dimanche 30 mai 2010

La loi Shalit : une loi de génocide et de déplacement

Palestine - 29-05-2010
Par PNN 
L’association palestinienne Al-Maqdese avertit des dangereuses conséquences de l'approbation de deux nouvelles lois du Comité ministériel pour la législation de la Knesset Israélien. L'association a dit dans un communiqué de presse que les deux lois suffoqueront les prisonniers politiques et retireront les droits de résidence des Palestiniens en cas d'"espionnage" ou d'état de "membre d'une organisation terroriste".
Al-Maqdese se réfère à la nouvelle "loi Shalit" que le Comité ministériel pour la législation de la Knesset israélienne a approuvée. La nouvelle loi a été soumise par des membres de la Knesset (Yaref Leven, Moshe Matalan et Yo'el Hsson).
Cette loi vise à suffoquer les prisonniers qui sont membres du "Hamas" dans les prisons Israéliennes en rendant leurs conditions de détention beaucoup plus difficiles. De même, le Comité a approuvé une autre loi soumise par Danni Danon, un membre de la Knesset, par laquelle Israël aura la possibilité de retirer la citoyenneté de citoyens israéliens qui sont accusés d'"espionnage", et de retirer leur résidence permanente à ceux qui sont accusés d'"espionnage" ou d'être "membre d'une organisation terroriste".
Selon les médias israéliens, le Comité ministériel pour la législation de la Knesset a approuvé les lois. Leur approbation est venue après l'accord entre le bureau du Premier Ministre d'Israël et la tête de l'équipe de négociation israélienne (Haje Hadas) de chercher à libérer le soldat israélien Gilad Shalit.
Cette loi rendra les conditions de détention des prisonniers du "Hamas" pires, et donc, "cela rendra les négociations à propos de la libération de Shalit plus rapides er plus faciles", a dit la tête de l'équipe de négociation israélienne. Les membres de la Knesset qui suggèrent que la loi est justifiée disent que cette loi rendra les conditions de détention des prisonniers du "Hamas" pareilles à celles du soldat Israélien Gilad Shalit qui est emprisonné par le "Hamas" depuis plus de 3 ans maintenant.
La loi sera présentée à la Knesset aujourd'hui (27.05.2010) pour une lecture préliminaire afin de commencer à la mettre en œuvre immédiatement. La loi vise à forcer une série de restrictions sur les prisonniers du "Hamas" telles que retirer les visites de famille, les empêcher de continuer leurs études universitaires, les empêcher de recevoir et de lire des journaux et de regarder la télé, et supprimer la limitation de la période en confinement, ce qui donnera aux Israéliens l'opportunité d'isoler les prisonniers pendant un long, très long temps.
La deuxième loi qui a été approuvée par le Comité ministériel pour la législation de la Knesset visera les Palestiniens qui sont considérés comme Israéliens car ils ont eu la citoyenneté israélienne après l'occupation en 1948, et les Palestiniens qui ont la résidence permanente à Jérusalem et les Syriens du Golan occupé. Cette loi donne à Israël la possibilité de retirer la citoyenneté de citoyens israéliens qui sont accusés d'"espionnage", et retirer leur résidence permanente à ceux qui sont accusés d'"espionnage" ou d'être "membres d'une organisation terroriste".
Al-Maqdese déclare que ces nouvelles lois violent les conventions internationales des Droits de l'Homme et les lois qui donnent aux hommes le droit à la nationalité. Aussi, elles visent n'importe quelle sorte de manifestation des Palestiniens à l'intérieur d'Israël avec de telles actions.
Le retrait de la résidence permanente des Palestiniens à Jérusalem viole la charte de la Quatrième Convention de Genève qui protège les civils en temps de guerre. La convention établit que "des transferts individuels ou de masse forcés, aussi bien que des déportations de personnes protégées d'un territoire occupé du Pouvoir d'Occupation ou de n'importe quel autre pays, occupé ou non, sont interdits, sans regard sur leur motif" (article 49).
Plus encore, la loi Shalit viole les lois internationales des Droits de l'Homme et les conventions sur les conditions de détention. A une Conférence des Nations Unies pour arrêter les crimes et le traitement des Prisonniers qui s'est tenue à Genève en 1955 et a été approuvée par le Conseil Economique et Social par deux résolutions 663/c (d-24) le 31/07/1957 et 2076 (d-26) le 13/05/1977, les Règles de Standard Minimal pour le Traitement des Prisonniers ont été définies. Parmi les règles se trouvent une interdiction contre la discrimination entre les prisonniers pour n'importe quelle raison, la condition que les prisons aient une hygiène acceptable, le droit pour les prisonniers de faire du sport et de l'exercice et d'accéder au soin de santé nécessaire, une interdiction contre les mesures punitives que les chefs de prisons peuvent porter pour humilier ou nuire aux prisonniers, une condition que les prisonniers aient accès à l'information et à la communication avec le monde, et une condition qu'il y ait l'accès à une bibliothèque pour lire et leur donner l'opportunité de finaliser leurs études académiques.
Al-Maqdese avertit des conséquences de l'approbation des deux nouvelles lois sur les Palestiniens à l'intérieur d'Israël, de Jérusalem et du Golan, et a diffusé une liste de demandes :
- aux autorités israéliennes : de retirer les deux lois car elles violent la charte de la 4ème Convention de Genève et les lois internationales des Droits de l'Homme, plus spécifiquement le droit à la vie, à la liberté d'expression, au droit de nationalité, au droit de choisir un lieu de vie et les Règles de Standard Minimum pour le Traitement des prisonniers.
- aux membres de la Knesset : de refuser l'autorisation des deux nouvelles lois car elles sont punitives et vindicatives, en employant la punition collective.
- aux organisations internationales et locales des Droits de l'Homme : d'avertir des conséquences dangereuses des deux lois et d'organiser des campagnes judiciaires localement et internationalement pour pousser l'autorité Israélienne à annuler de telles lois, et expliquer leurs conséquences dangereuses.
- aux Palestiniens à tous les niveaux : le peuple et les organisations formelles et informelles doivent se lever contre ces deux lois racistes.
- Le site de l’Association Al-Maqdese en arabe.
- Le site de l’Association Al-Maqdese en anglais.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13864&type=communique&lesujet=Nettoyage%20ethnique

Les dernières nouvelles de Tristan Anderson, victime de l’armée sioniste

Palestine - 29-05-2010
Par ISM 
Le 13 mars 2009, lors d’une manifestation de la résistance populaire palestinienne à Ni’lin, près de Ramallah, Tristan Anderson, activiste californien en Palestine occupée avec ISM, a été grièvement blessé par le tir d’une grenade lacrymogène à haute vélocité en plein front, la même munition qui a tué Bassem Abu Rahme à Bil’in le 17 avril 2009. Anderson est toujours à l’hôpital Tel Hashomer, dans la banlieue de la colonie sioniste de Tel Aviv, depuis le 13 mars 2009. Ses parents et sa compagne Gabrielle sont auprès de lui depuis cette date, et ils ont accepté de répondre à nos questions sur l’évolution de l’état de santé de notre camarade.

Tristan Anderson et Gabrielle Silverman lors d'une manifestation en Californie

1- Peux-t-il parler ?
Oui, Tristan a commencé à parler début décembre 2009, après qu’on lui ait retiré son tube de trachéotomie.
2- Que dit-il ? Sait-il qui il est ?
Oui, il sait qui il est et il se souvient de sa vie d’avant la blessure. Il a conservé toutes ses connaissances spécialisées, il raconte des histoires, il reconnaît les gens sur les photos, il chante ses chansons préférés, etc. Sa mémoire à long terme de la vie d’avant la blessure est globalement excellente.
3- Comment est le son de sa voix ? Est-elle empâtée ? A-t-il du mal à formuler le langage ?
Tristan parle clairement mais doucement. Nous communiquons très bien avec lui, mais il peut être difficile à entendre s’il y a du bruit autour. Alors que d’autres fonctions cognitives ont été touchées, ses capacités linguistiques sont plus ou moins intactes. Il a conservé la grammaire et le vocabulaire des adultes et n’a pas besoin de réapprendre la langue.
4- Comment Tristan a-t-il communiqué pendant les mois où il ne pouvait pas parler ?
Avant qu’il ne reparle, Tristan communiquait principalement par gestes et aussi en écrivant et en épelant des mots sur un tableau de communication (bien que son écriture soit très difficile à déchiffrer, ce fut bien pire avant).
Dans les premiers temps (et pendant une longue période), la communication avec Tristan était très limitée et quelquefois incohérente, faite de signes oui/non avec la main. Outre les signes manuels, on a communiqué en lui présentant des objets ou des choix écrits sur un tableau, et en lui demandant de montrer celui qui était correct, ou celui qu’il voulait. Dans ces très mauvais jours, Tristan ne pouvait traiter que deux options à la fois.
5- On a dit qu’il avait été dans le coma.
Non, Tristan n’a jamais été dans le coma, mais il est resté dans un état de conscience minimale pendant les six/sept premiers mois après avoir été blessé. Pendant cette période, sa vie était complètement dominée par des complications médicales et il ne pouvait se maintenir éveillé que quelques minutes. Ce fut une période épouvantable, avec beaucoup d’incertitudes sur les possibilités d’amélioration, mais il l’a traversée et surmontée.
6- Qu’est-ce qui s’est passé ?
En août, Tristan a eu deux opérations, une cranioplastie (une chirurgie reconstructrice du crâne) suivie d’une dérivation ventriculo-péritonéale (pour soulager la pression à l’intérieur du crâne due à l’excès de liquide céphalo-rachidien dans le cerveau). Il a ensuite commencé à se « réveiller » de façon notable, puis il a eu une septicémie. On lui a administré de très fortes doses d’antibiotiques par voie intraveineuse pendant une longue période. Quelques semaines après, la fièvre a reculé et il a commencé sa lente remontée des abysses.
7- A-t-il changé ? Ses capacités cognitives ont-elles été affectées ?
Tristan a conservé beaucoup de ses connaissances et valeurs en tant qu’activiste et comme la personne que nous connaissions, mais sa blessure au cerveau l’a profondément affecté. Il a par exemple des difficultés de contrôle nerveux et de mémoire à court terme, ce qui retentit sur tout ce qu’il fait, tout le temps.
Je ne voudrais pas, en répondant à cette question, donner aux lecteurs une idée trop optimiste ou trop pessimiste de sa situation. A plusieurs moments, quand je parlais avec des amis j’ai eu l’impression de faire les deux. La réalité est plus compliquée.
Une lésion cérébrale peut rendre une personne énigmatique.
Par exemple, Tristan peut jouer a des jeux de société pour adultes plus difficile que je ne le peux moi-même, et en même temps il n’arrive pas à jouer à Force Quatre ou à d’autres jeux similaires pour enfant parce qu’il est trop occupé à manipuler les pièces et il ne peut pas attendre son tour.
Tristan oscille en permanence entre un état où il est perspicace et compétent et un état dans lequel il est enfantin et irresponsable. Il n’y a jamais un moment où je ne suis pas consciente de sa lésion.

