ne peuvent pas quitter ou entrer dans leur village.

Ils seront bientôt encerclés par une nouvelle ville appelée Chaharit (qui signifie "aube" en hébreu, mais c'est aussi le nom de la première prière juive de la journée). Dix mille juifs ultra-orthodoxes vont y être installés et on espère qu'ils vont corriger l’équilibre démographique "défavorable", et qu’ils sépareront Aïn Mahil de la région de Nazareth.

Les anciennes oliveraies du village ont été arrachées pour la préparation des travaux de construction. Un nouveau réseau routier fera en sorte que d'autres villages seront séparés les uns des autres et de Nazareth.

En vertu des pouvoirs d'urgence qui lui avaient été accordés en tant que ministre des infrastructures nationales dans les années 1990, Sharon avait ordonné la construction d'un nouveau site industriel, Ziporit, sur des terres confisquées aux Palestiniens et à proximité de plusieurs villages.

Ziporit comprend une usine de verre et une usine d'aluminium; or selon le droit international, aucune de ces usines ne peut être construite à proximité d’un lieu d’habitation.

Le plus proche de ces villages est Mashad : depuis l'ouverture du site, le nombre de décès de cancer a augmenté de 40 pour cent.
Traduction : MG pour ISM

L'attitude de Netanyahu entrave le processus de paix (OLP)

LE CAIRE, 15 septembre - RIA Novosti. L'attitude du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui persiste à élargir les colonies juives à Jérusalem et en Cisjordanie, torpille les efforts de l'administration américaine en vue de relancer le processus de paix, a déclaré mardi le responsable palestinien Saïb Arikat.

"Si M.Netanyahu ne change pas d'attitude, il n'y aura ni rencontres, ni négociations", a averti M.Arikat, délégué de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) aux négociations avec Israël, sur la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazeera.

M.Netanyahu a déclaré lundi qu'Israël rejetait la demande de gel total de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-est réclamé par les Etats-Unis et la communauté internationale, mais pouvait envisager une réduction de son ampleur pour un délai limité dans l'intérêt de la reprise des négociations.

En outre, a indiqué M.Arikat, le premier ministre de l'Etat hébreu a pratiquement exclu Jérusalem du processus de négociations.

Selon le responsable palestinien, il est nécessaire que l'administration du président américain Barack Obama essaie de persuader M.Netanyahu

de remplir les engagements d'Israël dans le cadre de la "feuille de route", plan de règlement international impliquant l'arrêt total de la colonisation.

"Si M.Obama ne sait pas persuader M.Netanyahu de cesser d'élargir les colonies de peuplement juives, cela se soldera par la perte de la crédibilité du président US dans le monde arabe", est persuadé M.Arikat.

Mardi, M.Netanyahu a rencontré l'émissaire du président américain George Mitchell pour discuter des obstacles à la reprise des négociations palestino-israéliennes suspendues après l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Netanyahu en Israël. Le soir du même jour, M.Mitchell se rend à Ramallah pour rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Les colonies juives en Cisjordanie sont le principal obstacle à la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens.

L'Autorité palestinienne refuse de revenir à la table des négociations tant que les Israéliens élargiront leurs implantations en Cisjordanie.

http://fr.rian.ru/world/20090915/123117655.html

Gaza : L'ONU a des preuves de crimes de guerre commis par les deux côtés

Richard Goldstone.

15 septembre 2009 – La Mission d'établissement des faits sur le conflit à Gaza au début de l'année 2009 a des preuves que les forces israéliennes et les militants palestiniens ont commis de graves crimes de guerre et des infractions au droit humanitaire qui pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité.

« Nous sommes arrivés à la conclusion, sur la base des faits que nous avons réunis, qu'il y a de solides preuves établissant que de nombreuses violations graves du droit international, à la fois du droit humanitaire et des droits de l'homme, ont été commises par Israël lors des opérations militaires à Gaza », a déclaré le chef de la mission, le Juge Richard Goldstone, lors d'un point de presse mardi au siège des Nations Unies à New York. « La mission a conclu que des agissements pouvant constituer des crimes de guerre et peut-être, dans une certaine mesure, des crimes contre l'humanité, ont été commis par les forces de défense israéliennes », a-t-il ajouté.

La mission a également estimé qu'il « n'y avait pas de doute que les tirs de roquettes et de mortiers (par les groupes armés de Gaza) étaient délibérés et destinés à causer des pertes en vies humaines, faire des blessés parmi les civils et entraîner des dégâts aux infrastructures civiles. La mission a conclu que ces agissements constituaient également de graves crimes de guerre et peut-être des crimes contre l'humanité ».

Le rapport de 575 pages rédigé par la mission composée de quatre membres a été publié mardi, avant sa présentation devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève le 29 septembre.

« La mission conclut que le comportement des forces armées israéliennes constitue une grave violation de la quatrième Convention de Genève concernant les meurtres délibérés et la volonté de causer de grandes souffrances à des personnes protégées », souligne le rapport. « Elle a aussi découvert que viser directement et tuer arbitrairement des civils palestiniens est une violation du droit à la vie ».

Le rapport critique « la politique délibérée et systématique des forces armées israéliennes de cibler des sites industriels et des installations d'eau », et l'usage de civils palestiniens comme boucliers humains.

Concernant les objectifs et la stratégie de l'opération militaire israélienne, la mission a conclu que les stratèges militaires ont suivi délibérément une doctrine impliquant « l'usage d'une force disproportionnée et suscitant de gros dégâts et des destructions de biens et d'infrastructures civils, et des souffrances chez les populations civiles ».

