samedi 31 juillet 2010

Gaza : un Palestinien tombe en martyr

Samedi, 31 Juillet 2010 10:21 
IRINN-Des avions israéliens ont tiré des missiles contre plusieurs objectifs vendredi soir dans la bande de Gaza, dont le quartier Kerfan au camp Al-Maghazi tuant en martyr Issa Al-Matran membre des unités d'Ezzeddine Qassam du Hamas et blessant huit personnes, selon des témoins et des sources médicales.
 Les appareils ont également visé des tunnels à la frontière avec l'Egypte, sans faire de victimes, ont indiqué des témoins. L'artillerie du régime sioniste a également pilonné la région de Beit Hanoun. « Ce raid était une réponse aux capitulards », a souligné le porte-parole du Hamas, Taher Al-Nounou avant d'ajouter que toute reprise des négociations avec les occupants ne servirait qu’à redorer le blason du régime sioniste, et que les résultats de telles mesures ne feraient que porter atteinte à l'avenir du peuple palestinien.
 Lien

Mahmoud Abbas : "si les choses vont mal, je me barre"

30/07/2010

alquds & felesteen -  Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne, a affirmé, lors d'une conférence de presse au Caire, qu’il fait l’objet de pressions de la part des Etats-Unis, des pays de l’Union européenne, de Ban Ki-moon, SG de l’ONU, en vue de reprendre les négociations directes avec la partie israélienne.
Abou Mazen, qui vient d’avoir le feu vert de la Ligue arabe pour renouer avec les  négociations directes avec Israël, a affirmé qu’il n’accepte pas de passer aux pourparlers directs, que s’il obtienne des garanties écrites, où Israël admet les termes du processus de paix, reconnaît les frontières de 1967, et arrête les implantations.
Il a insinué que l’autorité palestinienne risque de s’effondrer, et le chaos envahirait, le cas échéant, les territoires occupés, si aucune avancée  n’est réalisée dans le processus de paix, et si les pays arabes continuent à ne pas honorer leurs engagements pour soutenir l’autorité financièrement.
Le Président palestinien a laissé entendre que "les pays arabes ont décidé de fournir un soutien financier à l’autorité palestinienne, estimé à 550 millions de dollars par an, mais hélas, nous n’avons reçu jusque-là que 120 millions de dollars uniquement, soit un taux de 10 à 15% de l’aide promise, à l’heure où les Etats-Unis nous versent 450 millions de dollars tous les ans, et l’Europe donne des sommes beaucoup plus importantes, d’une manière régulière".
Le dernier sommet de Syrte a entériné l’engagement pour un appui de 500 millions de dollars au profit du fond d’al-Qods, a-t-il poursuivi, "mais lorsque j’ai demandé à la Ligue arabe dix millions de dollars en vue de l’extension  d’un hôpital d’al-Qods, elle m’a répondu qu’elle n’a pas reçu un seul centime des pays arabes pour le soutien dudit fonds". Et Abbas de s’interroger : "comment pourrais-je appuyer la résistance du peuple palestinien à al-Qods et dans le reste des territoires occupés, à l’heure où un seul juif russe donne près de 1,5 milliard de dollars pour l’extension de la colonie Bab Amoud à al-Qods…appuie-t-on la résistance des Palestiniens par les paroles ?"
Aux dires d’Abou Mazen, la cause palestinienne traverse une mauvaise passe. Il émet l’espoir pour un règlement en vue de l’instauration d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, qui a pour capitale al-Qods-Est, avec une solution au problème des réfugiés.
Et si les négociations indirectes dont la date butoir est le 8 septembre prochain n’aboutissent pas, que fera-t-il ? "Si les choses ne marchent pas, je me barrerais, qu’est-ce qui me lie à l’autorité palestinienne, et j’annonce devant vous que je ne me présenterai à aucune élection de l’autorité palestinienne, quoiqu’il advienne". Question subsidiaire : "Mais que feriez-vous après l’autorité palestinienne ? Et Abbas de répliquer avec une note d'humour : "je me convertirai en journaliste reporter".
Il a appelé journalistes et rédacteurs en chef égyptiens, arabes et musulmans, et tous les peuples musulmans à visiter les territoires palestiniens et al-Qods en vue de soutenir le peuple palestinien. "Je vous prie de nous rendre visite, venez pour que vous puissiez voir de vos propres yeux la réalité, celui qui entend n’est pas comme celui qui regarde, et celui qui prétend que la visite d’al-Qods est interdite par la chariâa, ne comprend pas la religion, car le Coran et la Sunna recommandent aux musulmans de se rendre à al-Qods",affirme-t-il,  invoquant un hadith du prophèt e Mohamed, (paix et grâce sur lui).

http://www.gnet.tn/revue-de-presse-internationale/mahmoud-abbas-si-les-choses-vont-mal-je-me-barre/id-menu-957.html http://www.gnet.tn/revue-de-presse-internationale/mahmoud-abbas-si-les-choses-vont-mal-je-me-barre/id-menu-957.html 
Lien

Les Partis communistes arabes…Recours à toutes les formes de résistance pour obliger Israël de se retirer des terres arabes occupées

30 Juil 2010
Damas /  Les participants à la réunion à Damas des Partis communistes arabes ont insisté sur le droit à recourir à toute forme de lutte et de résistance pour obliger Israël de se retirer des terres arabes occupées.
Dans un communiqué publié aujourd'hui, au terme de leur réunion de deux jours, les participants ont insisté sur l'importance de la consolidation de la lutte pour lever le blocus israélien injuste imposé à Gaza et ouvrir tous les passages et sur le rejet de n'importe quelle forme de séparation entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Le communiqué demande le suivi en justice des responsables israéliens auprès des instances judiciaires internationales en vue de les juger pour leurs crimes contre les deux peuples palestinien et libanais.
Le communiqué appelle au soutien à la construction d'un front palestinien unifié de résistance populaire, tout en incitant les forces et les factions palestiniennes à unifier leurs rangs et à mettre fin à toute forme de division entre elles.
Le communiqué appelle également à une action pour proclamer l'établissement d'un Etat national palestinien indépendant souverain à l'intérieur des frontières de /1967/ avec al-Qods pour capitale.
Le communiqué souligne le lien objectif entre la lutte du peuple palestinien et celle des peuples arabes pour en finir avec l'occupation, l'hégémonie et de la force colonialiste.
Les participants à cette réunions se sont félicités de la montée de la solidarité internationale avec le peuple palestinien et ses droits justes, consistant en l'appui franc et claire à sa lutte pour mettre fin à l'occupation israélienne et assurer le retour des réfugiés à leurs foyers.
Le communiqué proclame l'appui à la lutte de la Syrie pour récupérer son Golan occupé, tout en réclamant la cessation immédiate de la construction des colonies israéliennes et le soutien au Liban pour récupérer les fermes de Chaba'a et les collines de Kfar chouba.
Le communiqué salue les détenus palestiniens et syriens dans les geôles israéliennes et appelle à une campagne de solidarité mondiale pour leur libération.
Le communiqué insiste sur l'appui à l'unité de l'Irak, sur l'abolissement de l'occupation et sur l'établissement d'un gouvernement national dans ce pays.
Le communiqué souligne la nécessité de poursuivre l'exécution des décisions de l'union mondiale extraordinaire des Partis communistes et ouvriers qui s'était tenues septembre dernier à Damas pour se solidariser avec la Palestine et les questions arabes.
A cette réunion ont pris part, des représentants des Partis communistes de Syrie, du Liban, de l'Egypte, de Jordanie et de l'Irak, du Parti Palestinien du Peuple, du Parti marocain du Progrès et du Socialisme, du Parti Socialiste yéménite, et de la Tribune Démocratique Progressiste bahreïnie. 
 A. Chatta / Gh.H. 
Lien 

Ne niez pas nos droits : lettre ouverte à Mahmoud Abbas

Palestine - 30-07-2010
Par Divers signataires

Cette lettre ouverte adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dont le mandat électif a expiré en juillet 2009 et qui est resté au pouvoir en vertu de lois d’urgence controversées, a été publiée le 22 juillet 2010. 
Nous sommes des Palestiniens d'origines et affiliations diverses – savants, intellectuels, artistes, activistes, syndicalistes, défenseurs des droits de l’homme et dirigeants de la société civile, en Palestine historique et en exil – qui sommes unis dans notre engagement pour la réalisation des droits fondamentaux de tous les Palestiniens, en particulier notre droit inaliénable à l’autodétermination. Ce droit universellement reconnu comprend, au minimum, la libération de l’occupation et de la colonisation dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem ; une pleine égalité pour les citoyens palestiniens en Israël, et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens et leurs descendants.
Au cours d’une réunion avec l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) le 9 juin, vous auriez dit : « Je ne dénierai jamais [le] droit juif à la terre d’Israël, » une déclaration dont vous devez encore vous rétracter. Nous considérons cette annonce, qui adopte un principe central du sionisme, comme une trahison grave des droits collectifs du peuple palestinien. Elle équivaut à un abandon du droit des citoyens palestiniens vivant en Israël à vivre dans l’égalité dans leur propre patrie, dans laquelle ils se sont fermement maintenus en dépit du régime d’apartheid qui leur est imposé depuis des décennies. Elle concède également le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs foyers.
Aucune institution ni dirigeant palestinien n’a jamais accepté une revendication d’exclusivité juive à la Palestine, qui est incompatible avec les droits internationalement reconnus au peuple palestinien. Nos droits nous sont inhérents en tant que peuple, il ne vous appartient pas d’en faire ce que vous voulez.
Nous, en tant que Palestiniens, avons besoin de toute urgence d’une direction légalement et démocratiquement élue, qui soit responsable, capable et engagée dans la réalisation de nos droits nationaux et nos aspirations à vivre dans la liberté, la dignité et une paix juste dans notre patrie ancestrale. Nous demandons à tous les Palestiniens de reprendre immédiatement le processus démocratique pour la construction duquel notre peuple a tant lutté, de sorte que nous puissions désigner des dirigeants ayant une vision et une stratégie efficaces pour réaliser nos droits en tant que peuple.

