lundi 10 octobre 2011

Des consignes israéliennes aux écoles arabes pour interdire tout enseignement civique ou politique

Palestine 48 - 8 octobre 2011
Par Hassan Abdel-Halim
Le gouvernement israélien persiste à vouloir effacer toute trace de l’identité palestinienne et de son histoire (Etat et peuple) afin de la remplacer de force par l’identité et l’histoire israéliennes, avec tout ce que ça implique de déformations dans les manuels scolaires, et à poursuivre les rapports de force par une politique de recrutement qui vise des étudiants arabes qui seraient, selon la politique israélienne, sans aucune identité ou repère arabo-palestinien mais qui seraient prêts à s’intégrer et à obéir exclusivement à l’autorité israélienne.
Des consignes israéliennes aux écoles arabes pour interdire tout enseignement civique ou politique
Conférence dans le lycée d'Araba, en Palestine 48, sur le statut de Jérusalem et de la mosquée al-Aqsa
Suite à la manifestation organisée au lycée d'Araba au tour du thème « le souvenir de Jérusalem et de la mosquée al-Aqsa », et l'importante participation des jeunes pour faire vivre ce souvenir, le ministère israélien de l’Education nationale n’a pas apprécié l’initiative, et a décidé de convoquer le directeur de l’école Araba, et a diffusé largement une note à tous les inspecteurs d’académie et aux directeurs d’écoles pour les avertir de ne plus prendre ce genre d’initiative qui, pour le ministère, n’est ni plus ni moins qu’une provocation de l’école dirigée contre l’autorité israélienne.
Israël mélange le devoir de mémoire historique et l’action politique.
Ce type de procédé du ministère israélien de l’Education nationale dépasse le cadre de son intervention censée être pédagogique, et vise à terroriser et à effacer l’identité palestinienne même dans les écoles palestiniennes.
Avertissement et séance avec le directeur du lycée d'El-Araba
Selon le journal Fassl el-Makal, dimanche dernier, le directeur du lycée d'Araba, M. Samir Nessar, a subi un interrogatoire musclé sur son initiative dans les bureaux du ministère, rue Tensirt Alayit à Nazareth Illith.
Le directeur a eu droit à de menaces et à des avertissements de ne plus jamais prendre ce genre d’initiative et ces avertissements ont été versés à son dossier professionnel.
C’est le ministre israélien Gideon Saar en personne qui a ordonné la convocation du directeur palestinien, le ministère voulant envoyer un message fort aux autres directeurs et donner un exemple.
Un éducateur arabe de Jelil a mis en garde contre cette politique de la peur qu’essaye de faire régner Israël en tentant par tous les moyens d’effacer et de diluer l’identité palestinienne avec des effets d’annonce plus proche de la menace que de la pédagogie.
Il ne faut pas selon lui faire l’amalgame entre la conscience politique et le militantisme politique.
Selon lui encore, le ministère israélien interfère abusivement dans les actions internes des écoles palestiniennes, en oubliant de dénoncer ce que font les écoles juives hors programme, à savoir éduquer les enfants juifs à haïr les Arabes dés leur plus jeune âge.
Pour preuve l’article publié par le journal Haaretz au début de cette année au sujet du phénomène de xénophobie anti-arabe dans les écoles juives promu par le corps enseignant israélien et qui n’est pas du tout condamné par le ministère.
On apprend ainsi aux enfants juifs à l’école de dire haut et fort le slogan « morts aux Arabes », mais le ministère ne bouge pas.
Le ministère ne bouge pas quand un sondage dans les lycées juifs fait apparaitre que tous les étudiants juifs sont contre l’accès et l’octroi de leurs droits aux Palestiniens.
Le ministère ne bouge pas quand les écoles religieuses juives les plus extrémistes organisent des manifestations publiquement anti-arabes avec des slogans anti-arabes.
C’est donc une injustice flagrante contre les activités palestiniennes concernant l’histoire de la Palestine inculquée aux Palestiniens.
Un enseignant, qui a préféré garder l’anonymat, explique que ces politiques sont la preuve de la paranoïa israélienne et surtout de la rage d'Israël à appliquer s politique de transformation du peuple palestinien en peuple amnésique de sa propre identité au profit du projet israélien, à savoir la production d'un « bon Arabe », un Arabe sans repère historique, social ou religieux, mais un Arabe qui ne reconnaitrait que l’identité supérieure d’Israël.
Mais l’autorité israélienne pourra-t-elle faire oublier qu’à chaque manifestation des étudiants arabes, elle n’a pas hésité à utiliser des snipers pour tirer à balles réelles sur des jeunes désarmés(13 écoliers martyrs au cours de la seconde Intifada).
L’identité palestinienne dans les manuels est un sujet d’insomnie pour les autorités israéliennes qui veulent l’effacer complètement des manuels pour ne faire enseigner qu’une histoire qu’ils ont falsifié et déformé, et surtout de n’enseigner que l’histoire du peuple juif.
L'enseignant a aussi lancé un appel à tous les directeurs arabes pour demander un écrit officiel de l’académie israélienne où elle indiquera ce qui est toléré ou non dans l’enseignement, de manière à que ce document juridique l’engage et soit la preuve des véritables actions du ministère israélien contre les Arabes à l’école.
Et il a demandé que les convocations et les interrogatoires musclés ne fassent pas peur aux directeurs et qu’ils continuent à défendre l’identité palestinienne et à se tourner vers les tribunaux, si besoin est, pour se défendre.
Voici la lettre envoyée aux inspecteurs par le ministre israélien :
« Il est rappelé qu’il est strictement interdit d’organiser des activités politiques à caractère militant dans les écoles, comme des conférences ou des tables rondes qui auraient pour but d’éveiller chez les écoliers une quelconque conscience politique ou le choix d’une ligne politique.
Nous ne voulons pas que les écoles deviennent des terrains politiques pour des mouvements ou des partis politiques, même si la conférence est une initiative de l’autorité locale.
Bon nombre de directeurs ne respectent pas cette directive par manque de volonté ou par irresponsabilité, nous demandons aux inspecteurs de veiller au respect de la directive dans leurs zones d’intervention. »
Zoabi : les informations historiques ne sont pas de l’incitation politique, mais un devoir de mémoire
Dans une lettre urgente au procureur d’Israël, la député Hanan Zoabi réclame l’examen de la lettre du ministère qu’elle considère comme illégale juridiquement. Car respecter cette directive du ministère de l’Education empêchera toute action au sein des écoles arabes.
Photo
2 juin 2010, Hanan Zoabi, député arabe à la Knesset, agressée par la député israélienne Anastassia Michaeli pour sa participation à la flottille de la liberté.
Selon la député, cette lettre est une autre forme de marginalisation des Arabes et çà, c’est politique et non pédagogique et pire, c’est illégal.
La député a écrit au ministère israélien de l’Education pour lui rappeler qu’il a dépassé ses prérogatives en voulant interdire toute initiative dans les écoles arabes, car le fait d’interdire un travail historique ne va pas faire oublier que lors de la seconde intifada, 13 jeunes écoliers sont tombés sous les balles de l’armée israélienne, et y interdire les tables rondes ne va pas faire oublier ces morts. Sauf si Israël considère que l’histoire n'est incitative et provocatrice que pour les Arabes lorsqu'ils apprennent leur histoire, et non pour les Juifs quand ils apprennent la leur.
La député a rappelé que le but de l’école est d'encourager l’ouverture vers les autres et l’éveil de la conscience sociale et politique pour promouvoir la démocratie et le multipartisme.
Et elle pose la question : le ministère veut-il produire des élèves ignorants de leurs histoire quand il s’agit des Arabes, coupés de leurs repères identitaires, ignorant de leurs droits ? Est-ce que c'est la mission de l’académie d’envoyer des lettres de menaces aux directeurs d’écoles pour faire régner la politique de la peur et de la terreur ? Et les inspecteurs sont-ils les nouveaux bras armés de l’Etat d’Israël ?
La député finit sa lettre en demandant au ministère d’encourager les rencontres entre écoles juives et arabes pour partager et échanger sur leur histoire commune par le biais de conférences et de tables rondes communes.
Pour elle, c’est là le rôle d’une académie et d’un ministère qui se sentent investis d’une mission pédagogique et non le rôle de faire régner la terreur, de sortir de son rôle et de se dégager de sa responsabilité.
Source : Arabs48
Traduction : MM pour ISM
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La grève de la faim des prisonniers palestiniens prend de l'ampleur

