vendredi 12 mars 2010

Khalid Amayreh : La France n’est plus qualifiée pour jouer un rôle constructif en Palestine

11 mars 2010
par Silvia Cattori*
Alors que le gouvernement israélien évoque une « paix économique » avec les Palestiniens, et que le gouvernement suggère une reconnaissance d’un Etat palestinien fictif —sans territoire, ni souveraineté—, Silvia Cattori a interrogé l’un des intellectuels phares de la Résistance palestinienne : Khalid Amayreh. Pour lui, les Occidentaux sont entrés dans une phase de déni de la réalité coloniale en Palestine, qu’ils ne perçoivent plus qu’aux travers de l’image que leurs Collaborateurs palestiniens leur rapportent.

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Khalid Amayreh
Silvia Cattori : Les grandes associations de solidarité avec la cause palestinienne publient immédiatement tous les écrits de militants israéliens et journalistes comme Michel Warshavski, Uri Avnery, Amira Hass, ou Gideon Levy, alors que peu de vos articles passent la censure. Ceci montre bien que le discours dans le mouvement de solidarité est biaisé, tronqué à volonté ; certes, on condamne l’occupation mais on ne remet pas en question la légitimité de l’État sioniste, la dépossession et l’occupation de la Palestine depuis 1948, etc. Comme si l’occupation n’avait eu lieu que depuis 1967. Mieux vaut être juif israélien pour être crédible quand on parle de la Palestine et d’Israël ?
Khalid Amayreh [1] : Vos observations sont malheureusement exactes. Toutefois, il vaut toujours mieux voir la moitié pleine du verre proverbial. Le fait que ces gens soient arrivés à se rendre compte eux-mêmes qu’Israël commet des crimes et des violations des droits humains fondamentaux du peuple palestinien est un acte louable en soi.
Ce qui est plus important, c’est qu’un acte révolutionnaire ne peut se produire en dehors de son milieu naturel, historique et politique. Nous ne pouvons pas attendre de gens qui ont été élevés toute leur vie au sein de la religion de l’holocauste qu’ils se convertissent soudainement à l’antisionisme. En France, comme aux États-Unis et dans une grande partie de l’Occident, tourner le dos complètement à Israël et au sionisme, c’est perdre une certaine partie de son identité. Par conséquent, beaucoup de gens ne sont tout simplement pas prêts à subir la transformation souhaitée. Mon impression personnelle est que la transformation finale se produira alors que la résistance universelle au sionisme deviendra plus profonde et irréversible et que la futilité du soi-disant processus de paix deviendra plus évidente, ce qui est en train de se produire maintenant.
Silvia Cattori : L’assassinat à Dubaï d’un cadre militaire du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh, a été abondamment commenté. Jamais l’image d’Israël n’a été aussi dégradée. Mais ne doit-on pas constater qu’aucun État ne condamne la politique israélienne d’assassinats ciblés de résistants palestiniens ? N’est-ce pas la démonstration que les hommes politiques occidentaux se refusent à voir l’affreuse et brutale politique de l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou et de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman ?
Khalid Amayreh : Voyez-vous, la politique internationale est très semblable à une maison mal famée. Les principes, y compris les soi-disant principes moraux, ne veulent rien dire face à la raison d’État. Dans les pays occidentaux, les dirigeants et les politiciens ne cessent d’affirmer les idéaux de liberté, de droits de l’homme et de démocratie. Mais quand ces principes entrent en contradiction avec l’opportunisme, ou sont soumis à un véritable test (par exemple, la victoire électorale du Hamas en 2006), ils sont laissés de côté au nom du réalisme et du pragmatisme.
La même chose s’applique au comportement d’Israël. Israël a toujours été une entité criminelle ; et l’Occident s’en est accommodé. Par conséquent, il serait naïf de s’attendre à ce que l’Occident connaisse un soudain réveil de conscience, juste parce qu’Israël a assassiné un dirigeant palestinien. Israël a toujours commis de tels crimes, et l’Occident a toujours vécu avec ça ; donc il n’y a là absolument rien d’extraordinaire.
Silvia Cattori : Quand le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou répète qu’Israël ne se retirera jamais de Jérusalem Est, ni ne reviendra aux frontières de 1967, ni n’autorisera les réfugiés palestiniens à revenir dans ce qui est maintenant « Israël », quel moyens avez-vous de faire entendre votre colère ?
Khalid Amayreh : J’ai tendance à le croire, ce qui me convainc vraiment de la futilité de rechercher la paix avec Israël. Malheureusement, il est trop tard pour la paix avec Israël. Maintenant il y a, ou un conflit ouvert, ou un seul État démocratique sur tout le territoire de la Palestine mandataire du Jourdain à la Méditerranée où tous les habitants sont considérés comme des citoyens, sans distinction de religion et d’ethnie. Inutile de dire que ce concept est anathème pour Israël, puisqu’il conduirait à la perte de son identité juive.
Silvia Cattori : Après avoir appelé à démembrer l’Irak, après avoir détruit le Liban et la Palestine, Israël veut maintenant s’attaquer à l’Iran. Le gouvernement du Président Sarkozy est ouvertement le plus acharné à soutenir Israël contre l’Iran. Mais est-ce bien l’Iran qui menace le Moyen-Orient ?
Khalid Amayreh : Non, l’Iran ne représente en rien une menace pour le Moyen-Orient. L’Iran est encore très largement un pays du Tiers Monde qui n’a pas la capacité (et l’inclination) de poser une telle menace. D’ailleurs, l’Iran, contrairement à Israël, n’a pas mené de guerres d’agression dans les temps modernes.
À mon avis, la raison motrice derrière l’hystérie israélo-occidentale contre l’Iran est de s’assurer qu’Israël demeure la seule superpuissance, incontestée et incontestable dans le Moyen-Orient tel qu’il est aujourd’hui. Ainsi, les propos essentiellement phobiques concernant la possible destruction d’Israël par l’Iran sont de la foutaise [2]. C’est une insulte à l’intelligence des gens qui ne devrait même pas être évoquée par des gens sérieux.
Israël possède des centaines de têtes nucléaires et des bombes, ainsi que leurs vecteurs, ce qui signifie qu’il serait tout à fait insensé de menacer Israël. Certains prétendront que les dirigeants iraniens peuvent être « insensés » mais cela ne tient pas debout. Un pays qui a su se diriger au travers des terrains traîtres de la politique internationale ne peut pas réellement être insensé.
En dernière analyse, il s’agit d’un défi potentiel à la suprématie d’Israël dans la région, non à son existence, une situation qui dure depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est ce qui irrite Israël et l’Occident.
Quant à Sarkozy, il manque de toute évidence de la rectitude d’un dirigeant honnête. Il est tout-à-fait une copie européenne de George Bush, mais qui ne possède pas l’énormité des moyens qui étaient à la disposition de ce dernier.
Silvia Cattori : Comment la France — totalement alignée sur Israël comme elle l’est maintenant [3]— pourrait-elle bien, comme elle en affiche l’ambition, aider les Palestiniens à recouvrer leurs droits ? N’a-t-elle pas déjà perdu tout son crédit et son influence dans la région ? Quant à la stratégie d’Obama pour le Moyen-Orient n’a-t-elle pas déjà échoué ?
Khalid Amayreh : La France n’est pas vraiment qualifiée pour exercer un véritable rôle constructif en aidant les Palestiniens à recouvrer leurs droits. La France, notamment sous le gouvernement actuel, est trop réticente, trop inconsistante, trop dépourvue de principes et trop séduite par le romantisme sioniste.
En effet, la France a démontré à maintes reprises que son cœur et son esprit appartiennent à Israël, non à la justice. En outre, l’attitude scandaleuse de la France lors de l’attaque génocidaire d’Israël contre la population de la bande de Gaza, il y a un an, était réellement un exemple classique de prostitution politique. Que peut-on dire d’autre d’une puissance internationale majeure qui a autrefois enseigné au monde le sens du mot liberté et qui est restée les bras croisés, à regarder passivement la pluie de mort déversée par « les nazis » d’Israël sur la tête des enfants et des femmes sans défense de Gaza sous le prétexte mensonger de l’auto-défense ?
Silvia Cattori : N’avez-vous pas été choqué par l’appel à reconnaître un « État palestinien sans frontières », lancé par Bernard Kouchner le 21 février 2010, jour de l’arrivée à Paris du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas ? Si la France veut reconnaître un État palestinien, pourquoi devrait-ce être sans avoir défini ses frontières ?
Khalid Amayreh : Oui, j’ai été choqué. Et je pense que beaucoup d’autres Palestiniens ont le même sentiment. La raison en est très claire. La proposition française pour la reconnaissance d’un État palestinien sans frontières devrait être considérée comme un euphémisme pour la liquidation de la cause palestinienne.
D’ailleurs, tout arrangement temporaire devrait consister en arrangements plus ou moins vagues, pour pouvoir être accepté par les deux parties. Et à partir de notre expérience avec les Accords d’Oslo, les accords vagues sont toujours interprétés par la partie puissante, en l’occurrence Israël, d’une manière qui sert les desseins israéliens, tandis que l’autre partie, les Palestiniens, n’a plus qu’à se livrer à un rêve éveillé.
Shimon Peres, le héros du massacre de Cana [4], n’avait-t-il pas dit « Je ne peux pas mettre un gardien sur les lèvres d’Arafat », lorsque le défunt leader palestinien avait déclaré que les Accords d’Oslo donnaient aux Palestiniens un État indépendant avec Jérusalem comme capitale ?
D’ailleurs, qui voudrait ou pourrait garantir qu’Israël ne considère pas les « frontières temporaires » comme des « frontières permanentes » ? Les États-Unis ? La France ? Le Royaume Uni ? L’Allemagne (on ne devrait probablement même pas mentionner l’Allemagne, étant donné son étreinte avec le nazisme israélien ! [5]) ? Voyez donc, ces puissances ne peuvent même pas obtenir d’Israël qu’il arrête la démolition d’une maison arabe à Jérusalem-Est, et encore moins forcer Israël à se retirer du territoire palestinien.
Silvia Cattori : Dans un article cosigné avec Miguel Angel Moratinos [6], Bernard Kouchner a parlé d’un nouveau plan qui met à l’ordre du jour des négociations sur le statut final de l’État palestinien. Ici, encore, pensez-vous que c’est une solution crédible ? Le plan de Bernard Kouchner n’est-il pas un plan israélien ? Un plan « pour l’établissement des institutions et la création d’un État palestinien viable » que le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, a fait sien en été 2009, et qui entend construire un État « dans les faits et sur terrain » pour 2011, par une multiplication de projets économique ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Khalid Amayreh : Je pense que ce plan n’est pas un plan du tout. Il s’agit plutôt d’un processus de tromperie à l’image du défunt processus d’Oslo. D’ailleurs, il est toujours ridicule et vide de sens de prétendre qu’un État palestinien viable peut être construit tandis que les Palestiniens croupissent encore sous une cruelle occupation militaire étrangère qui contrôle chaque aspect de leur vie.
Je crois sincèrement que M. Fayyad agit tout-à-fait comme Alice au pays des merveilles. C’est un homme qui a été parachuté d’Amérique du Nord en Palestine grâce à une décision du président Bush. J’ose dire qu’il ne connaît pas vraiment la nature quasi-nazie du régime israélien. En outre, il pense naïvement que le renforcement des institutions, probablement accompagné d’une reconnaissance internationale, pourrait créer un certain mécanisme, ou une dynamique, qui finirait par faire du proverbial État palestinien viable, une tâche réalisable.
À cela, nous les Palestiniens, qui avons déjà passé par tout ça, du début à la fin, nous disons un grand « Non ». Nous avons appris, à la dure, que la création d’un État avant la libération est un acte dangereux et un stupide jeu de hasard. Cela a été prouvé d’une manière éclatante au travers du processus d’Oslo, qui nous a donné l’annexion au lieu de la libération, et l’apartheid au lieu d’un État.
D’ailleurs, qui voudrait garantir qu’Israël ne lancera pas ses chars pour écraser toutes les institutions que M. Fayyad voudrait construire en coopération avec des gens comme M. Kouchner, en particulier si les Palestiniens devaient continuer à être confrontés à la permanence des « frontières temporaires » proposées maintenant ?
Silvia Cattori : Salam Fayyad est un politicien que Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner voudraient voir installé définitivement au pouvoir. Luisa Morgantini, la dirigeante du mouvement de solidarité en Italie, considère Salam Fayyad comme un militant qui se bat aux côtés de son peuple. Qui est réellement Fayyad pour les Palestiniens ? Qu’a-t-il fait pour améliorer la vie quotidienne de son peuple ? Avez-vous vu moins de check points, moins de chômeurs sous son autorité ? Est-il vrai que la situation économique se soit améliorée en Cisjordanie, et qu’est-ce que cela signifie pour les Palestiniens sur le terrain ? Pensez-vous que Fayyad soit la bonne personne pour apporter une solution à la cause palestinienne ?
