lundi 14 juin 2010

CHOC : Le film de l’attaque de la Flotte de la Liberté qui a échappé à la censure Israélienne

IARA LEE, directrice du réseau « Culture of Resistance » et auteur du film choc témoigne :

La vidéo de IARA LEE est visible à la fin de l’interview, en bas de page…

Cette interview est une traduction de celle que IARA LEE a accordée à l’émission de radio américaine « Democracy Now ! » dont la transcription originale en anglais est disponible ici.(Traduction : Al-har.com).
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JUAN GONZALEZ: Plus d’une semaine après l’agression mortelle d’Israël sur la flottille de l’aide humanitaire à Gaza, qui fit neuf morts Turcs, des questions demeurent quant à ce qui s’est exactement passé sur le Marmara Mavi et sur les autres bateaux ce fameux lundi matin fatidique.
Le président Obama a évoqué l’incident lors d’une conférence de presse conjointe avec le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, mercredi dernier. Il a exprimé son soutien à une enquête, je cite, « conforme aux normes internationales» et a déclaré qu’il était, je cite, « dans l’intérêt d’Israël de faire en sorte que tout le monde sache exactement comment cela est arrivé afin que nous ne voyons pas ce genre d’événement se reproduire ». M. Obama a également décrit la situation à Gaza comme «non viable».
    Barack Obama: « Nous avons vu la tragédie de la flottille, et je pense que quelque chose a attiré l’attention du monde entier sur les problèmes en cours à Gaza. Dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies, nous avons été très clairs, en condamnant les actes qui ont conduit à cette crise et nous avons appelé à une enquête complète. Et il est important que nous connaissions tous les faits à ce sujet. Mais ce que nous savons aussi, c’est que la situation à Gaza n’est pas viable. »
AMY GOODMAN: Bien, Israël a refusé d’accepter une enquête internationale, et a également étroitement contrôlé les images de son raid naval sur la flottille, en saisissant la quasi-totalité de l’équipement photographique et vidéo des passagers à bord du navire, Ils ont également bloqué toutes les communications alors qu’ils menaient leur raid sur les navires.
Mais une poignée de gens ont réussi à sortir clandestinement certaines de leurs vidéos, et des photographies. Hier, nous vous avons rapporté que la journaliste australienne du Sydney Morning Herald Kate Geraghty avait réussi à sortir certaines de ses photos. Nous les avons montré, et vous pouvez vous rendre sur notre site en ligne democracynow.org pour les voir.
Aujourd’hui, sur Democracy Now! en exclusivité mondiale, nous vous apportons un aperçu des premières images jusqu’alors invisibles du Marmara Mavi qui seront officiellement publiées lors d’une conférence aujourd’hui à l’Organisation des Nations Unies. La séquence montre l’ambiance et les activités à bord du Marmara Mavi dans la période qui a précédé l’attaque, et la réaction immédiate des passagers lors de l’attaque, ainsi que d’un certain nombre de passagers blessés, et d’autres qui ont été abattus .
Afin d’en savoir plus, nous avons été rejoints ici à New York par la cinéaste et activiste Iara Lee. Elle dirige le réseau « Culture Of Resistance », et fut l’une des rares Américaines sur le Marmara Mavi. Son matériel a été confisqué lors de l’assaut, mais elle a réussi à sortir clandestinement l’équivalent d’une heure de tournage.
Iara Lee, Bienvenue dans l’émission Democracy Now! Décrivez-nous ce jour-là...
IARA LEE: Nous étions prêts pour une confrontation, mais nous n’avons jamais pensé que cela allait être aussi violent, une violence disproportionnée. Ainsi, les femmes se préparaient à crier (ndlr : pour protester), et les hommes à être bousculés. Mais quand nous avons vu ces commandos descendant de l’hélicoptère et l’ensemble de ces Zodiacs plein de soldats de la marine venir tout près, à vrai dire, nous n’avions plus de mots.
Cela a commencé à vingt-trois heures. Nous avons remarqué les deux navires de la marine Israélienne.
JUAN GONZALEZ: A vingt-trois heures c’est ça ?
IARA LEE: Ouais, il était vingt-trois heures, et nous étions au milieu des eaux internationales. Et puis, autour de quatre heures du matin, l’assaut a commencé. Et apparemment, leur marque de fabrique, c’est le silence, alors, tout à coup, ils sont venus,
AMY GOODMAN: Pendant que vous parlez, nous allons envoyer quelques etraits de la vidéo. Et pour nos auditeurs à la radio, vous pouvez aller sur notre site Web democracynow.org. Continuez, Iara.
IARA LEE: Alors, les Zodiac nous ont entouré, et les hélicoptères ont fait descendre leurs commandos descendre. C’était le chaos, un chaos total. On demanda aux femmes de descendre plus bas, et de rester calmes et tranquilles. Vous le savez, j’étais très préoccupée par mon caméraman, et mes amis, alors je suis montée. Et au moment où je suis juste montée pour voir ce qui se passait, j’ai déjà vu beaucoup de corps blessés et de morts. C’était terrifiant. Dans la salle de presse, les journalistes ont essayé de se cacher. Mais à la fin de l’opération, nous nous sommes fait confisqué tout notre matériel. Pendant le raid, tous les gens avaient des caméras et des appareils photo, mais malheureusement tout a disparu.
JUAN GONZALEZ : Vous dites que vous êtes montée, ce qui signifie que vous étiez dans un pont inférieur quand l’attaque s’est déroulée, et votre caméraman était sur le pont supérieur?
IARA LEE : Oui. Tout le monde bougeait,, et tout le monde avait des appareils photo, et leurs caméras vidéo. C’est juste que personne n’a été en mesure de ramener ces images ou ces photos…
AMY GOODMAN: Lorsque vous montrer la vidéo des hélicoptères au-dessus, que nous regardons pendant que nous parlons, on peut entendre ci-dessous le bruit d’une explosion. Que se passait-il ?
IARA LEE : Je ne peux pas vous donner toutes les informations techniques sur ce qu’est le bruit d’une balle en caoutchouc, ou ce qui est, vous le savez, celui des munitions réelles. Mais évidemment, ils sont venus avec des munitions réelles. Et d’ailleurs, quelques minutes après l’assaut, nous avons entendu le mégaphone dans nos chambres, dans chaque chambre sur le navire, qui disait : « Restez calmes et tranquilles. Ils utilisent des balles réelles. Il n’est pas possible pour nous de résister. Ils ont pris les commandes du navire. Rester calme et surtout, ne résistez pas » . Vous savez, pour les autres bateaux, ils ont utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, et ils n’ont pas tué les gens. Mais dans notre bateau, ils sont venus pour tuer.
JUAN GONZALEZ : A propos de ces explosions, plusieurs personnes nous ont dit, que les explosions se sont produites, et même des coups de feu, avant que tout soldat ait atterri sur le bateau. Est-ce que ce sont des souvenirs confus,ou en êtes-vous sûre ?
IARA LEE: Nous n’avions pas d’armes. Et, vous le savez, les hommes prenaient tout ce qu’ils pouvaient se procurer, comme des manches à balai, etc. Et c’était justement tout à fait disproportionné. Et les premiers blessés et les morts sont arrivés très rapidement. Vous savez, vous pouvez voir ici la vidéo. Ils ont réussi à s’emparer de quelques soldats israéliens, mais évidemment, nous étions tellement endoctrinés à  la non-violence comme méthodologie que nous n’avons pas tué l’un des soldats Israéliens. En fait, quand ils se sont blessés et  commotionnés, ils ont réellement été bien traités par nos passagers. Et le porte-voix ne cessait de répéter: «Nous sommes des civils. Ne n’utilisez pas la violence. Et nous avons des blessés. Nous avons besoin d’aide médicale,« parce que nous n’étions pas préparés à prendre médicalement en charge ce genre de personnes blessés mortellement. Mais nous avons été ignorés, et beaucoup de personnes qui ont été blessées ont effectivement fini par saigner ont fini par mourir.
AMY GOODMAN : Décrivez-nous cela, parce que c’est ce qu’il y a dans le film, et que le récit a été aménagé au cours des jours… même si l’armée israélienne a tout cela en sa possession. Ces images que vous avez montre  qu’on les tirait l’un après l’autre dehors, et que l’on tentait de les soigner. Décrivez-nous les blessures que vous avez vu.
