lundi 8 mars 2010

Gaza entre les Malouines et Guantanamo‏

Palestine - 07-03-2010
Par Badia Benjelloun 
Peut-on encore appeler un État une organisation mafieuse qui assassine, vole, escroque au nom d’une suprématie ethnique et religieuse où toute la moralité est fondée sur une arrogance élevée en principe éthique, la Shutzpah, et la conduite ajustée sur des normes alternant tromperies et menaces ? L’assassinat de Mahmoud Mahbouh du parti Hamas, à Dubaï en janvier dernier, n’a donné lieu à aucune protestation contre la pratique de l’assassinat comme méthode de gouvernement et d’élimination des opposants à ce régime colonial.

















Aucune voix audible ne s’est faite entendre parmi les défenseurs du droitdelhommisme qui hurlent de conserve quand il s’agit du Darfour érigé par les mouvements religieux juifs étasuniens comme leur cause nationale.
Silence éloquent.
Seul îlot de résistance à la complicité imprégnée de lâcheté ambiante, Carrickmacross, une petite ville irlandaise, a manifesté sa désapprobation du crime sioniste. Le conseil municipal a décidé de retirer la signature de l’ambassadeur de l’entité sioniste, Zion Evrony, du Livre d’Or de la ville. La mairie est dirigée par des membres du Sinn Fein, célèbre mouvement politique pour la résistance des catholiques contre la colonisation britannique de l’île.
Le très puissant et plus que centenaire Lobby sioniste au Royaume-Uni a obtenu que les vagues borborygmes de demande d’explications concernant l’usage de passeports de citoyens britanniques, dont tout porte à croire qu’ils l’ont été avec l’aide du MI 15, soient rapidement noyés dans le cliquetis des verres lors du cocktail réunissant à Bruxelles les ministres des affaires étrangères, le britannique David Miliband et l’immigré moldave Avigdor Liebermann. Lequel est par ailleurs poursuivi pour prévarications et trafic d’influence. Sans le Lobby, comment le chimiste Haïm Weizman aurait-il été transféré du département des explosifs de la Clayton Chemical Industrie vers la direction des laboratoires de l’Amirauté en 1916 ? Churchill en salaire anticipé a versé à Weizman pour la mise au point d’une arme de destruction massive qui ne vit jamais le jour la missive de Lord Balfour. Ce courrier, adressé en novembre 1917 au banquier Rothschild et connu sous la dénomination de Déclaration Balfour, devait être tenu par les sionistes comme le titre de propriété de la Palestine cédée par des Britanniques qui la convoitaient encore, alors que nous sommes encore loin de la fin de la guerre et du mandat.
Plus près de nous, le Lobby a mis en échec l’enquête diligentée par la Crown Prosecution Service qui poursuivait le collecteur de fonds pour le Labour Lord Levy. Ce Lord avait mis en vente aux enchères des titres de paierie en échange de prêts secrets qui ont permis au sioniste Tony Blair de prendre le pouvoir, d’appliquer sa politique néolibérale destructrice et ses ambitions impérialistes au service des conquêtes étasuniennes.
Toutes ces constructions se révèleront bientôt être des chimères soit des entités ontologiquement non viables Le Royaume-Uni connaît des difficultés à la fois politiques et financières inédites. Elles risquent de le ramener à ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un ensemble d’îles aux ressources intrinsèques assez faibles et suffisamment étiques pour pousser à l’émigration ses ressortissants avant de se gorger des trésors de ses conquêtes impériales et de détourner, à son profit, avec les moyens militaires et les massacres que l’on sait, les trésors de l’Inde en particulier. Son rôle de vassal à l’égard du puissant du moment ne le met pas à l’abri des effets secondaires de sa propre politique instituant une absence de réglementation aux appétits des institutions financières.
Son niveau d’endettement et son déficit public rivalisent bien avec ceux de la Grèce, plus de deux fois la moyenne européenne, avec cette particularité que les ménages sont très exposés par un endettement engageant plus de 100% de leurs revenus. La livre sterling a été violemment attaquée cette semaine par les spéculateurs rendant encore plus coûteux le refinancement de la dette britannique auprès des marchés. L’ardeur à défendre cette anomie financière par l’ancien ministre des finances Gordon Brown devenue depuis Premier est à mettre en rapport avec le poids de la City dans le Produit Intérieur Brut ritannique, quelques 40%.
Cette instabilité économique est fortement liée aux incertitudes politiques qui pèsent sur l’avenir électoral immédiat au Royaume-Uni. Il apparaît maintenant certain qu’aucune majorité n’émergera d’entre les deux camps travailliste et conservateur, et il est envisagé pour la première fois un gouvernement d’union nationale qui relèguera aux oubliettes le balancement formel entre les deux partis qui a servi de cadre théâtral à la comédie de la démocratie représentative. Il est vrai que l’économie est une façon moderne, et en principe d’une violence invisible, de faire la guerre. L’Afrique en sait quelque chose.
Ainsi s’écroule toute la légende du modèle anglo-saxon de la modernité triomphante et de l’abolition des frontières sous l’égide de l’OMC brandie à la face sceptique des matérialistes qui conçoivent ‘archaïquement’ l’histoire évoluant sous la pression d’intérêts antagonistes.
Blair a eu beau expédier en premier des hoplites (1) anglais en premier en terre d’Irak, espérant des miettes de faveur de son suzerain, les US(a) n’ont que dédain pour leurs serviteurs zélés. Le Département de la Justice aux US(a) a ouvert à Washington le procès de BAE pour la plus grande affaire de corruption de la décennie en acceptant qu’elle plaide coupable. Un accord a été trouvé pour payer une amende de 400 millions de dollars par ce qui reste comme fleuron de l’industrie de défense britannique qui a une filiale importante aux US(a). Des marchés avaient été passés avec l’Arabie aux mains des Séoud, la Tchéquie, la Tanzanie en payant les responsables des achats de cadeaux convaincants, faisant entorse au dogme religieux de la concurrence libre et non faussée.
Ce procès vient à point nommé à la rescousse de la réputation très endommagée de Lockheed Martin empêtré dans ce qui va devenir la plus grande déroute technologique des US(a) avant son effondrement, le programme JF 35. Cela aura été le programme le plus cher et le plus inaccompli de ce que sera devenu le fameux Complexe militaro-industriel étasunien sous la protection du gargantuesque budget du Pentagone écroulé sous une bureaucratie qui n’a rien à envier dans son immobilisme et son inefficacité à la soviétique, morte des mêmes tares génétiques avant elle.
Le réarrangement des pays d’Amérique Latine sous une forme autonomisée des griffes du prédateur du Nord cette dernière décennie, avec une Bolivie et un Venezuela indépendants et gouvernés par des indigènes authentiques de cette terre, doit en grande partie sa relative stabilité à la résistance des peuples d’Irak, du Liban, de la Palestine et d’Afghanistan sur lesquels se concentre l’Armada occidentale.
Dans ce contexte, la prétention renouvelée du Royaume-Uni sur les îles Malouines n’a trouvé aucun écho comme soutien au Département d’État de Washington. Hillary Clinton a mission de ne pas froisser les électeurs catholiques latino-américains, singulièrement argentins, dont l’apport sera si crucial, lors des élections du midterm, à un parti démocrate en perte de vitesse face aux avancées des partisans du Tea Party. Ce mouvement hétéroclite né de la contestation d’un pouvoir central au service de Wall Street, populiste à souhait, devient la seule force d’opposition structurante du pays, avec comme programme une déflagration de la fédération.
Autrement dit, les embarras britanniques qui auraient bien eu besoin d’une petite victoire à peu de frais sur un État réputé du Monde Tiers n’encombreront pas l’agenda de Mme Clinton. Ils en auraient d’autant plus besoin que le Royaume de Sa Majesté est aspiré dans une spirale descendante depuis que le pétrole de la Mer du Nord, qui a servi de tremplin économique dans les années Tchatcher, a été calamiteusement asséché.
Ce n’est donc pas pour des raisons touristiques ou de défense de leur écosystème que Gordon Brown les revendique. Les îles Malouines en effet ont du pétrole dans leurs eaux territoriales.
Nous sommes loin des années quatre-vingt où le Royaume Uni pouvait projeter ses forces aériennes et navales, au besoin avec le soutien logistique discret et efficace des US(a), à des milliers de kilomètres de Londres. Tout le système de défense signifiant la souveraineté britannique a été sacrifié sur l’autel des special relationship. Il n’y aura certes pas de conflit armé avec l’Argentine pour cette raison et parce que les US(a) vont de plus en plus être soumis de par leur déliquescence économique patente et leurs échecs militaires en Irak, en Afghanistan et au Pakistan à l’inflexion des forces isolationnistes.
Ce type de leçon ne saura être entendu par les actuels dirigeants arabes qui soldent leur dignité pour une monnaie de singe en rencontrant leurs homologues autant corrompus qu’eux et tout aussi illégitimes de l’entité sioniste. La dernière offense en date de ce type est offerte à l’occasion de la visite du ministre des affaires étrangères de Bahrein aux membres les plus fanatiques de l’AIPAC à Washington.
Pourtant, l’assassinat de Mahmoud Mahbouh montre une fois de plus la collusion des Occidentaux qui n’en finissent pas de se lamenter sur leur grandeur coloniale passée confiant leur nostalgie à leur substitut et artefact de Tel Aviv.
Devoir déployer un commando de plusieurs dizaines d’individus qui a laissé autant de traces et régulé depuis un centre basé en Autriche pour assassiner un homme est un signe de sophistication et dans le même temps un lourd symptôme de fragilité. En cela, le mythe de la toute puissance du Mossad forgé a perdu de son efficacité dissuasive.
Gaza paie un très lourd tribut pour avoir joué le jeu démocratique qui lui a été imposé par les forces de l’Occupation. Gaza devient un équivalent de Guantanamo fiché au flanc des pays arabes et musulmans, plus muselés que musulmans.
Mais aussi un équivalent des îles Malouines en raison des réserves d’énergies fossiles sous ses eaux territoriales. L’offensive sur Gaza en décembre 2008-janvier 2009 programmée plus de six mois auparavant est venue au terme de négociations non abouties entre le régime de Tel Aviv et la compagnie BG britannique pour le forage et l’extraction de gaz au large de la côte de Gaza.
Les crimes commis sur la population incarcérée à Gaza ne nous hypnotisent pas au point de détourner notre attention de la globalité du programme sioniste. Nous sommes autant préoccupés par la judaïsation à marche forcée d’Al Quds et par les annexions rampantes des confettis résiduels laissés encore sous l’Autorité Palestinienne. Que celle-ci ait été mandatée depuis Oslo et payée comme l’alibi de négociations destinées à demeurer à jamais inachevées fait de moins en moins doute.
En effet pour quel mouvement de libération nationale l’occupé a pour rôle d’assurer la sécurité de son occupant et oppresseur ?
Badia Benjelloun
6 mars 2010

L'Etat d'Israël sert-il encore à quelque chose ?