Khalid Amayreh : À mon avis, Fayyad est un homme qui s’efforce de mettre en œuvre le concept de « paix économique » de Netanyahou, dans lequel les Palestiniens, ou la majorité d’entre eux, accepteraient de troquer leurs aspirations nationales contre des emplois et de l’argent. En d’autres termes, il veut que nous nous contentions d’un « Etat » déformé, un Etat sans dignité, sans liberté, sans autorité, sans rien du tout, un petit avorton d’Etat qui serait perpétuellement soumis et asservi à Israël. Quant à Jérusalem, au droit de retour des réfugiés, aux nombreuses colonies juives qui continuent de s’étendre sur notre terre, ce ne sont en rien ses préoccupations. Sa préoccupation ultime est d’atteindre la « prospérité économique », mais aux dépens de nos droits légitimes et inaliénables, y compris le droit de se libérer « du nazisme israélien ».
Si la vision de Fayyad devait aboutir, ce qu’à Dieu ne plaise, nous serions condamnés à plusieurs décennies de servitude et d’asservissement par le colonialisme juif, le tout au nom de la paix.
Silvia Cattori : Le peuple palestinien et sa cause ne peuvent que souffrir de la scission entre le Fatah et Hamas. En 2008, vous disiez qu’« il est impératif que les États membres de l’Union Européenne (UE), amorcent soit collectivement soit individuellement un dialogue avec le Hamas dans les plus brefs délais. Inutile de dire qu’un tel dialogue serait utile à toutes les parties concernées ainsi qu’à la cause de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient ». [7]. En octobre 2009 quand le Fatah et le Hamas étaient proches de signer un pacte d’unité nationale il y eut un espoir. Et pourtant la division demeure ? Comment imaginer qu’Abbas et Fayyad puissent être loyaux demain dans une coalition avec le Hamas, après toutes les trahisons que l’on sait ?
Khalid Amayreh : Je ne suis pas très optimiste quant à une véritable réconciliation entre le Fatah et le Hamas. La raison en est que le Fatah, voire la totalité de l’Autorité palestinienne, n’a pas la volonté d’agir de manière indépendante, compte tenu du fait que tous deux sont presque entièrement tributaires pour leur survie financière des donateurs occidentaux et arabes pro-occidentaux.
En effet, la « raison d’être » de l’Autorité palestinienne maintenant, du moins du point de vue états-unien et israélien, est de combattre le Hamas ou au moins de freiner sa croissance. Cela n’est pas une affaire de stratégie politique passagère. C’est beaucoup plus que cela. Israël, qui continue de contrôler la politique états-unienne globale au Moyen-Orient, estime que l’inclusion du Hamas dans le corps principal de la politique palestinienne relèverait plus ou moins le plafond des aspirations et des attentes palestiniennes. C’est cela, et pas le problème du terrorisme, qui est la principale raison de la violente hostilité d’Israël au Hamas.
En outre, Israël considère qu’un Hamas fort s’emploierait à ce que le Fatah ne fasse pas de sérieuses concessions à Israël sur des questions cruciales du statut final comme Jérusalem et les réfugiés.
C’est pourquoi il est probable que la dichotomie entre l’Autorité palestinienne et le Hamas se poursuivra pendant un certain temps, à moins que l’Autorité palestinienne ne se délivre des chaînes de l’asservissement aux États-Unis et l’Union européenne qui considèrent le Hamas comme une organisation terroriste.
Silvia Cattori : Un officier du renseignement de l’Autorité Palestinienne, Fahmi Shabana al-Tamimi [8], a dénoncé les détournements de fonds publics au sein de l’Autorité palestinienne. A-t-il été entendu ? Où vont les milliards que verse l’Union européenne ?
Khalid Amayreh : Non, il n’a pas été entendu et n’est pas susceptible d’être entendu. La raison en est claire. Si l’Autorité palestinienne voulait vraiment et sincèrement combattre la corruption, elle devrait démolir l’appareil de l’Autorité palestinienne dans son ensemble parce que la corruption, sous ses diverses formes, n’est que l’autre face du régime de l’Autorité palestinienne. En fait, il y a une relation ombilicale entre l’Autorité palestinienne et la corruption. Cela peut paraître comme une exagération pour beaucoup, en particulier en Occident. Mais, ici, c’est tenu pour acquis. En bref, la corruption infeste tous les aspects de l’Autorité palestinienne tant et si bien que, seule, une révision approfondie et complète de l’Autorité palestinienne pourrait endiguer le fléau de la corruption.
Silvia Cattori : Quand le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, demande aux autorités légitimes du Hamas (à Gaza) de reconnaître Israël comme condition préalable à la formation d’un gouvernement d’unité nationale, cela vous paraît-il normal ?
Khalid Amayreh : Non, ça ne l’est pas. Et il n’a pas le courage de le dire ouvertement devant un public palestinien. D’ailleurs, lui et son Autorité palestinienne ont reconnu Israël, il y a longtemps, et regardez ce qu’ils ont obtenu en retour ?
Silvia Cattori : L’Organisation de libération de la Palestine, (OLP) a reconnu Israël. Mais est-ce à son honneur ? Quelle est l’utilité de l’OLP ? A-t-elle encore une raison d’être ? Considérez-vous ses représentants au-dehors comme légitimes représentants du peuple palestinien ? Mahmoud Abbas ne se sert-il pas de l’OLP pour diviser les Palestiniens ?
Khalid Amayreh : L’OLP était un véritable représentant du peuple palestinien. Mais c’était à l’époque où l’OLP maintenait encore son intégrité nationale. Maintenant, à mon avis, l’OLP a perdu une grande partie sinon la totalité de son honneur national, ne serait-ce qu’en se livrant à des actes manifestes de trahison tels que la coordination dite de sécurité avec Israël. Certains Palestiniens appellent déjà l’Autorité palestinienne, la fille de l’OLP, un judenrat palestinien.
Silvia Cattori : Vos représentants à l’extérieur ne semblent pas préoccupés par les abus de l’Autorité palestinienne. Leila Shahid, représentante de la Palestine à Bruxelles continue de se référer à Oslo, aux négociations, et autres non-sens. Notons au passage que cette représentante de l’OLP est considérée, par exemple en France, comme la voix palestinienne légitime par des militants comme Dominique Vidal et Michel Warshavsky, avec lesquels Leila Shahid a donné des conférences en France pendant des années. Les Palestiniens s’attendaient-ils à ce que ces représentants démissionnent, en 2006, quand Abbas et son mouvement du Fatah ont perdu le pouvoir ?
Khalid Amayreh : C’est vraiment tragique, car ces gens sont censés défendre l’honneur du peuple palestinien, non pas soutenir et défendre aveuglément des politiques qui corrodent cet honneur au service d’Israël.
Mon impression est que ces personnes suivent le vieil adage « quand l’argent apparaît, les têtes s’inclinent » Je suis désolé que certains d’entre nous aient atteint ce niveau de dépravation.
Silvia Cattori : Quand le représentant palestinien à l’ UNESCO, Elias Sambar, ou des membres de l’Autorité palestinienne, stigmatisent l’ Iran — un des rares pays de la région qui dénonce Israël sans concession — ou accusent la résistance musulmane palestinienne d’être « chiite » [9], expriment-ils l’opinion de la majorité de votre peuple ?
Khalid Amayreh : Je ne crois pas. Mon impression est qu’ils se livrent à ces déclamations stupides, afin de recevoir un certificat de bonne conduite des États-Unis et d’Israël. Sinon, on se demande quel intérêt les Palestiniens pourraient bien avoir à s’aliéner des millions de musulmans chiites du monde entier en appelant le Hamas « chiite ».
D’ailleurs, le Fatah et l’OLP n’ont-ils pas supplié à plusieurs reprises le chef du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, d’inclure les prisonniers du Fatah dans tout marchandage avec Israël touchant l’échange de prisonniers ? D’où l’hypocrisie de leur part.
Silvia Cattori : Autre réalité : la collaboration du Fatah avec le camp ennemi. Dans ces conditions, quand les Palestiniens entendent Abbas ou Fayyad parler de « libération de la Palestine », peuvent-ils les croire ?
Khalid Amayreh : Oui, je ne le sais que trop. C’est vraiment au-delà de la chutzpah [insolence] ; c’est une hypocrisie pornographique qui touche à la maladie mentale.
Silvia Cattori : Vous avez écrit que « le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) fonctionne beaucoup plus comme un parasite de l’Autorité Palestinienne soutenue par les États-Unis ». [10]. N’est-il pas triste de voir qu’à l’extérieur, les associations de solidarité et les groupes de gauche considèrent le FPLP comme un parti de gauche et, de ce fait, lui versent des collectes d’argent importantes ? Est-ce une bonne façon d’aider les Palestiniens dans leur ensemble ?
Khalid Amayreh : Le FPLP n’est plus ce qu’il était. Son alliance effective avec un Fatah soutenu par les Etats-uniens a plus ou moins miné sa réputation passée. Par exemple, le FPLP n’a pas adopté une attitude intransigeante vis-à-vis de la question de la coordination de la sécurité avec Israël. Je me souviens qu’il y a deux ans, un commandant de la sécurité de l’OLP a déclaré que « l’Autorité palestinienne et Israël ont un ennemi commun, c’est le Hamas », et le FPLP a gardé le silence face à cette apostasie nationale.
En outre, le FPLP est resté pratiquement silencieux et sans réaction face aux graves attaques de l’Autorité palestinienne contre la liberté d’expression, les droits humains et les libertés civiles en Cisjordanie ; pour de nombreux Palestiniens, cette attitude était impardonnable. Plus précisément, il y a une impression répandue en Palestine occupée que la direction du FPLP a maintes fois permis à la direction de l’Autorité palestinienne d’utiliser l’OLP, dont le FPLP est un membre fondateur, dans son épreuve de force avec le Hamas.
Néanmoins, la plupart des Palestiniens, y compris moi-même, continuent de considérer avec respect et admiration Ahmed Sadate, le chef emprisonné du FPLP. Nous espérons qu’il sera bientôt libéré des prisons sionistes.
Silvia Cattori : La Mosquée al-Aqsa est un lieu interdit à de nombreux Palestiniens. De nouvelles restrictions interdisent aux musulmans d’aller sur le site du Haram Al-Sharif. Après toutes les peines qu’ils ont endurées de l’occupation israélienne, n’est-ce pas là la plus cruelle des humiliations pour les Palestiniens ?
Khalid Amayreh : Oui, cela montre aussi qu’Israël refuse aux non juifs la liberté de religion. Comment qualifier autrement ces mesures draconiennes quand les gens venant de Paris ou de Los Angeles peuvent accéder à la mosquée al-Aqsa alors que les musulmans et les chrétiens palestiniens qui vivent seulement à quelques centaines de mètres de là se voient refuser le droit de se rendre et de prier dans leurs lieux saints respectifs ? Même les États les plus fascistes de l’histoire ne se sont pas engagés dans de telles mesures.
Silvia Cattori : Gaza demeure assiégée malgré les protestations de nombreux musulmans et non musulmans dans le monde. Les Palestiniens de Gaza peuvent-ils continuer de survivre sans secours extérieur ?
Khalid Amayreh : Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que de survivre. Les Palestiniens ont survécu en dépit de l’histoire parce qu’ils se sont, constamment et fiévreusement, agrippés à ce choix, si on peut appeler ça un choix. La seule alternative était la disparition ultime et l’effacement national.
Néanmoins, il ne fait aucun doute que le cauchemar permanent de Gaza est un stigmate de honte sur le front de la communauté internationale et sur la conscience de toute l’humanité.
Il est plus que regrettable que, alors qu’un peuple entier se voit violé, humilié, affamé, et torturé, les nations du monde regardent juste passivement comme si cet holocauste au ralenti avait lieu sur une autre planète ou dans une autre galaxie. Je ne peux vraiment pas trouver le mot juste pour décrire ce crime gigantesque d’apathie envers Gaza. Maintenant, je comprends pourquoi beaucoup de gens se taisaient quand les nazis faisaient ce qu’ils faisaient en Europe au cours de la Seconde Guerre mondiale.
 Silvia Cattori
Journaliste suisse indépendante, de langue maternelle italienne. Les années qu’elle a passées outre-mer, notamment en Asie du Sud-Est et dans l’Océan indien, en contact étroit avec le milieu de la diplomatie et des agences des Nations Unies, lui ont donné une certaine compréhension du monde, de ses mécanismes de pouvoir et de ses injustices. En 2002, elle fut témoin de l’opération « Bouclier de protection », conduite par Tsahal en Cisjordanie. Elle se consacre depuis à attirer l’attention du monde sur le sort subi par le peuple palestinien sous occupation israélienne.
Auteur de Asie du Sud-Est, l’enjeu thaïlandais (éd L’Harmattan, 1979).