Premiers signataires :
Saleh Abdel-Jawad, Assoc. Prof. of History, Birzeit University (Ramallah); Abdul-Rahim Al-Shaikh, poet and academic (Jerusalem); Naseer Aruri, Prof. Emeritus, University of Massachusetts (Dartmouth); Mourid Barghouti, poet and author (Ramallah/Cairo); Omar Barghouti, commentator and human rights activist (Jerusalem); Ramzy Baroud, author and editor of the Palestine Chronicle (Seattle); George Bisharat, Prof., UC Hastings College of the Law (San Francisco); Haidar Eid, academic and boycott, divestment and sanctions activist (Gaza); Samera Esmeir, Assist. Prof. of Rhetoric, Univ. of California, Berkeley (Haifa); Wael Hallaq, Prof., Columbia University (New York); Nadia Hijab, author and human rights advocate (Washington, DC); Jamil Hilal, sociologist and author (Ramallah); Islah Jad, Assist. Prof. of Gender & Development, Birzeit Univ. (Ramallah); Hatem Kanaaneh, medical doctor and author (Sakhnin); Ghada Karmi, author and Fellow, Exeter University (Exeter); Nur Masalha, Prof. of Religion and Politics, St. Mary's Univ. College (London); Joseph Massad, Prof., Columbia University (New York); Jean Said Makdisi, author (Beirut); Saree Makdisi, Prof., University of California at Los Angeles (Los Angeles); Zakaria Muhammad, novelist (Ramallah); Karma Nabulsi, Fellow in Politics, University of Oxford (Oxford); Eyad Sarraj, psychiatrist (Gaza)
(par ordre alphabétique – les institutions ne sont indiquées qu’à des fins d’identification)
Soutiens :
Mohammed Abu Abdu, Pal. Student Campaign for Academic Boycott of Israel (PSCABI) (Gaza); Bashir Abu-Manneh, Prof., Columbia University (New York); Mohsen Abu Ramadan, civil society activist and independent political commentator (Gaza); Salman Abu Sitta, Palestine Land Society (London); Abdefattah Abusrour, President of Palestinian Theatre League, Jerusalem - General Director of Alrowwad Cultural and Theatre Society, (Aida refugee camp, Bethlehem); Majeed Al-Barghouthi, poet and writer (Amman); Musa Al-Hindi, Coord. Comm. member, US Palestinian Community Network (USPCN); Hala Al-Yamani, Assist. Prof., Bethlehem University (Bethlehem); Lubna Arikat, community activist (San Diego); Huwaida Arraf, attorney and human rights activist, New York; Khaled Barakat, writer and activist, Vancouver; Nasser Barghouti, human rights activist (San Diego); Diana Buttu, lawyer (Ramallah); Yasmeen Daher, lecturer at Birzeit University and human rights activist (Jaffa); Seif Da'na, Prof. of Sociology, University of Wisconsin, Parkside (Parkside); Lamis J. Deek, attorney and human rights advocate (New York); Noura Erakat, human rights attorney (Washington, DC); Leila Farsakh, Assoc. Prof., University of Massachusetts (Boston); Jess Ghannam, Prof., University of California, San Francisco (San Francisco); Lubna Hammad, lawyer and human rights activist, Adalah-NY (New York); Rema Hammami, Assoc. Prof. of Anthropology, Birzeit University (Ramallah); Nizar Hasan, filmmaker (Nazareth); Zaha Hassan, civil rights attorney and human rights advocate (Oregon); Kamel Hawwash, Assoc. Prof. in Civil Engineering, University of Birmingham (Birmingham); Monadel Herzallah, US Palestinian Community Network (USPCN), San Francisco; May Jayyusi, Exec. Director of Muwatin, Palestinian Institute for the Study of Democracy (Ramallah); Ray Jureidini, sociologist, Cairo; Jamal Kanj, author, (Nahr el Bared refugee camp); Osamah Khalil, PhD Candidate, University of California, Berkeley (Berkeley); Suleiman Mansour, visual artist (Jerusalem); Dina Matar, academic, SOAS - University of London (London); Moammar Mashni, Co-Founder, Australians for Palestine (Melbourne); Mazen Masri, lawyer and human rights activist (Toronto); Fouad Moughrabi, Prof. and Head of Dept. of Political Science, Univ. of Tennessee (Chattanooga); Rana Nashashibi, activist, Coalition for Jerusalem (Jerusalem); Mary Nazzal-Batayneh, Barrister, Palestine Legal Aid Fund (London); Mahmoud Oriqat, Engineer (San Diego); Mazin Qumsiyeh, Prof. (Bethlehem); Ahmad Sadi, Academic (Galilee); Grace Said, activist (Washington, DC); Dalal Yassine, lawyer and human rights advocate (Beirut); Raja Zaatry, journalist (Haifa); Elia Zureik, Prof. Emeritus of Sociology, Queen's University (Kingston, Ontario)
(par ordre alphabétique – les institutions ne sont indiquées qu’à des fins d’identification

Gaza, un dépotoir des médicaments et équipements médicaux

Gaza - 30-07-2010
Par French Moqawama 
Des responsables palestiniens ont dévoilé qu'une grande quantité des aides médicales offertes à la bande de Gaza est abimée et rendue non fonctionnelle. Ceci est dû soit à l'expiration de la date limite d'utilisation optimale soit au mauvais stockage.
Le ministère de la Santé palestinien a confirmé que les services hospitaliers se sont dégradés depuis l'imposition du blocus renforcé sur la bande de Gaza par l'entité sioniste il y a 3 ans.
De même, des responsables du ministère ont souligné que ce denier trouve une grande difficulté à enterrer ces contributions médicales de manière hygiénique et sans endommager l'environnement.
Le responsable du dossier des contributions au ministère de la Santé, Mounir El Barech, a indiqué que Gaza a reçu 1300 tonnes des médicaments et des équipements médicaux.
Cependant, ces aides manquaient de méthodologie, ce qui a aggravé les problèmes.
El Barech s'est dit étonné de l'envoi de certains pays et institutions arabes d'environ 10.000 linceuls aux enfants de Gaza au lieu de leur envoyer de nourriture et du traitement. 

En défense de BDS

France - 30-07-2010
Par Pierre-Yves Salingue > lamirami1611@yahoo.fr

Tous les posters illustrant cet article émanent du Global BDS Movement. 
L’appel BDS, lancé le 9 juillet 2005 par 171 organisations palestiniennes, aurait du être le vecteur d’une réorientation et d’une remobilisation du mouvement de soutien sur des bases politiques claires.
Cet appel affirme l’unité du Peuple palestinien, son droit à l’autodétermination et pose trois revendications majeures : la fin de l’occupation et de la colonisation des terres arabes et le démantèlement du mur ; l’égalité des droits des Palestiniens vivant en Israël ; le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers.








Pour un mouvement de solidarité confronté à la crise de stratégie du mouvement national palestinien, c’était une lueur d’espoir, une boussole indiquant la direction à prendre, une perspective pour aller de l’avant et agir sans être dépendant des tactiques politiques et diplomatiques sur lesquelles il n’a, à juste titre, aucune prise.
Mais les responsables du mouvement, en France et au-delà en Europe (à l’exception notable de la Grande-Bretagne), n’ont prêté qu’une attention distraite à l’appel. Quelques sites internet le publièrent, sans autre commentaire, puis plus rien. [1]
En 2006 et 2007, aucune initiative d’importance ne fut prise en France pour promouvoir la campagne BDS.
Pourtant, après l’attaque israélienne contre le Liban, la défaite électorale du Fatah, le refus des puissances impérialistes de reconnaître la victoire du Hamas et le blocus de la Bande de Gaza qui s‘ensuivit, le mouvement de solidarité avait plus que jamais besoin d’une perspective unifiante d’action pour surmonter division et paralysie.
Lors des élections présidentielles de 2007, aucun des candidats n’a pris position en faveur de la campagne BDS. [2]
Le rassemblement «Paix comme Palestine», organisé par la plate-forme des ONG françaises le 17 mai 2008, ne mettra pas en valeur la campagne de Boycott appelée par les Palestiniens, ni dans l’appel de l’initiative, ni dans son déroulement, ni dans ses conclusions. Aucun de ses porte-paroles palestiniens ne fut invité et les quelques milliers de présents entendirent qu’il fallait « agir » et « faire pression sur nos gouvernements » ! Comment ?
Quelques mois auparavant, divers intellectuels palestiniens et Ilan Pappé avaient insisté sur la pertinence du boycott à l’occasion du Salon du Livre de Paris, qui n’avait pas hésité à mettre Israël à l’honneur. Mais leur avis n’était pas partagé par certaines personnalités très écoutées des responsables du Collectif national et le mouvement se divisa aussi à cette occasion.
Les informations sur le développement très positif de la campagne en Angleterre, en Irlande, en Ecosse, en Afrique du Sud, au Canada, en Australie, etc., les appels des porte-paroles palestiniens de la campagne (par exemple l’intervention d’Omar Barghouti en juin 2008 à Bil’in [3]), sont restés sans écho.
C’est la remobilisation populaire suscitée par l’agression criminelle de l’armée israélienne contre Gaza fin 2008 qui a rendu insupportable l’absence de réponse à la question, « Que peut-on faire concrètement en France ? ». « Agir », mais comment, au-delà des sempiternelles cartes postales et pétitions ?
Début 2009, Capjpo-Europalestine fut la première association possédant une notoriété nationale à s’engager durablement sur le thème du boycott et a publié en septembre une brochure : « Le boycott d’Israël, pourquoi et comment ? ».
En juin 2009, une structure unitaire « Campagne BDS France » s’est constituée, composée d’une trentaine d’organisations et d’associations s’engageant à soutenir l’appel de juillet 2005 dans son intégralité. Plusieurs organisations membres du Collectif national, dont l’AFPS, n’en font pas partie.
En août 2009 le NPA a invité Omar Barghouti à son université d’été.
Jusqu’en septembre 2009, le Collectif national se contentera de mener des actions liées au désinvestissement (Veolia, Alsthom), réduisant l’action directe contre l’Etat israélien à la demande d’une sanction : la suspension de l’accord d’association Union Européenne-Israël.
En mai 2009, sous la pression de la base et notamment de responsables locaux, le congrès de l’AFPS a voté une déclaration appelant ses adhérents à « s’impliquer dans l’action BDS », ouvrant la voie à l’avancée du Collectif national qui, en septembre, franchissait le pas d’appeler au boycott des produits israéliens, tout en précisant que c’était au motif que « les produits israéliens ne respectent pas les normes de traçabilité permettant de les distinguer des produits en provenance des colonies illégales d’Israël dans les Territoires Palestiniens occupés. »
En octobre 2009, l’Union syndicale Solidaires décidait de s’engager dans la campagne BDS.
Elle avait été précédée par le Conseil National de la FSU qui avait décidé « de soutenir les initiatives allant dans le sens de l’appel BDS ».
L’UJFP a pris position en faveur du soutien à l’appel BDS courant 2009 et participe à BDS France.
Par ailleurs, lors de la campagne des Européennes, le NPA en tant que parti et quelques candidats d’autres listes (Front de Gauche, Verts…) ont soutenu le mot d’ordre de boycott.
On peut donc constater quelques progrès dans la période récente, mais tout cela reste fragile et même susceptible d’être à tout moment remis en cause.
C’est ainsi qu’en mai 2010 la direction nationale de la CGT, tout en affirmant sa « solidarité avec les travailleurs des territoires occupés qui sont confrontés à la répression mais aussi à l’exploitation », a dénoncé la campagne BDS au motif que le boycott serait une « punition collective à l’encontre des citoyens israéliens » et que cette campagne « affaiblit et isole le camp de la paix en Israël », faisant siens des arguments éculés de la « Gauche sioniste » auxquels les partisans de BDS ont déjà mille fois répondu. [4]
Déjà, en avril, le président de la LDH entérinait un recul de son organisation qui avait pourtant signé le communiqué commun de septembre : subitement, « le boycott des entreprises coloniales » est devenu « difficile » et celui de « tous les produits israéliens » est inacceptable car « ce serait confondre Israël et ses colonies » et « confondre le combat contre les gouvernants avec le boycott de toute une société ».
Dans le même temps, en mars 2010, la direction de l’AFPS décidait de « recentrer son engagement dans la bataille BDS » en la concentrant sur le boycott des produits des colonies.
Le motif invoqué est celui des risques judiciaires encourus, du fait de la décision gouvernementale de tenter de requalifier en « incitation à la haine raciale » les actions militantes de boycott des produits israéliens.
On a beau vouloir être solidaires des Palestiniens, on n’a pas une âme de martyrs, semblent penser les dirigeants de l’AFPS et de la LDH qui refusent le défi d’un gouvernement pro-sioniste, cèdent au chantage de l’antisémitisme sans combattre et donnent ainsi la mesure des risques qu’ils sont prêts à assumer pour la cause !
Il faut sécuriser juridiquement les actions et donc ne promouvoir que le boycott de produits provenant de colonies qui « elles, sont illégales au regard du droit international ». En outre, on prendra soin de s’abriter derrière quelques dispositions de droit commercial sur l’étiquetage.
Exit donc le boycott d’Israël et place au seul boycott des produits issus des « colonies illégales ».