Tristan à Bil'in, le 13 mars 2009.

7- Quelles parties de son corps et de son cerveau ont été affectées lorsqu’il a été blessé le 13 mars 2009 ?
On lui a tiré dans le front, au dessus de l’œil droit, et c’est le lobe frontal droit du cerveau qui a touché en premier lieu. Ensuite, durant la première semaine en soins intensifs, il a frôlé la mort de très près à cause de l’hémorragie et du gonflement résultant de la blessure. Ces lésions secondaires ont affecté de manière significative son lobe temporal droit ainsi que d’autres parties de son cerveau.
Il est aussi devenu aveugle de l’œil droit et son orbite droite (la partie osseuse entourant l’œil) a été brisée en plusieurs morceaux. Sa blessure est classifiée comme une lésion cérébrale traumatique sévère.
8- Comment est-il touché, physiquement ?
Tristan est hémiplégique. Il n’est pas complètement paralysé mais il est presque totalement incapable de bouger son bras et sa jambe gauches. C’est particulièrement difficile pour lui car il est gaucher.
Tristan est encore en train de récupérer des dégâts causés à son organisme par des mois d’alitement et d’immobilité.
9- Est-ce qu’il remarchera ?
Tristan est dans un fauteuil roulant. Récemment il a été capable de bouger un petit peu sa hanche gauche. Sa kinésithérapeute est optimiste et pense qu’avec un traitement adéquat il pourra être capable de se déplacer par lui même. Cependant elle a prévenu que cela pourrait prendre des années de travail.
10- Comment se passe la vie de tous les jours pour vous au centre de rééducation ?
Les journées bien remplies, les matins sont occupés à toutes sortes d’activités où se succèdent les séances de kiné, de thérapie pour la parole et d’ergothérapie. On glisse dans la matinée deux repas, et si tout va bien nous avons du temps en plus pour les exercices de tenue en position debout, qui se font à l’aide d’une sorte de planche dans la salle de kiné afin que le corps de Tristan s’habitue à nouveau à la station debout. Quelquefois, nous faisons aussi des exercices de bicyclette fixe qu’on pratique dans la position allongée et qui permettent à Tristan de pédaler activement avec sa jambe droite, et passivement avec la gauche.
En début d’après-midi, Tristan retourne se coucher pour se reposer pendant environ deux heures.
Il se relève vers 16h-16h30 et va faire une longue promenade avec son père puis il revient dîner. Il mange des plats variés principalement à base de riz, de haricots et de légumes et beaucoup de soupes de différentes sortes.
Après le diner on décide de ce qu’on va faire le reste de la soirée. Parfois Tristan travaille sur ordinateur. D’autre fois, on joue aux cartes, à des jeux de sociétés, des choses comme ça. On essaye de l’habituer à manœuvrer son fauteuil roulant tout seul. Parfois on le fait travailler dur et d’autres fois, on flâne juste. On se lit beaucoup de textes entres nous, y compris des textes que Tristan avait écrit avant.
On essaie de lui tenir compagnie ici, et de faire des choses qui sont entre le « travail » et le « jeu » pendant nos temps libres. Mike, Nancy et moi, nous n’avons plus de vie. On est là à l’hôpital presque tout le temps.

Nancy et Mike Anderson, les parents de Tristan.
11- Lui arrive-t-il de sortir de l’hôpital ?
Pas très souvent, mais parfois. On essaye de sortir pendant les week-ends.
12- Comment tient-il le coup émotionnellement ?
Pour le meilleur ou pour le pire, Tristan ne s’est jamais beaucoup appesanti sur sa blessure. Il est parfaitement au courant du préjudice physique, mais il est moins conscient ou accepte moins les répercussions cognitives.
Ces derniers mois, on l’a vu lentement se mettre plus à l’écoute de ses sentiments, et je crois que cela continuera à se développer avec le temps.
13- Continuez-vous à observer des améliorations dans ses capacités ?
Oui.
14- Est-il toujours dans un état critique ?
Non, à ce stade, Tristan a passé la phase aigue de sa blessure. Il vit à l’hôpital parce qu'il y suit un programme de rééducation.
15- Est ce qu’il est plutôt indépendant maintenant ou est-ce qu’il a encore besoin de beaucoup d’aide ?
Il a encore besoin de beaucoup d’aide.
16- Où en est-on des poursuites judiciaires ?
Il y a deux procédures, une procédure judiciaire pour crime et une procédure civile.
Pour l’instant, la police israélienne qui a enquêté sur les tirs contre Tristan a classé le dossier sans poursuites pénales contre aucune des personnes impliquées. L’enquête a été largement critiquée comme étant un simulacre et nous faisons appel de cette décision.
Il y a eu un article trompeur, publié dans le quotidien Ha’aretz, intitulé « L’état ré-enquête sur les circonstances dans lesquelles l’activiste américain a été blessé », qui a été diffusé sur tout l’internet et qui donnait la fausse impression que l’Etat israélien était en train de rouvrir le cas de Tristan. En fait tout ce qui s’est passé, c’est que nos avocats ont fait appel et que l’Etat est légalement obligé d’accepter cette requête administrative, c’est ce qu’ils ont fait. C’est tout.)
En plus du dossier pénal, il y a aussi le procès civil que la famille de Tristan intente contre l’armée israélienne afin d’aider à couvrir les dépenses médicales pour le reste de sa vie, la perte de revenus, et les soins continus dont Tristan aura besoin. On a été avertis du fait que la procédure civile prendra probablement plusieurs années avant d’aboutir. (La procédure civile concernant Rachel Corrie a été lancée en 2005, et a été pour la première fois examiné il y a seulement un mois et demi, ce qui est scandaleux.)
17- Sur quelle base faites-vous appel pour la réouverture de l’affaire pénale ?
L’enquête sur les circonstances dans lesquelles on a tiré sur Tristan est un parfait exemple qu’on ne peut pas faire confiance à l’armée et à la police pour enquêter sur elles-mêmes.
Par exemple, les enquêteurs n’ont même pas pris la peine de se déplacer sur les lieux où Tristan s’est fait tiré dessus. Ils n’ont jamais recueilli la moindre preuve ou indice matériel.
En plus, les témoins oculaires ont affirmé que les tirs provenaient d’une colline voisine.
Bien que l’armée ait confirmé qu’il y avait bien une unité de police des frontières sur cette colline et qu’ils étaient armés de lanceurs de gaz lacrymogène à haute vélocité, toute l’investigation repose sur la conduite d’une autre unité de police des frontières qui n’a aucun rapport et qui était située de l’autre côté de la ville.
A ce jour, l’unité de police des frontières qui étaient sur la colline d’où sont partis les tirs n’a toujours pas été interrogée.
18- Qu’est ce que l’on peut faire pour aider à ce que la justice soit rendue pour Tristan ?
Nous demandons que la procédure judiciaire pour crime contre la police des frontières impliquée dans les tirs sur Tristan soit rouverte immédiatement et qu’une enquête sérieuse commence.
On encourage nos amis à contacter Barbara Lee, la représentante de Tristan au Congrès (202-225-2661) ou bien d’interpeller le consulat israélien local pour exiger qu’Israël assume l'entière responsabilité des tirs contre Tristan.
Nous savons aussi que depuis que nous sommes à l’hôpital avec Tristan, deux autres activistes sont morts dans des manifestations contre le mur. Ils s’appelaient Basem Abu Rahme et Yousel’Akil Tsadik Srour. Basem a été tué alors qu’il criait aux soldats qu’il s’agissait d’une manifestation non violente et il leur demandait d’arrêter de tirer en direction d’une manifestante qui avait été blessée. Akil est mort alors qu’il venait en aide à un adolescent de 16 ans qui s’était fait tirer dans la colonne vertébrale.
A ce jour, Israël a tué 23 personnes pour construire leur mur et en a grièvement blessé beaucoup d’autres. Comme Ehab Fadel Barghouthi (14 ans), touché par balle à la tête pendant une manifestation il y a quelques semaines.
Alors que je mets la touche finale à ce document, j’apprends que Ahmad Sliman Salem Dib, 19 ans, est mort par un tir israélien durant une manifestation contre une confiscation de terre à Gaza.
Exiger la justice pour Tristan, c’est aussi exiger la justice pour eux, et c’est reconnaitre le rôle du gouvernement américain dans la guerre et l’occupation partout dans le monde.
19- Est-ce que Tristan pourra récupérer complètement ? Les médecins sont-ils capables de prédire son état sur le long terme ?
Il n’y a aucune projection à long terme. Tant qu’il continue à progresser, personne ne peut dire jusqu’où il ira. Mais le fait est qu’on ne peut pas tirer dans la tête de quelqu’un et ensuite l’effacer. Les tissus cérébraux qui sont morts restent morts, mais l’esprit humain peut apprendre à compenser.