Israël pointe des têtes nucléaires vers l’Europe

11 mars 2010


La septième chaine israélienne a diffusé un entretien exceptionnel avec le professeur Martin Van-Crevel, spécialiste mondial de référence des guerres de basse intensité. Le professeur émérite de l’Université hébraïque de Jérusalem y a développé publiquement les propos qu’il tient depuis une dizaine d’années dans les cénacles fermés des académies militaires israéliennes et états-uniennes.
Selon lui, la continuation sur une longue période de la guérilla palestinienne aboutira inévitablement à l’effondrement de l’Etat d’Israël. C’est pourquoi, à terme, Tel-Aviv n’a d’autre choix que de « transférer » les arabes Israéliens et les Palestiniens apatrides hors de frontières sûres (c’est-à-dire non seulement hors des frontières de 1948, mais aussi des territoires occupés depuis 1967 et idéalement de Cisjordanie et de la bande de Gaza). Dans la cas où les Européens s’opposeraient à une telle déportation, Tel-Aviv n’aura d’autre choix pour survivre que de détruire des capitales européennes sous le feu atomique, étant entendu que les Européens ne pourront pas riposter sans tuer leurs amis Palestiniens.
L’auteur de The Transformation of War [1] a insisté en soulignant que, d’ores et déjà, des têtes nucléaires israéliennes sont pointées vers Rome et d’autres capitales européennes pour rendre la menace crédible et le « transfert » des Palestiniens possible.
Le professeur Martin Van-Crevel aime à se référer à la devise du général Moshe Dayan, dont il est le biographe officiel : « Israël doit toujours apparaître comme un chien enragé, trop dangereux pour les autres »

[1] Version française : La Transformation de la guerre (Editions du Rocher, 1998).
http://www.voltairenet.org/article164428.html

Qui mettra fin à l’arrogance d’Israël ?