Sur les tirs de mortiers depuis Gaza par des militants palestiniens, la mission a conclu qu'il s'agissait d'attaques aveugles et délibérées contre une population civile et qu'ils « constituaient des crimes de guerre et pourraient constituer des crimes contre l'humanité ». Elle a ajouté que l'intention apparente de propager la terreur au sein de la population civile israélienne était une violation du droit international.

Le rapport a recommandé que le Conseil de sécurité demande à Israël de prendre des mesures pour lancer des enquêtes indépendantes appropriées concernant les crimes présumés qui ont été commis, conformément aux standards internationaux, et de transmettre ces enquêtes dans les six mois.

Il a également appelé le Conseil de sécurité à nommer un comité d'experts pour surveiller les mesures prises par le gouvernement israélien. Si rien ne se passe, ou si les enquêtes ne sont pas indépendantes ou conformes aux standards internationaux, le rapport a appelé le Conseil de sécurité à renvoyer la situation à Gaza au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

La mission a également appelé le Conseil de sécurité à demander au comité d'experts d'exercer le même rôle concernant les autorités palestiniennes pertinentes.

Lors de la conférence de presse, le Juge Goldstone a indiqué que la mission avait enquêté sur 36 incidents qui ont eu lieu lors de l'opération israélienne à Gaza. Selon lui, ces incidents ne sont pas liés à des décisions prises dans le feu du combat, mais à des politiques et des décisions délibérées.

A titre d'exemple, il a décrit un incident : une attaque de mortier contre une mosquée à Gaza lors d'un service religieux, qui a tué 15 membres de la congrégation et en a blessé beaucoup d'autres. Le Juge Goldstone a déclaré que même si les accusations selon lesquelles la mosquée était utilisée comme sanctuaire par des groupes militaires et que des armes étaient stockées étaient vraies, il n'y avait malgré tout « aucune justification selon le droit humanitaire international à procéder à des tirs de mortier contre la mosquée lors d'un service religieux », car celle-ci aurait pu être attaquée pendant la nuit quand elle n'était pas utilisée par des civils.

Le Juge Goldstone a précisé que le rapport reflétait le point de vue unanime des quatre membres de la mission.

Les autres membres de la mission sont Christine Chinkin, professeur en droit international à la London School of Economics and Political Science à l'Université de Londres ; Hina Jilani, avocat auprès de la Cour suprême du Pakistan et ancienne représentante spéciale du Secrétaire général sur les défenseurs des droits de l'homme ; et le colonel à la retraite Desmond Travers, membre du conseil des directeurs de l'Institut pour les enquêtes criminelles internationales (IICI).

http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=20067&Cr=gaza&Cr1=isra%EBl

Les colons juifs de Yitzhar craignent Dieu, pas un gel de la colonisation

16/09/2009
Yitzhar, bastion juif ultraorthodoxe proche de Naplouse, a la réputation d’être l’implantation la plus extrémiste de la Cisjordanie occupée.                                                                       Menahem Kahana/AFP
Yitzhar, bastion juif ultraorthodoxe proche de Naplouse, a la réputation d’être
l’implantation la plus extrémiste de la Cisjordanie occupée.
Menahem Kahana/AFP
Quatre avant-postes de la colonie sont sur la liste des implantations illégales que le gouvernement israélien a promis de démanteler.
« Nous ne cesserons pas de construire car c'est notre terre », assure Nevo Katz, maire de la colonie juive de Yitzhar, qui dit ne pas craindre un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie.
Yitzhar, bastion juif ultraorthodoxe, a la réputation d'être l'implantation la plus extrémiste de la Cisjordanie occupée. Proche de la ville de Naplouse, elle est souvent le théâtre d'affrontements entre les colons et les Palestiniens ou les forces de sécurité israéliennes. Hier matin, des colons venus de Yitzhar ont blessé par balle un berger palestinien et ont également égorgé dix moutons dans un village proche de Naplouse, selon des habitants. En soirée, d'autres colons ont attaqué pour la première fois une Jeep militaire à la bouteille incendiaire. Les militaires, qui ont pour consigne de tirer à balles réelles à chaque fois qu'ils sont attaqués à la bouteille incendiaire par des Palestiniens, n'ont cette fois-ci pas riposté, voyant que les agresseurs portaient des phylactères (que portent les juifs pieux). Quatre avant-postes de la colonie sont sur la liste des implantations illégales que le gouvernement israélien a promis de démanteler. Sans effet pour l'instant, malgré les pressions des États-Unis qui réclament un gel total de la colonisation. Le maire de Yitzhar ne comprend pas l'intérêt de l'administration américaine pour ces avant-postes : « Le fait que Barack Obama soit si intéressé par chaque colline de Judée-Samarie (Cisjordanie) prouve à quel point le peuple juif a une place centrale dans le monde », ironise-t-il.
À Givat Shalevet, un avant-poste situé à quelques centaines de mètres de la colonie, tracteurs et pelleteuses effectuent des travaux de terrassement. « Il s'agit du chantier de dix nouvelles maisons, grâce à des permis obtenus depuis des années. De toute façon, ce n'est pas la communauté internationale qui va nous dicter où et quand construire », se défend le maire. Yossef, un homme âgé qui vit sur la colline depuis sept ans, ne voit pas pourquoi il faudrait détruire sa maison, en fait un préfabriqué. « Je ne sais pas ce que signifie illégal, je ne crois pas à l'État, à aucun État », confie-t-il, les larmes aux yeux. « Que les Américains s'occupent de leurs problèmes et ne se mêlent pas des nôtres », ajoute-t-il. La plupart des colons de la région de Naplouse citent la Bible pour exciper de leurs droits de propriété. « Nous avons le droit de construire sur toute la terre d'Israël car c'est Dieu qui nous l'a donnée », argue le vieil homme. À quelques kilomètres de Yitzhar, l'avant-poste de Havat Gilad est l'un des plus menacés de destruction. Là encore, des affrontements ont lieu sporadiquement avec les forces de sécurité israéliennes qui tentent d'empêcher toute construction sur le site. Une vingtaine de familles vivent sur cette colline, ainsi qu'une dizaine d'étudiants de la yechiva (séminaire talmudique) Shirou Lamelekh (Chanter pour le Roi). « Dieu est le roi ! » proclame un graffiti sur le mur de cette yechiva, érigée dans « l'esprit du roi David ». « Le roi David composait des chansons, mais il savait aussi utiliser sa fronde contre les ennemis de Dieu », plaide le jeune rabbin Arié Lipo, qui s'est installé à Havat Gilad pour « vivre comme au temps de la Bible ». Le gel de la colonisation ne l'effraie pas car « la seule loi de Havat Gilad, c'est la loi divine ». La tête couverte du talit, le châle rituel pour la prière, et des tefilines, des phylactères contenant des parchemins sacrés que les juifs pratiquants portent durant la prière, le rabbin Lipo préfère évoquer « le royaume divin qui doit régner sur toute la terre » plutôt que les pressions américaines ou les affrontements avec les forces de l'ordre. « Le monde doit reconnaître que nous sommes le peuple de la Bible qui revient sur sa terre comme Dieu nous l'a promis », prêche-t-il. Il ne croit pas que le gouvernement va détruire sa maison, mais il est prêt à toute éventualité. « Si on vient me déloger, je dirai haut et fort que c'est ma terre, celle du peuple juif, et que personne n'a le droit de nous forcer à la quitter ».