IARA LEE: Comme je l’ai dit, je n’ai fait que monter et descendre, en essayant simplement d’avoir un aperçu et en vous m’assurant qu’une partie des gens que je connaissais étaient OK. Mais, vous savez, c’était très chaotique. Je sais juste que, quand ils nous appellent « un bateau de haine », c’est fou, car il est évident que nous étions là pour apporter une aide humanitaire à Gaza, et que ce sont eux en utilisant des balles réelles qui étaient remplis de haine. Au point que l’autopsie, montre que certaines personnes décédées, avaient reçu près de trente balles. Alors, peut-on dire que la marine israélienne et les commandos sont juste venus jouer à la balle avec nous ? Non, ils sont venus pour tuer. Ils voulaient s’emparer du navire. Et nous étions en réalité en fuite, car nous ne voulions pas de ce genre de confrontation lourde. Mais ils sont venus au milieu des eaux internationales pour nous maîtriser.
AMY GOODMAN: Nous montrons quelques séquences maintenant, que je veux décrire pour nos auditeurs de la radio, d’un homme blessé. Il est à terre. Il a été blessé à la poitrine, et ils essaient de le soigner sur le sol du navire. Écoutons cela… Qu’est-ce que c’était?
    (Dans le reportage) Une Femme non identifiée: « Tous les passagers sont assis !« 
AMY GOODMAN: Et maintenant, nous voyons une femme qui parle.
    La Femme non identifiée: « Nous ne sommes pas [inaudible]. Nous sommes des civils prenant soin de blessés ! N’usez pas de la violence ! Nous avons besoin d’aide pour ces gens ! N’utilisez pas la violence contre des civils !« 
AMY GOODMAN : La femme dit: «N’utilisez pas la violence contre des civils. Les gens sont assis. Nous avons beaucoup de blessés. S’il vous plaît n’attaquez pas » Et c’est la séquence vidéo.
IARA LEE: Oui, je pense que l’erreur de calcul a été que les Israéliens ont pensé, que grâce à leur système de brouillage par satellite, le monde n’aurait pas accès à l’information. Mais ils ne savaient pas que nous avions un système de sauvegarde qui a été en mesure de retransmettre en direct certains événements. Et, évidemment, il faisait noir dans le milieu de l’océan,. Alors ils pensaient avoir pris toutes les précautions pour qu’aucune information ne sorte. Ils voulaient être les seuls à détenir l’information. Mais nous étions des centaines de personnes à filmer et à prendre des photos, même certains d’entre nous n’ont pas réussi à ramener, comme vous le savez, des photographies et des séquences vidéo. Aujourd’hui, nous montrons les premières, des images non censurées, et tout le monde peut prendre la mesure de ce qui s’est réellement passé. Et nous allons les rendre disponibles au monde entier, pour les enquêtes.
JUAN GONZALEZ : Une chose intéressante, dans la vidéo que vous montrez ici, de toute évidence, à l’extérieur, il fait très sombre, et sans une lumière, il est difficile de comprendre ce qui se passe. Mais dans les images que les Israéliens ont posté sur YouTube, il semblait qu’il faisait jour. Pourriez-vous nous dire comment ils ont réussi à faire cela ? Parce qu’il semblait que l’action se déroulait dans le milieu de la journée, et non pas, comme il a été dit, à quatre heure du matin.
IARA LEE: Ouais, c’est la technologie. Mais Je pense que lorsque les gens vont commencer à utiliser nos images pour des enquêtes, ils seront toujours en mesure d’éclairer et d’analyser, image par image… Mais il était bien quatre heure du matin, et il faisait nuit.
AMY GOODMAN : Dans une interview dans le New York Times, le Dr Hasan Huseyin Uysal, un médecin turc, dit qu’il a soigné des commandos Israéliens qui ont été capturés et détenus brièvement durant les phases initiales du raid sur le navire contestant le blocus. Et puis les soldats ont été rendus aux commandos israéliens.
IARA LEE : Ce qui prouve essentiellement que nous n’étions pas là pour lyncher quelqu’un, parce que nous avions la possibilité de tuer ou de maltraiter vraiment ces soldats, et que nous ne l’avons pas fait, vous le savez, parce que nous sommes humanitaire. Malgré le chaos, nous savions que nous étions censés rester non-violents.
JUAN GONZALEZ: Une des choses étonnantes pour moi, c’est, étant donné le nombre de personnes qui se trouvaient sur le bateau, l’absence de toute tentative des médias américains, de «reconstruire» ce qui s’est passé, y compris dans cette interview du New York Times. Personne ne donne vraiment de détail sur la façon dont ces gens ont été fusillés. Où étaient-ils au moment où ils ont été fusillés ? Quelles ont été leurs blessures ? Qu’est-ce qui se passait autour d’eux? Il n’y a vraiment aucune tentative de reconstituer un incident où il y avait des centaines de témoins afin de savoir ce qui s’est réellement passé.
IARA LEE: C’est pourquoi nous exigeons que nos images nous reviennent, car ils ont confisqué tous nos disques durs et nos appareils photos. Nous pourrions reconstituer les événements, si l’on nous rendait nos images, au lieu d’utiliser un mode de manipulation. Ils ont extrait des des choses pour leurs version et les ont mise sur YouTube par leur canal. C’est comme une violation totale du respect envers les médias.
AMY GOODMAN : Hier, nous avons interviewé deux journalistes du Sydney Morning Herald, reporters et photographes : Paul McGeough et Kate Geraghty, et elle a réussi à récupérer quelques-uns de ses disques sur. Ils disent en avoir retrouvé d’autres. Mais les Israéliens ont gardé tout le reste de leur matériel, soit 60 à 80.000  dollars d’équipement et de disques durs. Ils leur ont déclaré à plusieurs reprises que cela leur serait rendu, mais une fois en Turquie, il n’y avait rien. Les gens peuvent aller en ligne et voir ses photos sur notre site.
Il est intéressant, également, de savoir qu’un groupe de hauts officiers de réserve de la marine israélienne, dimanche, dans…  je crois…
JUAN GONZALEZ: Dans Ha’aretz.
AMY GOODMAN: Dans Ha’aretz, a «publiquement demandé à Israël de permettre une enquête externe à propos de son raid de commando sur la flottille d’aide humanitaire  pour Gaza. » Ils ont écrit une lettre à Netanyahu et au chef des Forces de défense israéliennes. Les officiers de la Marine ont dénoncé le raid de commando comme ayant eut « une fin en tragique à la fois tant pour l’armée qu’au niveau diplomatique. « 
Ils ont dit, « Nous sommes en désaccord avec les allégations répandues selon lesquelles ce n’était que le résultat d’une erreur du renseignement. En outre, nous n’acceptons pas les allégations selon lesquelles il s’agirait d’un « échec des relations publiques » et nous pensons que le plan était voué à l’échec dès le début ». «D’abord et avant tout, nous protestons contre le fait que la responsabilité de ces évènements tragiques a été immédiatement mise sur les organisateurs de la flottille. » Ces officiers de la Marine Israélienne exigent une enquête indépendante.
IARA LEE: Ouais, j’ai lu cet article, et je pense que la communauté internationale doit continuer à mettre la pression pour une enquête indépendante, impartiale. Et nous devons tout faire pour que nos films nous reviennent afin de reconstruire ce qui s’est passé. C’est pourquoi le film que je présente est non censurée, il est brut. Ainsi, les gens pourrons les apporter aux juristes internationaux, qui ont besoin d’appliquer le droit international et d’enquêter sur ces crimes.
JUAN GONZALEZ : Je veux lire ici un extrait du Guardian de vendredi en Angleterre, je pense que c’est l’un des rares qui tente effectivement d’expliquer ce qui s’est passé. Et ils confirme que les autorités turques, dans le rapport médico-légal disent que sur les neuf personnes qui sont identifiées à ce jour comme mortes, certaines d’entre-elles ont reçu près de 30 impacts de balles. Cinq ont été tués par balles dans la tête. Et ils disent également quele jeune homme agé de 19 ans Furkan Dogan, qui a également la nationalité américaine, a été abattu de cinq balles tirées à moins de 45 cm dans la tête, ainsi que deux balles dans la jambe et une dans le dos. « A moins de quarante-cinq centimètres », c’est à dire à bout portant, cinq balles. (1)
IARA LEE : Notre responsable principal d’Internet, dans notre salle de presse a également reçu une balle dans la tête. Vous savez, ce n’était pas comme si c’était non-prémédité.
AMY GOODMAN : A-t-il été tué ?
IARA LEE : Non, non. Les seules personnes tuées étaient des turcs, mis à part ce citoyen US (qui avait également la nationalité turque, ndlr).
AMY GOODMAN: Et comment lui ont-ils tiré une balle dans la tête?
IARA LEE : Je n’ai pas les détails, mais j’ai entendu dire, par le service des médias, qu’il avait été touché.
JUAN GONZALEZ : Le Guardian rapporte également que quarante-huit autres personnes ont subi des blessures par balle et que six militants sont toujours portés disparues.
IARA LEE : Oui.