Ce que dit l’appel BDS et ce qu’il ne dit pas !
Depuis 5 ans, - et parce qu’ils sont confrontés, notamment en Europe, à des tentatives permanentes de réduire le contenu et de modifier les objectifs de leur appel initial, - les responsables palestiniens de BDS ne cessent de réaffirmer les fondamentaux de l’appel.
La coalition BDS représente les 3 composantes du Peuple palestinien :
- les réfugiés palestiniens, où qu’ils résident actuellement, dans les camps ou hors des camps ;
- les Palestiniens des territoires occupés de Cisjordanie et de la Bande de Gaza (dont de nombreux réfugiés) ;
- les citoyens palestiniens d’Israël (dont des déplacés).
Chacune de ces composantes subit une forme d’oppression spécifique :
- L’occupation directe et la colonisation pour ceux qui résident en Cisjordanie (y compris Jérusalem) et le blocus criminel pour les habitants de Gaza,
- Le système légalisé et institutionnalisé de discrimination raciale à l’intérieur de l’Etat israélien pour les Palestiniens qui y résident aujourd’hui,
- Le refus de reconnaître le droit au retour et à des réparations pour les réfugiés.
Beaucoup de Palestiniens subissent une combinaison de ces différentes formes d’oppression.
Toutes les composantes subissent les conséquences de la colonisation sioniste de la Palestine.

C’est pourquoi « l’appel de BDS affirme la primauté du droit à l’autodétermination et traite les droits fondamentaux des trois principales composantes du peuple palestinien : Vivre libre de l’occupation israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem Est ; la fin du système israélien de discrimination raciale institutionnalisée contre ses citoyens palestiniens ; et, pour les réfugiés palestiniens et les personnes déplacées, la grande majorité du peuple palestinien, le bénéfice de leur droit au retour dans leurs foyers et la perception des réparations. » [5]

L’appel BDS n’est donc pas seulement une remise en cause de l’occupation militaire et de la colonisation au sein des territoires occupés en 1967. [6]

La lutte à laquelle nous appelle BDS s’étend au delà de la fin de l’occupation et l’exigence du droit à l’autodétermination ne se confond pas avec une demande de fixer des frontières sur la ligne verte pour délimiter deux Etats.
En fait BDS ne prend pas position sur cette question (un Etat, deux Etats ?) mais pose les conditions permettant aux Palestiniens, tous les Palestiniens, de choisir : l’autodétermination et le respect de leurs droits nationaux.
Autrement dit, la campagne internationale BDS, c’est jusqu’à ce que l’ensemble du Peuple palestinien puisse exercer son droit inaliénable à la liberté et à l’autodétermination.
Toute autre attitude, et notamment celle qui consiste à limiter les revendications palestiniennes à la fin de l’occupation de 1967 (par exemple au motif d’élargir la mobilisation), ne permet pas « d’avancer d‘un pas avec des milliers » [7] mais au contraire fait reculer la solidarité qui perd son sens d’un soutien à la lutte des Palestiniens pour leurs droits, tous leurs droits.
« Ce qui compte est d’être d’accord avec ses motivations et ses objectifs (…) qui doivent être le dénominateur commun à tous les groupes solidaires de la Palestine : mettre fin aux trois formes principales de l’injustice israélienne et promouvoir les droits des Palestiniens. Ce sont les conditions sine qua non pour que cette campagne soit efficace et réponde aux aspirations de la société civile palestinienne. » [8]
La première exigence est celle du respect des objectifs de la campagne BDS et donc de la dimension politique de cet appel et de la finalité de la bataille qu’il veut organiser en soutien à la lutte du Peuple palestinien.
Il faut donc l’affirmer une fois de plus : la question palestinienne est une question politique et la lutte de libération nationale du Peuple palestinien ne peut être confondue avec une question humanitaire ni même avec une question de « droits de l’homme » !
Les raisons du refus de soutenir l’appel dans son intégralité
La conversion partielle de divers responsables à l’appel BDS masquait en réalité le maintien de sérieuses divergences avec les bases politiques de la campagne internationale.
Contrairement à l’illusion répandue par certains, aucune « ambiguïté constructive » ne peut « permettre de mettre en accord les tenants d’un boycott de l’ensemble des produits israéliens et ceux souhaitant un ciblage spécifique des produits des colonies. » [9]
Pour une raison toute simple : les Palestiniens ne sont pas soumis à la domination et à l’oppression des seuls colons résidant dans les colonies de Cisjordanie (dont Jérusalem) mais à la colonisation sioniste de la Palestine, dont l’Etat d’Israël créé en 1948 est une étape essentielle pour réaliser le projet sioniste de conquête de toute la Palestine et donc de destruction du Peuple palestinien.
Comment peut-on « dénoncer une politique colonialiste » sans combattre l’Etat colonial ?
Penser qu’on peut « estomper le clivage politique » entre ceux qui pensent qu’il faut isoler l’Etat d’Israël, pour contribuer à modifier le rapport des forces entre l’occupant sioniste et les Palestiniens soumis à la colonisation depuis plus de 60 ans et ceux qui pensent qu’il s’agit avant tout d’un problème de colonies et de droits de l’homme dans des « territoires occupés en 1967 », c’est évidemment replonger dans les pires travers d’un mouvement qui s’est depuis trop longtemps obstiné à refuser de considérer la lutte du Peuple palestinien comme une lutte de libération nationale.
Contrairement à ce qu’affirme notre défenseur de « l’ambiguïté constructive quand on considère les enjeux pratiques », les divergences ne se réduisent pas, elles prennent tout leur sens ! [9]
Le problème n’est pas de savoir s’il faut être pédagogue et construire progressivement la mobilisation en définissant des cibles concrètes qui se prêtent à la démonstration (par exemple Agrexco) pour être plus efficace.
Le problème commence quand, faute d’être en accord avec les objectifs politiques de BDS (redisons-le encore une fois : l’autodétermination et les droits des 3 composantes du Peuple palestinien), on modifie les objectifs et les revendications explicitement affirmés dans l’appel.
Entre autres exemples :
Dans la rubrique « BDS Mode d’emploi », le « tract type » recommandé à ses comités par l’AFPS affirme… « que tout le monde connaît les termes de la solution : la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. » [10]
Quand on lit dans un tract du collectif Palestine de l’Essonne que « 170 ONG palestiniennes, ainsi que des anticolonialistes israéliens, ont décidé de lancer des campagnes BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions)… pour parvenir à la reconnaissance d’un Etat palestinien de droit, aux côté de l’Etat d’Israël »,
Quand on lit dans la déclaration de Solidaires annonçant son adhésion à BDS : « il s’agit, par une campagne de sanction non-violente, d’agir dans un cadre citoyen et éthique afin d’obtenir une solution politique qui garantisse l’application du droit international pour les deux peuples, palestinien et israélien, dans les frontières de 1967 »,
Force est de constater que ce n’est pas ce qui est écrit dans l’appel BDS mais que c’est l’affirmation d’une ligne politique parfaitement identifiée : celle qui prétend que l’Etat palestinien indépendant dans les frontières de 67 est « la solution ».
Cette position est aujourd’hui celle d’Abbas et de Fayyad, ce n’est pas la position de BDS !