Michael BLUM (AFP)

Netanyahu et Mitchell cherchent un compromis sur les colonies

16/09/2009

Israël est prêt à rencontrer la partie palestinienne, réaffirme Lieberman.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et l'envoyé spécial américain, George Mitchell, ont entamé hier des discussions pour tenter de dégager un compromis sur la colonisation qui permettrait une relance du processus de paix. L'entretien a duré trois heures et les deux hommes doivent se retrouver ce matin, a indiqué le bureau de M. Netanyahu.
Au début de la rencontre, M. Mitchell a exprimé l'espoir « d'amener cette phase des discussions à une rapide conclusion pour aller de l'avant dans notre recherche d'une paix globale dans la région ». Selon les médias israéliens, M. Mitchell tente de parvenir à un accord sur la question-clé de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est afin de pouvoir convaincre le président Abbas de rencontrer M. Netanyahu, pour la première fois officiellement, la semaine prochaine sous l'égide du président Barack Obama. L'événément pourrait avoir lieu à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à laquelle MM. Netanyahu et Abbas doivent participer. En soirée, M. Mitchell a rencontré M. Abbas à Ramallah. Après cette entrevue, il a exhorté « toutes les parties à prendre leur responsabilité en faveur de la paix à travers des actions concrètes afin de créer un contexte encourageant pour une reprise prompte et une conclusion rapide des négociations ». Mais M. Netanyahu exclut un gel total de la colonisation. Le président Abbas juge pour sa part inutile toute rencontre avec M. Netanyahu si ce dernier poursuit la colonisation en Cisjordanie occupée. « Nous ne reviendrons pas à la table des négociations avant l'arrêt de la colonisation », a déclaré son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. Un peu plus tard, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a répété à Zagreb, où il est en visite, que son gouvernement était prêt à rencontrer les responsables palestiniens pour relancer le processus de paix et a reproché à ces derniers de refuser de tels entretiens. « La question des implantations est le résultat d'un malentendu », a affirmé M. Lieberman. « Il ne s'agit pas d'un problème réel. Ce n'est pas un obstacle à la paix. Il s'agit juste d'une excuse pour éviter des discussions directes », a-t-il encore dit. D'autre part, un projet de paix, complétant l'Initiative de Genève et détaillant d'éventuels arrangements de sécurité entre Israël et un futur État palestinien démilitarisé, a été présenté hier à Tel-Aviv. « C'est un livre de recettes pour ceux qui veulent la paix », a déclaré à la presse Gadi Baldiansky, directeur général de l'Initiative de Genève, en présentant un document de 400 pages qui complète des arrangements de paix initialement proposés en 2003. « Il s'agit de solutions qui aideront ceux qui prendront des décisions et ceux qui, je l'espère, vont reprendre des négociations de paix dans les deux semaines à venir », a ajouté M. Baldiansky. L'Initiative de Genève est un plan de paix non officiel négocié par les anciens ministres israélien et palestinien, Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo. Ce texte, publié à Genève le 1er décembre 2003 sous les auspices du gouvernement suisse, est censé présenter un règlement global du conflit au Proche-Orient. Le document présenté hier souligne notamment que le futur État palestinien sera démilitarisé. Il envisage un retrait graduel des forces israéliennes de Cisjordanie occupée et la surveillance des points de passage aux frontières. Il propose un tracé de la frontière dans le secteur de Jérusalem et suggère qu'une force multinationale se déploie en Cisjordanie, ainsi que des formules de compromis sur diverses questions-clefs. Il appelle notamment à la création d'un corridor entre la Cisjordanie et la bande de Gaza via le territoire israélien, suffisamment large pour permettre la construction d'une voie ferrée ou d'une route.

La renaissance fragile de l’économie palestinienne en Cisjordanie

publié le mardi 15 septembre 2009

Laurent Zecchini
A première vue, le rapport du Fonds monétaire international (FMI) rendu public dimanche 13 septembre brosse un tableau prometteur de la situation économique en Cisjordanie, avec un état des lieux nettement plus préoccupant à Gaza. Une croissance économique qui pourrait atteindre 7 % en 2009, un chômage en baisse, une reprise de l’investissement et du tourisme, une gestion financière et fiscale prudente de l’Autorité palestinienne, qui conduit des réformes institutionnelles courageuses...