Israel - 08-03-2010
Par Mohamed Iqbal
Mohamed Iqbal est Journaliste Indépendant. 
« On ne peut pas tout le temps tromper tout le monde » A. Lincoln.
« Foyer national juif », « poste avancé de l'Occident », « bras armé de la lutte anti-terroriste », « seule démocratie du Moyen Orient ». Voilà en substance, les « missions » qui reviennent tour à tour dans la phraséologie, pour ne pas dire le matraquage idéologique utilisé sans retenue par la plupart des médias et des personnalités politiques occidentaux, lorsque l'entité sioniste est dans l'actualité.
Mieux encore ; lorsque l'Etat d'Israël agit, comme il le fait le plus souvent, en dehors de toute légalité et contrairement à toute morale politique et humaine, l'ensemble des médias d'information et d'animation occidentaux programment des reportages ou des films sur la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, quand ce n'est pas sur « l'extrémisme arabo-musulman ». Ceci est d'ailleurs facilement vérifiable à partir de la lecture historique des programmes en relation avec les évènements politiques et militaires qui marquent l'actualité de cet Etat.
Les gens à travers le monde, c'est-à-dire la véritable opinion mondiale, ne s'y trompent plus. Comme le montrent de nombreux sondages, l'Etat d'Israël est aujourd'hui perçu comme le principal danger pesant sur la paix dans le monde. Cette perception n'est pas propre aux pays arabes et musulmans, comme s'évertuent à nous le faire croire ces mêmes médias, mais a commencé, voilà un certain temps, à prendre de plus en plus d'importance dans les opinions occidentales. Et cela bien avant l'encerclement, le massacre systématique et le blocus des populations civiles palestiniennes de Ghaza, qui portera un coup fatal à une image d'Epinal construite depuis six décennies. L'Etat d'Israël apparaît aujourd'hui sous son véritable aspect décrit voilà plus de quarante ans par le général De Gaulle : un Etat arrogant, dominateur et surarmé. Avec aujourd'hui des caractéristiques bien plus aggravantes comme une discrimination au dépens des Israéliens originaires des pays arabes ou africains et un racisme anti-arabe israélien et anti-palestinien institutionnalisé, le tout instrumentalisé par un personnel politique corrompu et sans envergure.
La situation a atteint un point tel que même les « opinion-makers » traditionnellement complaisants à l'égard d'Israël en sont réduits à « ne pas comprendre » ou à « regretter » les nombreuses et permanentes actions illégales, notamment la colonisation sauvage, la judaïsation forcée de Jérusalem-Est, l'élimination physique des Palestiniens, la destruction des habitations, la dépossession des terres, le sabotage des cultures et la distribution des eaux. Pire que cela, la complaisance va jusqu'à considérer que la domination de l'actuel gouvernement par l'extrême droite raciste comme un « aléa de la démocratie », oubliant trop rapidement que c'est ce même « aléa » qui a amené au pouvoir, dans les années 30, ce 3ème Reich dont a si souffert le peuple juif. C'est ce même « aléa » qui a réussi à la droite populiste autrichienne, aux néoconservateurs américains et qui a failli réussir en France en 2002.
Paradoxalement, ce seront surtout des intellectuels juifs européens et américains indépendants, ou bien des personnalités éminentes des élites politique, intellectuelle, culturelle et associative israéliennes qui vont se dresser en véritables objecteurs de conscience devant les graves dérives morales et éthiques d'un système politique militarisé à l'extrême ayant érigé l'amoralisme comme méthode de gouvernance. Ces dérives sont d'autant plus préoccupantes qu'elles se drapent d'une religiosité de plus en plus active aussi bien politiquement, militairement que socialement. C'est ainsi que l'échiquier politique est complètement investi par les partis religieux, l'action militaire est ritualisée, la pratique religieuse est ostentatoire et l'ostracisme social vise les non-pratiquants. Ce qui fait dire à certains observateurs avertis qu'à l'instar des pays arabes, Israël est en train de connaitre les mêmes transformations, à savoir l'intrusion fracassante du religieux dans le politique.
Mais ce qui est le plus préoccupant, ce sont les perspectives presque nulles en matière de solution politique d'un conflit qui empêche toute la région, et le reste du monde par voie de conséquence, d'ouvrir une page d'histoire nouvelle qui serait bénéfique pour tous. Au-delà des aspects tragiques si coûteux en vies humaines et ressources dispendieuses, il y a un côté à la limite du ridicule dans ce conflit que résume parfaitement cette réponse de Shimon Pérès à Marek Halter qui le questionnait sur la propension d'Israël à utiliser de manière démesurée sa puissance militaire : « Nous sommes surarmés et nous n'avons pas de guerre » ! Lorsqu'on observe la carte actuelle de ce qui devrait constituer l'Etat de Palestine, on est frappé par la prolifération des colonies illégalement construites depuis 1967. Mais on est d'autant scandalisé par le travail de destruction systématique du patrimoine islamo-chrétien de Palestine, et particulièrement de Jérusalem dont la valeur est inestimable, sous le prétexte fallacieux de recherche de « l'arche perdue » qui serait enfouie sous la mosquée d'El Aqsa, ce que même les moyens modernes de l'archéologie n'ont pu démontrer.
Ainsi, plus de soixante ans après sa création dans les conditions que tout le monde connaît aujourd'hui, et après avoir fui le ghetto, l'Etat d'Israël ressemble à un ghetto. Un grand ghetto ! Le ghetto de Massada en somme ! Une catastrophe ou pour reprendre une expression galvaudée, une shoah ! Pour tout le monde. Tout ça pour ça, est-on tenté de dire ! 

La mosquée al-Aqsa en danger : pourquoi ce silence ?


Jérusalem - 08-03-2010
Par Comité Action Palestine > actionpalestine@hotmail.com  
Vendredi 5 mars, les Palestiniens affrontent les colons policiers entrés dans la mosquée al-Aqsa (faussement appelée esplanade des mosquées, pour minimiser la portée des agissements sionistes). 50 Palestiniens blessés et 160 arrêtés. Des répétitions générales, et les Palestiniens affrontent, une fois encore, seuls, ceux qui détruisent la civilisation, les barbares des temps nouveaux, les sionistes colons installés en Palestine.




Le monde devra assumer les conséquences de son silence complice.
La "communauté internationale" se contente d'appeler au calme, l'autorité palestinienne et ses hommes de la sécurité formés par le général américain Dayton empêchent les Palestiniens de Cisjordanie de participer à l'affrontement et pourchassent les résistants, notamment ceux qui sont libérés des prisons israéliennes. Les peuples arabes se cachent derrière leurs régimes pour justifier leur apathie, certains se mettent à pleurer devant les télévisions, d'autres insultent leurs régimes, mais concrètement, rien.
Jusqu'à quand ? Pourquoi ce silence ?
Al-Aqsa, al-Quds, al-Ibrahimi, al-Khalil, la Cisjordanie, la bande de Gaza, La Galilée, le Naqab, les régions frontalières, toute la Palestine est en danger, et toute la Palestine subit des actes de destruction systématique, depuis que les colons juifs y ont été débarqués et ont débarqué pour coloniser le pays, armés d'une idéologie raciste et exterminatrice (sionisme) et d'armes modernes et puissantes pour tuer ceux qui refusent ce massacre civilisationnel.
Soutenons la population d'al-Quds et la défense de la mosquée al-Aqsa et de tous les lieux saints et profanes palestiniens. Les sionistes dépourvus d'histoire dans le pays trafiquent l'histoire et les lieux palestiniens pour se faire admettre comme descendants de la Palestine. Affirmons-leur qu'ils ne sont que des colons venus d'ailleurs, qu'ils sont absolument étrangers au pays, qu'ils resteront aussi exogènes que les croisés qui, il y a plusieurs centaines d'années, ont essayé de s'emparer de la Palestine.
Soutenons nos frères en Palestine : informons, soutenons financièrement (Institution Internationale al-Quds, entre autres, notamment, qui agit pour des projets de développement dans la ville d'al-Quds), agissons auprès des institutions internationales (UNESCO, entre autres). Ne laissons pas la population maqdisie ni le peuple palestinien affronter seul les criminels qui occupent la Palestine et des territoires arabes.

Assumons nos responsabilités !