Et c’est ce qui permet de comprendre que, derrière un apparent désaccord tactique sur la meilleure façon de convaincre et de faire progresser l’adhésion à la lutte pour les droits des Palestiniens (doit-on se concentrer sur les produits des colonies ?), il y a en réalité un vrai désaccord sur le contenu même de la solidarité, sur les droits qu’on soutient et sur le projet politique avec lequel on demande d’être solidaire.
Certes, c’est le droit de chacun de s’accrocher à la perspective de « l’Etat indépendant dans les frontières de 67 », malgré l’accumulation des faits et des analyses qui en démontrent chaque jour un peu plus l’impossibilité et la signification politique réelle.
Mais invoquer la défense de BDS pour promouvoir cette position, c’est de la manipulation !
La recherche de l’efficacité est très louable, pour autant qu’elle ne soit pas un prétexte pour réduire le niveau des revendications palestiniennes à un niveau supportable pour « la vraie radicalité positive » [7] des supporters français de Fayyad.
On est aussi en droit de s’interroger sur le fait que, dans un grand nombre des tracts émanant de comités ou de collectifs unitaires et recensés sur divers sites, figure exclusivement la formule du nécessaire respect par Israël « du droit international » alors que dans l’appel BDS, cette exigence est précédée par celle du « droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination » et suivie par les revendications des 3 composantes du Peuple palestinien.
L’appel BDS ne revendique pas l’application d’un droit international abstrait mais revendique des droits concrets qu’il énumère précisément.
Ces droits, qui sont partie intégrante des objectifs de l’appel, doivent être systématiquement rappelés, indépendamment de l’axe retenu et de la pédagogie mise en œuvre.
Qu’il s’agisse de culture, de sport, d’éducation, de diplomatie ou de marchandises, etc., qu’il s’agisse de boycott, de désinvestissement ou de sanctions, c’est seulement l’angle d’attaque qui change, la variété permettant de renforcer la démonstration.
Mais il n’y a pas d’adaptation possible des objectifs et des droits.
C’est aussi ce que disait Jamal Juma en 2006 dans sa lettre ouverte précitée :
« C’est pourquoi nous, les Palestiniens, sommes ceux qui peuvent discuter et décider comment nous nous présentons, nous, nos droits et notre oppression, comment nous en parlons et quels arguments nous utilisons.
Nous savons exactement comment la décrire et comment en parler. Nos amis, nos camarades et nos soutiens peuvent la présenter de la manière la plus appropriée à leur contexte de travail, sans toutefois faire de concessions sur l’essence de la question elle-même.
»
Nous ne sommes pas en présence d’une discussion utile sur les moyens d’agir, nous sommes en présence de divergences fondamentales sur l’essence de la question palestinienne.
Toute ambiguïté est destructrice pour la lutte et soutenir que l’ambition de BDS, c’est obtenir d’Israël qu’il accepte la ligne verte comme frontière et qu’il respecte « les normes élémentaires de traçabilité des produits » est une escroquerie intellectuelle tant vis-à-vis des initiateurs de l’appel qui ne cessent de rappeler les véritables ambitions de leur campagne qu’à l’égard de ceux à qui on demande de boycotter.
Loin d’être une affaire de consommateurs à qui on demanderait de ne pas acheter des produits dont l’origine est douteuse, l’action BDS consiste en une gigantesque bataille idéologique, d’une part pour déconstruire la légitimité de l’Etat d’Israël et d’autre part pour affirmer l’engagement d’une solidarité internationale aux côtés de l’ensemble du Peuple palestinien dans sa résistance pour la conquête de ses droits.
Notre combat n’a pas pour objectif de dénoncer un Etat d’Israël fraudeur sur l’origine des produits mais d’isoler l’Etat colonial qui opprime les Palestiniens, qui poursuit le nettoyage ethnique commencé avec sa création en 1948 et qui a pour objectif l’éradication de la Nation palestinienne !
BDS est partie intégrante de la résistance du Peuple palestinien à cette tentative de destruction.
Certes, cette résistance ne se réduit pas à BDS, mais elle en a aujourd’hui besoin et c’est pour l’affaiblir que les attaques se multiplient contre BDS et plus généralement contre toute forme de résistance palestinienne indépendante qui s’oppose à la normalisation en cours.
A sa mesure, aux côtés d’autres formes de résistance, BDS est aujourd’hui un outil qui contribue à sortir de l’impasse des prétendues initiatives de paix et il y a peu de doutes que les efforts actuels de certains, en France et ailleurs [11], d’une part pour en limiter les ambitions au boycott des produits des colonies et d’autre part et surtout pour abaisser ses objectifs, sont en adéquation avec la politique de liquidation de la résistance menée par l’Autorité Palestinienne sous la responsabilité de Fayyad : normalisation et répression en Cisjordanie et complicité dans le blocus de Gaza. [12]
Seules la défense et l’illustration de l’appel BDS dans son intégralité peuvent permettre au mouvement de solidarité de ne pas retourner dans une impasse tragiquement similaire à l’industrie de la paix d’Oslo, loin, très loin des attentes réelles du Peuple palestinien à l’égard de la solidarité internationale.
Pierre-Yves Salingue
28 juillet 2010.
Notes de lecture :
[1] Le Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP), constitué fin 2005, et les associations qui en faisaient partie, furent dès 2006 les seuls à diffuser largement cet appel et à proposer à toutes les associations, les réseaux et tous les comités agissant dans le champ de la solidarité avec la Palestine, d’en faire le dénominateur commun d’une action de longue durée, la base d’accord proposée étant le texte palestinien. Cette proposition resta sans réponses.
[2] Au demeurant, le questionnaire adressé à tous les candidats par la plateforme des ONG françaises pour la Palestine n’évoque même pas le sujet !
[3] Traduction française sur le blog de Julien Salingue.
[4] Cf. différents articles d’Omar Barghouti, repris dans son livre BDS. La Fabrique Editions
[5] "Palestinian BDS National Committee marks five years of Boycotts, Divestment and Sanctions", Global BDS Movement, 09/07/2010
[6] Ceci avait déjà été rappelé dans une lettre ouverte aux militants européens par Jamal Juma, coordinateur de Stop the Wall, le 11/06/2006 à l’occasion du colloque ECCP sur l’appel à sanctions : « Notre lutte et notre peuple ne sont pas constitués que des territoires palestiniens occupés depuis 1967 », AFPS, 11 juin 2010.
[7] Introduction de Dominique Vidal à la conférence des groupes locaux de l’AFPS, 29/05/2010
[8] Omar Barghouti, BDS, La Fabrique Editions
[9] Omar Alsoumi, « Le mouvement de solidarité avec la Palestine après Gaza », CCIPPP, 23 juin 2010.
[10] AFPS, Annexe 4, 6 mai 2010.
[11] Des tentatives similaires semblent en cours, au moins en Italie et au Québec :
- Cf. Diana Carminati « La situation des mouvements de solidarité en Italie après la Gaza Freedom March et le Convoi Viva Palestina », ISM, 12 mars 2010.
- Cf. Robert Bibeau : « Appel à fêter l’anniversaire du mouvement BDS. Pourquoi les organisateurs modifient-ils l’appel des organisations palestiniennes ? », Boycott Israel International
[12] Voir notre article à venir analysant la politique de S. Fayyad et les objectifs de ses nouveaux supporters en France.

Feu vert Arabe à Abbas pour entamer des négociations directes avec "Israël"

30/07/2010  
Les représentants des pays Arabes, réunis jeudi au Caire, pour discuter de la reprise des négociations avec "Israël" n'ont pas pu résister aux pressions américaines et à leurs alliés.  Le comité de la Ligue chargé du suivi de l'initiative arabe de paix réuni en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères, a annoncé que les pays arabes sont d'accord sur le principe de pourparlers directs avec "Israël", mais laissent au président palestinien Mahmoud Abbas le soin de juger quand les conditions seront réunies pour qu'ils débutent.   
"Je serai clair. Il y a un accord mais nous attendons ce qui sera discuté et comment les négociations directes seront menées", a précisé Hamad Ben Jassem Ben Jabr Al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, qui présidait au Caire la rencontre à laquelle participait Abbas.  
"Nous laissons au président palestinien le soin d'évaluer quand les conditions permettront de débuter de telles négociations", a-t-il ajouté.  
Le Premier ministre qatari a, en outre, indiqué qu'une lettre allait être envoyée au président américain Barack Obama exposant "comment nous voyons tout processus de paix ou négociation directe".  
Selon le principal négociateur palestinien Saëb Erakat, "les Arabes ont demandé dans leur lettre à Obama qu'il soit fait référence aux frontières de 1967 de l'Etat palestinien, avec des échanges territoriaux mutuellement agréés, ainsi qu'à la fin de la colonisation" israélienne dans les territoires occupés. 
Quant au secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, il a parlé de la nécessité d'obtenir des "garanties écrites" pour ces discussions directes, qui doivent selon lui "être sérieuses" et porter sur le "statut final" d'un futur Etat palestinien et d'un accord de paix.  
Il est à noter qu'Abbas qui a été entendu à huis-clos par le comité de la Ligue avait assuré, lors d'une rencontre avec des responsables de la presse égyptienne, qu'il faisait face à "des pressions comme je n'en ai jamais connues avant dans ma vie, de la part de l'administration américaine, de l'Union européenne et du secrétaire général de l'ONU".   
NETANYAHU ET WASHINGTON SALUENT LA DECISION ARABE   
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rapidement réagi en se déclarant prêt à des négociations "directes et franches" avec l'Autorité palestinienne.    
Les Etats-Unis ont jugé eux "encourageants" les signes de soutien manifestés par la Ligue arabe à une reprise du dialogue direct.    
Washington et d'autres pays ont intensifié les pressions en faveur de négociation directes, au lieu des discussions indirectes conduites sans grand succès depuis début mai sous la houlette de Washington.     
LES FACTIONS PALESTINIENNES REFUTENT TOUTE RESIGNATION  
Cependant les factions palestiniennes ont réfuté toute sorte de résignation aux pressions américaines.   Le mouvement du Hamas a dans ce contexte mis en garde le comité de suivi de la Ligue Arabe contre de telles décisions refusées par le peuple palestinien qui ne voit en elles qu'un projet visant à liquider la question palestinienne.  
Le Hamas poursuit dans un communiqué, publié jeudi, que "l’expérience a démontré que l'occupation israélienne profite des négociations pour poursuivre ses agressions contre le peuple palestinien". Il a notamment cité "la judaïsation de la ville occupée d'Al-Quds, la démolition de ses maisons, et l'expulsion de ses habitants". Avant de parler "de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée, et du maintien du blocus injuste contre les familles dans la bande de Gaza".    
De son côté, le mouvement du Jihad s'est dit opposé à la poursuite des négociations avec l'occupation israélienne.  
Il a affirmé que le comité arabe de suivi ne possède pas le pouvoir d'accorder de couverture politique aux négociations. "Le peuple palestinien n'a donné à personne le droit pour parler en son nom.  
Il a également mis en garde contre toute soumission aux  pressions internationales et sionistes.  
"La reprise des négociations avec l'occupation israélienne veut dire la judaïsation d'Al-Quds et la perte des droits nationaux du peuple palestinien. Celui qui soutient le choix des négociations avec l'ennemi sioniste participe directement à renforcer l'occupation", a-t-il conclu. 

Peres rêve d'un nouveau Proche-Orient

11:15 30/07/2010
MINSK, 30 juillet - RIA Novosti
Il faut construire un nouveau Proche-Orient, a déclaré le président israélien Shimon Peres dans une interview accordée jeudi à la télévision biélorusse.
"Je suis un optimiste et nous réussirons à construire un nouveau Proche-Orient. En plus, je constate un progrès révolutionnaire colossal qui se déroule dans le monde entier et qui mène à la paix", a annoncé le président.
"Il n'aura pas d'adversaires dans ce nouveau monde. D'autres défis y seront relevés, ceux de la famine, de la pénurie de ressources énergétiques, du réchauffement climatique. Actuellement, les hommes n'y réfléchissent pas, n'ayant pas saisi le sérieux des menaces", a ajouté M.Peres.
"La création d'un nouveau Proche-Orient est une idée que j'entends réaliser. Israël doit choisir actuellement entre l'existence de deux peuples au sein d'un seul Etat et la création de deux Etats. La première option est impossible pour les deux peuples, vu les différences historiques, religieuses ainsi que l'absence de ressources naturelles", a indiqué le président israélien.
Selon lui, "non seulement les Juifs, mais également les Arabes essaient d'avoir une autre vision d'Israël. Je suis heureux que les dirigeants des pays arabes commencent à comprendre qu'Israël ne constitue pas une menace pour leurs pays. Par ailleurs, le monde arabe commence à réaliser qu'Israël est un pays de taille réduite mais très intelligent, et qu'il est profitable d'établir la paix avec lui", a conclu M.Peres.

Piraterie israélienne : 60 avocats réunis à Istanbul pour discuter des poursuites judiciaires

vendredi 30 juillet 2010 - 22h:32
IHH
Soixante avocats originaires de 25 pays se sont réunis à Istanbul pour défendre le droit des militants d’aides humanitaires, faisant partie de la flottille, attaqué par Israël. Lors de la réunion de presse à l’hôtel Akgun, Istanbul, les avocats ont déclaré qu’ils se sont entendus sur une feuille de route conjointe de l’action juridique à mener en ce qui concerne la défense des militants, soumis aux attaques meurtrières de l’état d’Israël. L’avocat de Rachel Corrie, la militante américaine tuée, écrasée par les bulldozers des forces israéliennes, a également assisté à la conférence de presse.
(JPG)
60 avocats réunis à Istanbul pour discuter des poursuites judiciaires
Soixante avocats originaires de 25 pays se sont réunis à Istanbul pour discuter de la défense des droits des militants d’aide humanitaires, soumis aux attaques meurtrière de l’armée israélienne dans les eaux internationales à bord du Mavi Marmara et des cinq autres navires de la flottille, sur leur chemin pour fournir l’aide humanitaire à Gaza.
Au cours de leur séance privée, les avocats se sont mis d’accord sur la feuille de route à suivre dans la défense des droits des militants.
Les avocats qui ont tenu une réunion de presse à l’hôtel Akgun, ont déclaré qu’ils vont travailler pour les droits légaux des victimes issues de 36 pays dont Israël.
Lors de la réunion de presse, les avocats ont déclaré qu’ils suivront la feuille de route conjointement établi pour la défense des militants. L’avocat de Rachel Corrie, la militante américaine tuée, écrasée par les bulldozers des forces israéliennes, a également assisté à la conférence de presse.
Ramazan Ariturk, un avocat de la firme Elmadag Bureau de Droit, a prononcé la déclaration à la presse au nom des avocats issue des pays tel que Israël, les Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne, France, Suisse, Afrique du Sud, Egypte, Belgique, Indonésie, Algérie et le Koweït. Ariturk a souligné que leur ligne de défense sera basée sur les valeurs du droit international. Ariturk a également déclaré que leur objectif est de parvenir à rétablir la suprématie du droit international et d’apporter une nouvelle perspective aux valeurs de celle ci.
Il a ajouté qu’ils se battront, avec le soutien de gens doués de conscience, croyant en la loi, contre ceux qui se croit au dessus des lois.
Ramazan Ariturk a également noté que leur bataille juridique n’est en rien contre le peuple d’Israël. Il a dit : « Si le peuple d’Israël avait été soumis à une telle injustice, nous aurions agis de la même manière. Ce rassemblement n’est pas un rassemblement autour de la haine, comme annoncé par certains agitateurs. »
Ariturk a dit que le droit du jeune de 19 ans, Furkan Dogan, et des 8 autres martyrs, tués dans l’attaque israélienne, sera défendu de la même manière. Ramazan Ariturk a déclaré que des plaintes ont dores et déjà été déposé dans certains pays, d’autres sont en en phase finale. Ariturk a également mentionné leurs efforts en vue d’établir une commission internationale afin d’enquêter sur l’attaque de la flottille et déposer une action en justice internationale.
20 juillet 2010 - IHH Insani Yardım Vakfı - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.ihh.org.tr/60-avukat-dav...
Lien

