Israël a bombardé la flottille internationale de militants pro-palestiniens et d’aide pour Gaza. Un acte choquant qui risque d’envenimer davantage la situation.
Dix-neuf passagers ont été tués lundi et 36 autres blessés lorsque des commandos israéliens ont pris d’assaut dans les eaux internationales la flottille internationale de militants pro-palestiniens qui se dirigeait vers la bande de Gaza. Il s’agit d’une flottille de six bateaux venant de Grèce, de Turquie, de Suède, d’Irlande et d’Algérie qui se sont dirigés vers Gaza. Leur objectif est de protester contre le blocus israélien imposé à Gaza depuis plus de 3 ans en apportant de l’aide humanitaire et médicale.
Et comme l’a dit la députée européenne socialiste française Françoise Castex, les 700 personnes à bord sont des socialistes, des écologistes, des démocrates « qui ne partagent pas les orientations politiques du Hamas (qui contrôle la Bande de Gaza) mais qui s’inscrivent dans une tradition de soutien au peuple palestinien ».
De plus, l’assaut a eu lieu dans les eaux internationales, ce qui met en cause davantage Israël. « La chose la plus ignoble, c’est qu’Israël affirme que nous violons la loi internationale en faisant naviguer des bateaux non armés transportant de l’aide humanitaire à des gens qui (en) ont désespérément besoin », souligne l’organisation Free Gaza dans un communiqué. Le gouvernement israélien, lui, a accusé les passagers de la flottille d’avoir « déclenché les violences ». « Nous avons fait tous les efforts possibles pour éviter cet incident. Les militaires avaient reçu des instructions selon lesquelles il s’agissait d’une opération de police et un maximum de retenue devait être observé », a prétendu le porte-parole du premier ministre Benyamin Netanyahu, Mark Regev. Des affirmations qui ne convainquent personne, puisque tout le monde sait que l’objectif de ce convoi était purement humanitaire. Preuve de l’infondé de ces déclarations, la marine israélienne avait annoncé son intention d’empêcher, de force si nécessaire, la flottille de s’approcher des côtes de la Bande de Gaza. En plus, la police israélienne a élevé son niveau d’alerte en Israël pour faire face à « d’éventuels désordres ».
D’autant plus que des images tournées depuis le bateau turc, mises en ligne sur Internet, montrent des commandos vêtus de noir descendre d’hélicoptères sur le navire, puis des affrontements avec les militants, ainsi que des personnes blessées étendues sur le pont.
En première réaction, le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne, a appelé lundi les Arabes et les musulmans à un « soulèvement » devant les ambassades d’Israël. « Nous appelons tous les Arabes et les musulmans à se soulever devant les ambassades sionistes dans le monde entier », a déclaré un porte-parole du Hamas, Sami Abou-Zouhri. Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé une « attaque barbare » contre la flottille internationale dans un communiqué. M. Haniyeh a exhorté les Nations-Unies à protéger les activistes pro-palestiniens à bord de la flottille. Quant au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, il a condamné le « massacre », réclamé la tenue de réunions urgentes du Conseil de sécurité de l’Onu et décrété trois jours de deuil dans les territoires palestiniens.
Dans le meilleur des cas, cet assaut accentuera la pression internationale en faveur d’un allégement du blocus de la bande de Gaza. Dans le pire, il risque de remettre en cause l’avenir des discussions indirectes entamées il y a trois semaines entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi de donner lieu à des affrontements sanglants entre Israéliens et Palestiniens.
Maha Salem