Le gouvernement israélien, qui n’a de cesse de prouver que sa stratégie d’une "paix économique" en Cisjordanie donne des résultats, pourrait donc en tirer argument pour retarder davantage l’ouverture politique attendue par les Palestiniens et la communauté internationale : à quoi bon, en somme, se lancer dans un processus de négociations aléatoire, alors que, sur le terrain, les choses bougent dans la bonne direction ?

Le rapport rédigé sous la direction d’Oussama Kanaan, représentant du FMI à Jérusalem, est cependant plus contrasté : s’il dresse la liste des résultats positifs, il souligne que ceux-ci seront limités et de courte durée, faute d’être soutenus par des avancées politiques et institutionnelles significatives.

Les progrès engrangés depuis un an reposent sur deux facteurs : la gestion réformatrice du premier ministre palestinien Salam Fayyad, et les allégements des restrictions sécuritaires imposées par l’armée israélienne, lesquels ont favorisé la liberté de circuler, et donc le commerce.

Si, depuis la fin de 2008, le niveau de vie des Palestiniens s’est globalement amélioré, la maîtrise des dépenses publiques et le paiement d’arriérés de l’Autorité y ont contribué, de même que les réformes dans le secteur du maintien de l’ordre : les forces palestiniennes déployées dans plusieurs villes de Cisjordanie ont nettement accru les conditions de sécurité, et favorisé l’investissement.

"Un bol d’air"

Le FMI estime que, "pour la première fois depuis 2005, il existe une chance réaliste que la tendance négative du niveau de vie des Palestiniens soit inversée dans un avenir proche". Ces perspectives favorables ne concernent guère Gaza. Si le blocus de la bande de Gaza est davantage allégé afin de permettre, par exemple, l’entrée de matériaux de reconstruction, la croissance du produit national brut (PNB) pourrait atteindre 1 %. Sauf que, compte tenu d’une croissance démographique de 3 % à 4 %, le PNB par habitant va continuer à décliner.

Pour le premier semestre 2009, le chômage est estimé à 18 % en Cisjordanie, mais à 37 % à Gaza. D’autre part, alors que la plupart des Palestiniens vivant en Cisjordanie ont bénéficié de la diminution des barrages routiers et des "check-points", ceux vivant à Jérusalem-Est ont été davantage isolés du reste des Territoires avec la progression de la "barrière de sécurité" (qui y prend la forme d’un mur de béton), y compris sur le plan économique.

Ce constat du FMI est un instantané. Pour que la croissance économique perdure et s’accentue, les restrictions à la libre circulation des personnes et des biens doivent continuer à être levées. Ce qui est en jeu, c’est le rétablissement durable de la confiance des petits investisseurs palestiniens. Mais la condition sine qua non du décollage de l’économie palestinienne, c’est son ouverture vers le monde extérieur, via des ports et des aéroports, seuls instruments de nature à dynamiser le commerce.

L’amélioration de la situation économique de la Cisjordanie est donc réelle, mais relative : si le PNB progressait de 7 % de 2010 à 2012 (ce qui n’est pas acquis), le revenu réel par habitant en 2012 serait encore de 20 % inférieur à ce qu’il était en 2000. La démonstration des bienfaits d’une "paix économique" prônée par Israël reste donc limitée. "Il faudrait pour cela une croissance soutenue. Or dans aucun pays au monde, celle-ci n’est possible sans commerce extérieur", souligne un expert. "Il s’agit donc d’un répit, ajoute-t-il, d’un bol d’air économique."

Netanyahu disparaît comme par magie en Russie

publié le mardi 15 septembre 2009

Sreeram Chaulia
La disparition pendant toute une journée du Premier ministre israélien Benjamin Netannyahou, le 7 septembre, a fait saliver tous les colporteurs de ragots de son pays. Beaucoup d’entre eux ont élaboré des théories spéculatives sur la raison exacte pour laquelle il a disparu soudainement de l’œil des médias et des dossiers officiels. Après tout, la disparition étrange d’un chef de gouvernement n’est pas une mince affaire.

L’alibi initial fourni par le secrétaire militaire du Premier ministre – qu’il « visitait une installation de sécurité » à l’intérieur du pays – a essayé d’éviter les regards indiscrets dans un pays où le corps de la presse obéit scrupuleusement aux lois de censure militaire. Les assistants de Netanyahou étaient persuadés que faire croire à cette histoire d’inspection d’une installation ultrasecrète du Mossad à l’intérieur d’Israël suffirait à rassasier les curieux.

Mais cette version a rapidement pris l’eau et les rumeurs se sont multipliées (trouvant prétendument leur origine auprès d’éléments mécontents au sein du cercle intime de Netanyahou) que « Bibi », comme on l’appelle familièrement, se trouvait en mission diplomatique sensible dans un pays étranger. Le quotidien palestinien al-Manar a soutenu qu’il s’était envolé vers un Etat arabe dont le nom n’a pas été révélé, avec lequel Israël n’entretient pas de relations officielles, et qu’il l’a fait en secret pour couper court à toute critique de la part des faucons israéliens de la politique étrangère.

Un récit plus crédible a commencé à faire surface par bribes, selon lequel Netannyahou se trouvait en réalité à Moscou, accompagné de hauts conseillers militaires. Il aurait emprunté un avion privé à un magnat israélien des affaires pour ce voyage clandestin de 15 heures Les réponses ambiguës données à la fois par les officiels russes et les officiels israéliens sur des questions à ce sujet ont attisé le feu de cette hypothèse.