(photos : http://www.qudsmedia.net/)
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13535&type=analyse&lesujet=Nettoyage%20ethnique

Des milliers en marche à Jérusalem

dimanche 7 mars 2010 - 09h:41
Al Jazeera - Imemc
Ils étaient au moins 3 000, des Palestiniens et des Israéliens, à s’être rassemblés dans un quartier arabe de Jérusalem-Est pour protester contre l’expulsion des Palestiniens de leurs maisons afin de les donner à des colons juifs.

Des milliers en marche à Jérusalem

Ils étaient au moins 3 000, des Palestiniens et des Israéliens, à s’être rassemblés dans un quartier arabe de Jérusalem-Est pour protester contre l’expulsion de Palestiniens de leurs maisons afin de les donner à des colons juifs.
Les manifestants brandissaient des drapeaux rouges avec l’inscription « Shalom » (paix en hébreu), pendant la manifestation d’hier, samedi, à Sheikh Jarrah.
Ils scandaient des slogans, comme « Non au nettoyage ethnique », et, « Les habitants de Sheikh Jarrah ne perdent pas l’espoir, nous barrerons la route à la colonisation ».
Un importent contingent policier israélien surveillait la manifestation, la plus grande du genre depuis plusieurs décennies contre les colonies juives dans Jérusalem.
La police voulait interdire le rassemblement, mais finalement il fut autorisé par la Cour suprême sur un recours déposé par le mouvement de la gauche.
Expulsions de la Vieille Ville
(JPG)
Un important contingent policier surveillait la manifestation à Shekh Jarrah
La manifestation se déroulait en pleines tensions au sein de la Vieille Ville, après des jours d’affrontements entre la police anti-émeute israélienne et des manifestants palestiniens, dans et autour de la mosquée Al-Aqsa, ainsi que dans plusieurs quartiers arabes de Jérusalem.
Plusieurs familles palestiniennes de Sheikh Jarrah ont été expulsées ces derniers mois au profit de colons israéliens au prétexte que leurs maisons avaient appartenu à des juifs avant la création d’Israël en 1948.
Les expulsions sont à l’origine de manifestations qui furent réprimées par la police avec des arrestations de militants pour la paix israéliens et d’internationaux propalestiniens.
Israël a annexé Jérusalem-Est après la guerre du Moyen-Orient de 1967 et construit de nouveaux quartiers pour y loger plus de 200 000 Israéliens.
L’annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. Les Palestiniens dénoncent les colonies dans Jérusalem-Est, dont ils veulent faire la capitale de leur futur Etat.
Début février, le quotidien Ha’aretz révélait que les autorités israéliennes avaient donné le feu vert à un projet de constructions de 600 logements dans une zone réservée à une colonie, côté oriental.
Dimanche 7 mars 2010 - Al Jazeera

Affrontements à Jérusalem-Est

Des sources israéliennes indiquaient samedi soir qu’un soldat avait été blessé lors d’un affrontement entre soldats israéliens et des habitants palestiniens à l’entrée du camp de réfugiés de Shufat. Des affrontements étaient également signalés hier soir à Al Esawiyya, dans Jérusalem-Est.
Les soldats israéliens tiraient à balles d’acier enrobées de caoutchouc et lançaient des lacrymogènes sur les manifestants palestiniens à la principale entrée du camp de Shufat, au nord de Jérusalem. Des accrochages se sont également produits à Al Esawiyya quand la police israélienne a investi le quartier.
Ces affrontements ont eu lieu alors que les habitants manifestaient vendredi pour s’opposer à l’invasion, par l’armée, de la mosquée Al-Aqsa.
En outre, des milliers de militants de gauche israéliens et d’habitants arabes ont manifesté samedi soir dans le quartier de Sheikh Jarrah.
La manifestation était organisée pour exprimer le refus et la condamnation de la poursuite des violations israéliennes lèsant les Palestiniens dans Jérusalem-Est, et contre les ordres illégaux de démolitions de maisons palestiniennes dans la ville.
Des dizaines de colons fondamentalistes ont manifesté également à Sheikh Jarrah, dans Jérusalem-Est, et crié contre la présence arabe dans ce quartier et à Jérusalem-Est, soutenant les démolitions de maisons arabes. Ils scandaient des slogans contre les Arabes et appelaient à les faire partir de Jérusalem-Est.
Le gouvernement israélien est déterminé à poursuivre ses actions illégales à Jérusalem ; les dirigeants israéliens, dont le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ont déclaré, « Israël a le droit de construire des colonies juives dans la cité ».
De plus, ce qu’ils appellent la « piste du patrimoine juif », approuvée par le gouvernement Netanyahu, est une violation grave des lieux saints musulmans et arabes, spécialement dans Jérusalem, Hébron et Bethléhem.
Dans ce projet israélien, la mosquée Ibrahimi à Hébron, la mosquée Bilal, à Bethléhem, et la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, sont considérées intégrées à la piste du patrimoine.
Dimanche 7 mars 2010 - Saed Bannoura
7 mars 2010 - Al Jazeera - et IMEMC - traduction : Info-Palestine.net
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8301

L’alliance de l’Europe avec Israël

lundi 8 mars 2010 - 07h:02
David Cronin - Pulse
Alors qu’en 2009 certains gros titres donnaient l’impression qu’il y avait des frictions entre les diplomaties israélienne et européenne sur tous les sujets... la réalité est qu’Israël jouit de relations extrêmement cordiales et profitables avec l’UE.
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En décembre 2006, Olmert suscita une controverse quand une caméra le surprit à indiquer au Premier ministre italien, Romao Prodi, ce qu’il fallait déclarer pendant une conférence de presse commune.
Un des travers de la spécialisation dans les affaires de politique européenne, comme ce fut mon cas ces quinze dernières années, est que certains présupposés s’ancrent fermement dans votre cerveau. Longtemps, mon esprit critique est resté en berne lorsque j’écoutais des hauts représentants de l’Union européenne parler du Moyen-Orient. J’acceptais avec joie le discours officiel selon lequel ils s’efforçaient de parvenir à une solution juste du conflit entre Israël et les Palestiniens et qu’il serait insensé de laisser le dit processus de paix dans une situation de "sanglante mise de côté", selon les termes de Chris patten, l’ancien commissaire de l’Union européenne.
Les attaques israéliennes contre le Liban en 2006 et contre Gaza il y a seulement un peu plus d’un an ont illustré à quel point j’avais été naïf et crédule. Dans le premier exemple, Tony Blair avait empêché l’UE d’appeler formellement à un cessez-le-feu parce qu’il voulait qu’Israël se voie reconnue toute la latitude qu’elle jugeait nécessaire pour combattre le Hezbollah (le massacre de civils libanais par Israël pendant cette guerre de 33 jours n’avait provoqué guère plus que des déclarations de "regrets" de la part de londres).
Il est vrai que l’UE avait demandé instamment un arrêt de la violence qu’Israël avait infligée au 1,5 million d’habitants de Gaza fin 2008, début 2009. Cependant, en qualifiant l’agression de "disproportionnée," les membres les plus importants de l’UE avaient implicitement approuvé la version israélienne des événements - que tout avait été provoqué par les missiles que le Hamas lançait sur les villes de Sderot et d’Ashkelon au sud d’Israël. "Gaza étaient une crise en suspens," me disait Marc Otte, l’envoyé spécial de l’UE pour la paix au Proche Orient. "Croyez-vous que les Palestiniens pouvaient continuer à tirer des roquettes sur Israël sans qu’Israël réagisse ?"
Otte faisait une lecture délibérément sélective de l’histoire récente. Loin de simplement réagir à ce que le Hamas avait fait, Israël avait créé les conditions qui ont incité le Hamas à faire s’abattre dans la poussière ses armes rudimentaires (sans comparaison, il faut le dire, avec les machines à tuer ultramodernes de l’arsenal israélien). Dans les mois qui avaient précédé, le Hamas avait observé une cessation des hostilités avec Israël que l’Egypte avait obtenue en juin 2008. Cependant, tout changea le 4 novembre de cette année. Parce que le monde entier était surtout intéressé par l’élection par l’Amérique de son premier Président noir, le décision israélienne de rompre le cessez-le-feu avec un raid sur Gaza qui avait tué six membres du Hamas était passée généralement inaperçue à l’international. En conséquence, la plupart des media grand public avait ignoré le fait que les roquettes tirées par le Hamas sur le sud d’Israël venaient en représailles pour le raid de novembre.
Pire encore que sa complicité dans la propagation des mensonges israéliens, l’UE s’est abstenue de tenir Israël pour responsable de ses crimes de guerre. L’enquête réalisée par une équipe nommé par l’ONU sous la direction de Richard Goldstone, un juge sud-africain en retraite, sur la conduite de la guerre contre Gaza par Israël était aussi exhaustive que possible compte tenu des circonstances (avec le refus de coopération des autorités israéliennes). Mais quand les 575 pages du rapport d’enquête ont été discutées à l’Assemblée générale de l’ONU en novembre 2009, 22 des 27 Etats membres de l’UE ont refusé de l’adopter. Une conclusion majeure du rapport était qu’il n’y avait pas "d’objectif militaire justifiable" derrière dix des onze incidents qu’il a examinés et dans lesquels des civils ont été visés par Israël, s’est avérée trop gênante pour la plupart des gouvernements européens.
Alors qu’en 2009 certains gros titres donnaient l’impression qu’il y avait des frictions entre les diplomaties israélienne et européenne sur tous les sujets, depuis le statut de Jérusalem jusqu’à l’article du tabloïd suédois qui suggérait que les soldats israéliens prélevaient systématiquement les organes des cadavres de palestiniens, la réalité est qu’Israël jouit de relations extrêmement cordiales et profitables avec l’UE. Cette réalité a été mise en relief par Javier Solana, faisant un voyage d’adieux en Israël à l’automne, peu de temps avant sa démission du poste de chef de la diplomatie européenne. "Aucun pays extérieur au continent européen n’a le type de relations avec l’Union européenne qui est celui qu’a Israël," avait-il dit. "Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l’Union européenne sans être membre de ses institutions. Elle est membre de tous les programmes [de l’UE], elle participe à tous les programmes."
A mon sens, l’aspect le plus troublant de cette coopération est la manière dont les sociétés israéliennes d’armement sont devenues éligibles aux financements européens. Avec Israël comme principal participant extérieur au "programme cadre" pour la recherche scientifique, l’UE est devenue la deuxième plus grande source de subvention de la recherche pour ce pays. Les officiels de Tel Aviv avec qui j’ai discuté prévoient que la participation israélienne au programme pluriannuel, qui a démarré en 2007, aura rapporté 500 millions d’euros à son achèvement en 2013.
Parmi les bénéficiaires de ces subventions, se trouve Motorola Israël. Israël participe à un programme de surveillance financé par l’UE connu sous le nom d’iDetect4All, qui met en oeuvre des capteurs pour détecter des intrusions dans des bâtiments ou des sites de grande importance économique. Le concept derrière iDetect4All est similaire à celui qui est derrière le système radar que Motorola a installé dans 47 colonies israéliennes de Cisjordanie ces cinq dernières années. Le Jerusalem Post a présenté ce système comme une "clôture virtuelle" qui utilise des caméras thermiques pour repérer les personnes non autorisées à entrer dans les colonies.
Un autre bénéficiaire des subventions de l’UE est Israel Aerospace Industries (IAI), le constructeur d’avions utilisés pour terroriser les civils palestiniens. Cette entreprise joue un rôle essentiel dans le projet Ciel Propre
de l’UE, qui cherche à réduire la contribution de l’aviation au changement climatique en développant des moteurs d’avion moins polluants. Du fait qu’IAI s’est vue donner carte blanche par la Commisson européenne pour déposer des brevets sur toute innovation réalisée dans le cadre de ce projet, il est tout à fait envisageable que des avions utilisés dans de futurs bombardements de la Palestine auront été développés avec l’aide involontaire du contribuable européen.
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Avigdor Lieberman avec Javier Solana, qui avait déclaré qu’"Israël était membre de l’UE sans être membre de ses institutions".
Il est hautement probable que l’intégration d’Israël dans l’Union européenne ira encore plus loin dans un avenir proche. En 2008, les chefs de la diplomatie de l’UE ont approuvé un plan pour "rehausser" leurs relations avec Israël au travers d’un "partenariat privilégié" qui permettrait à Israël de faire partie du marché unique européen des biens et services. Les démarches pour donner un effet concret à ce rehaussement sont au point mort depuis en raison de la guerre contre Gaza et du malaise de certaines capitales européennes devant la ligne dure du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Néanmoins, certaines étapes significatives ont été franchies ces derniers mois. En novembre dernier, par exemple, un accord sur les échanges agricoles a été finalisé aux termes duquel 80 % des produits frais israéliens et 95 % des aliments élaborés en Israël peuvent être exportés vers l’Union européenne sans droits de douane. Un accord de coopération entre Europol, l’agence policière européenne, et Israël a aussi été conclu (même s’il attend toujours d’être ratifié par les gouvernements européens). Ceci en dépit de nombreux rapports d’organisations des droits de l’homme selon lesquels les détenus en Israël sont torturés de façon routinière et en dépit des règles applicables depuis 1998 qui interdisent Europol de traiter des données obtenues par des méthodes cruelles.
Un facteur qui a contribué à ouvrir la voie à cette coopération est tout un ensemble d’organisations de lobbying dédiées à la promotion d’Israël a commencé à se développer à Bruxelles. L’American Jewish Committee, le Congrès Juif Européen et le B’nai Brith ont tous créé des bureaux des affaires européennes ces toutes dernières années, tandis qu’une alliance interpartis de députés européens (European Friends of Israel) a été fondée en 2006. Ces organisations ont répondu à la révulsion générale de l’opinion publique devant l’agression israélienne en qualifiant ceux qui critiquent Israël, dont des juifs de gauche, d’antisémites (une affirmation absurde sachant que la plupart des militants solidaires avec la Palestine abhorrent l’antisémitisme). Ils ont également fait valoir qu’il est dans l’intérêt de l’Europe de se lier à Israël parce que son économie est prospère et a fait preuve de résilience devant la récession économique mondiale.
La machine de propagande bien huilée a contribué à convaincre les décideurs politiques qu’Israël devait être vue comme une sorte de Canada méditerranéen, un pays "normal" industrialisé présentant de nombreuses similarités avec l’Europe. Mais Israël n’est pas un pays normal, c’est un pays qui occupe illégalement le territoire d’un autre peuple.
Les relations toujours plus approfondies de l’UE avec Israël ne peuvent pas être disjointes des brutalités infligées au quotidien aux Palestiniens. Plus ces relations seront étroites, plus l’Europe devra s’accommoder de l’oppression de la Palestine. L’Union européenne ne peut pas aider à résoudre les problèmes du Moyen Orient si elle participe à l’aggravation de ces problèmes.

(JPG) Né à Dublin en 1971, David Cronin est le correspondant à Bruxelles de l’agence de presse Inter Press Service. Il a d’abord occupé cette fonction pour le quotidien irlandais The Sunday Tribune après avoir été travaillé comme chargé de recherches et attaché de presse auprès du Parlement européen. Entre 2001 et 2006, il a collaboré à European Voice, hebdomadaire du groupe The Economist. (Source)
Le livre de David Cronin Europe’s Alliance with Israel : Aiding the Occupation sera publié dans le courant de l’année par Pluto Press.
4 mars 2010 - Pulsemedia.org - Publié par Mounadil et traduit par Djazaïri
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8302

La répression israélienne en Palestine s’aggrave

lundi 8 mars 2010 - 07h:00
Une interview de Mazin Qumsiyeh
Mazin Qumsiyeh : « L’armée israélienne me cherche » L’armée israélienne a envahi le quartier où réside Mazin Qumsiyeh à Beit Sahour, un faubourg de Bethléem, le 2 mars dans la nuit, réveillant sa mère, sa femme et sa soeur. Des soldats lourdement armés ont bloqué les routes durant « l’opération ».
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Enlèvement de jeunes Palestiniens par les troupes israéliennes dans les Territoires Occupés, lors d’une des nombreuses rafles exécutées en général la nuit où très tôt à l’aube - Photo : Ma’anImages
Lorsque sa famille a ouvert la porte, ils ont demandé à voir Mazin Qumsiyeh (*). On leur a dit que Mazin était déjà parti aux États-Unis. Il répond ici aux questions de Silvia Cattori.
Sylvia Cattori : Nous avons appris qu’Israël accentue sa répression contre les manifestations non-violentes. Pouvez-vous nous décrire le contexte de cette situation ?
Mazin Qumsiyeh  : La résistance civile non-violente en Palestine, contre le projet colonial sioniste, s’est développée depuis plus de 120 ans. Elle s’est accentuée sous l’occupation britannique entre 1917 et 1947. Mais elle a pris une tournure beaucoup plus aigüe sous l’occupation sioniste directe, de 1948 à nos jours. Les événements les plus visibles ont été médiatisés, par exemple pendant le soulèvement de 1987 à 1991, lorsque des manifestants pacifiques se sont trouvé confrontés à des politiques de répression brutales, des tirs, des démolitions de maisons etc. Avec la fin effective de la résistance armée en 2006, lorsque le Hamas est entré dans le processus politique en rejoignant les autres principales factions, la seule forme de résistance qui ait subsisté, capable de menacer l’occupation sans fin, a été la résistance civile, ou populaire. Les autorités israéliennes ont donc renforcé la pression sur toutes les formes de résistance civile. Ils ont arrêté des dizaines de militants de premier plan, harcelé et battu les autres, et dans plusieurs cas, blessé ou tué des manifestants pacifiques.
Sylvia Cattori : Combien y a-t-il de prisonniers dans les prisons israéliennes ?
Mazin Qumsiyeh  : Il y a plus de 11.000 prisonniers politiques dans les prisons israéliennes. Des centaines d’entre eux sont détenus au titre de la « détention administrative », ce qui signifie des mois et parfois des années sans même voir un juge militaire israélien (aussi injuste que puisse être ce juge).
Sylvia Cattori : Suite à ce qui s’est passé à Beit Sahour et qui a conduit aux récents troubles, la situation à Beit Sahour est maintenant aussi tendue qu’à Bi’lin ?
Mazin Qumsiyeh  : Beit Sahour a une longue et glorieuse histoire de résistance civile qui a débuté en 1919. La ville comprend 70% de chrétiens et 30% de musulmans. Lors du soulèvement de 1987, les habitants de la ville (dans leur ensemble) ont décidé d’utiliser les tactiques de la résistance civile. Cela inclut le refus des cartes d’identité émises par Israël, le refus de payer les impôts, le refus de coopérer etc. La ville a été attaquée à plusieurs reprises depuis la “Shdema”, le camp militaire israélien situé à la lisière de la ville (une zone connue des gens du pays sous le nom de Ush Ghrab).
Le 28 décembre 2000, les habitants de la ville ont invité des internationaux, y compris des Israéliens, à marcher sur le camp. Des centaines d’entre eux sont entrés dans le camp militaire en un acte éclatant de résistance civile. Ce succès a conduit à la fondation de l’ « International Solidarity Movement » à Beit Sahour. L’armée israélienne a quitté le site en avril 2006. Les habitants de la ville ont construit, sur une partie de l’ancien site, un « Parc de la Paix » comprenant une aire de jeu pour les enfants, et les propriétaires fonciers ont pu accéder à leurs terres pour la première fois depuis des décennies et ont commencé à les récupérer pour l’agriculture. Mais des colons extrémistes ont commencé à venir sur le site et à faire pression sur le gouvernement israélien qui a refusé d’approuver la construction d’un hôpital pour enfants sur le site (le financement est disponible pour ce projet). Pour amadouer les colons, l’armée israélienne est de retour à Ush Ghrab.
Un comité populaire a été créé en février 2010, alors que des bulldozers israéliens commençaient à travailler sur le site. Il comprend des représentants de toutes les factions politiques, et des organisations non gouvernementales. Il a organisé, jusqu’ici, des veilles de prières, des investigations juridiques, des protestations, et la mise en valeur des terres. La première veille de prières tenue dans le parc a été confrontée à une brutale attaque israélienne (voir la vidéo sous le lien : http://www.youtube.com/watch ?v=4he1vayLrfo). La semaine suivante, une attaque similaire a eu lieu contre les manifestants qui tentaient d’explorer le site (voir la vidéo sous le lien : http://www.youtube.com/watch ?v=s4MDxqrofhU).
Sylvia Cattori : Mais qu’en est-il en ce qui vous concerne ? Nous avons appris que vous étiez aussi personnellement visé. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé ?
Mazin Qumsiyeh  : À deux reprises, des officiers israéliens présents sur les lieux m’ont averti de ne pas « organiser » des événements. Je ne suis que l’une des nombreuses personnes qui coordonnent les activités et travaillent à former les gens et à s’engager dans d’autres formes de résistance non-violente. Toutes les formes de résistance sont reconnues par le droit international. Mais les gens respectent en particulier notre forme non-violente de résistance et la soutiennent. Je viens de terminer un livre intitulé « Hope and Empowerment : A history of Palestinian Popular Resistance » [« Espoir et prise de pouvoir : Une histoire de la résistance populaire palestinienne »]. De toute évidence, l’armée israélienne n’est pas heureuse à ce sujet. Elle avait durement réprimé la résistance civile, et arrêté plusieurs dizaines de militants à Bi’lin, Ni’lin, Al-Masara, et ailleurs, précisément au cours de l’année dernière. Elle a même tué et blessé d’autres manifestants pacifiques.
L’armée israélienne me cherche. Les soldats sont venus chez moi un jour après que je sois parti en tournée de conférences aux États-Unis. Les soldats lourdement armés et les officiers du renseignement sont venus mardi [2 mars ndt] à 1h30 du matin. Ils ont demandé à me voir et, comme je n’étais évidemment pas là, ils ont laissé une convocation pour le lundi 8 mars. Bien entendu, je ne pourrai pas m’y rendre vu que je suis encore aux États-Unis et que je ne puis changer mon horaire. Je suis sûr qu’ils vont venir me chercher à mon retour.
Sylvia Cattori : Qu’allez-vous faire, maintenant que vous êtes aux Etats-Unis et que vous savez que l’armée israélienne vous cherche ?
Mazin Qumsiyeh  : Je vais rentrer et affronter ce qui arrivera. La vérité et la justice ne sont pas des choses sur lesquelles on doive faire des compromis, quels que soient les injustices et la répression.
Sylvia Cattori : Votre famille est chrétienne et votre ville est en majorité chrétienne. Israël se comporte-t-il avec vous différemment qu’avec les musulmans ?
Mazin Qumsiyeh  : Non. Israël a été créé comme un État par et pour « le peuple juif » à travers le monde. Les indigènes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, ont été traités de la même manière : avec mépris, par l’oppression, et les tentatives inlassables pour nous éloigner de nos terres.
Sylvia Cattori : Que pensez-vous des problèmes entre le Fatah et le Hamas ?
Mazin Qumsiyeh  : C’est comme des détenus dans une prison qui, parfois élisent ou désignent des gars faciles pour s’accommoder avec les geôliers, et parfois essaient des gars plus durs qui refusent de coopérer avec les geôliers. Les différences entre eux sont englobées par le fait que les deux doivent vivre dans la prison. Je dirais que, malheureusement, nombre des factions palestiniennes y compris le Hamas et le Fatah sont tombées sous le charme des accords d’Oslo avec ses promesses illusoires de « l’autorité » alors qu’il n’ya vraiment qu’une seule autorité à l’ouest du Jourdain : l’État d’Israël. Ce qui aurait dû être fait, et qui est encore réalisable, est de lutter pour l’égalité et la justice à l’image de la lutte menée en Afrique du Sud. Nous ne pouvons pas accepter des Bantoustans avec des illusions pouvoir.
Sylvia Cattori : Quelle aide ou soutien attendez-vous du monde extérieur ?
Mazin Qumsiyeh  : Je pense que, comme c’est arrivé pour l’apartheid en Afrique du Sud, la communauté internationale a un rôle critique à jouer. Le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël (BDS), basé sur l’appel à l’action de la société civile palestinienne, se développe partout (voir : http://bdsmovement.net). Nous demandons instamment à tous de le rejoindre.
Au-delà de ça, il est d’une importance critique de toucher les médias, les politiciens, les chefs religieux, ainsi que les gens ordinaires pour leur faire comprendre ce qui se passe. Cela est particulièrement vrai dans les pays dont le gouvernement permet à cette répression de se poursuivre (par exemple : Israël, les États-Unis, le Canada, l’Australie, les pays européens, les pays arabes ayant des relations d’amitié avec Israël).
Sylvia Cattori : Merci beaucoup.
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Mazin Qumsiyeh
(*) Mazin Qumsiyeh est un militant infatigable pour les droits de l’homme des Palestiniens, qui est retourné dans sa ville natale de Beit Sahour en Cisjordanie occupée et qui enseigne maintenant dans les Universités de Bethléem et de Birzeit. Il a précédemment travaillé dans les facultés des Universités du Tennessee, de Duke et de Yale. Il est maintenant président du « Palestinian Center for Rapprochement Between People » [« Centre palestinien pour le rapprochement entre les gens »] à Beit Sahour, un faubourg de Bethléem. Auteur de « Sharing the Land of Canaan : Human Rights and the Israeli-Palestinian Struggle » [« Partager le Pays de Canaan : Les droits de l’homme et le conflit israélo-palestinien »] (2004), Qumsiyeh est à la fois un militant des droits de l’homme et un scientifique qui a une longue liste de publications sur la génétique à son actif.
3 mars 2010 - Ce texte peut être consulté ici :
http://www.silviacattori.net/articl...
Traduit de l’anglais par JPH pour Silviacattori.net

Les jeunes de Gaza ne sont pas « superflus »

dimanche 7 mars 2010 - 07h:50
Yousef Munayyer
Réponse de Yousef Munayyer (Palestine Center) à la proposition génocidaire de Martin Kramer. Cet article a été publié dans le Boston Globe hier.
Pour lire les propos écoeurants tenus récemment par le Pr. Martin Kramer, voir l’article sur http://www.info-palestine.net/article.php3 ?id_article=8267
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Enfants de Gaza - Photo : Urgence Palestine
« Pour réduire la criminalité des gangs, l’on pourrait établir des politiques de nature à freiner la croissance démographique afro américaine dans des lieux comme Harlem et Compton. Le gouvernement pourrait envisager d’arrêter les allocations familiales dans ces zones urbaines afin de décourager la natalité noire et éliminer l’arrivée de « jeunes superflus » dont la seule perspective d’avenir est de devenir les victimes de chefs de bandes criminelles qui leur donnent un sens d’appartenance. En dernière analyse, ces politiques sont une manière efficace de limiter la criminalité des gangs ».
L’absurdité et l’illogisme du paragraphe fictif ci-dessus, ne le cède qu’à son caractère offensant. En 2010, une telle attitude ne serait pas très bien vue, mais ce type d’arguments a été présenté récemment sous les applaudissements d’un public qui a été loin de manifester son dégoût.
Martin Kramer, chargé de cours au centre Weatherhead pour les affaires internationales de l’Université de Harvard, a présenté ce raisonnement lors d’une conférence tenue en Israël le mois dernier. La seule différence avec l’exemple ci-dessus était que ceux dont il cherchait à limiter le nombre étaient les Palestiniens de Gaza afin d’empêcher des « jeunes économiquement superflus » de rallier des groupes militants. Il a dit que « si la société ne peut pas offrir un avenir digne au quatrième et cinquième et sixième fils, alors quelqu’un d’autre s’en chargera ».
Il a aussi soutenu l’abaissement du taux de fertilité des Palestiniens de Gaza et il a affirmé que « ce recul se fera plus rapidement si l’Occident arrête de fournir, aux Palestiniens ayant statut de réfugiés, des subventions favorisant les naissances. ».
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Piochant dans les théories eugénistes de sinistre mémoire... Kramer se fait l’avocat du racisme le plus repoussant.
Il a parlé de société ? Vu la façon dont Kramer voit la réalité, c’est la société palestinienne qui ne peut pas offrir un avenir digne à ses enfants. Il semble croire que Gaza existe dans le vide. Il semble ignorer les événements et les acteurs qui ont créé la situation actuelle.
Les enfants de Gaza ne sont pas « économiquement superflus » parce qu’ils sont nés dans des familles nombreuses. Leur incapacité à être des membres productifs de la société n’est pas imputable à la société elle-même, mais à l’occupation dévastatrice de l’État d’Israël. L’occupation israélienne de Gaza, ainsi que le siège et les attaques qui s’en sont suivies, ont détruit des vies, l’industrie et l’infrastructure. Le pourcentage de la population qui dépend directement de l’aide alimentaire est passé de 60 à 80 % au cours des trois dernières années et le chômage n’a jamais été aussi élevé. Il est donc évident que si les enfants de Gaza sont « superflus », ce n’est pas simplement du fait de leur naissance, mais à cause du lieu où ils sont nés : un enfer dans une prison contrôlée de l’extérieur par Israël.
Pourtant Kramer sait très bien qu’Israël a mis le siège devant Gaza. En fait, il le soutient. Le siège, dit-il dans son discours, peut « interrompre l’accroissement démographique débridé à Gaza - et certains indices montreraient que le siège a cet effet - il commence peut-être à effriter la culture du martyre qui exige un apport constant de jeunes superflus ».
Le fait que Kramer n’établisse pas le rapport entre les politiques israéliennes et les conditions créant des êtres économiquement « superflus » souligne son inaptitude logique et analytique. Au vu du caractère raciste et offensant de ses commentaires, les décideurs de l’université de Harvard seraient bien inspirés de reconsidérer leurs liens avec de tels individus.
Si les commentaires de Kramer avaient porté sur n’importe quel autre groupe, comme celui qui est mentionné dans le premier paragraphe, Harvard aurait sans doute déjà mis fin à son contrat.
* Yousef Munayyer est directeur exécutif du Palestine Center. Cet exposé peut être utilisé sans sa permission. Il faut toutefois l’attribuer au centre.
3 mars 2010 - Cet article peut être consulté ici : http://www.boston.com/bostonglobe/e...
Traduction : Anne-Marie Goossens
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8284

« Les discussions indirectes sont une couverture pour les crimes israéliens »

dimanche 7 mars 2010 - 14h:31
Ahmad Yousef - Ma’an News Agency
Ahmad Yousef, conseiller au ministère palestinien des Affaires Etrangères [gouvernement élu de Gaza] a déclaré ce samedi que le parrainage par les Etats-Unis de pourparlers indirects avec Israël sont une couverture pour les crimes israéliens contre le peuple palestinien.
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Ahmad Youssef - Mouvement Hamas
« Si nous avions un accord politique [avec l’Autorité palestinienne de Ramallah], les forces d’occupation n’auraient osé ni s’attaquer à la mosquée Al-Aqsa ni inscrire la Mosquée Ibrahimi [Al Khalil] et la Mosquée Bilal [Béthlehem] sur la liste du patrimoine juif », a déclaré à M’ana Ahmad Yousef.
Yousef a aussi demandé à l’Egypte d’inviter toutes les organisations palestiniennes en réunion au Caire pour discuter les difficultés pour faire avancer la signature d’un accord d’unité.
« La réconciliation palestinienne est un choix stratégique, et la division doit cesser au plus vite », a-t-il ajouté.
L’OLP doit faire connaître ce dimanche 7 mars sa position sur les discussions indirectes avec Israël, après que Mahmoud Abbas ait consulté un certain nombre de ministres arabes des affaires étrangères, le Comité arabe de suivi, et les dirigeants égyptiens sur les succès possibles avec des pourparlers indirects [on croit rêver devant ce mélange d’impuissance et d’hypocrisie... N.d.T].
* Le Docteur Ahmad Yousef est adjoint au Ministère des Affaires étrangères
et ancien conseiller politique auprès du Premier ministre Ismail Haniyeh
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8299

Aucune lumière en vue

lundi 8 mars 2010 - 06h:55
Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly
Le gouvernement israélien d’extrême-droite ne recherche pas la paix mais au contraire fait tout pour la saboter, et certains dirigeants palestiniens appellent à présent à une Troisième Intifada, écrit Khaled Amayreh.
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Cet enfant palestinien jette des pierres en direction des soldats israéliens dans Hébron dans ce qui pourrait se transformer en troisième Intifada après l’annonce par Israël de son projet de détruire deux mosquées prétenduement situées sur des emplacements de sites religieux juifs.
Tandis que l’Autorité palestinienne (AP de Ramallah) semble encline à donner son accord pour « des entretiens indirects » avec Israël sans que ce dernier ait entrepris n’importe quel gel significatif de l’expansion des colonies juives en Cisjordanie, le gouvernement israélien lance provocation sur provocation, rendant peu probable la reprise - encore moins qu’un éventuel succès - d’entretiens pour la paix, particulièrement dans un avenir proche.
Israël a pris récemment plusieurs mesures qui, pour les responsables palestiniens, illustrent la détermination israélienne à perpétuer son occupation militaire de la terre palestinienne et à éliminer toute possibilité d’établir un état palestinien viable. Une de ces mesures est une décision du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu, la semaine dernière, d’ajouter deux très anciennes mosquées - la mosquée d’Ibrahimi dans Hébron et la mosquée de Bilal Ibn Rabah à Bethlehem - à la soi-disant liste du patrimoine d’Israël.
Les deux sites sont situés au cœur de la terre palestinienne, et cela signifie qu’Israël prévoit d’annexer les deux tombeaux, une éventualité violemment rejetée par les Palestiniens.
Avant la décision israélienne, les officiels occidentaux impliqués dans les efforts pour rétablir le processus de paix avaient indiqué que la reprise des entretiens entre Israël et l’AP de Ramallah aurait lieu dans quelques semaines. Tony Blair, le délégué du quartet pour le processus de paix au Moyen-Orient, aurait dit que « des progrès substantiels » avait été accomplis suite aux efforts fournis par les Etats-Unis pour obtenir que les deux côtés renouent avec des entretiens pour l’instant bloqués.
Mahmoud Abbas, le chef de l’AP de Ramallah, a réalisé une tournée étendue à trois continents afin d’expliquer les revendications palestiniennes à ses hôtes, a parlé de la consolidation d’une culture palestinienne pour la paix, indiquant au Parlement européen que la paix ne pouvait être gagnée que par des négociations et pas par la violence. Il semble avoir diminué son insistance précédente selon laquelle la reprise d’entretiens pour la paix avec Israël n’ait lieu qu’après l’acceptation par Israël de geler l’expansion de ses colonies.
Mais les dernières provocations israéliennes, avec la saisie des deux mosquées, semblent avoir empoisonné le peu d’atmosphère d’optimisme ou de bonne volonté que George Mitchell, le délégué des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, ait pu stimuler lors de sa dernière visite dans la région. Un officiel palestinien a suggéré que le consentement palestinien pour reprendre des entretiens de paix, actuellement bloqués, avec Israël serait purement du spectacle. « Si nous acceptions de reprendre des entretiens dans ces circonstances, nous ferions cela uniquement pour satisfaire et apaiser les Américains qui veulent apparemment un résultat quel qu’il soit, aussi superficiel soit-il. »
Un autre officiel, Ghassan Khatib, qui dirige le bureau de presse du gouvernement palestinien, a exprimé une vue identique, disant que la reprise d’entretiens avec Israël ne signifierait nullement que la paix ou la justice soient à l’ordre du jour. Parlant à Al-Ahram Weekly depuis son bureau de Ramallah, Khatib a expliqué que des entretiens pour la paix serait « injustifiés » si les deux côtés ne s’accordaient pas sur trois points principaux : un date limite pour conclure les entretiens, les tracés des frontières de l’Etat palestinien à venir et les documents de référence - à savoir les résolutions des Nations-Unies concernant la question palestinienne dont la garantie du droit au retour pour les réfugiés palestiniens déracinés à la création d’Israël il y a plus de 60 ans.
Interrogé pour savoir si les entretiens indirects seraient suffisants pour résoudre ces questions de base, Khatib a indiqué qu’aucune quantité d’entretiens - directs ou indirects - ne serait suffisante. « La solution ne réside pas dans plus de discussions. Le problème réel, c’est le refus d’Israël de cesser son occupation. »
Khatib a indiqué que les semaines et les mois à venir verront soit encore plus de paralysie - ce qui pourrait précipiter la violence - soit une reprise de pourparlers de paix dont l’échec prévisible donnera un résultat identique. « Mon impression est qu’il ne peut y avoir aucun entretien de paix sérieux, encore moins un accord de paix, avec ce gouvernement [israélien] d’extrême-droite qui au lieu de faciliter le processus de paix, empoisonne vraiment l’atmosphère en volant encore plus de terre palestinienne, en saisissant des mosquées et en construisant encore plus de colonies. »
Ce pessimisme est partagé par la plupart - sinon tous - les officiels de l’AP et du Fatah. Ahmed Qurei, un ancien premier ministre palestinien et porte-parole au conseil législatif, a récemment déclaré aux journalistes que « les perspectives pour un accord de paix avec Israël étaient très faibles » et que « les cinq années à venir seront très, très difficiles. » Il a ajouté qu’Israël était « encore peu disposé à évoluer de façon à reconnaître le droit du peuple palestinien à la liberté, à l’indépendance et à la dignité humaine. »
Tandis que quelques dirigeants palestiniens - dont Ismail Haniyeh, le Premier ministre du gouvernement palestinien élu et basé à Gaza - incitent déjà à un nouveau soulèvement contre Israël somme seul moyen de sortir de cette impasse insupportable, quelques officiels de l’AP font joujou avec une proposition française, qui doit encore être affinée, qui reconnaîtrait dans les 18 prochains mois un état palestinien dans des frontières non définies.
« Nous faisons bon accueil à ces déclarations européennes, particulièrement celles de la France, qui selon nous a adopté une nouvelle attitude dans l’impasse politique actuelle, » a déclaré Nabil Shaath, un des principaux porte-parole de l’AP, cité par Maan News Agency.
Mais un tel Etat sans frontières définies, rétorquent beaucoup de Palestiniens et ceux qui les soutiennent, est un moyen de liquider la cause palestinienne puisque cela permettrait à Israël - peut-être sous une rubrique de l’échange de terres - de consolider sa mainmise sur Jérusalem est et sur des pans entiers de la Cisjordanie.
L’AP avait pourtant à plusieurs reprises fait savoir qu’elle n’accepterait jamais un Etat avec des frontières provisoires.
29 février 2010 - Al-Ahram Weekly - Traduction : Nazem
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8287