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Ceux qui soutiennent sans condition Israël et qui se donnent même pour mission de garantir à celui-ci une quasi suprématie opérationnelle sur les armées arabes réunies en maintenant son potentiel de guerre, et à intervenir militairement à ses côtés si la situation militaire sur le terrain menace de s’infléchir en faveur de ses adversaires, feignent d’ignorer les changements opérés dans la Charte palestinienne et les discours politiques des Palestiniens.
Ils savent bien qu’aucune organisation palestinienne ne refuse le droit des Israéliens à avoir un Etat dans lequel les populations israéliennes vivront en totale sécurité. Le problème ne devrait pas se situer à ce niveau, car la vérité est ainsi tronquée.
Les pays occidentaux qui se focalisent sur le droit des Israéliens à exister et à vivre dans des frontières sécurisées inversent entièrement les thèmes des débats.
Nous devrions plutôt non pas nous focaliser sur le droit des Israéliens à disposer d’un Etat dans lequel la sécurité serait totalement instaurée, mais nous inquiéter du fait que les Palestiniens n’ont toujours pas leur Etat pour pouvoir y vivre en paix, comme tous les peuples du monde y aspirent pour eux-mêmes. 
Autrefois, on demandait et exigeait même des Palestiniens à reconnaître le droit des Israéliens à disposer d’un Etat aux frontières sûres et sécurisées. Les Palestiniens y ont consenti, mais s’interrogent à leur tour sur le fait que les concessions qu’ils ont ainsi faites ne se sont pas traduites en les mêmes exigences occidentales à leur égard.
Le problème est inversé. C’est maintenant aux Israéliens à accepter que les Palestiniens créent leur propre Etat et y vivent dans des frontières sécurisées.
Les pays occidentaux oublient de retenir que ce sont les Palestiniens qui ont besoin que la communauté internationale se mobilise pour la création d’un Etat palestinien car ce sont les Palestiniens qui n’ont pas leur Etat.
Les Nations unies devraient imposer ce droit au lieu de supplier Israël d’y consentir. On sait bien, on sait très bien même qu’Israël bloque la création de l’Etat palestinien. Ils oublient volontairement de comparer les pertes en vies humaines dans les deux cas, oublient de comparer les implications produites par les tirs des roquettes avec celles des bombardements aériens et à partir de la mer, pour affirmer seulement que d’une part, les tirs de roquettes terrorisent les habitants du sud israélien, et que ce sont eux qui justifient la réaction israélienne.
Ce ne serait donc pas le double fait que les forces israéliennes sont des forces occupantes, coloniales, et que le gouvernement israélien refuse l’existence du droit palestinien de disposer d’un Etat, qui provoque en réaction les tirs des roquettes, mais ce sont ces derniers qui provoquent les réactions israéliennes, même disproportionnées.
Aux éléments de puissance militaire à disposition d’Israël, s’ajoute le droit de veto dont les Américains usent et abusent pour garantir l’impunité à Israël et paralyser l’action diplomatique arabe.
Les Israéliens, ainsi couverts par les Etats-Unis, peuvent mettre en œuvre leur supériorité militaire opérationnelle quel qu’en soit le coût pour les populations civiles palestiniennes et s’assurer ainsi que leurs actions seront légitimées par les Etats-Unis, mais aussi par l’UE, du moins par la majorité des pays européens qui défendent toujours la thèse d’une légitime défense.
Il est bien évident qu’il s’agit-là de lectures erronées car orientées, et conçues de façon volontairement partiale pour induire en erreur la communauté internationale.
Les officiels israéliens affirment par exemple qu’il n’y a pas de situation humanitaire dégradée dans Gaza malgré les faits évidents en contradiction avec cette « plaisanterie » dite sur un air très sérieux. Les Israéliens sont en position de force sur le plan militaire, cela est certain et les pays arabes qui avaient tenté trois fois au moins de l’emporter sur les forces israéliennes en savent bien quelque chose. Les Israéliens sont également en position de force sur le plan politique d’abord grâce au droit de veto américain, ensuite grâce à la l’autoculpabilisation des Européens sur la Shoah. Les Européens portent toujours le fardeau moral de ce qu’ils avaient fait subir aux « juifs » lors de la Deuxième Guerre mondiale, soit en tant qu’acteurs, en tant que participants, ou en tant simplement qu’observateurs.
Sur quels pays, quelle organisation régionale d’Etats, quelle organisation supranationale, les Palestiniens pourront-ils compter pour contraindre Israël à accepter le droit des Palestiniens à créer et disposer de leur Etat ? Sûrement pas sur un pays comme les Etats-Unis qui parrainent le semblant de processus de paix en tant qu’élément majeur par rapport à la Russie qui s’est trouvée pratiquement expulsée de cette région depuis les accords de paix égypto-israéliens, et plus particulièrement depuis la disparition du régime de Saddam. Et pourtant, il n’y a que l’administration américaine qui peut contraindre Israël, mais elle ne le fera pas justement.
Fateh S.
http://www.elmoudjahid.com/accueil/monde/53711.html 

Jérusalem-Est : Ban partage la profonde frustration des Palestiniens

Colonie israélienne près de Jérusalem.
11 mars 2010 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, partage la profonde frustration des dirigeants palestiniens et des membres de la Ligue des Etats arabes après l'annonce par Israël de la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est, a déclaré jeudi son porte-parole.
« Les colonies sont illégales et leur extension viole la Feuille de route » sur le processus de paix au Moyen-Orient, a ajouté Martin Nesirky, lors d'un point de presse au siège des Nations Unies à New York.

M. Ban a condamné le 10 mars la décision du ministère israélien de l'Intérieur d'autoriser la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est. De nombreux pays, dont les Etats-Unis, ont également condamné cette décision.

M. Nesirky a indiqué que l'ONU avait formellement protesté auprès du gouvernement israélien. « Nous sommes aussi en contact avec les dirigeants palestiniens et leur conseillons de continuer à participer aux efforts pour organiser des négociations indirectes. Les Nations Unies sont actives sur le terrain et se coordonnent avec leurs partenaires internationaux dans la perspective de la réunion du Quatuor à Moscou », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général doit se rendre en mars en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après avoir participé le 19 mars à une réunion du Quatuor sur le Moyen-Orient (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne) dans la capitale russe.
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21431&Cr=Isra%EBl&Cr1= 

La campagne européenne pour la levée du blocus de Gaza appelle à intervenir immédiatement afin de juger Israël

11 Mar 2010
Bruxelles / La campagne européenne pour briser le blocus de Gaza a appelé la Communauté internationale à lever le blocus imposé à la bande sur la base de l'adoption par le Parlemnet européen des recommandations du rapport Goldstone.
M. Rami Abda, membre de cette campagne, a estimé, selon le site palestinien Qods-net, que la position européenne est encourageante et qu'elle confirme le fiasco de la politique de punition collective imposée par l'occupation israélienne à la bande de Gaza.
"L'adoption du rapport de Goldstone qui appelle à la poursuite des criminels de guerre israéliens pousse les Européens à s'attacher aux principes du droit de l'homme", a-t-il dit.
Il a, par ailleurs, souligné les appels multiples lancés par des diplomates européens pour la levé du blocus de Gaza, mettant en garde contre la poursuite de ce blocus.
La campagne a organisé des manifestations et des sit-in devant les sièges des gouvernements dans les différentes villes européennes.
Le Parlement européen avait adopté à l'unanimité lors de sa séance périodique tenue hier à Bruxelles, une décision soutenant les recommandations du rapport de Goldstone et appelant Israël à ouvrir immédiatement les points de passage avec Gaza.
A.A. / L.A. 

The Gardian : Israël accentue sa propagande pour inciter les juifs à y venir, mais prive les Palestiniens de leur droit au retour

11 Mar 2010
Londres /  Le quotidien britannique The Gardien a révélé qu'Israël avait accentué au cours des dernières années sa propagande pour inciter les Juifs dans les pays occidentaux d'y émigrer. Cette campagne a atteint son paroxysme la semaine dernière à Londres à travers soi-disant / Exposition d'offres des maisons et des investissements en Israël/.
"Les quotidiens et les mass-médias appartiennent aux propriétaires juifs ont intensifié leurs publicités pour stimuler les juifs à l'émigration en Palestine occupée sous des slogans /réalisez vos rêves par l'obtention d'une maison et des investissements en Israël/, bien que beaucoup de sites proposés par ces pubs se trouvent à al-Qods et en Cisjordanie occupées", a-t-il ajouté.
Le quotidien a indiqué qu'Israël a adopté plusieurs démarches pour faciliter l'accélération des opérations d'émigration à travers la proposition des voyages gratuits par avion, et ce, en laçant des promotions visant à leur accorder la nationalité israélienne en 24 heures, en plus de les aider à obtenir de larges facilités financiers et sociaux et des exemptions fiscales.
"A ce jour et en dépit de plus de /7/ millions réfugiés palestiniens disséminés à travers le monde, Israël persiste dans son rejet du droit palestinien au retour", a affirmé The Gardien.
Le quotidien a fait savoir que malgré la dilapidation des eaux potables dans les colonies israéliennes, le peuple palestinien n'obtient que de quantités limitées et en deçà des normes d'épuration exigées.
Et The Gardien clôture avec cet avertissement : "Les citoyens britanniques qui accepteraient de s'installer en Israël et dans ses colonies illégales à Jérusalem et en Cisjordanie seront classés comme complices dans le crime et les pratiques qui violent la loi internationale". 
A. Chatta & T. Slimani 
http://www.sana.sy/fra/55/2010/03/11/277583.htm 

Le comité arabe de l'initiative de paix suspend sa décision concernant l'amorce de négociations indirectes palestino–israéliennes