Le Hamas appelle l’Autorité palestinienne à ne pas reprendre de pourparlers directs avec Israël

jeudi 29 juillet 2010 - 18h:59
Le Hamas et huit autres groupes palestiniens basés à Damas, en Syrie, ont appelé mercredi l’Autorité palestinienne à ne pas reprendre de pourparlers de paix directs avec Israël.
(JPG)
Les neufs groupes palestiniens affirment dans un communiqué que des discussions directes seraient préjudiciables à la cause palestinienne "à la lumière de la poursuite de la politique israélienne d’agression, de construction de colonies et de blocus de la bande de Gaza". Lundi, un document palestinien obtenu par l’Associated Press indiquait que l’émissaire de président américain Barack Obama pour le Proche-Orient pressait les Palestiniens de reprendre les négociations de paix directes avec Israël, rompues en décembre 2008.
La pression monte pour un dialogue direct Palestiniens/Israël
Israéliens et surtout Palestiniens sont soumis depuis plusieurs jours à des pressions redoublées des États-Unis et des Européens pour engager des négociations de paix directes, à la veille d’une importante réunion de la Ligue arabe sur la question.
Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent se retrouver jeudi au Caire pour débattre d’une relance éventuelle du dialogue direct, bloqué depuis fin 2008, afin de suppléer aux discussions indirectes conduites sous l’égide des États-Unis depuis début mai, qui n’ont donné aucun résultat.
L’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a déjà prévenu qu’elle n’accepterait de prendre part à des négociations directes avec Israël que si elle obtenait au préalable des garanties sur ses principales revendications : retrait des Israéliens de Cisjordanie et de Jérusalem occupées sur les frontières de juin 1967 (avant la guerre des Six Jours) et gel total de la colonisation juive. "Nous ne rejetons pas les négociations, mais nous voulons qu’elles se déroulent sur des bases claires qui permettront de parvenir à un État palestinien indépendant", a averti le président Abbas.
"Mais il est clair que le gouvernement Netanyahu ne veut rien de tout cela", a-t-il aussitôt déploré. Le Premier ministre israélien, pour sa part, se dit prêt à rencontrer M. Abbas "à Ramallah ou Tel-Aviv" et à tout mettre sur la table, mais accuse les Palestiniens de traîner les pieds.
Benjamin Netanyahu, qui dirige une coalition de droite et d’extrême-droite opposée à des concessions, refuse toute pré-condition à des discussions directes. Il a aussi exclu la possibilité de prolonger le moratoire partiel sur la construction dans les colonies de Cisjordanie qu’il avait décrété en novembre 2009 sous la pression de Washington et qui arrive à échéance le 26 septembre.
Mercredi, le vice-Premier ministre Sylvan Shalom a estimé que les conditions posées par le président Abbas étaient "impossibles" à accepter.
"Les Palestiniens ont pris l’habitude de refuser de s’asseoir à la table des négociations et d’attendre que les Américains et la communauté internationale fassent pression pour obtenir des concessions d’Israël pour leur compte", a accusé M. Shalom.
Sur la scène internationale, les Etats-Unis "poussent sans relâche" à la reprise du dialogue de paix direct entre Israël et les Palestiniens, a assuré mardi le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley.
Le président américain Barack Obama a exprimé l’espoir que les négociations directes puissent reprendre "bien avant" le 26 septembre.
Les dirigeants européens ont également fait entendre leurs voix. Le président français Nicolas Sarkozy s’est entretenu ces dernières 48 heures par téléphone avec MM. Abbas et Netanyahu, les exhortant "à une reprise rapide des négociations directes, à la prorogation du moratoire sur la colonisation et à l’arrêt des mesures affectant les équilibres à Jérusalem".
Pour le moment, les Palestiniens semblent toutefois déterminés à résister aux pressions, avec l’appui des pays arabes.
Le Fatah, mouvement loyal à M. Abbas, a répété que des pourparlers directs ne sauraient commencer sans un arrêt total de la colonisation.
"Les négociations sont un moyen. La fin est de stopper l’occupation israélienne et d’établir un Etat palestinien indépendant", a commenté Rajoub Jibril, secrétaire général adjoint du Fatah.
Les islamistes du Hamas, qui contrôlent la bande de Gaza, ont également mis en garde Mahmoud Abbas "sur les conséquences d’une reprise des négociations avec l’assentiment arabe ou sous la pression des Etats-Unis, car une telle décision ne peut que creuser nos divergences et mettre gravement en danger la cause" palestinienne.
Abbas juge prématuré de reprendre le dialogue direct avec Israël Les pourparlers indirects engagés en mai avec Israël via l’émissaire américain George Mitchell n’ont pas produit de progrès suffisants pour permettre de passer à un dialogue direct, estime le président palestinien Mahmoud Abbas.
"Jusqu’a présent, il n’y a rien pour nous convaincre d’aller à des pourparlers directs. Il n’y a rien de neuf", dira Abbas au comité ad hoc de la Ligue arabe qui se réunit jeudi au Caire pour faire le point de ces pourparlers indirects, confie son entourage.
Ceux-ci ont en principe pour objet de préparer le terrain à une reprise des négociations de paix directes entre l’Autorité palestinienne et Israël, souhaitée à la fois par les Etats-Unis et l’Etat juif.
Mais, résistant aux pressions de Washington, Abbas exige qu’Israël accepte en préalable des négociations sur la base des frontières d’avant 1967 et le principe d’une présence étrangère - peut-être de l’Otan - pour garantir la sécurité du futur Etat palestinien.
Mitchell a rencontré pour la dernière fois Abbas le 17 juillet à Ramallah, en Cisjordanie, et celui-ci a repoussé à cette occasion ses incitations à une reprise des pourparlers directs.
"Nous dirons aux Arabes que les Américains n’étaient porteurs de rien neuf. Nous allons continuer les pourparlers indirects pendant encore deux mois et nous verrons bien ce qui se passe", explique un responsable palestinien.
Le président Barack Obama, qui a fait de la relance du processus de paix une priorité diplomatique, espère une reprise des discussions directes dès septembre, soit avant l’échéance du gel provisoire de la colonisation en Cisjordanie concédé par Benjamin Netanyahu.
Les partis de droite alliés au Premier ministre israélien sont hostiles à ce moratoire, dont l’abrogation compliquerait les efforts américains pour amener le président palestinien à la table des négociations. "Il n’y a pas de place pour un quelconque moratoire après le 25 septembre", a prévenu mercredi le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, chef d’un parti d’extrême droite favorable à la poursuite de la colonisation juive.
Pour Isaac Herzog, ministre travailliste de Netanyahu, c’est le cas de figure de l’oeuf et de la poule, car Abbas dit "je ne veux pas m’engager dans des négociations directes sans en connaître le résultat" et Netanyahu rétorque "engagez-vous dans des négociations directes et je vous dirai quelle en sera l’issue".
Abbas, vieux routier des négociations avec Israël, craint que Netanyahu ne soit pas prêt à faire une offre acceptable aux Palestiniens. Netanyahu, qui se dit sans autre précision prêt à "prendre des risques pour la paix", accuse Abbas de perdre du temps.
La résistance d’Abbas aux pressions américaines surprend les analystes, mais elle s’explique partiellement par la crainte de l’opinion palestinienne de le voir de nouveau participer à des négociations stériles, en position de faiblesse.
Sylvan Shalom : "Les conditions des Palestiniens pour les négociations directes sont impossibles" Les conditions posées par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour relancer des négociations directes avec Israël sont "impossibles" à accepter, a affirmé mercredi le vice-Premier ministre israélien Sylvan Shalom.
"Les Palestiniens posent trois conditions impossibles : que les négociations reprennent au point où elles avaient abouti à la fin de 2008 alors qu’Ehud Olmert était Premier ministre, qu’elles soient basées sur un retrait total israélien (de Cisjordanie et Jérusalem-Est) et que le gel de la construction (dans les colonies) se poursuive", a affirmé M. Shalom à la radio publique.
Le président Abbas a assuré lundi qu’il était prêt à passer de la phase des pourparlers indirects avec Israël, relancés en mai sous l’égide des Etats-Unis, à celle des négociations directes, à partir du moment où plusieurs conditions étaient réunies, dont un retour aux frontières de 1967.
"Les Palestiniens ont pris l’habitude de refuser de s’assoir à la table des négociations et d’attendre que les Américains et la communauté internationale fassent pression pour obtenir des concessions d’Israël pour leur compte", a déploré M. Shalom.
Selon lui, les Palestiniens ont refusé de relancer les négociations directes, gelées depuis le lancement d’une vaste opération militaire israélienne dans la bande de Gaza fin 2008, "car ils ne veulent pas discuter et être, eux aussi, amenés à faire des concessions".
M. Shalom a fait ces déclarations à la veille d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue Arabe au Caire, qui doivent discuter d’une éventuelle reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens.
Les Etats-Unis "poussent sans relâche" à la reprise du dialogue de paix direct entre Israël et les Palestiniens, a affirmé mardi Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine.
Le président américain, Barack Obama, avait dit le 6 juillet espérer que les négociations directes reprendraient avant la fin du gel partiel de la colonisation.
Le gel partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie décrété en novembre dernier sous la pression des Etats-Unis par le gouvernement de M. Benjamin Netanyahu doit s’achever le 26 septembre. M. Netanyahu a affirmé que les mises en chantier reprendrait à l’expiration de ce moratoire.
Le président français Nicolas Sarkozy, qui s’est entretenu ces deux derniers jours par téléphone avec Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu, les a appelés "à une reprise rapide des négociations directes, à la prorogation du moratoire sur la colonisation et à l’arrêt des mesures affectant les équilibres à Jérusalem".
mercredi 28 juillet 2010 Avec les agences de presse
Lien