La métaphore la plus commune que j’ai entendue pour décrire la récupération d’une lésion cérébrale est celle-ci : Vous voyagez en voiture et l’autoroute est bloquée. La question est : est-ce que vous pourrez trouver une façon de rejoindre votre destination en utilisant les routes de campagne ? Ceux qui réussissent la rééducation de leurs lésions cérébrales forment et trouvent de nouveaux chemins.
20-Quand est-ce que vous pensez qu’il sera prêt à rentrer chez lui ?
C’est aussi la question que Tristan pose tout le temps. Nous espérons repartir en Californie pendant l’été 2010.
Tristan emménagera avec ses parents pour vivre avec eux dans leur petite ville de campagne. Il continuera la rééducation en ambulatoire. On envisage aussi d’installer un logement satellite pour lui dans le secteur de la Baie de San Francisco pour faire des allers retours.
J’espère que les amis et la famille de Tristan l’accepteront avec ses capacités et ses handicaps, et qu’ils trouveront une façon de l’accueillir à la maison.
Pour toute personne motivée, il y aura beaucoup à faire.
Nous acceptons les dons par le biais du site ISM.
De plus, nous avons démarré une liste mail « Welcome Tristan » pour la coordination logistique des projets d’accessibilité et des bonnes idées. Pour vous abonner, envoyez un mail vide à : friendsoftristan+subscribe@googlegroups.com
- Le site dédié à Tristan : « Solidarity with Tristan Anderson ».
- L'article du 15 mars 2009 : "Tristan Anderson est toujours dans état critique".
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13861&type=temoignage&lesujet=Victimes%20ISM

Le dernier set


Gaza - 30-05-2010
Témoignage du 29 mai depuis l'un des bateaux de la flottille de la liberté pour Gaza, se trouvant au large de Chypre
Par Thomas Sommer-Houdeville
Thomas Sommer-Houdeville est coordinateur de la CCIPPP 
Un jour ou l'autre peut-être, quelqu'un écrira l'histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c'est que nous n'avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves.... Tout d'abord, ils ont créé une équipe spéciale d'urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d'aide humanitaire représentent. Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu'ils nous enverront dans la pire des prisons israéliennes, dans le désert près de Beersheva.
Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d'une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n'en aurait pas peur ? Nous avons peur qu'ils saisissent notre cargaison et toute l'aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu'ils les détruisent. Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d'un an. Tous ces efforts et cette vague d'amour et d'espoir envoyés par des gens normaux, d'humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie. Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d'accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ?
Mais nous savons que la peur est aussi de l'autre côté. Parce que depuis le début de notre coalition, l'Etat d'Israël fait tout ce qu'il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser. Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d'un côté, les Grecs et Suédois d'un autre, les Américains d'un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu'ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.
Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l'obligeant à retarder son départ pour près d'une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu'ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous. Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l'obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers greco-suédois. A cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C'est ce qu'ils ont fait heureusement ! Jusqu'à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l'autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un Etat souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.
Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d'embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d'Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d'interdire à des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes ! Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d'attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu'au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c'était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n'importe quelle direction qu'ils souhaitaient, que c'était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s'est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d'Israël et nous a fait perdre un temps crucial.
Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d'aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c'est le contraire qui s'est révélé. Notre coalition tient toujours. C'est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s'est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu'Israël a perdu les deux sets qu'il a joués.
Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu'ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu'ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza. Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n'est pas de notre côté, mais du côté d'Israël. Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l'Etat criminel d'Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu'ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13866&type=temoignage&lesujet=Actions

Justice à la carte

Edition du 29 mai 2010
Cela n’a absolument rien d’épique, en tout cas pas du genre d’aventure dont se passeraient bien volontiers tous ceux qui militent pour la justice là où elle est absente. C’est ce que cherchent à faire d’illustres anonymes, et c’est à leur honneur, en voulant percer le blocus imposé par Israël à la bande de Ghaza, privant près de deux millions de Palestiniens du strict minimum. Une manière bien à lui de tenter de les soumettre. Leur choix en faveur du Hamas lors des élections législatives de 2005 n’en étant que le prétexte, car ce qui se passe en Cisjordanie n’étant pas moins inhumain et donc moins attaquable et contestable.
Hamas, faut-il le rappeler, a remporté des élections qualifiées de démocratiques par les observateurs internationaux, mais cela n’a pas empêché Israël et certains pays de le déclarer mouvement terroriste et de soumettre la bande de Ghaza à un effroyable embargo. Même le ciment, se rend-on compte, a été décrété produit stratégique pour empêcher la reconstruction de ce qui a été détruit par Israël dans ce territoire, privant ses populations du gîte, sans parler des autres commodités qui ont cessé d’exister. C’est aussi pour briser ce mur du silence qu’une opération a été montée et appelée « Flottille de la paix », sans grands moyens, mais avec beaucoup de volonté pour alerter l’opinion internationale quant à la situation inhumaine imposée aux Palestiniens, où qu’ils soient à vrai dire, puisqu’il faille ajouter tous ces assassinats ciblés et autres formes de persécution, avec un certain consentement de la communauté internationale.
Ce que dit Israël n’a pas d’importance. Il est l’occupant illégal. « Nous avons le droit de quitter les eaux internationales pour entrer dans les eaux de Ghaza. Nous avons été invités par la population de Ghaza », a déclaré l’une des organisatrices de l’opération, marquée aussi par le silence des organisations dites de défense des droits de l’homme, acceptant tout juste de compter les morts. Normalement, cette flottille arrivera aujourd’hui au large des côtes palestiniennes à bord de huit bateaux chargés de 10 000 tonnes d’aide humanitaire et de matériaux de construction, mais Israël a averti que les navires ne seront pas autorisés à accoster.
D’après les organisateurs, les bateaux transporteront quelque 750 personnes originaires d’une soixantaine de pays, ainsi que des dizaines de responsables de pays européens et arabes. L’aide transportée consiste notamment en 100 maisons préfabriquées, 500 fauteuils roulants électriques, ainsi que d’équipement médical et des matériaux de construction. Et comme toujours, le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié les militants d’« anti-israéliens et d’éléments de l’Islam radical », échappant à d’autres accusations du genre anti-sémitisme, portées contre tous ceux qui s’opposent à la politique israélienne à l’égard des Palestiniens.
Même des organisations israéliennes ont été prises à partie, accusées presque de trahison pour avoir fait part de leurs craintes quant aux risques qui découleraient du blocage de tout processus de paix. Leurs animateurs ont eu plus de chance que les Palestiniens, interdits de tout pour continuer à revendiquer leurs droits les plus élémentaires. Ou encore continuer à résister. Et cela dure depuis la création d’Israël en 1948.
Par Mohammed Larbi
http://www.elwatan.com/Justice-a-la-carte

La flottille d'aide pour Gaza doit partir à midi, Israël la bloquera

29/05/2010  
La flottille internationale chargée d'aide à destination de Gaza partira pour l'enclave palestinienne à midi (09H00 GMT),
même si elle ne parvient pas à faire monter à son bord des députés européens se trouvant à Chypre, a affirmé une responsable du mouvement Free Gaza. 
"Nous attendons jusqu'à midi de voir s'il y a du progrès pour embarquer ces personnes sur un grand bateau turc. Nous ne pouvons attendre plus longtemps", a indiqué à l'AFP Audrey Bomse.  
Peu avant, un des passagers de la flottille avait indiqué à l'AFP que les organisateurs voulaient convaincre les autorités chypriotes de bien vouloir autoriser les députés européens à embarquer de Chypre. 
"La flottille va partir à midi et restera dans les eaux internationales. Elle ne s'approchera pas de Gaza avant demain (dimanche) parce que nous ne voulons pas y arriver de nuit", a ajouté Mme Bomse. 
Elle a précisé que la flottille était composée de cinq navires, deux petits bateaux ayant eu des problèmes techniques. 
Le passager Thomas Sommer-Houdeville avait indiqué auparavant que la flottille attendait toujours de pouvoir embarquer des députés européens "bloqués" à Chypre en raison du "refus des autorités chypriotes de les laisser monter à bord de bateaux chypriotes pour rejoindre le groupe dans les eaux internationales". 
Il avait accusé les autorités chypriotes d'avoir tendu un "vrai piège" à la flottille, en revenant sur un accord passé il y a deux semaines selon lequel les députés européens pouvaient embarquer, de Chypre, à bord de la flottille.  
Les organisateurs estiment que les autorités chypriotes ont cédé aux pressions israéliennes, ce qu'a catégoriquement démenti Nicosie. 
Les organisateurs de cette traversée avaient indiqué que le départ prévu vendredi de la flottille pour la bande de Gaza avait été reporté à samedi, invoquant notamment des menaces israéliennes de capturer un navire turc et des "difficultés techniques" sur l'un des navires.  
Israël a récemment fait savoir aux ambassadeurs de Grèce, Turquie, Irlande et Chypre, pays d'où devaient partir les bateaux, qu'il interdisait l'arrivée de la flottille à la bande de Gaza, soumise depuis juin 2007 à un strict blocus israélien.
La marine israélienne empêchera, de force si nécessaire, la flottille au cas où elle tenterait de s'approcher des côtes du territoire
palestinien, a prévenu samedi un responsable gouvernemental israélien.
"Nous tenterons de les empêcher de s'approcher des côtes de la bande de Gaza de manière pacifique, mais s'ils cherchent à passer en force, nous les bloquerons", a affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ygal Palmor.
"De l'aveu même des organisateurs, il ne s'agit pas d'une opération humanitaire mais bel et bien d'un acte de provocation visant à causer une confrontation avec l'armée israélienne à des fins de propagande", a-t-il ajouté.  
L'organisation Free Gaza, à l'initiative de cette traversée, a de son côté qualifié d'"ignoble" le fait qu'Israël l'accuse de violer la loi internationale, alors qu'ils ont des "bateaux non armés transportant de l'aide humanitaire à des gens qui (en) ont désespérément besoin".
L'ONU, l'UE et la France ont rappelé récemment qu'ils étaient opposés au blocus.