JUAN GONZALEZ : Avez-vous identifié qui sont les personnes disparues ?
IARA LEE: De toute évidence, nous ne pouvons pas tirer de conclusions hâtives, mais ils ne sont pas blessés, ils n’ont pas été tués. Ils ont disparu. Je ne sais pas. C’est un des points qui doit être étudié. Je veux dire, certains vont même jusqu’à supposer que nous avions des espions, à bord… alors peut-être certaines de ces personnes disparues étaient, vous savez… des agents du Mossad. Nous ne savons pas. Nous avons besoin d’étudier. Ont-ils été jetés hors du bateau ?
AMY GOODMAN : Qu’est-ce qui vous est arrivé après?
IARA LEE: Tout le mondea été  menotté et emmené, essentiellement enlevés dans les eaux internationales jusqu’en Israël. Puis, quand nous sommes arrivés là-bas, ils disaient, «Signez ici, que vous allez être expulsés parce que vous êtes entré illégalement en Israël ». Et nous étions comme, choqués. Nous ne voulions pas aller en Israël. Nous avons été kidnappés dans les eaux internationales et ramenés en Israël. Et nous étions complètement « au secret ».
AMY GOODMAN : Avez-vous accepté de signer ?
IARA LEE : Non, au début, nous n’avons pas signé. Nous n’avons pas répondu aux questions. Je veux dire, la plupart des gens. Pour ma part, je leur ait dit « Écoutez, j’ai besoin de mon ambassade. J’ai besoin d’un avocat. Je ne vais pas à me soumettre à ce genre d’interrogatoire. » Mais nous étions au secret, vous savez ? Et je pense que les ambassades ont exercé beaucoup de pressions. Et puis, deux ou trois jours plus tard, je ne me souviens même, pas parce que tout était tellement chaotique  des ambassades ont pu commencer à parler de nous, et nous avons été en mesure de faire un appel téléphonique à notre familles, mais pas tout le monde. Nous avons put joindre nos familles pour dire que nous étions vivants.
AMY GOODMAN : Combien de temps pouviez-vous parler?
IARA LEE : Hmm?
AMY GOODMAN : Combien de temps pouviez-vous parler au téléphone ?
IARA LEE: Oh, non, c’était quelque chose comme une minute. Et moi, j’ai dû appeler mon bureau, parce que les gens travaillaient. Et la jeune fille, la fille de sécurité, elle a raccroché en disant: «Je vous ai dit que vous ne pouviez téléphoner que chez vous. ». J’ai dit: «Mais ma sœur est au bureau. Je ne peux pas l’appeler à la maison. Elle travaille. » Elle ne m’a alors permis de dire juste deux mots supplémentaires. J’ai dis «Êtes-vous au bureau ? » . Et puis elle a raccroché.
AMY GOODMAN : Où étiez-vous déportés ?
IARA LEE: Le navire a été amené au port d’Ashdod, et apparemment ils avaient déjà organisé, quelques semaines ou quelques mois plus tôt, un établissement pénitentiaire pour nous héberger. C’était une nouvelle installation qui était prête à maintenir des centaines de personnes en détention, des personnes innocentes.
AMY GOODMAN : Donc, vous avez été détenu pendant plusieurs jours. Et puis ensuite, où avez-vous été déportés ?
IARA LEE: A la fin, nous ne savions pas. Nous avons pensé que nous rentrions à domicile. Et quand nous sommes arrivés à l’aéroport de Tel Aviv, ils nous ont dit que nous allions tous à Istanbul. Et puis j’ai découvert que le Premier ministre de Turquie avait envoyé des avions turcs pour évacuer tout le monde. Ce fut un autre drame énorme, parce que le Premier ministre turc a déclaré que nous ne pourrions pas partir avant que tout le monde soit de retour, et en particulier le président de IHH, et les memebres d’IHH, la principale organisation humanitaire. Alors nous nous sommes assis sur la piste d’atterrissage de Tel-Aviv pour de nombreuses heures à l’agonie complète, parce qu’il y avait une sorte de déclaration que s’ils n’ont pas renvoyé le président d’IHH, cela serait considéré comme une déclaration de guerre. Et je pensais, « mon dieu, cela devient de plus en plus surréaliste à chaque minute ». Mais enfin, très tard, je crois que c’était vers le milieu de la nuit, ils expulsèrent le président d’IHH. Nous avons alors décollé et nous avons tous atterri autour de quatre heures du matin à Istanbul.
AMY GOODMAN : Bien, Iara Lee, je tiens à vous remercier d’être avec nous. Quand allez-vous vous rendre à l’ONU ? Aujourd’hui ?
IARA LEE: C’est à 16 heures pour les gens de la presse aux Nations Unies. Pour les autres, en dehors des gens des médias, ils peuvent simplement aller sur notre page Facebook « Culture of resistance » ou sur http://www.culturesofresistance.org pour obtenir plus d’informations.
AMY GOODMAN : Merci beaucoup d’être avec nous, Iara Lee, cinéaste et directrice du réseau « Culture of Resistance » qui rassemble des artistes et activistes du monde entier. Sur le Marmara Mavi, elle a tourné ces images de contrebande que nous avons diffusé aujourd’hui. Et il y a en tout une heure qu’elle publiera plus tard.
Extrait de la vidéo diffusée par IARA LEE aux Nations Unies :

(Le livret que montre l’homme entre 3′ et 3′15 a été trouvé sur l’un des soldats Israéliens blessé, il contient les photos de plusieurs personne présentent sur le bateau… l’opération était donc bien préparée de longue date)
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L’équipe d’al-har tient à féliciter le réseau « Culture of Resistance » et  « Democracy Now ! » pour son travail, et s’excuse par avance des erreurs involontaires ayant put se glisser dans la traduction que nous avons fait avec nos faibles capacités… :-)
(1) Il nous semble utile d’ajouter ici la vidéo de l’exécution sauvage de Furkan Dogan par les soldats sionistes :



Reproduction autorisée en citant la source en français : http://www.al-har.fr/blog/2010/06/11/un-film-echappe-a-la-censure-israelienne-concernant-lattaque-de-la-flotte-de-la-liberte
Ainsi que le lien de l’article original (publié sous licence Creative Commons) : http://www.democracynow.org/2010/6/10/exclusive_journalist_smuggles_out_video_of

 

Video 1heure tiré du site http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9023

La Ligue arabe souligne la détermination des Arabes à briser le blocus imposé à la bande de Ghaza

La Ligue arabe a souligné hier la détermination des Arabes à briser le blocus imposé à la bande de Ghaza depuis 4 ans. Dans des déclarations à la presse, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe chargé des affaires de la Palestine et les territoires arabes occupés, M. Mohamed Sbih, a indiqué que la visite du secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa à Ghaza, était importante, affirmant que “ce message portait sur la solidarité et la levée du blocus”. Une partie du rapport du secrétaire général devant être soumis au prochain sommet arabe traitera les résultats de sa visite à Ghaza et ses constatations sur le terrain, a-t-il jouté. M. Sbih a exprimé son souhait de voir la communauté internationale et les membres permanents du Conseil de sécurité tenir leur promesse de mettre fin au blocus imposé à Ghaza. Le blocus peut être levé à condition d’une volonté internationale et d’une partialité à l’égard de la victime, estime M. Sbih, soulignant que le fait que la communauté internationale continue à traiter Israël comme étant un pays au dessus de la loi complique les choses et encourage Israël à maintenir le blocus. En réponse à une question relative aux discussions sur le dossier de la réconciliation inter palestinienne, M. Sbih a indiqué que cette question était au cœur des contacts du secrétaire général de la Ligue arabe. Il a par ailleurs exprimé son souhait de voir cette visite contribuer au rapprochement des points de vue entre les différentes factions palestiniennes en vue de construire une unité nationale à même de faire face à l’agression israélienne. M. Sbih a en outre rappelé les rencontres du secrétaire général avec les factions palestiniennes sans exception vu “son intime conviction que l’unité nationale est une question de vie ou de mort”. Dès son arrivée à Ghaza, le secrétaire général avait appelé à la nécessité de briser le blocus israélien. La décision de la Ligue arabe de briser le blocus est très claire, a-t-il précisé. Le dossier de la réconciliation nationale est une question de principe, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur la nécessité d’une volonté de l’unité palestinienne à faire face à une question dangereuse et complexe portant sur le sort et l’avenir du peuple palestinien et son droit à vivre dignement.