Palestine - 8 octobre 2011
Par Fadi Abu Saada
Ce vendredi 7 marque le dixième jour de grève de la faim pour des milliers de Palestiniens dans les prisons de l'occupation israélienne. Ces prisonniers préfèrent avoir l'estomac vide que de subir quotidiennement le déshonneur et l'humiliation aux mains de l'administration pénitentiaire israélienne.
Doaa al-Jayyousi, de Tulkarem, purge trois condamnations à perpétuité en prison. Sa peine est la plus longue des 38 prisonnières dans les prisons de l'occupation. Lorsque la mère de Doaa, Umm Jamil, est allée lui rendre visite à la prison Damon avant la grève de la faim, elle s'est évanouie en voyant sa fille enchainée. Umm Jamil a été transportée à l'hôpital dans un état critique.
La grève de la faim des prisonniers palestiniens prend de l'ampleur
Grande banderole avec les portraits de Palestiniens détenus dans les geôles sionistes lors d'une manifestation demandant leur libération à Rafah, 6 octobre 2011 (Photo: AFP - Said Khatib)
Umm Jamil explique qu'aucune mère ne peut supporter de voir sa fille enchaînée. "C'est une insulte et une humiliation intolérable. Les autorités israéliennes nous traitent comme des esclaves, sans aucune dignité," dit-elle. Umm Jamil appelle à mettre fin aux mauvais traitements sans précédent des prisonnières.
Al-Akhbar a réussi à faire passer un téléphone portable dans une prison israélienne, offrant aux prisonniers une occasion de parler de leurs conditions. Après 10 jours de grève, les prisonniers sont épuisés par la faim et la soif. Ils redoutent des mesures punitives si l'administration pénitentiaire israélienne découvre le portable.
Les membres du Front démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP) dans la prison du désert du Naqab ont parlé à al-Akhbar de la grève de la faim et de la détérioration des conditions carcérales. Ils ont réaffirmé que la grève va continuer. C'est pour cette raison qu'ils ont refusé leurs repas jeudi, en signe de solidarité avec les grèves qui ont lieu dans toutes les prisons de l'occupation israélienne.
En réponse à la grève de la faim, l'administration pénitentiaire israélienne a commencé à punir les prisonniers. Comme moyen de pression, elle a supprimé le sel que prenaient les prisonniers en grève, ce qui peut entraîner des vomissements et des crampes. Elles ont également interdit les appareils électriques pour tenter de les isoler du monde extérieur.
L'administration pénitentiaire a également eu recours à la mise en isolement de 53 prisonniers en grève dans une section spéciale de la prison Shatta. Dans la section criminelle de cette même prison, Mansour Shreim et Ibrahim Habisha, qui sont en grève, ont été eux aussi mis en isolement. De plus, l'autorité pénitentiaire a interdit les visites des avocats aux prisonniers en grève. En outre, l'administration a mené des raids d'inspections dans les cellules et les sections où les prisonniers en grève sont détenus, comme cela est arrivé dans les prisons d'Ashkelon et Naftha, où les gardiens ont tiré des grenades lacrymogènes sur les prisonniers. Les blessés ont été transportés dans les cliniques pénitentiaires.
Le quotidien israélien Maariv a rapporté que le Service pénitentiaire israélien (IPS) met en œuvre, contre les prisonniers palestiniens, un plan de restriction qui comprend l'interdiction de s'inscrire dans les universités ou aux examens de fin d'études générales, ainsi qu'une réduction de la liste des aliments servis aux prisonniers. Selon Maariv, ces derniers mois, l'IPS a aussi mené des raids d'inspection nocturnes sur les prisonniers et leurs affaires.
Le ministre des Affaires des prisonniers de l'Autorité palestinienne, Issa Karaki, a dit à al-Akhbar qu'une des principales raisons de la grève, qui a commencé le 27 septembre, est la politique de l'administration pénitentiaire d'enchainer les prisonniers pendant les visites familiales. De plus, pendant ces visites, les membres de la famille sont séparés de leur prisonnier par une barrière en plastique. Il a dit que ces visites sont devenues un moyen de punir les prisonniers ainsi que leurs familles, qui sont aussi soumises à des humiliations pendant l'inspection.
Une grande campagne de solidarité avec les prisonniers a été lancée. Selon Karaki, les dirigeants palestiniens tentent de mettre fin à ce qu'ils décrivent comme une agression et des punitions excessives contre les prisonniers en grève qui protestent contre leurs conditions de détention inhumaines.
La communauté palestinienne a pris la cause à bras le corps. Les Palestiniens ont organisé des manifestations dans plusieurs villes et des sit-in devant les prisons pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers. La dernière de ces manifestations a eu lieu mercredi dernier devant la prison d'Ofer, près de Ramallah. Les forces israéliennes ont utilisé diverses armes pour disperser les manifestants et il y a plusieurs blessés. Des campagnes de solidarité, sur les réseaux sociaux, font circuler les informations sur la cause des prisonniers à un public plus large.
Les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont déjà fait des grèves de la faim. La première d'entre elles a eu lieu en 1969, et la prison Ramla, et a duré 11 jours. La plus célèbre, en 1976 à Ashkelon, a duré 45 jours.
Reportage PressTV sur une manifestation de solidarité à Gaza, vendredi 7 octobre
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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Démolitions : Israël vole toujours plus de terre à Beit Ula et à Kufr ad-Dik

Salfit - 8 octobre 2011
Par ISM
Le mardi 4 octobre vers 11h du matin, l'armée israélienne a lancé une opération de démolition de maisons, d'enclos pour animaux, de puits et de centaines d'arbres dans les villages de Beit Ula et Kufr ad-Diq, au centre-ouest de la Cisjordanie occupée.
Yousef Muhammed Turshan est assis parmi les gravats de ce qui était sa maison, celle de sa femme et de leurs cinq enfants.
Démolitions : Israël vole toujours plus de terre à Beit Ula et à Kufr ad-Dik
"C'est notre seule maison, je ne sais pas où nous allons dormir cette nuit. Ils ont détruit l'enclos de mes moutons, qui ont disparu. C'est l'avenir de mes enfants qu'ils détruisent."
La famille Tursham a perdu la tente dans laquelle elle vivait ainsi que deux pièces en brique, un enclos pour les bêtes et une citerne à eau. Leur terre fait partie des trois qui ont été défoncées à Beit Ula. Au total, l'armée israélienne a détruit 1 tente résidentiele, 4 pièces en brique, 4 abris pour animaux, 4 puits, 2 systèmes d'irrigation, 150 oliviers et 400 autres arbres fruitiers et des vignes.
A Kufr ad-Diq, à l'ouest de Salfit, au moins deux abris pour les animaux et un puits ont également été détruits.
Un fermier de Beit Ula nous a montré la terre ravagée qui, il y a à peine quelques heures, était couverte de centaines d'oliviers et d'arbres fruitiers.
"Cela fait des années que je m'occupais de cette terre qu'ils viennent de détruire, tous les jours j'allais voir chaque arbre. Nous payons 40 shekels le m3 d'eau aux compagnies israéliennes simplement pour l'arrosage. Toutes les nuits, j'allais avec une torche vérifier que le système d'irrigation fonctionne correctement ; maintenant tout est détruit, et tout mon travail est réduit à néant."
Après que les bulldozers aient déraciné les 150 oliviers, les soldats les ont emmenés pour qu'aucun ne puisse être sauvé.
Les fermiers nous ont dit qu'ils avaient réussi à sauver de la démolition une maison en s'asseyant devant et en refusant de bouger. Mais la maison est toujours sous le coup d'un ordre de démolition, et ils savent que l'armée reviendra la détruire.
Tous les fermiers nous ont dit qu'ils avaient les papiers officiels prouvant qu'ils étaient propriétaires de la terre ; les parcelles détruites sont à au moins 1 km du mur israélien d'apartheid et il n'y a aucune colonie à proximité.
L'un des fermiers nous a expliqués que les démolitions n'avaient rien à voir avec des questions de sécurité car des pins, situés beaucoup plus près du mur, n'ont pas été coupés. Il est convaincu que le but de l'occupation est de pousser les fermiers à quitter la terre de manière à pouvoir la déclarer propriété de l'Etat après 3 années sans culture.
11 autres ordres de démolition sont en cours autour de Beit Ula, ce qui signifie que de nombreuses familles vivent dans la peur de perdre leurs maisons et leurs cultures à tout moment.
Voir les photos des démolitions.
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM
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Nabi Saleh, manifestation du 7 octobre

Nabi Saleh - 10 octobre 2011
Par Anne Paq
Comme chaque vendredi, des Palestiniens, avec des Israéliens et des internationaux, ont manifesté contre l'occupation et des colonies dans le village de Nabi Saleh en Cisjordanie. Cette semaine, la manifestation était aussi organisée en solidarité avec les prisonniers palestiniens qui ont commencé une grève de la faim le 28 Septembre pour protester contre les violations constantes de leurs droits et les conditions déplorables dans les prisons.
Nabi Saleh, manifestation du 7 octobre
Symboliquement certains manifestants avaient les mains attachées avec des chaînes et des menottes. Il faut garder à l'esprit qu'il y a plus de 8.000 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes. Pour la grande majorité, il s'agit de prisonniers politiques, c'est-à-dire qu'ils sont en prison juste pour avoir commis le crime d'être des Palestiniens et d'être affiliés à des groupes politiques.
Depuis quelques semaines maintenant, les soldats israéliens ont changé leur tactique pour réprimer les manifestations de Nabi Saleh. Au lieu d'envahir le village dès le début, ils se positionnent à l'entrée du village, près de la tour militaire et commencent à arroser la foule avec des gaz lacrymogènes dès que les manifestants sont en vue afin de les empêcher de s'approcher de la route principale, qui est également utilisée par de nombreux colons.
Lire la suite du témoignage d'Anne Paq et les photos de la manifestation sur son blog, "Chroniques de Palestine".
Pour plus d'informations sur les prisonniers, voir le site de l'organisation palestinienne Addameer.
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Les prisons coloniales ébranlées par la grève des prisonniers palestiniens