Le Hezbollah salue les activistes de la flotille, condamne le silence mondial

29/05/2010  
Le Hezbollah a publié un communiqué au sujet du départ de la flotille de la liberté vers Gaza. Voici le texte complet:
"Le Hezbollah salue les activistes et les défenseurs des droits de l'homme et apprécie fort leurs efforts visant à aider des centaines de milliers de nos frères confinés à Gaza, au su et au vu de la communauté internationale et des gouvernements arabo-islamiques.
Le Hezbollah condamne fortement le silence international face au blocus  imposé par l'ennemi israélien sur Gaza, et y voit une implication dans le complot d'affamation de nos frères. Le Hezbollah espère que la nouvelle mobilisation de la flotille de la liberté constituera une occasion permettant à plusieurs personnes de revoir leurs calculs et poussant le monde arabo-islamique, la communauté internationale et les organisations mondiales d'assumer leurs responsabilités humaines et morales et de briser le blocus sur nos frères en Palestine". 

"Israël" a demandé à la FINUL de ne pas enregistrer ses violations aériennes

29/05/2010  
Selon le quotidien koweitien al-Ray,  une  réunion a eu lieu entre le chef d'état-major israélien le général Gabi Ashkenazi, et le commandant de la force de la «FINUL» au Liban-sud le  général Alberto Asarta, dans laquelle ils se sont mis d'accord sur une déclaration d'entente entre l'armée israélienne et la FINUL , selon laquelle cette dernière ne doit pas rapporter à l’armée libanaise les violations  quotidiennes de l’armée de l’air israélienne de la souveraineté libanaise.
Selon les lettres échangées entre le Bureau de Ashkenazi et le Bureau de Asarta, le premier aurait fait savoir au second ce qui suit : «Suite aux préoccupations exprimées par  le général Ashkénazi lors de sa réunion avec le général Asarta (au sujet des  informations rapportées à l’armée libanaise sur les mouvements de l'armée de l'air israélienne), l'armée de Défense israélienne souhaite recevoir une lettre officielle écrite de la part de la FINUL dans laquelle elle promet  de ne point fournir des informations sur le temps réel (real time) des survols israéliens du territoire libanais aux  autorités libanaises, et ce sur la base d’une promesse verbale faite par le général  Asarta au général Ashkénazi, qui a insisté sur un engagement écrit ».
Selon une source  de sécurité libanaise, «cet accord comporte un grand danger, et impose aux forces internationales de fournir une clarification rapide, car si cette information est vraie, cela signifie que la FINUL s'est écarté de son rôle impartial, et donc plus de prudence est exigée ».
Par ailleurs, selon le quotidien libanais as-Safir,  « cette question a été discutée au cours de dernières heures entre les deux parties internationale et libanaise, et devrait être résolue dans les prochaines heures. Mais, aucun commentaire n’a été exprimé  pour  confirmer ou nier l'engagement par écrit de la FINUL à l’entité sioniste ».
A Jérusalem, le porte-parole de l'armée israélienne, Afihai Darii, a confirmé la tenue d’une réunion entre le général Ashkénazi et le commandant de la FINUL le 30  avril.
La réunion  entre les deux hommes a été qualifié « de très importante  surtout que le général Asarta a expliqué que c'était sa première rencontre avec le général Ashkénazi  et que beaucoup de questions ont été étudiées dans  une atmosphère positive et derrière les coulisses ».  
Darii a refusé de donner des informations sur l'entente conclue entre l’entité sioniste et la  FINUL sur le fait de ne point révéler à l’armée libanaise les violations israéliennes de la souveraineté du Liban, soulignant: «Nous n’avons pas à discuter les détails de tels accords, nous ne n’avons pas à nous prononcer là-dessus, parce que ce genre d’accords ne se concluent que dans les coulisses en fonction de la compréhension commune entre les deux parties».

Assad: "Je ne perderai pas mon temps sur ce que pensent les Israéliens"

29/05/2010  
Le président syrien Bachar elAssad a déclaré que les agissements israéliens déstabilisent la sécurité de la région. "Ni le Hezbollah ni n'importe quel autre mouvement de défense sont responsables de cette instabilité", a affirmé Assad dans une interview avec le journaliste Sharlie Rose sur la chaine télévisée américaine BBC. "Lorsqu'il n'y a ni agression israélienne ni occupation des terres, tous les problèmes seront résolus définitivement", a-t-il ajouté, soulignant que l'Iran a soutenu la décision de la Syrie de poursuivre les négociations de paix indirectes avec Israël, et que Damas est prête à le faire.  
Abordant les allégations israéliennes sur les missiles Scud, Bachar elAssad a dit: "l'affaire des Scud est une bonne histoire. Mais nous avons interrogé les Israéliens: Où est la preuve? Vous contrôlez la frontière libano-syrienne et vous survolez le  Liban 24 heures par jour. Ne pouvez-vous pas alors détecter un missile énorme comme le Scud? C'est irréaliste! Si vos renseignements ou les renseignements israéliens possèdent des preuves, présentez-les alors. Mais si vous croyez simplement que le Hezbollah possède des missiles Scud, je ne voudrai pas perdre mon temps sur ce que vous croyez et sur ce que vous ne croyez pas".  
"Le Hezbollah est une organisation forte et non pas faible. Tout le monde sait qu'elle possède des missiles, et c'est vrai. Israël doit savoir que seule la paix peut le protéger, au lieu de lancer des propagandes et de fabriquer des allégations erronées ou controversées", a-t-il poursuivi.  
A la question de savoir si Israël veut vraiment la paix, Assad a répondu: "Je pense que le peuple qui élit un gouvernement extrémiste ne veut pas de paix. Mais ceci ne veut pas dire que nous allons cesser de travailler pour la paix", se disant favorable à la médiation turque pour parvenir à une paix globale au Proche-Orient.
Evoquant la relation de son pays avec l'Iran, Bachar elAssad a rappelé que l'Iran avait soutenu les efforts syriens pour recouvrer sa terre en 2008 par le biais des négociations indirectes avec Israël, et avec la médiation de la Turquie. Les Etats-Unis ne comprennent ni l'Iran ni les pays de la région. "C'est une culture différente, mais après le 11 septembre, ils doivent savoir ce qui se passe au-delà de l'océan. Il ne s'agit pas de ce qu'ils pensent, mais de ce que nous pensons", selon lui.  
Et d'ajouter, l'Iran ne cherche pas à posséder l'arme nucléaire. "Le fait de refuser le dernier accord tripartite Iran-Turquie-Brésil compliquera encore plus les choses et empêchera de parvenir à une quelconque solution. Il est inconvenable de se concentrer sur l'Iran. Israël est le vrai problème, il est le seul pays qui possède la bombe atomique dans la région". 

