lundi 12 janvier 2015

De Charlie Hebdo à l’islamophobie d’Etat

« La dictature n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise ». Bertolt Brecht
11.01.2015 - Le Comité Action Palestine condamne fermement l’assassinat comme mode d’action politique et défend la liberté d’expression. Charlie Hebdo avait le droit d’exprimer son opinion même si elle était nauséabonde et d’une vulgarité sans nom. Mais cette liberté d’expression ne peut être à géométrie variable, elle est un principe. C’est ce principe que le Comité Action Palestine a toujours défendu dans le cadre de son action, et c’est au nom de ce principe qu’il avait dénoncé les interdictions des spectacles de l’humoriste Dieudonné. Or on constate que l’Etat français la défend dans le cas de Charlie Hebdo alors qu’il n’a pas hésité à censurer Dieudonné et interdire les manifestations dénonçant les massacres sionistes à Gaza en juillet 2014. Devons-nous en conclure que la liberté d’expression s’arrête là où commence l’Etat d’Israël ? La présence à la manifestation parisienne du dimanche 11 janvier 2015 de plusieurs dirigeants de l’entité sioniste répond sans ambiguïté à cette question.
Mais au-delà de cette clarification sur les principes, Il faut prendre la mesure des évènements actuels. Suite aux « attentats de Charlie Hebdo », on assiste à une manœuvre politique d’une ampleur inégalée qui prend la forme d’une mobilisation de masse et d’une propagande médiatique à grande échelle. Les objectifs de cette manœuvre commencent à apparaitre clairement. Dans une situation de crise économique extrême, il s’agit de décomplexer l'islamophobie qui a été instillée dans la société française depuis des années ; de créer la division et un état de tension permanent entre la minorité musulmane et le reste de la population ; de préparer la répression de cette minorité musulmane notamment à travers un arsenal juridique ; de créer une identification entre la situation d'Israël et celle de la France et justifier la répression de l'antisionisme. Le but est clairement d’empêcher toute contestation sociale et politique et expression de solidarité avec le peuple palestinien. Pour la minorité musulmane, les options qui lui restent à l'avenir ne sont pas nombreuses : se soumettre, émigrer ou s'organiser.
Le Comité Action Palestine appelle à la vigilance et invite urgemment les musulmans à s’organiser et à résister à la répression qui s’annonce.
Retrouvez toutes les analyses du Comité Action Palestine sur leur site, où vous pouvez également vous procurer le Calendrier Palestine Libre 2015dont le thème, cette année, est le SOUTIEN A LA RESISTANCE PALESTINIENNE.
COMITE ACTION PALESTINE
BP 30053
33015 BORDEAUX
facebook : capfalestine

Trois bébés et un jeune adulte sont morts de froid dans Gaza

Un bébé et un jeune homme ont été retrouvés morts à Gaza ce samedi, ce qui porte à quatre le nombre de morts dans la tempête d’hiver Huda, après que les Palestiniens dans la minuscule enclave côtière aient enduré leur nuit la plus froide depuis le début de la tempête.

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Gaza, le 3 Janvier, 2014 - Un enfant palestinien regarde à travers un trou dans le mur d’un bâtiment qui a été détruit par les frappes israéliennes dans le quartier de Shujaiyya dans la ville de Gaza - Photo : Anadolu/Ashraf Amra
Le samedi après-midi, une petite fille âgée de deux mois a été retrouvée morte dans un refuge pour les personnes déplacées à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza.
Un parent de l’enfant a déclaré à l’agence Ma’an que Salma Zeidan al-Masri, âgée de deux mois, a été retrouvée morte dans l’abri Rashad al-Shawwa à Beit Hanoun. Le communiqué dit que l’enfant était bleue de froid au moment où elle a été trouvée.
Un jeune pêcheur a également été retrouvé mort à Gaza ce samedi, ayant péri à cause du froid extrême.
Nizar Ayyash, responsable de l’Union des pêcheurs de Gaza, a déclaré à Ma’an que Ahmad al-Lahham Sufian, âgé de 22, est décédé alors qu’il travaillait sur la rive ouest de Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza.
Les décès de samedi après-midi se sont produits après qu’un nouveau-né ait été retrouvé mort plus tôt dans la journée.
Un bébé âgé d’un mois, Adel Maher al-Lahham, a succombé au froid très dur dans sa maison à l’ouest de Khan Younis.
Le nourrisson Rahaf Abou Assi, âgé de deux mois, est mort de froid vendredi à Rafah en raison de problèmes pulmonaires causés par les très basses températeures.
Sa famille vivait dans une maison qui a été partiellement détruite par Israël pendant les bombardements de cet été.
Dans les quatre jours qui ont suivi l’arrivée de la tempête Huda en Terre Sainte, des dizaines de familles de Gaza ont été évacuées de leurs foyers en raison des inondations.
De graves inondations sont signalées dans certaines parties du sud de la bande de Gaza, touchant particulièrement les familles vivant dans des maisons mobiles et d’autres déplacées par la guerre israélienne.
Les services de défense civile de Gaza ont déclaré que des dizaines de maisons dans le territoire côtier, déjà ravagé par l’assaut israélien sur l’enclave palestinienne cet été, ont été inondées dans la tempête qui a amené de la pluie verglaçante et des vents violents.
Raed al-Dahshan, responsable de la défense civile de Gaza, a déclaré que son personnel faisait face à « « une situation difficile qui a été aggravée par un manque d’infrastructures », pour aider ceux qui souffrent de la tempête.
En raison du siège israélien sur Gaza, qui date maintenant de 8 ans, la grande majorité des personnes déplacées par la guerre ont été dans l’incapacité de reconstruire leurs maisons et beaucoup se sont installées dans des maisons mobiles ou d’autres formes de logements insalubres.
La situation est aggravée par le manque de carburant pour l’énergie électrique, ce qui signifie que l’électricité est disponible environ huit heures par jour, avec des coupures occasionnelles limitant encore le temps de fourniture.
L’unique centrale électrique de Gaza, qui a été endommagée pendant la guerre, est aux prises avec une grave pénurie de carburant et uniquement en mesure d’approvisionner l’enclave assiégée avec six heures d’électricité par jour.
Le manque de carburant est également le résultat du siège israélien, qui limite la capacité des Palestiniens à importer du carburant pour la centrale électrique de Gaza ainsi que pour les besoins domestiques comme le chauffage.
Gaza est aussi sujette à de graves inondations, exacerbée par un manque chronique de carburant qui limite la quantité d’eau qui peut être pompée dans les zones touchées par les inondations.
Les pénuries de carburant sont le résultat du blocus israélien qui limite l’importation de machines pour le pompage et la gestion des eaux usées, qui pourraient aider les Gazaouis à lutter contre les inondations. La dernière guerre a exacerbé la crise.
Les Gazaouis vivent maintenant aux chandelles et feu de bois à cause des pénuries d’électricité, et utilisent des sacs de sable pour renforcer leurs maisons menacées par les inondations. Certains Gazaouis ont cherché refuge dans le cimetière Sheikh Shaaban à l’extérieur la ville de Gaza, vivant dans des huttes et sous des tentes de fortune.
Plus de 96 000 maisons de Gaza ont été détruites ou endommagées durant le conflit de 51 jours, selon les estimations des Nations Unies. Les responsables des agences internationales disent que 17 000 personnes déplacées vivent encore dans les écoles.
En outre, les Nations Unies ont communiqué que jusqu’à 1500 enfants ont été rendus orphelins par les attaques israéliennes qui ont tué plus de 2300 Palestiniens, alors que 6000 enfants ont un parent avec un handicap à vie.
La majorité des 110 000 sans-abri de Gaza sont des enfants.
Les tempêtes ont également frappé d’autres pays de la région et trois réfugiés syriens - dont un bébé - sont morts de froid au Liban.
Al-Akhbar a également appris qu’un bébé âgé d’une d’une semaine a été retrouvé mort dans un camp de réfugiés d’Ersal. L’information n’a pas encore été confirmée.
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu

Netanyahu va-t-il finir à La Haye ?

L’adhésion palestinienne à la Cour Pénale Internationale (CPI) a mis en branle une série d’événements aux conséquences d’une grande ampleur potentielle, tant pour Israël que pour les Palestiniens.