Un porte-parole du ministère russe des affaires étrangères a déclaré de façon évasive : « Nous avons vu ces reportages dans divers médias, mais je ne peux rien vous dire de plus ». La même source a ajouté : « Je ne dis ni oui ni non ». Le propre cabinet de Netanyahou était muet et a diffusé de vagues messages après coup, qui s’éloignaient de l’histoire de l’installation du Mossad et qui disculpaient le conseiller à la sécurité nationale Uzi Arad d’avoir répandu ce mensonge évident.

Selon le grand quotidien israélien Ha’aretz, Netanyahou était à Moscou pour présenter des preuves concrètes au Kremlin que des armes russes étaient en cours d’acheminement vers l’Iran, la Syrie et la guérilla du Hezbollah au Liban. L’ordre du jour israélien incluait également de persuader la Russie de ne pas vendre ses missiles antiaériens S-300 à l’Iran.

Le système S-300 préoccupe depuis un moment les planificateurs de guerre israéliens, surtout depuis que l’affaire mystérieuse du bateau russe « détourné », l’Arctic Sea, a été révélée fin juillet. Transportant apparemment une cargaison de planches destinée à l’Algérie, il a été rapporté que ce vaisseau avait été capturé au large de la Suède par des pirates et qu’il avait disparu jusqu’à ce qu’il soit « récupéré » par la marine russe quelques 25 jours plus tard, près des îles du Cap Vert.

Etant donné que les eaux de la Scandinavie font partie des plus sûres pour les cargaisons marchandes et vu la grande confidentialité du gouvernement russe qui a entouré cet incident, de forts soupçons sont apparus, selon lesquels l’Arctic Sea avait quelque chose de plus grande valeur à bord. Un fonctionnaire anti-piratage de l’Union Européenne, de même qu’un général de la marine russe dont le nom n’a pas été divulgué, a suggéré que ce cargo transportait, par l’intermédiaire d’un syndicat russe du crime organisé, des missiles S-300 ou Kh-55 à destination de l’Iran. Le Mossad est entré dans la danse en indiquant que l’Arctic Sea transportait « un système de défense antiaérien à destination de l’Iran. »

Après que la marine russe eut « récupéré » le bateau et après l’avoir escorté jusqu’en Russie, Moscou a conduit une enquête officielle et a déclaré que les « pirates » étaient huit Russes ethniques avec un passé criminel, qui visaient simplement l’argent de la rançon. Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, a déclaré que cette rumeur autour des missiles de contrebande destinés à l’Iran était « un mensonge absolu ».

Mais des gens bien informés au sein des médias israéliens ont continué d’insinuer que le Mossad avait, soit « révélé » à Moscou qu’il traquait les fournitures secrètes de missiles à bord de ce bateau, soit, plus pittoresque, que les services secrets israéliens avaient engagé des gangsters ethniques russes pour interrompre le voyage de l’Arctic Sea avant qu’il n’atteigne l’Iran.

La course folle et secrète de Netanyahou à Moscou est interprétée comme une séquelle de la saga océanique de la contrebande de missiles. Si Netanyahou s’est bien rendu à Moscou avec des preuves, cela a pu être utilisé comme moyen humiliant pour contraindre ses hôtes de ne pas étoffer les défenses iraniennes. Le quotidien russe Kommersant a même affirmé que les Israéliens prévoyaient d’attaquer bientôt l’Iran pour mettre fin à son prétendu programme nucléaire et que « Netanyahou avait décidé d’en informer le Kremlin ».

Une question clé au sujet de cette « disparition mystérieuse » est pourquoi Netanyahou a eu recours à un face-à-face secret avec les Russes (sans doute avec le Premier ministre Vladimir Poutine, le Président Dimitri Medvedev ou l’un de leurs proches), s’il souhaitait juste les mettre en garde ou transmettre des plans de guerre. L’Ambassade israélienne à Moscou, l’Ambassade russe à Tel Aviv ou une bonne vieille communication téléphonique n’auraient-elles pas servi cet objectif ?

La réponse repose dans la méfiance réciproque croissante entre Israël et son allié spécial de longue date, les Etats-Unis, sur la reprise des pourparlers de paix avec les Palestiniens. Depuis que l’administration de Barack Obama a la charge des affaires à Washington, une pression sans précédent a été appliquée sur Israël pour stopper complètement la construction de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem [Est].

La confiance en Obama du gouvernement très à droite de Netannyahou est si basse qu’un mémo interne de Nadav Tamir, le consul général israélien à Boston, s’est récemment lamenté du fait que « la distance entre nous et le gouvernement américain cause des dommages stratégiques à Israël ».

Des représentations insultantes et racistes d’Obama, le montrant avec une coiffe arabe et comme un musulman partial envers les Palestiniens, ont proliféré en Israël, en particulier parmi les colons qui défient catégoriquement le recalibrage de la position américaine. Elles reflètent l’angoisse populaire que la meilleure police d’assurance pour poursuivre agressivement les intérêts nationaux israéliens – un chèque en blanc de Washington – relève à présent du passé.

Au cours des derniers mois, Netanyahou a dû jouer serré, essayant de jongler avec les exigences de Washington de stopper la colonisation et les désirs de sa propre coalition de modifier les données démographiques sur le terrain avant que tout accord d’échange de terres contre la paix ne soit signé avec les Palestiniens.

Une vieille stratégie adoptée par les Etats qui sont en train de perdre l’amour inconditionnel d’un ancien allié est de courtiser un rival de ce dernier et d’obliger l’allié en question à réaliser l’horrible bourde qu’il est en train de commettre. La visite secrète que Netanyahou a faite en personne à la Russie pourrait faire partie d’une telle stratégie de protection à long terme contre au moins trois ou probablement sept années supplémentaires de gouvernement Obama à Washington.

Pendant des décennies, Israël n’a eu qu’une seule direction en matière de politique étrangère vis-à-vis des grandes puissances, comptant sur la coopération diplomatique et militaire des Etats-Unis. Mais les relations avec Washington ayant atteint un nadir absolu, Tel Aviv est obligé de rechercher de nouveaux amis puissants comme la Russie.