L’ hypocrite campagne de boycott de l’Autorité de Ramallah

dimanche 30 mai 2010 - 06h:25
Ali Abunimah - The Electronic Intifada
Ces dernières semaines, l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah, soutenue par Israël et les USA, a fait son cirque pour inviter les Palestiniens à boycotter les marchandises fabriquées dans les colonies israéliennes en Cisjordanie.
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En Cisjordanie occupée, Salam Fayyad jette au feu des produits provenant des colonies israéliennes (Mustafa Abu Dayeh/MaanImages)
En dépit d’une rhétorique de défi et de résistance, et des grands cris d’orfraie poussés par les groupes de colons israéliens, l’effort de l’AP semble réellement conçu pour coopter, déstabiliser et faire avorter la campagne BDS (boycott , désinvestissement et sanctions) beaucoup plus ample de la société civile palestinienne, et pour rassurer Israël quant à la docilité et la collaboration continues de son régime fantoche de Ramallah.
Dans le cadre de sa tournée de propagande quotidienne, on a pu voir le « premier ministre » non élu, Salam Fayyad , basé à Ramallah, jeter des paquets de marchandises produites par les colons dans un feu de joie. Quant au « président » de l’AP, Mahmoud Abbas, il a récemment signé l’engagement de « Karama » (N.d.T. dignité) par lequel il a promis de ne pas laisser de marchandises des colonies passer le seuil de sa maison et il a encouragé d’autres à faire de même. Des volontaires de l’AP ont fait du porte-à-porte en Cisjordanie occupée pour distribuer des listes de biens de consommation fabriqués par les colons à ne pas acheter.
Jusqu’ici, tout va bien. Les Palestiniens et leurs partisans devraient absolument boycotter les produits israéliens. Depuis 2005, des centaines d’organisations palestiniennes ont soutenu un appel « aux organismes internationaux de la société civile et aux personnes de conscience partout dans le monde pour qu’ils instaurent de larges boycotts et mettent en oeuvre des initiatives de désinvestissement contre Israël semblables à celles qui ont été appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid » (« "Palestinian Call for Boycott, Divestment, and Sanctions (BDS)," 9 July 2005.
Partout dans le monde, des militants du mouvement BDS ont incité des sociétés, avec succès, à cesser de faire des affaires en Israël et de ne plus vendre de produits israéliens ; ils ont demandé aux artistes internationaux de ne pas se produire en Israël, aux universitaires de refuser de coopérer avec les établissements israéliens et aux institutions culturelles de boycotter les événements patronnés par le gouvernement israélien qui cherche à faire écran à ses pratiques d’apartheid.
Récemment, des douzaines d’organisations de jeunesse palestiniennes, aussi bien indépendantes qu’alignées sur pratiquement toutes les factions politiques, à l’intérieur et en dehors de la Palestine historique, ont publié un appel commun sous le titre « La Jeunesse palestinienne unie contre la normalisation avec Israël. » La « jeunesse » déclare : « nous rejetons la normalisation avec Israël à tous les niveaux » - économique, politique, culturel et institutionnel - et nous adhérons aux principes du Comité national palestinien indépendant de boycott qui dirige le mouvement BDS ("Palestinian youth united against normalization with Israel," 28 April 2010). Le BDS représente le large consensus de la société palestinienne, mais la campagne de boycott de l’AP va en fait à l’encontre de cette campagne et incite les gens à défier l’appel BDS. Pendant une séance photo où il apposait un autocollant sur la porte de sa maison certifiant qu’elle était exempte de marchandises des colonies, Abbas a insisté : « nous ne boycottons pas Israël, parce que nous avons avec lui des accords et des importations. »
De même, le site Web officiel de l’AP de l’engagement au boycott, ironiquement appelé « Karama(N.d.T :dignité) » déclare : « Concernant le commerce avec Israël, le ministère palestinien de l’économie confirme qu’il poursuivra sa coopération comme il avait été convenu lors du sommet de Paris [de 1994] ».
Tout ceci relève indubitablement de la fameuse « adhésion » de l’AP « aux accords signés » dictés par le Quartet (USA, UE, Russie et ONU). Mais le site web de l’AP va jusqu’à reconnaître qu’Israël lui-même ne se conforme pas aux accords et qu’« Israël interdit l’accès à ses marchés de l’un quelconque de nos produits . En outre, Israël met beaucoup d’obstacles aux produits palestiniens en attente d’être exportés vers les pays étrangers... Israël nie même les droits palestiniens qui avaient été convenus dans l’accord de Paris. »
L’insistance de l’AP pour se conformer aux accords qu’Israël viole constamment prouve une fois de plus - si c’était nécessaire - son irrémédiable servilité. Vu cette position, le but principal de sa campagne est réellement de déstabiliser les méthodes et les buts du mouvement populaire BDS en plein essor et de prêcher aux Palestiniens qu’ils doivent et qu’ils devraient faire des affaires avec Israël et laisser les marchandises israéliennes pénétrer sur leurs marchés ainsi que coopérer et normaliser les relations avec Israël inconditionnellement.
L’appel palestinien au BDS de 2005 déclare que « des mesures punitives non-violentes devraient être maintenues » jusqu’à ce qu’Israël respecte tous ses engagements vis-à-vis des droits palestiniens et du droit international, c’est-à-dire : mettre fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes et démanteler le mur de l’apartheid ; reconnaître les droits des citoyens palestiniens d’Israël et leur accorder la pleine égalité ; respecter, protéger et promouvoir le droit des réfugiés palestiniens à rentrer chez eux. La campagne de l’AP ne fait en revanche aucune allusion à ces objectifs et se concentre étroitement sur les colonies - et même en cela, son engagement est sans substance.
Dans le cadre de la campagne hasbara de l’AP, Abbas a publié un décret menaçant d’importantes amendes et de peines d’emprisonnement allant jusqu’à six ans, tous ceux qui vendent ou importent des marchandises en provenance des colonies de Cisjordanie. Il est intéressant de relever que ce décret n’applique aucune sanction aux hommes d’affaires palestiniens qui vendent des marchandises et fournissent des services aux colons. Ces dernières années, plusieurs allégations crédibles ont fait surface selon lesquelles plusieurs hauts responsables de l’AP et du Fatah - dont le plus notoire est l’ancien premier ministre de l’AP, Ahmed Qureia - ainsi que les membres de leur famille se sont enrichis en vendant du ciment à Israël pour la construction des colonies et du mur d’apartheid (ou en servant de courtiers pour l’importation de ciment en provenance d’Égypte pour le compte de sociétés israéliennes). En dépit des promesses répétées selon lesquelles l’avocat général de l’AP ferait une enquête et entreprendrait des poursuites pour de telles violations, il n’en est rien advenu. Bien entendu, Abbas et Fayyad - en dépit de leur nouvelle ardeur anti-colonies semblent ne pas se préoccuper d’une enquête sur la complicité de l’AP.
Tandis que le but principal de la prétendue campagne de l’AP est probablement la déstabilisation du BDS, ce n’est pas le seul. Le régime d’Abbas/Fayyad n’a aucune légitimité légale, politique ou démocratique. Il a investi tous ses efforts dans l’interminable et inutile « processus de paix » commandité par les USA qui a empiré le sort des Palestiniens de manière inimaginable. Ces dernières années, il y a eu des campagnes populaires indépendantes, notamment celle du BDS et des luttes non-violentes contre le mur et les colonies de Cisjordanie. Mais tout comme l’Organisation de Libération de la Palestine de Yasser Arafat a été surprise et inquiète devant le déclenchement de la première intifada palestinienne en 1987 qu’elle s’est efforcée rapidement de maîtriser et de coopter, le leadership de l’AP essaie de faire exactement la même chose actuellement. L’AP ne tente pas simplement de déstabiliser les campagnes BDS et les campagnes populaires indépendantes, elle veut les coopter précisément à cause de leur puissance croissante , de leur popularité et de leur légitimité en tant que stratégies de libération dans l’espoir qu’un peu de cette légitimité déteindra sur le régime de Ramallah.
Electronic Intifada a précédemment évoqué l’arrestation nocturne par l’AP de Mousa Abu Maria, , co-coordonnateur du projet de solidarité de la Palestine dans le village Beit Ommar en Cisjordanie occupée. Comme le mentionne The Economist, Abu Maria voit dans l’intérêt soudain de l’AP pour la résistance populaire non-violente une « tentative voilée de M. Fayyad de prendre les commandes d’un mouvement populaire indépendant et de transformer l’élan vers un Etat palestinien en une cause sans rebelles » ("Can Palestinians peacefully build a state ?"). Plus généralement, les paramilitaires de l’AP formés aux USA continuent à s’acharner contre toute tentative d’organisation, tout militantisme indépendant en Cisjordanie occupée.
Il y est aussi ironique de voir l’AP lancer sa campagne contre les colonies précisément au moment où elle est engagée dans « les entretiens de proximité » avec Israël sous les auspices des USA. L’AP s’était précédemment promise de ne pas retourner à une quelconque négociation jusqu’à ce qu’Israël ait arrêté toute construction de colonies dans l’ensemble de la Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée. Israël a fait fi des demandes du Président USA Barack Obama pour l’arrêt des constructions, mais au lieu de tenir tête à Israël, les Étasuniens ont fait pression sur l’AP pour qu’elle reprenne les négociations sans aucune condition ni garantie.
Ainsi, le boycott des colonies dissimule l’abjecte faiblesse de l’AP qui ne s’en tient même pas à ses promesses les plus modestes, et obtient encore moins de véritables concessions d’Israël ou de ses commanditaires US pendant les négociations. Il est tout aussi clair que la campagne est une diversion. Selon de nombreuses sources, les Israéliens et les Palestiniens ont convenu en principe pendant les entretiens de proximité d’un « échange de terres. » Ce n’est pas nouveau ; pendant longtemps, un article de foi de l’industrie du processus de paix prévoyait que dans une solution à deux États, Israël n’enlèverait que des colonies symboliques tout en annexant la grande majorité d’entre elles, particulièrement celles qui se trouvent à l’intérieur et à la périphérie de Jérusalem occupée- qui regroupe au moins 80 pour cent des colons. En échange du cadeau de Jérusalem-Est et de grandes parties de la Cisjordanie, Israël donnerait aux Palestiniens quelques dunes de sable près de Gaza (les prétendus sables de Halutza) et quelques lointaines collines stériles, au sud de Hébron.
Ainsi, les dirigeants de Ramallah - qui n’ont aucun mandat ni aucune autorité émanant des Palestiniens (que ce soit en tant qu’AP ou Organisation de Libération de la Palestine) pour négocier en leur nom - font semblant de boycotter les produits des colonies, alors que leur vrai programme est de favoriser la normalisation économique, de déstabiliser le BDS et de légitimer les colonies par des « négociations. »
Là où l’AP demeure fermement engagée en faveur du boycott c’est dans son soutien aux blocus et siège israélien total de la bande de Gaza occupée. En dépit des déclarations occasionnelles de pure forme demandant la fin du blocus, les dirigeants de l’AP de Ramallah affirment toujours que celui-ci ne se terminera que dans les limites dictées par le quartet : les milices de l’AP, soutenues par les USA et Israël, devront retourner à Gaza afin de maintenir l’ordre et de contrôler les Palestiniens pour le compte d’Israël, comme elles le font en Cisjordanie.
L’AP de Ramallah n’a notamment offert aucun appui à la courageuse flottille internationale actuellement en route vers Gaza dans le but d’essayer à nouveau de casser le blocus sous les menaces israéliennes. Pourquoi l’AP n’a-t-elle pas invité ses « amis » et ses bienfaiteurs de « la communauté internationale » à envoyer leur marine pour protéger cette flottille pacifique et non-violente et lui assurer le passage jusqu’à Gaza ? Dans la pratique, la politique de l’AP équivaut à un appui total au siège.
D’aucuns ont été impressionnées par la campagne de l’AP contre les colonies, la considérant comme un « pas dans la bonne direction ». Mais personne ne devrait être dupe. Les Palestiniens et leurs alliés devraient rester clairement concentrés sur le simple fait que ceux qui continuent à coordonner leurs actions avec les forces d’occupation israéliennes pour chasser les Palestiniens de nuit, ne peuvent pas revêtir le manteau de la résistance populaire de jour.
(JPG) * Ali Abunimah est cofondateur de The Electronic Intifada et l’auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006).
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Anne-Marie Goossens
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8784