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François Hollande (à d.), ici en pleine séance de flagornerie avec Netanyahou, s’est fait depuis longtemps le complice des crimes commis contre la population palestinienne, et il illustre à merveille l’hypocrisie, la couardise et l’absence de tout sens moral des dirigeants européens
Al-Araby – Le week-end dernier, le Fatah a posté sur sa page Facebook une image du Premier ministre Netanyahu à côté d’une potence, avec la légende : « Prochainement ... », accompagnée des plateaux de la balance qui figure dans le logo de la CPI à La Haye. C’est certainement le destin que beaucoup de Palestiniens souhaitent à Netanyahu pour ces prochains mois.
La semaine dernière Mahmoud Abbas, le Président palestinien, a donc signé non sans réticence la demande d’adhésion au Statut de Rome, pavant la voie pour devenir membre de la CPI, après l’échec du vote au Conseil de Sécurité de l’ONU sur une résolution mettant fin à l’occupation pour 2017.
Mais les loyalistes du Fatah, le parti d’Abbas, risquent d’être déçus. Il y a bien des obstacles à éliminer avant que quiconque en Israël, sans même parler du Premier ministre, ne vienne à la barre de La Haye sous l’accusation de crimes de guerre.
Le premier test concerne les nerfs d’Abbas. Il faut 60 jours pour que la demande d’adhésion à la CPI prenne effet. Entre-temps, Israël et les USA – qui n’ont pas signé le Statut de Rome - exerceront sur lui toute la pression possible pour changer le cours des choses. Au Conseil des ministres de dimanche dernier, Netanyahu a annoncé qu’Israël allait retenir les taxes et droits de douane mensuels qu’il collecte au profit de l’Autorité Palestinienne (AP) d’Abbas et qu’il doit lui reverser (*).
Vu l’état médiocre des finances de l’AP, c’est une rétorsion qui se fera bientôt ressentir. Abbas a balayé le coup d’un revers de main, masquant son désespoir diplomatique d’un mépris désinvolte : « Maintenant, voilà les sanctions – c’est bien. Il y a escalade – c’est bien … mais nous continuons à avancer » a-t-il dit. Israël menace de rajouter d’autres punitions cette semaine. Ou comme l’exprimait un ancien Ministre des Affaires étrangères : « Israël va passer du mode défense au mode attaque ».
Cela comprend un plan pour impliquer les puissants lobbies israéliens à Washington afin d’assurer le renforcement de la législation prescrivant au Congrès de retenir quelque 400 millions de dollars d’aide à l’AP au cas où les Palestiniens entament réellement à La Haye des actions relatives à des crimes de guerre israéliens.
Israël veut impliquer Abbas
En outre, Israël menace d’avoir recours à sa propre collecte de renseignements, indubitablement colossale, contre Abbas et ses fonctionnaires AP, les impliquant eux aussi dans des crimes de guerre. Israël pourrait tenter de poursuivre des cadres palestiniens, y compris Abbas lui-même, devant les tribunaux US, lesquels dans le passé se sont montrés disposés à soutenir des plaintes anti-palestiniennes en matière de terrorisme.
En septembre, un jury de New York avait sanctionné l’Arab Bank basée en Jordanie pour avoir passé dans les territoires occupés de l’argent caritatif destiné à aider des familles pauvres, arguant que c’était soutenir le « terrorisme ».
Au Conseil des ministres, Netanyahu a mis en garde : « Ceux qui doivent répondre devant une cour criminelle, ce sont les chefs de l’Autorité palestinienne, qui ont conclu une alliance avec les criminels de guerre du Hamas ». Un de ses fonctionnaires notait également qu’ils avaient « pas mal de munitions à utiliser contre Abbas ».
Un analyste israélien, Barak Ravid, a suggéré que l’objectif pourrait consister à créer « un équilibre de la terreur », ranimant le principe de la Guerre froide de destruction mutuelle assurée : « Chaque côté bombarderait l’autre de ses plaintes jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer ».
Un type d’action que Netanyahu répugnerait à poursuivre à cette occasion est de surajouter des constructions de colonies. Ç’avait été la réponse israélienne en 2012 quand les Palestiniens remportèrent un vote onusien améliorant leur statut. Mais les retombées diplomatiques auraient servi de leçon à Israël, et il ne pointera pas spécialement une extension des colonies comme mesure de rétorsion.
Persuader la Cour Pénale Internationale
L’obstacle suivant sera de persuader la CPI d’ouvrir une enquête sur Israël. Jusqu’à présent, les Palestiniens ont eu peu de succès auprès de la CPI, mais les précédentes allégations de la Cour pour justifier son inertie ne sont plus valides aujourd’hui. Début 2012, la CPI avait abandonné une investigation sur une plainte palestinienne relative à des crimes de guerre commis pendant l’agression israélienne contre Gaza en 2008-2009, au motif que la Palestine n’était pas un État reconnu. Ceci a changé avec le nouveau statut onusien de la Palestine dans le courant de cette même année.
Et en novembre, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a interrompu une enquête sur un commando israélien contre le bateau d’aide Mavi Marmara qui avait tué neuf militants humanitaires. L’action avait été rendue possible uniquement parce que le bateau était enregistré aux Commores, signataires du Statut de Rome. Bensouda arguait que les morts de militants n’étaient pas « d’une gravité suffisante » pour justifier l’intervention de la CPI.
Mais maintenant – avec un nombre bien plus important d’exemples disponibles en tant que membre de la CPI, y compris l’attaque contre Gaza l’été dernier, qui a tué plus de 500 enfants – les Palestiniens devraient être en mesure de trouver des cas mieux admissibles (**).
Néanmoins de telles investigations, à supposer qu’elles aient lieu, seront lourdes et longues, en particulier parce qu’Israël sera activement non-coopératif, tout comme il l’a été en bloquant l’accès à Gaza aux enquêteurs de l’ONU sur les crimes de guerre.
Et pendant ce temps, les États-Unis ne vont pas manquer de faire pression en coulisse sur le tribunal de La Haye pour que soient rejetées les plaintes portées par les Palestiniens. On peut s’attendre à ce qu’ils menacent le financement de la CPI et passent à l’épreuve de force, exactement comme l’ont fait les membres du Conseil de Sécurité la semaine passée pour s’assurer qu’une résolution palestinienne visant à mettre fin à l’occupation n’emporte pas la majorité nécessaire.
La nature politique de la CPI ne doit pas être sous-estimée. Jusqu’à présent, ses actions ont ciblé uniquement des dirigeants africains, de ceux considérés comme ennemis des USA et de l’Occident.
Les experts en droit international notent qu’il sera extrêmement difficile pour la CPI de soutenir des actions contre des dirigeants d’un état largement considéré aux États-Unis et en Europe comme une démocratie de style occidental. Cela risquerait notamment d’encourager des comparaisons inconfortables entre le comportement d’Israël et celui des USA et du Royaume-Uni au Moyen-Orient. Si Netanyahu ou Tzipi Livni doivent passer en procès, pourquoi pas Obama ou son prédécesseur George W. Bush ? Les dirigeants étatsuniens sont tout aussi coupables de leur part d’assassinats ciblés par drones ordonnés par Washington au Yémen et au Pakistan ou de leurs programmes d’extraditions et de torture.

L’immunité face aux poursuites
Israël a toutefois de bonnes raisons d’être mécontent.
Que des actions soient finalement intentées contre des Israéliens ou non, la menace de charges de crimes de guerre est susceptible d’agir comme une contrainte, générant une atmosphère de doute, de circonspection et de peur sur le terrain au sein des forces de sécurité israéliennes.
Ce n’est pas une affaire vis-à-vis de laquelle Israël, avec son tropisme militaire de créer la dissuasion en terrifiant ses voisins arabes pour les soumettre, peut se permettre la moindre complaisance. Comme le notait le professeur de droit Aeyal Gross de Tel Aviv, la menace de la CPI est suspendue plus lourdement au-dessus des Israéliens que des Palestiniens. Les combattants palestiniens sont peu enclins à craindre des poursuites de la CPI étant donné « qu’ils risquent déjà d’être assassinés par Israël ou de subir de longues peines de prison s’ils sont capturés. Au contraire, les Israéliens ont joui d’une immunité face à des poursuites pour les actions d’Israël ».
En plus de ce problème, s’il veut être sûr de prévenir une enquête de la CPI, Israël devra démontrer qu’il a mené de façon crédible ses propres investigations et qu’il est prêt à poursuivre ses propres soldats, notamment ses commandants, sur la base de charges graves. Jusqu’à ce jour, même les soldats les plus subalternes ont joui d’une immunité quasi totale pour leurs actions et Israël a refusé de coopérer avec des enquêteurs indépendants.
Quand Israël a annoncé une série d’enquêtes criminelles sur son attaque de Gaza l’été dernier, qui fit plus de 2000 tués palestiniens, des civils pour la plupart, il a été sévèrement critiqué par des ONG locales défendant les droits de l’homme. Les deux plus respectées d’entre elles, B’Tselem et Yesh Din, ont refusé de coopérer, arguant que ces investigations n’étaient que du « blanchiment ».
Jusqu’ici les autorités israéliennes n’ont fait qu’approuver 13 enquêtes sur les événements de l’été mais la plupart concernent des incidents mineurs ou isolés généralement commis par des soldats débutants. Cinq de ces enquêtes concernent des allégations de pillage : des soldats ayant volé de l’argent ou des biens dans des maisons palestiniennes.
Cela va devoir changer, ne serait-ce que pour sauver les apparences.
De même, les menaces brandies par Netanyahu et par d’autres autorités israéliennes contre Abbas sont à double tranchant. Si les autorités israéliennes ont averti que la demande d’adhésion palestinienne à la CPI va ouvrir une « boîte de Pandore », il se peut bien que tout atteinte contre Abbas et l’AP finisse par ricocher sur Israël. On a longtemps suggéré qu’Abbas conspirait activement avec Israël contre le Hamas – y compris la rumeur qu’il avait été consulté de près lors de l’attaque israélienne sur Gaza en 2008-200. Exposer une telle collaboration pourrait tout simplement aggraver les problèmes d’Israël.
En tout cas affaiblir l’AP – que ce soit en l’impliquant dans des crimes de guerre ou en lui retirant son financement – risque de provoquer sa banqueroute, ce qui obligerait Israël à supporter à nouveau tout le poids des coûts militaires et financiers de l’occupation. C’est pour cette raison que le Département d’État américain a exprimé ce lundi son opposition au refus israélien de rétrocéder les revenus des taxes aux Palestiniens, disant que cela menaçait « la stabilité » de la région.
L’adhésion des Palestiniens au tribunal de La Haye pourrait également servir de signal fort à destination des groupes qui tentent d’utiliser le principe de la juridiction universelle dans leur propre pays, notamment plusieurs pays européens importants qui ont déjà incorporé cette législation. Cela serait même plus souhaitable si jamais il apparaissait que la CPI est soumise à des pressions pour omettre de poursuivre des responsables israéliens. De hauts responsables israéliens n’en craindraient que davantage encore de visiter ces États, par peur d’y être arrêtés ...
Et enfin, l’accès des Palestiniens à La Haye influera encore plus sur la bonne volonté des États-Unis, puisqu’ils seront forcés publiquement de sauver Israël des conséquences de ses propres excès militaires, y compris les pires.
(*) Soit 127 millions de dollars à rétrocéder à l’AP pour le mois dernier. 
(**) Noter que la Palestine a donné à la CPI une attribution de compétence rétroactivement depuis le 13 juin 2014, ce qui couvre l’attaque sur Gaza (ndt)
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Jonathan Cook a obtenu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Ses derniers livres sont Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair (Zed Books). Voici l’adresse de son site : http://www.jkcook.net.
http://www.jonathan-cook.net/2015-0...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM

samedi 10 janvier 2015

De violents affrontements entre la sécurité de l’AP et les citoyens à Tulkarem

Des témoins ont indiqué qu’une force conjointe des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne a attaqué, vendredi soir, les maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams près de la ville de Tulkarem dans le nord de la Cisjordanie, et a lancé des raids et des recherches dans les foyers.
Selon des témoins dans une interview exclusive à l'agence "Quds Press", les forces de sécurité ont ramené un bulldozer et ont jeté des grenades lacrymogènes sur les citoyens, ce qui a conduit à l'éclatement d'affrontements forts et violents.
Les témoins ont ajouté que des jeunes du camp ont jeté des pierres, des bouteilles vides et des "cocktails" Molotov vers les forces de sécurité de l'AP en réponse aux attaques.
Selon des sources locales le samedi (10/1), les dirigeants de l'Autorité sont parvenus, après des communications avec les habitants du camp de réfugiés de Nur Shams, à calmer la situation. Les dispositifs de l’AP se sont alors retirés et le calme est revenu dans le camp.
Les sources ont indiqué que "l'attaque menée par la sécurité palestinienne sur le camp Nur Shams a conduit à l’étouffement de 15 citoyens à cause de l'inhalation des gaz lacrymogènes lancés de manière délibérée vers les maisons".
Elles ont expliqué que les problèmes ont commencé en raison de la poursuite des coupures de courant sur le camp de réfugiés de Nur Shams et la succession des protestations des habitants, en notant que la sécurité de l'AP réprimait toute protestation de façon «forte et violente ».