11 Mar 2010
Le Caire /  Réuni hier d'urgence au niveau des délégués permanents auprès de la ligue arabe pour discuter des répercussions dangereuses de la décision israélienne de construire de nouvelles colonies dans les territoires palestiniens occupés, le comité de l'initiative arabe de paix a affirmé son rejet de la position israélienne, estimant que la persistance des Israéliens dans la colonisation et le changement de la structure démographique des territoires palestiniens occupés, y compris al-Qods, rend inadéquats les pourparlers indirects palestino-israéliens.
Le comité a appelé à l'arrêt définitif de toutes les activités de colonisation avant tout propos sur des négociations directes ou indirectes.
Le comité a également décidé la tenue d'une réunion au niveau des ministres des Affaires Etrangères pour adopter les mesures adéquates à la lumière des nouveaux développements.
D'après des sources diplomatiques au Caire, le délégué permanent de la Syrie auprès de la Ligue Arabe, l'ambassadeur Youssef Ahmad, a réitéré l'attachement de son pays aux positions prônées par le comité en novembre /2009/, qui exigeaient l'arrêt définitif de la colonisation et appelaient à ne pas donner davantage de concessions.
Selon les mêmes sources, M. Ahmad s'est tenu à affirmer que la Syrie n'approuve pas la tendance du comité de l'initiative arabe de paix qui avait donné une couverture à l'amorce des négociations indirectes entre les Palestiniens et les Israéliens, position applaudit, d'après la source, par le secrétaire générale de la ligue Arabe qui l'a qualifiée de juste.
Le délégué de l'Arabie Saoudite auprès de la Ligue Arabe a, pour sa part, appelé à une position arabe sérieuse à l'égard de l'obstination israélienne.
A cette réunion urgente qui était présidée par le délégué de Qatar, ont participé les représentants des pays membres du comité de l'initiative arabe de paix, à savoir: la Syrie, l'Algérie, la Tunisie, le Bahreïn, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Soudan, la Palestine, le Liban, l'Egypte, le Maroc et le Yémen, aux côtés des délégués des Emirats Arabes Unis, du Koweït et du Sultanat d'Oman.
N.S. / Gh.H. 
http://www.sana.sy/fra/55/2010/03/11/277572.htm 

Les ministres arabes de la Santé dénoncent les pratiques israéliennes et prônent le fort soutien au ministère palestinien de la Santé

11 Mar 2010
Le Caire / Au terme de sa 34ème session ordinaire, réunie au Caire, le conseil des ministres arabes de la Santé a dénoncé les mesures israéliennes et les agressions des colons israéliens contre les lieux saints, notamment contre les mosquées saintes al-Aqsa, à al-Qods, et al-Ibrahimi, à al-Khalil.
Mme Sima Bhouthe, secrétaire adjoint de la Ligue Arabe aux affaires sociales, a annoncé que les ministres arabes de la Santé ont décidé d'octroyer une aide financière de /100/ mille $ au ministère palestinien de la Santé pour alléger les souffrances du peuple palestinien dans tous les territoires palestiniens occupés, notamment à al-Qods, à la bande de Gaza et en Cisjordanie.
De même, les ministres arabes de la Santé ont décidé une assistance financière de /100/ mille $ au ministère somalien de la Santé pour assurer à la population somalienne les médicaments et les équipements médicaux nécessaires.
Saluant les initiatives des pays arabes qui entendaient envoyer des médicaments en Somalie, le conseil a chargé l'Organisation Arabe du Croissant et de la Croix Rouges d'assurer l'acheminement de ces assistances médicales en Somalie.
Mme Laila Najm, directrice de la santé et des assistances humanitaires, responsable du secrétariat technique au conseil des ministres arabes de la Santé, a indiqué, pour sa part, que le conseil avait confirmé son adoption du plan arabe unifié de la lutte contre le virus de la grippe porcine /N1H1/, approuvé lors des dernières réunions du conseil, mai dernier à Riyad.
Notons que le conseil des ministres arabes de la Santé avait discuté pendant deux jours de nombre de sujets relatifs à la prévention sanitaire dans les pays arabes, au développement de l'action du conseil des ministres arabes de la Santé, aux options suppléantes du financement des services sanitaires, à la date et au lieu de la tenue de la prochaine session ordinaire du conseil.
Lors des réunions de la 34ème session du conseil, le ministre libanais de la santé, président de l' actuelle session, M. Jawad Khalifa, affirmé que les crises successives, les catastrophes naturelles, l'apparition de nouvelles maladies, la situation économique et les développements sanitaires internationaux exigent davantage de solidarité et de coopération interarabe et impliquent l'adoption d'une stratégie arabe unifiée susceptible d'assurer les meilleurs services sanitaires aux peuples arabes.
Dr. Khalifa a également affirmé la nécessité de la promulgation des législations arabes prenant en considération les droits arabes et les principes du partenariat avec les autres blocs internationaux, particulièrement à l'ombre de la mondialisation.
Mme Sima Bhouthe a, de son côté, donné lecture de l'allocution du secrétaire général de la ligue Arabe, M. Amr Moussa, qui insiste sur l'importance de l'adoption des législations efficaces réalisant la solidarité arabe dans le domaine sanitaire.
L'allocution du secrétaire général de la Ligue Arabe appelle à la conjugaison des efforts arabes pour le renforcement des services et de la prévention sanitaires dans les pays de la région en vue de réaliser le développement humain escompté, estimant que ce développement est susceptible de contribuer efficacement à l'amélioration de l'action économique arabe et à l'instauration des piliers du développement social.
L'allocution souligne la nécessité que le conseil des ministres arabes appuie les projets de la médecine de famille et invite à l'établissement des centres arabes chargés de combattre différentes maladies, tels que les maladies des yeux et le diabète, et à la création d'un réseau arabe d'informations médicales pour l'échange des expertises entre les hôpitaux et les médecins.
Au sujet de l'affrontement des changements climatiques, le secrétaire générale de la Ligue Arabe a appelé à la mise au point d'un système immunitaire pour la prévention des maladies et des dangers du changement climatique, en collaboration du secteur privé et des associations civiles.
Le secrétaire du comité populaire public de la santé et de l'environnement en Libye, président du bureau exécutif du conseil des ministres arabes de la Santé, M. Mohammad al-Hijazi, a, lui, souligné la nécessité du développement de l'action du conseil, tout en mettant l'accent sur l'importance de la liaison des canaux sanitaires satellitaires pour l'échange des connaissances scientifiques, l'unification du discours médiatique dans le domaine sanitaire et l'application des plans de sensibilisation dans ce sens.
N.S. / Gh.H. 
http://www.sana.sy/fra/55/2010/03/11/277559.htm 

Les forces sionistes continuent leurs raids à Jérusalem

Jérusalem - 12-03-2010
Par Ezzedeen AlQassam Brigades 
Les forces d’occupation sioniste continuent de faire des descentes et des fouilles dans les maisons des Jérusalémites dans diverses parties de la ville depuis une semaine. Elles ont arrêtés des dizaines de jeunes, dont Tariq Bakirat, un des gardiens de la Mosquée Al-Aqsa.













Des témoins ont précisé que les soldats de l’occupation ont attendu Bakirat alors qu’il quittait la mosquée de son village, Sur Baher, au sud-est de Jérusalem, puis ils l’ont attaqué, menotté et ramené chez lui où ils ont confisqué son ordinateur personnel.
Les forces sionistes ont également arrêté Ihab Al-Jallad, membre du comité public de Jérusalem, après avoir saccagé sa maison et confisqué ses effets personnels puis ils l’ont amené pour une destination inconnue.
Hier, les forces sionistes ont dit avoir arrêté plus de 20 Palestiniens au cours des derniers jours et elles les accusent d’être impliqués dans les confrontations de la Mosquée Aqsa. Ils ont été emmenés en centre de détention pour interrogatoire.
La radio sioniste a annoncé que ses forces avaient l’intention de poursuivre leurs raids dans les maisons palestiniennes et les arrestations à Jérusalem occupée.
Commando des forces sionistes clandestines à Silwan
Des agents de sécurité sionistes clandestins ont attaqué deux activistes palestiniens et arrêtés plusieurs autres dans le quartier Silwan, à Jérusalem Est, mercredi après-midi.
Selon les Palestiniens du secteur Bustan, à Silwan, des agents sionistes « déguisés en Arabes » ont attaqué Mousa Odeh, 50 ans, et Muhammad Odeh, 48 ans, tous les deux membres du comité local qui organise les protestations contre les démolitions de maisons. Plusieurs autres résidents palestiniens ont eux aussi été arrêtés par les troupes sionistes clandestines dans le quartier, ont dit les sources locales.
La municipalité sioniste a planifié de détruire au bulldozer 89 maisons à Bustan, un faubourg densément peuplé dans une vallée adjacente à la vieille ville de Jérusalem.
La semaine dernière, le maire sioniste Nir Barkat a lancé les ordres de démolition pour construire un parc à la place.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13560&type=communique&lesujet=Nettoyage%20ethnique

Israël lance des invitations pour assister à l’ouverture d’une synagogue à l’intérieur de la Mosquée Aqsa

Jérusalem - 12-03-2010
Par Palestine Info
Des sources palestiniennes à Jérusalem occupée ont révélé que les autorités israéliennes d’occupation ont commencé à lancer des invitations officielles pour l’ouverture d’une synagogue au cœur de la Mosquée Aqsa, le 16 mars.
Ces sources ont ajouté que l’occupation est en pleins préparatifs pour cette journée, ajoutant que selon la prophétie d’un rabbin juif du 18ème siècle, cette synagogue sera établie à la date mentionnée sur les ruines de la Mosquée Aqsa.
L’occupation a la forte intention de démolir la Mosquée, mais les conditions actuelles ne sont pas favorables pour le faire, ont noté les sources.
Les sources ont précisé qu’il y a un accord entre le gouvernement et les partis en Israël pour l’ouverture de cette synagogue, ainsi qu’une coopération palestinienne de l’autorité de Mahmoud Abbas pour faciliter la cérémonie d’ouverture et empêcher toute initiative islamique pour défendre la Mosquée.
A la lumière des préparatifs israéliens pour réprimer toute initiative de défense de la sainte Mosquée ce jour là, l’autorité d’occupation empêche tous les fidèles jérusalémites de moins de 50 ans d’entrer à la Mosquée et a lancé une vaste campagne d’arrestations contre les jeunes palestiniens de la ville sainte.
Pour leur part, les milices d’Abbas ont kidnappé hier jeudi 14 citoyens palestiniens supposés affiliés au Hamas dans les gouvernorats de Tulkarem, Naplouse, Jenin et Qalqiliya.