Nous partons !

dimanche 30 mai 2010 - 06h:30
Al Samoud - Free Gaza
[Aux dernières nouvelles, la flottille prendra le départ ce matin et escompte arriver dans la journée de ce dimanche dans le port de Gaza]
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Août 2005 : les pêcheurs de Gaza fête le départ des colons juifs de l’enclave côtière - Photo : Manu Pochez/RFI
Après des pressions énormes de la part des Chypriotes grecs, qui sont revenus sur l’accord qu’ils avaient conclu avec nous , nous avons été forcés d’emmener nos députés britanniques et des militants à Famagusta hier, sur le côté chypriote/ turc de l’île.
Nous avons passé toute la journée à faire la navette d’un port à l’autre, entourés par les hélicoptères et la police. Il est évident que notre marché avec les officiels chypriotes est tombé à l’eau, et nous sommes finalement les pions d’un feuilleton politique. Les membres chypriotes du Parlement, ceux qui avaient travaillé avec tant d’acharnement pour nous obtenir la permission de partir, étaient scandalisés. Les membres grecs du Parlement ont fini par nous dire d’aller au Nord. S’ils le pouvaient, ils le feraient. Les officiels chypriotes ont dit que le gouvernement prenait cette décision parce que, « la république de Chypre lutte pour sa survie », mais qu’il n’a pas plié sous la pression d’Israël. Ils ont dit cela en baissant la tête.
D’après l’accord que nous avions passé avec le gouvernement chypriote, nous embarquions nos passagers VIP et les membres du Parlement au large de Chypre. L’embarquement se ferait à l’abri des médias. Nos bateaux ne toucheraient pas Chypre. Nous prendrions de petites embarcations de nos propres bateaux et l’embarquement se ferait au-delà de la limite territoriale de 12 miles.
Les autorités ont décidé que nous ne pouvions même pas faire cela, précisant essentiellement que même si nous embarquions les passagers dans de petits bateaux n’importe où dans la partie grecque de Chypre, à partir de n’importe quel port, nous ne pourrions pas dépasser les limites territoriales pour aller à Gaza. 27 personnes étaient censées embarquer, dont neuf Chypriotes et deux Grecs. Aucun n’a pu venir avec nous quand nous sommes partis au Nord.
Ensuite, et au même moment, deux des bateaux de passagers ont mystérieusement eu des problèmes mécaniques, à 15:30. Challenger 2 a réussi à transborder 14 personnes sur le IHH, et s’est ensuite traîné jusqu’au port de Limassol, harcelé par des hélicoptères chypriotes http://www.youtube.com/watch ?v=BjGoe3Gi-ns&feature=player_embedded, nous interdisant essentiellement d’amener notre bateau endommagé jusqu’au port.
Notre autre bateau, Challenger 1, s’est dirigé vers Famagouste avec 16 passagers. Ce bateau là aussi était endommagé ; quelque chose clochait avec le gouvernail.
Nous nous sommes trimbalés pendant toute la journée d’ hier. Nous avions commencé à 7:00 et à 22:00 nous n’avions pas où embarquer et nos bateaux étaient hors service.
Mais nous avons tous la fièvre de Gaza et personne ne renonce.
Il nous a fallu toute la journée pour trouver quelqu’un sur le côté turc pour transporter certains de nos passagers par ferry jusqu’à la flottille qui attendait patiemment à cinq heures au large de Chypre. À 18:00, 20 de nos passagers sont partis pour rejoindre la flottille et le MP suédois et trois MP allemand sont à bord. Hedy n’est pas présente et nous sommes catastrophés de ce que, une fois de plus, elle ne pourra pas aller à Gaza.
La flottille part à Gaza demain aux premières heures et nous devrions arriver dans l’après-midi. Nous avons persévéré...
29 mai 2010 - Source : http://www.freegaza.org/fr/accueil/...
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8798

La piraterie reste de la piraterie, surtout quand elle est pratiquée par un état-voyou

vendredi 28 mai 2010 - 13h:21
Jamal Elshayyal - Al Jazeera
Alors qu’approche le départ tant attendu de la « Flottille de la liberté », Israël s’est activé à publier des déclarations et communiqués de presse précisant la manière dont il entend traiter le convoi de navires transportant de l’aide humanitaire à destination de Gaza.
(JPG)
Décembre 2008 - Le DIGNITY arrive au Liban, après avoir été abordé et endommagé par la marine israélienne - Photo : Ali Hashisho/Reuters
Les militaires d’Israël disent avoir terminé la construction d’un centre de détention de masse à Ashdod où ils prévoient d’incarcérer les 800 militants, travailleurs humanitaires et journalistes qui sont à bord des neuf navires. Tel-Aviv a déclaré zone militaire les eaux au large des côtes de Gaza, interdisant tout accès sauf sur autorisation.
Mais le problème, c’est justement que les eaux de Gaza appartiennent à la bande de Gaza. La marine israélienne n’a légalement aucun droit d’entrer dans ces eaux et encore moins de déclarer la région zone militaire. Interrogez chacun des demi-million d’habitants de la bande de Gaza et vous verrez que tout ce qui touche à Israël n’est pas le bienvenu.
Par contre la « Flottille de la liberté » est attendue par le peuple assiégé de Gaza. Elle leur amène beaucoup de ce qui leur est nécessaire, du matériel scolaire et du matériel hospitalier. Aussi loin que les Palestiniens soient concernés, ce qu’Israël a apporté à Gaza depuis 1948, c’est des réfugiés, les guerres et les destructions. [...]
Ainsi, si l’armée israélienne décide de mettre à exécution ses menaces contre de la flottille, de la dérouter de force et de kidnapper ses passagers, ses actions, aux yeux des nombreuses personnes de conscience, seraient rien de moins que de la piraterie assortie de kidnappings.
La rançon probablement exigée pour la libération des 800 militants, parlementaires, travailleurs humanitaires et journalistes, sera alors :
1. Rester silencieux face à l’agression.
2. Détourner les yeux de la souffrance du plus grand nombre.
3. Ne pas contester les injustices israéliennes.
4. Oubliez même que Gaza existe.
Depuis la résurgence de la piraterie au large des côtes de la Somalie, les gouvernements occidentaux dont des navires ont été capturés par des pirates ces dernières années ont toujours insisté sur le fait qu’ils ne négociaient pas avec des pirates. On se demande s’ils vont faire bénéficier du même principe ceux qui sont à bord de la flottille.
Aujourd’hui, certaines sociétés multi-nationales ont adopté une approche différente lorsque leurs intérêts sont en jeu : payer des millions de dollars pour sécuriser leurs actifs financiers à bord de ces navires. Mais pour les 800 passagers en route pour la bande de Gaza, la rançon qui pourrait être demandée pour eux pourrait se révéler d’un prix trop élevé.
27 mai 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
Traduction : Info-Palestine.net
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8791