Haneen Zoabi : « la pire des menaces pour le sionisme, c’est la démocratie »

vendredi 30 juillet 2010 - 07h:09
Max Blumenthal - The Electronic Intifada
Le 13 Juillet, la Knesset israélienne a voté par une large majorité le retrait des droits parlementaires de Haneen Zoabi, membre du parti israélo-palestinien Balad.
(JPG)
Haneen Zoabi - Photo : Oren Ziv/ActiveStills
La décision est une mesure de rétorsion pour la participation de Zoabi à la « Flottille de La liberté » pour Gaza. Comme l’a rapporté le quotidien israélien Haaretz, au cours du débat qui a fait rage, un député de la Knesset, Anasatassia Michaeli, s’est précipité vers Zoabi et lui remit une copie d’un passeport iranien avec la photo de Zoabi. « Mme Zoabi, je prends votre fidélité à l’Iran au sérieux et je vous suggère de communiquer avec Ahmadinejad et de lui demander de vous donner un passeport diplomatique iranien qui vous aidera dans toutes vos tournées diplomatiques, parce que votre passeport israélien sera révoqué ce soir », a dit Michaeli, qui est un membre du parti ouvertement anti-arabe Israel Beitenou du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman (« La Knesset révoque les privilèges de la député arabe Zuabi suite à la flottille de Gaza,, Haaretz, 13 Juillet 2010 »).
Le débat sur la révocation des privilèges parlementaires de Zoabi était presque aussi haineux que les réactions lors de son apparition à la tribune de la Knesset à la suite immédiate du massacre commis contre la flottille. Alors que Zoabi tentait de relater ce qu’elle avait vécu sur le Marmara Mavi, où elle a imploré les commandos israéliens de cesser de tirer sur les passagers et de les frapper, les députés de la Knesset appartenant à un large éventail de partis ont bondi de leurs fauteuils en vociférant pour la faire taire. « Va à Gaza, traîtresse ! » a éructé le député Miri Regev du Likoud. « Une semaine à Gaza comme femme célibataire de 38 ans, et nous allons voir comment ils vous traiteront ! » aboya Yohanan Plesner du parti prétendument centriste Kadima [cette assemblée que l’on n’ose pas qualifier de ’parlementaire’ a donc recours sans aucune honte aux pires injures sexistes et racistes - N.d.T].
Enfin, Moshe Mutz Matalon d’Israel Beitenou a déploré que les commandos israéliens « n’aient laissé que neuf électeurs flottants [en anglais dans le texte : They left only nine floating voters] » (« Le député Regev dit à Zoabi : va à Gaza, traîtresse !, Ynet, 2 Juin 2010) ».
J’ai rencontré Zoabi à son bureau dans le centre animé de la partie basse de Nazareth, le 12 Juin. Alors qu’elle préparait pour moi une profusion de biscuits et de chocolats, elle m’a appris qu’un journaliste de Naplouse qui l’avait rencontrée plus tôt dans la journée avait été arrêté à un checkpoint et s’était vu saisir son ordinateur portable. Zoabi était convaincue que le Shin Bet (service israélien de sécurité) surveillait ses communications et ses déplacements comme il le fait avec de nombreux dirigeants du parti Balad. Malgré le climat de tension et de menaces physique contre elle, elle parle sans retenue de son expérience sur le Mavi Marmara, de la situation des membres palestiniens de la Knesset, et de ce qu’elle considère comme l’orientation fasciste de la société israélienne.
Max Blumenthal : Étiez-vous surprise d’être accueillie avec tant d’hostilité quand vous êtes revenue à la Knesset après ce qui est arrivé à la flottille ?
Hanin Zoabi : Je n’étais pas tellement surprise. Je m’attendais à être qualifiée de traître, que l’on me demande : « Où sont vos couteaux ? » Ou que l’on me dise, « Vous êtes celle qui les a tués ! » Mais ils m’ont hurlé dessus sans aucun argument politique et avec une telle superficialité... J’ai pensé que cela ne pouvait être un parlement. Ce ne sont que des gangsters. Si on leur avait donné des fusils, ils m’auraient tuée. Je leur ai dit que les soldats sur la flottille m’avait traitée avec plus de respect qu’eux. Après que les soldats aient assassiné neuf personnes, ils ont prétendu me demander de l’aide.
MB : Qu’est-ce que les attaques contre vous à la Knesset israélienne vous suggèrent à propos de la démocratie israélienne ?
HZ : L’atmosphère générale qui prévaut en Israël est celle d’un état fasciste qui n’a plus de sens critique, même à propos de son image dans le monde. Il était en général sensible à son image dite démocratique. Rivin [le président de la Knesset] veut un état libéral et veut que les autres s’imaginent qu’Israël est une démocratie. Mais écoutez ce qu’ils disent à la Knesset : que nous ne devrions prêter attention qu’à ce que nous voulons, que ce n’est pas important de prêter attention aux goyims [non-juifs]. Nous devons croire que nous sommes la victime, comme si la victimisation était une idéologie.
MB : Êtes-vous préoccupée par les menaces sur votre sécurité physique ?
HZ : C’est une période dangereuse et elle est également dangereuse pour Jamal [Zehalka] et d’autres du parti Balad. Je suis inquiète, mais ce qui m’inquiète le plus ce ne sont pas les menaces à mon égard, mais l’effet à long terme de cette campagne politique, car elle représente une délégitimation de notre parti et de notre plate-forme politique.
MB : Qu’en est-il de la mesure prévue à la Knesset de vous priver de vos droits parlementaires ?
HZ : Ces trois sanctions parlementaires ne sont rien - je veux dire rien, parce que je peux toujours utiliser mon passeport civil.
MB : Quand vous avez été attaquée à la Knesset, je me suis rappelé d’un incident en 1949, lorsque le premier député arabe à la Knesset, Tawfiq Toubi, a pris la parole pour dénoncer la brutalité de l’armée israélienne contre des villageois palestiniens qui vivaient sous le régime militaire. Les députés juifs de la Knesset sont devenus fous, comme cela s’est reproduit contre vous, mais Toubi était défendu par l’une des personnalités les plus importantes du monde culturel israélien, le poète et socialiste Nathan Alterman. Y a-t-il eu des Israéliens connus qui ont pris votre défense, et si non, pourquoi ?
HZ : C’est à peine si quelqu’un m’a défendue. Jamal [Zehalka] a dit que cette Knesset est la pire que nous ayons jamais eue. Selon les huissiers et les employés qui travaillent à la Knesset depuis 30 ans, celle-ci n’a jamais été aussi raciste. Je crois qu’avec un gouvernement dirigé par des types comme Avigdor Lieberman [ministre des affaires étrangères], les plus extrémistes ne se trouvent pas à la marge de la Knesset, ils en occupent l’avant-scène. Ceux qui m’ont hurlé dessus faisaient partie du Kadima, pas de l’extrême droite. Même le Meretz [le parti de gauche traditionnel] est devenu très centriste, ce qui lui a fait perdre du pouvoir.
Rivlin [speaker de la Knesset] avait bien plus peur de ternir l’image de la Knesset que de la violation de mes droits. Il n’y a pas de limites et le fameux slogan de Lieberman est maintenant repris par tout le monde : « citoyenneté égale loyauté ». Bien entendu, il donne au mot loyauté un sens fasciste. Même lorsque Eli Yishai [ministre de l’intérieur] a demandé la révocation de ma citoyenneté, la presse israélienne ne s’en est jamais indignée. Quel genre d’État avons-nous ? Je viens de lire un article sur la question !
Le journaliste Amnon Levy [de Yediot Aharonot] a été le seul à m’avoir défendue. Il a dit que ce qui arrivait était si absurde qu’il faudrait remercier Haneen de faire parti de cette Knesset sioniste. Il faudrait remercier les Palestiniens de participer au jeu sioniste.
MB : L’atmosphère anti- Arabe en Israël est-elle un phénomène nouveau ou s’est-elle alourdie depuis un certain temps ?
HZ : Ce n’est rien de neuf et le phénomène n’a pas commencé après l’affaire de la Flottille. Cela a réellement débuté après la deuxième Intifada lorsque des centaines de milliers d’Israéliens Palestiniens sont descendus dans la rue, non pas pour manifester au sujet de problèmes internes, mais pour soutenir l’Intifada. Ils disaient clairement aux Israéliens que l’État avait échoué à créer le modèle du nouvel « Arabe israélien ».
C’est ce que l’État essayait de faire de nous : essayer de créer un Arabe israélien, quelqu’un qui ne serait pas 100% Israélien, parce que nous ne sommes pas juifs, mais bien sûr pas totalement arabes non plus. On nous disait que nous pouvions garder notre langue et notre culture, mais non pas la mémoire de notre histoire, notre culture ou notre identité, si ce n’est à un niveau émotionnel et romantique. En résumé, nous ne pouvions pas être Palestiniens.
La deuxième Intifada a marqué un tournant. Elle a signifié à Israël qu’il pouvait contrôler les écoles, notre histoire et les médias, mais qu’il ne pouvait pas nous empêcher d’affirmer notre identité. Ceci a amené directement Yuval Diskin, le directeur du Shin Beth, à déclarer en 2007 qu’il combattrait toute activité politique qui ne reconnaissait pas Israël comme un État juif, même si les activités étaient menées ouvertement et démocratiquement. Ce disant, il visait clairement le Balad. Petit détail, sa déclaration n’a choqué aucun journal israélien.
MB : Le fondateur du parti Balad, Azmi Bishara, a été obligé de s’exiler après avoir été accusé d’espionnage pour le compte du Hezbollah. Amir Makhoul, dirigeant de la société civile palestinienne en Israël, a été placé en détention administrative et il est la cible d’accusations similaires. Omar Saïd et beaucoup d’autres militants font l’objet d’une enquête du Shin Beth. Qu’est-ce que le gouvernement cherche à faire avec ces mesures ?
HZ : Les autorités cherchent à établir des limites à notre identité politique et disent que nous ne pouvons pas avoir de relations avec le monde arabe extérieur. Elles veulent redéfinir les marges de la démocratie de manière à exclure tout programme politique demandant la pleine égalité. Nous demandons l’égalité sans le sionisme. C’est ce que dit le parti Balad. Le fait est que exiger la pleine égalité civique et nationale correspond en fait à exiger la fin du sionisme. Nous ne haïssons pas le sionisme, c’est le sionisme qui hait la démocratie.
Si l’État continue sur cette voie, il changera en fait les règles du jeu. Balad dit que la démocratie a des limites claires. Nous croyons dans les valeurs démocratiques et dans le système et nous utiliserons ces limites de la démocratie pour présenter la manière dont nous voyons une pleine égalité. Si Israël veut effacer ces limites de manière à délégitimer notre perspective sur la scène israélienne, c’est un jeu totalement différent qui se jouera entre l’État et nous. Vu ce qui se passe, l’État nous pousse dans une crise. S’ il disqualifie Balad, aucun parti arabe n’entrera à la Knesset et il s’ensuivra une crise énorme. Si les Arabes n’ont aucun rôle au parlement, la relation entre l’État et nous sera différente. Ce serait la fin de la démocratie. Mais nous savons que c’est ce qui se passera avec un État juif : la fin de la démocratie est une issue inévitable.
MB : Comment votre notoriété après la Flottille s’est-elle répercutée sur la situation des Palestiniens en Israël ?
HZ : Il est possible que la flottille ait été le début d’une nouvelle phase dans l’histoire. Israël aime que nous [les Palestiniens en Israël] restions loin des feux de la rampe. Il nous a opprimés en coulisse, tout comme il a exécuté la Nakba en coulisse. Il a continué à restreindre notre identité et le monde ne nous a pas traités comme faisant partie de la question palestinienne parce que le monde pensait qu’Israël était une démocratie et que nous en constituions seulement une partie. Le monde n’avait d’yeux que pour le siège de Gaza.
Donc en m’attaquant, les membres de la Knesset ont montré au monde leur véritable nature. Et si le monde commence à y prêter attention, spécialement la partie qui ne soutenait pas traditionnellement les Palestiniens et qui croyait qu’Israël devrait être une vraie démocratie, j’espère que l’affaire de la Flottille et ses répercussions montreront qu’Israël a un problème structurel profond et que ce n’est pas un problème de politique. Le problème ne tient pas au caractère extrémiste du gouvernement. Le problème est que la plus grande menace pour le sionisme est la démocratie. C’est ça le problème.
* Max Blumenthal est un journaliste qui a remporté des prix et un écrivain best seller et qui travaille en Israël-Palestine. Ses articles et ses vidéos ont été publiés dans le New York Times, le Los Angeles Times, le Daily Beast, la Nation, le Huffington Post, Salon.com, Al-Jazeera English et beaucoup d’autres publications. Il écrit pour le Nation Institute. Son livre, Republican Gomorrah : Inside The Movement That Shattered The Party, est un best seller sur les listes du New York Times et du Los Angeles Times.
22 juillet 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Annie Goossens & Claude Zurbach
Lien