Crise israélienne: les travaillistes menacent, le gouvernement parle d'erreur

11/03/2010  
Le gouvernement Netanyahu a déclenché une sérieuse crise diplomatique avec l'administration de Barack Obama, en donnant son feu vert à la construction de 1.600 nouveaux logements à l'est de Jérusalem occupée, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden.
Ce plan a également dénoncé par plusieurs responsables israéliens. Le Parti travailliste israélien a menacé, ce jeudi, de quitter la coalition du Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu, après la crise avec les Etats-Unis et les Palestiniens née de l'annonce par le gouvernement d'un nouveau projet de colonisation.
"Les travaillistes ont de plus en plus de difficultés à participer à la coalition gouvernementale dans laquelle ils sont entrés pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens", a prétendu le ministre de l'Agriculture, Shalom Simhon, du parti travailliste, dirigé par le ministre de la guerre Ehud Barak.
S'agissant de la colère de Biden,  Simhon a affirmé qu'elle est justifiée. "Une grave erreur a été commise (par Israël), et il y a un prix à payer. Il est de plus en plus difficile pour nous, les travaillistes, de continuer à siéger dans ce gouvernement", a-t-il ajouté.
Interrogé de son côté par la radio publique, le ministre travailliste des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a estimé que "le gouvernement n'a pas fait preuve de sagesse ces derniers jours, et doit être beaucoup plus prudent, notamment en surveillant étroitement le mécanisme des prises de décisions qui ont un impact politique".
Le Parti travailliste, compte 13 élus sur un total de 120 au Parlement.
LE CABINET ISRAELIEN PARLE D'ERREUR
Embarassé par les condamnations, tous azimuts, à l'encontre de cette décision, le gouvernement israélien a annoncé qu'il s'agissait d"une erreur", tout en affirmant que "la colonisation (à l'est de Jérusalem occupé) continuera en fonction des besoins". 
"Cette annonce a abouti à un échec et cela ne doit pas se reproduire", a déclaré, ce jeudi, le secrétaire du cabinet israélien, Tzvi Hauser à la radio publique israélienne.
Hauser a par ailleurs indiqué que le Premier ministre Benjamin Netanyahu "a eu mercredi soir une discussion très dure avec avec le ministre de l'Intérieur" Elie Yishaï, chef du parti orthodoxe Shass.
Mardi, le ministère de l'Intérieur a annoncé un projet de construction de 1.600 logements juifs à l'est de Jérusalem occupée. 

Ashkénazi : « Israël doit faire face à des menaces sans précédent »

11/03/2010  
 Malgré le calme relatif qui règne en ce moment, « Israël fait face à une situation de sécurité ambivalente et une série de menaces sans précédent », a affirmé le chef de l’état-major de l'armée israélienne Gabi Ashkenazi jeudi à New York.
S'exprimant lors d'une réunion organisée par les Amis de l'armée israélienne, Ashkenazi a mis en garde contre «  l'Iran qui vise à déstabiliser le Moyen-Orient à travers ses émissaires, le Hezbollah et le Hamas » ;
Il a exhorté la communauté internationale à freiner le programme nucléaire de la république islamique.
Ashkenazi a estimé que « Téhéran représente la principale menace sur la paix mondiale aujourd’hui », notant que « l’Iran se dote progressivement de capacités nucléaires, armant et soutenant les groupements de résistance au Moyen-Orient et ailleurs ».
 Le monde doit "garder toutes les options sur la table» vis-à-vis de l'Iran, a conclu le chef de l'armée israélienne.

Amir, dix ans, enlevé dans son lit par les soldats israéliens

jeudi 11 mars 2010 - 18h:56
Nora Barrows-Friedman
The Electronic Intifada
« Nous sommes des enfants, tout comme vous. Nous avons le droit de jouer, d’aller librement. Je veux dire au monde qu’il y a tant d’enfants dans les prisons israéliennes. Nous voulons juste la liberté de bouger, la liberté de jouer. »
(JPG)
Amir et sa mère, quelques heures seulement avant son enlèvement
par des soldats israéliens.
(Nora Barrows-Friedman)
Amir al-Mohtaseb a souri tendrement quand je lui ai demandé de me dire quelle était la couleur qu’il préférait. Assis dans le salon familial, cet après-midi de jeudi dernier, 5 mars, dans la vieille ville d’Hébron, le garçonnet de 10 ans, avec ses taches de rousseur et ses longs cils, m’a répondu, le « vert ». Puis, il a poursuivi en me racontant, en détail et péniblement, son arrestation et sa détention, et l’emprisonnement de son grand frère de 12 ans, Hasan, par les soldats de l’occupation israélienne, le dimanche 28 février.
Quelques heures après cet entretien, à 2 h du matin, les soldats israéliens ont fait irruption dans sa maison, ils ont arraché Amir de son lit, menacé ses parents de les tuer si jamais ils tentaient de le protéger, ils l’ont descendu au rez-de-chaussée, sous la cage d’escalier. Là, ils l’ont roué de coups si méchamment qu’il a fait une hémorragie, dans le ventre, et il fallut l’hospitaliser dans la nuit. En état de choc et en plein désarroi, Amir restera pendant un jour et demi sans pouvoir ouvrir la bouche ni s’exprimer.
Lors de notre entretien de cet après-midi qui précède cette violente agression, Amir m’a raconté que le dimanche 28, il jouait dans la rue, près de la mosquée Ibrahimi, tout en allant avec Hasan voir leur tante.
« Deux soldats nous ont arrêtés et menottés » dit Amir. « Ils nous ont conduits vers deux jeeps séparées. Ils m’ont emmené dans la colonie et m’ont mis dans un coin. J’avais toujours les menottes. Ils ont mis un chien à côté de moi. J’ai dit que je voulais rentrer à la maison. Ils ont répondu non, et ils m’ont dit que j’allais rester là toujours. Ils ont refusé que j’aille aux cabinets. Ils ne m’ont pas laissé appeler ma mère. Ils m’ont bandé les yeux et je suis resté comme ça jusqu’à ce que mon père puisse venir me chercher, tard le soir. »
La détention d’Amir, dans la colonie, a duré près de dix heures. « Je ne pensais qu’à une chose, c’était à quel point j’avais peur, surtout avec le chien tout près de moi. Je voulais m’enfuir et retourner chez moi », dit-il.
La mère d’Amir et d’Hasan, Mukarrem, m’a dit qu’Amir avait manifesté des signes de traumatisme, dès son retour à la maison. « Il essayait de blaguer, et de rire. Mais ce n’était pas un rire normal. Il était content et terrifié en même temps, ». « Il avait uriné sur lui à un moment pendant sa détention. Il était vraiment effrayé. »
Amir a confié que les nuits qui ont suivi sa première détention, il n’a pas pu dormir, malade d’inquiétude pour son frère en prison, et effrayé à l’idée que les soldats puissent revenir (ce qu’effectivement, ils ont fait). Actuellement, il y a environ 350 enfants qui croupissent dans les prisons et les camps de détention israéliens, subissant des interrogatoires, des tortures et des condamnations interminables, quelquefois sans inculpation. Leur nombre varie constamment, mais des milliers d’enfants palestiniens, entre 12 et 16 ans, sont passés par le système judiciaire militaire israélien au cours de la décennie passée, depuis le déclanchement de la deuxième Intifada palestinienne. Israël a fixé l’âge adulte pour ses propres citoyens à 18 ans, mais par ordre de l’armée, et en violation du droit international, il a décidé que pour les Palestiniens, ce serait 16 ans. De plus, des ordres militaires spéciaux d’Israël (n° 1644 et 132) permettent d’arrêter et de juger les enfants palestiniens - désignés sous le nom de « délinquants juvéniles » - dès l’âge de 12 ans.
« De cette façon, ils ont une couverture "légale" pour agir comme ils le font, même si c’est contraire aux lois internationales, » dit Abel Jamal, chercheur à Défense de l’Enfance internationale - section Palestine, (DCI-PS), à son bureau d’Hébron. « Cependant, dans le cas d’Amir, ils ont même violé leurs propres lois en l’arrêtant et en le mettant en détention alors qu’il n’a que dix ans. Ces lois sont manifestement extensibles au bon vouloir d’Israël. Nous n’avons jamais vu qu’il y ait des poursuites pour de tels crimes ».
J’ai demandé au père d’Amir et d’Hasan, Fadel, de me dire comment on pouvait être parents, sous un tel siège permanent. « Ce n’est pas sans danger pour les enfants d’aller à l’extérieur, car nous sommes confrontés constamment aux agressions des colons et des soldats, » explique-t-il. « En soi, c’est inimaginable pour nous. Et maintenant, nous avons un fils qui est en prison et un autre qui est traumatisé... ils sont si jeunes. »
Le dimanche 7 mars, exactement une semaine après l’arrestation d’Hasan et la détention d’Amir, la famille et des journalistes de la presse locale, tôt dans la matinée, se sont rendus à la prison d’Ofer où Hasan est détenu depuis son arrestation du 28. Après un long cheminement, le juge militaire israélien a reconnu que le garçon était trop jeune pour rester en prison, Hasan a été relâché mais à la condition de revenir au tribunal, à une date ultérieure, pour finir la procédure judiciaire. Ce procès faisait suite à la première audience de mercredi dernier, à Ofer, où Maan News Agency rapporte que le juge a exigé que Fadel verse au tribunal 2 000 shekels (390 €) pour la caution d’Hasan. D’après Maan, Fadel a alors demandé, publiquement, au tribunal, « Quelle est la loi qui permet qu’un enfant soit jugé devant un tribunal et que l’on exige de son père de payer une amende ? Je ne paierai pas l’amende, et vous devez libérer mon enfant... c’est la loi de l’occupation d’Israël. »
Tenaillés par les situations de leurs fils, Mukarrem et Fadel disent qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour leur famille sous l’agression israélienne. « Que pouvons-nous faire ? » demande Fadel. « Nous verrouillons les portes. Nous verrouillons les fenêtres. Nous n’avons rien pour protéger notre famille et nos voisins contre les soldats et les colons. Si c’était un Palestinien qui enlevait, frappait et emprisonnait un enfant israélien, le monde entier se mettrait en rébellion contre cela. On le verrait partout dans les médias. Mais les Israéliens rentrent dans nos communautés, avec des jeeps, des chars d’assaut et des bulldozers, ils prennent nos enfants et les jettent en prison, et personne ne s’en soucie. »
Jamal, de DCI-PS, redonne son opinion sur le droit international qui est fait pour protéger les enfants sous occupation militaire, et qui est ignoré par Israël depuis le début de l’occupation en 1967. « La plupart du temps, nous utilisons, autant que nous le pouvons, la loi, les Conventions de Genève, la Convention des Nations-Unies pour les droits de l’Enfance contre cette violence, » dit Jamal. « Toutes ces lois existent, mais Israël se sert de ses propres lois militaires comme excuses pour défier le droit international. Nous, Palestiniens, devons travailler ensemble à la création d’une solidarité contre cette brutalité. En oeuvrant ainsi, nous disons à la communauté internationale, voilà ce qui se passe avec les enfants palestiniens, ceci afin d’acquérir une large base de soutien contre cette situation. Nous croyons que la seule façon d’arrêter cela, c’est par le soutien de la communauté internationale. »
Amir commence doucement à parler, 36 heures après les coups des soldats israéliens. Selon Zahira Meshaal, travailleuse sociale à Bethléhem, spécialisée dans les effets du traumatisme chez l’enfant, « le mutisme électif » d’Amir, symptôme d’un choc psychologique extrême et provoqué par les coups et sa détention, est une réaction courante, mais le fait qu’il ait commencé à parler est un bon signe. « Il s’agit d’une réaction de peur à beaucoup de niveaux. La maison d’Amir et sa famille représentent sa seule source de sécurité, » dit Meshaal. « Tout cela lui a été enlevé quand les soldats ont envahi sa maison. Il est aisé de suivre son trauma immédiat, mais les conséquences à long terme seront sans aucun doute difficiles à traiter. Il aura besoin de beaucoup de soins psychologiques, en commençant maintenant. »
Meshaal commente la nature de cette agression dans le contexte de la situation telle qu’elle se développe dans Hébron. « Nous parlons d’un endroit qui se trouve en première ligne pour le traumatisme, » dit-elle. « C’est un mal permanent et qui empire pour la communauté tout entière. Les parents doivent être au centre de la sécurité pour leurs enfants, mais cela leur est ôté. Spécialement à Hébron, et les colons et les soldats israéliens le savent, ils se servent de cette tactique pour obliger les gens à partir d’ici. C’est une guerre psychologique. Il s’agit d’un acte délibéré pour effrayer les enfants et obliger les gens à partir ailleurs, où leurs enfants se sentiront plus en sécurité. »
Au terme de notre entretien du jeudi 5 mars, Amir avait envoyé un message aux enfants d’Amérique. « Nous sommes des enfants, tout comme vous. Nous avons le droit de jouer, d’aller librement. Je veux dire au monde qu’il y a tant d’enfants dans les prisons israéliennes. Nous voulons juste la liberté de bouger, la liberté de jouer. »
Amir a dit qu’il sera cardiologue plus tard, quand il aura grandi. Sa mère et son père, eux, espèrent que le propre cœur d’Amir - et le leur - guérira du trauma répétitif et cumulatif de la semaine dernière, aux mains d’une occupation israélienne interminable.
* Nora Barrows-Friedman est co-animatrice et principale productrice de Flashpoints, magasine quotidien d’investigations sur Radio Pacifique. Elle est aussi correspondante d’Inter Press Service. Elle écrit régulièrement depuis la Palestine où elle dirige aussi des ateliers de communication pour les jeunes du camp de réfugiés de Deishé, près de Betléhem, en Cisjordanie occupée.
(JPG)
L’auteur, en Palestine.
Hébron, le 8 mars 2010 - Live from Palestine - The Electronic Intifada - traduction : JPP
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8317