Israël planifie l’“Opération Vent du Ciel”, l’attaque contre les navires qui se dirigent vers Gaza

publié le samedi 29 mai 2010
Saed Bannoura

 
Dernières nouvelles inquiétantes, les forces d’occupation israéliennes se préparent à attaquer la Flottille de la Liberté. Des voix multiples s’élèvent, y compris en Israël (ainsi Gush Shalom) ou même la Représentante de l’UE [1] pour empêcher cet assaut.
La marine et l’armée israélienne,sous supervision directe du gouvernement israélien, préparent une opération appelée “Opération Vent du Ciel” pour attaquer la Flottille de la Liberté qui se dirige vers Gaza [2] et kidnapper les militants qui sont à bord.
Selon des sources israéliennes, la marine a achevé les préparatifs pour s’emparer de la Flottille de la Liberté, par la force si besoin. Ils veulent l’empêcher d’atteindre la côte de Gaza, brisant ainsi le siège qui dure depuis 4 ans.
L’offensive prévue comporte 4 étapes :
1. Mise en garde ; la marine tentera d’empêcher les navires de dépasser une « ligne » jugée ligne rouge, Si les bateaux l’atteignent , on leur signifiera qu’ils « violent la loi »  [3].
2. Prise de contrôle des navires ; si les navires n’obtempéraient pas aux demandes de la marine, celle ci attaquera et prendra le contrôle des vaisseaux qui transportent environ 600 militants. Les navires seront alors amenés au port d’ Ashdod et les militants seront détenus dans une énorme tente installée à cet effet.
3. Expulsion, par avion, les soldats et policiers israéliens demanderont aux militants emprisonnés de signer une déclaration où ils acceptent d’être expulsés vers leurs pays. Ils seront alors expulsés par avion à partir de l’aéroport Ben Gourion.
4. Arrestation avant expulsion, Ceux qui refuseront de signer l’accord d’’expulsion seront arrêtés, soumis à un examen médical puis transférés à la Brigade Nahshon qui appartient aux autorités pénitentiaires israéliennes avant d’être envoyés à la prison de Be’er Sheva ou d’autres prisons.
Ils seront traduits en justice et plus tard expulsés.
Quelque 600 militants des droits humains sont à bord des 8 navires de la solidarité qui voguent vers Gaza. Ils sont déterminés à atteindre Gaza malgré les menaces israéliennes.
Greta Berlin, porte-parole du Free Gaza Movement, a déclaré que “rien n’arrêtera les bateaux”,et que les militants sont déterminés à briser le siège imposé à 1,5 million de Palestiniens à Gaza et à livrer leur cargaison humanitaire. [4]
[1] déclaration du porte-parole de Mme Ashton, haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères qui la cite : "Nous incitons fortement toutes les parties concernées à agir avec retenue et responsabilité et à rechercher une solution constructive. L’UE reste très sérieusement préoccupée par la situation humanitaire à Gaza. La politique de bouclage qui est maintenue est inacceptable et politiquement contre-productive"
[3] Rappelons les résolutions des Nations unies -la loi !!!). Résolution 1860 de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza : (...)
2. Le Conseil de sécurité appelle au libre approvisionnement et à la libre distribution à travers Gaza de l’aide humanitaire, y compris de la nourriture, du carburant et des médicaments.
3. Le Conseil de sécurité accueille favorablement les initiatives visant à créer et ouvrir des couloirs humanitaires, et les mécanismes pour la distribution suivie de l’aide humanitaire.
4. Le Conseil de sécurité appelle les États membres à soutenir les efforts internationaux pour soulager la situation humanitaire et économique à Gaza...
publié par le Point

Investir massivement pour sauver Jérusalem-Est

publié le samedi 29 mai 2010
Khaled Hroub

 
Nétanyahou aurait expliqué son intention de venir à bout de ce qui reste de Jérusalem-Est en y procédant à une colonisation intensive. Face à cette volonté de judaïsation, il faut donner aux Arabes de Jérusalem les moyens de rester.
C’est le titre que mon ami Hani Al-Masri a donné à l’un de ses récents articles. Mais cette phrase n’est pas de lui. Il ne fait que reprendre une déclaration du Premier ministre d’Israël Benyamin Nétanyahou. Elle a été rapportée par de hauts responsables après deux réunions à huis clos, l’une avec le gouvernement, l’autre avec des dirigeants du mouvement des colons, le 25 décembre dernier. Nétanyahou y aurait expliqué son intention de venir à bout de ce qui reste de Jérusalem-Est en y procédant à une colonisation intensive. Il aurait également justifié sa décision de suspendre la colonisation en Cisjordanie pendant une période de dix mois, car cela permettrait de mieux absorber Jérusalem-Est afin de faire de la ville la capitale éternelle et unifiée du peuple juif : “Mon but est de transformer l’Est en quartiers mixtes, avec des Juifs et des Palestiniens, comme à Haïfa et à Jaffa, de sorte que l’Autorité palestinienne ne puisse pas les revendiquer comme capitale d’un futur Etat palestinien.”
Face à cette volonté de judaïsation, il faut donner aux Arabes de Jérusalem les moyens de rester. Tout le monde connaît les problèmes qu’ils doivent affronter : la pauvreté, le chômage, l’impossibilité d’accéder à des logements en nombre suffisant, etc. Par ailleurs, des pathologies sociales telles que la toxicomanie et le vol se sont développées sous l’effet des pressions économiques israéliennes destinées à les faire partir.
Beaucoup ont déjà cédé. C’est une honte de voir le nombre d’habitants arabes reculer pour cause de pauvreté. Ceux qui y vivent encore ont besoin d’être aidés. Pas par des affirmations verbales de solidarité, mais concrètement, par des moyens financiers et économiques. Il serait possible de changer radicalement la situation en utilisant simplement une petite partie des capitaux arabes, capitaux dont tout le monde sait comment ils sont dilapidés.
Quand on se promène dans la ville, on voit de nouvelles constructions réalisées grâce à des investisseurs juifs américains, européens, russes et australiens. Pendant ce temps, Arabes et musulmans restent les bras croisés. Ils expliquent leur attitude par leur refus de la normalisation des relations avec Israël. Le résultat est que le terrain est abandonné à l’ennemi. Nous avons fini par être prisonniers de nos propres slogans, tellement sacralisés que personne n’ose les remettre en question. Cette attitude relève de la cécité politique.
Jérusalem-Est a besoin d’investisseurs afin d’affirmer sa dimension arabe et musulmane et afin de ne pas la laisser en proie à la judaïsation. Celle-ci s’intensifie chaque jour sous nos yeux, et nous sommes là à lancer des slogans. De plus en plus furieux, mais dans un mégaphone hors-service.
Khaled Hroub est journaliste et écrivain, directeur du programme d’étude sur les médias arabes à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni.
Article publié en français le 22 avril 2010 dans Courrier international

Une directive secrète prépare de nouvelles guerres américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale

publié le samedi 29 mai 2010
Hiram Lee

 
Alors qu’Obama affiche une nouvelle stratégie au Moyen-Orient [1], un article à la une du New York Times de mardi révèle l’existence d’une directive secrète signée par le général David Petraeus, chef du commandement central américain, donnant l’ordre d’accroître les opérations militaires secrètes de par le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Corne de l’Afrique.
Le document de 17 pages intitulé « Joint Unconventional Warfare Task Force Execute Order » fournit en essence à l’armée américaine carte blanche pour mener des actes d’agression contre quasiment n’importe quel pays.
Parue en septembre 2009, cette directive appelle à la création d’un réseau de corps expéditionnaires et d’unités de collecte de renseignement qui vont « pénétrer, perturber, vaincre ou détruire » n’importe quelle cible dans n’importe quel pays désigné par l’armée américaine. Ces forces vont mener des opérations clandestines qui « ne peuvent pas et ne seront pas accomplies » par d’autres moyens militaires.
Une fois entrées dans le pays ciblé, les forces américaines vont aussi « préparer l’environnement » à des attaques militaires de grande envergure. En plus du personnel militaire, dit le Times, la directive de Petraeus recrute « des hommes d’affaire étrangers, des universitaires ou autres » pour des efforts « de vigilance continue sur la situation », soit en d’autres termes pour l’espionnage.
Les Etats-Unis vont cibler des pays considérés comme hostiles ainsi que des pays avec lesquels ils entretiennent des relations amicales. Parmi les pays cités par le Times comme cibles potentielles on compte l’Iran, l’Arabie saoudite et la Somalie. Le Times rapporte aussi que le document « semble autoriser des opérations spécifiques en Iran, très probablement pour la collecte du renseignement sur le programme nucléaire du pays ou l’identification de groupes dissidents qui pourraient être utiles pour une offensive militaire à venir. »
Tandis que le gouvernement Obama indique publiquement qu’il va contrer la soi-disant menace nucléaire iranienne en faisant appel à des sanctions plus importantes des Nations Unies et des embargos commerciaux, la directive de Petraeus donne clairement à penser qu’Obama a en tête quelque chose de bien plus sinistre encore. Le Times cite des représentants américains disant que la directive « autorise aussi des missions de reconnaissance qui pourraient ouvrir la voie à de possibles frappes militaires en Iran si les tensions concernant ses ambitions nucléaires s’intensifient. »
On pense déjà que cette directive secrète a constitué le travail préparatoire de l’offensive de l’armée américaine au Yémen qui a débuté en décembre 2009. Des soldats des Forces spéciales américaines avaient pénétré dans ce pays pour entraîner son armée et se joindre à elle pour attaquer Al Qaïda dans la Péninsule arabique que l’on dit être membre affilié d’Al Qaïda au Yémen. En décembre, le président Obama avait donné l’ordre de frappes aériennes sur des bâtiments abritant soi-disant des militants et qui avaient coûté la vie à des dizaines de civils. Des navires de l’armée américaines ont aussi envoyé des volées de missiles sur le pays.
Le Times reconnaît avoir accepté de ne pas révéler toutes les informations contenues dans le document de Petraeus, dont le journal dit avoir vu une copie. Citant des « inquiétudes soulevées par un représentant du Commandement central des Etats-Unis quant à la sécurité des troupes, » le journal rapporte qu’il a accepté de supprimer certains détails concernant les déploiements de troupes.
Ainsi, « le journal de référence »politiquement libéral joue son rôle dans la promotion des desseins agressifs de l’armée américaine et le maintien des Américains dans l’ignorance sur les détails les plus cruciaux de ces opérations secrètes. Bien que le Times n’en dise rien, cette directive d’opérations secrètes, qui va au-delà des directives similaires sous le gouvernement Bush, n’aurait pas pu paraître sans l’assentiment du président Obama. Ceci souligne le fait que le gouvernement Obama poursuit et amplifie la politique du militarisme et de la guerre menée sous Bush et se prépare à étendre les actes d’agression militaire américains bien au-delà des confins de l’Irak et de l’Afghanistan.
L’utilisation de forces d’opérations spéciales militaires comme agents du renseignement à travers le Moyen-Orient et l’Asie centrale permet au gouvernement de placer les opérations d’espionnage sous la juridiction du Commandement central des Etats-Unis et du général Petraeus. Contrairement aux activités de l’Agence centrale du renseignement (CIA), les opérations secrètes d’espionnage menées par l’armée ne nécessiteront pas légalement l’assentiment du président ni ne seront soumises au contrôle du Congrès.
Article original, WSWS, paru le 26 mai 2010 et publié en français par Mondialisation
ajout de notes : C. Léostic, Afps