2014, année des actes de résistance individuels

En 2013, les occupants sionistes se sont montrés fiers de dire que le nombre de leurs soldats et colons tués en Cisjordanie était proche de zéro, grâce à la coordination sécuritaire avec les forces de l’autorité de Ramallah. L’année 2014, surtout sa deuxième moitié, les a complètement démentis. La Cisjordanie, en particulier la ville d’Al-Khalil, et la sainte ville d’Al-Quds ont connu une vague d’actes de résistance, souvent individuels.
Enlever et tuer trois colons sionistes, sur le carrefour d’Atsioun, vers la ville d’Al-Khalil, reste l’acte le plus remarquable de l’an 2014. Il a fait couler beaucoup d’encre. Pendant trois semaines, l’armée de l’occupation sioniste a eu recours à tous ces moyens pour trouver leurs corps. Elle les a cherchés partout, elle est allée jusqu’à profaner des cimetières.
Suite à cet acte, des centaines de militants et plusieurs députés palestiniens ont été interpellés. Des milliers de maisons ont été investies. Deux cadres des brigades d’Al-Qassam, bras armé du mouvement de la résistance islamique Hamas, ont été assassinés, accusés d’avoir orchestré l’opération. Il s’agit de deux martyrs : Marwan Al-Qawasmi et Amer Abou Richa.
Puis est venu l’acte du martyr Motaz Hojazi. Il a tenté de supprimer le rabbin extrémiste Yahouda Ghalik, le 29 octobre 2014, pendant qu’il allait profaner la sainte mosquée d’Al-Aqsa, dans la ville d'Al-Quds. Une réplique importante aux provocations des colons dans cette ville sainte.
Trois semaines plus tard, le 18 novembre 2104, deux Palestiniens de Jabal Al-Mobkir, les martyrs Ghassan et Oday Abou Jamel, ont mené une opération de qualité qui a ébranlé toute l’entité sioniste. Ils ont pu investir un institut de rabbins sionistes extrémistes, dans la ville d'Al-Quds, et liquider quatre grands religieux sionistes et un policier. Ils ont aussi blessé des dizaines de sionistes.
Nouvelle façon de résister
Le 4 août de la même année, un sioniste a été tué et quatre autres ont été blessés, lorsqu’un jeune palestinien les avait heurtés avec son bulldozer, à l’est de la ville d'Al-Quds. Il est parti en martyre par les balles des forces sionistes d'occupation.
Le 23 octobre 2014, le jeune Abdou Ar-Rahman Ach-Chaloudi, 20 ans, a percuté, avec sa voiture, un certain nombre de sionistes, en tuant deux et en blessant huit, vers la gare de la ville d'Al-Quds.
Quelques jours plus tard, le 5 novembre, le martyr palestinien Ibrahim Al-Ikari, habitant du quartier de Chaafatt de la ville d'Al-Quds, a tué, avec son véhicule, deux sionistes et en a blessé quatorze.
Et au premier jour du mois de décembre dernier, un colon sioniste a été mortellement heurté, vers la colonie de Mijdalim, au sud de la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée.
Au cours de l’année 2014, à des  dizaines de reprises, des sionistes ont été poignardés, partout en Palestine. Un soldat sioniste a été poignardé et tué, le 10 novembre. Le 11 novembre, une femme colon a été tuée et deux autres colons blessés. Le 1er décembre, une jeune Palestinienne a poignardé et blessé un sioniste, vers les colonies sionistes d’Atsion. Et ces actes ne sont que de petits échantillons.
Des affrontements partout
Partout en Palestine, les affrontements avec les forces sionistes d'occupation ont connu une recrudescence mémorable. Entre quarante et quatre-vingts points d’affrontements ont été enregistrés par des observateurs. Cela reflète une forte volonté populaire de résister contre l’occupation sioniste et ses mesures abusives. L’allure d’une vraie intifada.
L’arme de la surprise
Abdou As-Sattar Qassem, professeur en sciences politiques, remarque que les opérations de résistance de 2014 ont surpris les occupants sionistes et leurs services de renseignements. En fait, elles ne sont planifiées que par une personne ou deux.
La résistance, ajoute-t-il, est un état naturel chez tout peuple survivant sous occupation. Il n’est pas logique de demander à un tel peuple de se retenir et de compter sur des pourparlers de paix, une paix qui tarde à venir.
Finalement, les Palestiniens ont toutes les raisons de mener des opérations de résistance de toute sorte.

Israël se vante d’être derrière la décision présumée d’expulser Méchaal du Qatar

Bien avant que le Qatar ne l’annonce officiellement, Israël s’est fait le chantre d’une décision que Doha aurait prise prévoyant l’exclusion du chef du bureau politique du Hamas Khaled Méchaal vers la Turquie.
Plus encore, c’est lui qui l’aurait insufflé !
Ainsi selon le ministère israélien des Affaires étrangères, ce sont les efforts assidus du ministre Avigdor Liebermann qui seraient derrière la décision qatarie présumée.
Dans un communiqué publié mercredi, le ministère félicite le Qatar de l’avoir prise, ajoutant s’attendre de la Turquie à une décision similaire, en refusant d’accueillir Méchaal.
Dans le texte, il y est question d’importants efforts déployés directement et indirectement pour pousser le Qatar à prendre une telle initiative et à cesser toute aide au Hamas.
«  Liebermann et son équipe professionnelle au ministère ont œuvré avec le Qatar et d’autres pays pour parvenir à ce résultat », est-il écrit dans le texte.
Une source politique israélienne est allée dans le même sens en confiant au site israélien Wala qu’Israël s’est employé auprès d’un Etat du Golfe pour expulser Méchaal du Qatar, et estimé que le démenti du Hamas ne changeait pas les faits. «  Le silence de Doha face aux rapports qui rendent compte de l’éloignement (de Méchaal) confirme l’impression qu’il a bel et bien reçu l’ordre de quitter cet émirat golfique », a dit cette source.
Selon laquelle l’entité sioniste s’est attelée à la tâche de faire expulser le dirigeant du Hamas du Qatar bien avant la dernière offensive militaire contre la Bande de Gaza l’été dernier. «  Nous avons agi avec les Etats-Unis, l’Europe et des Etats de la région, et plus précisément des pays du Golfe à travers des canaux clandestins que nous ne pouvons dévoiler », a-t-il ajouté.
Il poursuit : «  les démarches internationales qui ont fait pression sur le Qatar quoiqu’elles ont pris du temps ont finalement abouti. Après « Bordure protectrice » l’isolement du Qatar s’est renforcé... »
«  Si les rapports s’avèrent vrais, cela constituera un changement très grand et très rapide dans la politique qatarie », conclut le site israélien.
Il est également question que Tel Aviv va se pencher dans les jours prochains sur les signaux inquiétants sur un rapprochement du Hamas avec la Turquie et l’Iran, car « des indices parviennent sur le renouveau des relations entre la branche armée du Hamas avec Téhéran, et sur la présence de sièges de commandement du Hamas sur le sol turc », a-t-il écrit.
La 10ème chaine de télévision israélienne aussi s’est penchée sur cette éventuelle décision qatarie, et rapportée en avoir obtenu une confirmation à partir de responsables occidentaux haut-placés et selon lesquels « le Qatar a vendu Méchaal et le Hamas dans la cadre de la réconciliation avec l’Egypte ». 
Du côté de la Turquie ou des Palestiniens, rien ne rend compte d’une telle décision qatarie.
A Ankara, le ministère turc des AE a signalé n’avoir aucune information sur une décision qatarie d’éloigner Méchaal vers son sol. Alors qu’à  Gaza, des sources proches du Hamas affirment que Méchaal se trouve à Doha. Il vient d’envoyer une délégation à Téhéran pour préparer une visite prévue, et attend toujours que les Iraniens lui fixent un rendez-vous. 
Traduit à partir du journal libanais al-Akhbar 

Amidror:le Hezbollah détient 150.000 missiles capables de viser le cœur d’Israël

Le général israélien de réserve Jacob Amidror, ex-conseiller pour la sécurité nationale estime que le Hezbollah détient une puissance balistique supérieure à celle des pays européens.
Jacob Amidor souligne dans un article publié vendredi par le quotidien « Israël Hayom »: "Les 150.000 missiles de longue portée que possède le Hezbollah sont capables de viser le cœur d'Israël. "
Il s'agit là d'"une puissance unique de son genre qu’il faut reconnaître", dit Amidror.

Plus un sou pour Israël !

