jeudi 15 octobre 2009

Le théâtre sur le nucléaire iranien est censé détourner notre attention

mercredi 14 octobre 2009 - 06h:40

Ramzy Baroud


Récemment les événements mondiaux ont pris un tour intéressant, avec le rapport Goldstone qui a suscité un tollé fin septembre pour être presque complètement éclipsé par la révélation iranienne d’une autre usine nucléaire conformément à des diplomates à Vienne le 25 septembre.

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Cette comédie est destinée à détourner l’attention du rapport de près de 600 pages préparé par le juge Richard Goldstone pour le compte des Nations Unies.

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La menace nucléaire iranienne - quoique théâtre soit un terme qui convient mieux - a été soulignée à plusieurs reprises, d’abord par le président Obama au cours d’un discours à l’ONU le 23 septembre, ensuite par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou le lendemain. Ce dernier est venu armé de cartes et il a implacablement évoqué le souvenir de l’Holocauste, conformément à un canevas toujours tellement prévisible mais sans âme et trompeur.

Cette comédie était censée détourner l’attention du rapport onusien d’environ 600 pages préparé par le juge sud-africain Richard Goldstone et d’autres, consacré essentiellement aux crimes de guerre israéliens à Gaza.

Confirmant qu’Israël se servait gratuitement d’armes notamment illégales contre une population civile sans défense à Gaza et allant jusqu’à dire qu’Israël a non seulement commis des actes de guerre mais pourrait en fait également avoir perpétré des crimes contre l’humanité, les conclusions du rapport ont toutes été laissées de côté. Le rapport a été vigoureusement rejeté par Netanyahou et ses pairs, méprisé, et enterré en toute arrogance.

En même temps, la déclaration israélienne officielle concernant la pression de l’AIEA sur Israël pour signer le Traité de non-prolifération fut qu’Israël « déplorait » une telle notion. La vanité israélienne est peut-être redondante mais elle est comme toujours exaspérante.

Beaucoup de partisans inconditionnels d’Israël ont accusé la mission Goldstone d’avoir forgé des conclusions avant la clôture des investigations.

Et ainsi une fois encore, Israël a établi sans hésiter qu’il est au-dessus de la loi, réussissant à détourner rapidement l’attention du monde vers la menace plus grande : l’Iran.

Il semble que le président Obama est en train d’apprendre aussi quelques dures leçons concernant l’équilibre des forces entre les Etats-Unis et Israël, négociant à Washington avec le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas - avec une position ferme sur le gel complet de toute activité d’implantation coloniale, des appels clairs et puissants aux Palestiniens pour qu’ils poursuivent sur la voie diplomatique en dépit du refus israélien de prendre en compte l’option de respect du droit international. Selon les mots de l’écrivain israélien Uri Avnery, « C’est indéniable : au premier round du match entre Obama et Netanyahou, Obama a été battu ».

A partir des leçons de l’histoire, on a du mal à pousser l’optimisme jusqu’à attendre une victoire états-unienne au second round, voire plus tôt, pour ce problème.

Ensuite l’exemple israélien fut imité et Obama le suivit à la lettre. Récemment l’utilisation d’armes illégales contre des civils par Israël, son arsenal de centaines d’armes nucléaires et son refus de considérer un désarmement sont devenus dérisoires comparés à la menace potentielle qui pourrait surgir si l’Iran cherchait une arme nucléaire un jour prochain.

Les paroles d’Obama à Ahmadinejad et au peuple iranien à l’ONU ont été décisives : « Ils vont devoir faire un choix : sont-ils disposés à suivre la voie vers une plus grande prospérité et sécurité pour l’Iran, renonçant à l’acquisition d’armes nucléaires ... ou poursuivront-ils un chemin qui mène à une confrontation ? »

Ceci ne peut manquer d’allumer une guerre verbale, au grand plaisir de Netanyahou et de son gouvernement extrémiste.

Mais l’issue de ce duel excèdera certainement le niveau verbal.

Il semble que la réprimande d’Obama et les déclarations de Netanyahou pourraient effectivement être préjudiciable au Traité de non prolifération (TNP) et en fait à nous tous, en encourageant les nations qui jusqu’à présent ne possèdent pas d’armes nucléaires pour faciliter la création de leur propre arsenal. Après tout, ce que nous a appris cet épisode c’est que les nations qui ne possèdent pas encore d’armes de destruction massive auraient mieux fait de prendre le train en marche et d’en faire, car il semble bien que sans elles, ces nations ne sont guère que des cibles.

Quelle ironie et combien Netanyahou est un beau parleur pour réussir à détourner les yeux, les oreilles et les consciences du monde de ce qu’il a fait, vers la notion dangereuse de ce qu’un autre homme jusqu’à présent marqué par ses seuls discours enflammés pourrait faire un jour dans le futur.

Car au sujet de la croisade d’Ahmadinejed pour l’Iran, il est très possible que finalement ceux qui paieront pour ses audacieuses déclarations seront, comme d’habitude, les Palestiniens qui, après le fléau de l’opération Plomb Durci d’Israël il y a près d’un an, attendent toujours les simples nécessités de reconstruire, manquent toujours d’eau propre et de nourriture de base. Netanyahou a été infatigable pour tirer des parallèles entre l’Iran et Gaza, les présentant tous deux au monde comme d’affreuses menaces contre l’existence du l’Etat juif. S’adressant à l’ONU à New York le 24 septembre dernier, il a encore une fois fustigé l’Iran, prêchant que « La lutte contre l’Iran confronte la civilisation à la barbarie. Le régime iranien se nourrit d’un fondamentalisme extrême. Ce qui commence par des attaques contre les juifs se termine toujours par l’engloutissement des autres. Ce régime incarne les extrêmes du fondamentalisme islamique ».

Des paroles intéressantes venant d’un homme dont la précédente administration et l’administration actuelle pourraient bien affronter la Cour pénale internationale pour leur appui à la perpétration de crimes contre l’humanité.

Devant de tels assertions, on se demande à qui dans le monde on pourra bien se fier et qui on devra craindre.

Mais pour le moment, on ne peut qu’espérer que la communauté internationale rejettera toute tentative d’aveuglement par un Netanyahou marchand-de-peurs et insistera pour une enquête rigoureuse et décisive sur les crimes de guerre présumés à Gaza tels qu’ils sont présentés dans le rapport Goldstone, afin que les vrais coupables et non les coupables imaginaires à Téhéran paient le prix de leurs crimes abominables contre le peuple sans défense de la bande de Gaza.

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* Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est écrivain et publie pour PalestineChronicle. Ses écrits sont publiés par de nombreux journaux, quotidiens et anthologies à travers le monde. Son dernier livre : La Seconde Intifada : une chronique du combat du peuple (Pluto Press, Londres) et son prochain : Mon Père était un combattant de la liberté : l’histoire non dite de Gaza (Pluto Press, London).

1° octobre 2009 - Communiqué par l’auteur
Traduction de l’anglais : Marie Meert

Une crise nouvelle se développe en Palestine

mardi 13 octobre 2009 - 12h:00

Kathleen et Bill Christison
CounterPunch


Le sionisme n’a aucune place dans sa pensée, et les dirigeants israéliens n’ont aucune place dans leur politique, pour laisser le moindre non juif, le moindre Palestinien vivre en Palestine en liberté et à égalité.

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Enfant palestinien assassiné dans un bombardement israélien lors de l’attaque sur Gaza de décembre et janvier dernier - Une absence de toute pression sur Israël pour aller vers une solution conduira inévitablement à plus de guerre et plus de morts.


Les tensions montent du fait du manque de fermeté de l’Administration Obama

L’article qui suit est basé pour une grande part sur une partie du nouveau livre que viennent de publier Kathleen et Bill Christisson, qui contribuent à Counterpunch. Leur livre, La Palestine en morceaux est édité par Pluto Press. Il donne une description complète de tous les aspects de l’occupation israélienne des territoires palestiniens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est. Il apporte des points de vue personnels et illustrés, expliquant les façons dont Israël domine et entrave la vie des Palestiniens, et il va même au-delà en abordant les intentions d’Israël pour le long terme. Illustré de plus de 50 photos, le livre soutient que l’occupation fait partie intégrante d’une volonté ultime d’Israël de maintenir sa mainmise sur l’ensemble de la Palestine et de fragmenter les territoires occupés de sorte que toute présence durable des Palestiniens sur ce territoire, en tant que nation, sera réduite à néant.