Palestine - 10 octobre 2011
Par Fadwa Nassar
Depuis deux semaines, les prisonniers palestiniens mènent une grève de la faim illimitée pour protester contre les conditions d’incarcération dans les prisons coloniales de l’entité sioniste. A l’initiative des prisonniers du FPLP, dont le secrétaire général Ahmad Saadat est soumis à l’isolement individuel depuis près de deux ans, la grève s’est étendue aux autres prisonniers isolés avant d’être partagée par plus de deux mille prisonniers sur un ensemble de 6500. Le mouvement national des prisonniers a décidé de rejoindre massivement la grève de la faim illimitée le mardi 11 octobre, alors que jusqu’à présent, des milliers de prisonniers participaient à ce mouvement de colère par une ou deux journées de grève par semaine.
Les prisons coloniales ébranlées par la grève des prisonniers palestiniens
Appel palestinien à une grève générale en soutien aux prisonniers, le mercredi 10 octobre 2011
Le mouvement de la grève des prisonniers palestiniens risque de s’étendre et de durer, tout comme il risque d’entraîner le martyre de certains prisonniers, dont l’état de santé s’est fortement détérioré depuis le début de la grève. Les autorités coloniales ont réagi violemment en supprimant le sel, seule denrée pouvant aider les grévistes à résister à la mort, en s’emparant de toutes leurs affaires personnelles, en déplaçant les grévistes vers d’autres prisons ou sections, en les isolant encore plus du monde extérieur, pour étouffer le mouvement. Dimanche, des informations ont circulé à propos de négociations entre la direction carcérale coloniale et les grévistes, mais il ne semble pas que celles-ci aient abouti, puisque cette direction n’envisage pas encore la suppression des assauts sur les cellules, soi-disant pour compter les prisonniers, ou pour inspecter les cellules, alors que les prisonniers insistent beaucoup sur cette revendication, une de celles qu’ils ont mise en avant.
Des prisons coloniales pour briser la volonté du peuple palestinien
Les prisonniers palestiniens et arabes détenus dans les prisons coloniales sionistes réclament, non pas des faveurs comme veulent le faire croire les dirigeants de l’entité, mais leurs droits humains de base : l’arrêt de la mise en isolement individuel : certains prisonniers se trouvent depuis cinq ans en isolement dans des cellules appelées les « antichambres de la mort », cellules étroites, sombres, humides et souterraines qui n’ont pour fonction que d’entraîner les maladies pulmonaires et autres.
Les prisonniers réclament la fin des assauts nocturnes contre les cellules menées par des forces formées spécialement pour agresser les prisonniers palestiniens et arabes, et la fin des assauts (4 par jour depuis la grève de la faim) pour soi-disant compter les prisonniers et inspecter les cellules.
Ils réclament aussi l’arrêt des humiliations de leurs familles venues en visite, dans des conditions extrêmement dures, puisqu’elles doivent traverser des dizaines de barrages, subir les assauts des colons, avant d’être accueillies par des insultes, des fouilles déshonorantes et des refus de visite de dernière minute.
Les prisonniers réclament également qu’ils n’aient pas les pieds attachés lors des visites familiales, tout comme ils réclament la remise en route des chaînes télévisées arabes et le fonctionnement de leurs études en université (la seule université autorisée est une université sioniste), et la permission de recevoir des livres, ce que les autorités carcérales ont interdit il y a quelques semaines.
En bref, les prisonniers palestiniens en grève de la faim réclament que cessent les mesures répressives introduites tout au long des années précédentes, alors que ce qui se fait appeler « communauté internationale » se bouchait les yeux et les oreilles pour ne rien voir ni entendre.
Dans un article récent, Walid Duqqa, prisonnier palestinien des territoires occupés en 1948, depuis plus de 25 ans et condamné à la perpétuité par un tribunal militaire mettait en parallèle les mesures coloniales à l’intérieur des prisons et à l’extérieur, expliquant que les autorités de l’occupation n’avaient en vue que la soumission psychologique, morale et matérielle des Palestiniens. Pour la colonie sioniste et ses dirigeants, c’est l’idée même d’un peuple palestinien, d’une communauté palestinienne, d’une vie palestinienne stable, qui doit être supprimée.
A l’extérieur, les barrages, les colons, les agressions et les assauts, le démantèlement et la catégorisation du territoire, les restrictions de mouvement, les tueries, les poursuites.
A l’intérieur des prisons, la privation, l’instabilité par le déplacement continuel des prisonniers, les agressions par les forces spéciales, la catégorisation des prisonniers, par région ou par formations politiques, les assauts nocturnes pour briser les rêves de ces hommes, femmes, enfants et vieillards, remplis d’espérance et de liberté. Mais aussi le minutage de leur temps, qui doit être celui du colonisateur et non celui qu’ils essaient de construire entre les quatre murs, avec leurs camarades ou individuellement. A l’intérieur, ce sont les « oiseaux », ces collaborateurs infiltrés ou achetés avec des promesses vaines et futiles, et à l’extérieur, ce sont les collaborateurs tombés entre leurs filets. A l’intérieur comme à l’extérieur des prisons coloniales, les sionistes tentent de briser la volonté de lutte et de résistance du peuple palestinien.
Mais ils n’y parviennent pas.
Aujourd’hui, les prisonniers sont en train de faire craquer les murs de ces prisons, rien que par leur refus de s’alimenter. Le mouvement de solidarité se développe, car aucune cause n’est aussi populaire que celle des prisonniers et de leur lutte, en Palestine, dans les camps des réfugiés et dans l’exil. La cause des prisonniers unifie, comme l’a récemment déclaré une personnalité palestinienne, car les prisonniers sont la conscience, la résistance, les héros vivants du peuple palestinien.
Demain, ce sont ces prisons coloniales toutes entières qui partageront le sort de la prison de Khiam, avec la débandade sioniste du sud-Liban en mai 2000. Bâties ou transformées en prison, pour la plupart, au temps de l’occupation britannique, ces citadelles ne sont que des forteresses en carton face à la détermination de lutte et de résistance du peuple palestinien. Le prisonnier Qassamite Ibrahim Hamed, gréviste de la faim et en isolement, a d’ailleurs lancé un appel à tous les prisonniers, disant que l’entité sioniste est en pleine crise, il faut en profiter et y aller en élargissant le mouvement.  
C’est pourquoi il est nécessaire d’élargir aussi le mouvement de la solidarité, à tous les niveaux, dans le monde. Les places publiques des capitales mondiales doivent être assaillies par les foules, les institutions internationales doivent être interpellées, les médias doivent participer à cette bataille, pour la dignité du peuple palestinien et de ses héros vivants.
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"Israël": le technicien nucléaire" Vanunu interdit d’émigration

07-10-2011
La Cour suprême israélienne a rejeté jeudi une demande d'émigration de l'ex-technicien atomiste israélien Mordehaï Vanunu, incarcéré plus de 18 ans pour avoir révélé des secrets sur le nucléaire en « Israël », ont indiqué plusieurs médias.
A l'expiration de sa peine en 2004, Mordehaï Vanunu s'est vu interdire de quitter l’entité sioniste et de se rendre en Cisjordanie. Toutes ses demandes pour lever ces interdictions ont été rejetées pour des soi-disant "raisons de sécurité".
Dans leurs attendus, les juges de la Cour suprême estiment que Mordehaï Vanunu "a prouvé à plusieurs reprises que l'on ne pouvait pas lui faire confiance et qu'il ne respecte pas la loi à la lettre".
Dans son appel, Vanunu, contraint de vivre à « Tel Aviv », affirme qu'il respecte l'interdiction qui lui a été faite de parler avec des journalistes et qu'il n'entretient aucune relation avec un quelconque parti politique.
Le procureur a, en revanche, estimé qu'il continuait à constituer "un réel danger pour la sécurité d'Israël dans la mesure où il a affirmé dans le passé vouloir révéler d'autres secrets d'Etat dès que l'occasion lui en serait fournie".
M. Vanunu, ex-technicien de la centrale nucléaire de Dimona (sud) a été incarcéré trois mois en 2010 pour avoir entretenu des contacts avec des étrangers.
Agé de 56 ans, il a été condamné pour "espionnage" après avoir communiqué des secrets nucléaires israéliens à l'hebdomadaire londonien The Sunday Times qui les avait publiés.
Depuis sa libération en 2004, il a été inculpé à au moins 21 reprises pour avoir enfreint les restrictions à sa liberté.
Converti au christianisme, M. Vanunu, qui ne se considère plus comme Israélien, a demandé en vain l'asile dans plusieurs pays occidentaux.
Des experts étrangers se fondant sur le témoignage de M. Vanunu affirment que l'entité sioniste dispose de 200 à 300 ogives nucléaires.
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L’armée israélienne arrache 200 plantes d’arbres fruitiers à AlKhalil

08-10-2011
Les attaques israéliennes pour vider la Cisjordanie ne connaissent pas de répit. Les Israéliens, militaires et colons s'y relaient pour la rendre invivable, s’en prenant particulièrement à ses cultires.   
Ce jeudi, près de 200 plants d'arbres fruitiers appartenant à un Palestinien ont été arrachés par l'armée israélienne en Cisjordanie, selon le propriétaire et d'autres témoins.  
Les soldats israéliens ont arraché une centaine d'oliviers et autant d'amandiers, qu'ils ont ensuite emportés, dans le village de Beit Ula, au nord-ouest de la ville autonome d'Hébron (sud), a précisé à l'AFP le propriétaire, Mahmoud al-Adam.  
De jeunes Palestiniens ont jeté des pierres sur les militaires israéliens, qui avaient déjà déraciné mardi plusieurs centaines de plants d'arbres fruitiers et détruit deux puits dans la même localité, au motif qu'ils avaient été installés sans permis israélien, selon les mêmes sources.
 Interrogée, l'armée israélienne a indiqué qu'elle vérifiait les détails de cette opération.
Selon le site en ligne « Arabs 48 », des colons sionistes ont pris d’assaut dans la nuit de mercredi à jeudi un petit village palestinien situé à proximité de Naplouse, et y ont arraché quelques 150 oliviers et figuiers.
C’est la quatorzième attaque contre ce village depuis le début de l’année, selon les chiffres de l’armée d’occupation israélienne. Le mois dernier, sa mosquée a été incendiée.    
Selon un rapport gouvernemental palestinien publié le 29 septembre, le coût pour l'économie palestinienne de la destruction d'arbres par les autorités israéliennes ou par les colons s'élève à 138 millions de dollars (103 millions d'euros) par an.
Par ailleurs, et selon des statistiques officielles palestiniennes publiées par l'agence de nouvelles "Qods Press", les colons sionistes sont auteurs de 33 incidents durant lesquels ils ont percuté délibérément des palestiniens en Cisjordanie occupée depuis le début de l'année en cours.
Environ 14 accidents ont eu lieu au cours du mois de septembre, ce qui représente près de la moitié du total des incidents durant les 9 derniers mois.
La ville d'el Khalil (Hébron) dans le sud de la Cisjordanie est le lieu du plus grand nombre des incidents causés par les colons sionistes cette année, suivie par la ville de Naplouse qui a connu au cours des dernières 24 heures 3 attaques en voiture contre des citoyens palestiniens dans deux incidents séparés, puis la ville de Bethléem.
Les derniers crimes ont été commis contre deux jeunes filles et un jeune homme en moins de 24 heures dans la ville Naplouse.