Ni pour son gouvernement
Ni pour ses institutions
Ni pour son armée
Par Maurice Buttin (revue de presse : Courrier du C.V.P.R – décembre 2014)*
C’est la seule solution pour mettre fin à l’occupation de la Palestine par ce « peuple d’élite, sûr et dominateur », comme l’avait dit le général De Gaulle dans sa célèbre conférence de presse du 27 novembre 1967, quelques mois après la guerre dite des « Six jours ». Au lendemain aussi de la déclaration 242 du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967 qui demandait la fin de l’occupation des territoires occupés par Israël.
Après tant d’années de misère – plus de quarante ans d’occupation ! – 2014 a été une année particulièrement éprouvante pour le peuple palestinien. Troisième guerre de Gaza en août dernier. 2 200 morts en 50 jours. Un vrai massacre. Plus de 80 000 morts à l’échelle de la France. Des milliers de blessés et de nouveaux bombardements ces derniers jours. Une situation de plus en plus tendue à Jérusalem avec des centaines d’arrestations ; des attaques d’extrémistes juifs contre des conducteurs d’autobus ou des chauffeurs de taxi palestiniens ; un ministre palestinien Ziad Abu Ein, tué en Cisjordanie au cours d’une manifestation pacifique… Face à ces événements,chacun a été témoin du courage et du calme (encore !) des Palestiniens.
Mais trop, c’est trop. Un changement est enfin intervenu dans divers pays, au sein même de plusieurs Parlements nationaux. Tour à tour le britannique, l’espagnol, le français - Assemblée Nationale et Sénat - le portugais, l’irlandais… ont demandé à leur gouvernement de reconnaître l’Etat de Palestine, suivis le 17 décembre par le Parlement européen lui-même. La Suède, elle, avait antérieurement reconnu cet Etat, premier grand pays occidental à le faire. Le même jour, au Luxembourg, le Tribunal de l’U.E. a retiré le Hamas des Etats terroristes., et à Genève, les Hautes parties contractantes à la IV Convention de Genève ont rappelé que l’obligation de respecter le droit international humanitaire s’imposait à tous, y compris à Israël…
Tous ces pas sont intéressants, mais ils ne font pas plié Israël. Ainsi, toujours le même 17 décembre, les Palestiniens présentaient un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU « ouvrant un accord de paix final avec Israël » par la reconnaissance de leur Etat ; la réponse du Premier ministre israélien ne s’est pas fait attendre : « Nous n’accepterons jamais le dictat palestinien ! ». Jamais, est-ce si sûr ? La campagne BDS se développant de plus en plus dans de nombreux Etats, et peut-être enfin, demain, des sanctions contre l’Etat israélien, brisant l’immunité totale dont il bénéficie à ce jour, pourraient faire taire l’arrogant Benyamin Netanyahou.
Chacun sans doute de sourire à mes propos. Des sanctions ont-elles un jour fait reculer Israël? Oui, et un rappel historique nous le prouve.
26 juillet 1970. Nasser, mécontent de ne pouvoir obtenir l’aide des Etats-Unis pour la construction du barrage d’Assouan, proclame la nationalisation du canal de Suez ! Un accord secret est passé à Sèvres, courant octobre, entre la France (G. Mollet), la Grande-Bretagne (A. Eden) et Israël (D. Ben Gourion) au terme duquel les trois Etats décident d’engager des opérations militaires contre l’Egypte en vue d’éliminer Nasser – et pour Ben Gourion, au surplus, d‘enlever tout le Sinaï à l’Egypte et de l’annexer, au fin de bénéficier des grands gisements pétroliers récemment découverts.
Malgré une demande insistante du président Eisenhower, à la veille de sa réélection, « de ne rien faire qui pourrait menacer la paix », Israël entre en guerre le 29 octobre. Le 31, les Français et les Anglais passent à leur tour à l’action. Un projet de résolution est présenté au Conseil de Sécurité par les Etats-Unis et l’URSS, exigeant un cessez le feu immédiat et le retrait des territoires occupés par Israël. La France et la Grande-Bretagne bloquent le projet par leur veto. Mais, chacun se souvient que les deux pays cèdent devant la pression grandissante en particulier des Etats-Unis et de l’URSS. L’opération franco-anglaise se solde par un échec.
Israël, pour sa part, ne bouge pas et le 7 novembre, radieux, Ben Gourion, dans son discours de la victoire, trahit son intention d’annexer le Sinaï et les Iles du Golfe d’Akaba…
Mais ce n’est pas si simple. Dès le lendemain, les interventions virulentes des Etats-Unis et de l’URSS le font déchanter. Il reçoit une note très dure du président Eisenhower qui vient d’être réélu, et qui est désormais libre d’agir : « Israël est averti des menaces que les Etats-Unis pourraient mette à exécution si Israël refusait de retirer ses troupes : interruption de toute aide gouvernementale ou privée ; sanctions économiques et financières des Nations Unies ; expulsion des Nations Unies ».
L’URSS menace de son côté, mais c’est aux Etats-Unis que le « lion blessé » annonce sa capitulation – non s’en faire un effort pour garder et annexer le détroit de Tiran et la bande de Gaza « vitaux pour nous et pour lesquels nous préférerions la mort à la capitulation ». La position du Président étasunien se durcit. Il menace à nouveau Israël de sanctions si l’évacuation n’est pas achevée sans délai, conformément aux résolutions des Nations Unies. A la mi-février, Eisenhower explique sa position à ses compatriotes dans une allocution radiodiffusée : « Je crois que dans l’intérêt de la paix, les Nations Unies n’ont pas d’autre choix que d’exercer des pressions sur l’Etat d’Israël pour qu’il applique les résolutions sur le retrait (…). Une nation qui attaque et occupe un territoire étranger, malgré la désapprobation des Nations Unies devrait-elle être autorisée à dicter ses conditions pour son propre retrait ? ».
Le 1er mars 1957, Ben Gourion capitule définitivement. « Une victoire militaire éclatante s’est transformée en une défaite politique ». (Cf. BEN GOURION - Michel Bar-Zohar - Fayard 1986).
A la veille de la nouvelle année 2015, le géant Goliath n’est plus Philistin, mais Israélien. Le jeune David est Palestinien. Et, chacun connait la suite de l’histoire.
*Maître Maurice Buttin est président du CVPR PO (Comité de Vigilance pour une Paix Réélle au Proche-Orient)
Photo : Maître Maurice Buttin

Les Gazaouis grelottent dans les ruines de leurs maisons et sous les tentes après une violente tempête

Les Gazaouis qui ont survécu à la sauvagerie de la guerre de l'été dernier luttent maintenant contre la pire tempête de l'hiver dans une Bande de Gaza assiégée aux prises à une pluie verglaçante et à des vents déchaînés. Au moins dix Palestiniens ont été blessés pendant que la tempête baptisée "Huda" balayait l'enclave côtière, a dit le service de la défense civile de Gaza.
7 janvier 2015, au sud de Gaza-ville (Mahmud Hams/AFP)
Plus de 96.000 maisons ont été détruites ou endommagées pendant la dernière attaque israélienne sur Gaza, qui a tué plus de 2.300 Palestiniens pendant 50 jours, en juillet et août 2014.
Les Gazaouis vivent maintenant à la lumière des bougies et des feux de bois à cause des coupures d'électricité, et installent des sacs de sable pour empêcher que l'eau n'inonde leurs maisons délabrées. Certains Gazaouis ont cherché refuge dans le cimetière Sheikh Shaaban, à l'extérieur de Gaza-ville, où ils vivent dans des cabanes de fortune et sous des tentes.
Wael al-Sheikh, 37 ans, a perdu sa maison l'été dernier pendant une frappe israélienne et il vit maintenant, avec ses deux fils, sous une tente dressée au milieu des ruines. Mais sans accès à l'électricité, il est impossible de combattre le froid. Redoutant que les vents de plus de 80km à l'heure fassent voler leur abri, ils se sont réfugiés chez des parents.
Les dégâts dus à la guerre sont également très importants dans la maison de Imad Mutlaq, et le vent s'engouffre par les fissures des murs.
"Nous n'avons ni électricité ni chauffage," dit-il, décrivant la première nuit de tempête comme "difficile".
Mohammed Ziyad, 30 ans, père de deux jeunes jumeaux, essaie de faire bonne figure. Pendant une tempête précédente, le rez-de-chaussée de l'immeuble où ils vivent a été inondé, mais cette fois, il dit que la famille s'est bien préparée. "Nous avons stocké du lait et des couches, au cas où nous serions coincés à l'intérieur," dit-il.
Avec ou sans un toit adéquat sur leurs têtes, tous sont confrontés au même problème : les coupures chroniques d'électricité qui frappent la minuscule et pauvre bande de terre qui abrite 1,8 million de personnes.
La seule centrale électrique de Gaza, qui a été détériorée pendant la guerre, tourne au ralenti suite à une pénurie aiguë de carburant et n'est en mesure de fournir à l'enclave que six heures d'électricité par jour.
Raed al-Dahshan, chef de la défense civile de Gaza, dit que son personnel est confronté à "une situation difficile qui a été aggravée par le manque d'infrastructures" d'aide à ceux qui souffrent de la tempête.
Les équipes de la défense civile tente de protéger des inondations les préfabriqués où sont logés les Palestiniens de Gaza qui ont perdu leurs maisons suite à la barbarie sioniste de cet été (Photo Kifah Qudaih, 9 janvier 2015
Gaza est aussi exposée à des inondations dramatiques exacerbées par un manque chronique de carburant qui réduit la quantité d'eau qui peut être pompée dans les zones inondées. Les pénuries de carburant sont le résultat de huit ans de blocus israélien, qui limite l'importation d'autres types de machines de pompage et de gestion des eaux usées qui pourrait aider lesGazaouis à lutter contre les inondations. La dernière attaque n'a fait qu'intensifier la crise.
Début novembre, les inondations qui ont résulté de plusieurs jours de pluies torrentielles ont obligé des centaines de résidents de Gaza-ville à fuir leurs maisons, tandis qu'une semaine de tempête inondait d'eau et d'eau usée les rues et les maisons de la ville 
Différend sur les fonds de reconstruction
Le mouvement de résistance Hamas a accusé mardi 6 janvier l'Autorité palestinienne d'interférer avec l'argent réservé à la reconstruction de la Bande de Gaza. Dans un communiqué, le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a dit que des ministres du gouvernement palestinien de consensus national "avaient admis que l'argent alloué à la reconstruction de Gaza avait été ajouté au budget de l'AP."
Cet aveu, a-t-il dit, "prouve que la véritable raison derrière le retard pris par la reconstruction de Gaza est que l'AP a joué avec l'argent de la reconstruction et a exploité la souffrance de la population de Gaza."
Cet été, pendant 51 jours, Israël a pilonné la Bande de Gaza - par air, terre et mer - avec comme objectif déclaré de mettre fin aux tirs de roquettes partant de l'enclave côtière.
Plus de 2.310 Gazaouis, dont 70% de civils ont été tués et 10.626 blessés pendant les attaques israéliennes incessantes sur la bande assiégée.
Selon l'ONU, l'armée israélienne a tué au moins 495 enfants palestiniens àGaza pendant l'opération "Bordure protectrice". Le Centre Al-Mezan pour les droits de l'homme estime qu'il y en a eu 518, et le Centre palestinien pour les droits de l'homme 519. Ces 3 chiffres dépassent le nombre total d'Israéliens, civils et militaires, tués par des Palestiniens au cours de la dernière décennie.
Le Ministère palestinien de la Santé a rapporté que 3.106 enfants palestiniens ont été blessés dans les attaques de cet été. Les Nations Unies estiment que 1.000 enfants souffriront d'un handicap permanent consécutif à leurs blessures.
En outre, l'ONU a déclaré que les attaques israéliennes ont fait 1.500 orphelins, et que 6.000 enfants auront un parent handicapé à vie. 
Et 145 familles palestiniennes ont perdu trois ou plus membres de leur famille en une seule attaque israélienne, pour un total de 735 vies perdues.
L'assaut s'est terminé par un accord de cessez-le-feu négocié par l'Egypte, qui a appelé à la réouverture des passages frontaliers de Gaza avec Israëlqui, s'il était appliqué, mettrait fin à de longues années de blocus du territoire assiégé.
Cependant, Israël a bloqué à plusieurs reprises l'entrée de matériaux de construction, incitant l'ONU, en septembre, à négocier un autre accord. La reconstruction de Gaza n'a pas encore commencé.
L'Autorité palestinienne a estimé la reconstruction de Gaza à 7,8 milliards de dollars.
Le secrétaire de l'ONU Ban Ki-moon a dit lors d'une visite à la Bande deGaza en octobre 2014 que la dévastation qu'il a vue était "au-delà de toute description" et "bien pire" que celle provoquée par l'attaque israélienne précédente contre Gaza, à l'hiver 2008-2009.
Selon l'ONU, plus de 106.000 des 1,8 million d'habitants de Gaza ont été déplacés vers des abris de l'ONU et des familles d'accueil.
(Sources : AFP, Anadolu, Al-Akhbar)
Voir des photos des inondations prises aujourd'hui au sud de la Bande de Gaza sur Qudsn.ps, qui annonce la mort d'un enfant.
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM

La nouvelle sainte croisade

Par Manlio Dinucci
Edition de vendredi 9 janvier 2015 de il manifesto Article paru sous le titre « La signature des killers, connus par la police et les services secrets »
De véritables commandos, dans leur façon de bouger, de tirer. Pas en rafales pour ne pas gaspiller de cartouches, mais avec un ou deux coups sur chaque victime, comme sur le policier blessé qui est achevé avec un seul coup par le killer qui continue à marcher, rejoint la voiture et, avant de monter, ramasse calmement une chaussure tombée (qui aurait pu constituer une preuve à l’examen ADN). Mais quand les deux, avec une préparation de forces spéciales, changent de voiture, ils « oublient » (selon la version de la police) une de leurs cartes d’identité sur la première voiture. Et signent ainsi officiellement l’attentat. Quelques heures plus tard on connaît dans le monde entier leurs noms et leurs biographies : « Deux petits délinquants radicalisés, connus par la police et les services de renseignement français ».
Siège de Shayzar (Césarée de Syrie) par les Croisés en 1138 (source BNF)
On ne peut pas ne pas repenser, dans ce qui est défini comme « le 11 septembre de la France », au 11 septembre des Etats-Unis : quand, quelques heures à peine après l’attentat des Tours Jumelles, circulaient déjà les noms et les biographies de ceux qui étaient désignés comme les auteurs membres d’Al Qaeda. Ou l’assassinat de Kennedy, dont on trouve immédiatement le présumé auteur. Même chose, en Italie, avec le massacre de Piazza Fontana. Légitime, donc, le soupçon que derrière l’attentat en France, se trouvent de longue main les services secrets.
Les deux présumés auteurs (si leurs biographies sont vraies) appartiennent à ce monde souterrain créé par les services secrets occidentaux, y compris français, qui ont financé, armé et entraîné en Libye en 2011 des groupes islamistes jusque peu de temps auparavant qualifiés de terroristes, parmi lesquels les premiers noyaux du futur Etat Islamique ; qui les ont approvisionnés en armes à travers un réseau organisé par la Cia (selon une enquête du New York Times en mars 2013) quand, après avoir contribué à renverser Kadhafi, ils sont passés en Syrie pour renverser Assad et attaquer ensuite l’Irak (au moment où le gouvernement al-Maliki s’éloignait de l’Occident, et se rapprochait de Pékin et de Moscou). 
L’EI, né en 2013, reçoit des financements et des voies de transit par Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, Turquie et Jordanie, alliés étroits des Etats-Unis et des autres puissances occidentales, dont la France. Cela ne signifie pas que la masse des activistes des groupes islamistes, provenant aussi de différents pays occidentaux, en soit consciente. Reste cependant le fait que derrière leurs masques se cachent certainement des agents secrets occidentaux et arabes spécialement formés pour de telles opérations.
Dans l’attente d’autres éléments qui puissent éclaircir la véritable matrice de l’attentat en France, il est logique de se demander : à qui cela profite-t-il ? La réponse se trouve dans ce qu’a déclaré Nicolas Sarkozy, qui, quand il était président de la France, a été un des principaux auteurs du soutien aux groupes islamistes dans la guerre d’agression contre la Libye : il a qualifié l’attentat en France de « guerre déclarée contre la civilisation, qui a la responsabilité de se défendre ». On veut de cette façon convaincre l’opinion publique que l’Occident est désormais en guerre contre ceux qui cherchent à détruire la « civilisation », qu’il incarne, et doit donc « se défendre » en potentialisant ses forces militaires et en les projetant partout dans le monde où surgit cette « menace ».
On essaie ainsi de transformer le sentiment de masse pour les victimes du massacre en mobilisation pour la guerre. Le David, qui à Florence a été voilé de noir, est appelé maintenant à empoigner l’épée de la nouvelle sainte croisade.
Source : Il Manifesto
Traduction : Marie-Ange Patrizio

Les orphelins de Gaza

Le nombre d’enfants recueillis à l’Institut Al-Amal pour Orphelins a presque doublé depuis la guerre 2014.

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’Chaque fois que j’entends les avions, j’ai peur’, dit Aisha al-Shinbary, 8 ans, au centre sur la photo - Photo : Al Jazeera/Hatem Omar
Les chambres de l’Institut Al-Amal pour les orphelins dans la ville de Gaza pourraient être celles de n’importe quel enfant, avec des autocollants de Donald placardés aux murs et emplies d’ours en peluche disposés en rangées sur des couvre-lits bien lisses.
Mais cet aspect lumineux est une façade : ces enfants dessinent des images de guerre. Ils font des esquisses de roquettes et d’avions de chasse israéliens, dessinent des personnes réduites en morceaux, parce que c’est ce qu’ils connaissent.
« Chaque fois que j’entends les avions, j’ai peur, » nous dit Aisha al-Shinbary, âgée de 8 ans, ramenant ses jambes sous elle sous un coussin dans l’une des salles communes de l’institut al-Amal.
« J’ai perdu ma maison pendant la guerre ... Je ne veux pas me souvenir de ma maison », dit Aisha. « Je souhaite de mourir, ainsi je pourrai retrouver ma mère. »
Aisha est arrivée à al-Amal il y a plusieurs années après que son père soit décédé de mort naturelle et que son frère ait été tué dans un raid aérien israélien. Sa mère ne pouvait plus s’occuper de tous ses enfants.
Pendant la guerre de 2014, l’orphelinat a envoyé tous ses enfants vivre avec des parents tandis que l’institut était temporairement ouvert comme un abri pour des centaines de Gazaouis déplacés. Aisha est retourné vivre avec sa mère, mais peu de temps après, sa mère aussi a été tuée dans un raid aérien israélien.
Aujourd’hui, la mère de Aisha ne vient la visiter plus que dans les rêves. Elle embrasse et étreint sa petite fille, puis elle disparaît. Aisha se réveille, racontent les employés de l’orphelinat, et elle se met à dessiner des missiles.
L’histoire de Aisha n’est pas un cas isolé dans la bande de Gaza soumise au blocus où un assaut israélien de 51 jours cet été, a coûté la vie à plus de 2200 Palestiniens et blessé des dizaines de milliers d’autres. La guerre de 2014 a eu pour résultat plus de 1500 nouveaux orphelins, en plus des dizaines de milliers d’autres vivant déjà dans la bande de Gaza, dit Abed Almajed Alkhodary, le président du conseil d’administration de al-Amal.
L’orphelinat - qui a été fondé il y a plus de 60 ans et reste le seul centre pour les orphelins dans la ville de Gaza - n’accueille que les enfants les plus démunis. Il ne peut pas s’occuper de tous les orphelins de la ville.
« Certains orphelins ici ont vu leurs familles et leurs mères mourir sous leurs yeux, » nous dit Alkhodary.
Après la guerre de 2014, le nombre d’orphelins résidant à al-Amal a presque doublé en passant à 150, le nombre le plus élevé dans l’histoire de l’orphelinat, nous dit Kamal Meqbin, membre du conseil d’administration - et ce nombre devrait encore augmenter pendant toute l’année. Le centre, qui est financé par des fonds privés, a été rénové et agrandi pour répondre à cet afflux, et plus de 50 personnes travaillent le maximum du temps pour surveiller, nourrir, éduquer, distraire et réconforter les jeunes pensionnaires d’al-Amal.
« La situation psychologique pour un enfant dont la famille a été tuée, alors qu’il était allé acheter quelque chose puis est revenu à la maison pour trouver toute sa famille tuée - c’est le pire que vous pouvez voir », explique Meqbin, notant que de nombreux orphelins sont en prise avec de profonds problèmes psychologiques et une anxiété qui les paralyse.
« Ils ne dorment pas. Ils ont peur en permanence », dit Meqbin. « Nous passons autant de temps que possible avec eux afin qu’ils puissent y faire face. »
Nawal Yassine, âgée de 10 ans, est à al-Amal depuis octobre. Avant que son père ne soit mort, dit-elle, les Israéliens ont appelé son oncle, un membre du Hamas, qui a passé le téléphone à son père.
Nawal raconte : « Que voulez-vous à mon frère ? » a demandé son père. « Partout où vous cacherez votre frère, nous le suivrons, et nous allons le tuer, » a dit la voix à l’autre bout du fil.
« Mon père a répondu aux Israéliens : « nous viendrons à Tel-Aviv et nous marcherons sur vos nuques, » raconte Nawal, une touche de fierté éclairant son visage toujours grave.
L’administrateur de l’orphelinat, Rewayda Kassab, intervient avec tact et douceur pour expliquer que ce n’est pas ce qui est vraiment arrivé. C’est une fiction que la mère de Nawal a créée afin que ses enfants se souviennent de leur père comme d’un héros. Il est mort après les éclats d’un missile l’aient blessé dans la région du cœur, et alors qu’il était en route pour l’hôpital, une autre bombe a frappé la voiture. Il a ensuite pu être identifié uniquement par la jalabiyaparticulière qu’il portait.
Manal Abou Taiema, âgée de 11 ans et originaire de Khan Younis, se souvient également très clairement de la mort de son père. Elle se souvient de lui, disant instamment : « Ne t’approche pas des fenêtres ! » Quelques instants plus tard, deux missiles ont touché leur maison.
« L’un est tombé sur mon cousin et l’a réduit en morceaux. L’autre est tombé sur mon père, » dit Manal, un son rauque dans la voix, avec des manières qui sont celles d’une femme beaucoup plus âgée. « Il a ouvert la tête de mon père. » Tandis qu’elle parle, elle se tord les mains à plusieurs reprises, un geste reproduit par sa sœur aînée qui écoute juste à côté.
« Chaque fois que j’entends les sirènes des ambulances, » dit difficilement Manal, « je me mets à pleurer, car j’ai entendu cela tant de fois pendant la guerre ... Je me sens en sécurité dans l’[orphelinat] mais pas à Gaza. J’attends toujours une nouvelle guerre. »
Dans un autre couloir, Youssef al-Shinbary, âgé de 14 ans, tire vers le haut la jambe de son pantalon pour montrer une vilaine cicatrice sur sa cheville, infligée par un obus après que les Israéliens aient bombardé l’école des Nations Unies où sa famille avait trouvé refuge.
Sa sœur a perdu ses deux jambes dans l’attaque et elle a plus tard été envoyée en Turquie pour y être soignée.
« J’ai peur chaque fois que je vois [ma cicatrice], » nous dit Youssef, parlant avec hésitation et avec un bégaiement. « Je me souviens alors de ce qui se est passé. »
Certains enfants de l’institut Amal construisent en Lego des tours et des maisons, nous dit Kassab, faisant ainsi symboliquement référence à tout ce qui a été détruit. D’autres s’exercent avec Mahmoud Eid, un artiste et un orphelin lui-même, qui vient d’avoir 20 ans. L’orphelinat a une salle consacrée à l’œuvre de Eid : une carte de la Palestine sculptée en bois, des pots façonnés en argile, des peintures de paysages abstraits et des visages fantomatiques.
Une partie des œuvres des enfants est exposée ici aussi - mais pas les pièces les plus tristes. Ici, l’orphelinat expose des soleils et des voiliers, des peintures colorées sur verre. C’est une affirmation qu’il y a encore une lumière dans la vie de ces enfants.
Avec le temps, les souvenirs de leurs vies et de leurs familles, avant la guerre et qu’ils soient orphelins, peuvent devenir plus lointains, dit Meqbin, mais ces souvenirs ne disparaîtront jamais totalement.
« Personne n’oublie, surtout pas un enfant. L’enfant n’oubliera jamais sa famille. [Tous les Palestiniens] se souviennent encore de 1948 et de nos terres qui ont été volées. »
« Les Israéliens veulent nous faire oublier, » ajoute-t-il. « Mais nous n’oublierons jamais. »
http://www.aljazeera.com/news/middl...
Traduction : Info-Palestine.eu