Bientôt une seconde flottille de la Liberté pour briser le blocus imposé à Gaza

13 Juin 2010
Beyrouth/ M. Arafat Madi, président de la campagne européenne pour la levée du blocus imposé à Gaza, a affirmé que la flottille de Liberté II partira dans les prochaines semaines avec une plus large participation pour briser le blocus imposé à la bande il y a quatre ans.
Dans une interview accordée à la chaîne al-Jazira, M. Madi a indiqué que la campagne européenne et les offensives populaires dénonçant l'agression israélienne et appuyant la flottille montrent clairement que la bataille médiatique d'Israël menée par ce dernier contre la flottille et la cause palestinienne a commencé à se régresser du point de vue politique et médiatique.
Raghda Bittar
http://www.sana.sy/fra/55/2010/06/13/292830.htm

Washington et Ottawa saluent la création d'une commission d'enquête sur la flottille de Gaza

Lundi, 14 Juin 2010 10:06 
IRIB - Suite à l'annonce par Israël de la formation d'une "commission publique indépendante" avec la participation de deux observateurs étrangers, pour ouvrir une enquête sur l'attaque israélienne contre la flottille de la liberté sur la route de Gaza lors duquel neuf pacifistes ont été tués, la Maison Blanche a souhaité que les enquêtes de la Commission s'achèvent le plutôt possible. "Bien qu'Israël doive se voir accorder le temps d'achever le processus, nous nous attendons à ce que les investigations de la commission et de l'armée israéliennes soient menées à bien rapidement", indique un communiqué du porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs. "Nous nous attendons aussi à ce qu'après l'achèvement des enquêtes, les conclusions soient présentées publiquement à la communauté internationale", ajoute la Maison Blanche. Le Canada a également salué la décision d'Israël de former ladite commission d'enquête. «Le Canada comprend parfaitement et partage les préoccupations d'Israël en matière de sécurité face au terrorisme», déclare le ministre canadien des Affaires étrangères Laurence Cannon, tout en reconnaissant pleinement l'importance d'acheminer une assistance humanitaire à la population de Gaza.

Les propos d’Amr Moussa de retour de Gaza

Lundi, 14 Juin 2010 09:24 
IRIB - Au terme de sa visite à Gaza, le secrétaire général de la Ligue Arabe  a souligné que les pays arabes ont commis une erreur en se lançant dans le processus  infini de la paix avec le régime sioniste.  Toujours d'après Amr Moussa, si un véritable succès ne se réalise pas dans le processus de paix arabo-israélien la partie arabe  opterait pour une nouvelle position dès le premier septembre. Il a ajouté : nous devons tous agir pour remettre la question du processus de la paix sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU.  

Mon arrestation fait partie des tentatives de briser le mouvement national de l’intérieur

Palestine 48 - 13-06-2010
Par Ameer Makhoul

Dimanche 13 juin 2010 
C’est aujourd’hui qu’a comparu le responsable politique et associatif palestinien, Ameer Makhoul, directeur général de Ittijah (Haïfa) et président de la commission des libertés issu du Haut comité de suivi des masses arabes (intérieur Palestine occupée en 48) devant la cour coloniale de Haïfa pour une audience préliminaire. Il a été accusé par les services du shabak sioniste d’avoir livré des informations « vitales » au Hezbollah, le mouvement de la résistance au Liban.
Ameer Makhoul a été enlevé à son domicile le 6 mai dernier par la police sioniste accompagnée du Shabak, en plein milieu de la nuit, dans une opération de terreur. Deux semaines auparavant, l’écrivain et médecin Omar Saïd avait été arrêté alors qu’il se rendait en Jordanie par les mêmes services qui ont mis les deux maisons (celle de Ameer Makhoul à Haïfa et celle de Omar Saïd, à Kfar Kanna) à sac. Omar Saïd avait été arrêté pour les mêmes motifs.
Suite à son enlèvement, pendant 23 jours, Ameer Makhoul a été torturé par le Shabak et isolé du monde. Il n’a pu voir ni ses avocats, ni sa famille. Au cours de cette audience du 13 juin, il s’est plaint à la presse des maux qu’il ressent encore, en conséquence de la torture subie, mais a affirmé que son moral était très élevé. Il a déclaré que son arrestation fait partie des tentatives du pouvoir sioniste de briser le mouvement national palestinien de l’intérieur.
C’est la même épreuve qu’a subie et subit Sheikh Raed Salah, de ce que subit Hanine Zo’bi et tous les responsables et dirigeants nationaux palestiniens de l’intérieur qui osent protester contre l’occupation, la colonisation et le racisme et qui soutiennent la lutte palestinienne et la résistance.
Devant les personnalités, dirigeants et journalistes présents, Ameer Makhoul a déclaré : «Ce qui se passe, ici, ce n’est pas pour des raisons sécuritaires, c’est la condamnation de toute parole arabe que le shabak considère comme une 'matière sécuritaire' et donc une violation politique". Il a ajouté : "Si tu dis quelque chose, cela est pris pour de l’espionnage, si tu fais quelque chose, c’est une attaque à l’explosif. C'est un piège préparé par un Etat avec tous ses appareils, nous nous y opposerons, nous le combattrons et nous le refuserons."
"Je propose aux masses de notre peuple de refuser et de ne pas se soumettre à ces pressions politiques et avant de finir sa phrase, la police sioniste l’a poussé hors du tribunal, ne lui laissant pas le temps de s’exprimer, ni d’accorder des interviews à la presse arabe qui assistait à l’audience. 

COMMUNIQUE DE PRESSE

France - 13-06-2010
Par Liliane Glock, Gilles Devers > gilles.devers@wanadoo.fr
Le Ministère des affaires étrangères israélien annonce qu’Ehud BARAK renonce à sa visite en France, ce lundi 14 juin 2010. Le motif invoqué est la crainte d’être arrêté en raison de sa responsabilité, publiquement revendiquée, dans l’attaque sanglante de la flottille internationale à vocation humanitaire FREE GAZA, dans les eaux internationales entre Chypre et la bande de Gaza, dans la nuit du 31 mai 2010.
Les humanitaires, en accord avec la résolution 1860 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui condamne le blocus israélien de GAZA, tentaient d’acheminer des produits et matériels de première nécessité.
Le juge français a compétence universelle pour connaître des crimes commis en haute mer, laquelle, n’appartenant à personne, doit être protégée par tous.
Il suffit que l’auteur présumé des crimes se trouve sur le territoire français (article 689-1 du Code de Procédure Pénale) pour relever du Juge répressif français.
Ainsi, sur plainte avec constitution de partie civile d’une quelconque victime, française ou non, est-il compétent pour instruire, et prendre toutes mesures contraignantes à l’égard de tout individu ayant commandité ou exécuté les meurtres voire assassinats, enlèvements, séquestrations, détournements de navires ou s’en étant rendu complice.
Les humanitaires français du CBSP et de la CCIPPP, ainsi que des participants étrangers, sont prêts à déposer une telle plainte, par l’intermédiaires de leurs avocats, Maîtres Liliane GLOCK du barreau de NANCY pour le CBSP (Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens) et Gilles DEVERS du barreau de LYON pour la CCIPPP (Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien).