Puisque Moscou continue de contester Washington sur tous les théâtres – de l’Amérique Latine à l’Asie Centrale et au Proche-Orient – Netanyahou pourrait explorer une ouverture en direction de la Russie, ouverture que les Etats-Unis ne prendraient pas à la légère. Si la Russie peut être convaincue par la ruse d’agir plus durement vis-à-vis de l’Iran sur l’impasse nucléaire, Israël trouverait un espace tout neuf pour maintenir la pression sur Téhéran.

Déjà, les liens israélo-russes en matière de défense sont à la hausse après les progrès d’un accord de 50 millions de dollars sur le transfert de véhicules aériens sans pilote de l’industrie aérospatiale israélienne, qui ont été utilisés par la Géorgie contre la Russie dans la guerre séparatiste de l’Ossétie du Sud l’année dernière.

Le gambit russe de Netanyahou est une manœuvre d’équilibriste faite en cachette à cause du sentiment qui règne à Tel Aviv que l’on ne peut pas faire confiance à Obama. Netanyahou a entrepris une mission personnelle masquée probablement parce qu’il craignait que les services de renseignements étasuniens ne se préoccupassent plus durement des communications par câble ou électroniques entre Israël et la Russie. Même pendant les périodes où l’amitié entre les deux pays était à son zénith, on sait que les services américains ont gardé l’œil sur la correspondance diplomatique israélienne et vice-versa.

La décision de Netanyahou de raconter des bobards à son propre public et à ses propres médias et de s’envoler en personne vers la Russie doit être comprise à la lumière de la paranoïa actuelle en Israël au regard de la politique américaine au Proche-Orient.

Avec une personnalité de l’importance du vice-Premier ministre israélien, Dan Meridor, acceptant avec réticence que Netanyahou s’envole effectivement pour la Russie le 7 septembre, le voile se lève lentement sur la quête d’Israël de contrer l’isolement diplomatique qu’il rencontre sous l’ère d’Obama.

Sreeram Chaulia est professeur associé de politique étrangère à la Jindal Global Law School, à Sonipat, en Inde.

Publié par Asia Times Online, le 14 septembre 2009

article original : "Netanyahu plays a Russian rope trick"

http://atimes.com/atimes/Middle_Eas...

et en français par Questions critiques

http://questionscritiques.free.fr/e... Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

Iran/Israël | Les enjeux sous jacents de la confrontation (part.2/3)

publié le mardi 15 septembre 2009

René Naba
Barack Obama, otage du lobby juif ? Conseiller spécial du président pour la « Région Centrale » (Afghanistan Palestine), Dennis Ross, l’un des dirigeants du Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un think tank satellite de l’AIPAC [1], passe pour être un ultra faucon proche du néo conservateur Paul Wolfowitz, l’un des artisans de l’invasion de l’Irak sous l’administration de George Bush.

Le refus du sénat américain de libérer l’espion américain pro israélien Jonathan Pollard (1), le 19 juin 2009, suivi du démantèlement un mois plus tard, le 23 juillet, d’un vaste réseau de corruption ayant des ramifications jusqu’en Israël, mettant en cause une quarantaine d’élus dont cinq rabbins soupçonnés de blanchiment d’argent et de trafic d’organes, se superposant au scandale Madoff, une faillite frauduleuse de l‘ordre de 65 milliards de dollars, à l’affaire Larry Franklin, un analyste de haut rang du Pentagone suspecté d’espionnage au profit d’Israël, à la naissance enfin d’un nouveau lobby juif américain de gauche J-Street, ont donné à penser que l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee), le principal lobby juif américain, mettrait en sourdine son outrecuidance habituelle dans son opposition à la politique de rééquilibrage du Président Obama

Mais la récente promotion d’un inconditionnel d’Israël au poste de conseiller spécial du président pour la « Région Centrale » (Afghanistan Palestine) pourrait remettre en question ce savant échafaudage diplomatique dans la mesure où le nouveau promu, Dennis Ross, l’un des dirigeants du Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un think tank satellite de l’AIPAC, passe pour être un ultra faucon proche du néo conservateur Paul Wolfowitz, l’un des artisans de l’invasion de l’Irak sous l’administration de George Bush.

Dennis Ross est tout à la fois l’auteur du discours de M. Obama devant l’AIPAC au lendemain de sa confirmation comme candidat démocrate à la compétition présidentielle et l‘un des co-auteurs d’un rapport prônant la manière forte à l’égard de l’Iran (2). Sa désignation pourrait être interprétée comme la marque de la gratitude présidentielle à l’égard d’un collaborateur efficace dans la collecte de voix juives durant la campagne électorale.

Sa propulsion, toutefois, à un poste de responsabilité sur un secteur qui sous tend les points chauds de l’arc de crise allant d’Israël Palestine au Pakistan en passant par l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban, dans le prolongement de la nomination d’un ancien réserviste de l’armée israélienne, Rahm Emmanuel, au poste stratégique de secrétaire général de la Maison Blanche, et la démission, sous la pression de ce même lobby, de Charles W. Freeman, ancien ambassadeur américain en Arabie saoudite (1989-1992) de son poste de président du National Intelligence Council, tendrait à accréditer l’idée d‘un président américain otage du lobby juif. Le lymphatisme américain devant l‘accélération de la colonisation israélienne de Jérusalem et de la Cisjordanie, de même que le mutisme d’Obama face à la destruction de Gaza, en janvier 2009, donnent une consistance complémentaire à cette hypothèse.