Gaza un an plus tard

jeudi 11 mars 2010 - 12h:40
Micheál Martin
New York Times
La semaine dernière je me suis rendu à Gaza et j’étais le premier ministre des affaires étrangères de l’union européenne à y pénétrer.
(JPG)
Micheál Martin
Je suis allé dans un but humanitaire, afin de voir de première main l’effet d’un blocus imposé maintenant au peuple de Gaza depuis deux ans et demi et pour rencontrer le personnel courageux et dévoué de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), notamment son directeur des opérations, l’Irlandais John Ging. Ces personnes ont joué un rôle indispensable dans le maintien des services humanitaires vitaux pour le peuple de Gaza.
Dès mon arrivée à Gaza, j’ai constaté que les privations et les difficultés créées par le blocus n’étaient que trop évidentes. Quand je me suis rendu au centre de distribution d’aliments de l’UNWRA, j’ai pu voir le désespoir et la souffrance marquant les visages de ceux qui faisaient la file pour obtenir les rations les plus essentielles de riz, de lait en poudre et d’huile de tournesol. 80 % de la population de Gaza vit à présent sous le seuil de pauvreté et l’UNWRA trouve de plus en plus de cas de pauvreté totale où les gens n’ont pas assez de nourriture pour vivre, même avec leurs maigres rations.
La tragédie de Gaza est que la Bande court le danger imminent de devenir une crise humanitaire tolérée, une situation que la plupart des personnes justes reconnaissent comme absolument inacceptable à notre époque, mais qui s’avère extrêmement difficile à corriger ou à améliorer à cause du blocus et des ramifications des efforts visant à réaliser un progrès politique au Moyen-Orient.
On peut imaginer combien il est difficile de ne pas céder au désespoir dans un tel environnement. Toutefois, ce qui m’a le plus impressionné et encouragé pendant la visite, a été la résilience et l’incroyable dignité des gens ordinaires.
Il me faut mentionner en particulier deux jeunes filles que j’ai rencontrées pendant ma visite à l’école préparatoire pour filles de l’UNWRA à Rafah. Reem Abu Owida à 10 ans, mais sa petite taille vous ferait penser qu’elle a au minimum deux ans de moins. Dina Ali Awaja est âgée de 15 ans.
En tant qu’ancien enseignant moi-même, j’ai été très impressionné par l’éloquence, l’enthousiasme et l’attitude positive de ces deux petites filles. Leur dignité et leur attachement aux valeurs des droits humains et à un dialogue dans le respect, dont elles ont parlé avec éloquence et passion, étaient manifestes et confirmaient la validité du travail merveilleux accompli par l’UNWRA dans le secteur de l’éducation.
J’ai été pareillement frappé par ce que m’ont dit les membres d’un groupe d’hommes d’affaires au parc industriel de Karni. Ce groupe composé en majorité de jeunes hommes et femmes d’affaires m’a décrit avec force détails la dévastation qui a frappé le secteur privé à Gaza dont l’économie ne fonctionne maintenant qu’à 10 - 15 % de sa capacité. Plus de 1000 sociétés ont mis la clé sous la porte depuis l’opération plomb durci de l’armée israélienne début de 2009. Le chômage dépasse maintenant 50 %.
Ce que j’ai vu à Gaza, dans tous les gravats et la dévastation tellement évidente un an après le conflit, est une population traumatisée et réduite à la pauvreté par un blocus injuste et complètement contre-productif. Le seul résultat du blocus est d’enrichir le Hamas et de marginaliser encore davantage les voix modérées.
Je considère la situation actuelle pour la population ordinaire comme inhumaine et totalement inacceptable, en termes de normes internationales des droits humains.
Ce sont des messages évidents que j’apporterai avec moi à Cordoue, le week-end prochain lorsque je rencontrerai la haute représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton, et mes collègues des affaires étrangères de l’Union européenne. L’Union européenne et la communauté internationale doivent simplement accroître davantage la pression pour mettre fin au blocus et ouvrir les passages aux frontières permettant la reprise d’un trafic commercial et humanitaire normal.
Je crois sincèrement que le siège médiéval imposé au peuple de Gaza est inacceptable. Je ne suis aussi que trop conscient que quelque part à Gaza, se trouve le jeune soldat israélien Gilad Shalit, prisonnier depuis quatre ans et je renouvelle mon appel pour sa libération rapide et son retour dans sa famille.
Le peuple de Gaza est légitimement fier de son patrimoine. Ce patrimoine est riche, ainsi que je l’ai découvert quand j’ai visité le musée archéologique, petit mais impressionnant, récemment construit en bordure de la ville de Gaza. Deux jeunes personnes comme Reem et Dina méritent d’avoir l’occasion de vivre un avenir conforme à leur héritage.
J’en appelle à tous ceux qui se soucient véritablement de la paix au Moyen-Orient pour qu’elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin que tous les jeunes comme Reem et Dina aient accès à tout que nous souhaiterions pour nos propres enfants : un avenir décent.
* Micheál Marten est ministre des affaires étrangères de l’Irlande
4 mars 2010 - Ce texte peut être consulté ici :
http://www.nytimes.com/2010/03/05/o...
Traduction : Anne-Marie Goossens
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8316