La guerre engendre la guerre

Il n’est pas question de l’Islam. Il est question de savoir pourquoi l’Islam est en premier lieu le sujet d’une telle controverse, alors que nous devrions nous intéresser aux vraies racines de la violence, écrit Ramzy Baroud.

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Juillet 2014 - Dans la morgue de l’hôpital d’Al-Shifa à Gaza, un jeune Palestinien hurle sa douleur alors qu’il tient dans ses bras le cadavre de son jeune frère peu de temps après que celui-ci ait été tué dans un bombardement israélien - Photo : EPA/Oliver Weiken
Il n’est pas question de l’Islam, même si les médias et ceux qui attaquent des cibles en Occident l’affirment. En fait, cela n’a jamais été le cas. Mais il était important pour beaucoup de monde que soit faite cette confusion entre politique et religion. En partie parce que c’est commode et aussi par ce que cela sert de justification facile.
En premier lieu, soyons clairs sur quelques points. L’Islam avait mis en marche dès 1200 tout un système pour supprimer l’esclavage, alors que celui-ci en Occident n’avait pas encore atteint son pic.
La libération des esclaves, propriétés alors des tribus arabes païennes, était un thème récurrent dans le Coran, toujours lié aux manifestations les plus fondamentales de la piété et de la vertu :
« Les aumônes ne doivent revenir qu’aux besogneux et aux indigents, [à servir] à la rétribution des collecteurs, au ralliement des bonnes volontés, à affranchir des esclaves, à libérer des insolvables, à aider au chemin de Dieu et à secourir le fils du chemin : autant d’obligations de par Dieu - Dieu est Connaissant et Sage. » [Al-Coran. 9:60 *].
Il est fâcheux que de tels rappels doivent être régulièrement faits, à cause de cette constante propagande islamophobe dans beaucoup de pays occidentaux. Le comportement hors normes et souvent barbare du ainsi-nommé État islamique a renforcé la propagande et les préjugés existants.
En second lieu, l’égalité entre les sexes dans l’Islam a été inscrite dans la langue du Coran et l’héritage du Prophète Mohamed.
« Ceux et Celles-qui-se-soumettent, les croyants et les croyantes, les dévotieux et les dévotieuses, les hommes et les femmes de véridicité, de patience et de crainte, ceux et celles qui font l’aumône, jeûnent, contiennent leur sexe, pratiquent assidûment le Rappel, Dieu leur ménage Son indulgence, un salaire grandiose. » [Al-Coran. 33:35 *]
Troisièmement, le caractère sacré de la vie est primordial dans l’Islam dans la mesure où « … tuer une âme non coupable du meurtre d’une autre âme ou de dégât sur la terre, c’est comme d’avoir tué l’humanité entière ; et que faire vivre une âme c’est comme de faire vivre l’humanité entière. » [Al-Coran. 5:32 *]
Donc, ce n’est pas l’Islam qui est en cause, mais il est question de savoir pourquoi l’Islam est en premier lieu au centre d’une telle controverse, alors que nous devrions nous intéresser aux vraies racines de la violence,
Quand l’Islam a été diffusé en Arabie il y a beaucoup de siècles, il était, et en fait reste encore aujourd’hui, une religion révolutionnaire. Il était et reste radical. Certainement le genre de radicalisme qui, si vu objectivement, serait considéré comme un véritable défi à la division de la société en classes, à l’inégalité sous toutes ses formes, et en premier au capitalisme, à son avidité et à sa cruauté.
Pour éviter une discussion intelligente en traitant de vraies questions, beaucoup font de questions qui n’en sont pas le nœud de la discussion. Ainsi l’Islam est traité en liaison avec l’État islamique, les conflits tribaux et sectaires au Niger, la résistance palestinienne à l’occupation israélienne, les questions d’immigration en Europe, parmi bien d’autres cas.
Alors que tant de violence se produit à travers le monde au nom du Christianisme, du Judaïsme, même du Bouddhisme en Birmanie et au Sri Lanka, il est rare que des collectivités entières se retrouvent stigmatisées par les médias. Par contre, tous les musulmans sont jugés par beaucoup directement ou indirectement responsables, lorsqu’un criminel qui s’est avéré justement être un musulman commet un acte violent. Oui, il peut encore être présenté comme « loup solitaire », mais on peut être presque sûr que les musulmans et l’Islam se retrouveront d’une façon ou d’une autre impliqués dans le traitement de l’information par les médias.
Dans leur tentative désespérée de se défendre des accusations, beaucoup de musulmans, souvent sous l’inspiration d’intellectuels et de journalistes sérieux, ont depuis presque deux décennies tenté de distancer l’Islam de la violence et de combattre les stéréotypes. Avec du temps, ces efforts ont abouti à une sorte de constante présentation d’excuses collectives au nom de l’Islam.
Quand un musulman du Brésil ou de Libye réagit à une prise d’otages à Sydney, en Australie, condamne la violence au nom de l’Islam, et essaye de défendre l’Islam et désavoue l’acte violent, la question que l’on peut se poser est : pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi les médias incitent-ils des musulmans à se sentir responsables d’un acte commis au nom de l’Islam, même si c’est par une personne mentalement dérangée ? Pourquoi est-ce que des membres d’autres religions ne se voient pas appliquer les mêmes normes ? Pourquoi les Chrétiens suédois ne sont-ils pas poussés à s’expliquer et à présenter des excuses pour le comportement des seigneurs de la guerre en Ouganda ? Pourquoi des Juifs argentins ne sont-ils pas tenus de s’expliquer sur la violence et la terreur quotidiennes et systématiques dont se rendent responsables les extrémistes juifs à Jérusalem et en Cisjordanie ?
Depuis que Francis Fukuyama a annoncé la « Fin de l’Histoire » en 1992 - révélant que les marchés libres et « les démocraties libérales » devraient régner pour toujours - suivi de Samuel Huntington, supposé en opposition mais toujours aussi vaniteux, avec ses vues sur « le clash des civilisations » et la nécessité « de refaire l’ordre mondial » - une nouvelle industrie intellectuelle a embrouillé beaucoup de monde à Washington, Londres et ailleurs.
Une fois la Guerre froide terminée en succès [occidental], produisant un énorme sens de validation d’un système politique, le Moyen-Orient est devenu le nouveau terrain d’expérimentation pour les idées néo-coloniales et le matériel militaire.
Depuis lors, ç’a été une guerre totale, sous l’incitation ou avec l’implication directe de divers pouvoirs occidentaux. C’est une guerre prolongée et multidimensionnelle : une guerre destructive au sol, une guerre économique (avec des blocus d’une part et une mondialisation et exploitation du marché libre de l’autre), une invasion culturelle (qui a vendu l’idée que l’occidentalisation était synonyme de modernité), complétée avec une guerre massive de propagande visant la principale religion du Moyen-Orient : I’Islam.
La guerre sur l’Islam paraissait particulièrement essentielle, car elle semble unifier une gamme étendue d’intellectuels occidentaux, tous interchangeables, conservateurs, libéraux, responsables religieux et laïques, avec toute une série de justifications :
- L’Islam n’est pas simplement une religion, mais un mode de vie. En démonisant l’Islam, vous démoniser tout ce qui s’y rapporte, y compris, naturellement, les musulmans eux-mêmes
- Le dénigrement de l’Islam, qui culmine dans une large islamophobie, valide les actions des gouvernements occidentaux, bien que celles-ci soient violentes et abusives. La déshumanisation des musulmans est devenu une arme essentielle dans la guerre.
- C’est également stratégique : la haine de l’Islam et de tous les musulmans est un outil très flexible qui rend possible n’importe où une intervention militaire et des sanctions économiques, là où l’Occident a des intérêts politiques et économiques. La haine de l’Islam est devenue un cri de ralliement depuis les avocats de sanctions contre le Soudan jusqu’aux groupes néonazis anti-immigrés en Allemagne, pour ne citer que ceux-là. La question n’est plus le moyen violent employé pour imposer la domination politique et le contrôle de ressources naturelles ; comme par magie, elle a été réduite à un mot simple : l’Islam ! Ou, au mieux, l’Islam et la liberté d’expression, les droits des femmes etc...
Ce n’est donc pas une surprise de lire les commentaires d’un Ian Black dans The Guardian, quelques heures après que des bandits armés aient lancé une attaque mortelle à Paris contre un tabloïd français ce mercredi 7 janvier, commençant par la phrase suivante : « La satire et l’Islam ne font pas bon ménage ensemble… »
Pas un mot sur les différentes formes d’interventions françaises, militaires et autres, au Moyen-Orient ; son rôle destructeur en Syrie ; son rôle déterminant dans la guerre en Libye ; sa guerre au Mali, pour ne citer que ces exemples. Pas même un mot sur la déclaration récente de François Hollande ou il se disait « prêt » à faire bombarder les rebelles libyens, alors qu’il l’avait déjà ordonné quelques jours plus tôt.
Pour sûr, la satire pornographique de Charlie Hebdo et ses attaques contre la personne même du Prophète Mohamed ont été mentionnées, mais peu a été dit - par Black ou de nombreux autres toujours rapides pour faire un lien entre l’actualité et « l’Islam du 7ème siècle » - sur les guerres affreuses et leurs manifestations horribles et choquantes de tortures, meurtres, viols et autres actes indescriptibles qui ont fait et font encore des millions de victimes, avant tout parmi les musulmans. Au lieu de cela, il est question d’art occidental et d’intolérance islamique. Le sous-titre de l’article de The Guardian était : oui, en effet, c’est un « clash des civilisations ».
L’un de ces « intellectuels » a-t-il au moins fait une pause pour réaliser que peut-être, juste peut-être... les réponses violentes à l’humiliation des symboles islamiques sont l’expression d’un réel sentiment politique, disons par exemple : un sentiment collectif d’humiliation, de mal, de douleur et de racisme, répandu à chaque coin du globe ?
N’est-il pas naturel que la guerre qui est constamment exportée de l’Occident vers le reste du monde, puisse finalement être retournée dans les villes occidentales ?
Est-il si inconcevable que les musulmans soient irrités par quelque chose de beaucoup plus subtil et profond que l’art insipide de Charlie Hebdo ?
Tarder à donner la réponse ne fera que freiner toute tentative sérieuse pour trouver une solution, laquelle doit commencer par la fin de l’interventionnisme occidental au Moyen-Orient.
(*) Les traductions en français des versets du Coran sont extraites de « Le Coran - essai de traduction » de Jacques Berque, paru aux éditions Sindbad, Paris, 1990
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Ramzy Baroud est doctorant à l’université d’Exeter, journaliste international directeur du sitePalestineChronicle.com et responsable du site d’informations Middle East Eye. Son dernier livre,Résistant en Palestine - Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé àDemi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Scribest.fr. Son site personnel : http://www.ramzybaroud.net
The Palestine Chronicle - http://www.palestinechronicle.com/w...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach

Diplomatie israélienne : acheter des soutiens grâce à l’industrie high-tech

Contrairement aux attentes, les Ambassadeurs des pays Arabes aux Nations Unies ne sont pas parvenus à obtenir les neuf votes du Conseil de Sécurité, indispensables pour l’adoption du projet de résolution Jordanien qui appelle à la fin de l’occupation Israélienne au cours des deux prochaines années, écrit Salah Al-Naami.

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Les Ministres des Affaires Étrangères de l’Éthiopie et d’Israël signent un accord de coopération, Addis Abeba, juin 2014
Parallèlement, l’abstention de deux pays Africains, en l’occurrence le Nigeria et le Rwanda, ne devrait être une surprise pour personne. En effet, lors des délibérations du Conseil de Sécurité, l’été dernier, pendant qu’Israël massacrait Gaza, ces deux pays s’étaient également abstenus des votes cruciaux, contrecarrant ainsi toutes les tentatives d’obtention d’une résolution pour l’arrêt de l’agression, ce qui a donné à Israël une plus grande marge de manœuvre et de poursuite des assassinats et de la destruction.
Il est donc intéressant de se pencher sur ce cas d’abstention, sachant que les pays africains ont toujours voté en faveur de tous les projets de résolution qui soutiennent les droits des Palestiniens. Le changement de situation clair et évocateur n’est que la conséquence d’une stratégie israélienne dans ses relations internationales où il se sert de son développement de technologies avancées comme outil de négociation.
Et c’est Avigdor Lieberman, le Ministre Israélien des Affaires Étrangères, qui a su formuler cette équation et mettre en place une stratégie simple qui consiste à offrir à ces pays l’accès à la technologie Israélienne en échange du soutien diplomatique. Prenons l’exemple du Rwanda qui n’évoque pour la plupart que vingt années de génocide, ce pays d’Afrique centrale a été, des décennies durant, courtisé par Israël qui a investi des montants faramineux destinés à améliorer les relations entre les deux états.
Le contrôle est assuré par l’Ambassade Israélienne de Kigali qui suit de très près les résultats et leur évolution, sachant que l’offensive diplomatique Israélienne a, entre autres, prévu de soutenir les agriculteurs rwandais. La chaine 10 de la télévision israélienne a diffusé un reportage sur l’Ambassadeur Avi Granot se promenant dans les champs et s’adressant aux agriculteurs rwandais et venant aux nouvelles concernant leurs produits agricoles.
L’intérêt diplomatique israélien a également frappé plus à l’Est où il ne fait aucun doute que l’un des succès les plus retentissants en matière d’exportation des technologies avancées israélienne est détenu par l’Inde qui s’attache à améliorer et développer ses relations avec Tel Aviv. The Hind, le plus populaire des quotidiens indiens, a révélé que le gouvernement à New Delhi est sur le point de reconsidérer sa position sur la scène internationale, notamment lorsqu’il est question de voter des résolutions liées à la cause Palestinienne.
Toujours d’après le quotidien, les leaders indiens sont de plus en plus penchés sur l’abstention au sujet des votes sur la scène internationale et qui se rapportent à la cause Palestinienne. Ceci constitue un tournant majeur car jusqu’ici, l’Inde était un membre éminent dans le mouvement des pays Non-Alignés lequel a toujours soutenu les Palestiniens. Et même si le bloc n’existe plus, le changement des positions internationales de l’Inde aura un impact sur le comportement d’autres pays. Comme en Afrique, le changement indien est la conséquence d’un investissement israélien intelligent dans les ressources « nationales. »
L’Inde a fait la découverte d’un marché israélien high-tech qui cible l’industrie militaire et la société civile. Si le marché israélien est en plein essor c’est plus ou moins grâce à l’Inde et à sa soif de technologie militaire. En effet, l’Inde n’importe plus ses armes des États-Unis car elle se contente des produits israéliens.
Et contrairement à l’opinion générale, le développement des relations israélo-indoues n’a pas été boosté par la récente victoire électorale du parti d’extrême droite Bharatiya Janata, dirigé par Narendra Modi. Le changement et le renforcement ont été opérés par le gouvernement qui voit en Tel Aviv le fournisseur de la technologie avancée dont l’Inde a besoin.
La technologie a également joué un rôle prépondérant dans le développement des relations entre Israël et la Chine. Il est vrai que personne ne s’attendrait à ce que les Chinois agissent comme les pays africains dans les votes internationaux, mais il est clair que Pékin manifeste un vif intérêt vis-à-vis à ses relations avec Tel Aviv et de leur amélioration, motivé par son désir d’accéder aux technologies avancées israéliennes.
Lors de sa visite en Israël il y a de cela quatre mois, le Ministre Chinois des Affaires Étrangères Wang Yi avait surpris ses hôtes en leur demandant de visiter le Mur des Lamentations. Il a par ailleurs fait part au Grand Rabbin du lieu qu’il comptait bien porter la kippa qu’on exige des visiteurs à l’entrée du site et l’emmener avec lui en Chine. Il a pris le Rabbin à part pour lui expliquer à quel point il était heureux de visiter le site. Évidemment, le Ministre n’a pas du tout été crédible car tout le monde connait la position de la Chine par rapport à la religion, néanmoins, ils reconnaissent que le Ministre faisait de son mieux pour se rapprocher de l’opinion publique israélienne, après avoir pris conscience de l’importance des relations avec Tel Aviv.
Et justement, la Chine a besoin des technologies avancées israéliennes afin d’améliorer et d’augmenter sa capacité économique, notamment dans les secteurs industriels et agricoles. Le Ministre Israélien de l’Agriculture, Naftali Bennett, partage de nombreux documents audio-visuels sur ses comptes de Facebook et Twitter dans le but de prouver à quel point les Chinois bénéficiaient de la technologie de son pays. Par ces messages, le leader du parti politique nationaliste et sioniste religieux d’extrême droite tente de répandre l’idée qu’Israël utilise son succès et sa supériorité en matière de technologies de pointe pour améliorer son prestige international et renforcer ses relations avec des pays influents sans être soumis à des concessions vis-à-vis des Palestiniens.
Les Israéliens sont conscients que Pékin aspire à établir une coopération avec Tel Aviv en matière de sécurité et de renseignement ; Yossi Cohen, le Conseiller à la Sécurité Nationale du Premier Ministre Netanyahu, visite fréquemment la Chine pour discuter des questions y afférentes.
En bref, les développements des technologies de pointe en Israël constituent à présent son principal atout diplomatique et d’influence, avec l’ambition de relancer ses liens diplomatiques et d’améliorer sa position mondiale, le tout pour renforcer sa propre sécurité nationale. Un comportement qui est tout à fait l’opposé des pays arabes dont les relations bilatérales avec les pays étrangers ne sont pas soumises à des exigences sécuritaires. Bien au contraire, certains pays arabes n’hésitent pas à jouer un rôle de fait qui sert les intérêts d’Israël, appliquant dans la plupart des cas des instructions venues des États-Unis.
Tandis qu’Israël planifie et construit son avenir, les États arabes manquent terriblement de clairvoyance et vendent et monnayent leur avenir pour des gains à court-terme, ce qui provoque la colère des peuples arabes, et l’exemple le plus frappant est l’incident de la prise d’otage du pilote Jordanien par les terroristes de l’EI et qui illustre l’implication d’Amman dans une guerre dont il aurait bien fait de ne jamais se mêler, puisque le pays Hachémite n’aura rien à y gagner.
Israël passe à l’action diplomatique et politique soft et se sert de ses atouts pour en tirer à plus d’un titre des avantages.
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Saleh al-Naami est un réfugié palestinien qui vit dans le camp d’al-Maghazi dans le centre de la Cisjordanie. Il est titulaire d’une maîtrise en études politiques à l’Université de Jérusalem, et il prépare actuellement un doctorat. Son site : http://www.naamy.net/
https://www.middleeastmonitor.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha

mercredi 7 janvier 2015

Ban Ki-moon accepte le dépôt des demandes d'adhésion de la Palestine à plusieurs traités

Suite à la réception de documents relatifs à la demande d'adhésion de la Palestine à divers conventions et traités internationaux, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en a officiellement accepté le dépôt, a déclaré mercredi son porte-parole.
Le Secrétariat des Nations Unies avait indiqué vendredi que l'Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies à New York, Riyad Mansour, lui avait transmis les copies des documents relatifs à l'adhésion de la Palestine à 16 conventions et traités internationaux, dont le Statut de Rome régissant la Cour pénale internationale (CPI), pour lesquels le Secrétaire général exerce les fonctions de dépositaire.
« En conformité avec les règles internationales pertinentes et sa pratique en tant que dépositaire des documents, le chef de l'ONU a constaté que les instruments reçus étaient en bonne et due forme avant d'en accepter le dépôt », a déclaré mercredi le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric.
M. Ban a informé tous les États parties concernés en leur transmettant les notifications dépositaires, a-t-il précisé. « Ces informations sont désormais de nature publique et ont été mises en ligne sur le site de la Section des traités de l'ONU », a-t-il ajouté, soulignant qu'il s'agit là d'une des fonctions administratives incombant au Secrétariat de l'Organisation dans le cadre des responsabilités du Secrétaire général en tant que dépositaire de ces traités.
« Il est important de souligner qu'il appartient désormais aux États de former leur propre opinion concernant toute question juridique soulevée par les instruments rendus publics par le Secrétaire général », a déclaré en conclusion M. Dujarric.
Ces demandes d'adhésion interviennent quelques jours après le rejet par le Conseil de sécurité des Nations Unies d'un projet de résolution dont l'objectif était de jeter les bases d'une solution pacifique et durable au conflit israélo-palestinien via l'établissement d'un calendrier pour le retrait complet et progressif des territoires occupés par Israël.
La CPI, qui siège à La Haye, a pour mission de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre. En y adhérant, la Palestine, qui a le statut d'Etat observateur non membre de l'ONU depuis 2012, aurait la possibilité d'engager des actions légales contre Israël.

Conseil de sécurité : une perte de temps pour les Palestiniens

Même selon les normes du processus de paix israélo-palestinien, la tentative récemment bloquée de l’Autorité palestinienne (AP) de faire voter une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU a été une perte de temps spectaculaire et a offert sur un plateau une victoire diplomatique symbolique à Israël.

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Abbas, dictateur au petit pied, président non-élu de Palestine, auxiliaire de l’occupant israélien... ici à Ramallah en compagnie de la nouvelle potiche pour les relations extérieures de l’UE, Federica Mogherini
Le projet - qui appelait à la paix avec Israël dans un délai d’un an et la fin de l’occupation en 2017 - a raté d’une voix le minimum de neuf votes positifs requis au Conseil de sécurité composé de 15 membres. Cinq pays se sont abstenus, et deux - les États-Unis et l’Australie - ont voté contre.
Les projets de résolution sont généralement précédés de consultations avec les membres du Conseil, aussi celui qui les soumet sait, à l’avance, de quelle manière tournera le vote. Ce projet n’avait en cela rien de différent. En fait, un soutien insuffisant parmi les membres du Conseil était le prétexte invoqué depuis des mois par l’Autorité palestinienne pour repousser le dépôt de la résolution.
Ainsi, l’AP devait savoir avant de présenter le projet que celui-ci ne passerait pas. Alors pourquoi l’avoir présenté ?
En fait, tout d’abord, pourquoi l’AP a-t-elle tenté de faire passer cette résolution ? Même si elle avait rassemblé le nombre minimal et nécessaire de votes, les États-Unis auraient utilisé leur droit de veto et l’Autorité palestinienne le savait parfaitement. Non seulement les Américains ont toujours fait capoter toute résolution qui contenait la moindre critique ou risquait de faire pression sur Israël, mais Washington avait été explicite sur son intention d’utiliser son droit de veto en cas de besoin.
Plus de temps nécessaire
Par conséquent, il est curieux que Dina Kawar, Ambassadeur de Jordanie aux Nations Unies et dont le pays avait soumis le projet avec le soutien de l’Autorité palestinienne et de la Ligue arabe, ait estimé que les membres du Conseil auraient dû avoir plus de temps pour étudier la proposition.
Quel pouvait en être l’intérêt, alors qu’un veto américain était assuré ?
Le seul moyen pour que Washington puisse accepter la résolution, était que celle-ci appelle à mettre fin à l’occupation palestinienne d’Israël ! Cela rend étrange la récente déclaration de Mahmoud Abbas selon quoi il avait reporté à plusieurs reprises la résolution en raison de la pression américaine.
Pensait-il réellement que tout ce qu’il pouvait dire ou faire conduirait les États-Unis à mettre fin à leur pression, ou qu’ils accepteraient le projet présenté ?
Dans tous les cas, des mois de consultations et diverses raisons pour des retards n’ont abouti qu’à une édulcoration du texte. Cela explique la condamnation générale des Palestiniens, du public et de toutes les factions.
Parmi les critiques les plus éminents se trouve le haut responsable du Fatah et très populaire Marwan Barghouti, dont le parti domine l’Autorité palestinienne et inclut Abbas lui-même. Barghouti a qualifié le texte de « recul injustifiée, qui nuira à la position palestinienne ».
En outre, le projet n’a pas été présenté comme une résolution du Chapitre VII, ce qui aurait alors entraîné des mesures punitives en cas de non-application. Par conséquent, même si la résolution avait été adoptée, Israël - qui a catégoriquement condamné l’initiative de l’Autorité palestinienne depuis le début - serait libre de l’ignorer et sans aucune conséquence, comme il l’a fait avec toutes les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité au cours des décennies.
En effet, le projet ne contient aucune formulation dont Israël pouvait s’inquiéter.
Étant donné que le droit de veto des États-Unis protège Israël, et que les résolutions existantes sont ignorées en toute impunité, il est étonnant que l’Autorité palestinienne ait placé ses espoirs dans le Conseil de sécurité pour sa dernière et futile tentative pour un État.
Un endroit d’aucun intérêt pour les Palestiniens
La réponse même de son ambassadeur aux Nations Unies, Riyad Mansour, a été explicite : « Le Conseil de sécurité a de nouveau échoué à respecter les obligations liées à sa charte, pour remédier à cette crise et contribuer de façon significative à une solution durable, conformément à ses propres résolutions. »
Il est clair depuis longtemps que les Nations Unies sont un lieu hautement improbable pour que les Palestiniens obtiennent justice, car les souhaits et le soutien de la communauté internationale pour leur cause sont systématiquement pris en otage par un seul pays. La notion même de droit de veto du Conseil de sécurité des Nations Unies rend cette institution intrinsèquement et terriblement antidémocratique. L’ironie est que dans le cas de la Palestine, c’est une démocratie qui est à blâmer.
L’ambassadeur américain aux Nations Unies, Samantha Power, a eu le culot de dire que la résolution compromettait les efforts « pour parvenir à deux États pour deux peuples ». L’objectif de l’ensemble de la résolution était de créer un État que l’État déjà en place est déterminé à empêcher.
On peut même se demander si Power a lu le projet. Il semble que la simple mention d’Israël déclenche automatiquement un veto américain.
Tout ce dernier mois s’est avéré un exercice d’une futilité évidente, au cours duquel Israël a en outre renforcé son occupation et sa colonisation de la Palestine.
Le lendemain du jour où la résolution a été repoussée, Abbas a signé un document demandant l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI).
Compte tenu de nombreuses menaces antérieures en cas d’adhésion à la CPI, c’est un développement bienvenu. Cependant, cela aurait dû être fait au moment du changement du statut de la Palestine aux Nations Unies il y a plus de deux ans. Au milieu de la colonisation et de l’occupation implacables d’Israël, et après plus de 20 années de négociations infructueuses, les Palestiniens ne peuvent se permettre le luxe d’attendre indéfiniment un État.
L’Autorité palestinienne doit maintenant agir dans l’urgence et avec la détermination nécessaire.

Sharif Hikmat Nashashibi est président et cofondateur de Arab Media Watch, organisme de surveillance indépendant, créé en 2000 pour inciter à des couvertures plus objectives des questions arabes dans les médias britanniques.
http://www.aljazeera.com/indepth/op...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib