mardi 15 juin 2010

Palestine occupée: le cimetière musulman remplacé par le palais de la justice

Mardi, 15 Juin 2010 10:26 
IRIB - Dans un autre acte provocateur, le régime sioniste a décidé de raser un cimetière musulman pour y construire le palais de la justice. D'après l'agence d'information palestinienne, les autorités israéliennes entendent raser complètement le cimetière islamique et historique de Maman Allah, dans la zone occidentale de la ville d’Al-Qods pour y faire ériger le palais de la justice. Le régime sioniste s'était déjà emparé, en 2006, d'une grande partie de ce site. Le cimetière Maman Allah est le plus ancien cimetière islamique de la région où sont enterrés les fidèles adeptes du prophète de l'Islam, les martyrs à l'Aube de l'Islam ainsi que des dignitaires religieux.  

Le syndicat des dockers norvégiens boycotte à son tour les navires israéliens

Saed Bannoura - Imemc et Agences
publié le lundi 14 juin 2010.
Dimanche 13 juin 2010 -
Répondant aux appels des syndicats palestiniens et d’autres syndicats et organismes à travers le monde, le syndicat des dockers norvégiens a décidé de suivre son homologue suédois et de lancer un boycott sur tous les navires israéliens. Le boycott commencera le 16 juin.
Les dockers ne chargeront, ni déchargeront, les navires israéliens accostant dans leurs ports. La décision est cohérente avec les prises de positions des travailleurs portuaires, et d’autre part, des sondages en Norvège révèlent que près de la moitié des Norvégiens soutiennent cette décision.
Le syndicat des dockers norvégiens fait savoir que le boycott doit durer deux semaines ; le boycott suédois quant à lui se poursuit jusqu’au 24 juin.
Le syndicat palestinien a lancé des appels aux syndicats arabes, aux syndicats du Proche-Orient et internationaux pour qu’ils prennent des positions fermes contre les violations par Israël et ses agressions meurtrières contre la Flottille de la Liberté qui ont fait des dizaines de victimes parmi les militants internationaux non violents qui transportaient de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza assiégée.
En outre, les syndicats d’Afrique du Sud, affiliés au Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), se sont également joints à l’appel aux boycotts d’Israël mais, jusqu’à présent, n’ont pas fait connaître de boycott concret contre Israël.
Les syndicats en Palestine ont salué les prises de positions des syndicats norvégiens, suédois, grecs, britanniques, canadiens et sud-africains, dans leur refus et leur dénonciation des agressions israéliennes contre les Palestiniens et leurs sympathisants, et du siège illégal qui se poursuit par Israël de la bande de Gaza.
http://www.imemc.org/article/58917
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9033 

Les MAE de l'UE appellent Israël à ouvrir les points de passage vers Ghaza

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE), réunis hier à Luxembourg, ont appelé Israël à ouvrir tous les points de passage vers la bande de Ghaza pour acheminer de l'aide aux habitants de ce territoire palestinien soumis à un strict blocus sioniste depuis 2007. Les chefs de la diplomatie de l'UE ont adopté un texte qui prône "l'ouverture des points de passage vers Ghaza pour acheminer tous les biens dont manquent ses habitants". "Il faut permettre aux gens de Ghaza d'obtenir ce dont ils ont besoin", a dit la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton. Pour sa part, l'envoyé spécial du Quartette international sur le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, Russie, ONU), Tony Blair, qui participait à cette réunion, a plaidé pour que l'Etat sioniste "autorise le passage de toutes les marchandises vers la bande de territoire palestinien. Il s'agit de "donner de l'espoir, de l'aide et des perspectives" aux Palestiniens de Ghaza en vue de l'édification d'un Etat dans l'avenir, a dit M. Blair. Par ailleurs, l'UE a, dans son texte, réitéré sa condamnation à la suite de l'attaque sanglante menée le 31 mai par Israël contre "la flottille de la liberté", chargée d'aide à destination de Ghaza. Les Européens ont, de nouveau, souhaité une enquête "impartiale" pour faire la lumière sur cette agression qui a fait neuf morts parmi les pacifistes. Cette enquête devrait inclure une "participation internationale crédible", a affirmé l'UE. 

L'espion israélien qui embarrasse Varsovie

14.06.2010 | Gazeta Wyborcza
"Nous nous retrouvons au cœur d'un grand conflit diplomatique", titre le quotidien de Varsovie, reprenant des informations publiées par le magazine allemand Der Spiegel. A la demande de Berlin, un certain Uri Brodsky a été arrêté le 4 juin en Pologne. Membre supposé du Mossad, il est soupçonné de complicité dans l'obtention illégale d'un passeport allemand, ensuite utilisé par un commando israélien pour assassiner un cadre du Hamas dans un hôtel de Dubaï, le 20 janvier. Israël réclame le retour de Brodsky au pays.

La campagne européenne pour la levée du blocus de Gaza forme une coalition internationale pour poursuivre en justice les criminels israéliens

13 Juin 2010
Milan / Le coordinateur de la campagne européenne pour la levée du blocus imposé à la bande de Gaza, M. Amine Abou Rached, a annoncé la formation d'une coalition internationale comprenant les participants à la flottille de la Liberté afin de poursuivre en justice les criminels israéliens devant la Cour pénale internationale.
A cet effet, il a fait noter que la campagne européenne avait annoncé le commencement de la préparation de la 2e flottille "qui sera plus grande que la 1ère vu que 4000 volontaires ont jusqu'ici manifesté leur volonté d'y participer".
"A cette flottille qui doit se diriger vers Gaza à la mi-juillet prochain participent des personnalités du Parlement européen, des diplomates ainsi que des journalistes", a-t-il ajouté dans une allocution prononcée à Milan sous le thème "Liberté aux flottilles de la Liberté".
"Gaza pré-flottille n'est pas le même Gaza post-flottille", a-t-il dit, précisant qu'avant la flottille Gaza était assiégé et qu'après c'est Israël qui a souffert d'un blocus imposé par les militants étrangers.
Il a affirmé que le but des flottilles est d'en finir avec le blocus politique et économique de Gaza, appelant la Communauté internationale et l'Union européenne à briser le blocus et non pas à se limiter à le diminuer.
A.A. / R.B.
http://www.sana.sy/fra/55/2010/06/13/292988.htm 

Paris demande l'arrêt de la diffusion de la chaîne Al-Aqsa en Europe

Mardi, 15 Juin 2010 10:31 
FarsNews - En France, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a proposé au satellite Noursat d'arrêter la diffusion des émissions de la télévision Al-Aqsa en Europe. D'après le projet avancé par le CSA, le satellite Noursat doit arrêter de diffuser les émissions de la chaîne Al-Aqsa dépendant du Mouvement de la Résistance islamique de la Palestine (Hamas). La décision a été prise à la demande de l'UE. Le gouvernement français a prétendu que la propagation de la violence et de l'extrémisme via cette chaîne a entraîné une telle prise de décision.  

Appel urgent à équipement pour ISM-Palestine


Palestine - 14-06-2010
Par ISM
ISM travaille dur en Cisjordanie et à Gaza, et a besoin de votre aide !
Le bureau-média d’ISM a fait l’objet de deux raids israéliens en l’espace de quatre nuit en février dernier, lorsque Bridget Chappell and Ariadna Jove Marti furent arrêtées. Pendant l’intrusion, l’armée israélienne a volé tous nos ordinateurs (trois ordinateurs portable, un ordinateur de bureau) ainsi que plusieurs caméras.

A peine une semaine avant, le bureau d’Hébron a été pillé pendant que les activistes étaient sortis. Nous pensons fortement que l’armée est responsable du vol parce que des voisins nous avaient rapporté que des soldats étaient venus de nombreuses fois regarder par les fenêtres lorsque l’appartement était vide. Lors de ce raid, deux ordinateurs portable, plusieurs caméras, des cartes mémoire et des clés USB ont été volés, alors que des objets de valeurs ont été laissés alors qu’ils étaient bien en vue.
ISM a besoin de remplacer cet équipement pour continuer le travail important que nous faisons. Documenter la violence et le harcèlement permanents des colons à Tel Rumeida (Hébron) et à Sheikh Jarrah (Jérusalem Est) sont deux de nos activités les plus importantes.
Les résidents de ces communautés font preuve d’une résilience remarquable en refusant de se laisser intimider par la violence coloniale. Pour que ces communautés aient une chance de raconter leur histoire au reste du monde (un des rôles d’ISM) et de prouver l’innocence de nos amis palestiniens lorsqu’ils sont accusés à tort (ce qui arrive en permanence), il nous faut filmer, et des vidéos de bonne qualité.
Nous avons besoin d’au moins deux petites caméras manuelles (environ 120-170 € chacune).
Les activistes d’ISM-Gaza prennent des risques réels pour documenter quelques-unes des pires violations des droits de l’homme au monde. Une des activités principales est de documenter l’usage de balles réelles dans la « zone tampon » contre les fermiers et les manifestants non violents. L’utilisation par Israël de balles réelles a tué 14 personnes et blessé plus de 50, du début 2010 à aujourd’hui. Bianca Zammit, une militante maltaise, a été blessée d’une balle à la jambe le 23 avril dernier alors qu’elle filmait une manifestation, faisant ainsi la preuve qu’une telle documentation est considérée comme une menace par l’armée israélienne.
Nous avons besoin d’un ordinateur portable Mac pour monter les vidéos (800€) ; une caméra avec un bon zoom optique, comme un Canon Powershot S51S (120-250€).
Le vol stratégique de notre équipement média, couplé au tir sur Bianca, nous rappellent que nous constituons une menace réelle grâce à notre capacité à toucher le public partout dans le monde avec des informations sur les actions d’Israël. En tant qu’activistes non violents, nos caméras sont nos armes pour dénoncer la colonisation et l’apartheid.
Merci de nous aider à continuer notre travail en faisant un don ICI, ou en envoyant de l’équipement en Palestine par l’intermédiaire d’un activiste.

Le dilemme de Gaza

USA-Israel - 14-06-2010
Par James J. Zogby > jzogby@aaiusa.org

Le Dr James J. Zogby est président de l’Arab American Institute.
En cherchant à changer de direction et de trouver une « meilleure approche » dans le traitement de la crise à laquelle Gaza est confrontée depuis fort longtemps, l’administration Obama se heurte à plusieurs obstacle profondément plantés.
Le Président américain a souligné sa nouvelle approche lors d’une conférence à la Maison-Blanche faisant suite à une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il a répété son opinion post-flottille selon laquelle le blocus imposé par Israël à Gaza était « intenable » et il a appelé à un nouveau mécanisme international impliquant Israël et comportant « l’Egypte, l’Autorité palestinienne (AP) et la communauté internationale ».

Ce mécanisme se focaliserait sur l’exclusion des armes, tout en permettant non seulement les fournitures humanitaires, mais aussi « les biens et les services nécessaires au développement économique et donnant à la population la possibilité de créer ses propres entreprises, de faire croître l’économie et de fournir des opportunités dans la bande de Gaza », a dit Obama. Il a annoncé un package d’aides incluant des biens spécifiquement ‘tatoués’ en vue de leur utilisation « dans la construction de logements et d’écoles et dans le développement des entreprises » à Gaza, certes, mais aussi en Cisjordanie.

Enfin, Obama a renouvelé son soutien à « une enquête crédible et transparente répondant aux exigences internationales » et qui « mettra au jour tous les faits » relatifs aux événements tragiques qui ont entraîné la mort de neuf passagers du (navire turc) Mavi Marmara.
Les Israéliens ont démontré leur peu d’intérêt pour une enquête qu’ils ne seront pas en mesure de contrôler totalement. Ils ont fait une contre-offre, proposant leurs propres enquêtes, aux ambitions limitées, tout en suggérant qu’ils pourraient autoriser des « observateurs » à assister à leur réalisation. Cela est bien en-deçà tant des exigences de l’Onu que des préconisations d’Obama. En s’emparant de tous les biens se trouvant à bord des bateaux capturés ainsi que des effets personnels des passagers (téléphones portables, caméras, ordinateurs portables et autres), les Forces Israéliennes de Défense ont quasiment détruit les « pièces à conviction ».
Les Israéliens n’ont fait montre d’aucune inclination à accepter un « blocus des armes cogéré » qu’ils ne contrôleraient pas entièrement, en faisant la contre-proposition consistant à desserrer un peu le garrot de leur régime d’occupation oppressif, permettant à certaines friandises ainsi qu’à d’autres produits commerciaux fournis par Israël à entrer dans la bande de Gaza.
Si l’opinion publique américaine soutient majoritairement les éléments clés de son plan, ce n’est pas le cas du Congrès. Un sondage effectué par Zogby International après la conférence de presse à la Maison Blanche a mis en évidence ce soutien aux objectifs du président américain. On avait demandé aux gens d’évaluer l’affirmation d’Obama selon laquelle la tragédie (de l’arraisonnement de la flottille humanitaire pour Gaza, ndt) pourrait être utilisée comme une opportunité pour « imaginer de quelle manière nous pouvons satisfaire aux préoccupations d’Israël en matière de sécurité, mais en même temps, commencer à ouvrir une opportunité pour les Palestiniens ».
53 % étaient d’accord avec cette affirmation (dont 79 % de personnes favorables aux Démocrates), tandis que 39 % des sondés seulement ne la partageaient pas. L’on avait demandé aussi aux personnes interrogées de réagir à cette déclaration d’Obama : « Les Etats-Unis, avec les autres membres du Conseil de Sécurité de l’Onu, ont dit très clairement que nous condamnions tous les actes susceptibles d’avoir entraîné une telle violence ».
« Nous avions affaire à une situation tragique. Des vies ont été perdues, pour rien. Aussi appelons-nous à une enquête effective sur tout ce qui s’est produit ».
49 % des répondants partageaient cette opinion du président américain (dont 88 % de démocrates), tandis que 38 % ne la partageaient pas. Mais le Congrès voit les choses différemment. Alors que quelques membres du Congrès seulement ont rejoint le Président américain dans la condamnation des tueries et ont appelé à une enquête indépendante et exhaustive, beaucoup plus nombreux furent les membres du Congrès (dont des Démocrates éminents et la quasi-totalité du contingent du Grand Old Party, le ‘GOP’ (= les Républicains), ont été prompts à accepter les points de discussions agréés par Israël, faisant des déclarations et proposant une législation qui non seulement soutient la version qu’Israël donne des événements, mais aussi en appelle à une continuation du blocus contre la bande de Gaza.
Tout cela devrait montrer à notre Président que, s’il veut que ses efforts de changement de direction portent leurs fruits, il aura à affronter non seulement un gouvernement déterminé et jusqu’au-boutiste en Israël et des réalités palestiniennes têtues, mais aussi un parti-pris pro-israélien atavique et irréfléchi au sein du Congrès.

Pour (quoi) la Résistance

Palestine - 14-06-2010
Par Robin Yassin-Kassab

Nous traduisons ci-dessous un article de Robin Yassin-Kassab, auteur du roman The Road from Damascus (Hamish Hamilton, 2008) - avec l'aimable autorisation des éditeurs du site PULSE sur lequel il a été initialement publié le 6 juin 2010. Titre original : When Did Resistance Become a Dirty Word?
(Quand la résistance est-elle devenue un gros mot ?" 
Ce que la classe politique occidentale et ses médias exigent des Arabes et des Musulmans, c’est qu’ils consentent à l’inacceptable statu quo en Israël-Palestine. Résister au statu quo, c’est être un agitateur, une menace à la stabilité, l’expression d’une violence irrationnelle. La résistance provient de l’inadéquation d’une culture et d’une religion qui cèdent à l’antisémitisme et à l’hystérie. S'ils veulent évoluer, ces types rétrogrades doivent abandonner la résistance.
















Al-Quds, 16 mars 2010 (photo AP Oded Bality)

Ce qui signifie, pour les Libanais, qu’ils doivent oublier 22 années d’occupation de leur pays, le siège de Beyrouth en 1982 ainsi que l’agression de 2006 qui a touché leurs infrastructures et leurs populations civiles. Ils doivent oublier la liste sans fin des massacres perpétrés par les sionistes et leurs alliés sur le territoire. Il doivent sourire quand Israël viole leur espace aérien jour après jour et les menace chaque semaine de les “renvoyer à l’âge de pierre”. [NdT : allusion à la promesse publique lancée par le secrétaire d’Etat américain James Baker à Tarek Aziz et Barzan, à Genève, le 9 janvier 1991, lors de la conférence qui précéda la Première guerre du Golfe. Même menace publique d'Israël à l'endroit de la Syrie, en avril dernier]. Ils doivent donc désarmer et qualifier de terroriste le Hezbollah, principal défenseur de leur pays.
La Syrie aussi doit sourire face à l’occupation illégale, l’annexion des plateaux du Golan et le vol de ses ressources vitales en eau. Elle doit contenir les réfugiés du Golan et près du demi-million de réfugiés palestiniens avec leurs organisations politiques. Elle ne doit pas acheter, ni fabriquer d’armement qui puisse la protéger un minimum du terrorisme sioniste. Elle doit sourire stupidement quand Israël décide de bombarder son territoire.
Les Palestiniens doivent être modernes et démocrates. Ils doivent le prouver en combattant celui qui a emporté les élections et en soutenant une clique de corrompus non élus et collabos.
Quant aux sympathisants occidentaux de la cause palestinienne, ils doivent précéder toute critique d’Israël par ces affirmations : “Bien sûr, Israël a le droit d’exister en sécurité”, ou “Bien sûr, nous ne soutenons pas le Hamas”, ou encore, comme dans le cas des passagers du Rachel Corrie (dont je salue le courage et l’engagement) : “Nous ne résisterons pas.”
Il est temps que cesse cette mascarade. Reconnaître à Israël le “droit” d’exister en sécurité, c’est dénier aux Palestiniens celui d’exister en sécurité. Nul Etat qui en occupe un autre n’a le droit de jouir de sa sécurité. Hitler avait-il le droit de jouir de sa sécurité lorsqu’il envahissait la Tchécoslovaquie et la Pologne? Et les Etats d’apartheid n’ont pas le droit d’exister du tout. Il n’y a rien d’antisémite dans tout cela, comme il n’y a rien d’anti-blanc ou d’anti-afrikaaner à dire que l’apartheid en Afrique du Sud n’avait pas le droit d’exister. Un Etat fondé sur un nettoyage ethnique massif et des massacres répétés n’est pas un Etat normal, un Etat comme tous les autres. Israël doit gagner son droit à l’existence, seulement lorsqu’il aura autorisé les réfugiés à rentrer chez eux et que les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens jouiront des mêmes droits.
Quels sont les arguments utilisés pour diaboliser - au lieu d’engager un dialogue critique - avec le Hamas ?
Premièrement, le Hamas ne reconnait pas Israël. C’est vrai, le Hamas pense que Yasser Arafat a commis une erreur stratégique majeure en reconnaissant Israël avant qu’Israël ne reconnaisse aux Palestiniens un minimum de droits. En cela, l’attitude du Hamas est parfaitement logique. Le Hamas sait évidemment qu’Israël existe, et même si le Hamas buvait assez de whisky pour oublier qu’Israël existe (ce qui est assez improbable), Israël serait encore là, avec ses tanks Merkava, ses checkpoints et son armement nucléaire. Le Hamas a répété à plusieurs reprises qu’il cesserait de combattre quand Israël aura quitté les territoires de 67. Il ne reconnaîtra toujours pas Israël comme un Etat juif sur 78 % de la Palestine historique, parce que cela impliquerait de tenir pour juste le vol de la Palestine afin d’y fonder un Etat basé sur l’ethnie. Israël ne reconnait donc pas la Palestine. Son incapacité à la reconnaître se traduit très concrètement par l’occupation et le nettoyage ethnique.
Deuxièmement, le Hamas n’accepte la solution de deux Etats. Mais une fois de plus, et quoiqu’en dise sa propagande, Israël non plus. Si Israël soutenait vraiment cette solution, il n’aurait pas passé les dix dernières années, sous les travaillistes et le Likoud, à construire des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem. Et c’est Israël l’occupant.
Troisièmement, le Hamas a attaqué des civils. C’est sûrement la plus hypocrite des raisons pour isoler ce mouvement. Depuis septembre 2000, les Palestiniens ont tué 1072 Israéliens. Dans la même période, les Israéliens ont tué 6348 Palestiniens (sans compter ceux qui sont morts indirectement, des causes de l’occupation, par exemple des personnes dans un état critique et qui périssaient dans l’ambulance parce qu’elles étaient retenues pendant des heures aux checkpoints). Aussi, Israël est-il bien coupable d’attaques contre les civils. Et je dirais même que la violence des occupés qui luttent pour leur libération est plus justifiable que celle de la violence oppressive de l’occupant.
Les gens qui versent des larmes de crocodiles sur le sort de Sderot devrait avoir à l’esprit la situation bien pire de Gaza et de la Cisjordanie, mais aussi le fait que les habitants affamés et bombardés dans les camps de Gaza sont ceux qui proviennent des villages détruits pour construire Sderot. Si on vole votre maison, et que ni la loi ni la conscience des voleurs ne vous la restitue, alors vous avez le droit de combattre les voleurs vous-mêmes. Le Hamas ne détient qu’un seul prisonnier de guerre. Il est grotesque de voir que le monde entier connait le nom de ce terroriste capturé mais pas les noms des 10 000 Palestiniens prisonniers dans le goulag sioniste, dont beaucoup d’enfants.
Même si on pouvait établir que le côté palestinien a été plus violent que le côté israélien - ce qui est faux - le Hamas, contrairement à Israël, s’est montré capable de respecter les cessez-le-feu. Et de toute façon, beaucoup de victimes israéliennes ont été tuées par la Brigade des Martyrs d’al Aqsa, qui est liée au Fatah.
Quatrièmement, le Hamas essaie d’établir un Etat islamique. C’est vrai, en théorie. Mais il sait qu’il a été élu pour son programme de résistance et pour son programme de lutte contre la corruption, et non pour des raisons liées à l’Islam. Il y a des signes qui montrent que le Hamas a essayé d’imposer aux gens de Gaza certains codes de conduite - ce à quoi je m’oppose - mais étant donné les circonstances, c’est de l’islamisme soft. C’est même une soupape de sécurité contre le nihilisme de groupes salafis plus dangereux qui ont commencé à apparaître au milieu du désespoir des Palestiniens. Et bien sûr, Israël n’est pas un Etat pour ses citoyens et encore moins un Etat pour les gens sous son contrôle mais un Etat juif. Le fait que certaines personnes définissent la judéité selon des critères ethniques au lieu qu'ils soient religieux ne change pas ce fait.
Mon principal point de divergence avec le Hamas, c’est la mention du Protocole des sages de Sion, un texte antisémite russe qui a été discrédité par des antisionistes tels que Abdelwahhab el-Messiri.(Je ne suis pas aussi scandalisé par cet antisémitisme que par l’antisémitisme européen car si quelqu’un peut à la limite être excusé de généraliser à propos des Juifs, c'est bien la victime d’un Etat qui s’autoproclame juif). Les dirigeants du Hamas expliquent souvent qu’ils ne s’opposent pas aux Juifs parce qu’ils sont Juifs, mais aux sionistes parce qu’ils sont sionistes. Dans ce cas, j’aimerais qu’ils retirent la référence au Protocole des sages de Sion. Evidemment, le Hamas n’est pas parfait. Mais le Parti Communiste qui dirigeait la résistance antifasciste en Europe, non plus. Si j’avais vécu à cette époque, j’aurais soutenu la résistance antifasciste exactement comme je soutiens le Hamas - avec des critiques, mais de manière inconditionnelle.
Concernant les courageux passagers du MV Rachel Corrie, j’aimerais qu’ils n’eussent pas dit : “Nous ne résisterons pas”. J’aimerais qu’ils aient dit : “Nous sommes désarmés, nous n’avons nulle envie d’entrer en confrontation avec les soldats israéliens. Cependant, si nous sommes agressés par des hommes armés dans les eaux internationales ou près de la côte de Gaza - laquelle n’est pas soumise à la juridiction israélienne - nous résisterons autant que nous pourrons”.
Ils ont maladroitement apporté de l’eau au moulin de la propagande israélienne - “quand des activistes civilisés et pacifistes arrivent, nous agissons avec eux pacifiquement. Quand des islamistes turcs fous nous attaquent avec des bâtons quand nous arrivons dans leur bâteau, nous n’avons pas d’autre choix que de leur tirer plusieurs balles de dos et dans la tête.”
Les passagers à bord du Mavi Marmara devraient être félicités pour avoir résisté contre cet acte de piraterie et contre le siège illégal et barbare. Nous ne devrions jamais avoir honte de la résistance - qu’elle soit en Europe occupée par les nazis, en Afrique du Sud, en Irak, au Vietnam, en Palestine, au Liban ou sur la mer Méditerrannée. La Résistance est belle. La Résistance prouve la persistance d’une once d’humanité dans un vaste océan d’inhumanité.

Le Hamas accuse "Israël" d'échapper aux pressions internationales

14/06/2010  
Le Hamas a accusé, ce lundi, "Israël" de tenter "d'échapper aux pressions internationales" après des informations sur un possible allègement du blocus de Gaza et la création d'une commission israélienne sur son raid contre la flottille pour Gaza.    
"Israël" tente "d'échapper aux conséquences internationales et d'atténuer les pressions internationales" déclenchées par l'assaut contre la flottille le 31 mai, qui a fait neuf morts, tous de nationalité turque, a précisé Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas.  
"La communauté internationale devrait exiger la levée totale du blocus de Gaza et ne pas permettre à "Israël" d'échapper à la responsabilité de ses crimes", a ajouté M. Barhoum.  
M. Barhoum a également expliqué qu'"en refusant la formation d'une commission d'enquête internationale sur le massacre de la flottille, Israël se condamnait lui-même".    
"Israël tente manifestement d'échapper à la pression internationale et aux appels à une enquête internationale", a-t-il assuré.   
Auparavant, un diplomate de l'Union européenne (UE) avait indiqué avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE qu'"Israël" serait prêt à passer d'une logique d'interdiction, sauf exception, des produits dans la bande de Gaza, à une logique d'autorisation, sauf exception, une option défendue la semaine dernière par plusieurs responsables européens. 

Israël va retirer le droit de séjour de 300 personnalités politiques à Jérusalem

14/06/2010  
Un ministre des affaires de Jérusalem, député et ancien de Jérusalem, Khaled Abou Arafa a révélé un projet israélien de retirer le droit de séjour de 300 personnalités politique résidant à Jérusalem comme un prélude pour les jeter hors de la ville !
Le Conseil islamique suprême a mis en garde hier d'un système de dimensions et le retrait des cartes d'identité de Jérusalem.
Selon Abou Arafa, qui cite des sources israéliennes bien informées,  « l'intention de déplacement et d'expulsion de plus de 300 personnalités politiques de Jérusalem, rentre dans le cadre d’un projet israélien visant à remplacer les    Jérusalem ", mais les autorités ont commencé par les élites pour rendre plus facile ensuite le déplacement des  familles résidant à Jérusalem en général.
Abou Arafa a dit que ce projet est lié à la décision militaire n° 1650,  et qui permet à l’occupation israélienne la déportation de plus de 70 mille Palestiniens de la Cisjordanie et de Jérusalem vers  la bande de Gaza, et vers d'autres pays sous prétexte qu'ils n'ont pas de carte de séjour !

Ankara menace de revoir ses liens avec Israël si ce dernier ignore se demandes

14/06/2010 
La Turquie n'a "pas confiance" dans le fait qu'une commission d'enquête formée par "Israël" sur le raid meurtrier israélien contre la flottille d'aide à Gaza conduira à une enquête impartiale, c'est ce qu'a déclaré, lundi, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.  
"Nous n'avons pas du tout confiance dans le fait qu'Israël, un pays qui a perpétré une telle attaque sur un convoi civil dans les eaux internationales, mènera une enquête impartiale", a précisé le ministre à la presse.  
"Toute enquête menée unilatéralement par Israël n'aura pour nous aucune valeur", a-t-il affirmé.
Il a ajouté que la Turquie insiste sur la création d'une commission d'enquête "sous le contrôle direct des Nations unies (...) une enquête impartiale avec la participation de la Turquie et d'Israël". 
M.Davotuglu a cependant averti que "si une commission internationale n'est pas mise en place et si les demandes justifiées de la Turquie continuent d'être ignorées, la Turquie aura le droit de revoir unilatéralement ses liens avec Israël et de mettre en place des sanctions".  
Il a ajouté que son pays "attend patiemment que la communauté internationale prenne des mesures d'une manière objective", à défaut de quoi "nous pourrions prendre des mesures".  
"Israël" a annoncé dimanche la création d'une "commission publique" pour enquêter sur son raid meurtrier contre une flottille humanitaire pour Gaza. Neuf Turcs dont un Turco-américain ont été tués lors du raid israélien du 31 mai.

Erdogan: L'UE nous manipule depuis 50 ans !

14/06/2010 
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vilipendé l’attitude de l’Union européenne l’accusant d’avoir  manipulé la Turquie pendant 50 ans.
Erdogan, qui s’exprimait au cours d'une cérémonie organisée à l’université de la ville de Trabzon, a dénoncé " les allégations occidentales selon lesquelles la Turquie a tourné le dos à l'Occident et s’est retourné vers les pays musulmans", ajoutant que ce genre de langage est celui de la presse israélienne et des médias occidentaux, qui reçoivent le soutien d'Israël .  
S'adressant aux médias turcs qui mènent campagne contre lui, Erdogan a estimé qu'elle présente une similitude avec celle organisée par la presse israélienne, et de souligner que «seule la langue diffère".
Il a indiqué que si les Turcs "gardent le silence  sur  l'injustice et l’oppression, ce sont les os  de Sultan Mehmet Fath et ceux du   sultan Sélim 1er qui sont broyés dans leur tombe" ! 
Le Premier ministre turc a précisé que ceux qui prétendent que la Turquie a  changé d'axe ont des intentions malveillantes et n’ont rien  compris à la politique étrangère de la Turquie multipolaire ni à son  nouveau rôle. Il a noté que les négociations directes qui ont commencé avec l'Union européenne ont été une initiative turque.
Il a ajouté  que la Turquie a  fondé  un ministère spécial pour adhérer à l'Union européenne et a nommé des négociateurs spéciaux qui ont effectué une tournée dans toute l'Europe, mais l'UE continue de jouer avec elle.  M. Erdogan a déclaré qu’à  travers ses rencontres avec les responsables européens il a compris ce que les Européens cachaient réellement , leur signifiant que:  "Si vous n'êtes pas un club chrétien, vous êtes tenu d'accepter l'adhésion de la Turquie." 
Soulignant que "la seule chose qui dément que vous n’êtes pas un club chrétien c’est d’admettre  un pays musulman comme la Turquie au sein de l’Union européenne, sachant que cette dernière  remplit toutes les conditions nécessaires à son adhésion par rapport aux dix pays entrés dans l'Union européenne".

Mahmoud Abbas récuse la commission d’enquête israélienne

15 juin 2010
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a estimé hier que le format de la commission approuvée par Israël pour enquêter sur le raid israélien contre la flottille pour Ghaza ne « correspond pas » à celui proposé par le Conseil de sécurité de l’ONU.« Nous sommes tout à fait d’accord avec la commission d’enquête telle qu’elle a été mentionnée dans la déclaration finale publiée par le Conseil de sécurité à l’issue de sa réunion » du 1er juin, a déclaré M. Abbas à l’issue d’un déjeuner de travail à l’Elysée avec le président Nicolas Sarkozy. « La proposition qui est faite aujourd’hui (par Israël, ndlr) pour la commission d’enquête ne correspond pas à la demande qu’a faite le Conseil de sécurité », a-t-il poursuivi devant la presse. Le gouvernement israélien a approuvé hier à l’unanimité la création d’une « commission publique indépendante », avec la participation de deux observateurs étrangers, pour enquêter sur le raid israélien contre une flottille pour Ghaza, qui s’est soldé par la mort de neuf personnes le 31 mai.
Cette commission sera chargée d’examiner la conformité de l’arraisonnement israélien et du blocus maritime imposé depuis quatre ans à la bande de Ghaza, avec le droit international, a indiqué le Premier ministre israélien. Réuni le 1er juin, le Conseil de sécurité des Nations unies s’était prononcé pour « une enquête impartiale, crédible et transparente, conforme aux critères internationaux ». Nicolas Sarkozy s’était lui aussi déclaré favorable à une enquête « crédible et impartiale » sur l’intervention israélienne. A l’issue de son entretien avec le président français, Mahmoud Abbas a une nouvelle fois plaidé pour la levée du blocus imposé à Ghaza. « Israël doit lever le blocus imposé au peuple palestinien, c’est là notre demande principale et permanente et tous les pays avec lesquels nous en avons parlé sont d’accord », a-t-il répété.
Le chef de l’Autorité palestinienne a enfin indiqué avoir évoqué avec Nicolas Sarkozy les « initiatives » américano-européennes annoncées pour l’automne par le chef de l’Etat français afin de relancer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, actuellement au point mort. « Il faut absolument que quelque chose se passe d’ici l’automne, il faut qu’il y ait des développements dans les négociations, sinon il va falloir que nous fassions une pause pour voir où nous en sommes », a indiqué M. Abbas.

Maintenir ouvert le passage de Rafah : Les Algériens ont précédé Amr Moussa à Ghaza

lundi 14 juin 2010 - 09h:41
K. Selim - Le Quotidien d’Oran
La caravane algérienne de la « fidélité aux martyrs de la flottille de la paix », entrée samedi à Ghaza, après une journée d’attente devant le passage de Rafah, a fait l’objet d’un accueil chaleureux dans le territoire palestinien soumis à un embargo abject. Amr Moussa est arrivé hier à Ghaza. Avec des déclarations ambiguës.
(JPG) La délégation algérienne, accueillie vendredi soir par des membres du Conseil national palestinien, dont le Dr Ahmed Bahr, vice-président du conseil, et des membres du Comité gouvernemental contre le blocus. Le chef de la délégation algérienne, le député Nasredine Cheklal, a affirmé qu’il ne s’agissait que « d’un premier pas » dans l’action visant à casser le blocus imposé à la bande de Ghaza. Au cours d’une conférence de presse organisée conjointement avec le Dr Bahr, au siège du CNP à Ghaza, M. Cheklal a indiqué que la visite des Algériens visait à « soutenir l’esprit de résistance que possède le peuple palestinien face aux agressions israéliennes ». Il a également appelé toutes les parties à œuvrer sérieusement à réaliser, le plus rapidement possible, l’unité palestinienne.
M. Cheklal a indiqué également que la visite avait pour but d’inciter tous les parlements arabes à agir en faveur des Palestiniens en organisant des visites à Ghaza afin de se rendre compte des désastres humanitaires causés par le blocus. « Ce qui se passe à Ghaza dépasse toutes les limites et bafoue toutes les chartes et lois universelles », a-t-il indiqué.
Le Dr Bahr a remercié de son côté le peuple et le gouvernement algériens pour leur soutien permanent à la cause palestinienne et qualifiant les visiteurs algériens de « compagnons de route sur le chemin de la lutte contre l’occupation ». Il a également remercié le gouvernement égyptien pour avoir autorisé la caravane de « la fidélité aux martyrs de la flottille de la liberté » à entrer à Ghaza, tout en n’omettant pas de souhaiter que le passage de Rafah demeure ouvert.
Pour rappel, les autorités égyptiennes ont décidé, après le carnage commis par l’armée israélienne contre les militants pacifistes de la Flottille de la paix, de rouvrir le passage de Rafah pour une durée indéterminée.
« Ce blocus doit être levé et doit être brisé »
(JPG)
Ahmed Bahar accueille la délégation algérienne à Gaza
le 12 juin.
Photo : CIP
En Egypte et partout ailleurs dans le monde, les mouvements de soutien au peuple palestinien militent pour que le passage de Rafah ne soit plus refermé et il est absurde de demander à Israël de lever l’embargo si la frontière entre Ghaza et l’Egypte demeure close. La délégation algérienne a été accueillie également par Ismaïl Hanniyeh. L’occasion pour lui de dire, entre autres, que tous les Palestiniens étaient derrière l’équipe algérienne au Mondial. Hier, alors qu’Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, « osait » venir à Ghaza, la délégation algérienne a rencontré les familles des Palestiniens détenus dans les geôles de l’occupation sioniste.
« Ce blocus doit être levé et doit être brisé ; la position de la Ligue arabe est très claire à cet égard », a déclaré Amr Moussa. Le propos ne manque pas d’ambiguïté. L’embargo « israélien » sur Ghaza n’aurait guère de sens si l’Egypte, pays de Amr Moussa, s’abstenait de fermer le passage de Rafah.
Il aurait été sans doute plus sérieux d’évoquer, en tant que secrétaire général de la Ligue, la nécessité pour les Etats arabes de soutenir l’Egypte au cas où les Etats-Unis décidaient de suspendre l’aide financière qu’ils lui apportent. Il est remarquable de noter que la visite de Amr Moussa intervient alors que le journal Haaretz fait état de l’intervention du chef de l’Autorité palestinienne et de l’Egypte pour éviter une levée du blocus naval. L’Autorité palestinienne a bien entendu démenti... mais de fâcheux précédents font douter. Pour autant, la réponse la plus simple, c’est bien de laisser ouvert le chemin qui a été emprunté samedi soir par les Algériens et dimanche matin par Amr Moussa.
13 avril 2010 - Le Quotidien d’Oran - Evènement
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8929