La guerre contre l’Iran se prépare

publié le dimanche 7 mars 2010
Aissa Hireche

 
Les jours passent et se ressemblent, ou presque. De petits faits divers par-ci, quelques évènements par-là, une parole ici, un geste ailleurs, un incident dans un coin, un petit accident dans un autre… Lorsqu’on les regarde séparément, on a l’impression qu’il ne s’agit que de petites choses insignifiantes, mais il suffit parfois de les relier pour y découvrir le fil conducteur de l’histoire de l’humanité et les éléments premiers du sens de l’homme.
Quelles relations peuvent exister entre Iulia Tymoshenko et l’assassinat de Mabhouh à Dubaï ? Entre la visite du Président Russe à Paris et l’opération Mushtarak en Afghanistan ? Quelle relation peut exister entre les éloges lancés à l’adresse du premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan par un officiel Qatari et la reprise des négociations entre l’Inde et le Pakistan ? Quelle relation peut-on faire aussi entre la lâche décision d’annexion d’une partie d’Hébron par Netanyahu et la construction du mur d’acier par l’Egypte ? Quelles relations existeraient donc entre les excuses formulées par Walid Joumblat à la Syrie et la décision iranienne d’enrichir l’uranium à 20% ? A part le fait qu’ils aient tous eu lieu au cours des mois de janvier et février 2010, ces différents évènements, en apparences banals, ont en commun le fait qu’ils annoncent avec beaucoup d’insistance d’ailleurs une guerre prochaine, celle que Barak Obama, prix Nobel de la paix, aurait décidé de mener contre l’Iran !
Iulia, la première feuille d’un automne iranien Le 08 février 2010. Il est exactement 6h12’ ce matin lorsque la jeune dame blonde se laissa tomber sur la chaise. Malgré la douche froide qu’elle vient de prendre pour mieux se réveiller, elle n’arrive toujours pas à tenir debout. Elle n’a dormi qu’une heure à peine cette nuit et elle a l’impression que sa tête va exploser.
La journée d’hier a été intense en activités et toute la nuit, la dame aux tresses blondes, comme l’appellent certains journalistes, elle l’a passée à suivre de près avec ses militants les résultats du scrutin. Iulia Tymoshenko, n’arrive toujours pas à comprendre comment elle a perdu les élections présidentielles. Elle qui était pratiquement assurée de remporter le scrutin.
Dans son déshabillé de satin, couleur rose clair, la présidente et fondatrice du Parti « Batkivshchyna » (la Patrie) se demande encore comment est-il possible qu’elle perde contre son adversaire alors que tout indiquait qu’elle devait être la grande élue en ce jour d’hiver ukrainien. Mais plus que la défaite elle-même et la perte de la présidence du pays, ce qu’elle elle n’arrive pas à comprendre, c’est surtout le silence de l’Europe et la position incompréhensible l’OSCE (organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) qui s’est empressée de juger le scrutin « transparent et honnête » alors qu’elle n’a cessé durant les dernières vingt quatre heures de dénoncer, avec ses partisans, des irrégularités et des fraudes massives.
Au prix d’un grand effort elle arriva à se lever en entendant la bouilloire siffler. En revenant de la cuisine, une grande tasse de café à la main, elle pense encore aux multiples signaux que lui avait lancés l’Occident. Depuis qu’elle a pris part à la Révolution Orange aux côté de celui qui allait devenir son pire ennemi, Viktor Iouchtchenko le chef de l’État sortant, elle a gagné un capital sympathie très important auprès des médias occidentaux et aussi auprès de cercles influents et centres de décisions. Iulia se rappelle au mot près le communiqué de presse balancé un certain matin d’automne 2007 par le puissant PPE « En outre, disait la fin du communiqué, nous sommes convaincus que le Premier Ministre Yulia Tymoshenko donnera une nouvelle impulsion à la direction européenne de l’Ukraine – bien entendu, le PPE sera heureux de l’aider dans cette tâche ». En emportant le scrutin présidentiel avec 48,95 % de voix contre 45,47 % (le total ne fait pas 100 parce que conformément à la constitution ukrainienne plus de 5.5% ont voté « contre tous » à ce second tour) pour celle que certains médias occidentaux appelaient, lors des innombrables manifestations d’opposition aux communistes, la « Jeanne d’Arc de la Révolution », Viktor Ianoukovitch, l’ex-communiste, peut dire qu’il a pris sa revanche sur la Révolution orange.
En fait, Ianoukovitch est le candidat de Moscou et c’est en réalité Moscou qui prend sa revanche. Cela tout le monde le sait, et Iulia aussi le sait, mais ce que la dame blonde aux tresses enroulées sur le haut de la tête n’a pas encore compris en cette froide matinée de février ukrainien, c’est qu’elle est la première victime de la terrible machine de guerre qui est bel et bien enclenchée par l’administration d’Obama en concertation avec certains pays de l’Occident contre l’Iran.
Le retour du grand frère Russe
02 mars 2010. En montant les quelques marches de l’Elysée avec un Sarkozy tout heureux, le président russe Dimitri Medvedev se réjouit. Les négociations de son pays avec Européens et Américains ont été menées d’une main de maître. Il a obtenu que son candidat soit vainqueur à la présidentielle en Ukraine sans aucun commentaire des pays occidentaux ni même de l’OSCE ; il vient de signer un accord pour la construction d’une base militaire en Abkhazie pour une durée de quarante-neuf ans sans que personne ne s’en sente offusqué ; il a obtenu aussi à ce que Sarkozy reconsidère sa position sur la vente des navires militaires de type Mistral.
En effet, à Paris on ne parle plus de la vente « d’un seul et unique » de ces BPC (Bâtiment de Projection et de Commandement), mais on se donne même la peine de préciser qu’il s’agit bel et bien de « quatre » navires. En contrepartie, qu’a donné la Russie de Medvedev ? jusque là rien ou presque. Question livraison d’armes à l’Iran, Moscou semble jouer au Yoyo. Une fois oui, une fois non, histoire de mettre la pression dans ses négociations.
Le premier ministre israélien dépêché à Moscou pour obtenir l’annulation des missiles S-300 à l’Iran, est retourné bredouille. Le seul geste de Moscou a consisté à annoncer que la livraison des S-300 à Téhéran sera reportée. Une déclaration qui sera suivie quelques jours plus tard par une autre selon laquelle la Russie livrera bien l’Iran en S-300. « La Russie entend respecter ses engagements et livrer à l’Iran le système de défense antimissiles S-300 commandé par Téhéran », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergeï Riabkov, cité par l’agence Interfax une semaine plus tard.
En ce qui concerne le ralliement à la position des Américains et des Européens, Moscou tergiverse et la seule concession faite par Medvedev c’est qu’il « accepte désormais de reconsidérer l’introduction des sanctions » contre Téhéran « à condition » précise-t-il que ces sanctions ne soient imposées qu’en cas d’impossibilité de dialogue et qu’elle n’affecte pas les civils. La Russie est très attentive et semble prendre beaucoup de précautions. En effet, les intérêts russes en Iran sont si importants que le dernier mot doit revenir de fait au « grand frère russe » qui est en train de marquer sérieusement son retour.
La main du Mossad 02 mars 2010. Devant les nombreux journalistes venus assister à sa nième conférence de presse dans la luxueuse salle réservée à de tels évènements, le chef de la police de Dubaï laisse tomber l’information. « J’ai présenté au procureur de l’émirat, dit-il, une requête en vue de l’arrestation du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou ! » devant l’insistance de certains journalistes quant au bien fondé d’une telle démarche, il affirma avoir « désormais la certitude que le Mossad avait tué le responsable du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh ». Nul n’est dupe pour croire qu’un jour un pays arabe s’aventurera à vouloir arrêter un premier ministre israélien. Comme nul n’est assez dupe pour croire que les Français, les Britanniques, les Australiens, et autres pays dont les passeports ont été utilisés en vue du meurtre prémédité de Mabhouh oseront sanctionner Israël. Il suffit de noter que « De source proche des services de renseignement français, on dit que le passeport français utilisé par un des suspects avait un numéro valide, mais que le nom associé n’était pas correct » pour être sûr de la parodie qui va suivre dans les prochains jours. D’ailleurs du côté d’Israël, on ne cache pas sa satisfaction de voir que tous les services de renseignements font ce qu’ils peuvent pour la sécurité d’Israël ».
Le 19 janvier 2010, l’assassinat de Mabhouh dans un luxueux hôtel à Dubaï n’avait rien de fortuit. Ce n’était pas une simple exécution d’un chef de Hamas, c’était l’élimination de celui qui avait la charge de l’armement de Hamas d’Iran. Les Israéliens n’écartent pas une entrée en guerre de Hamas et de Hezbollah contre eux lorsqu’une guerre contre l’Iran éclatera, les deux groupes se faisant doter en armes par Téhéran et en étant très proches. C’est dans ce sens que les menaces de bombardement du Liban ont été proliférées par Israël et c’est à cela que Saad El Hariri a dû répliquer aussitôt que le Liban se mettra alors du côté de Hezbollah. Mais il n’y a pas que Hamas et le Hezbollah. Il y a aussi la Syrie qui détient un rôle de premier ordre dans la région. La Syrie qui n’est pas dupe de ce qui l’attend après la destruction de l’Iran sait que son destin est inséparable désormais de celui du puissant voisin Chiite. Et il ne sert plus à rien désormais pour Bachar El Assad de cacher ses préférences, c’est ce qui explique pourquoi il n’a pas hésité à s’afficher, la semaine dernière à Damas, et de quelle manière, avec le président Iranien et la chef du Hezbollah. Damas sait à quel point les pays arabes ne peuvent lui venir en aide lorsque sonnera l’heure de sa punition qui n’a été que reportée par les Etats Unis qui veulent remettre leur casquette de gendarme du monde. Les divergences, les craintes et les luttes pour le leadership dans les régions sont trop forts ont fait que les sunnites ne feront certainement rien pour éviter la guerre contre l’Iran, mais c’est la situation particulière de Damas, vue la menace qui pèse sur sa tête, qui a fait que cette dernière se range seule du côté des chiites.
Les ottomans sont aussi de retour
Mais les pays sunnites de la région qui n’ont pas assez de puissances pour prétendre prendre le leadership à l’Iran ont trouvé en la Turquie un semblant de solution. En effet, ce pays dont l’économie et la puissance ne cessent de prendre du poids, est en train de se faire une place de plus en plus grande dans la région après en avoir été longtemps écarté à cause des relations historiques entre les Ottomans et les Arabes d’une part, et par le panarabisme lancé de Nasser. En plus, le Premier ministre Turc Erdogan qui a gagné beaucoup de points dans l’opinion arabe, notamment avec son comportement à l’égard de Shimon Pérès à Davos et sa position ferme devant les exactions israéliennes à de Gaza, est en train de devenir un éventuel leader musulman, dans un monde où le leadership fait grand défaut. En tout cas, il est déjà considéré comme un leader au moyen Orient. Et les éloges qu’il a reçus à Qatar, récemment, scellent définitivement la décadence de certaines parties de la région, comme l’Egypte qui, depuis la venue de Moubarak, a n’a pas cessé de perdre des points à cause de positions compromettantes et d’actes non moins compromettants. Erdogan, qui a trouvé le moyen de faire de son pays un partenaire incontournable au Moyen Orient, est en train de marquer le retour des … Ottomans avant que ne se déclenche la guerre d’Iran de sorte que, une fois la puissance iranienne détruite, la Turquie sera prête pour le rôle.
La diversion
En attendant, il faut que les Américains en finissent avec les guerres d’Afghanistan et d’Irak. L’opération Musharak qu’ils viennent de mener en terre afghane est la preuve qu’ils veulent en finir au plus tôt et se retirer pour se concentrer sur l’Iran. La décision de se retirer de l’Irak aussi doit être vue de ce point de vue. La date de 2011 revient très souvent dans les prévisions américaines quant aux retraits des deux pays. Mais 2011 aussi est la date retenue pour doter quatre pays du Moyen Orient d’un système de défense antimissiles, il s’agit de Bahrein, Dubai, Abu Dhabi et des Emirats. Mais pour enfermer correctement les Iraniens, les Américains voudraient que le Pakistan positionne ses hommes le long des frontières avec l’Iran. Or, cela n’est pas possible avec le nombre des troupes que le Pakistan déploie le long de la frontière avec l’Inde. Les négociations qui ont été entamées la semaine dernière entre Pakistanais et Indiens, et qui ont été provoquées par les Américains, ont donc toutes les chances d’aboutir, Obama en est le garant aux yeux des uns et des autres .
L’Iran n’ignore rien de tout cela. Sa décision d’enrichir l’uranium à 20% n’est en fait qu’une preuve que, se sachant cette fois sérieusement menacé, Téhéran est entré dans une phase de course contre la montre pour se préparer à une guerre que tout semble indiquer pour … 2011. Israël insiste pour que l’effort d’armement nucléaire des Iraniens soit détruit au plus vite et pour arriver à leur fin Netanyahu et les siens sont capable de provoquer le déclic. Obama résiste à la pression du lobby juif américain et tente d’obtenir, en contre partie, quelque chose pour les Arabes mais Israël ne veut rien donner. Ni gel de la colonisation en Cisjordanie ni Etat palestinien. La récente décision d’annexer une partie d’Hébron est une provocation israélienne supplémentaire destinée à rappeler à Obama l’impatience d’Israël devant le prétendu danger du nucléaire iranien et aussi pour détourner le monde de l’affaire de l’assassinat de Mahbouh. Une diversion à l’israélienne !
publié par le Quotidien d’Oran

Les pêcheurs de Gaza sous le feu

publié le dimanche 7 mars 2010


 
Sami al-Qouqa, un ancien pêcheur de 30 ans qui habite le camp de réfugiés al-Shati, dans le nord de Gaza, a perdu sa main gauche quand son bateau de pêche a été attaqué par une canonnière israélienne le 12 mars 2007. L’incident a été documenté par le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).
« J’étais sur mon petit bateau de pêche en eaux palestiniennes quand deux navires de guerre israéliens se sont approchés. L’un des hommes a crié : ‘Partez ou on vous tue !’ J’ai d’abord refusé, et ils ont commencé à me tirer dessus. L’un d’eux a réussi à me toucher et j’ai été sérieusement blessé à l’avant-bras et la main gauches », a dit M. al-Qouqa à IRIN.
Il a été amené à l’hôpital al-Shifa, à Gaza, où des médecins ont amputé sa main. Depuis, il n’a pas retrouvé de travail et dépend de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pour nourrir sa femme et ses deux fils.
Selon les pêcheurs de Gaza, les restrictions toujours plus strictes en matière de lieux de pêche, les attaques fréquentes par les canonnières israéliennes et le blocus économique en place depuis 2007 obligent un nombre croissant d’entre eux à cesser leurs activités.
« Maintenant, les Israéliens tirent tout le temps et sans aucune raison. La marine israélienne continue de confisquer des équipements de pêche et de déchirer les filets des pêcheurs. Nous voulons une solution, mais nous ne savons pas comment, quoi ou quand. Combien de temps encore devrons-nous supporter cette situation ? » a dit à IRIN Muhamed Subuh al-Hissi, un membre du syndicat des pêcheurs palestiniens à Gaza.
Il a dit qu’avant la guerre qui a opposé Israël et le Hamas pendant 23 jours, début 2009, les canonnières israéliennes n’ouvraient le feu que sur les pêcheurs qui s’aventuraient au-delà de la zone tampon de trois miles. Maintenant, ils tirent même sur les bateaux qui se trouvent clairement dans cette zone.
Les accords d’Oslo, une déclaration de principe signée en 1993 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël, autorisaient les pêcheurs de Gaza à s’aventurer jusqu’à 20 miles nautiques des côtes. Toutefois, depuis le début de la seconde Intifada, en 2000, la marine israélienne a imposé une limite de trois miles et l’a rigoureusement fait respecter depuis la guerre de l’an dernier. Elle affirme que cette mesure est nécessaire pour faire cesser l’introduction illégale d’armes dans la bande de Gaza.
Le point de vue israélien
« Les marines israéliens tirent sur les bateaux palestiniens qui sont soupçonnés de faire entrer illégalement des armes à Gaza et qui représentent donc une menace pour la sécurité d’Israël », a dit à IRIN Avikhay Adrii, un porte-parole de l’armée israélienne. « Certains groupes utilisent des bateaux de pêche palestiniens à des fins terroristes. La marine israélienne a la responsabilité de protéger les côtes d’Israël ».
Début février, le chef de la marine israélienne, le major général Eliezer Marom, a dit aux journalistes que des « organisations terroristes » palestiniennes « faisaient un usage cynique des pêcheurs de Gaza à des fins terroristes » suite à la découverte d’un troisième dispositif explosif caché dans un fût sur une plage israélienne. Il a ajouté que toute collaboration avec les groupes de militants palestiniens qui revendiquent la responsabilité du largage des fûts pourrait nuire à la subsistance des pêcheurs de Gaza.
« Des navires de sécurité ordinaires patrouillent la zone et leur permettent aux pêcheurs de Gaza de pêcher en toute tranquillité. Je leur demande de ne pas coopérer avec des organisations terroristes et de ne pas leur permettre d’utiliser leurs bateaux de pêche à des fins terroristes », a-t-il dit.
Le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a dénombré 36 attaques de la marine israélienne visant des pêcheurs de Gaza entre le 20 janvier et le 2 décembre 2009 dans le cadre de la surveillance de la zone tampon.
Selon des témoins locaux, le dernier incident s’est produit le 22 février dernier. Des canonnières israéliennes auraient tiré sur des pêcheurs au large des côtes de Gaza, les obligeant à retourner sur le rivage. Une porte-parole de l’armée israélienne a nié qu’un tel incident se soit produit.
Diminution des prises, espoirs
Selon PAL-Think, un groupe de réflexion palestinien dont le siège est à Gaza, il y avait environ 6 000 pêcheurs à Gaza il y a dix ans et ils attrapaient 3 000 tonnes de poisson par an. Aujourd’hui, il n’en reste plus que quelque 3 600, et la quantité de poissons qu’ils prennent est si ridicule que certains ont décidé d’ouvrir des fermes piscicoles sur la terre ferme.
Le blocus israélien empêche également l’exportation de poisson à l’extérieur de la bande de Gaza, ce qui met encore plus en péril la subsistance des pêcheurs.
« À cause des restrictions imposées par Israël sur bande de Gaza, les pêcheurs palestiniens n’ont pas accès à beaucoup d’endroits et ne peuvent capturer beaucoup de poissons... Tous les bateaux vont donc pêcher aux mêmes endroits et il n’y a plus de poisson à Gaza », a dit à IRIN le ministre de l’Agriculture du Hamas, M. Mohamed Ramadan Agha.
Il a appelé les organisations internationales à prendre des mesures sérieuses pour protéger le gagne-pain des pêcheurs palestiniens.
Pendant ce temps, M. al-Qouqa, l’ancien pêcheur, est découragé : « Ma vie est vraiment misérable parce que je ne peux plus pêcher avec une seule main. Je vais au port pour voir mes amis pêcheurs et discuter avec eux. Je suis incapable de rester à la maison à longueur de journée ».
GAZA, 25 février 2010
publié par Irin