Un photographe français blessé par Tsahal - Témoignage

dimanche 9 octobre 2011 - 09h:32
Cédric Rutter - Investig’Action
Un photographe français a été blessé à la jambe par un tir inconnu hier à Nabi Saleh près de Ramallah, alors qu’il couvrait des affrontements dans ce village palestinien de Cisjordanie...
Selon l’AFP : Un photographe français a été blessé à la jambe par un tir inconnu hier à Nabi Saleh près de Ramallah, alors qu’il couvrait des affrontements dans ce village palestinien de Cisjordanie, a indiqué aujourd’hui à Paris l’Agence Le Desk, pour qui il travaille. Chris Huby « a été blessé à la jambe par un tir d’une arme d’un nouveau genre (Tear Gas Small Size), pendant des affrontements entre Palestiniens et l’armée israélienne, dans ce village proche d’une colonie », indique l’agence photo. Aucune précision n’a été donnée sur l’origine du tir. Le village de Nabi Saleh fait partie des localités de Cisjordanie qui sont régulièrement le théâtre - surtout les vendredis - de manifestations contre l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Ce vendredi, dans les grandes villes de Cisjordanie, des foules de Palestiniens ont par ailleurs célébré, dans une ambiance de fête et sans violences, la demande d’adhésion historique d’un Etat de Palestine présentée à l’ONU par le président Mahmoud Abbas.
Ce photographe dont la version des faits n’a pas été exposée par les médias AFPistes a répondu aux questions d’Investig’Action
Q : Vous venez d’être rapatrié en France. De quelle nature est votre blessure ?
J’ai été touché par ce que l’on appelle une SMALL TEAR GAS, une arme israélienne qui fait des dégâts depuis quelques semaines en Palestine. Pour moi, un mélange parfait entre la balle et le lacrymogène. Quelque chose qui se tire donc au niveau du sol, et non en l’air comme c’est l’habitude avec les "anciens" lacrymos déjà dévastateurs au niveau respiratoire.
Mon mollet a été salement touché, mais heureusement ce n’est que le muscle qui a pris. Un trou de la taille d’une noisette. Il va falloir un bon mois pour que ça cicatrise ainsi qu’une greffe de peau.
A Qalandia, le checkpoint symbolique entre les deux territoires, un adolescent a pris la même dans le visage... lui aura eu moins de chance.
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Q : La dépêche indique que l’origine du tir n’est pas précisée, mais qu’il s’agit d’une nouvelle arme utilisée par l’armée israélienne. Que pensez-vous de la remarque de l’AFP ?
L’AFP a été très prudente. Mon agence LE DESK avait pourtant transmis notre information le lendemain matin. Celle-ci était précise. Tout le monde en Israël, et surtout en Palestine, sait qu’il s’agît d’un tir israélien. Les Palestiniens ne se défendent pas à coup de "nouvelles armes". Les habitants du village de Nabi Salih collectent les douilles depuis des années pour témoigner. En voilà une nouvelle qui atterrit donc dans leur collection depuis la semaine du 23 septembre 2011.
Pour ma part, j’ai vu le soldat israélien se baisser et tirer dans ma direction. Alors même que mes insignes "PRESS" étaient très visibles et que je me trouvais alors à droite de la manifestation. J’ai à peine eu le temps de me retourner.
Que l’AFP se montre prudent est compréhensible en cette période de possible négociation entre les deux pays, il est évident qu’il ne faut pas trop faire exploser ce genre d’information. Savoir que TSAHAL utilise régulièrement de nouvelles armes en Palestine pourrait poser un souci.
Un autre arme est utilisée depuis peu. Il s’agît du SCREAM, une arme sonore qui est envoyée par des sirènes et qui est censée remplacer les SOUND BOMBS. Ces dernières étaient employées contre les enfants lanceurs de cailloux. Le SCREAM était aussi à Nabi Saleh et à Qalandia la semaine du 23. Cela rend les gens zinzins et certains s’évanouissent. Un hurlement strident vous rentre littéralement dans le corps. Seule arme de défense : les boules Quies, assez efficace à l’utilisation.
Q : Ensuite, il est rappelé que "des foules de Palestiniens" (combien selon vous à Nabi Saleh ?) célébraient la demande d’adhésion présentée à l’ONU "dans une ambiance de fête et sans violences". Alors pourquoi avoir tiré sur les manifestants de N.S. ? Ont-ils eux montré de la violence ? D’autres personnes ont-elles été blessées ?
(JPG) Nabi Salih est un petit village de 520 personnes. Le jour des manifestations, ils invitent les villages alentours à les rejoindre. Mais comme tout le monde ne participe pas aux mouvements, par peur, 100 à 150 Palestiniens se retrouvent. Quelques sympathisants israéliens se joignent à eux aussi, après avoir découvert la situation sur le tard. Voilà pour la foule. En face, l’armée déploie une bonne cinquantaine de soldats surarmés et protégés, des blindés, des jeeps et même parfois des bulldozers !
Comme chaque vendredi, le 23 septembre 2011 a été jour de manifestation. Le fait que ça soit le même jour que la demande à l’ONU de la reconnaissance de l’Etat palestinien n’a guère changé la nature des mouvements à Nabi Saleh. En général, la colonne se déplace avec drapeaux et slogans politiques, mais je ne les ai jamais vu être violents. Ce jour là, on a vu en plus un siège grimé en "194" pour le symbole de la place demandé à l’ONU et des portraits d’Obama brûlés, le président américain ayant déjà annoncé son VETO automatique futur. Mais côté ambiance, les gens sont rieurs, vont parler aux soldats israéliens, tentent de discuter avec eux sur l’illogisme de la situation, etc... De toute façon, ce serait tendre le bâton que de rentrer dans une logique de vengeance.
Ce village regroupe un nombre important de la famille Tamimi qui enseigne à ses enfants la non violence, le respect des autres, ainsi que la compréhension des soldats israéliens qui "ont seulement des ordres"... Les Palestiniens de ce village savent très bien faire la différence entre les individus aux ordres, programmés, qui ont à peine 20 ans, et le programme colonialiste du voisin. Un modèle de tolérance. D’autant plus que chaque vendredi, les blessés sont comptés du côté palestinien. Le 23 septembre, 28 personnes ont été touché à Nabi Saleh. Il en de même chaque vendredi. Et pourtant, les manifestations continuent de se dérouler pacifiquement.
Ce que veulent les habitants du village, c’est simplement récupérer la source d’eau que la colonie israélienne d’Halamish a investi voilà plus de deux ans. Cela appauvri toute une région déjà bien isolée. La manifestation démarre donc vers 13 h, après la prière, depuis le centre du village. Juché sur une colline, le village descend depuis la place centrale pendant 500 mètres jusqu’à une deuxième tête d’épingle. La source d’eau se situe bien après celle-ci. Tsahal a installé son checkpoint dans le virage il y a des mois. L’armée laisse s’approcher les manifestants à une cinquantaine de mètres avant de tirer des lacrymos, balles en caoutchouc (réelles parfois) et autres "joyeusetés".
Q : Certains commentateurs estiment que vous ne faisiez pas votre travail de journaliste, mais que vous étiez vous-même dans la manifestation. Qu’en pensez-vous ?
Principalement les commentateurs du forum du Figaro et de Juif.org, oui. Pour ces derniers je suis même "une récompense" ! Cela m’a fait presque rire en lisant ça, tant le décalage est immense. Que voulez-vous qu’on leur réponde ? Pour photographier une manifestation, vaudrait-il mieux une photo satellite ou un zoom de 500 mm ?
Quand on fait de la photo, ce qui est important c’est d’être avec l’événement et les faits. A Nabi Saleh, l’armée israélienne réplique brutalement sur des manifestants pacifiques depuis deux ans. C’est un fait. Pas un jeu politique, ce n’est pas mon genre de faire ça ou d’inventer une situation.
Pour leur information, à tous ces détracteurs, ils pourront aussi aller voir les photos faites des soldats israéliens. Ils verront que je photographie aussi l’autre côté, malgré les difficultés que ça représente. Les soldats ont la gâchette facile, comme j’ai pu le constater à mes frais.
Le souci principal des réactions étant la désinformation continue - un photographe qui prend des manifestations en photo aurait un parti pris, c’est d’une stupidité accrue. Ces détracteurs de génie bloqués derrière le mur de leur ordinateur feraient mieux d’aller sur le terrain plutôt que de gober les informations toutes cuites qu’on leur balance, ça serait une excellente école. La plupart des interventions ont des sources paranoïaques que l’on retrouve sur tous les forums. Si en plus, on y mêle le souci israélo-palestinien, on n’a pas fini de lire des bêtises.
Bon à savoir aussi, d’après nombres d’études faites en Israël, que ce soit par Tsahal, par les ONG en Palestine et les Ambassades, les colons français seraient parmi les plus violents et les plus racistes. De là à y voir un lien avec les gens qui réagissent sur les forums français... Même Tsahal semble embarrassé et débordé par ces derniers.
Q : D’une manière plus générale, depuis quand travaillez-vous en Palestine ? Les représailles ou attaques sur les manifestants sont-elles monnaie courante ? Avez-vous déjà été témoins d’injustices et de violences ?
Je viens de passer un mois en Palestine et Israël. Je ne connais pas Gaza, j’ai navigué seulement en Cisjordanie. Les représailles et attaques ne sont pas seulement monnaie courante, elles sont quasi quotidiennes. Comme le dit le vice-consul de France : "Ici on ne s’ennuie jamais".
Les injustices viennent essentiellement du déséquilibre imposé par la colonisation, ce que l’on appelle en politique internationale "l’occupation des territoires" - dans les faits, de nombreux villages sont attaqués par les colons partout en Palestine et les manifestations sont réprimées par Tsahal. Quand vous regardez la carte des colonies, celles-ci tentent d’imposer une division en trois parties de la Cisjordanie. Et à force de grignoter, les colons vont arriver à s’imposer en divisant les NORD-CENTRE-SUD du West Bank. Il suffit de regarder l’évolution de la carte des colonies depuis des années, ce n’est pas compliqué. Il suffira ensuite de faire monter les fondamentalistes religieux musulmans du nord pour les séparer politiquement des autres - comme ils l’ont fait pour Gaza, la méthode est connue.
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J’ai bossé avec Médecins Sans Frontière aux alentours de Naplouse via leur formidable équipe psychologique qui recueille les témoignages, comme par exemple à Iraq Burin pour ne citer que celui-là. Les familles sont terrorisées, traumatisées, il y a des morts, des martyrs, des tabassages, des injustices tout le temps. Pour moi, ça ressemble à une entreprise de terreur. J’ai des dizaines de témoignages en images.
La situation est on ne peut plus simple : les colons débarquent dans les villages y faire des "descentes". Parfois pour de mauvais motifs inventés, on le sait. Les vieux sont tabassés en pleine nuit, les enfants sont balancés dans la pièce, les lits cassés, les objets symboliques dévastés, etc... J’ai photographié des murs entiers de cuisines, de salons, de chambres d’enfants, où l’on voit les impacts de balles... sur les portes palestiniennes, on aperçoit de temps en temps un "e" israélien, signe de passage des colons dans les baraques. Ca veut dire "ici c’est fait !". C’est parfois des rues entières qui sont tapissées de ce "e".
Et de temps en temps, un homme, un gamin est ramassé par les colons et l’armée pour être collé en prison, parfois pour 130 ans ( !) comme on l’a vu récemment aux alentours de Naplouse. Les recours sont alors impossibles. Quant aux morts, ils interviennent souvent lors des jours de manifestation, la tension étant au maximum, ou dans des moments plus stratégiques pour semer la peur totale.
Q : Vous avez pris de gros risques. Pensez-vous retourner en Palestine ?
Bien sûr. Et si les images, que je continuerai à faire, pouvaient parler aux deux côtés, ce serait l’idéal.
6 octobre 2011 - Investig’Action-Michel Collon
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Israël tente de briser la grève de la faim des prisonniers palestiniens