Le coup de griffe en suspens

lundi 14 juin 2010 - 20h:40
Fidel Castro - Le Grand Soir
Il ne serait pas étonnant qu’Israël et les Etats-Unis et leurs alliés veuillent profiter de la Coupe du monde de football pour rassurer l’opinion internationale indignée par la conduite criminelle des troupes d’élite israéliennes face à Gaza. Il est donc très probable que le coup de griffe soit retardé de quelques semaines...
J’ai écrit mes Réflexions du mardi 8 juin, Au seuil de la tragédie en début d’après-midi. Plus tard, j’ai regardé le programme de la télévision, « Table ronde », de Randy Alonso, qui débute en général à 18 h 30.
Ce jour-là, de prestigieux intellectuels cubains qui participaient à ce programme, soumis aux questions pertinentes du directeur, répondirent avec éloquence qu’ils respectaient beaucoup mon opinion, mais qu’ils ne croyaient pas qu’il y ait des raisons pour que l’Iran rejette l’éventuelle résolution - connue alors - que devait adopter le Conseil de sécurité de New York, le 9 juin au matin et qui avait été sans aucun doute concertée entre les dirigeants des trois puissances ayant le droit de veto, les Etats-Unis, l’Angleterre et la France, avec leur homologues de Russie et de Chine, qui le possèdent aussi.
A cet instant, j’ai dit aux personnes proches qui m’accompagnent d’ordinaire : « Que je regrette de n’avoir pas conclu mes Réflexions en disant que personne plus que moi ne souhaite se tromper », mais il était tard et je ne pouvais en retarder l’envoi au site web CubaDebate et au journal Granma.
Le lendemain, comme je savais que la réunion du Conseil de sécurité s’ouvrait à 10 heures, j’ai eu l’idée de mettre CNN en espagnol qui devait sans aucun doute donner des nouvelles du débat. De fait, j’ai pu écouter le discours par lequel son président présentait un projet de résolution soumis quelques jours avant par les Etats-Unis et soutenu par la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Des représentants des principaux Etats impliqués dans ce projet ont pris la parole. La représentante des USA a expliqué pourquoi son pays le votait, sous le prétexte éculé qu’il fallait punir l’Iran d’avoir violé les principes du Traité de non-prolifération nucléaire. De son côté, le représentant de la Turquie, dont l’un des navires de la flottille qui apportait des aliments au million et demi de Palestiniens assiégés dans un morceau de leur patrie, avait été victime de la brutale attaque héliportée des troupes d’élites israéliennes, au petit matin du 31 mai, a fait savoir que son gouvernement s’opposait à de nouvelles sanctions contre l’Iran.
CNN, dans son créneau de nouvelles, a présenté des images de mains levées en fonction des prises de position, dont celle du représentant du Liban, qui fit savoir que son pays s’abstiendrait.
On peut résumer l’attitude des membres du Conseil de sécurité qui ont voté contre la résolution dans la main droite sereine et ferme de la représentante du Brésil qui avait exposé d’un ton sûr les raisons pour lesquelles son pays s’y opposait.
Comme il y avait encore des tas de nouvelles sur ce point, je suis allé sur TeleSur qui a étanché pendant des heures ma soif insatiable d’informations.
Le président Lula da Silva a prononcé à Natal, dans le Nord-Est du Brésil, deux phrases lapidaires : les sanctions étaient imposées par « ceux qui croient à la force, et non au dialogue » ; la réunion du Conseil de sécurité « aurait pu servir à discuter du désarmement des pays qui ont des armes atomiques ».
Il ne serait pas étonnant qu’Israël et les Etats-Unis, ainsi que leurs étroits alliés ayant droit de veto au Conseil de sécurité - la France et le Royaume-Uni - veuillent profiter de l’énorme intérêt que soulève la Coupe du monde de football pour rassurer l’opinion internationale indignée par la conduite criminelle des troupes d’élite israéliennes face à la Bande de Gaza.
Il est donc très probable que le coup de griffe soit retardé de quelques semaines, voire que la plupart des gens oublient cette question durant les chaudes journées d’été. Il ne restera plus qu’à observer le cynisme dont les dirigeants israéliens feront étalage quand la presse les mitraillera de questions dans les prochains jours. Le puissant Empire, le moment voulu, élèvera toujours plus la barre en matière d’exigences avant d’appuyer sur la gâchette. Il rêve de répéter l’histoire de Mossadegh en 1953 ou de ramener l’Iran à l’âge de pierre, une menace dont il aime user dans ses rapports avec le Pakistan.
L’Etat d’Israël voue une telle haine aux Palestiniens qu’il n’hésiterait pas à envoyer le million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants de Gaza aux fours crématoires dans lesquels les nazis exterminèrent des millions de juifs de tous les âges.
Il semblerait que la croix gammée du Führer soit aujourd’hui le drapeau d’Israël. Je ne le dis pas par haine, j’exprime le sentiment d’un pays qui s’est solidarisé avec les juifs et les a accueillis quand, à la dure époque de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement de Batista, soumis à l’impérialisme, tenta de renvoyer un navire transportant des juifs de France, de Belgique et des Pays-bas qui avaient échappé aux persécutions nazies.
Au triomphe de la Révolution, j’ai connu de nombreux membres de la communauté juive installée à Cuba ; je leur ai rendu visite et je me suis entretenu avec eux à plusieurs reprises. Nous ne les avons jamais expulsés. Les différends sont nés des lois révolutionnaires qui touchaient des intérêts économiques ; par ailleurs, la société de consommation attirait beaucoup de juifs, alors que la Révolution impliquait des sacrifices. Beaucoup sont partis, mais d’autres sont restés dans notre patrie, prêtant des services utiles à Cuba.
Un jour ténébreux se lève sur le monde.
Hier, à 12 h 44, Obama a parlé de la résolution du Conseil de sécurité.
En voici quelques extraits, selon la version espagnole de CNN.
« Aujourd’hui, le Conseil de sécurité a voté à la majorité des sanctions contre l’Iran à cause de ses violations réitérées...
« Cette résolution contient les sanctions les plus fortes contre le gouvernement iranien et adresse un message sans ambiguïté quant à la volonté de la communauté internationale de freiner l’expansion des armes atomiques.
« Pendant des années, le gouvernement iranien a violé les obligations qui sont les siennes aux termes du Traité de non-prolifération nucléaire.
« Tout en s’occultant derrière la rhétorique, les dirigeants iraniens continuent d’agir. « Quand j’ai pris ma fonction voilà seize mois, l’intransigeance iranienne était déjà bien forte.
« Nous lui avons offert des perspectives d’un avenir meilleur s’il respectait ses obligations internationales.
« Ici, il n’y a pas deux poids deux mesures.
« L’Iran a violé ses obligations de suspendre l’enrichissement de l’uranium en accord avec les résolutions du Conseil de sécurité « Voilà pourquoi ces mesures sont si sévères.
« Ce sont les plus rigoureuses imposées à l’Iran. « Ceci prouve qu’il existe une vision commune qu’il ne convient à personne de mettre au point ces armes au Moyen-Orient. »
Cette sélection de phrases du bref discours d’Obama est plus que suffisante pour prouver combien la politique du puissant Empire est faible, inconsistante et injustifiable.
Obama avait admis dans son allocution à l’Université islamique Al-Azhar, du Caire, qu’ « en pleine Guerre froide, les Etats-Unis avaient joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu », bien qu’il n’ait jamais précisé quand ni dans quel but. Il est même possible qu’il ne se rappelle pas comment les USA renversèrent Mossadegh pour pouvoir installer à sa place la dynastie de Reza Pahlévi, le shah d’Iran, qu’ils armèrent jusqu’aux dents pour en faire leur principal gendarme au Moyen-Orient et qui accumula une immense fortune grâce aux richesses pétrolières du pays.
A l’époque, l’Etat d’Israël ne possédait aucune arme nucléaire. L’Empire disposait, lui, d’une force de frappe atomique énorme et sans rivale. Et c’est alors qu’il eut l’idée aventurière de créer au Moyen-Orient un nouveau gendarme qui menace aujourd’hui une partie considérable de la population mondiale et qui est capable d’agir avec son indépendance et son fanatisme caractéristiques.
Fidel Castro Ruz
(JPG)


10 juin 2010 - Le Grand Soir - (Traduction ESTI)
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8933

Gaza : la presse internationale met en doute la crédibilité de l’enquête israélienne

publié le mardi 15 juin 2010
Le Monde

 
Après plusieurs jours de négociations avec Washington, Israël a finalement annoncé la création d’une "commission publique indépendante" avec participation étrangère, deux semaines après l’assaut contre la flottille internationale qui a fait neuf morts.
L’ONU et plusieurs pays, dont la France et la Grande-Bretagne, avaient réclamé une commission internationale, une proposition rejetée par l’Etat hébreu, qui veut mener l’enquête par ses propres moyens. La commission israélienne aura pour mission d’"enquêter sur les aspects relatifs à l’action entreprise par l’Etat d’Israël pour empêcher des navires d’atteindre les côtes de Gaza", selon un communiqué du bureau du premier ministre, Benyamin Nétanyahou.
Dans un éditorial, le quotidien Haaretz dénonce "les efforts du gouvernement pour éviter une enquête approfondie et crédible" qui "s’apparentent de plus en plus à une farce" et appelle le juge Yaakov Tirkel, nommé à la tête de la commission, à démissionner. Cet ancien magistrat à la Cour suprême se retrouve en porte-à-faux, estime Haaretz, après avoir prôné un autre type de commission quelques jours seulement avant sa nomination.
LES MÉDIAS EXAMINENT LE PARCOURS DES OBSERVATEURS INTERNATIONAUX
La nomination de deux observateurs internationaux – sans droit de vote – répond aux demandes de la communauté internationale et particulièrement des Etats-Unis, qui avait réclamé une "participation internationale" à l’enquête. Mais l’impartialité de David Trimble, ancien premier ministre d’Irlande du Nord et nommé dimanche 13 juin, est sujette à caution. Le Prix Nobel de la paix 1998 ferait partie de l’initiative "Friends of Israël", qui aurait été inaugurée à Paris lundi 31 mai, précisément le soir de l’assaut. Le groupe se définit comme "une initiative pour lutter contre la délégitimisation de l’Etat d’Israël". Il compte notamment en son sein José Maria Aznar, l’ancien premier ministre espagnol. La cérémonie aurait été introduite par Dore Gold, ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies et proche de Benyamin Nétanyahou.
Le parcours de l’autre observateur international, le général KenWatkin, ex-avocat de l’armée canadienne, est davantage salué. Comme l’explique le journal canadien The Chronicle Herald, Ken Watkin est notamment connu pour son implication auprès de l’armée candienne en Afghanistan. Dans un mémo envoyé à l’état-major canadien, dans le cadre de son travail, il rappelait qu’ignorer volontairement des faits de maltraitance sur des prisonniers était un crime. Le ministre des affaires étrangères canadien a déclaré que la carrière de Watkin le recommandait pour ce rôle.
LA TURQUIE N’A PAS CONFIANCE
De son côté, la Turquie s’est déclarée insatisfaite de ce compromis. "Nous n’avons pas du tout confiance dans le fait qu’Israël, un pays qui a perpétré une telle attaque sur un convoi civil dans les eaux internationales, mènera une enquête impartiale", a déclaré le ministre des affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, à la presse lundi 14 juin. Le gouvernement insiste sur la création d’une commission d’enquête "sous le contrôle direct des Nations unies", qui incluerait des représentants turcs et israéliens. Le pays est concerné au premier rang par cette enquête puisque les neuf personnes tuées lors de l’assaut avaient la nationalité turque (l’une d’entre elles possédait également la nationalité américaine) [1].
Israël avait rejeté à plusieurs reprises une commission d’enquête internationale, expliquant qu’"Israël est une démocratie". "Israël a la capacité et le droit d’enquêter par lui-même, de ne pas être l’objet d’une investigation par une instance internationale", expliquait son ambassadeur aux Etats-Unis, Michael Oren.
Les Etats-Unis ont estimé qu’une "présence internationale" au sein de la commission "conforterait la crédibilité" de l’enquête. La Maison Blanche a précisé qu’elle ne "préjugeait pas de l’issue du processus et attendrait ses résultats avant de tirer des conclusions."
[1] par ailleurs, toujours selon le Monde,

Richard Falk [est] "très sceptique"

Le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens, Richard Falk, s’est déclaré lundi "très sceptique" sur la commission approuvée par Israël pour enquêter sur le raid israélien contre la flottille pour Gaza. Il a estimé qu’une "enquête extérieure et indépendante" aurait été bien préférable.
"Le type de déclarations faites par les responsables politiques israéliens sur le fait que les militaires israéliens qui ont participé à l’opération navale ne seraient soumis à aucun interrogatoire (...) soulève des questions sur la crédibilité d’une telle enquête", a répondu M. Falk à la presse après avoir présenté son rapport pour la période des derniers six mois.
"Aucune des allégations graves concernant la tactique, l’armement et l’attaque elle-même n’ont été soumis à une analyse objective" durant l’enquête sur l’attaque contre la bande de Gaza, a ajouté l’expert onusien.