Territoires occupés : assez des serments d’hypocrites !

publié le vendredi 30 juillet 2010
Rony Brauman

 
S’il existe un consensus de fait en Israël, il concerne le statu quo sur l’occupation
La plupart des commentateurs du conflit israélo-palestinien, qu’ils soient diplomates, journalistes ou militants, aiment à rappeler que la "solution "deux Etats pour deux peuples"" a depuis longtemps trouvé sa place dans les esprits. D’où l’évocation habituelle d’un "processus de paix", soumis à des aléas certes, mais existant en tant que processus. C’est-à-dire comme mouvement conduisant vers un partage dont les limites sont connues de tous, à quelques détails près. En témoignent l’accord manqué de peu à Taba en 2001, le plan de paix de la Ligue arabe de 2002, la "feuille de route" en 2003… Un temps moribond sous les coups des attentats-suicides palestiniens et des représailles israéliennes, le "processus" n’attendrait que d’être relancé. Les sondages ne montrent-ils pas que l’on a majoritairement renoncé, des deux côtés, au maximalisme territorial ? Israël n’est-il pas présidé par un Prix Nobel de la paix ?
Et pourtant si processus il y a, il n’est pas de négociations mais de conquête, un mouvement qui n’a connu de cesse depuis des décennies et auquel seul le gouvernement Rabin a tenté de mettre un terme. Le "désengagement" de Gaza en 2005 n’a pas mis un terme à l’occupation, mais ne fut que le début d’une nouvelle forme d’emprisonnement et la réorientation de la colonisation vers la Cisjordanie. Cet incessant mouvement ne se produit naturellement pas à l’insu des autorités mais avec leur concours actif et jamais démenti, sous la protection d’une armée de conscription et grâce aux financements publics. Il est d’usage de déplorer l’instabilité des gouvernements israéliens, issus d’élections tenues à la proportionnelle intégrale et toujours à la merci d’alliances volatiles. Ce système interdirait l’adoption d’une politique cohérente et suivie vis-à-vis de la question palestinienne. C’est oublier que 90% des députés appartiennent à des partis soutenant la colonisation, que ce soit pour des raisons idéologiques, sécuritaires ou de commodité. Il y a donc bien une politique cohérente et suivie, d’expansion par grignotage. Le taux de croissance des colonies juives en Cisjordanie est de 5,5% par an, soit trois fois la croissance naturelle de la population israélienne. Près de la moitié du territoire cisjordanien est ou bien inaccessible aux Palestiniens, ou bien soumise à un régime de permis. Certes, des voix critiques se font entendre en Israël, y compris à la Knesset, mais elles sont marginales et n’ont aucune prise sur les événements.
Autrement dit, s’il existe un consensus de fait dans l’Etat hébreu, il concerne le statu quo sur l’occupation. Comme le note le journaliste de Haaretz Gideon Levy : "A l’exception de groupes modestes, il n’y a en Israël ni protestation, ni véritable mobilisation (1)". Rien d’étonnant, en fait, si l’on considère les bénéfices de la situation : les quelques remontrances subies de temps à autre sont en effet plus que largement compensées par un soutien diplomatique et économique constant des Etats-Unis et de l’Europe. Ainsi de la toute récente admission d’Israël à l’OCDE, décision qualifiée d’"importance stratégique" par Benyamin Netanyahou. De fait, il s’agit bien d’une victoire historique, puisque la candidature israélienne était fondée sur des données économiques intégrant, contre toute légalité, l’ensemble des territoires occupés. Comme pour enfoncer le clou, le Quai d’Orsay a jugé utile de préciser que Paris avait "veillé à ce que le processus se déroule de façon objective et porte sur les critères techniques". Objectivement, donc, les territoires occupés font partie d’Israël. On ne saurait mieux dire, en effet. Les Israéliens ne sont pas les seuls à penser que les Palestiniens sont les premiers responsables de leur situation : les principaux pays industrialisés de la planète soutiennent ce point de vue en le récompensant. Pourquoi renoncer à une stratégie gagnante, qui plus est, au prix d’un possible soulèvement des colons radicaux ? Tant que le statu quo sera moins coûteux que le partage de la Palestine, on ne voit pas pourquoi ils changeraient d’avis.
(1) On recommande la lecture de son recueil Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009, éd. La Fabrique (2009). Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, est professeur associé à l’Institut d’études politiques (Paris) et membre du Crash, Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires de Médecins sans frontières : www.msf-crash.org Alternatives Internationales n° 047 - juin 2010
Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, est professeur associé à l’Institut d’études politiques (Paris) et membre du Crash, Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires de Médecins sans frontières
publié par Alternatives internationales
Alternatives Internationales n° 047 - juin 2010
intro modifiée (Etat hébreu->Israël) : C. Léostic, Afps