La Grande-Bretagne va protéger les criminels de guerre israéliens

jeudi 11 mars 2010 - 07h:09
Abdel Bari Atwan
Le premier ministre britannique Gordon Brown est en train de mettre en application des changements à la loi britannique afin de prémunir d’une arrestation ou de poursuite les criminels de guerre israéliens impliqués dans les atrocités commises dans la bande de Gaza.
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Brown tout à fait à l’aise avec la criminelle de guerre Livni..
Cette étape succède à un engagement pris par Brown devant Tzipi Livni après qu’un mandat pour l’arrestation de celle-ci ait été émis par un juge britannique au cas où elle mette le pied au Royaume-Uni [décembre 2009].
Que le système judiciaire britannique puisse ainsi se retrouver scandaleusement compromis pour satisfaire les amis israéliens de Brown — amis dont les mains sont souillées du sang des femmes palestiniennes, des enfants, et des personnes innocentes dont les corps ont été mis en pièces par les fusées et les bombes israéliennes au phosphore — représente un déshonneur historique qui recouvre de honte la démocratie britannique, le principe de la séparation des pouvoirs et le principe de défendre celui qui est piétiné et les victimes de crime.
De façon tout à fait regrettable, Brown prend cette initiative qui viole complétement les valeurs de justice et d’humanité occidentales, à un moment où les agents israéliens du Mossad ont violé la souveraineté britannique et ont menacé la sécurité britannique et celle de ses ressortissants puisqu’une cellule du Mossad a utilisé des passeports britanniques pour commettre l’assassinat du martyre Mahmud Al-Mabhuh, un des fondateurs de l’aile militaire du Hamas, le mouvement de la résistance islamique.
Les lois contre les criminels de guerre ne sont pas uniquement britanniques ; elles ont été décrétées par la mise en oeuvre de traités internationaux par les pays qui avaient gagné la deuxième guerre mondiale, pour protéger les juifs et poursuivre les criminels de guerre impliqués dans les crime de l’Holocauste. M. Brown souhaite maintenant changer ces lois parce qu’elles sont utilisées pour protéger les nouvelles victimes des anciennes victimes du nazisme. En d’autres termes, les crimes à Gaza ont été commis par les fils des victimes de l’Holocauste, contre des gens innocents et désarmés dont la seule faute était d’être des Palestiniens, et non des Juifs.
Cette conception discriminatoire des lois britanniques, basée sur l’appartenance ethnique, la religion, et la nationalité, est une grande insulte aux victimes même de l’Holocauste. Si les victimes de l’Holocauste exprimaient leur point de vue sur cette question, elles auraient refusé tout changement à ces lois, se seraient tenues du côté des victimes dans la bande de Gaza, et auraient exigé le jugement des criminels de guerre qui ont massacré leurs victimes, détruit leurs maisons, et forcé plus de 60. 00 d’entre eux à vivre en plein air et sans abri !
Brown a publié un article tout à fait biaisé et hypocrite dans le Daily Telegraph au sujet de la raison utilisée par le système judiciaire britannique pour lancer un mandat d’arrêt contre Livni et d’autres commandants de l’armée israélienne impliqués dans des crimes de guerre. C’est comme si le premier ministre britannique ignorait tout du rapport publié par Richard Goldstone, le juge sud-africain [juif lui-même et dont la fille est citoyenne israélienne], rapport qui a clairement condamné le carnage israélien à Gaza.
Ni Goldstone ni son rapport ne disent le moindre mensonge, car tout a été rédigé et publié après des visites sur le terrain par une équipe de juges disposant d’une réputation internationale dans leur spécialisation.
Nous avions espéré que la Grande-Bretagne, qui se vante de sa démocratie et de son système judiciaire indépendant, aurait respecté les avis de ces juges et aurait mis en oeuvre leurs décisions, tout en soutenant la demande internationale de sanctions économique contre Israël. Ces criminels de guerre israéliens devraient avoir été conduits devant le Tribunal Pénal international de la Haye où ont été jugés avec raison les criminels de guerre de Bosnie. C’est une responsabilité légale et morale pour la Grande-Bretagne, d’autant plus qu’il s’agit du pays qui porte la plus grande responsabilité dans la tragédie du peuple palestinien.
En introduisant ces changements dans la loi britannique, Brown crée un précédent historique profondément regrettable en battant en brêche la crédibilité du système judiciaire britannique afin de satisfaire ses amis israéliens.
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http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction : Info-Palestine.net
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8314

L’OCDE accueille le « Grand Israël »

publié le mardi 9 mars 2010
Luisa Baroni

 
Ce texte n’est pas une analyse de l’AFPS. Néanmoins il nous paraît suffisamment important pour que nous le mettions en évidence ici
L’organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) légitime de fait l’occupation israélienne des Territoires palestiniens et autorise l’entrée d’Israël en son sein. Tel est le sens d’un document confidentiel, daté du 1er février 2010 et disponible à l’adresse Internet suivante : http://cryptome.org/israel-oecd.zip
Ce texte s’inscrit dans le processus d’évaluation de la candidature d’Israël à l’adhésion à l’OCDE. Celle-ci devrait se produire au mois de mai prochain, à en croire les propos du secrétaire général, Angel Gurria, lors de son voyage en Israël, en janvier dernier, pour la présentation des deux rapports de l’organisation, l’Etude économique d’Israël [1] et la Revue du marché du travail et des politiques sociales d’Israël [2]. Et le ministre italien de l’Economie, Giulio Tremonti l’a confirmé le 3 mars.
Le document confidentiel « Adhésion d’Israël à l’organisation : projet d’opinion formelle du Comité statistique » se présente comme l’ébauche d’évaluation dudit Comité de l’OCDE – dit CSTAT – sur la correspondance entre les faits présentés par Israël et les exigences économiques de l’organisation à l’égard de ses Etats membres. La présentation de faits ainsi que de statistiques analytiques, structurés sur une période brève, explique le document, « est l’une des obligations fondamentales pour l’adhésion », conformément à la Convention fondatrice de l’organisation.
Le document retrace le processus d’évaluation de la candidature d’Israël. Aux points 18-19 et 58-60, il est dit qu’Israël n’a présenté jusqu’à présent que des données concernant non seulement son propre territoire, mais aussi Jérusalem-Est, les hauteurs du Golan et les colonies de Cisjordanie, zones occupées illégalement depuis 1967. L’intégration de données sur les colonies est particulièrement importante : en Cisjordanie, celles-ci bénéficient de privilèges économiques dont sont exclus les citoyens israéliens à l’intérieur de la Ligne verte. D’où une déformation de l’image ainsi fournie de l’économie et de la qualité de la vie en Israël. Mais cela reflète surtout le refus d’Israël de présenter des statistiques distinctes pour lui-même et pour les Territoires qu’il occupe.
Pourtant, le rapport ne considère pas cette question comme un obstacle susceptible d’empêcher l’adhésion d’Israël à l’OCDE. Au contraire : le Comité statistique « recommande la préparation d’une étude en commun avec les autorités israéliennes afin d’évaluer l’impact quantitatif des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies israéliennes de Cisjordanie sur les données-clés rassemblées au plan économique et social ». Cette étude ne sera toutefois produite que « dans l’année suivant l’adhésion d’Israël à l’organisation », c’est-à-dire une fois que l’Etat en sera devenu membre.
Si le texte affirme que « Israël s’est engagé à contribuer activement à cette étude après son admission », qui garantit que le gouvernement israélien ne refusera pas, finalement, de présenter les données exigées ? Mais le pire est ailleurs : avec ce document, l’OCDE reconnaît de fait l’occupation israélienne et la légitime au niveau international.
L’OCDE qui siège à Paris, rassemble trente Etats, a pour but la promotion de l’économie de marché et le libre-échange sur une base néo-libérale. Née en 1948, dans le cadre du plan Marshall, cette organisation des Etats de l’Europe occidentale sous parapluie américain s’est transformée en 1960 en organisme international. Attendent actuellement d’y adhérer – outre Israël – le Chili, l’Estonie, la Russie et la Slovénie.
Le processus d’adhésion d’Israël a commencé en 1993, dans le cadre des accords d’Oslo. Les critiques les plus fortes de l’OCDE vis-à-vis de la politique israélienne concernaient jusqu’ici trois faits : l’occupation des territoires palestiniens et les données statistiques à son sujet, la corruption de l’armée et le droit de propriété intellectuelle dans l’industrie pharmaceutique.
Depuis 2007, le processus a enregistré une accélération grâce au choix des gouvernements israéliens de tailler dans les dépenses sociales et de privatiser de nombreux secteurs. L’adhésion d’Israël représentera une reconnaissance de la légitimité et de la nature démocratique de l’Etat d’Israël, d’autant plus précieuse qu’elle interviendra dans un contexte très particulier : contrairement à la rhétorique des colloques de paix, Israël développe actuellement une répression systématique contre la résistance populaire non violente en Cisjordanie tout en poursuivant le siège de la bande de Gaza.
Pour cette stratégie, le gouvernement Netanyahou-Lieberman-Barak a plus que jamais besoin que jamais de reconnaissance internationale. Et il a de plus en plus de mal à l’obtenir, comme le montrent l’adoption du rapport Goldstone par l’Assemblée générale des Nations unies, les conclusions du sommet européen de décembre dernier, les percées de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions. L’OCDE va-t-elle, à contre-courant, légitimer l’occupation et la colonisation ?
Article rédigé pour l’AFPS par Luisa Baroni
traduit de l’italien par D. Vidal, Afps