En Irlande du Nord, un parfum de conflit israélo-palestinien

publié le lundi 14 juin 2010
Jean-Baptiste Allemand

 
Dans un pays envahi pendant des siècles par les voisins anglais, il y a une solidarité naturelle envers les populations dont on estime qu’elles subissent le même sort.
Il n’y a pas que dans les grandes métropoles européennes qu’on se mobilise pour Gaza. En Irlande du Nord, des manifestations pro-palestiniennes ont réuni des centaines de personnes à Derry/Londonderry ou à Belfast. Une réunion d’urgence sur la situation à Gaza a même eu lieu au Parlement nord-irlandais, pour discuter d’un éventuel appel à la levée du blocus sur Gaza.
Le fait que le Rachel Corrie (navire arraisonné samedi matin sans violence) battait pavillon irlandais est tout sauf surprenant. Dans un pays envahi pendant des siècles par les voisins anglais, il y a une solidarité naturelle envers les populations dont on estime qu’elles subissent le même sort.
« On comprend les Palestiniens »
En Irlande du Nord, où une partie de la population pense qu’elle est toujours sous colonisation britannique, le sentiment est décuplé. Les peintures murales à la gloire des causes basque ou catalane ne sont pas rares dans les quartiers républicains.
Mais les plus fréquentes et populaires, ce sont celles qui soutiennent le peuple palestinien. « Les oppressions, les spoliations de terres, on comprend ça, explique le muraliste républicain Danny Dennevy. La même chose est arrivée ici sous la domination britannique ».
Celui qui est à l’origine de nombreuses fresques murales à Belfast avait déjà dénoncé l’intervention israélienne à Gaza de l’hiver 2008, avec une peinture on ne peut plus explicite. Visiblement, il est très remonté contre l’opération navale meurtrière de cette semaine :
« Je vais peindre une nouvelle fresque dès lundi pour montrer cette horreur. »
« Soutien à Israël » chez les loyalistes
Par contre, du côté unioniste, on est loin de partager cette position. Jonathan Bell, député DUP (principal parti unioniste), a défendu à l’Assemblée « le droit d’Israël à se défendre », en mettant l’accent sur « les roquettes qui ont tué des écoliers israéliens »
Il n’est pas rare de voir des drapeaux loyalistes affichant une étoile de David englobant la main rouge de l’Ulster, symbole national ici. Un jour, un habitant de Belfast-Est ne s’était pas démonté après ma question sur l’emblème surplombant sa maison : « C’est pour montrer notre soutien à Israël ». Au plus fort de la seconde Intifada, certains quartiers loyalistes étaient même parsemés de drapeaux israéliens.
Certains y comparent les « terroristes » du Hamas et ceux de l’IRA, les attaques à la roquette contre les civils israéliens et les explosions de bombes contre les policiers nord-irlandais. D’autres font même le parallèle entre les souffrances, les siècles passés, des Juifs et celles des protestants.
Mais chez les républicains, on affirme que ce soutien est artificiel, qu’il n’existe qu’en réaction à leurs positions pro-palestiniennes. Un petit côté « les ennemis des amis de mes ennemis sont mes amis » (Vous suivez ? ).
Sinn Féin et Hamas gardent contact
A moins que la raison première de tout cet antagonisme ne soit beaucoup plus obscure… La solidarité entre les peuples n’est jamais aussi accomplie que quand elle permet de faire la guerre pour sa propre cause.
Dans les années 80, l’IRA a eu des liens étroits avec l’OLP de Yasser Arafat, au point d’être soupçonnée de lui avoir fourni entraînement et explosifs. Aujourd’hui, le Sinn Féin, ancienne aile politique de l’IRA ayant renoncé à la violence, garde encore des contacts politiques avec le Hamas, qualifié de mouvement terroriste par l’UE et les USA.
De leur côté, les paramilitaires loyalistes (notamment l’UDA) pourraient avoir été armés avec la bénédiction… du Mossad. A chaque soubresaut du conflit israélo-palestinien, le risque est le même ici : revoir surgir les fantômes du passé.

« Feu vert » de l’ONU à une attaque préventive américano-israélienne contre l’Iran ?