Sauf à y voir le souci du nouveau président américain de calmer les appréhensions concernant ses origines ethnico religieuses, un métis de père kenyan de confession musulmane, la concentration sans précédent de personnalités pro israéliennes au sein du noyau dur de la présidence Obama pose dans toute son acuité, en tout état de cause, volens nolens, qu’on le veuille ou non, bon gré mal gré, la question de la marge de manoeuvre dont dispose le président américain dans la définition de sa propre politique en direction du Moyen-orient.

L’approche occidentale pourrait se heurter aussi à la nouvelle configuration régionale résultant de la convergence entre L’Iran, la Syrie et la Turquie sur le problème Kurde, leur détonateur commun, à l’effet de renforcer leur coopération interrégionale pour maintenir une parité diplomatique face à l’axe israélo américain et son prolongement egypto-saoudien. L’Iran, la Syrie et la Turquie, qui disposent de fortes minorités kurdes, sont hostiles à l’idée que le Kurdistan irakien fasse office de plateforme américaine de déstabilisation régionale. La nomination de l’universitaire kurde Mohammad Reza Rahimi Ghorve’ei, professeur de Droit à l’Université Azad- Téhéran et ancien gouverneur du Kurdistan iranien, au poste de vice premier ministre du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, traduit cette préoccupation.

En prévision de cette échéance, tant Israël que l’Iran ont multiplié les actes d’autorité, dans ce qui apparaît comme une démonstration de force pour le leadership régional alors que le camp arabe paraît marginalisé par sa fragmentation et que les deux pays musulmans non arabes de la zone, La Turquie pour le compte sunnite, et l’Iran pour le compte chiite, tentent de suppléer la défaillance du leadership arabe en tentant de s’imposer comme interlocuteurs incontournables du camp occidental.

L’Iran a procédé au verrouillage de son dispositif, réprimant sévèrement la contestation électorale qui a suivi la reconduction du mandat du président Mahmoud Ahmadinejad, et, en dépit des injonctions de l’ONU, a poursuivi à un rythme soutenu un programme d’enrichissement d’uranium, affirmant son objectif civil alors que les Occidentaux y redoutent sa finalité militaire.

Dans son dernier rapport, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a établi que l’Iran avait accumulé 1,339 tonne d’uranium faiblement enrichi, un volume suffisant pour produire l’uranium hautement enrichi nécessaire à la fabrication d’une bombe nucléaire, assurant toutefois n’avoir “aucune preuve que l’Iran soit en train d’essayer de produire une arme nucléaire”.

L’Iran s’est assuré en outre, sur le plan militaire, d’une base de redéploiement dans le port d‘Assab, en Erythrée, à l’embouchure du golfe arabo-persique, et, s’est doté, sur le plan politique, d’un redoutable négociateur du dossier nucléaire, en la personne de M. Ali Akbar Saléhi, son ancien ambassadeur auprès de l’agence atomique de Vienne. Diplômé de physique (promotion 1977) de la prestigieuse université américaine du MIT (Massachusetts Institute of Technology), le nouveau chef de l’organisation iranienne de l’énergie atomique, est un homme d’expérience, bon connaisseur des dossiers, rompu aux méandres des négociations de la haute technologie et aux manoeuvres diplomatiques subséquentes. Sous la présidence Mohammad Khatami, il avait signé avec l’agence un protocole additif renforçant le contrôle des instances internationales sur la production iranienne.

Placé le 19 juillet 2009 à la tête de l’OIEA, Saléhi va superviser le programme nucléaire iranien, qui s’apprête à entrer dans une phase opérationnelle à Bouchehr (Sud). Le premier réacteur nucléaire du pays, construit et alimenté en combustible par la Russie, doit en effet entrer en service à la fin de l’année, tandis qu’à Natanz (Centre), 5 000 centrifugeuses ont déjà permis d’accumuler plus de 1,3 tonne d’uranium faiblement enrichi (UFE), une quantité suffisante pour alimenter en combustible d’éventuelles centrales nucléaires, dans l’hypothèse d’un passage à la production de la première bombe atomique iranienne.

Israël a, de son côté, ordonné la désarabisation des noms de 2.500 (deux mille cinq cents) villes et localités arabes d’Israël (3), prohibé la commémoration de la Nakba, la perte de la Palestine, en 1948, gommant même ce terme des ouvrages scolaires, et, accéléré la colonisation de la Cisjordanie et du secteur arabe de Jérusalem, dans le souci de rendre irréversible la situation sur le plan cadastral, sur fond d’importantes manoeuvres aéronavales.

Deux raids à long rayon d’action sur le Soudan prétextant un convoi d’armes pour le Hamas et un autre au dessus de la crête, ont eu lieu en janvier 2009, au moment de l’entrée en fonction de Barack Obama. Deux croiseurs lance-missiles israéliens de type sagger et un sous marin de type Dolphin, porteurs de charges nucléaires, ont par ailleurs traversé le canal de Suez en juillet 2009, en direction de la Mer Rouge, alors que la flotte des bombardiers israéliens effectuait un entraînement de longue portée fin juillet dans le désert du Nevada (Etats-Unis), parallèlement aux opérations de déstabilisation menées depuis la zone kurdophone d’Irak tant par les Américains que vraisemblablement par les Israéliens. Une subvention de l’ordre de vingt millions de dollars a été allouée à l’USAID (Agence des Etats ​Unis pour le développe ment in ter na tio nal), proche de la CIA, pour « favoriser la démocratie et les Droits Humains en Iran ».

Ces manoeuvres se veulent tout autant comme une démonstration de force à l’égard de l’Iran, qu’une volonté de pression sur les pays occidentaux en vue de maintenir le dossier nucléaire iranien en tête de l’ordre du jour de l’agenda diplomatique international, au détriment d’autres dossiers hautement prioritaires, tels le programme nucléaire nord-coréen autrement plus avancé que l’iranien, ou l’enlisement américain en Afghanistan ou encore la récession économique mondiale.