Nous nous sommes rendus en Palestine de multiples fois, et plus particulièrement à huit reprises depuis 2003, et nous avons pu assister de près à des changements de grande ampleur que le sionisme impose en permanence à la terre et au peuple, et aucun pour le meilleur. Les Palestiniens subissent des niveaux toujours plus élevés dans la persécution et la maltraitance venant d’un régime israélien de droite qui en a eu la possibilité et qui y a été encouragé par l’échec lamentable de l’Administration Obama à exercer sur lui une véritable pression. (Voir Jonathan Cook, How Israel Buried the UN’s War Crime Probe - Counterpunch, 6 octobre 2009).

On ne peut revenir même d’un simple voyage dans toute la Cisjordanie sans s’être rendu compte que le sionisme n’est pas une simple philosophie politique abstraite mais qu’il est au contraire un mouvement juif d’épuration, agressif, exclusif et prévu depuis le début pour retirer de sa route tout ce qui n’est pas juif. A chaque voyage que nous avons fait depuis 2003, les choses avaient été de mal en pis pour les Palestiniens. Vous pouvez véritablement voir ces implantations juives à travers le territoire - tout le territoire de Palestine -, concrètement, vous pouvez véritablement voir que le sionisme n’a aucune place dans sa pensée, et que les dirigeants israéliens n’ont aucune place dans leur politique, pour laisser le moindre non juif, le moindre Palestinien vivre en Palestine en liberté et à égalité.

Peu après qu’Israël ait mis fin unilatéralement à l’opération Plomb durci, son agression violente début 2009 contre Gaza, Obama était investi et promettait de substantiels changements dans la politique étrangère des Etats-Unis et dans la sensibilité et le ton des relations états-uniennes avec le monde et particulièrement le monde musulman. Les décisions politiques d’Obama jusqu’à présent, s’agissant de la Palestine/Israël, semblent cependant démontrer clairement que sur cette question, il n’y aura guère ou pas de changement.

(JPG)La conjonction du massacre de Gaza et de l’élection d’un gouvernement très à droite en Israël, avec le début de la présidence d’Obama a surtout placé le conflit israélo-palestinien au point mort. L’appel plutôt mou d’Obama pour un arrêt de l’expansion de la colonisation israélienne et son échec dans sa pression sur Israël pour cette question confirment bien l’impasse. Ces développements ont clairement montré, pour quiconque n’avait pas déjà noté la tendance ou qui avait espéré qu’on y résiste, qu’Israël n’a aucunement l’intention de renoncer à son contrôle sur toute la Palestine et, de plus, qu’il a manifestement celle de détruire la Palestine en tant que nation, en massacrant et en expulsant son peuple, en s’appropriant sa terre et en étranglant son économie. Obama ne montre aucune inclination à affronter ou à essayer de modifier cette réalité et il a déjà été confronté à des obstacles presque insurmontables ne serait-ce que pour essayer. Les dirigeants israéliens ont travaillé étroitement avec le lobby proisraélien et le système militaro-industriel aux Etats-Unis pour enserrer les Etats-Unis dans un partenariat rigoureux avec Israël et pour veiller à ce que les dirigeants politiques des USA, dont Obama et le Congrès, ne puissent considérer l’occupation israélienne comme une violation insupportable des droits humains et politiques palestiniens.

Les évènements de 2009 jusqu’à présent ont également mis une contrainte psychologique lourde sur toute avancée vers une résolution du conflit. Après Gaza, un grand nombre d’Israéliens manifestent de façon de plus en plus explicite leur haine absolue des Arabes et des Palestiniens, une réaction qui se reflète dans la poussée à droite aux élections. Quant aux Palestiniens, en dépit des années où ils se sont accrochés à un engagement de vivre pacifiquement dans un petit Etat indépendant à côté d’Israël, un grand nombre d’entre eux sont aujourd’hui profondément désabusés et ont perdu le désir de toute réconciliation avec leur occupant. Et aux Etats-Unis, de nombreux secteurs du discours public, sous l’influence du lobby proisraélien et d’une aggravation inquiétante du sentiment anti-arabe et anti-musulman, sont devenus véhémentement encore plus partisans d’Israël, et fermés à toute préoccupation, ou même à toute prise de conscience, des conséquences humaines et nationales pour les Palestiniens d’une occupation toujours plus dure de la part d’Israël et de la dévastation implacable par ses agressions, comme celle de Gaza.

La question cruciale pour l’avenir est de savoir si Obama va affronter le barrage mis sur son chemin par l’opération de Gaza et la poussée à droite d’Israël, ou s’il va simplement reculer devant ces obstacles au progrès. Une absence de toute pression sur Israël pour aller vers une solution conduira inévitablement Israël à poursuivre le renforcement de l’occupation - plus de colonies, plus d’entraves à la croissance palestinienne, et plus de lamentables réalités de toutes sortes pour les Palestiniens. Cela ne signifie pas qu’Israël « gagnera » au bout du compte - quoi que veuille dire « gagner » dans ce contexte. Il est tout aussi probable que les Etats-Unis et Israël seront obligés finalement de modifier leurs propres politiques. Pendant ce temps, il y aura - et toujours plus absurdes - plus de guerre et plus de morts à se perpétrer indéfiniment dans l’avenir. Et tant la responsabilité des Etats-Unis dans ces développements, que la compréhension mondiale de l’origine de cette responsabilité, pèseront de plus en plus au même rythme.

(JPG)Bill Christison est ancien responsable de haut niveau à la CIA.Kathleen Christison est l’auteur dePerceptions of Palestine et The Wound of Dispossession.

Ils sont joignables à l’adresse mél : kb.christison@earthlink.ne.

Edition du week-end du 9/11 octobre 2009 - CounterPunch - traduction : JPP

Après le rapport Goldstone, le Hamas face à un choix décisif

mercredi 14 octobre 2009 - 06h:26

Ali Abunimah - The Electronic Intifada


Le tumulte engendré par la collaboration de l’Autorité palestinienne [AP] avec Israël pour enterrer le rapport Goldstone qui demandait le procès des dirigeants israéliens pour crimes de guerre à Gaza, est un véritable séisme politique, écrit Ali Abunimah.

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Ismaïl Haniyeh, un des premiers dirigeants du Hamas et Premier Ministre du gouvernement palestinien élu.

L’ordre politique dans son ensemble, tel que mis en place depuis 1993 après la signature des accords d’Oslo, est en ruines. Alors que les secousses initiales commencent à s’estomper, les mêmes vieilles structures politiques peuvent toujours paraître en place, mais elles sont lézardées.

Cette crise sans précédent menace de renverser le dirigeant pro-américain Mahmoud Abbas, mais elle laisse également le mouvement Hamas, la principale organisation de la résistance palestinienne, aux prises avec des choix fatidiques.

Abbas, habitué à être entouré de copains corrompus, de sycophantes [délateurs] et de bénis oui-oui a mal évalué l’impact de sa décision - prise selon les instructions israéliennes et américaines - de retirer le soutien de l’AP à la résolution du Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme à Genève, renvoyant le rapport Goldstone à des décisions ultérieures. Après tout, l’Autorité palestinienne a déjà saboté, et activement, les droits palestiniens au Nations Unies à au moins deux reprises ces dernières années, mais sans grande réaction.

Cette fois-ci, des torrents de protestations et d’indignation ont surgi venant de presque toutes les directions. C’était comme si soudain éclatait, rompant tous les barrages, toute la colère et toute la douleur étouffées jusque-là sur la collaboration de l’Autorité palestinienne avec Israël pendant les massacres dans Gaza l’hiver dernier.

« Le crime à Genève ne peut pas passer sans que tous les responsables ne rendent des comptes », écrit Al Quds Al-Arabi, le très consulté journal basé à Londres, dans son éditorial principal daté du 8 Octobre. Le journal a demandé le limogeage d’Abbas et de ses acolytes qui ont trahi les victimes des massacres israéliens et « sauvé Israël de la plus grave crise morale, politique et juridique, à laquelle il doit faire face depuis sa création. »

Parler de collaboration - et même de trahison - a depuis toujours un sujet tabou et douloureux parmi les Palestiniens, comme pour tous les peuples occupés. Il a fallu des décennies en France après la Seconde Guerre mondiale pour commencer à parler ouvertement de l’ampleur de la collaboration qui s’était développée sous le gouvernement de Vichy soutenu par les nazis. Abbas et ses milices - qui depuis longtemps sont armées et entraînées par Israël, les Etats-Unis et les soi-disant « modérés » des Etats arabes, pour faire la guerre à la résistance palestinienne - se sont appuyés sur ce tabou pour mener à bien leurs activités avec une audace et une brutalité croissantes. Mais ce tabou n’accorde plus de protection, alors que des appels pour le limogeage de M. Abbas et même son passage en jugement sont lancés par des organisations palestiniennes dans le monde entier. Le mouvement Hamas semble aussi avoir été pris par surprise par la force de la réaction. Les dirigeants du Hamas ont critiqué le retrait par Abbas de la résolution à propos du rapport Goldstone, mais ce fut d’abord remarquablement en sourdine. Dès le début, Khaled Mechaal, responsable du bureau politique du mouvement, a insisté sur le fait que malgré le fiasco sur le rapport Goldstone, le Hamas allait poursuivre les négociations prévues plus tard dans le mois et sous médiation égyptienne pour une réconciliation avec le Fatah, en présence d’autres petites formations, disant que parvenir à un partage du pouvoir restait de « l’intérêt national ».