A Gaza, la récolte de blé se heurte à des tirs à balles réelles dans la "zone-tampon"

Gaza - 13-06-2010
Par ISM-Gaza
Les forces israéliennes ont attaqué des femmes et des ouvriers agricoles palestiniens accompagnés de militants internationaux des droits de l’homme par des tirs nourris lors du ramassage du blé prévu pour trois jours dans le sud de la bande de Gaza. La "zone tampon" imposée par Israël confisque illégalement plus de 30% des terres arables de Gaza.
Dans le village de Khoza'a, à l'est de Khan Yunis, de nombreux champs de blé ne sont pas moissonnés, malgré l'extrême pauvreté et les pénuries alimentaires, en raison des attaques israéliennes.
Mardi, le premier jour de la moisson n’a pas eu lieu à l’intérieur des 300 mètres de la "zone tampon"». Cependant, à deux reprises, des tireurs d'élite se sont approchés des moissonneurs dans jeeps de l'armée israélienne, tirant à balles réelles sur cinq femmes qui étaient accroupies et cueillaient le blé à la main avec quatre militants de l’International Solidarity Movement (ISM).
Les femmes se sont allongées dans le blé au cours de l'attaque, mais ne sont pas parties, et la récolte s'est poursuivie après le départ des Jeeps. Les militants ont informé les soldats par mégaphone de la nature non menaçante du travail.
Une attaque plus grave s’est déroulée mercredi alors que la récolte se poursuivait à moins de 300 mètres de la clôture. 5 activistes de l'ISM et 2 journalistes étaient présents quand des jeeps de l’armée israélienne se sont approchées à 7 heures du matin et ont tiré plusieurs salves de tirs, tout comme la veille.
A 8h30, les Jeeps se sont garées sur une petite colline près de la clôture. Les tireurs d'élite se sont installés sur le toit de la jeep la plus proche des ouvriers, voyant parfaitement que la récolte manuelle n’était de toute évidence d’aucune menace.
Les tireurs d'élite israéliens ont ensuite arrosé les femmes, les militants et les journalistes de salves de plus de 50 tirs, poussant les femmes à hurler de peur et à ramper au sol. Les tirs à des balles réelles passaient à un mètre au-dessus de la tête des gens, ce qui signifie que tout écart aurait presque certainement touché quelqu'un. La récolte s’est terminée à 10 heures
Jeudi, le dernier jour de la récolte, a été écourté par deux attaques de tirs à 8h et à 8h30. Environ 20 salves ont été tirées à proximité des agriculteurs et des 3 activistes de l'ISM présents.
Les femmes ont eu évidemment plus peur de l'attaque, et les personnes présentes ont convenu qu’une troisième attaque était imminente et qu’elles seraient visées. Cela s'est avéré être une hypothèse correcte puisque, après avoir terminé à 8h45, 4 jeeps sont arrivées et sont restées le long de la clôture. Le blé ne sera probablement pas récolté.
«On nous a tiré dessus à balles réelles à plusieurs reprises ; nous entendions le sifflement assourdissant et le claquement des balles au-dessus de nos têtes», a déclaré la militante de l’ISM, Adie Mormech.
"Les femmes ont courageusement repris le travail après chaque attaque. Le dernier jour, après que des tireurs d'élite soient déjà venus deux fois et aient tiré de nombreuses salves depuis une distance relativement proche, il était clair que quelqu'un serait volontairement touché si nous restions. Par conséquent, le blé ne sera pas récolté. C’est exaspérant de voir que cette violence continue contre ce qui est clairement un effort pacifique destiné à cultiver le tiers des terres arables de Gaza surveillées par l'armée israélienne."
Alors que le taux de chômage à Gaza est d’environ 42% et que 60% de ses 1,5 million d'habitants ne bénéficient pas de sécurité alimentaire, la zone tampon imposée illégalement par Israël aggrave considérablement la crise humanitaire.
30% des terres arables de Gaza, et certaines de ses plus fertiles, se situent dans la zone tampon. Les agriculteurs qui tentent de travailler dans le secteur font face aux tirs à balles réelles et à la destruction des récoltes. Le nombre des récoltes cultivées dans la zone ont donc été considérablement réduites. Cela va du blé à d'autres récoltes ayant besoin de moins de main-d'œuvre, ce qui a encore des répercussions négatives sur la nutrition et la situation économique des habitants de Gaza.
En outre, 17% des terres agricoles ont été détruites dans la guerre d'agression d'Israël, rendant 47% (soit près de la moitié) des terres agricoles de Gaza presque utilisables.
La zone tampon a également réduit les zones de pêche de Gaza de 1 à 3 milles marins. Au cours des quatre premiers mois de 2010, 19 attaques navales ont conduit à deux attaques de tirs et trois arrestations, ainsi qu’à de nombreuses confiscations de matériel de pêche. L’étroite zone de pêche, où travaillent quotidiennement plus de 3600 pêcheurs, est gravement surexploitée.
La décision israélienne d’instaurer une zone tampon de 300 mètres constitue une violation des Accords d'Oslo, et les gens circulant jusqu'à deux kilomètres de la frontière font systématiquement l’objet de tirs. Les attaques israéliennes dans la zone tampon ont blessé 50 personnes et fait 14 morts entre Janvier et Avril 2010.
Au cours des douze derniers mois, il y a eu au moins 220 attaques israéliennes dont 116 ont eu lieu depuis le début de 2010 (au 30 avril). - Centre palestinien pour les Droits de Droits de l’Homme
Pour toute interview, contactez Adie Mormech (Grande-Bretagne): +972(0)597717696

Fraternisation populaire algéro-égyptienne au passage de Rafah : La caravane d'aide algérienne est entrée à Ghaza

Algérie - 13-06-2010
Par M. Saadoune
Ils sont entrés ! Après une longue attente devant le passage de Rafah, où une caravane populaire égyptienne était déjà bloquée, la caravane algérienne de la « fidélité aux martyrs de la flottille » est rentrée, samedi après-midi, à Ghaza. La caravane d'aide algérienne qui apportait des fournitures médicales pour Ghaza (7 tonnes de médicaments, deux tonnes de lait pour enfants et des équipements pour la cardiologie, l'hémodialyse et de radiologie demandés par les hôpitaux palestiniens) était, hier, à Ghaza.















Ahmed Bahar accueille la délégation algérienne à Gaza le 12 juin (photo PIC)

Après de longues tractations, les autorités égyptiennes ont permis à la délégation algérienne composée de 16 personnes, parlementaires, journalistes et associatifs, de pénétrer dans le territoire soumis à un blocus indigne. La délégation algérienne a été accueillie par des responsables du Hamas et des députés du Conseil national palestinien, dont Sami Abou Zahri, le porte-parole du Hamas. Une conférence de presse devait être organisée au siège du Conseil national palestinien où la délégation algérienne devait se rendre. La « caravane de la fidélité aux martyrs de la Flottille de la Liberté » a pu, en définitive, entrer dans le territoire après le déblocage de la situation.
Avant cette issue heureuse, la caravane algérienne a pu constater qu'il y avait des tendances contradictoires au sein du pouvoir égyptien qui a officiellement ouvert le passage de Rafah après le carnage commis par les Israéliens contre les humanitaires qui ont essayé de briser le blocus de Ghaza.
Avant son arrivée vendredi à Ghaza où elle a fait face à un « interdit » d'entrée à Ghaza, la caravane algérienne avait reçu toutes les facilités possibles de la part des autorités égyptiennes. Il est vrai également - et c'est cela qui a indigné les Algériens - que les organisateurs de la caravane algérienne avaient pris préalablement toutes les dispositions et acquis toutes les autorisations. Ils ont été surpris par le changement d'attitude des autorités égyptiennes qui ont signifié à la délégation que seules trois personnes pouvaient rentrer à Ghaza et sans les aides apportées. Une attitude incompréhensible et qui, c'est le moins que l'on puisse en dire, témoigne de l'existence de courants opposés au sein du pouvoir égyptien au sujet de la levée du blocus contre Ghaza.
La caravane algérienne était d'autant plus indignée qu'il y avait eu, préalablement, une coordination avec l'ambassade d'Algérie au Caire qui a obtenu toutes les autorisations nécessaires. Les aides médicales avaient été achetées au Caire et la caravane algérienne avait coordonné son action avec le Croissant rouge égyptien. La caravane algérienne était arrivée vendredi à la ville d'El Arrich où il y a eu des scènes de fraternisation entre Egyptiens et Algériens. Le parcours de la caravane s'est passé sans encombre, sur une distance de 400 km.
Une célérité « sans précédent »
Les autorités administratives et sécuritaires égyptiennes avaient fait preuve à l'égard de la caravane algérienne d'une célérité, qualifiée de « sans précédent », par des militants égyptiens anti-blocus. A Rafah, où la caravane algérienne a trouvé une caravane populaire égyptienne déjà bloquée et empêchée de pénétrer à Ghaza. De nouvelles scènes de fraternisation ont eu lieu avec levée des drapeaux algérien et égyptien à l'entrée du passage de Rafah.
Les membres de la caravane égyptienne avaient organisé un sit-in sur place pour protester contre l'interdiction d'entrée à Ghaza. Des médias égyptiens ont rapporté, sur la base de « sources sécuritaires », que ce serait la partie palestinienne qui a refusé d'accepter l'arrivée de la caravane. Ce refus aurait été motivé par les « préparatifs à la venue à Ghaza du secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa ». Une assertion démentie par les responsables du Hamas à Ghaza. 