Pourquoi Israël doit renoncer à son mythe ethnique

publié le jeudi 27 mai 2010
Tony Judt

 
Pour Tony Judt, insister sur le caractère exclusivement juif de l’État hébreu est un contresens historique. Et une faute morale.
Qu’est-ce que le « sionisme » exactement  ? Sa revendication centrale a toujours été que les Juifs représentent un seul et même peuple  ; que leur dispersion et leur souffrance multimillénaires n’ont en rien atténué leurs particularités collectives propres  ; et que le seul moyen pour eux de vivre librement en tant que Juifs – de la même façon que vivent les Suédois en Suède, peut-on dire – est de résider dans un État juif.
Ainsi la religion cessa-t-elle d’être, aux yeux des sionistes, le critère principal de mesure de l’identité juive. À la fin du XIXe siècle, alors qu’un nombre grandissant de jeunes Juifs était légalement ou culturellement émancipés du monde du ghetto ou du shtetl (village juif d’Europe centrale), commença à émerger au sein du sionisme l’idée qu’une minorité influente serait la seule alternative à la persécution et à l’assimilation ou la dilution culturelle. Ainsi, paradoxalement, alors que le séparatisme religieux et la pratique cultuelle commençaient à reculer, leur version séculaire était activement promue.
Je peux parfaitement confirmer, de par mon expérience personnelle, que le sentiment antireligieux – souvent d’une virulence que je trouvais gênante – s’était largement répandu dans les cercles de la gauche israélienne dans les années 1960. La religion, me disait-on, était bonne pour les haredim (orthodoxes) et les « fanatiques » du quartier Mea Shearim de Jérusalem. « Nous » sommes modernes, rationnels et « occidentaux », m’expliquaient mes professeurs sionistes. Mais ce qu’ils ne disaient pas c’est que l’Israël qu’ils voulaient que je rejoigne était également enraciné, et ne pourrait qu’être ancré dans une vision ethnique rigide des Juifs et de la judaïté.
L’histoire était la suivante. Les Juifs, jusqu’à la destruction du second temple (au Ier siècle), étaient des fermiers dans ce qui est aujourd’hui l’ensemble Israël-Palestine. Ils avaient alors été encore une fois contraints à l’exil par les Romains et erraient de par le monde  : sans toit, ni racines, et bannis. Enfin, « ils » « rentraient » et laboureraient à nouveau les terres de leurs ancêtres.
C’est ce récit que l’historien Shlomo Sand tente de déconstruire dans son livre polémique Comment le peuple juif fut inventé. Les critiques affirment que sa contribution est, au mieux, redondante. Depuis un siècle, les spécialistes se sont parfaitement familiarisés avec les sources qu’il cite et les arguments qu’il formule. D’un point de vue purement scientifique, je n’ai rien à redire à cela. Étant moi-même largement dépendant d’informations de seconde main sur le premier millénaire de l’histoire juive, je peux confirmer que le professeur Sand, en soulignant les conversions et le mélange ethnique qui caractérisaient les Juifs des premiers temps, ne nous dit rien que nous ne sachions déjà.
La question qui se pose est  : qui sommes-« nous »  ? Il est certain qu’aux États-Unis l’écrasante majorité des Juifs (et peut-être des non-Juifs) ne connaît absolument pas l’histoire relatée par le professeur Sand. Ils n’ont jamais entendu parler de la plupart de ses protagonistes. En revanche, ils se contentent trop facilement de la vieille version caricaturale de l’histoire juive que Sand cherche à discréditer. Si le travail de vulgarisation ne faisait rien d’autre que pousser un tel public à réfléchir et à lire davantage, alors il aura valu la peine.
Mais il offre plus que cela. Alors que l’État d’Israël­ avait d’autres raisons d’exister, et qu’il en a toujours (ce n’est pas par hasard si David Ben Gourion a voulu, planifié et orchestré le procès d’Adolf Eichmann), il est évident que le professeur Sand a dévalorisé la raison classique de la création d’un État juif. En bref, une fois que l’on a admis que le caractère uniquement juif d’Israël repose sur une affinité imaginaire ou choisie, quelle est la marche à suivre  ?
Shlomo Sand est lui-même israélien, et l’idée que son pays n’a pas de raison d’être lui serait odieuse. Et à raison. Les États existent ou ils n’existent pas. L’Égypte ou la Slovaquie ne sont pas justifiées en droit international par la grâce d’une quelconque théorie d’« égyptianité » ou de « slovaquité » profonde. Ces États sont reconnus comme acteurs internationaux, avec des droits et un statut, simplement par leur existence et leur capacité à perdurer et se protéger.
Ainsi, la survie d’Israël ne repose pas sur la crédibilité de l’histoire qu’il raconte sur ses origines ethniques. Si nous acceptons cela, nous pouvons enfin comprendre que l’insistance du pays à prétendre qu’il a une identité exclusivement juive est un sérieux handicap. En premier lieu, une telle insistance renvoie tous les citoyens et résidents non-Juifs à un statut d’Israéliens de seconde zone. Et cela serait vrai même si la distinction était purement formelle. Or elle ne l’est pas  : être un musulman ou un chrétien, ou même un Juif qui ne correspond pas à la définition de plus en plus rigide de la judéité de l’Israël d’aujourd’hui, a un coût.
La conclusion implicite du livre du professeur Sand est qu’Israël ferait mieux d’apprendre à se penser en tant que… Israël. L’obsession perverse qui consiste à vouloir identifier une judéité universelle à un seul petit morceau de territoire ne fonctionne pas, à bien des égards. C’est réellement le facteur le plus important dans l’échec de la résolution de l’imbroglio israélo-palestinien. Cela dessert Israël, et je dirais aussi que cela dessert les Juifs, qui sont, ailleurs, identifiés à ses actions.
Alors que faire  ? Shlomo Sand ne nous le dit absolument pas, et, à sa décharge, nous devons reconnaître que le problème est très difficile. Je le soupçonne d’être en faveur de la solution d’un seul État, ne serait-ce que parce que c’est l’aboutissement logique de ses arguments. Je serais moi aussi favorable à cette issue si je n’étais pas convaincu que les deux côtés s’y opposeraient vigoureusement. La solution de deux États pourrait tout de même être le meilleur compromis, même si elle laisse Israël à ses ethno-illusions. Mais, à la lumière des développements de ces deux dernières années, il est difficile d’être optimiste quant aux perspectives d’une telle décision.
Ce que j’aurais tendance à faire, alors, serait de concentrer mon attention ailleurs. Si les Juifs d’Amérique du Nord et d’Europe prenaient leurs distances avec Israël (comme beaucoup ont commencé à le faire), l’affirmation qu’Israël est « leur » État semblerait absurde. Avec le temps, même Washington finirait par trouver futile de lier la politique étrangère américaine aux illusions d’un seul petit État du Proche-Orient. Je crois que c’est la meilleure chose qui pourrait arriver à Israël. Il serait contraint de reconnaître ses limites. Et devrait se faire d’autres amis, de préférence parmi ses voisins.
Nous pourrions ainsi espérer, avec le temps, voir s’établir une distinction naturelle entre les personnes qui se trouvent être juives mais sont citoyens d’autres États, et les personnes qui sont des citoyens israéliens et se trouvent être juives. Cela se révélerait fort utile. Il existe de nombreux précédents  : les diasporas grecque, arménienne, ukrainienne et irlandaise ont toutes joué un rôle malsain en perpétuant l’exclusion ethnique et les préjugés nationalistes dans les pays de leurs ancêtres. Mais la guerre civile en Irlande du Nord s’est en partie achevée parce qu’un président américain a ordonné à la communauté irlandaise des États-Unis d’arrêter d’envoyer des armes et de l’argent à l’IRA provisoire. Si les Juifs américains arrêtaient de lier leur destin à Israël et utilisaient leur soutien financier à de meilleures fins, quelque chose d’équivalent pourrait se produire au Proche-Orient.
Historien, Tony Judt est professeur à l’université de New York et directeur de l’Institut Remarque.
publié par le Financial Times et en français par Jeune Afrique, le 22 mai