dimanche 9 octobre 2011 - 08h:08
Imemc
Le ministre palestinien pour les prisonniers, Issa Qaraqe’, a déclaré samedi que les détenus politiques palestiniens dans les prisons israéliennes poursuivaient leur grève de la faim pour exiger le respect de leurs droits, tandis Israël multipliait ses agressions à leur encontre dans une tentative de briser leur grève.
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Rassemblement à Jénine en mars 2009, pour la libération des prisonniers palestiniens en Israël - Photo : Reuters
Qaraqe’ a ajouté que l’administration pénitentiaire israélienne prétend qu’elle est en train de négocier avec les détenus et qu’elle est à l’écoute de leurs demandes, mais en réalité son premier objectif est de retarder « les discussions » aussi longtemps que possible sans s’impliquer sérieusement dans la prise en compte de revendications légitimes, a signalé l’agence Maan News.
Les déclarations du ministre [de l’Autorité palestinienne de Ramallah] ont été faites lors d’une visite à une tente de solidarité dans le camp de réfugiés de Duheisha à Bethléem, où un certain nombre d’habitants se sont mis en grève de la faim par solidarité.
Qaraqe’ a déclaré que l’Administration pénitentiaire israélienne est « torture physiquement et psychologiquement les détenus en les frappant, en plaçant des dizaines d’entre eux en isolement, et en les empêchant même d’avoir des gobelets en plastique pour boire de l’eau et en les privant de sel » [le sel est essentiel pour pouvoir endurer une grève de la faim en évitant une déshydratation trop rapide - N.d.T].
Il a également déclaré que les détenus dans la prison d’Asqalan ont décidé de boycotter la clinique de la prison en raison des mauvais traitements auxquels ils font face lorsqu’ils sollicitent un appui médical, et que la police des prisons les traîne de force à la clinique.
Toutes les communications avec les détenus sont maintenant bloquées, les visites sont refusées, les postes de télévision et de radio confisqués, et la communication entre les détenus dans les différentes sections de la prison d’Asqalan est également interdite.
Le ministre a déclaré que quatre détenus de la prison d’Asqalan qui sont actuellement en isolement cellulaire se trouvent dans un état de santé qui se détériore sérieusement.
L’administration pénitentiaire israélienne a, dans la prison d’Ohali Kidar, placé de force 65 détenus en isolement en les entassant par groupe de quatre détenus dans des cellules minuscules. Elle a aussi confisqué leurs montres pour leur faire perdre la notion du temps.
Les 53 détenus en grève de la faim à la prison de Shatta subissent les agressions et la guerre psychologique pratiquées à leur encontre par l’administration pénitentiaire et les gardiens de prison.
Dans la prison d’Ofer, l’administration pénitentiaire a placé 12 détenus en isolement, les faisant violemment tabasser.
Qaraqe’ a lancé un appel à la Croix-Rouge internationale pour qu’elle agisse vite et rende visite aux détenus grévistes, et il a averti de la crise humanitaire à venir dans toutes les prisons et centres de détention en Israël.
Il a déclaré aussi que toutes les activités et manifestations qui se sont déjà tenues en solidarité avec les détenus, en Palestine et dans la Diaspora, se poursuivront et se renforceront jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international et finisse par traiter les détenus conformément à tous les traités internationaux, y compris la Quatrième Convention de Genève.
9 octobre 2011 - Imemc - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.imemc.org/article/62228
Traduction : Info-Palestine.net
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Forte mobilisation en faveur des prisonniers palestiniens en Israël

lundi 10 octobre 2011 - 07h:57
Al Jazeera
Les militants commencent une grève de la faim sans limite de temps, en soutien aux prisonniers palestiniens en Israël également en grève de la faim contre « l’aggravation des conditions de détention ».
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Dimanche 9 octobre - La mobilisation en faveur des prisonniers se développe fortement
Au moins 60 militants dans les territoires occupés de Cisjordanie, de Gaza et en Israël ont entamé une grève de la faim illimitée en appui aux prisonniers palestiniens déjà en grève de la faim dans les prisons israéliennes contre la dégradation des conditions de détention.
Un camp de solidarité a été mis en place par de jeunes militants dans la ville israélienne de Haïfa, ce dimanche, en « réaction spontanée » en faveur de la grève des détenus déclarée il y a déjà deux semaines, ont indiqué les organisateurs.
« Nous avons essentiellement deux raisons : soutenir les prisonniers et soutenir leur moral [dans la poursuite de leur grève de la faim] et sensibiliser sur la question des détenus politiques palestiniens », a déclaré à Al Jazeera Muhannad Abu-Gosh, un organisateur du camp de Haïfa.
Quelque 50 prisonniers politiques palestiniens ont commencé une grève de la faim le 27 Septembre. D’autres prisonniers les ont depuis rejoint. Ce dimanche, 234 détenus étaient en grève, selon un communiqué de l’administration pénitentiaire israélienne..
Selon le communiqué, les grévistes, qui sont maintenant à leur 13e jour de jeûne, sont « « sous surveillance médicale quotidienne et leur situation est satisfaisante ».
Exprimer le soutien
Des milliers de personnes se sont rassemblées la semaine dernière, à Haïfa, dans la ville de Gaza et les villes de Naplouse et Ramallah en Cisjordanie, pour protester contre les « conditions oppressives » dans les prisons israéliennes.
Dans la ville de Gaza, des centaines ont manifesté leur appui à la grève des prisonniers ce dimanche, et d’autres protestations sont prévues.
Dimanche également, la mère d’un prisonnier a entamé une grève de la faim devant les bureaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Ramallah. De petits rassemblements et des sit-in a eu lieu à Jérusalem-Est.
Le CICR est l’organe chargé de surveiller et de protéger les droits des détenus et de maintenir le contact avec eux.
A Naplouse, une tente installée mardi pour soutenir les grévistes de la faim reçoit maintenant au moins 1500 visiteurs chaque jour, a déclaré Beesan Ramadan, un étudiant à l’université An Najah.
« J’espère que cela va continuer vers quelque chose de permanent sur toutes les questions ayant trait aux prisonniers en général », a encore déclaré Ramadan.
Restrictions plus sévères
En Juin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé un renforcement des restrictions sur les droits des prisonniers palestiniens, voulant ainsi exercer un chantage en faveur de la libération de Gilad Shalit, un soldat israélien retenu captif par le Hamas.
Shalit a été capturé à la frontière de la bande de Gaza en 2006. Le Hamas, au pouvoir dans le territoire côtier, exige libération de plus de 1000 prisonniers palestiniens en échange de sa libération.
Selon les groupes de défense des droits de l’homme, les nouvelles mesures répressives comprennent le refus de l’accès aux livres, aux programmes éducatifs et à des vêtements neufs. La pratique de l’isolement a été étendu et les visites familiales fortement restreintes (quand elles ne sont pas interdites - N.d.T). Les détenus sont aussi obligés de rencontrer leurs avocats avec leurs mains menottées.
Selon un rapport des Nations Unies daté de mars 2011, environ 6000 Palestiniens sont actuellement dans 22 prisons en Israël et en Cisjordanie.
Certains ont été privés de tout contact avec le monde extérieur, y compris leurs familles, depuis des durées allant jusqu’à cinq ans, selon le rapport.
10 octobre 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net
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Ibrahim Zaza : le jeune garçon de Gaza, oublié des journaux

mercredi 5 octobre 2011 - 06h:24
Ramzy Baroud
« Les deux bras d’Ibrahim ont été coupés. Il a un trou dans son poumon. Des parties de ses jambes ont disparu. Un de ses reins est en mauvais état ... Nous avons besoin que des gens nous aident. »
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La mort d’Ibrahim n’a eu aucune sorte d’importance pour les médias occidentaux
C’étaient les paroles d’un homme épuisé, alors que dans un entretien avec The Real News, une agence alternative d’informations, il décrivait l’état de son fils mourant.
Ibrahim Zaza n’était qu’un jeune garçon âgé de 12 ans. Lui et son cousin Mohammed, âgé de 14 ans, ont été touchés par un missile israélien tiré depuis un avion sans pilote, alors qu’ils jouaient devant leur maison à Gaza.
Ceci s’est passé le 18 août. Le lendemain, le Daily Telegraph britannique a rapporté : « Israël lance une riposte après une attaque de militants à la frontière avec l’Egypte. » Cette volonté de blanchir les récentes attaques israéliennes sur Gaza assiégée m’a poussé à me demander si tous les journalistes reprenaient les termes utilisés par l’armée israélienne pour rapporter les fais en question. Les Palestiniens ont été punis pour une attaque contre les Israéliens qui s’est déroulée près de la frontière israélienne avec l’Egypte. Il n’existe aucune preuve reliant Gaza à l’attaque, et les autorités égyptiennes contestent aujourd’hui le compte-rendu qu’en a fait Israël.
« Au moins six Palestiniens ont été tués par la première vague de bombardements. Israël affirme qu’ils étaient membres du groupe connu sous le nom de Comités de Résistance Populaire - avec parmi eux leur chef - et accusé d’être responsable des attentats », ont écrit Phoebe Greenwood et Richard Spencer (The Telegraph, 19 août).
Les Comités de résistance populaire se sont dissociés de l’attaque, comme l’a fait le Hamas et toutes les organisations palestiniennes. Mais c’était insuffisant pour sauver la vie d’hommes et de femmes innocents à Gaza, qui subissent déjà des conditions de vie indicibles. Parmi les tués après la première vague d’attaques qui visait « des militants », se trouvaient deux enfants, un âgé de trois ans et l’autre de 13.
Dans les médias, les victimes palestiniennes n’ont de l’importance qu’à partir du moment où leur chiffre atteint un nombre considérable. Mais même dans ce cas, ces victimes sont placées dans un contexte qui les prive de toute sympathie possible, ou pire encore, en accusant les résistants palestiniens d’une responsabilité indirecte (en poussant Israël à recourir à la violence pour défendre sa sécurité). En fait, l’expression de « sécurité palestinienne » est presque inexistante, bien que des milliers d’habitants de la bande de Gaza ont été tués rien que ces trois dernières années.
Même les nouvelles des enfants palestiniens tués dans les attaques aériennes du mois d’août ont été livrées en entretenant un sentiment de flou et le doute. Les informations venues des médias ont minimisé le fait que la majorité des victimes étaient des civils palestiniens. Le Telegraph a rapporté que : « Le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a déclaré que deux enfants ont également été tués dans les raids aériens ... » Que l’on cite le Hamas, et non pas des groupes de défense des droits humains ou des sources hospitalières, est à peine surprenant puisque le journaliste en question est basé à Tel Aviv ou Jérusalem.
Ce n’était pas choquant non plus quand le jeune garçon, Ibrahim Zaza, a fini par mourir. Son cœur était le seul organe qui avait continué à fonctionner pendant près de trente jours après l’attaque de l’avion sans pilote. Le père, qui a été autorisé à accompagner Ibrahim et Mohammed dans un hôpital israélien, a ensuite été empêché de quitter l’hôpital car il constituait une menace pour la sécurité ( ?). Il était resté près du petit corps de son fils, espérant et priant. Il a fait appel aux gens pour qu’ils se tiennent aux côtés de sa famille, disant son manque de moyens pour acheter un fauteuil roulant dont il pensait qu’Ibrahim aurait besoin une fois qu’il serait à nouveau conscient.
Il n’est plus question d’un fauteuil roulant maintenant. Et quant à Mohammed, la douleur impitoyable continue. Ses jambes sont écorchées, sans la peau. Son ventre est complètement ouvert. Ses cris me hantent.
La mort d’Ibrahim a semblé susciter peu de couverture médiatique, au cas où il y en ait eu la moindre. Il n’y avait aucun article dans le New York Times, aucune photo dans Time Magazine de la mère en larmes et des proches effondrés. La vie d’Ibrahim dans ce monde a été courte. Et sa mort n’a guère eu d’écho en dehors du petit cercle de ceux qui l’ont tellement aimé.
Il n’y aura aucun débat sur l’utilisation par Israël des raids aériens qui tuent des civils, ni aucune réunion urgente des Nations Unies au sujet des meurtres continuels perpétrés par les drones israéliens, lesquels représentent d’ailleurs une industrie fort rentable. Les clients qui ont des doutes au sujet de l’efficacité des Elbit Systems Hermes 900 UAV pour prendre ceux-là comme exemple, n’ont qu’à regarder les vidéos de l’armée de l’air israélienne où l’on voit un drone planant doucement au-dessus de Gaza. D’après sUAS News, « il peut atteindre une altitude plus élevée jusqu’à 30 000 pieds... (et) peut être adapté rapidement et facilement aux besoins de l’opérateur, sans nécessité de réajuster l’infrastructure de fonctionnement pour chaque mission » (6 juin 2011).
Cela fait des années qu’Israël teste ses drones sur les Palestiniens. À Gaza, on peut voir à l’oeil nu tourner ces vautours. A chaque fois que l’un d’entre eux se rapproche, les gens cherchent désespérement un abri Mais il a fallu un rapport de WikiLeaks pour avoir confirmation de l’utilisation par Israël de drones pour tuer. Selon un document récemment divulgué, l’avocat général et commandant de l’armée israélienne, Avichai Mandelblit, avait mis au courant en février 2010 l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, James Cunningham, de l’utilisation par Israël d’avions militaires téléguidés pour assassiner ceux soupçonnés d’être des militants [résistants - N.d.T].
Dans le reportage de Real News, Lia Tarachansky interroge le Lt Col. Avital Leibowitz, porte-parole de l’armée israélienne, pour tenter de savoir pourquoi Ibrahim et son cousin avaient été pris pour cible.
Lia Tarachansky : « Selon les témoins, il y a eu un seul tir de missile et il a visé deux enfants, un de 12 ans et l’autre de 14, qui étaient assis devant leur maison. »
Avital Leibowitz : « La logique est que quand quelqu’un essaye de vous lancer une fusée, alors la logique est - nous préférons viser cette personne avant que ce soit elle qui nous vise. »
Sur l’une des photos que j’ai pu retrouver d’Ibrahim Zaza, on le voit posant timidement devant l’appareil-photo, ses cheveux ramenés vers l’avant. Mon coeur se brise maintenant, alors que je pense à lui et à toutes les autres victimes de la « logique » israélienne.
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Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.
http://palestinechronicle.com/view_...
Traduction : Claude Zurbach
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Pourquoi les Nations unies doivent dissoudre le « Quartet »

lundi 10 octobre 2011 - 07h:16
Ali Abunimah
Ce quartet a été formé pour aider les négociations israélo-palestiniennes, mais en réalité son émissaire, Tony Blair, l’utilise pour son profit personnel.
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Tony Blair, ici environné de ses collaborateurs israéliens, visite un des points d’accès du camp de concentration qu’est devenu la bande de Gaza. Criminel patenté, Blair devrait être traduit devant la CIJ pour crimes de guerre en Irak. Quant au Quartet dont il est l’envoyé, il ne sert qu’à favoriser la colonisation israélienne des territoires palestiniens et devrait être dissout dans les meilleurs délais.
Récemment, l’émissaire du Quartet, Tony Blair, a été l’objet de critiques acerbes de la part des responsables proches du dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. On a même murmuré que les collaborateurs d’ Abbas pourraient demander officiellement son renvoi.
Blair est devenu l’émissaire du Quartet le jour où il a cessé d’être le Premier ministre du Royaume-Uni en 2007 ; bien que son rôle ait été sans aucun doute néfaste pour le peuple palestinien et nuisible pour le droit international, cela ne suffirait pas pour demander son renvoi.
Le Quartet - un comité spécial composé du Secrétaire général des Nations unies, d’officiels des USA, de l’Union européenne, de la Russie qui monopolise le prétendu « processus de paix » - a lui-même détruit le peu de crédibilité qui restait aux Nations unies concernant la question palestinienne.
C’est en fait une façade pour une opération qui travestit les exigences posées par Israël et les USA aux Nations unies en positions "internationales", évinçant le droit international et les innombrables résolutions sur la myriade de graves infractions aux conventions de Genève, commises par Israël.
Pour commencer à restaurer la crédibilité des Nations unies, le Secrétaire général Ban Ki-moon devrait quitter le Quartet et cesser de le financer et de le soutenir. Faute de quoi, les États membres des Nations unies devraient exiger qu’il le fasse.
Véhicule pour les ambitions et l’enrichissement personnels de Blair
Nabil Shaath, associé principal d’Abbas, s’est plaint officiellement que Blair se faisait « l’avocat de la défense » d’Israël vis-à-vis de la demande d’admission comme membre à part entière présentée par Abbas pour la Palestine aux Nations unies.
Ceci n’a rien de surprenant pour ceux qui ont suivi la situation, mais ce qui est nouveau est que la critique est publique et que Blair focalise l’attention
Dans un épisode récent de Investigative Documentary Dispatches,(document d’enquête) sur Channel 4 de la télévision britannique, l’émission a révélé combien Blair a utilisé le Quartet pour favoriser ses intérêts commerciaux personnels et ceux de ses clients.
Selon ce documentaire, Blair a utilisé son poste dans le Quartet pour s’introduire auprès de dirigeants arabes avec lesquels son bureau privé et confidentiel Tony Blair Associates (le nom rappelle de façon frappante le tristement célèbre Kissinger Associates)a alors signé des contrats d’expert-conseil.
Blair a décroché un contrat d’une valeur de 40 millions de dollars auprès de l’émir du Koweït pour lui prodiguer des conseils sur les « réformes » et un autre, s’élevant supposément à des millions de dollars, auprès des dirigeants des émirats Arabes unis.
Mélanger ainsi son rôle officiel et privé, Blair l’a également fait en Palestine.
Blair a joué un rôle décisif dans les pressions exercées sur Israël pour l’attribution, en novembre 2009, de fréquences à la société de téléphonie mobile Wataniya en Cisjordanie occupée. Wataniya est la propriété du géant des télécoms qatari Q-Tel qui a acheté Wataniya en 2007 pour 2 milliards de dollars au moyen d’un prêt accordé par la banque JP Morgan, selon le documentaire de Channel 4.
Blair travaille aussi pour JP Morgan qui le paie plus de 2 millions de dollars par an pour des conseils " stratégiques". Selon le documentaire britannique, JP Morgan devait réaliser des « bénéfices substantiels » si l’affaire était conclue. Israël, faut-il le rappeler, n’a accepté d’attribuer les fréquences à Wataniya que si l’AP renonçait à donner suite, par le canal des Nations unies, aux conclusions du rapport Goldstone sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza,
Un autre marché important que Blair a traité avec Israël concerne les contrats obtenus par British Gas pour exploiter les gisements de gaz naturel d’une valeur de 6 milliards de dollars dans les eaux territoriales de la Bande de Gaza occupée. Bien que Blair ait prétendu publiquement que le marché profiterait aux Palestiniens de Gaza, aucun Palestinien de Gaza n’a jamais été consulté.
Blair a négocié le marché directement avec le premier ministre Benjamin Netanyahu, qui selon Channel 4 « aimerait qu’Israël contrôle la fourniture de gaz ainsi que tout excédent de production qui serait vendu à Israël, et non pas sur le marché".
En d’autres termes, Blair ne se contente pas de s’enrichir lui-même et ses clients (aussi bien lui que JP Morgan ont nié sur Channel 4 tout « conflit d’intérêts »), il collabore en outre au colonialisme, à l’exploitation, au pillage et aux profits tirés par Israël des territoires palestiniens occupés en faisant cyniquement semblant "d’aider les Palestiniens ».
Absence de responsabilisation
S’il est difficile de tracer la limite entre la mission officielle du Quartet et les intérêts personnels de Blair, c’est en raison d’un manque total de transparence et de responsabilisation. Apparemment, Blair n’est pas tenu de respecter les règlements stricts en matière de conflits d’intérêts et de divulgation auxquels sont soumis les fonctionnaires des Nations unies ou les officiels britanniques, bien que ce soient apparemment des fonds des Nations unies et du gouvernement britannique qui financent le bureau de Jérusalem à coups de millions de dollars par an alors que Blair y passe à peine quelques jours pas mois.
En 2007, le « Programme d’assistance au peuple palestinien » des Nations unies a dépensé plus de $ 400.000 pour les trois voitures blindées de Blair. La plus grosse partie des frais administratifs du bureau de Blair incombe aux contribuables britanniques
Personne ne sait qui peut recruter ou renvoyer Blair. Toutefois, celui-ci n’a fait qu’exploiter la situation et il est le symptôme d’un problème plus large : celui du Quartet lui-même.
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Les exigences du Quartet et des Nations unies n’ont été adressées qu’aux Palestiniens tandis qu’Israël a continué à coloniser illégalement et en toute impunité [GALLO/GETTY]
Écran de fumée pour les Américains et les Israéliens
On parle souvent du Quartet comme si c’était un organe officiel, alors qu’il a été constitué en 2002 en tant que comité informel. Aucune résolution des Nations unies ne lui octroie de mandat, bien qu’il semble prendre une allure permanente et avoir la préséance sur toutes les autres institutions internationales.
Dès le début, le Quartet n’a pas été tellement un forum international participant à la solution de la question palestinienne qu’un substitut de l’intervention internationale réelle et une couverture pour le contrôle US.
Un diplomate français qui a été consultant principal auprès de Tony Blair au bureau du Quartet à Jérusalem, Anis Nacrour, a dit à Channel 4 que dès le début, le Quartet a été un « écran de fumée pour l’activité des USA et du tandem américano-israélien. En fin de compte, tout ceci permettait de gagner du temps pour que le gouvernement israélien puisse faire tout ce qu’il voulait ».
Les exigences ne visent que les Palestiniens
La fameuse « feuille de route » du Quartet de 2002 par exemple, imposait des devoirs stricts, aussi bien à l’Autorité palestinienne qu’à Israël. Les Palestiniens devaient sévir contre toute résistance à l’occupation et reprendre « la coordination de la sécurité » avec l’armée d’occupation tout en entreprenant des « réformes » dictées par l’extérieur afin de préparer la naissance de "l’État" palestinien. Parallèlement, Israël était obligé de « geler toute activité des colonies » et de « mettre immédiatement fin à la violence perpétrée contre les Palestiniens ».
Près de 10 ans plus tard, l’Autorité palestinienne a consciencieusement sauté à travers tous les cerceaux au point que le négociateur, Saeb Erekat, se vantait auprès des officiels US en 2009 de ce que dans l’exécution des devoirs de la feuille de route, lui-même et ses collègues de l’AP étaient allés jusqu’à « tuer notre propre peuple pour respecter l’ordre et la légalité ».
Pourtant, durant la même période, Israël tuait des milliers de Palestiniens, commettant des atrocités caractérisées de crimes de guerre et il continuait à voler et à coloniser les terres palestiniennes en toute impunité. Dans sa dernière déclaration le Quartet n’a même pas osé mentionner le mot « colonies » ; il a demandé à l’AP de revenir au même carrousel de négociations, tandis qu’Israël continuait à construire sur les terres palestiniennes.
Le Quartet légitimise le siège de Gaza et les Nations unies obéissent
En septembre 2010, la mission d’enquête internationale chargée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies de mener une enquête sur l’attaque israélienne contre la flottille, a conclu que le siège et le blocus israélien de Gaza sont illégaux, position antérieurement prise par le Comité international de la Croix-Rouge.
Le Secrétaire général des Nations unies devrait adopter et défendre cette position. Au lieu de quoi, l’actuel détenteur du poste, Ban Ki-moon, prend ses ordres auprès du Quartet au mépris du droit international qu’il a juré de faire respecter.
Chose choquante, en mai dernier, alors qu’une autre flottille se préparait à appareiller pour Gaza, Ban a écrit aux gouvernements des États méditerranéens pour qu’ils « usent de leur influence » afin d’empêcher les bateaux de partir à Gaza.
Dans sa lettre, il disait que les flottilles n’étaient pas « utiles » et que le Secrétaire général « estimait que l’assistance et les marchandises destinées à Gaza pouvaient être acheminées par des passages légitimes et des circuits établis ». Ban fondait sa position sur une déclaration du Quartet.
Bien entendu « les passages légitimes et les circuits établis » mentionnés par Ban étaient ceux qu’Israël avait imposés unilatéralement dans un effort délibéré de punir collectivement Gaza et de calculer les rations alimentaires de sa population - constituée pour moitié d’enfants -selon les « formules mathématiques » révélées par Gisha, groupe israélien de défense des droits humains.
En d’autres termes, le Secrétaire général soutenait, sur la base de la position du Quartet, qu’Israël avait le droit de faire ce qui lui plaisait, indépendamment de l’illégalité de ses actions et de leur dangerosité pour la population de Gaza.
En outre, le Secrétaire général est devenu une recrue, tout comme le gouvernement grec plus tard, de la campagne américano-israélienne visant à arrêter la flottille pour éviter ainsi aux Israéliens d’avoir à envoyer des voyous aborder les bateaux transportant des pacifistes civils.
Pour maintenir le consensus du Quartet dicté par Israël et les USA, le Secrétaire général des Nations unies a fait fi du droit international et a réduit au silence tous les autres États membres des Nations unies.
Les États membres doivent reprendre les Nations unies et mettre fin au Quartet
Il est vrai qu’il y a eu récemment une scission au sein du Quartet, la Russie bloquant certaines des initiatives les plus déplorables des USA à savoir notamment, selon certaines sources, l’inclusion dans la dernière déclaration du Quartet de la demande d’Israël d’être reconnu en tant que « État juif ». Ces différends ne reflètent toutefois aucun débat ni processus véritables : ils montrent simplement l’outrance de la proposition américano israélienne.
Les 191 autres membres des Nations unies ne devraient pas tolérer que leur rôle revienne à un seul membre - représenté par un Secrétaire général faible et complaisant - dans un comité spécial qui a en fait été contrôlé par les USA dans l’intérêt d’Israël.
Les États de la Ligue arabe devraient au moins exiger que le Secrétaire général des Nations unies se retire du Quartet et cesse de financer le bureau de Tony Blair avec des fonds qui étaient censés aider les Palestiniens dont la vie a été dévastée par les politiques israéliennes mêmes que Blair facilite.
Si les Nations unies veulent commencer à jouer un rôle utile dans la restauration des droits usurpés aux Palestiniens, elles doivent commencer par abolir le Quartet obstructionniste et irrémédiablement corrompu.
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*Ali Abunimah est l’auteur de One Country, A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict.
Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka, The Palestinian Policy Network.
La version originale de ce texte peut être consultée ici :
http://english.aljazeera.net/indept...
Traduction : Anne-Marie Goossens
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Bonjour les censeurs.

publié le dimanche 9 octobre 2011
Charles Enderlin

 
Je n’ai participé ni à la préparation, ni à la réalisation d’Un œil sur la planète. Ma seule contribution a été l’interview deNabil Shaath, responsable des affaires internationales du Fatah. A l’exception de Martine Laroche Joubert, je ne connais pas les journalistes, auteurs des reportages. Je me sens donc libre de publier mon point de vue.
D’abord, je n’ai relevé dans les divers sujets aucune fausse information. La Cisjordanie se développe dans la non-violence comme l’a montré Martine Laroche Joubert avec »Un Etat en marche » . J’ajouterai que l’armée et les services de sécurité israéliens se félicitent de leur coordination avec la nouvelle police palestinienne. A Gaza, le Hamas – le pire ennemi d’Israël – a mis en place un régime totalitaire, et la majeure partie de la population n’en peut plus. Oui, dans ce territoire se développe Al Qaida. C’est un scoop du sujet « Les mille visages de Gaza ».
Le problème des colonies montré dans le reportage « Les frontières de la discorde » est exact. Les agriculteurs palestiniens ont le plus grand mal à aller cultiver leurs terres de l’autre côté de la barrière de séparation. Effectivement, dans la vallée du Jourdain les Palestiniens et les bédouins n’ont pas le même accès à l’eau qui va en priorité aux colonies. Pour plus de détails, consultez :http://www.btselem.org/jordan_valle.... On comprend la raison pour laquelle les organisations pro-israéliennes ne veulent pas qu’une chaine publique montre cette situation scandaleuse.
A regretter l’absence dans ce tournage des attaques commises par des colons extrémistes contre des Palestiniens. Incendie de mosquées, destruction de champs d’oliviers, attaques d’unités de l’armée israélienne.. J’ai bien écrit : attaques d’unités de l’armée israélienne. Bien sur, il y a aussi des actions violentes de la part de Palestiniens. Lorsque leurs auteurs sont capturés ils passent devant des tribunaux israéliens. De quand date un seul procès de colon ayant incendié une mosquée ? Cherchez … En l’occurrence, les auteurs d’Un œil sur la planète n’ont pas voulu entrer dans une comptabilité macabre.
« Un droit au retour », tourné au Liban, apporte plutôt de l’eau au moulin de la droite israélienne. Sa conclusion : au pays des Cèdres, les Palestiniens ne veulent pas d’état, seulement revenir en Israël..
Il n’empêche, Patrick Boitet et Etienne Leenhardt ont reçu des centaines de mails d’insulte et de menace. Richard Prasquier, le président du Crif a demandé un rendez vous à Rémy Pfimlin, le Président de France Télévisions, affirmant que l’équipe qui a réalisé l’émission : « a présenté, d’un conflit complexe, une image caricaturale et unilatérale », « en distordant les causalités, en ridiculisant l’adversaire, sans éviter les insinuations à la limite des théories conspirationnistes antisémites » Maniant, à son habitude, l’insulte, Philippe Karsenty, l’ami de Mr.Prasquier en profite par ailleurs, pour me traiter de « délinquant multi récidiviste » Etc. Etc. Sur ce personnage, voir mon livre « Un enfant est mort. Netzarim 30 septembre 2000 »
La réponse à ces réactions violentes se trouve dans le sujet sur « Le lobby pro-israélien » aux Etats-Unis. M.J. Rozenberg, un ancien d’AIPAC raconte comment des organisations comme « Camera » traquent les journalistes déviants. « Le lobby, dit-il, rend la vie difficile aux journalistes qui ne sont pas perçus comme pro-israéliens. Ils auront du mal à trouver un job ou s’ils en ont un à garder un poste. Lorsque je travaillai à AIPAC, il y avait des listes, des dossiers sur chaque reporter. »
L’attaque généralisée contre « Un œil sur la planète » entre visiblement dans ce cadre. Il ne faut rien montrer qui soit défavorable à la politique israélienne d’occupation. Cela s’appelle de la censure et c’est une atteinte intolérable au droit d’informer.
publié sur le blog de C. Enderlin sur France 2
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Israël : "Armée du peuple" ou des religieux ?

publié le lundi 10 octobre 2011
Laurent Zecchini - Le Monde

 
C’est une révolution culturelle, une mutation insidieuse que rien ne semble pouvoir arrêter. L’armée israélienne, matrice de la création de l’Etat juif, melting-pot, disait-on, de toutes les diasporas du monde, est-elle encore l’"armée du peuple" ou celle des religieux ?
La question est stratégique : si une forte proportion des commandants d’unités et des soldats de Tsahal portent kippa, ils ne manifesteront pas beaucoup d’empressement le jour où il faudra évacuer les colons religieux établis sur le territoire du futur Etat palestinien. Parce que leur loyauté sera écartelée entre deux devoirs : la discipline militaire et les interdits du rabbinat militaire.
Pure hypothèse sans doute, puisque le gouvernement israélien n’a aucune intention de réitérer, en Cisjordanie, les opérations d’évacuation (août 2005) des quelque 8 000 colons juifs de la bande de Gaza. Il n’empêche : la question de la colonisation est au coeur des velléités de la communauté internationale pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Le phénomène est avéré : 35 à 40 % des conscrits et officiers d’infanterie sont religieux, de même que 30 % des effectifs des unités de combat. Tels sont les chiffres du professeur Yagil Levy, spécialiste réputé de l’interaction entre l’armée et la société israélienne, qui enseigne à l’Université ouverte d’Israël. "C’est une évolution qui ne cesse de se renforcer, nous explique-t-il. La plupart des commandants de la brigade Golani (prestigieuse brigade d’infanterie) sont des religieux. Quant à revenir en arrière, il est trop tard."
Le professeur Levy n’a rien d’une Cassandre, mais il estime sage de tirer la sonnette d’alarme. Il n’est pas le seul : en juin, le général Avi Zamir, directeur du personnel de l’armée, a quitté ses fonctions en envoyant un brûlot au chef d’état-major, le général Benny Gantz. Sous forme d’un appel à enrayer la radicalisation religieuse galopante au sein des forces armées, qui menace, écrivait-il, de détruire le modèle de l’"armée du peuple".
Son rapport avait été précédé d’une étude du Dr Neri Horowitz. A force d’appliquer strictement le concept d’"intégration appropriée" (un code de conduite pour éviter la promiscuité entre religieux et femmes-soldats), ces dernières sont reléguées dans des postes subalternes, soulignait ce sociologue, qui évoquait une "extrême coercition religieuse".
En apparence, l’institution militaire est une machine bien huilée. Sauf quand des prurits médiatisés révèlent qu’elle est traversée de forces antagonistes. Début septembre, quatre élèves-officiers ont été renvoyés de leur école pour avoir refusé d’écouter une chorale partiellement féminine. Tous étaient des "nationaux-religieux", comme 41 % de leurs condisciples.
Une âpre bataille entre laïques et religieux s’est déroulée en juin à propos de la prière prononcée lors des cérémonies funèbres. Des rabbins militaires avaient peu à peu remplacé la phrase "Puisse le peuple d’Israël se souvenir...", par "Puisse Dieu se souvenir...". Il a fallu l’autorité du chef d’état-major pour rendre au "peuple d’Israël", au moins provisoirement, sa prééminence.
Tsahal n’est pas au bord de la révolte, mais les images des rebelles du bataillon Shimshon, qui, en 2009, avaient manifesté devant le mur des Lamentations pour indiquer leur refus d’évacuer une colonie illégale, sont restées dans les mémoires. Comment en est-on arrivé là ? Le professeur Levy explique qu’à la suite de différents conflits, l’armée a subi le contrecoup d’une perte de motivation au sein de la société : les jeunes étaient de plus en plus réticents à la perspective d’aller passer trois ans (deux ans pour les filles) sous les drapeaux.
La conscription reste de règle en Israël, mais elle s’accompagne d’une multitude de moyens pour y échapper, en particulier pour les religieux. Aujourd’hui, 25 % des jeunes (juifs) en âge de service militaire se débrouillent pour s’y soustraire, cette proportion atteignant 50 % pour les filles. Une sorte de compromis historique a été conclu entre l’armée et les nationaux-religieux. La première avait besoin d’un nouveau "réservoir" de soldats, les seconds ont compris que leur méfiance vis-à-vis de l’institution militaire n’était plus de mise, sous peine d’être davantage marginalisés, et qu’ils pouvaient gagner des positions de pouvoir au sein de l’armée. Ils ont recouru à la vieille stratégie de l’entrisme, les rabbins augmentant leur influence en essaimant dans les unités, jusqu’à former, sur bien des sujets, une hiérarchie parallèle.
Tsahal est aujourd’hui un bouillon de cultures. Nationaux-religieux opposés aux ultraorthodoxes, laïques confrontés à l’irrésistible progression des religieux, femmes soumises à la volonté de ségrégation des rabbins, lesquels imposent un code de "modestie" contraignant.
A bien des égards, le glissement religieux de l’armée rejoint celui de la société israélienne dans son ensemble, de plus en plus dominée par la droite religieuse. Certains se rassurent en rappelant qu’il n’y a rien de commun entre Tel-Aviv l’hédoniste et la religiosité militante de Jérusalem.
Sauf que les politiques n’hésitent pas à jouer avec le feu : "Benyamin Nétanyahou, souligne Mikhaïl Manekin, de l’ONG Breaking the Silence (Briser le silence), est passé maître dans l’art de dire à la communauté internationale : "Vous pouvez comprendre que, vu les partis qui me soutiennent et l’évolution de l’armée israélienne, je ne peux mettre un terme à la colonisation, ni évacuer les colons !"
Publié par LeMonde.fr
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