Haaretz: les USA informés d'avance de l'assaut d'Israël contre la flottille

13/06/2010  
Selon le quotidien israélien Haaretz, citant des sources diplomatiques américaines, le président américain Barak  Obama était tout à fait au courant de l’assaut des forces militaires israéliennes contre la flottille internationale humanitaire de Gaza !
Alors que l’administration d’Obama s’était empressée de déclarer aussitôt après  le massacre israélien de la flottille de Gaza  qu’elle n’était pas informée de cette décision de Tel-Aviv !
Haaretz précise:" Obama en personne avait procédé à un marchandage sur les détails de cette opération meurtrière et criminelle avec les responsables de Tel-Aviv et les avait mis en garde contre l'utilisation des bombes artisanales à gaz lacrymogène ».
Selon le quotidien, le ministre de la guerre israélien, Ehud Barak, avait accepté les demandes d'Obama.  Cependant, le Mossad a évoqué l'existence d'armes de destruction massive dans le bateau turc Marmara et la présence de soi-disant gens qui avaient passé des entraînements militaires.  
Mais encore, selon des informations publiées par la presse Jordanienne, le président des Etats-Unis aurait été informé à l’avance du raid israélien dans les eaux internationales contre la Flottille de la Liberté.
Leon Panetta, chef de la Central Intelligence Agency (CIA), a été averti par le Mossad quelques minutes avant l’assaut des forces israéliennes contre le navire turc Mavi Marmar.
Les opérations ont été suivies en continu par des drones israéliens qui ont envoyé les images « on line » au commandement de la US Navy, qui les ont transmises à Panetta, gardant à tout moment le président Barack Obama informé de l’opération israélienne dans les eaux internationales.
Au terme de l’action et plusieurs heures après l’événement, le chef d’Etat nord-américain a reconnu des préoccupations « légitimes » de la part d’ « Israël », par le risque que représenterait pour sa sécurité le contrôle de Hamas sur la bande de Gaza.
Il a également affirmé que le blocus qu’endure ce territoire empêche la population locale de tirer profit de ses avantages économiques. En outre, il a précisé que l’assaut « n’améliore pas la sécurité d’Israël sur le long terme ».
Tel-Aviv avaient averti Washington que dans le cas où les soldats israéliens seraient attaqués, Tel-Aviv ferait fi des mises en garde des Etats-Unis.
Rappelons que  lors d’une interview sur la télévision publique PBS, le vice-président US Joe Biden a assuré qu’ « Israël a le droit absolu de protéger ses intérêts de sécurité ».
Les Etats-Unis ont refusé de condamner « Israël » pour avoir utilisé la force pour arrêter le convoi humanitaire, qui a été pris d’assaut par des corps d’élite armes qui ont abordé un des embarquements à partir d’hélicoptères.
Les commandos israéliens sont partis à l’abordage, lundi dernier, d’une flottille composée de six navires qui essayait de briser le blocus maritime maintenu par «  Israël » sur la bande de Gaza depuis plus de trois ans pour distribuer des dizaines de milliers de tonnes d’aide humanitaire. Lors de l’agression militaire, dix civils ont été tués et des dizaines blessés.

Pressions sur Israël pour lever le blocus de Gaza

lundi 14 juin 2010 - 06h:30
Donald Macintyre
The Independant
L’embargo israélien qui dure depuis 3 ans sur les produits destinés à Gaza est "inacceptable et contre-productif" affirme un rapport du Quartette. Trois ministres des Affaires étrangères ont demandé la réouverture des points de passage vers Gaza.
(JPG)
Camions palestiniens au terminal de Karni, entre Israël et la bande de Gaza.
Des ministres des AE de l’UE ont demandé la réouverture du passage.
(AFP/Getty Images)

Le Cabinet israélien se trouve aujourd’hui affronté à une pression internationale d’une ampleur sans précédent - suite à l’attaque meurtrière de commandos de sa marine sur une flottille pro-palestinienne il y a 15 jours - pour desserrer son embargo économique de 3 ans sur Gaza.
Des diplomates occidentaux espèrent que Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien donnera ce matin les premiers signes d’un changement majeur de politique concernant Gaza et autorisera l’entrée d’une vaste gamme de produits civils pour mettre fin à la paralysie de la vie commerciale de l’enclave assiégée. Le délégué international pour le Moyen-Orient, Tony Blair, a rencontré M. Netanyahu pour la troisième fois en huit jours vendredi dernier et a insisté pour que la liste extrêmement limitée des produits et fournitures civils "autorisés" soit supprimée et remplacée par une liste des produits interdits, ce qui constituerait une première étape pour amorcer la renaissance du commerce et la reconstruction d’après guerre.
Cette différence qui a l’air d’être technique aurait en fait des conséquences importantes parce qu’elle signifierait que Netanyahu accepte l’importation des produits civils à Gaza - y compris les matières premières pour les usines et l’exportation qui en découlerait - à l’exception des produits qui constitueraient une menace claire pour Israël.
La réunion du Cabinet israélien d’aujourd’hui a lieu 24 heures avant la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’Europe à Bruxelles, et trois d’entre eux, celui de la France, Bernard Koushner, de l’Italie, Franco Frattini et celui d’Espagne, Miguel Moratinos, ont demandé publiquement la semaine dernière l’assouplissement du blocus naval et la réouverture de Karni, le point de passage principal entre Israël et Gaza.
Le blocus, mis en place après que le Hamas ait pris le contrôle de Gaza quand sa coalition avec le Fatah a explosée en juin 2007, a provoqué la ruine du secteur industriel autrefois prospère de Gaza, anéanti les exportations agricoles, et confiné la vitale industrie de la pèche à un mille des côtes, de sorte que 80% des Gazaouis dépendent aujourd’hui de l’aide internationale pour leur survie et que l’importante contribution de 7,5 milliards de dollars de donateurs étrangers pour la reconstruction après l’attaque israélienne du l’enclave en 2008-2009 ne peut pas être utilisée.
On peut avoir un aperçu de la stratégie développée par le Quartette (l’ONU, les USA, l’UE et la Russie) - qui a mandaté M. Blair pour conduire les négociations avec M. Netanyahu - grâce à un document de travail dont William Hague, le Secrétaire des Affaires étrangères britannique, a autorisé la diffusion après l’attaque de la flottille et qui qualifie le blocus de 3 ans "d’inacceptable et de contre-productif". Il stipule aussi que le blocus "porte atteinte aux habitants de Gaza, leur ôte toute perspective d’avenir et mine le travail de reconstruction, de développement et de reprise économique. En même temps, le blocus fortifie le Hamas grâce à l’économie des tunnels et met en danger la sécurité d’Israël sur le long terme à cause de son impact désastreux sur la jeunesse palestinienne".
Le document britannique qui a été communiqué dimanche au journal l’Independent précise que la nouvelle stratégie n’a pas pour but de "récompenser le Hamas" et que le Quartette tient à réiterer "sa position d’ensemble sur le Hamas et son inquiétude sur le rôle qu’il joue à Gaza" ; le document demande à nouveau la libération inconditionnelle de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé par le Hamas et d’autres militants de Gaza il y a 4 ans.
Mais bien que ce document de travail ait été rédigé pour la réunion du Quartette de la semaine dernière, il résume "un accord déjà largement accepté" sur un certain nombre de mesures d’allégement du blocus "qui sont le résultat de travaux antérieurs de l’ONU et du représentant du Quartette [M. Blair]". Elles comprennent :
* la reconstruction urgente sous l’égide de l’ONU. Selon le document, le blocus a empêché la mise en oeuvre du plan "détaillé" de l’ONU pour la reconstruction des bâtiments les plus indispensables comme les écoles, les hôpitaux, le système d’égouts, et autres infrastructures ;
* le remplacement de la liste de "produits autorisés" par une liste de "produits interdits" - ce qui est "la meilleure manière de protéger la sécurité en même temps que l’activité économique indispensable" ;
* la réouverture de Karni "le seul point de passage qui permet le flux des grandes quantités de marchandises nécessaires" sous le contrôle éventuel de l’UE comme cela a été fait à Rafah avant juin 2007 ;
* la reprise des livraisons maritimes "par [le port israélien de] Ashdod" pour aider au redémarrage de l’importation et de l’exportation ;
* une augmentation des subventions de l’agence UNRWA de l’ONU pour les Réfugiés qui s’occupe de l’éducation et de la santé de près d’un million et demi de Gazaouis.
Les négociations sur le blocus ont eu lieu en même temps (spécialement entre Israël et les USA) que celles concernant le type d’enquête qui devait être menée sur l’assaut des commandos qui ont abordé la flottille et causé la mort de neuf Turcs dans le combat à bord du plus grand des navires, le navire de passagers : le Mavi Marmara. Israël, dont le chef d’état-major Gabi Ashkenazy a nommé Giora Eiland, un général de réserve et ancien chef de l’Agence de sécurité nationale pour diriger l’enquête sur l’opération maritime, a indiqué qu’il allait aussi nommer un ancien juge de la Haute Cour pour diriger une enquête civile. On ne s’attend pas à ce que cette enquête recueille les témoignages des membres des forces de la marine qui prirent part à l’assaut.
Bien que les gouvernements occidentaux et israéliens aient nié qu’il y ait le moindre lien entre ces deux questions, des diplomates ont reconnu que si Israël acceptait de desserrer significativement l’embargo sur Gaza, cela diminuerait la pression pour une enquête internationale approfondie comme celle qui avait été suggérée par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-man.
Le remplacement de la liste des "produits autorisés" par une liste de "produits interdits" serait un changement majeur de politique puisque cette dernière inclurait sans doute seulement des produits dangereux pour la sécurité d’Israël. Cela démontrerait une modification du but initialement poursuivi lors de la mise en place de l’embargo (accentué par la déclaration du cabinet israélien de l’époque qui qualifiait Gaza "d’entité hostile") dont le but bien plus large était de mettre à mal l’économie de l’enclave.
A cette époque-là, les autorités israéliennes ont fourni à la justice, dans les procès contre le blocus, des documents qui citaient des conventions internationales permettant "la guerre économique" dans certaines circonstances. Et M. Netanyahu, qui n’était pas alors en poste, pouvait raisonnablement prétendre qu’il n’était pour rien dans la décision originelle.
Quand Israël a assoupli l’embargo la semaine dernière pour permettre l’entrée d’une gamme de produits alimentaires supplémentaire (comme le coriandre, la confiture, le hummus conditionné et les biscuits auparavant bannis) Gisha, l’organisme israélien pour les Droits de l’Homme, fit remarquer qu’Israël ne laissait toujours pas entrer des matières premières comme la margarine et le glucose nécessaires aux fabriques de produits alimentaires de Gaza.
Il en est de même d’une gamme encore plus étendue de matières premières, comme les tissus qui jusqu’en 2007 étaient importés en grandes quantités par des centaines de petites usines. Il est très difficile d’affirmer que c’est par mesure de sécurité qu’on interdit l’importation de rouleaux de tissu.
Il semblerait que le remplacement de la liste de produits "autorisés" par une liste de produits "interdits" soit considéré par M. Blair comme la première des trois étapes de la levée de l’embargo. La seconde est que des agences d’aide internationale, avec l’accord d’Israël, supervisent les marchandises "à double usage", marchandises dont Israël pourrait craindre que le Hamas ne les utilise à des fins militaires. C’est ce qui a été fait ces dernières semaines par l’ONU qui, en se portant garant que les matériaux importés seraient employés à des fins uniquement civiles, a permis une augmentation étroitement encadrée de l’entrée des matériaux de construction pour reconstruire les égouts, les maisons et les hôpitaux. L’ONU souhaite développer son action dans ce domaine.
Israël a toutefois jusqu’ici absolument refusé de lever le blocus maritime pour permettre à des bateaux de se rendre à Gaza après une inspection israélienne et/ou internationale, comme le lui avaient suggéré des Européens.
La troisième étape est la réouverture des points de passage (surtout celle du grand terminal de marchandises de Karni) où des officiels européens et peut-être par la suite la garde présidentielle du Président Mahmoud Abbas seraient responsables du contrôle des marchandises entrant à Gaza.
13 juin 2010 - The Independent - traduction : Dominique Muselet
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8927