publié le mardi 15 juin 2010
Michel Chossudovsky

 
La résolution du Conseil de sécurité transforme l’Iran en proie facile
Cette dernière résolution laisse non seulement entendre que Washington et ses alliés de l’OTAN ont le contrôle du Conseil de sécurité de l’ONU, mais qu’en définitive ils donnent un coup fatal à la politique étrangère de Moscou et de Pékin.
Cette résolution du Conseil de sécurité devrait dissiper le mythe de la rivalité des superpuissances. La Chine et la Russie sont un appendice du nouvel ordre mondial.
En ce qui concerne la diplomatie internationale, la Chine et la Russie sont des « tigres de papier », sans dents. « Un tigre de papier [Zhǐ lǎohǔ], signifie quelque chose qui semble représenter une menace tel un tigre, mais qui est totalement sans danger ».
La Chine et la Russie sont les victimes de l’échec de leur propre décision au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Une attaque contre l’Iran engendrerait immédiatement une escalade militaire. La Syrie et le Liban seraient également visés. L’ensemble du Moyen-Orient et de l’Asie centrale exploserait, une situation qui pourrait potentiellement évoluer vers un scénario de Troisième Guerre mondiale.
De façon très réelle, l’aventure militaire États-Unis-OTAN-Israël menace l’avenir de l’humanité.
Le Conseil de sécurité a voté le 9 juin à l’imposition d’une quatrième série de très larges sanctions contre de la République islamique d’Iran, qui comprennent un embargo sur les armes ainsi que des « contrôles financiers plus sévères ».
Par une amère ironie, cette résolution a été adoptée dans les jours suivant le refus catégorique du Conseil de sécurité des Nations Unies d’adopter une motion condamnant Israël pour son attaque sur la Flottille de la Liberté pour Gaza dans les eaux internationales.
Elle a également suivi la tenue d’une conférence sur le traité de non prolifération nucléaire (TNP) tenue à Washington sous les auspices de l’ONU, qui appelle à la création, dans sa résolution finale, d’un Moyen-Orient sans nucléaire, ainsi qu’au démantèlement de l’arsenal nucléaire d’Israël. Israël est considéré la sixième puissance nucléaire au monde, avec, selon Jane Défense, entre 100 et 300 ogives nucléaires. (Analysts : Israel viewed as world’s 6th nuclear power, Israel News, Ynetnews, 10 avril 2010). En revanche, l’Iran n’a pas de capacité connue en matière d’armes nucléaires.
La Résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU est basée sur un mensonge fondamental. Elle défend l’idée que l’Iran est une puissance nucléaire à venir et une menace à la sécurité mondiale. Elle fournit également le feu vert à l’alliance militaire États-Unis-OTAN-Israël pour menacer l’Iran d’une attaque nucléaire préventive punitive, appuyée du sceau du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Conseil de sécurité exerce deux poids deux mesures dans l’application des sanctions : Considérant que l’Iran est la cible de menaces punitives, l’arsenal nucléaire considérable d’Israël est soit ignoré, soit tacitement accepté par la « communauté internationale ». Pour Washington, les bombes nucléaires d’Israël sont un instrument de paix au Moyen-Orient.
En outre, alors que tous les doigts sont pointés vers l’Iran qui ne possèdent pas d’armes nucléaires, cinq soi-disant États européens « non nucléaires » dont la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie et la Turquie possèdent non seulement des armes nucléaires stratégiques sous commandement national, mais ces ogives sont déployées et dirigées sur l’Iran.
Résolution 1929 (9 juin 2010) :
« 7. Décide que l’Iran ne doit pouvoir acquérir dans un autre État aucune participation dans une activité commerciale quelconque qui serait liée à l’extraction d’uranium ou à la production ou l’utilisation de matières et de technologies nucléaires dont la liste est donnée dans la circulaire INFCIRC/254/Rev.9/Part 1, en particulier les activités liées à l’enrichissement et au retraitement de l’uranium, toutes les activités liées à l’eau lourde et les technologies liées aux missiles balistiques pouvant emporter des armes nucléaires, et décide également que tous les États doivent empêcher l’Iran, ses nationaux et les sociétés constituées en Iran ou relevant de sa juridiction, les personnes ou entités agissant en leur nom ou sous leurs instructions, ou les entités qui sont leur propriété ou sont sous leur contrôle, de réaliser de tels investissements dans les territoires qui relèvent de leur juridiction ; »
« 8. Décide que tous les États doivent empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à l’Iran, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs nationaux ou des personnes relevant de leur juridiction, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, qu’ils aient ou non leur origine dans leur territoire, de chars de combat, véhicules blindés de combat, systèmes d’artillerie de gros calibre, avions de combat, hélicoptères d’attaque, navires de guerre, missiles et lanceurs de missiles … décide également que tous les États doivent empêcher la fourniture à l’Iran par leurs nationaux ou à partir de leur territoire ou à travers leur territoire de toute formation technique, ressources financières ou services financiers, conseils, autres services ou aide liés à la fourniture, à la vente, au transfert, à la livraison, à la fabrication, à l’entretien ou à l’utilisation de telles armes et de matériel connexe, et invite tous les États à faire preuve de vigilance et de retenue concernant la fourniture, la vente, le transfert, la livraison, la fabrication et l’utilisation de toutes autres armes et du matériel connexe ; » (Le Conseil de sécurité impose des sanctions additionnelles à l’Iran, Vote divisé : 12 en faveur et 2 contre, une abstention. Incluant le texte complet de la Résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU, Département de l’information de l’ONU, le 9 juin 2010)
L’embargo sur les armes. Les implications pour la Russie et la Chine
La Fédération de Russie et la République populaire de Chine ont cédé aux pressions américaines et elles ont voté en faveur d’une résolution, qui n’est pas seulement préjudiciable à la sécurité de l’Iran, mais qui affaiblit sérieusement et sape leur rôle stratégique en tant que potentielles puissances mondiales rivales sur l’échiquier géopolitique eurasien.
La résolution attaque directement au cœur même de la structure des alliances militaires. Elle empêche la Russie et la Chine de vendre des armes stratégique et conventionnelles de même que des technologies militaires à leur allié de facto : l’Iran. En fait, c’était l’un des principaux objectifs de la résolution 1929 que Washington a l’intention de faire respecter.
Parallèlement, en empêchant l’Iran d’acheter des équipements militaires conventionnels, la résolution empêche l’Iran de se défendre contre une attaque États-Unis-OTAN-Israël.
Si elle était pleinement appliquée, non seulement la résolution invaliderait les accords bilatéraux de coopération militaire avec l’Iran, mais elle créerait une brèche dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Cela signifierait également l’affaiblissement considérable des relations commerciales et d’investissements entre l’Iran et ses partenaires russes et chinois. Les dispositions financières et bancaires prévues dans la résolution indiquent également que Washington est non seulement résolu à isoler l’Iran mais aussi à déstabiliser son système financier.
Washington est résolu à mettre en application cette résolution. La Secrétaire d’État Hillary Clinton a nommé Robert Einhorn, conseiller spécial pour la non-prolifération et le contrôle des armes, en tant que coordinateur américain pour la mise en œuvre du régime de sanctions à l’encontre de l’Iran et de la Corée du Nord :.
« Le président américain Barack Obama a salué la résolution, estimant qu’elle permet d’adopter les sanctions les plus sévères auxquelles le gouvernement iranien n’a jamais été confronté et qu’elle va envoyer un message « sans équivoque » à Téhéran sur l’engagement de la communauté internationale pour stopper la propagation des armes nucléaires. » (Clinton appoints coordinator for sanctions against Iran, DPRK, Xinhua, le 10 juin 2010
« Nous nous attendons à ce que chaque pays mette en œuvre de manière agressive la résolution 1929 » a déclaré le porte-parole du département d’État P.J. Crowley. Si la Chine et la Russie décidaient de ne pas respecter les dispositions de la résolution, en particulier celles relatives aux ventes d’armes à l’Iran (art. 8), Washington s’en servira comme une opportunité pour s’engager dans une confrontation diplomatique toujours plus conflictuelle face à Pékin et Moscou.
La résolution vise également à établir une hégémonie dirigée par les États-Unis dans la production et l’exportation de systèmes d’armements. C’est un rude coup, pratiquement une « condamnation à mort », pour le commerce international lucratif des armes de la Chine et de la Russie, qui entre en compétition avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et Israël. Dans l’ère post-soviétique, le commerce des armes est devenu un élément central dans l’économie fragile de la Russie. Les répercussions possibles sur la balance des paiements de la Russie sont considérables.
La mise hors de combat du système de défense antimissile de l’Iran
Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sont une partie intégrante de la politique étrangère américaine. Elles sont sur la planche à dessin des think tanks (groupes de réflexion) de Washington, dont le Conseil des relations internationales (CFR), l’American Enterprise Institute (AEI) et l’Heritage Foundation. À cet égard, il convient de noter que la substance de l’article 8 de la résolution 1929 (9 juin 2010) était contenue dans un rapport de janvier 2010 de l’Heritage Foundation, qui en appelait à « bloquer les ventes d’armes à l’Iran », y compris les missiles russes S-300 :
« Washington et ses alliés doivent faire tous les efforts pour empêcher l’Iran de recevoir des armes étrangères, notamment la vente imminente des missiles sol-air S-300 russes, qui pourrait provoquer Israël à attaquer le plus tôt possible. Des efforts multinationaux plus musclés doivent également être pris pour empêcher l’Iran de transférer des armes au Hezbollah et aux groupes terroristes palestiniens, qui constituent une menace non seulement pour Israël, mais à la stabilité du Liban, de l’Égypte et de la Jordanie. Le 3 novembre, la marine israélienne a intercepté le Francop, un cargo battant pavillon d’Antigua, qui transportait environ 500 tonnes d’armes de l’Iran destinées au Hezbollah via la Syrie.[22] Les États-Unis devraient pousser d’autres alliés à se joindre afin de donner une plus grande aide aux efforts israéliens d’interception des flux d’armes iraniens, en particulier au Hezbollah et au Hamas. » (James Phillips, An Israeli Preventive Attack on Iran’s Nuclear Sites : Implications for the U.S, The Heritage Foundation, Washington, DC, Janvier 2010)
Est-ce que Moscou évalue les conséquences de l’embargo proposé sur les armes ?
Immédiatement après l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité le 9 juin, plusieurs reportages de la presse russe ont indiqué que la vente des missiles russes S-300 à l’Iran serait gelée, en dépit des assurances données par le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov à l’effet que la résolution du Conseil de sécurité n’affecterait pas le traité de défense aérienne. ..(Russia says in talks with Iran on new nuclear plants, Haaretz, 10 juin 2010) Ces déclarations contradictoires laisse entendre qu’il y a d’importantes divisions au sein des dirigeants russes, sans lesquelles la Russie aurait dûment exercé son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies.
Sans l’aide militaire russe, l’Iran est une proie facile. Son système de défense aérienne dépend de la continuité de la coopération militaire russe. En outre, sans l’Iran, la Russie serait contrainte de vendre du matériel militaire à des pays dans l’orbite US-OTAN. (VoirRussia to offset loss of Iran arms sales with Iraqi, Afghan deals, Russia, RIA Novosti, 11 juin 2010)
Une attaque nucléaire préventive contre l’Iran
Le monde vit un moment décisif. La véritable menace à la sécurité mondiale provient de l’alliance États-Unis-OTAN-Israël. Le Conseil de sécurité sert directement les intérêts de l’alliance militaire occidentale. La résolution du Conseil de sécurité accorde de facto un « feu vert » pour mener une guerre préventive contre l’Iran, laquelle est sur la planche à dessin du Pentagone depuis 2004.
« Un plan opérationnel pour mener des attaques aériennes sur l’Iran est en état de préparation depuis juin 2005. L’essentiel du matériel militaire pour mener cette opération a été déployée. (Pour plus de détails voir Michel Chossudovsky, Guerre nucléaire contre l’Iran, janvier 2006). En 2005, le vice-président Dick Cheney a ordonné à l’USSTRATCOM d’élaborer un « plan d’urgence », qui comporterait « une attaque aérienne de grande envergure sur l’Iran utilisant à la fois des armes nucléaires tactiques et conventionnelles. » (Philip Giraldi, Attack on Iran : Pre-emptive Nuclear War , The American Conservative, 2 août 2005).
Sous l’administration Obama, les menaces sont devenues de plus en plus courantes et beaucoup plus explicites qu’elles ne l’étaient sous les néo-conservateurs. En octobre 2009, l’American Enterprise Institute (AEI) a organisé une conférence au Wohlstetter Conference Center de Washington dont le sujet était « Israël doit-il attaquer l’Iran ? » :
« Le développement d’armes nucléaires en Iran se poursuit, menaçant la sécurité de ses voisins et la communauté internationale. Selon une récente enquête menée par Pew Research Center, plus de 60 pour cent de la population des États-Unis estime qu’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires justifie une action militaire. Le ministre adjoint israélien des Affaires étrangères, Daniel Ayalon, a souligné le 21 septembre qu’Israël « n’a rejeté aucune option sur la table » lorsqu’il s’agit de lutter contre la menace iranienne. Le même jour, le général en chef d’Israël, le chef d’état major lieutenant général Gabi Ashkenazi, a été clair en indiquant qu’il n’excluait pas une attaque militaire sur les installations nucléaires de l’Iran, en répétant que « Israël a le droit de se défendre et que toutes les options sont sur la table. » Alors que le débat s’intensifie sur la façon de répondre plus efficacement aux provocations de l’Iran, il est temps d’explorer les paramètres stratégiques et juridiques d’une potentielle attaque israélienne contre la République islamique et de fournir une analyse approfondie sur ses implications pour les États-Unis. (American Enterprise Institute, Should Israel Attack Iran ? , Octobre 2009, C’est nous qui surlignons)
Du point de vue militaire, Israël ne pouvait pas procéder à une attaque unilatérale contre l’Iran sans la coordination soutenue par le Pentagone :
« Alors que le président Obama tend « une main ouverte » en recherchant des pourparlers directs avec Téhéran dans sa tentative de stopper son programme nucléaire, Mme Clinton semblait prête [Juin 2009] à dérouter les dirigeants iraniens avec des propos de frappes préventives « de la façon dont nous avons attaqué l’Irak ». Elle a dit qu’elle cherchait à se mettre dans la peau des dirigeants iraniens, mais elle a ajouté que Téhéran « pourrait avoir des d’autres ennemis qui voudraient le faire [une attaque préventive] pour eux. » Il s’agissait d’une référence claire à Israël, où Benyamin Netanyahou, le premier ministre, a parlé de la possibilité d’une action militaire pour stopper le programme nucléaire iranien - quelque chose qu’il considère comme une menace pour l’État juif. » ( Don’t discount Israel pre-emptive strike, Hillary Clinton warns Iran, Times Online, 8 juin 2009, c’est nous qui soulignons)
En avril 2010, le message était clair : Washington « utiliserait des armes atomiques seulement dans des « circonstances exceptionnelles » et n’attaquerait pas des États non dotés d’armes nucléaires, tout en distinguant des « cas particuliers » tels l’Iran et la Corée du Nord comme des exceptions. » (Iran to Take US to UN Over Obama’s Threat to Use Nuclear Weapons against Iran, AlJazeera, 11 avril 2010). Le secrétaire à la Défense Robert Gates a expliqué dans une interview télévisée « que Washington faisait exception de Téhéran et de Pyongyang, car ils avaient défié plusieurs fois les ultimatums du Conseil de sécurité des Nations Unies à l’égard de leurs programmes nucléaires. » (Ibid).
« Feu vert » des Nations Unies à un scénario de Troisième Guerre mondiale ?
Est-ce que cette dernière résolution du Conseil de sécurité donne le « feu vert » tant recherché par Washington ?
La substance de la résolution du Conseil de sécurité est également dirigée contre les alliés de l’Iran : la Chine et la Russie.
Paradoxalement, alors que la Chine et la Russie n’ont pas exercé leur droit de veto, ils sont néanmoins l’objet de menaces voilées des États-Unis. La Chine est entourée d’installations militaires américaines. Les missiles américains en Pologne et dans le Caucase sont pointés vers des villes de la Russie. Plus récemment, l’administration Obama a appelé à l’élargissement du régime des sanctions à l’encontre d’un allié de la Russie, le Belarus.
Washington a également annoncé que « Le Pentagone se prépare à s’engager dans un mini boom immobilier en Asie centrale, lequel comprendrait la construction d’installations militaires stratégiques américaines » dans chacun des cinq États de l’Asie centrale, y compris le Turkménistan et l’Ouzbékistan. (Voir Defense Dollars Building Boom : Pentagon Looks to Construct New Military Bases in Central Asia, Eurasianet, 6 juin 2010). Ces divers accords de coopération militaire avec les anciennes républiques soviétiques tentent non seulement de fragiliser l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de l’OTSC, ils font partie de l’encerclement stratégique US-OTAN de la Russie et la Chine.
Cette dernière résolution laisse non seulement entendre que Washington et ses alliés de l’OTAN ont le contrôle du Conseil de sécurité de l’ONU, mais qu’en définitive ils donnent un coup fatal à la politique étrangère de Moscou et de Pékin.
Cette résolution du Conseil de sécurité devrait dissiper le mythe de la rivalité des superpuissances. La Chine et la Russie sont un appendice du nouvel ordre mondial.
En ce qui concerne la diplomatie internationale, la Chine et la Russie sont des « tigres de papier », sans dents. « Un tigre de papier (Zhǐ lǎohǔ)], signifie quelque chose qui semble représenter une menace telle un tigre, mais qui est totalement sans danger ».
La Chine et la Russie sont les victimes de l’échec de leur propre décision au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Une attaque contre l’Iran engendrerait immédiatement une escalade militaire. La Syrie et le Liban seraient également visés. L’ensemble du Moyen-Orient et de l’Asie centrale exploserait, une situation qui pourrait potentiellement évoluer vers un scénario de Troisième Guerre mondiale [1].
De façon très réelle, l’aventure militaire États-Unis-OTAN-Israël menace l’avenir de l’humanité.
Publié par Mondialisation
Article original en anglais : UN "Green Light" for a Pre-emptive US-Israel Attack on Iran ? Security Council Resolution Transforms Iran into a "Sitting Duck", publié le 11 juin 2010.
Traduction de Dany Quirion pour Mondialisation.ca.
ajout de note : C. Léostic, Afps

Eurosatory, la grande braderie

publié le lundi 14 juin 2010
Philippe Leymarie

L’armement terrestre et aéroterrestre ne connaît pas la crise. Ou pas trop – pour le moment – si l’on en juge par le nombre record d’exposants (1300) au salon Eurosatory, qui se tient à Paris-Villepinte du 14 au 18 juin. Le nouvel hélicoptère de combat EC645 d’Eurocopter doit y être dévoilé, de même que des nouveaux drones tactiques… Thalès, appuyé par Nexter et Safran, doit être désigné (de préférence à EADS) comme architecte de « Scorpion », le vaste plan de modernisation de l’armée de terre française (qui consommerait 20 milliards d’Euros sur vingt ans)… La présence israélienne à ce salon (58 exposants) est toujours aussi fournie, même si le déplacement à Paris du ministre de la Défense Ehud Barak a été annulé au dernier moment.
Dans le classement des exposants, la France – pays-hôte – figure naturellement en tête (400), devant les Américains (123), les Allemands (118), les Britanniques (88) et donc les Israéliens (58). Au total, plus de cinquante pays sont représentés, y compris la Chine qui dispose d’un pavillon national, tout comme le Brésil et l’Afrique du Sud, ainsi que des pays d’Europe de l’Est, traditionnellement très actifs dans l’armement terrestre (Russie, Ukraine, Bulgarie, Roumanie).
Mais sont présents également des Australiens, des Bosniaques, un groupe saoudien qui produit des blindés, une demi-douzaine d’exposants des Emirats arabes unis – le plus grand importateur d’armes (et d’avions civils) sur ces cinq dernières années… Une cinquantaine de milliers de professionnels sont attendus à Villepinte, transformé l’espace de quelques jours en un vaste centre d’affaires pour la discussion et parfois la signature de contrats d’armement.
En dépit de la crise, les dépenses militaires mondiales – toutes spécialités – ont atteint un nouveau record pour 2009, selon le rapport de l’Institut de recherche pour la Paix de Stockholm (SIPRI) publié le 2 juin dernier : 1531 milliards de dollars ont été consacrés au secteur militaire (+ 6 % par rapport à 2008, et + 49 % par rapport à l’année 2000), avec comme champions les Etats-Unis (661 milliards), la Chine populaire (une centaine de milliards), la France (63,9), etc. Les dépenses militaires ont été en hausse en 2009 dans les deux tiers des pays recensés par le SIPRI, la zone Asie-Océanie ayant été la plus active (+ 8,9 %).
Stocks dangereux
Déjà, en mars 2010, l’institut suédois s’était ému de la constitution de stocks d’armes – avions, navires, missiles, etc – jugés « dangereux », notamment dans certaines zones de l’ex-tiers-monde. Il a calculé que le total des transactions sur l’armement a atteint 116 milliards de dollars de 2005 à 2009 (contre 96 milliards sur les cinq ans précédents), donc une augmentation de 22 %. Avec toujours les mêmes grands vendeurs : Etats-Unis (35 milliards, + 17 %), Allemagne (12 milliards, + 100 %), France (9,2 milliards, + 30 %), à l’exception d’un recul sévère du Royaume-Uni (5milliards, - 11 %).
Et du côté des acheteurs, des surenchères régionales ruineuses : la Grèce, sous prétexte de tenir tête à la Turquie, s’équipe au rythme d’un milliard de dollars par an ; la Malaisie a multiplié par huit ses achats, et Singapour est devenu le septième importateur du monde, derrière la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, les Emirats arabes unis, la Grèce et Israël. L’Algérie s’est hissée à la 9ème place mondiale, après avoir consacré 3,4 milliards à des achats d’équipements militaires. Sur des volumes plus modestes, le Qatar, la Syrie, Oman enregistrent des progressions plus fortes.
La France, qui a signé 7,95 milliards d’euros de commandes en 2009 pour des équipements de défense à l’export – grâce notamment au contrat sur la vente de sous-marins de type « Scorpene » au Brésil –, espère atteindre les 10 à 12 milliards de commandes en 2010, à condition qu’un au moins des contrats envisagés sur la vente de chasseurs Rafale aboutisse, de même que le projet de vente des Bâtiments de projection et de commandement (BPC) à la Russie. « Nous renouons avec les chiffres des années 2000 malgré la crise », s’était félicité en février dernier Laurent Collet-Billon, le délégué général de l’armement, qui espérait pouvoir devenir le troisième exportateur mondial du genre, derrière les USA, le Royaume-Uni, mais devant la Russie, la Chine ou Israël. La « war room » de l’Elysée Retour à la table des matières
Mais, en dépit de la mise en place d’une soit-disant « war room » à l’Elysée, pour booster les grands contrats d’armement ou assimilés (comme le nucléaire), et éviter les déconvenues (comme le choix des Marocains en 2007 en faveur du chasseur F16 américain au détriment du Rafale), on a assisté à une suite d’échecs ou de reports retentissants : les réacteurs EPR rejetés par la Corée du Sud ; les atermoiements de la Libye, de la Grèce, de l’Inde et du Brésil à propos du Rafale ; les complexités politiques de l’éventuel accord qui serait passé avec la Russie sur la vente des BPC… tout cela malgré des déclarations arrogantes, des signatures enthousiastes, etc.
Dans l’armement terrestre – la spécialité d’Eurosatory – les Français sont cependant optimistes, après plusieurs années de vaches maigres : croissance de 20 % du chiffre d’affaires en 2009 (5,26 milliards d’euros) par rapport à 2008 ; 2 milliards à l’export ; une forte progression dans les hélicoptères et les véhicules blindés. Le groupement des industries de défense terrestre (GICAT) – qui organise Eurosatory – s’inquiète cependant des conditions d’exécution de la Loi de programmation militaire (LPM) « dans un contexte de restriction budgétaire ».
Il a sans doute raison de s’inquiéter. Ce lundi, dans son discours inaugural du salon Eurosatory, le ministre français de la défense, Hervé Morin, a déclaré : « Nous devons encourager les industriels à nouer des partenariats, des regroupements, des coentreprises et il nous faut réfléchir aux complémentarités européennes, la contraction considérable des budgets nous impose d’être déterminés et d’avancer dans ce sens.
Nous devons, pour chaque pays européen, définir quelles sont les compétences et les technologies que nous voulons conserver au niveau national, celles sur lesquelles nous sommes prêts à nous mettre en commun, et enfin celles sur lesquelles nous sommes prêts à nous mettre en situation d’interdépendance. »
Nouvel Angolagate ?
L’ONG Oxfam considère que, pour atteindre ses taux de croissance actuels, « la France brade ses engagements européens sur le contrôle du commerce des armes », continuant d’exporter en direction de pays comme le Tchad, la Colombie ou Israël, notoirement impliqués dans de graves violations des droits humains ou dans des crimes de guerre.
Car, si les ventes augmentent, le contrôle effectif, lui, ne progresse pas. Oxfam estime que, « sans régulation, le commerce des armes n’est rien d’autre qu’un business de la mort ». Le régime d’attribution des autorisations d’exporter du matériel de guerre a été plutôt allégé ces dernières années. L’association considère qu’en l’absence d’une loi sur le contrôle des intermédiaires, passée au Sénat en 2007 mais jamais présentée à l’Assemblée nationale, un « nouvel Angolagate est toujours possible » en France.
publié sur le blog du Monde diplomatique "Défense en ligne"