Le nouveau Plan Directeur israélien d’annexion de terre

publié le vendredi 30 juillet 2010
Stephen Lendman
 
Ce plan est de développer les quartiers juifs de Jérusalem Est, "en construisant sur des terres qui appartiennent principalement aux Arabes" ce qui signifie que les Arabes seront expropriés pour pouvoir les construire.
Le nouveau plan met à jour des plans antérieurs. Le premier d’entre eux a été le Plan D (Dalet en Hébreux) de Ben Gourion que l’historien israélien Ilan Pappe a décrit dans son livre de 2006, "Le nettoyage ethnique de la Palestine". Le plan D est le dernier plan de Ben Gourion et a suivi les plans A,B et C. Ce plan D, les Palestiniens l’appellent la Nakba, la Catastrophe et ils la commémorent chaque année pour ne jamais oublier.
Ce plan avait pour but, au moyen de bombardements et du siège des villages et des agglomérations urbaines, de la destruction des communautés et de l’expulsion et du meurtre de centaines de milliers de Palestiniens, d’instaurer un état exclusivement juif en excluant les Arabes par tous les moyens possibles y compris le meurtre de masse, la dépossession et la persécution qui se perpétuent jusqu’à aujourd’hui, en dépit de l’héroïque résistance des Palestiniens.
Cela a pris six mois pendant lesquels environ 800 000 citoyens ont été expulsés ou assassinés et 531 villages et 11 quartiers de Tel Aviv, Haifa, Jérusalem et d’autres villes ont été détruits. Ca a été un nettoyage ethnique barbare et sans merci des Palestiniens, femmes et enfants y compris, et pourtant ce n’était que le début, beaucoup d’horreurs étaient encore à venir, y compris de nouveaux plans de nettoyage ethnique.
Anciens et nouveaux Plans Directeurs
Le Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (JCPA) est un organisme de recherche politique israélien. Son président, Dore Gold, est un extrémiste de droite notoire, hostile aux principes démocratiques et aux droits des Palestiniens.
Dans son récent rapport intitulé "Démographie, géopolitique et l’avenir de la capitale d’Israël : le projet de Plan Directeur de Jérusalem", il explique que le 7 octobre 2008, la Commission de Planification et de Construction du District a proposé un Plan, approuvé par le Maire, Nir Barkat, puis revu dans le but " de créer et préserver une majorité juive stable dans une capitale unifiée" et de s’assurer que la ville demeure unifiée suivant le projet de Ben Gourion qui était de :
"Faire venir les Juifs à Jérusalem Est à tous prix. Nous devons installer des milliers de colons juifs en un temps record. Les Juifs seront d’accord pour s’installer à Jérusalem Est même dans des cabanes. Nous ne pouvons pas attendre la construction de beaux quartiers. L’essentiel est que les Juifs y soient installés".
En ce moment même, on déporte les Palestiniens en grand nombre, on détruit leurs maisons, et on s’approprie leurs terres, accomplissant ainsi le rêve de Ben Gourion de faire de Jérusalem la capitale d’un état exclusivement juif.
Le Plan Directeur de 1968 de la ville recommandait d’y accélérer l’augmentation de la population juive ; en 1973, Golda Meir a décidé qu’elle y serait augmentée de 3,7% avant 1982. D’autres plans ont suivi.
Le Plan Directeur de 2000 avait pour but de préserver une majorité juive car ses instigateurs avaient peur de l’accroissement de la population arabe. Ils ont donc proposé "les mesures d’interventions" suivantes pour empêcher son développement :
Proposer suffisamment de maisons (aux Juifs NdT) en construisant de nouveaux quartiers pour renforcer et augmenter la densité d’habitations de Juifs anciens et développer des emplois et des services sur une base à la fois qualitative et quantitative.
Le Plan de juillet 2009 de Transports de Jérusalem révèle que 13 300 nouvelles unités d’habitation ont été approuvées et 15 000 autres sont planifiées démontrant l’urgence avec laquelle on construit et on programme de nouvelles constructions en se basant sur les prévisions de développement de la population.
Les prévisions d’expropriation de terre n’étaient pas mentionnées. Cependant, dans le Plan Directeur de Jérusalem de 2000 il était écrit :
"Le problème le plus sérieux à Jérusalem Est est l’absence d’un système qui permette de gérer la propriété du sol. Ce problème, qui s’ajoute aux actions délibérées d’éléments nationalistes et criminels, a engendré une énorme quantité de constructions illégales (sans les permis requis) sur des terrains qui étaient destinés à des constructions publiques, ou des vols de terrains privés... Afin de résoudre ce problème, une juridiction spéciale devrait être établie dans la municipalité pour permettre l’enregistrement de la propriété des terres" et s’assurer que les Juifs reçoivent un traitement préférentiel.
Le Plan Directeur de Jérusalem de 2010
Le 28 juin, les journalistes de Haaretz, Akiva Eldar et Nir Hasson, ont publié un article intitulé : "Le Plan Directeur de Jérusalem : Expansion des enclaves juives de la ville" qui explique que le but de ce plan est de développer les quartiers juifs de Jérusalem Est, "en construisant sur des terres qui appartiennent principalement aux Arabes" ce qui signifie que les Arabes seront expropriés pour pouvoir les construire.
Le 10 juin, le journaliste de Haaretz, Don Futterman, a publié un article intitulé "Le Plan Directeur de Jérusalem : destruction" dans lequel il dit que ce plan projette de "déplacer le plus d’Arabes possible aux frontières de la municipalité ; de provoquer le surpeuplement (dans leurs secteurs) dans l’espoir (qu’ils) quitteront la ville de leur propre chef" sous l’incitation de "l’accélération des expulsions et des démolitions de maisons".
Le plan répond à la fois à la campagne des colons pour ("désarabiser") la Vieille Ville, et aux efforts du gouvernement pour faire en sorte que Jérusalem ne devienne jamais la capitale des Palestiniens...
Cela marchera-t-il ? Avant de mourir, Edward Said a dit : "les Israéliens n’arriveront jamais à se débarrasser des Palestiniens. (Ils) partagent la terre qui (les) a réunis et (ils doivent la partager ensemble) sur des bases vraiment démocratiques avec des droits égaux pour tous les citoyens", Juifs, Arabes, Chrétiens et autres. Aucun Plan Directeur ne l’empêchera.
Et cependant le nouveau Plan d’Israël comporte le projet d’accélérer la démolition des maisons et l’appropriation des terres. L’Attorney Général Yehuda Weinstein a dit à la Haute Cour que le gouvernement projette d’appliquer la Loi des Absents de leur Propriété (ABL) qui permet à l’état de saisir les propriétés abandonnées. Des milliers d’hectares appartenant à des Arabes et qui valent des millions de dollars de terres sont en danger.
Le journaliste d’Haaretz, Akiva Eldar a écrit :
"L’état a l’intention de prendre le contrôle des propriétés de tous ceux qui sont partis vivre dans un "état ennemi" pendant la Guerre d’Indépendance (et qui sont à l’heure actuelle des réfugiés interdits de séjour) ainsi que d’installations de Jérusalem Est" qui appartiennent à des résidents de Cisjordanie et de Gaza.
Ces terres et propriétés (saisies NdT) seront utilisées pour développer les quartiers juifs en plus de ceux qui sont en cours de réalisation ou déjà planifiés, provoquant une protestation qui sera réprimée au moyen d’attaques et d’arrestations, comme récemment à Silwan où des protestataires ont été attaqués (par les forces publiques NdT) avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des grenades à percussion. Un Palestinien a perdu un oeil. Une femme a fait une fausse couche à cause des gaz lacrymogènes et une autre après que sa maison ait été prise d’assaut.
Cinq Palestiniens ont été arrêtés y compris un enfant de 12 ans. Le Docteur Mustafa Barghouti, secrétaire général d’Initiative Nationale Palestinienne, a accusé Israël de vouloir judaïser Jérusalem Est à l’aide de "bulldozers, de l’expansion des colonies, (et) en changeant la composition démographique de la ville pour favoriser" les Juifs au détriment des Arabes, le but final étant de rendre Jérusalem exclusivement juive par n’importe quel moyen.
Israël se comporte sauvagement, fait ce qui lui plaît sans aucun respect de la loi, ni des pressions internes ou internationales, ni des droits ou des besoins des Palestiniens autochtones qui sont systématiquement expulsés de Jérusalem pour permettre l’expansion juive. Comme dit un officiel palestinien il s’agit "d’éradiquer" l’identité arabe de Jérusalem Est en construisant des milliers de maisons et d’appartements réservés aux Juifs sur de la terre appartenant aux Arabes.
Ces derniers sont entassés dans des espaces toujours plus petits sur les 13% de la ville qui leur reste aujourd’hui, les 97 autres pour cents ayant été saisis en 1967 quand Jérusalem Est a été occupée. Ghassan Al-Khatib, un représentant de l’Autorité Palestinienne (PA) dit que c’est "plus que de la provocation. C’est en fait la décapitation du processus de paix. Il ne résistera pas au Plan en question pour développer la colonisation de Jérusalem. D’autres disent que c’est de l’incitation à la résistance et à la violence. Un plan détaillé récemment diffusé de l’expansion des quartiers juifs sur des terres appartenant à des Palestiniens le fait craindre surtout s’il s’avère que le programme de judaïsation de la ville se réalise dans sa totalité.
Le 20 juillet, Brian Ennis du Centre des Médias du Moyen Orient a écrit : "Les Palestiniens de Jérusalem Est se sentent abandonnés" devant "le spectre de l’augmentation des démolitions de maisons et de ’la judaïsation’ de Jérusalem Est" ; la communauté internationale ne fait rien pour empêcher cela ni pour aider les Arabes Israéliens* - qui sont les noirs et les Latinos (personnes originaires d’Amérique du Sud qui vivent aux USA, NdT) d’Israël et qui sont persécutés et privés de leur droits d’une manière aussi honteuse qu’illégale.
Les Arabes Israéliens dans le collimateur
Le 20 juillet, Harriet Sherwood a écrit dans le London Observer un article intitulé : "Le paradis de coexistence Arabe de Jaffa résiste à l’afflux des partisans israéliens de la manière forte" dans lequel elle dit :
"Chaque pierre et chaque brin d’herbe" du quartier d’Ajami (de Jaffa NdT) au sud de Tel Aviv a fait l’objet d’amères contestations et a été "au centre d’une lutte qui touche aux questions sociales, économiques, nationalistes et légales et qui - quelle qu’en soit l’issue - conduira inévitablement à d’autres conflits".
Jusqu’à récemment c’était encore un des rares endroits d’Israël où les Juifs et les Arabes coexistaient depuis des dizaines d’années, même si ce n’était pas sans difficultés. Cependant la déstabilisation et les conflits menacent d’éclater si un projet de développement de 20 appartements est approuvé. La Haute Cour de Justice doit rendre incessamment son verdict sur un procès fait par l’Association pour les Droits Civils en Israël (ACRI) au motif que ce projet est discriminatoire à l’encontre des Arabes et des Juifs non religieux au profit des extrémistes sionistes qui veulent y créer "une communauté religieuse sans influences laïques ou non juives", une communauté fermée et exclusive.
L’historien Sami Abu Shehadeh dit que s’ils gagnent "le (quartier) sera coupé en deux (Juifs d’un côté Arabes de l’autre NdT). (Les gens qui) disent que Jaffa est un modèle de coexistence seront réduits au silence". La judaïsation détruira la coexistence et ce projet encouragera le développement de projets similaires en Cisjordanie et à Jérusalem Est.
Il dit que le quartier entier est "un site de construction. Nous autres Arabes, nous sommes forcés de partir mais nous n’avons nulle part où aller". On ne nous accorde pas de permis de construire et les gens de Jaffa disent que 500 familles ont reçu des ordres d’éviction ou de démolitions. D’autres ont eu d’énormes amendes. L’avenir de toute la population arabe (de Jaffa NdT) est incertain comme celui d’autres Arabes israéliens qui sont rejetés, privés de droits et qui subissent de constantes pressions pour laisser la place aux Juifs.
Une autre méthode est cette proposition de loi exigeant qu’ils jurent loyauté à "un état juif et démocratique" surtout les Palestiniens** (25000 environ) qui épousent des citoyens israéliens (arabes NdT) puis demandent la nationalisation sur la base de la réunification des familles, cette dernière nécessitant déjà l’approbation du Ministère de l’Intérieur ce qui la rend impossible à obtenir pour la majorité.
Le 19 juillet, le journaliste Herb Keinon du Jérusalem Post a écrit que cette proposition de loi n’était pas encore passée, contrairement à ce qui avait été annoncé. Il a dit que c’était un moyen "de dissuader les Palestiniens de demander la nationalité". Le gouvernement a affirmé que cette mesure concernait seulement les "résidents illégaux" pas les Arabes Israéliens mais si les officiels du parti extrémiste "Yisrael Beteinu y compris David Rotem, Président de la Knesset et Avigdor Liiberman, Ministres des Affaires Etrangères et Vice Premier Ministre, ont gain de cause, tous les Arabes Israéliens devront jurer fidélité à un "état juif, sioniste et démocratique", à ses symboles et ses valeurs et faire le service militaire ou un service équivalent pour obtenir la carte d’identité qui les fait citoyens et leur donne le droit de demeurer légalement dans le pays.
Conclusion
Les Palestiniens et les Arabes Israéliens ont raison de s’inquiéter. La journaliste d’Haaretz, Amira Hass en a encore apporté la preuve dans son article de 21 juillet intitulé "l’IDF (l’armée NdT) détruit un village de Cisjordanie après l’avoir déclaré zone militaire". Elle écrit que l’armée a démoli un village entier de la vallée du Jourdain après l’avoir déclaré zone militaire fermée, soit 55 installations, et 120 fermiers, ouvriers et leurs familles se sont retrouvés sans logement à Farasiya. Auparavant l’Administration Civile leur avait coupé l’eau et encore avant les militaires avaient détruit une canalisation que les résidents avaient construite pour l’irrigation et qui amenait l’eau d’un cours d’eau voisin.
L’année dernière ils ont reçu l’interdiction de se rattacher à des puits appartenant à Mekorot, la Compagnie Nationale des Eaux, les a forcés à utiliser de l’eau salée pour les besoins quotidiens et à acheter de l’eau minérale très chère pour boire, alors que la plupart n’en ont pas les moyens.
Atef Abu, le photographe de B’Tselem est arrivé sur place après la démolition et a dit : "Il y avait au milieu des ruines des matelas, des tuyaux et des meubles cassés".
Le 18 juillet, dix familles de Bardala (au nord de Farasiya) ont aussi reçu des ordres de démolition, un fermier qui a 300 moutons a été averti que "s’il ne quittait pas sa ferme dans les 24 heures son troupeau serait confisqué".
En Israël et dans tous les Territoires*** des millions de Palestiniens sont en danger, leur vie et leurs moyens de subsistance sont menacés par le projet israélien de longue date de judaïser tout "Eretz Israël" (la terre d’Israël en Hébreu NdT), sans aucune considération pour les Arabes autochtones qui y vivent depuis des centaines d’années et qui ont des droits légaux sur leur maisons et leurs terres.
Il n’est pas étonnant que le journaliste d’Haaretz voit Israël "sombrer dans une atmosphère de nationalisme véhément, les ténèbres menaçant de tout recouvrir (comme le prouve) le déferlement actuel (et extrémiste) de brutalité et de vengeance". Selon Levy, les Palestiniens souffrent de ces émotions négatives et sont collectivement punis parce qu’ils sont musulmans sous domination juive - un impitoyable pouvoir raciste, sans foi ni loi. Pour Lévy cela montre "que nous avons perdu notre humanité et notre raison" et pour les historiens c’est un symptôme d’autodestruction. [1]
[1] Notes du traducteur :
* ce mot désigne en Israël les Palestiniens qui ont la nationalité israélienne. Eux préfèreraient généralement être appelés Palestiniens Israéliens
** Ce mot en Israël fait toujours référence aux Palestiniens des territoires occupés.
*** Ce mot est utilisé en Israël pour désigner les territoires occupés
Stephen Lendman vit à Chicago. On peut le contacter à : lendmanstephen@sbcglobal.net. Il tient aussi un blog et anime des émissions de radio sur RepublicBroadcasting.org de 11H du matin à 13H (heures USA). Tous les programmes sont archivés pour en faciliter l’écoute.
publié par Dissident voice, 24 juillet 2010 http://dissidentvoice.org/2010/07/i...
et en français par le Grand Soir
Traduction D. Muselet