Juin 1967 - juin 2010 : Aina el’Arab ? (Où sont les Arabes ?)

lundi 14 juin 2010 - 06h:00
Prof. Chems Eddine Chitour
« Je viens à vous avec un rameau d’olivier dans la main gauche, et une mitraillette dans la droite. - Ne faites pas tomber le rameau d’olivier. »
Yasser Arafat. Discours à l’ONU, 13 novembre 1974.
(JPG) La guerre des Six-Jours (en hébreu : Milkhemet Sheshet HaYamim,) que l’on peut traduire par « l’épopée des six jours » en arabe (Melhamet Sitet Ayam), est une guerre déclenchée par Israël qui annihila les armées des pays arabes qui, dès les premières heures, n’avaient plus d’aviation. Qualifiée de guerre des « Six-Jours » pour bien montrer la supériorité écrasante d’Israël face à tous les pays arabes réunis, cette agression israélienne entraîne, en outre, une profonde modification des frontières : avec l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Ghaza, du Golan. Les Occidentaux et, notamment les médias occidentaux - et notamment français - prennent alors fait et cause pour Israël face aux Arabes, comme pour David face à Goliath. Des responsables israéliens de l’époque ont d’ailleurs, rectifié les versions de propagande données alors. Menahem Begin l’admit en 1982, « Nasser n’a pas choisi d’attaquer Israël, Israël a choisi d’attaquer Nasser ».
« Aïna el ‘Arab » ne s’arrêtent pas de crier de désespoir, d’humiliation au quotidien les mères palestiniennes qui voient l’étau se refermer sur elles lors des différentes boucheries. Manuel Musallam, curé de Ghaza depuis 1995, est un de ces héros qui a survécu à l’opération israélienne « Plomb Durci » l’hiver 2008-2009. Dans son livre Paroles d’un résistant, il écrit : « Ghaza est toujours sous la pression d’un crime contre l’humanité. C’est un crime de guerre qui dure depuis des années », dit-il. Ainsi « Plomb Durci » en décembre 2008-janvier 2009 a causé la mort d’environ 1500 Palestiniens dont plusieurs centaines d’enfants. « C’était comme n’importe quelle attaque israélienne avec des chars, des bombardiers et des soldats. Mais au lieu de durer un jour, elle a continué pendant 22 jours. C’était terrible ! » Manuel Musallam évoque avec beaucoup d’émotion la terreur vécue par les enfants. Pendant les mois difficiles qui ont suivi. « Les enfants étaient... comment vous dire... étourdis. Ils ne jouaient plus, ils ne parlaient plus, ils étaient tous malades. Je ne les avais jamais vus comme ça. (...) »
« C’est à ces enfants-là qu’on va essayer de dire que la paix est possible. Mais la paix ne peut pas pénétrer leurs coeurs. Ils sont nourris par la haine. » (...) Alors la guerre était-elle contre le Hamas ? », ironise-t-il. « Parmi les 1500 personnes tuées, seules 40 appartenaient au Hamas. Depuis 2001, 24.000 roquettes Qassam ont été lancées contre Israël. Ces armes, qui sont artisanales, ont tué 13 Israéliens et 50 Palestiniens. En effet, beaucoup de Qassam sont tombés à l’intérieur de Ghaza. Contrairement à Israël, nous n’avons pas de chars ou d’avions bombardiers. » Puis il ajoute ces mots qui reflètent ce que pensent généralement les Palestiniens : « Israël est responsable d’un terrorisme d’Etat. Nous avons besoin d’être protégés. Voilà la réalité. » (...) Je ne suis pas le curé seulement pour les 300 catholiques de Ghaza, mais pour 1,4 million de personnes qui vivent à Ghaza. » Contestant la thèse de la persécution anti-chrétienne en Palestine. « Les chrétiens ne souffrent pas des musulmans. Les chrétiens souffrent du conflit, comme tout le monde. (...) Chez nous, c’est le Hamas et les salafistes qui ont protégé l’église. En réalité, "les chrétiens" signifient "les croisés", c’est-à-dire les Occidentaux agressifs et en l’occurrence chrétiens. Les chrétiens sur place sont des "nazares" et sont protégés par les musulmans. »
Joe Biden au secours d’Israël
31 mai 2010, Israël donne l’assaut à une flottille venue alléger le calvaire des Palestiniens de Ghaza. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a rejeté mercredi 2 juin les critiques internationales et a affirmé que le blocus du territoire palestinien était justifié. Il a estimé que l’objectif de la flottille interceptée lundi était de briser le blocus de Ghaza, pas d’acheminer de l’aide humanitaire. « Israël fait face à une attaque d’hypocrisie internationale », a-t-il déclaré. « Si le blocus avait été brisé, cela aurait été suivi de dizaines, de centaines de bateaux », a-t-il ajouté. « Chaque bateau pourrait transporter des dizaines de missiles. » Lever ce blocus, a-t-il ajouté, reviendrait à faire de la bande de Ghaza une base de lancement pour les missiles iraniens qui menaceraient à la fois Israël et l’Europe. « La communauté internationale ne peut pas se permettre d’avoir un port iranien sur la Méditerranée [...] Les pays qui nous critiquent aujourd’hui devraient savoir qu’ils pourraient devenir demain des cibles [pour les Iraniens] », a souligné Benjamin Netanyahu.
Volant à son secours, le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a affirmé qu’Israël a le « droit absolu » de défendre sa sécurité, tout en soulignant qu’il fallait trouver une solution à la « mauvaise » situation à Ghaza, lors d’un entretien avec la télévision publique américaine PBS diffusé mercredi soir. « On peut disputer le fait de savoir si Israël aurait dû faire descendre des gens sur ce bateau ou pas, mais la vérité est qu’Israël a le droit de savoir, ils sont en guerre avec le Hamas, a le droit de savoir si oui ou non des armes sont introduites » à Ghaza, a expliqué le vice-président. Se faisant l’avocat puissant d’Israël, il cite ce pays : « (Israël) a dit : ‘Voilà. Vous êtes en Méditerranée. Ce navire, si vous déviez légèrement vers le nord vous pourrez décharger et nous acheminerons la cargaison à Ghaza. » « Donc qu’est-ce qui posait problème là-dedans ? », a dit Biden. « Qu’y avait-il de si important à insister pour aller directement à Ghaza ? » Fustigeant le Hamas, il poursuit : « Tout cela s’arrêterait demain si le Hamas était d’accord pour former un gouvernement avec l’Autorité palestinienne selon les conditions énoncées par la communauté internationale. » Autrement dit, cela arrangerait bien les Etats-Unis, et Israël que la reddition, à l’instar de celle d’Abou Mazen, soit totale. Ce dernier continuera sous la pression américaine les négociations indirectes.