La croisade israélienne contre l’Iran est double : écarter une éventuelle menace iranienne et se soustraire à ses engagements internationaux concernant le règlement de la question palestinienne. Comparable par son intensité à la campagne de mobilisation contre l’Irak, cinq plus tôt, cette offensive militaro médiatique israélienne, en reléguant au second plan le règlement du conflit israélo-palestinien, viserait, d’un manière sous jacente, à acclimater l’opinion internationale au fait accompli de l’annexion de la Palestine, à l’effet de restaurer le prestige israélien terni par ses échecs répétés tant contre le Liban, en 2006, que contre l’enclave palestinienne de Gaza en 2008-2009. Tel est du moins l’une des interprétations ayant cours quant à la focalisation israélienne sur l’Iran.

L’Iran, par effet d’aubaine, a acquis une stature de puissance régionale du fait de la politique erratique des États-Unis tant en Afghanistan qu’en Irak, où ses rivaux idéologiques, les radicaux taliban sunnites et le laïc baasiste irakien Saddam Hussein ont été éliminés par leur ancien protecteur américain.

Il entend se faire reconnaître la place qu’il estime sienne dans le concert régional, qui était en fait sienne il y trente ans lorsque les Américains avaient confié au Chah d’Iran un rôle de « super gendarme » dans le Golfe en proie alors à la rébellion communiste du Dhofar (Sultanat d’Oman) et à la contestation nationaliste du « Front de Libération Nationale de la Péninsule Arabique » tant en Arabie saoudite qu’au Yémen que dans les Émirats pétroliers.

Dans cet esprit, l’Iran a réaffirme son droit inaliénable au nucléaire et proposé le 11 septembre une négociation globale avec le groupe de contact portant sur tous les aspects du contentieux qui l’oppose avec les pays occidentaux depuis trente ans, tant l’embargo qui frappe la République islamique, que les avoirs iraniens bloqués aux Etats-Unis, de l’ordre de plusieurs milliards de dollars, que le rôle régional de l’Iran, la coopération sécuritaire en Irak et en Afghanistan.

Sa démarche heurte de plein fouet l’option saoudo égyptienne, et, en frappant de caducité leur choix, pose le problème de la pertinence des choix stratégiques du groupe des états arabes situés dans la mouvance américaine. L’Égypte a dû ainsi renoncer à l’option nucléaire sous la pression de Washington en contrepartie d’une aide annuelle d’un milliard de dollars, abandonnant de fait la maîtrise de l’espace stratégique moyen-oriental à l’aviation israélienne.

En porte-à-faux devant leur opinion publique dont ils redouteraient un débordement, l’Égypte et la Jordanie ont été autorisés, fin 2006, à s’engager dans la production nucléaire à usage civil sous contrôle américain, accumulant ainsi un retard technologique de cinquante ans sur leur voisin israélien. Pour ne pas être en reste, La Ligue arabe, elle-même, a engagé, en Août, à un mois de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies, une offensive diplomatique visant à contraindre l’Etat hébreu à signer le traité de non prolifération nucléaire.

Un éventuel conflit paraît difficilement devoir se limiter aux deux antagonistes, à en juger par la proximité des belligérants, celle des autres protagonistes du conflit, la configuration du terrain, le déploiement militaire occidental et russe dans la zone et les risques d’embrasement généralisé qu’un tel enchevêtrement impliquerait.

Mais, curieusement, une telle hypothèse n’a toutefois jamais donné lieu à aucune proposition de dénucléarisation complète du Moyen-orient, qui constitue pourtant la forme la plus parfaite de la non prolifération réclamée par les pays occidentaux. D’ores et déjà, les Etats-Unis qui disposent de huit importantes bases dans la zone (Irak, Qatar, Bahreïn, Koweït, Oman, Djibouti, Diego Garcia et Djibouti) ont assuré Israël du soutien de « l’armée la plus puissante du monde », selon l’expression de Hillary Clinton, secrétaire d’état qui a menacé l’Iran d’étendre le bouclier anti-missile à l’ensemble des pays du Golfe, alliés de l’Amérique, en vue de neutraliser sa dissuasion balistique.

Un blocus du détroit d’Ormuz, par où transit le tiers du trafic énergétique mondial, pourrait, en perturbant fortement le ravitaillement des pays industrialisés, aggraver la récession économique mondiale et fragiliser d’autant le système politique international. [2]

[1] l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee), le principal lobby juif américain

[2] Références

1. Officier de renseignement de la marine américaine au Naval Anti-Terrorist Alert Center, Jonathan Pollard est arrêté en 1985 pour espionnage au profit d’Israël. Condamné à la prison à vie le 4 mars 1987, il est demeuré derrière les barreaux, malgré plusieurs demandes de libérations formulées par Israël. Le service de communication du Sénat américain a déclaré le 19 juin 2009 dans un communiqué »ne pas souhaiter écourter le séjour en prison de Pollard ». »Nous ne souhaitons pas mettre à mal les intérêts stratégiques américains en libérant Pollard », précise le communiqué des instances américaines.

2. Le rapport remis au groupe de travail présidentiel en juin 2008 est intitulé « Strengthening the Partnership : How to Deepen U.S.-Israel Cooperation on the Iranian Nuclear Challenge » (Renforcer le partenariat : comment approfondir la coopération entre les États-Unis et Israël sur le défi nucléaire iranien).

3. « Des colons israéliens incendient des centaines d’oliviers en Cisjordanie et le ministre des communications donne son accord à débaptiser le nom de 2.500 villes et localités arabes de Palestine en leur donnant un nom en hébreu » cf. « Al Qods al Arabi », journal transnational arabe édité à Londres, 21 juillet 2009.