Comme le séisme perdurait, les dirigeants du Hamas ont intensifié leur rhétorique - suivant apparemment l’opinion publique mais ne la précédant pas. Mahmoud Zahar, un éminent dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, a qualifié Abbas de « traître » et a demandé instamment qu’il soit déchu de sa nationalité palestinienne. Le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, prenant la parole devant une session convoquée à la hâte du Conseil Législatif Palestinien, a déclaré que Abbas était personnellement responsable du « crime » commis à Genève, et un haut responsable de la force de police contrôlée par le Hamas à Gaza a tenu une conférence de presse pour annoncer qu’Abbas et ses acolytes feraient l’objet d’une arrestation s’ils mettaient un pied à Gaza.

Tout cela place le Hamas dans une impasse. Avant la crise suite au rapport Goldstone, le Hamas avait fait savoir qu’il acceptait les propositions égyptiennes les plus récentes pour la réconciliation. La proposition égyptienne peut être décrite comme technocratique - elle traite des mécanismes pour les élections, de la libération des prisonniers, de la formation de comités et autres questions. Elle ne résout pas les divergences politiques et philosophiques fondamentales sur le rôle de la résistance et de la lutte armée, rejetée par Abbas et défendus par le Hamas. Elle ne traite pas le problème de « coordination de la sécurité » avec Israël qui a entraîné la mort et l’arrestation par l’Autorité palestinienne [de Ramallah] de nombreux combattants de la résistance palestinienne et la fermeture de centaines d’organisations et d’organisations caritatives palestiniennes.

Malgré le fossé qui subsiste, le Hamas souhaitait signer un accord d’unité. faire partie de l’AP reconnue par l’occident serait pour le Hamas un billet pour le « processus de paix » - quelque chose que le Hamas cherche et que Meshal n’a pas caché, bien qu’avec ses propres formulations. Abbas était moins désireux d’unité, lui et ses copains résistant encore à l’idée de traiter le Hamas comme une force politique disposant d’une légitimité populaire. Mais après Goldstone, Abbas a besoin du Hamas.

Le Hamas aujourd’hui ne peut pas suivre deux voies en même temps : il ne peut pas parler « d’unité » et de « réconciliation » avec des gens qu’ils considère - et avec de nombreux Palestiniens - comme des « traîtres ». Rechercher l’unité avec de tels individus reviendrait à dire que le Hamas souhaite rejoindre un gouvernement de traîtres. Pour l’instant, le Hamas souhaite gagner du temps et a demandé à l’Egypte de reporter la réunion prévue au Caire plus tard dans le mois.

La stratégie du Hamas à long terme de tenter de rejoindre l’édifice, qui lentement s’écroule,de l’Autorité palestinienne n’a désormais plus aucun sens. Il semble maintenant plus probable que l’opération ne se fera plus, bien que le Hamas doive manœuvrer pour éviter des reproches et maintenir son canal de communication avec l’Egypte, laquelle soutient le Fatah.

Peut-être l’issue la plus probable, au moins dans le court terme, est une impasse qui reste en l’état, avec un Abbas, désormais entièrement dépendant des forces israéliennes et américaines pour se maintenir au pouvoir, bien qu’il n’ait ni légitimité ni crédibilité et qu’il soit largement méprisé.

La question la plus difficile pour le Hamas sera, que faire après ? Va-t-il essayer de se débrouiller comme il a commencé à le faire, ou va-t-il se rallier à l’opinion publique palestinienne en s’opposant et en résistant jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne collaborationniste de Mahmoud Abbas soit dissoute ? Ce serait un énorme changement stratégique - le Hamas aurait probablement à abandonner les signes extérieurs de « gouvernement » qu’il a adoptés depuis qu’il a remporté en 2006 les élections législatives, et devra revenir à ses racines en tant que mouvement social et organisation clandestine.

Il n’aura pas beaucoup de temps pour décider quelle direction prendre. Les espoirs soulevés par la première initiative de l’Administration d’Obama pour l’établissement de la paix ont été déçus après la capitulation d’Obama devant le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur la question des colonies, même si l’envoyé spécial des Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell, poursuit une « diplomatie » tout à fait stérile visant à ramener le gouvernement israélien « rejectionniste » face à face dans des « négociations » avec le cadavre politique de M. Abbas.

Et comme Israël accélère la colonisation de la Cisjordanie et le nettoyage ethnique de Jérusalem, il est fortement question d’une nouvelle Intifada.

L’effondrement politique en cours offre à tous les Palestiniens - y compris au Hamas - une nouvelle opportunité : construire sur une large base une résistance populaire, légitime au niveau international, qui mobilise l’ensemble de la société palestinienne comme l’a fait la première Intifada, et renoue avec les Palestiniens en Israël qui font face à une menace existentielle à cause de l’escalade du racisme israélien. Ce mouvement doit travailler avec la campagne de solidarité mondiale, tout en la renforçant, afin de faire pression sur Israël - et ses collaborateurs - pour que cesse la répression, le racisme et la violence, et pour hâter l’émancipation de tout le peuple de Palestine.

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* Ali Abunimah est cofondateur de The Electronic Intifada et l’auteur de « One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse » (Metropolitan Books, 2006). Cette analyse est initialement parue au Palestine Center.

8 Octobre 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Claude Zurbach

"Israël" exhorte Ankara à "revenir à la raison sur leurs liens stratégiques"


14/10/2009 Le vice-Premier ministre israélien Sylvan Shalom a exhorté mardi Ankara à "revenir à la raison", notamment après sa décision d'exclure "Israël" des manoeuvres aériennes internationales organisées en Turquie.

"La détérioration des liens avec la Turquie ces derniers jours est regrettable", a indiqué Shalom, cité par son bureau.

Selon lui, "la Turquie est un important Etat musulman partageant des liens stratégiques avec Israël. J'espère que les Turcs vont réaliser que la relation entre les deux pays est dans leur intérêt, autant que dans le nôtre".

Des responsables israéliens se sont inquiétés cette semaine après la décision d'Ankara d'annuler des manœuvres aériennes prévues à partir de lundi en Turquie, auxquelles devait participer "Israël", y voyant une volonté turque de prendre ses distances avec lui.


Le département d'Etat américain a, de son coté, déploré mardi l'exclusion d'"Israël" des manœuvres aériennes conjointes, qualifiant cette décision d'"inopportune".

http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=106827&language=fr

Nous vaincrons

Palestine - 15-10-2009
Par Mazin Qumsiyeh > mazin@qumsiyeh.org
Netanyahu avait l’air vieux, fatigué et en colère lors de son « discours » devant la Knesset. Il n’a rien dit de nouveau, il s’est contenté de régurgiter les mêmes vieux mythes sur la protection des Israéliens accusés de crimes de guerre, il a dit à son public (qui avait l’air lui aussi fatigué et de s'ennuyer) que le rapport Goldstone était un mensonge, qu’Israël se défendrait, que le monde ferait mieux de « régler la question de l’Iran » et que les Palestiniens feraient mieux de reconnaître Israël comme Etat juif pour parvenir à la paix, enfin... la paix selon les conditions des occupants.







































Enfants du camp de réfugiés d'Aida, à Bethléem (photo ISM)


Un peu plus tôt, Mahmoud Abbas avait fait un discours dans lequel il déclarait que les dirigeants du Hamas se servaient de l’affaire Goldstone pour éviter de signer un accord de réconciliation. Il a répété ses autres positions, que nous connaissons maintenant très bien. Lui aussi avait l’air fatigué, en colère, et vieux. Puis le chef du Hamas à Damas, debout devant une photo du président syrien, a fait un discours qui répétait les positions connues du Hamas. Lui aussi avait l’air en colère et fatigué. George Mitchell est venu faire un autre voyage sans résultats (j’ai perdu le compte du nombre de fois où il a rencontré les « dirigeants » de tous les bords ici). Lui aussi a souri aux caméras mais, faisant ses remarques, il est apparu frustré et en colère.

L’administration US a dit qu’il était vraisemblable qu’elle « ralentisse » les efforts de paix (merci de toutes façons pour le Prix Nobel de la Paix). Israël refuse simplement de se conformer aux accords qu’il a signés, en particulier les exigences de la feuille de route de geler ses activités coloniales et revenir à la situation telle qu’elle était avant 2000 (une demande plutôt minimale et légère, j’ajouterais). Les autres parties ont fait des déclarations et des communiqués contre telle ou telle position.

Sur le terrain, les choses semblent plutôt moroses. Nous sommes maintenant dans une situation où chaque ville ou cité palestinienne peut être bouclée ou ouverte selon le bon vouloir de l’armée israélienne. Cette occupation israélienne qui a kidnappé 12 Palestiniens de plus en Cisjordanie au cours des dernières 24 heures. A Gaza, les médecins font état d’une incidence croissante de malformations à la naissance (vraisemblablement liées à l’utilisation d’armes illégales par Israël, à l’eau polluée, à la malnutrition, et à tout cela à la fois). En Cisjordanie, nous apprenons à nous baigner avec un seau d’eau (et le garder ensuite pour d’autres usages, et à le faire moins fréquemment !). Les fermiers repoussent les attaques incessantes des colons pendant la saison traditionnelle de récolte des olives. Certains sont interdits d’accès à leurs propres terres. Et les maisons continuent d’être démolies.

Devant un tableau aussi indécent, on est tenté par le découragement. Je connais quelques Palestiniens qui s’y abandonnent. Nous réfléchissions à tout cela lors d’une visite au Centre de Biotechnologie de l’Université polytechnique. Par hasard, Mohammed Dahlan, soutenu par l’ouest, devait y faire un discours. Ses apparitions publiques se multiplient car il se prépare à remplacer Abbas comme « président » de l’ « Autorité Palestinienne » (les guillemets sont justifiés par le fait que nous n’avons pas d’autre réelle autorité que celle de l’occupation israélienne). Mais nous n’étions pas là pour voir Dahlan. Nous avons rencontré quelques étudiants en science. Des gens pratiques, sérieux, et qui travaillent dur. Cela m’a fait penser à l’espoir. Non, je n’ai aucun espoir que les politiciens se réveillent soudain à la réalité ! Mais l’espoir à cause d’une foi profonde dans la qualité et la tenue des gens du commun. Ici, c’est le photographe amateur de 11 ans, dans le camp de réfugiés d’Aida, qui a plus de sagesse et certainement plus d’énergie que beaucoup d’adultes que je connais. Le vieil homme aimable de 70 ans, qui me dit en souriant qu’il continue à aller sur sa terre malgré les checkpoints et les murs sur son chemin. La vieille femme à qui on offre des millions pour sa maison à Jérusalem mais qui refuse de la vendre aux colonisateurs et aux occupants. Le professeur d’université, et ami cher, qui a perdu sa femme à la suite d’une maladie et qui continue à éduquer la nouvelle génération de tout son cœur et de toute son âme. La jeune aveugle qui reste avec ses camarades de classe. Le chômeur qui garde sa dignité, ne demande pas d’aide, et continue à essayer de trouver du travail. La paysanne qui traite ses légumes comme s’ils étaient ses enfants. L’imam de la mosquée et le prêtre à l’église, qui écoutent les problèmes des gens avec une délicatesse et une compassion hors du commun. Les millions de ceux qui, par leur simple présence et détermination, nous inspirent.

Tous les matins, lorsque nous partons en voiture pour l’Université (ma femme commence ses cours à 8h, alors nous partons ensemble), nous voyons des écoliers qui rient, se tiennent par la main, courent, et dans leurs yeux, nous voyons l’espoir. Dans leurs peaux couleur olive, leurs cheveux noirs de jais, dans leurs traits bien marqués, nous voyons nos ancêtres cananéens nous encourager. Les difficultés du présent prennent leur rôle naturel de chocs le long de la route entre notre passé et notre futur. Ainsi, même une visite au cimetière, que nous faisons chaque semaine pour chaque nouvelle mort, devient étrangement un lien et une émancipation. Les vieux meurent heureux dans leur patrie. Les martyrs ne sont pas oubliés, et ils sont glorifiés pour leurs sacrifices. Le passé, le présent et le futur n’ont du sens que dans l’amour de la terre.

Ces deux dernières semaines, je faisais des recherches sur une série de vieilles photos de Palestine qui viennent d’être numérisées à la bibliothèque du congrès. Certaines de ces photos montraient ma ville natale dans les années 1920, 1930 et 1940. Avec quelle excitation j’en ai découvert une de la maison de mes arrière-arrières grands-parents. L’image (prise au début des années 1920) est la seule qui existe de mon arrière grand-mère (un vieux cousin l’a reconnue). D’autres photos montrent une abondante récolte de blé. Nous avons été fermiers, bergers et artisans pendant des centaines d’années et, en dépit de toutes les difficultés, NOUS sommes toujours là. Je souris alors que nous commençons les préparatifs de la récolte des olives (bien qu’il semble qu’elle soit moins belle que celle de l’année dernière). Je souris tandis que j’arrête ma voiture dans la rue principale de Bethléem, pour laisser traverser un troupeau de moutons, conduit par un gars qui ressemble exactement à ceux que j’ai vus sur les photos anciennes. Oui, le mouvement sioniste a détruit 530 villages et construit une métropole à la mode européenne de colonies en réseau partout ici, les remplissant de gens importés à qui on a lavé le cerveau pour qu’ils croient que la seule manière d’asseoir leur pouvoir est de détruire les autres. Mais ils ne s’y sentiront jamais chez eux tant qu’ils ne reconnaîtront pas l’injustice faite à la population indigène, et demandent, humblement, le retour de ceux qu’ils ont expulsés ou obligés à partir. C’est en partie la raison pour laquelle 700.000 israéliens naturalisés vivent maintenant en dehors du pays.

Le temps n’est pas tendre avec les assassins et les voleurs. Nous sommes la Palestine qui ne changera jamais en tant que terre, et son peuple est loin d’être vaincu, même si nous sommes obligés de vivre dans ces ghettos et ces camps de réfugiés pendant 10 ou 30 ans de plus. La terre est constellée des affreux édifices de l’occupation, dont le mur d’apartheid. Mais la terre est rouge et douce et fertile et patiente. Après tout, elle est mélangée aux cendres et à la sueur de nos ancêtres. L’histoire n’est pas statique. Nous avons davantage d’amour et de communauté que l’amalgame de gens différents qui vivent dans des maisons chics dans les colonies, avec tous les produits qu’ils veulent.

Je souris quand je vois des adolescents danser la traditionnelle dabka (je suis abasourdi par leur énergie tandis que leurs pieds semblent ne pas toucher le sol). Les gens continuent à rêver et à espérer et à aspirer à la liberté. Les actes d’héroïsme et de résistance continuent. En dépit des difficultés, la plupart des Palestiniens vivent dans un confort psychologique, et certainement plus contents de leur sort que les usurpateurs distants, ou les quelques-uns parmi notre propre peule qui ont renoncé.

Beaucoup d’Israéliens et d’Internationaux qui viennent ici tous les jours pour nous soutenir deviennent une partie de cette merveilleuse mosaïque vivante et en pleine santé. Cet esprit est celui qui poussait les afro-américains à chanter, en tenant la main des blancs honnêtes, « un jour nous vaincrons ». C’est l’esprit de Jaffa, d’Haïfa, d’AnNasra, de Naplouse, de Jenin, de Bil’in, de Ni’lin, d’Al-Quds, de Rafa, de Gaza, de Khan Younis et des 1.400 autres villes et villages dans lesquels nous vivons, ou ces villages qui vivent toujours dans les cœurs de leurs propriétaires qui ont juré : un jour nous reviendrons – un jour nous serons libres – un jour nous vaincrons.

la conférence de Moscou fixée après la reprise des négociations palestino-israéliennes

21:50|14/ 10/ 2009

NEW YORK (Nations unies), 14 octobre - RIA Novosti. Moscou annoncera la date de la conférence sur le Proche-Orient tout de suite après la reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, a déclaré mercredi Konstantin Dolgov, délégué permanent adjoint russe auprès de l'ONU.

"Nous serons prêts à annoncer la date de la convocation de la conférence de Moscou juste après la reprise, prochaine espérons-le, des négociations, pour que la communauté internationale puisse soutenir le processus amorcé, accorder un appui consolidé à l'obtention de résultats rapides sur le volet palestinien et soutenir la reprise des négociations sur les volets syrien, libanais et multilatéraux du règlement au Proche-Orient", a indiqué M.Dolgov lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

L'idée de la convocation d'une telle conférence en 2009, formulée par Moscou, avait été soutenue auparavant par le Quartette de médiateurs internationaux (Russie, USA, UE et ONU) sur le Proche-Orient, le Conseil de sécurité de l'ONU et les leaders du G8.

http://fr.rian.ru/world/20091014/123505452.html

Dialogue inter-palestinien : Le Fatah signe l'accord de réconciliation

Le Mouvement palestinien Fatah, dirigé par le président Mahmoud Abbas, a signé l'accord de réconciliation inter-palestinienne, et compte le remettre aujourd’hui à la médiation égyptienne, a annoncé hier un haut responsable du parti. Selon le chef de la délégation du Fatah aux négociations inter-palestiniennes, Azzam al-Ahmad, "le document égyptien de réconciliation (...) a été signé par le Fatah". "Je vais me rendre au Caire aujourd’hui pour le remettre aux responsables égyptiens", a affirmé M. al-Ahmad. Cet accord de réconciliation n'est pas encore signé par le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza. Aux termes de la proposition égyptienne, Fatah et Hamas devaient signer séparément cet accord d'ici au 15 octobre, et le 20 octobre pour les autres factions palestiniennes. L'accord de réconciliation inter-palestinien prévoit l'organisation d'élections législatives et présidentielle palestiniennes d'ici à la mi-2010, au lieu du 25 janvier prochain comme le stipule la loi fondamentale palestinienne.

Ban Ki-moon soutient la volonté palestinienne de soumettre au Conseil des droits de l'homme le rapport sur les crimes sionistes à Gaza

Téhéran.Irna. 13 Octobre 2009.

Le secrétaire général de l'ONU soutient le président palestinien Mahmoud Abbas dans sa volonté de soumettre au Conseil des droits de l'homme le rapport sur les crimes commis lors de la guerre à Gaza, a déclaré lundi la porte-parole de Ban Ki-moon.

Le secrétaire général de l'ONU soutient le président palestinien Mahmoud Abbas dans sa volonté de soumettre au Conseil des droits de l'homme le rapport sur les crimes commis lors de la guerre à Gaza, a déclaré lundi la porte-parole de Ban Ki-moon.

MM. Ban et Abbas se sont entretenus de cette épineuse question lors d'une conversation téléphonique, a précisé la porte-parole, Michèle Montas.

Le secrétaire général des Nations unies, a poursuivi Mme Montas, "a exprimé son soutien à la position du président Abbas et d'autres Etats membres qui consiste à soumettre le rapport Goldstone à l'examen approprié" du Conseil des droits de l'homme, dont le siège se trouve à Genève.

Mahmoud Abbas s'était d'abord attiré les foudres de nombreux Palestiniens après avoir défendu le report à mars 2010 du vote d'une résolution sur ce rapport du juge Richard Goldstone, qui accuse notamment le régime israélien de "crimes de guerre" durant son offensive à Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.

Un revirement que Ban Ki-moon a salué, a ajouté Michèle Montas, observant que le secrétaire général des Nations unies était, lui aussi, pour que le Conseil des droits de l'homme revienne sur sa décision de reporter l'examen du rapport à mars 2010.

A Genève, le représentant permanent palestinien, Ibrahim Khraishi, a confirmé à l'AFP avoir demandé une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme, ajoutant qu'elle pourrait avoir lieu jeudi ou vendredi.

M. Khraishi a justifié le revirement palestinien par "l'agression israélienne à Jérusalem", où les Palestiniens accusent des extrémistes juifs d'avoir fait intrusion la semaine dernière sur l'esplanade des mosquées, lieu saint de l'islam ce qui est à l'origine d'incidents lors d'une grève générale et de manifestations palestiniennes pour "la défense de Jérusalem".

Dans son rapport, la commission dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone, recommande aux deux parties d'effectuer leurs propres enquêtes sur les événements de l'hiver dernier. Si aucun progrès n'était réalisé d'ici six mois, il suggère au Conseil de sécurité de saisir le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

Ouvrant la nouvelle session parlementaire, M. Netanyahu a vivement critiqué le rapport Goldstone.

http://www2.irna.ir/fr/news/view/line-96/0910137967213412.htm

Plus de 330 Palestiniens seraient détenus en Israël sans procès

15/10/2009
Plus de 330 Palestiniens sont actuellement emprisonnés sans procès en Israël, ont indiqué hier deux organisations israéliennes de défense des droits de l'homme. Sur ces 335 prisonniers en « détention administrative », l'un est un mineur et trois sont des femmes, selon les ONG B'Tselem et Hamoked. Un prisonnier est détenu depuis près de cinq ans et 28 autres depuis deux à quatre ans. Selon ces deux associations, « l'usage extensif de la détention administrative viole la loi internationale qui ne l'autorise que pour de très rares cas ». Elles accusent l'armée d'avoir mis en place un « semblant de procédure judiciaire », étant donné que « dans de nombreux cas les accusés ne sont pas tenus au courant des pièces du dossier de l'accusation ».

L’ONU demande des enquêtes « crédibles » sur les crimes de guerre à Gaza

15/10/2009
Le Conseil des droits de l'homme réunit aujourd'hui en session extraordinaire sur la situation dans le territoire palestinien et à Jérusalem.
L'ONU a demandé hier l'ouverture par Israël et les Palestiniens d'enquêtes « crédibles » sur les graves allégations de crimes durant le conflit de Gaza, appuyant ainsi l'une des recommandations d'un rapport controversé sur ces événements. « Le secrétaire général (Ban Ki-moon) appelle toutes les parties à mener en interne, sans tarder, des enquêtes crédibles sur la manière dont le conflit a été conduit », a déclaré son adjoint chargé des affaires politiques, Lynn Pascoe, lors d'un débat au Conseil de sécurité.
L'ouverture de telles enquêtes est une des recommandations du rapport de la commission d'enquête dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone. Le rapport accuse l'armée israélienne, ainsi que les militants palestiniens, d'avoir commis « des crimes de guerre » et « de possibles crimes contre l'humanité » durant l'offensive israélienne contre la bande de Gaza en décembre-janvier derniers. Ce rapport, totalement rejeté par Israël et les États-Unis, recommande qu'en l'absence de telles enquêtes l'affaire soit renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI). Les pays arabes ont profité du débat onusien mensuel sur le Proche-Orient pour braquer les projecteurs sur ce rapport, qui stigmatise principalement Israël. Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riad al-Malki, a appelé à une « mise en œuvre sérieuse » des recommandations du rapport. L'ambassadrice d'Israël, Gabriela Shalev, a au contraire rejeté le rapport, affirmant qu'il « favorise et légitime le terrorisme ». « Il constitue une récompense pour les organisations terroristes en ce qu'il dénie à Israël le droit de défendre ses citoyens », a-t-elle dit. Le débat ne devait pas donner lieu à une décision du Conseil de sécurité, selon plusieurs diplomates.
À Genève, le Conseil des droits de l'homme a convoqué pour aujourd'hui une session extraordinaire sur « la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé et à Jérusalem ». Durant cette session, les 47 États membres vont examiner un projet de résolution inspiré par l'Autorité palestinienne avec l'aval des pays arabes, musulmans et non alignés. Le texte soutient les recommandations du rapport Goldstone et appelle les parties concernées, dont les organes de l'ONU, à « assurer leur application immédiate en accord avec leurs mandats respectifs ». Ce paragraphe devrait poser problème à plusieurs pays, car il implique que le texte soit renvoyé au Conseil de sécurité, ce qui attiserait la colère d'Israël et pourrait encore compliquer le processus de paix au Proche-Orient, selon une source diplomatique. Selon la même source, les partisans de la résolution devront céder sur cette question s'ils veulent que le document soit adopté.

Action solidaire de la CNT : solidarité avec la coopérative de femmes palestiniennes Aseela

publié le mercredi 14 octobre 2009

la Confédération Nationale du Travail

Dans le cadre de son travail de solidarité avec les palestiniens, le groupe de travail Palestine du Secrétariat international de la CNT lance une souscription pour l’achat de savons à l’huile d’olive.

Ces savons sont produits par une coopérative de femmes de la région de Bethléem, Aseela, dont plusieurs sont originaires du camp de réfugiés de Dheisheh avec lequel nous avons développer de nombreux liens. Cette coopérative essaye de développer des possibilités pour les femmes d’avoir une activité et un revenu dans un contexte toujours plus difficile du fait de l’occupation israélienne.

Ce savon de 100 grammes fait entièrement à l’huile d’olive est doux et convient parfaitement aux peaux fragiles. Le prix est de 2,5 euros et il sera disponible à partir de novembre.

Une journée de distribution et des permanences le mercredi soir pour récupérer les commandes seront organisés sur Paris au CICP.

Pour les envois en dehors de la région parisienne, nous vous remercions de commander par multiple de 5 pour faciliter la manutention. Les frais d’envoi sont de 3,5 euros pour 5 savons, 6 euros pour 10 à 15, 7 euros pour 20 à 50.

Les chèques, à l’ordre d’ « Entre ici et là-bas » sont à envoyer au 21 ter, rue voltaire 75011 Paris, accompagnés de vos nom, prénom, adresse (pour envoi) et email pour pouvoir vous informer des dates de distribution.

GT Palestine du SI de la CNT palestine@cnt-f.org

Rapport Goldstone ; Un message tué dans l’œuf

publié le mercredi 14 octobre 2009

Chaïmaa Abdel-Hamid
La politique belliciste d’Israël a été condamnée par le rapport Goldtsone. Les Palestiniens n’ont pas réussi à en profiter en raison de leurs divisions.

« D’habitude, on parle de tuer le messager qui porte la mauvaise nouvelle. Ici, il s’agissait de tuer dans l’œuf le message avant même qu’il ne soit entendu », c’est ce qu’a déclaré le juge Goldstone, auteur du rapport accusant Israël de crimes de guerre. Ce rapport qui a suscité d’énormes débats dans le monde entier depuis sa publication. Les Israéliens ont paniqué, les Palestiniens se sont trouvés face à une attitude incohérente. Celle de leur président Mahmoud Abbass qui a accepté le report du débat et celle du Hamas qui n’a pas manqué l’occasion pour critiquer le chef de l’Etat d’avoir, soi-disant, trahi son peuple, alors que le mouvement s’était élevé, au départ, contre le rapport.

Les réactions dans le monde arabe ne sont pas moins faibles. Un grand débat qui s’est ouvert et ne s’est pas refermé depuis. L’ancien juge sud-africain Richard Goldstone a mené son enquête dans laquelle il a établi que l’Etat hébreu « avait commis des actions qui équivalaient à des crimes de guerre, peut-être des crimes contre l’humanité » au cours des opérations militaires conduites du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 dans la bande de Gaza. 13 Israéliens et près de 1 400 Palestiniens ont été tués lors de l’opération « Plomb durci » contre le Hamas. Le rapport affirme également que « les groupes armés palestiniens ont commis des crimes de guerre, et peut-être aussi des crimes contre l’humanité » en tirant des roquettes sur le sud d’Israël. Dans le fond, ce rapport n’est pas le premier à avoir pointé du doigt les crimes d’Israël. Il vient simplement confirmer les pratiques militaires israéliennes largement analysées pendant la guerre de Gaza. Amnesty International, Human Rights Watch et une série de groupes israéliens respectés de défense des droits humains avaient déjà publié plusieurs rapports fiables condamnant Israël pour ses tactiques qui avaient violé les lois de la guerre et le droit humanitaire international. Et sans bien sûr oublier le plus dangereux, à savoir le texte intitulé Briser le silence qui renferme des commentaires de 30 membres des forces israéliennes de défense qui avaient participé à l’opération Plomb durci. Ces accusations ne sont donc pas nouvelles, mais constituent une sorte de synthèse qui finalement condamne Israël. Mohamad Gomaa Khamis, directeur de la rédaction du magasine Al-Qods, affirme que la plus grande importance de ce rapport réside dans le fait qu’il offrait une énorme et rare chance pour les Palestiniens de pouvoir enfin poursuivre les Israéliens devant la justice. « Israël s’est trouvé tout d’un coup coupable devant le monde entier et accusé par des organisations internationales d’avoir commis des crimes de guerre. Ce qui le met sans aucun doute dans une situation embarrassante », affirme-t-il.

En effet, Israël se trouve dans une des situations les plus embarrassantes. Ce qui explique d’ailleurs sa réaction essayant à tout prix de minimiser, voire même de réfuter l’importance du rapport pour s’éviter toute accusation. Les Israéliens ne se sont donc pas empêchés d’affirmer que, pour eux, la mission d’enquête du juge Richard Goldstone est « née dans le péché », car elle tient son mandat de la commission des droits de l’homme de l’Onu à Genève. Gabriella Shalev, professeur de droit et ambassadrice d’Israël à l’Onu, a d’ailleurs lancé, en guise de réponse à l’auteur du rapport : « Nous n’avons pas de leçon de morale à recevoir de cette commission contrôlée par des pays comme le Zimbabwe, la Libye, le Pakistan ou le Bangladesh, qui violent tous les jours les droits de l’homme ». Tout en ajoutant que « l’un des membres de la mission, Christine Chinkin, a même publiquement dénié à Israël le droit à l’autodéfense avant d’entreprendre son enquête ». Selon elle, le rapport Goldstone est « injuste et politiquement biaisé ». Il ignore les dizaines de milliers de roquettes tirées durant des années par le Hamas contre les agglomérations civiles du sud d’Israël, et il ne mentionne ni ses attentats terroristes, ni son ambition déclarée de détruire Israël, ni même le soldat Gilad Shalit qui n’a pas été visité une seule fois par le CICR depuis sa capture par le Hamas en 2006. L’Etat hébreu reste donc en pleine panique et a choisi ainsi de rejeter les accusations de crimes de guerre, après avoir refusé de coopérer avec l’enquête.

Abbass en situation critique

Les choses n’en restent pas là. Pire encore est la situation palestinienne qui n’a essayé, en aucune mesure, de profiter de ce rapport qui la défend et n’a au contraire fait qu’accentuer son déchirement interne. En effet, qu’il s’agisse du camp du Fatah ou celui du Hamas, les réactions ont été bien choquantes pour le monde entier. Pour Khamis, « le vrai problème réside dans la réaction officielle palestinienne ». Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass est devenu la cible de vives critiques, y compris dans son propre camp, à la suite du report controversé du vote sur le rapport de l’Onu. « Ce qui est arrivé est une erreur, mais elle ne peut pas être réparée », a affirmé le secrétaire général de l’OLP. Abbass est accusé d’avoir cédé à des pressions des Etats-Unis et d’Israël pour remettre aux calendes grecques l’examen du rapport de la commission d’enquête de l’Onu. Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a décidé de reporter à sa session de mars 2010 le vote d’une résolution sur le rapport du juge Goldstone.

Un comportement bien bizarre de la part d’Abou-Mazen et qui a suscité d’énormes critiques dans le monde entier. A l’appel des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme, de centaines d’habitants de Ramallah ont manifesté contre « cette insulte au peuple palestinien ». Une cérémonie de lancement de chaussures a aussi eu lieu dans la bande de Gaza et l’affiche du président palestinien Mahmoud Abbass en était la cible.

Il n’est pas question pour le Hamas de manquer cette occasion, il a même été le principal directeur de cette colère. Bien que méfiant à l’égard du document qui leur impute également des crimes de guerre, les dirigeants du Hamas ont accusé le président palestinien Mahmoud Abbass de trahison. Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, cherchant à exploiter ce qui apparaît comme une bévue de son adversaire politique, a accusé Mahmoud Abbass d’avoir personnellement commandité le report. « Cette décision absurde et criminelle place un immense obstacle sur le chemin de l’unité palestinienne », a averti Haniyeh. Pour Gomaa Khamis, le Hamas a essayé de profiter de cette occasion et a décidé de s’en servir pour s’opposer à son rival, le Fatah. « Le Hamas a agi sans penser réellement aux résultats de son comportement », et d’ajouter : « Dans un premier temps, le Hamas rejetait ce rapport, et après le comportement de Abbass, ils parlent de perdre l’occasion de profiter de ce rapport ».

En guise de rattrapage et face au tollé, Abbass a fait savoir, par la voix du chef des négociateurs Saeb Erakat, qu’il avait changé d’avis et qu’il allait envisager de « demander au bloc arabe et islamique de présenter officiellement le rapport Goldstone » aux différentes institutions onusiennes et internationales. Ce qui fut officiellement fait, le lendemain, par la Lybie. Tripoli a affirmé avoir fait cette demande au nom du groupe arabe à l’Onu. Aujourd’hui, les Palestiniens veulent « le plus vite possible » une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’Onu pour adopter le rapport de la mission Goldstone sur l’offensive israélienne à Gaza. Il reste maintenant à savoir si cette chance ne s’est pas évaporée comme toutes celles qui l’ont précédée.

publié par al-Ahram hebdo en français

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahra...

Du “péril chiite” en Palestine

publié le mercredi 14 octobre 2009

Gilles Paris
Dans une conférence donnée au début du mois à Bruxelles, Jean-François Legrain a examiné la question de l’influence chiite (iranienne ou hezbollahie) dans les territoires palestiniens

Jean-François Legrain est historien, spécialiste émérite et reconnu du mouvement national palestinien. Il est aussi un pionnier de l’internet, son Guide de la Palestine sur le web , mis en ligne pour la première fois en 2001 est d’une richesse et d’une érudition inégalées.

Dans une conférence donnée au début du mois à Bruxelles, Jean-François Legrain a examiné la question de l’influence chiite (iranienne ou hezbollahie) dans les territoires palestiniens par le truchement du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) qui en serait le cheval de Troie (cette note de BESA s’inscrit dans cette perspective, d’un point de vue israélien). Pour en conclure que, de son point de vue d’universitaire, le “péril chiite” à Gaza ou en Cisjordanie relève plus de la propagande, mais pas seulement de la part d’Israël, que de la réalité.

“Doté d’un corpus idéologique fondamentalement sunnite, stable et relativement ancien, Hamas anime par ailleurs un vaste réseau associatif, deux arguments qui font de lui un mouvement difficilement manipulable”, écrit Jean-François Legrain.

“Si aujourd’hui c’est Hamas qui, après le MJIP, est voué à la vindicte hostile à l’Iran et au Hezbollah, il faut se souvenir qu’en d’autres époques c’est Yasser Arafat lui-même qui avait fait l’objet de dénonciations sur l’engagement iranien et hezbollahi tout particulièrement au côté des Brigades des martyrs d’al-Aqsa. Le drapeau de Fatah, d’ailleurs, a adopté le jaune de celui du Hezbollah. Les Comités de la Résistance populaire (لجان المقاومة الشعبية), pour leur part, formation trans-organisationnelle de Gaza, calquaient leur logo sur celui du Hezbollah. Mais ni Yasser Arafat ni Fatah n’ont jamais été suspectés de chiisme !”

“Dans le domaine politique, les maniements du discours sur la menace chiite en Palestine témoignent d’une page nouvellement ouverte où les salafistes de toutes obédiences (jusqu’à ceux qui adoptent un langage proche d’al-Qaïda) constituent les nouveaux alliés potentiels des régimes “laïcs” dans leur lutte contre les islamistes -version Frères musulmans, leurs seuls véritables opposants dotés de popularité”, conclut Jean-François Legrain.

publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"

http://israelpalestine.blog.lemonde...

Rapport Goldstone : un conseiller d’Abbas sanctionné

publié le mardi 13 octobre 2009

Karim Lebhour
Pour avoir critiqué le président Abbas sur le report d’un vote devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU concernant le rapport Goldstone, Nabil Amr s’est vu retirer ses gardes du corps.

A la demande des Etats-Unis, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a consenti le 2 octobre le report du vote du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur une résolution condamnant Israël pour n’avoir pas coopéré avec la commission d’enquête internationale dirigée par le magistrat sud-africain Richard Goldstone. Cette décision a été vivement critiquée par le mouvement islamiste Hamas, mais aussi au sein de la propre formation du président palestinien, le Fatah.

Nabil Amr fait partie des officiels palestiniens qui ont ouvertement critiqué le président Abbas pour avoir accepté de reporter un vote devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU concernant le rapport Goldstone sur la guerre de Gaza.

Ce conseiller de Mahmoud Abbas a jugé incompréhensible que le président palestinien tarde à s’expliquer sur une décision qui a déclenché une tempête politique dans les Territoires palestiniens. Conséquence de son franc-parler : Nabil Amr s’est vu retirer ses gardes du corps. Quant au ministre de l’Economie, Bassem Khoury, qui avait démissionné en signe de protestation, il a finalement été convaincu de rester au gouvernement et de se taire.

L’Autorité palestinienne tente de clore cette affaire qui empoisonne la vie politique palestinienne : le Fatah a organisé des manifestations de soutien à Mahmoud Abbas auxquelles les fonctionnaires palestiniens ont reçu la consigne de participer.

L’Autorité palestinienne assure par ailleurs vouloir une nouvelle session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour corriger cette décision qui l’a considérablement affaiblie aux yeux de l’opinion palestinienne. [1]

[1] voir aussi Le Monde avec Reuters :

Abbas défend le report du vote sur Israël à l’ONU

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a de nouveau défendu, dimanche 11 octobre, sa décision d’accepter le report à mars 2010 d’un vote au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur un texte critique envers Israël après son intervention militaire israélienne à Gaza l’hiver dernier. "La décision de repousser le vote découle d’un consensus entre les différentes parties au sein du Conseil des droits de l’homme (...), afin d’assurer le plus large soutien à une résolution dans l’avenir", a dit le dirigeant palestinien lors d’une intervention télévisée.

M. Abbas a consenti le 2 octobre, à la demande des Etats-Unis, au report du vote de l’instance onusienne de Genève sur une résolution condamnant Israël pour n’avoir pas coopéré avec la commission d’enquête internationale dirigée par le magistrat sud-africain Richard Goldstone. Cette décision a été vivement critiquée par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007, et a même semé le trouble au sein de la propre formation du président palestinien, le Fatah. Mahmoud Abbas a annoncé la formation d’une commission chargée de se prononcer sur cette affaire.

A Damas, où il vit en exil, le dirigeant du Hamas, Khaled Méchaal, a déclaré que "plus personne" ne croyait en l’Autorité palestinienne. "Celle-ci doit rendre des comptes. Israël était le dos au mur et ces Palestiniens-là sont allés à son secours", a-t-il dit. Pour un porte-parole du Hamas à Gaza, "le discours d’Abbas n’est qu’une tentative d’éluder ses responsabilités dans le crime commis par l’Autorité palestinienne à Genève". Khaled Mechaal a également critiqué l’administration du président américain, Barack Obama, et affirmé que la résistance à l’occupation était "un choix stratégique". "L’administration Obama n’a rien fait pour nous (...) concernant la colonisation israélienne" dans les territoires palestiniens, a poursuivi M. Mechaal.

http://www.lemonde.fr/proche-orient...

« L’entrée en zone palestinienne, un danger mortel »

publié le mercredi 14 octobre 2009

Simone Bitton
Dans l’avion du retour, direction Paris. Avant de foncer à Montreuil pour une avant-première de mon film « Rachel » au Méliès, dans le cadre des « Rencontres du cinéma documentaire », je veux vous raconter ma visite à Ramallah… Car dès la matinée de vendredi, ce fut tendu…

Plusieurs amis m’ont téléphoné pour m’avertir qu’il y avait des incidents dans la région de Qalandia, des kilomètres de file d’attente au checkpoint en venant de Jérusalem-Est et plusieurs tronçons de différentes « routes de contournement » barrés par l’armée. Une manière de me dire qu’on ne m’en voudrait pas si je choisissais de ne pas aller à Ramallah…

Mais il n’était pas question d’abandonner. D’autant que beaucoup m’ont dit qu’en ce moment, le passage de Qalandia dans le sens Jérusalem-Ramallah n’est que peu pas contrôlé ; c’est dans le sens Ramallah-Jérusalem qu’on a des problèmes si l’on n’est pas en règle. Les Israéliens qui bravent l’interdiction passent donc par le checkpoint à l’aller, et par des voies détournées, plus longues, au retour.

Une camionnette à plaque jaune

Avec deux amis, nous sommes partis vers 14 heures dans une camionnette conduite par un chauffeur de Jérusalem-Est qui connaît bien les itinéraires et dont le véhicule a une plaque d’immatriculation jaune israélienne. Avec une projection à 19 heures, il fallait prévoir de la marge pour faire un trajet qui ne durerait que 30 minutes dans un pays normal…

Pour éviter d’être coincés dans la file de voitures palestiniennes avant Qalandia, nous avons pris l’autoroute de Modi’in, qui relie Jérusalem à la plaine côtière en passant partiellement par la Cisjordanie. Cette route, nous l’appelons entre nous « la route des colons » : elle longe des villages Palestiniens sans jamais y conduire, toutes les sorties mènent à des agglomérations juives et les Palestiniens n’y ont pas accès.

On voit très bien, en filant sur la route, les tas de terre et de pierres amoncelés par l’armée pour bloquer les sorties des villages sur les côtés. Je n’aime pas trop utiliser le terme d’apartheid en dehors du contexte historique sud-africain, mais au risque de choquer, je l’écris ici car je n’ai pas d’autre mot pour décrire cela.

Lorsque cette autoroute arrive à hauteur des banlieues de Ramallah, au lieu de continuer tout droit, nous prenons une bretelle qui mène à la zone industrielle d’Atarot, puis à la base militaire de Qalandia, imposante installation bardée de miradors et de murs de béton. Sur cette bretelle, il y a surtout des véhicules militaires et des voitures industrielles. Notre camionnette est dans le ton.

« Danger mortel »

Arrivés devant le mur de béton, nous avions l’intention de nous insérer discrètement par le côté au tout début de la file de voitures palestiniennes en ayant gagné une heure ou deux d’attente. Mauvaise surprise : le checkpoint était fermé. File immobile et aucun moyen de savoir quand l’armée rouvrirait le passage.

Devant nous, je vois un grand panneau en lettres rouges, qui dit en hébreu :

« L’entrée en zone A sous contrôle de l’autorité palestinienne représente un danger mortel et est strictement interdite aux citoyens israéliens. Tout contrevenant sera puni selon la loi. »

Je n’ai pas le temps de faire une photo car notre chauffeur est pressé de faire le tour du rond-point, longeant le mur, pour faire demi-tour vers Jérusalem où nous devrons prendre une autre « route de colons », plus longue, celle que nous comptions emprunter au retour et qui contourne complètement le checkpoint.

Soudain, une bonne surprise : une porte ouverte dans le mur, juste assez large pour le passage d’un véhicule, trois soldats plongés dans des conversations sur leurs walkies-talkies, jetant à peine un œil sur les quelques voitures qui, comme la nôtre, passent en zone A devant leur nez sans être contrôlées.

Ces choses arrivent et il ne faut pas perdre de temps à se demander pourquoi. Un convoi de VIPs ? Une soupape ouverte sur le côté pour diminuer la tension au checkpoint fermé ? Peu importe : on s’engouffre et nous voilà illico de l’autre coté du checkpoint, en plein nuage de gaz ! Autour de nous, c’était comme une scène du journal télévisé, des gamins qui balancent des pierres sur les soldats et des grenades lacrymogènes en réponse dans l’autre sens ! Welcome to Palestine !

Quelques minutes plus tard, le calme absolu, les premières maisons de Ramallah, et toute l’après-midi devant nous : il n’était pas 15 heures et nous étions arrivés !

Sur la tombe de Mahmoud Darwish

Nous sommes d’abord allés nous recueillir sur la tombe de Mahmoud Darwish -je tenais à le faire car je n’avais pu me rendre à son enterrement en août 2008 et n’étais pas venue à Ramallah depuis. Ensuite, nous sommes allés au théâtre al-Kasaba où nous ont rejoints le directeur du festival, Khaled Elayyan, ainsi que la jeune cinéaste palestino-américaine Sherien Dabis, dont le film « Amreeka » a fait un tabac jeudi à l’ouverture du festival.

J’ai retrouvé une bande d’amis avertis de mon arrivée. Nous avons passé deux heures dans un café, à papoter et s’échanger des nouvelles des uns et des autres, il me faudrait des pages et des pages pour raconter ces conversations, je ne le ferai donc pas… De retour au théâtre vers 18h30, la salle commençait de se remplir, mais cela a pris du temps car quasiment tous les spectateurs (plus de 250) ont tenu à me faire la bise et me souhaiter la bienvenue avant de s’asseoir.

Ensuite, le directeur d’Al-Kasaba, le comédien Georges Ibrahim, m’a invitée sur scène et m’a offert un petit cadeau de bienvenue, un carreau de pierre blanche portant mon nom.

Le film a commencé -très en retard, mais c’est le rythme de l’Orient ! En le présentant, j’ai rendu hommage au petit groupe de militants, palestiniens, israéliens et internationaux, qui étaient venus à la projection après avoir manifesté contre le mur, comme chaque semaine, dans le village de Bil’in. Ce sont les frères et sœurs de Rachel Corrie, elle est leur icône.

Avec leurs jeans couverts de poussière, leurs keffiehs et les foulards multicolores dont ils se servent pour se protéger du gaz, ils étaient un peu intimidés de se retrouver là, applaudis par le public nettement plus âgé et embourgeoisé du festival : la réalité de la lutte, l’image de la solidarité, le deuil et le courage avaient fait irruption dans le théâtre et leur présence a beaucoup contribué, je crois, au recueillement que j’ai ressenti dans le noir pendant la projection.

Lorsque les lumières se sont rallumée, le film a été applaudi et je suis remontée sur scène, attendant les réactions et les questions. Et là, il s’est passé une chose étrange : pendant deux ou trois bonnes minutes, aucune main ne s’est levée. Comme s’il n’y avait plus rien à dire, comme si nous voulions tous garder la qualité de ce silence, ne pas le gâcher par des paroles forcément moins fortes que les images.

J’ai fini par briser la glace en tentant une phrase maladroite, du genre : « S’il vous plaît, dites-moi quelque chose… » et le débat a commencé, avec finalement des questions très précises sur la manière dont je m’y étais prise pour recueillir les témoignages et les documents, sur mes choix artistiques et techniques, sur la somme de travail qu’un tel film représentait. Il y a eu beaucoup de mercis et à vrai dire, j’étais tellement émue que je ne me souviens plus très bien de mes réponses.

Beaucoup de spectateurs connaissaient mon travail car plusieurs de mes films ont été montrés ici au fil des années, souvent en ma présence, certains ont été diffusés par la télévision palestinienne. J’ai aussi ici beaucoup d’amis et de collègues qui me connaissent bien personnellement.

Mais avant de voir le film -ou je pose parfois des questions en hébreu- certains spectateurs ne savaient rien de moi, et en particulier ne savaient pas que j’étais israélienne (le film est une production française, il est présenté comme tel dans le programme du festival où il n’est pas fait mention de ma double nationalité). Ceux-là étaient peut-être un peu perturbés, pour ne pas dire stupéfaits, mais aucun n’a montré le moindre signe d’hostilité ou de méfiance, bien au contraire.

Il y avait aussi pas mal de journalistes dans la salle, des Palestiniens, des correspondants étrangers -en particulier des Français- et aussi l’Israélienne Amira Hass, correspondante de Haaretz qui vit à Ramallah. J’avoue avoir été ravie de les entendre commenter et apprécier mon travail d’enquête car eux savent bien combien il est difficile de faire ce genre d’investigation.

Vers la fin du débat, un spectateur a posé une question à Yonatan Pollak, jeune anarchiste israélien qui est revenu voir « Rachel » à Ramallah après l’avoir vu à Haïfa : dans le film, on voit l’intérieur de la maison de Jaffa où il vivait en 2003, avec ses mosaïques anciennes et ses hauts plafonds qui indiquent clairement qu’il s’agit d’une maison palestinienne. N’est-il pas contradictoire de vivre dans un lieu dont les propriétaires ont sans doute été forcés de partir en 1948 et de lutter aujourd’hui pour les droits des Palestiniens de Cisjordanie qui sont en train d’être à leur tour spoliés au bénéfice des colons ?

Vivre avec ses contradictions

Yonatan a répondu que la maison appartenait à une famille arménienne de Jérusalem, qu’elle avait été abandonnée pendant plus de trente ans et que lorsque lui et ses amis avaient décidé de la restaurer et d’y vivre en communauté, ils ont retrouvé le propriétaire et ont conclu avec lui un accord de location. Il a ajouté qu’il était conscient du paradoxe, que la question était juste et légitime : cette réalité de spoliation est celle de ce pays et pour sa part, il y répondait par la prise de conscience et la lutte pour les droits des Palestiniens, y compris pour leur droit au retour.

Tard dans la nuit, après avoir fumé un narguilé à la pomme dans un bar un peu étrange (genre lounge américain bruyant), nous sommes remontés en voiture, entassés avec trois nouveaux passagers qui en ont profité pour aller avec nous à Jérusalem. Cette fois-ci, nous ne sommes pas du tout passés par la région de Qalandia, nous avons fait le grand détour par les implantations de Pisgat Zeev. Il y a juste un petit checkpoint à l’entrée de Jérusalem, qui ne s’intéresse qu’aux voitures palestiniennes. Comme dans le noir tous les chats sont gris, et que nous parlions tous bruyamment en hébreu, le soldat nous a fait signe de passer sans demander nos papiers. Mission accomplie.

Retour en France

Tout à l’heure, je vais atterrir dans le pays privilégié où j’ai la chance de vivre, où mon film a été produit et où il va enfin être vu par un public « normal » : des gens qui auront fait le geste un peu miraculeux d’acheter un billet de cinéma pour voir un film documentaire.

C’est une autre lutte qui commence, celle du pot de terre contre le pot de fer (moins de vingt copies pour « Rachel » face aux centaines de copies de « Lucky Luke » et de la vingtaine de films qui sortent en même temps que mon film, dont la dernière Palme d’Or).

Je vais à présent faire le tour de France pour un véritable marathon de débats. Cette lutte pour le cinéma d’auteur, pour le documentaire, pour le tissu vivant des petites salles qui font vivre le cinéma en France, c’est pour moi un engagement aussi fort que mon engagement en Palestine-Israël, et c’est plutôt de cela que je vous parlerai dorénavant sur ce blog.

Certes, je sais combien les passions sont vives, en France, dès qu’il est question du Proche-Orient. Je suis consciente de l’effet « patate chaude » que « Rachel » risque de provoquer. J’en ai eu un aperçu en parcourant rapidement vos commentaires. Mais après ce billet, c’est surtout de cinéma que je veux parler ici, en espérant que vous serez aussi nombreux à me suivre sur ce terrain que vous l’avez été à me lire au cours de ce voyage.