Pourtant, les faits ne se sont pas déroulés ainsi. Deux témoignages. D’abord celui de Henning Mankell qui raconte qu’« après avoir passé 72 heures sans fermer l’oeil. (...) Il était alors 4h30. À 4h35, ils ont pris notre navire à l’abordage. Nous étions réunis sur la passerelle, et ils nous ont dit de descendre à l’intérieur du bateau. Il y en a peut-être quelques-uns qui ont pris un peu leur temps et ils se sont immédiatement fait tirer dessus avec des pistolets type Taser. Au bout d’un moment, un soldat cagoulé est venu nous dire qu’ils avaient découvert des armes. Et ce parfait crétin est arrivé avec mon rasoir et un cutter qu’il avait trouvé dans la cuisine. Puis il a déclaré qu’il devait nous emmener avec lui, car nous étions des "terroristes" ». (...) ».
Cela confirme le trucage des photos, du ministère des Affaires étrangères israélien. Ensuite le témoignage du président de l’Organisation turque Bulent Yildirim, qui a affrété le bateau, déclare que le nombre de victimes devait osciller entre 16 et 20 et livre sa version de l’assaut. Les militaires israéliens « sont arrivés en tuant. D’abord avec des Zodiac, tirant des fumigènes, des bombes assourdissantes, des bombes à fragmentations ». Il a confirmé que des membres de la flottille se sont bien emparés des armes d’une dizaine de soldats israéliens, mais les ont jetées à la mer sans les utiliser. « Nous avons dit à nos amis à bord : "Nous allons mourir, devenons des martyrs, mais ne soyons pas de ceux qui ont eu recours aux armes à feu." Ajoutant que les passagers avaient imploré les soldats de ne pas tirer. » Selon lui, les soldats israéliens ont d’abord fait usage de balles en caoutchouc avant de passer aux balles réelles lorsque des passagers les ont pris à partie à coups de bâtons et de chaises. Selon lui, un médecin indonésien a été blessé par balles alors qu’il portait assistance à un militaire israélien blessé. « Tandis que l’affrontement se poursuivait sur le pont supérieur, nous prenions soin des Israéliens en-dessous. Nous leur donnions de l’eau alors même qu’on nous informait de la mort de nos amis. Nous avons dit au médecin indonésien d’écarter le soldat. Il l’a amené en arrière et, alors qu’il le faisait, ils lui ont tiré cinq fois dans le ventre. »
Les résolutions bafouées par Israël depuis 1947
On apprend que le Conseil de sécurité a appelé lundi « à lancer sans retard une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux » sur l’incident. De son côté, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a appelé à une enquête « indépendante ». Cette résolution peut-elle aboutir ? Il est permis d’en douter. Rappelons le mépris d’Israël. Il y eut 37 Résolutions et nous allons citer les plus significatives. Cela a commencé avec la Résolution 181 du 29 novembre 1947. Adoption du plan de partage : la Palestine est divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et Jérusalem est placée sous administration des Nations unies. Ce fut ensuite la Résolution 194 du 11 décembre 1948 qui stipule que les réfugiés qui le souhaitent doivent pouvoir « rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins. » La 6e fut la fameuse Résolution 242 du 22 novembre 1967. Le Conseil de sécurité condamne l’« acquisition de territoire par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». La résolution 11, la 446 du 22 mars 1979 stipule : « Le Conseil de sécurité exige l’arrêt des « pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », déclare que ces pratiques «  n’ont aucune validité en droit ».
Après les Résolutions condamnant les expulsions en série, la Résolution 35 (1544) du 19 mai 2004 demande qu’Israël respecte «  les obligations que lui impose le droit humanitaire international » et « l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations ». Enfin, la Résolution 36(1860) du 8 janvier 2009 après l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Ghaza. Le Conseil de sécurité exige « l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté menant au retrait total des forces israéliennes de la bande de Ghaza ». Cela fut fait 1 400 morts plus tard... La dernière Résolution 37 demande une enquête transparente sur l’attaque de la flottille Free Ghaza. Nul doute que cette Résolution des Nations unies, très en retrait par rapport à celle du Conseil des droits de l’homme n’aura aucun effet car elle demande à Israël de faire l’enquête...
Naturellement, ne sont pas prises en compte les innombrables provocations et meurtres d’Israël qui ne font pas l’objet de résolution comme, notamment l’assassinat de Cheîkh Yassine, d’El Hintassi et en janvier dernier, d’El Mabhouh. Il faut ajouter à cela la condamnation de la Cour pénale internationale concernant la construction d’un Mur de 700 km qui isole les Palestiniens. Toutes ces opérations, aussi féroces les unes que les autres, sont pardonnées par l’Occident à Israël.
Alain Gresh se demande en définitive jusqu’à quand Israël continuera ainsi. Ecoutons-le : « L’assaut donné le 31 mai à l’aube par l’armée israélienne contre la flottille de bateaux transportant une aide humanitaire à Ghaza, aurait fait une vingtaine de morts. Cette attaque s’est déroulée dans les eaux internationales. Elle a suscité de nombreuses condamnations, y compris de pays européens et du gouvernement français. (...). Depuis des années, les Nations unies ont adopté des dizaines de résolutions ("Résolutions de l’ONU non respectées par Israël"), l’Union européenne a voté d’innombrables textes qui demandent à Israël de se conformer au droit international, ou tout simplement au droit humanitaire, en levant, par exemple, le blocus de Ghaza. Ces textes ne sont jamais suivis du moindre effet. Au contraire, l’Union européenne et les Etats-Unis récompensent Israël. C’est ce qu’a prouvé l’admission d’Israël dans l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (Ocde), la semaine dernière, et la visite en France du Premier ministre israélien Netanyahou pour assister à l’intronisation de son pays ».
Comme le précisait un communiqué de l’Association France-Palestine Solidarité (Afps) du 30 avril, « Israël à l’Ocde ? Un mauvais coup contre la paix ! », cette adhésion valait acceptation de l’inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le « périmètre » israélien. Le fait qu’Israël se permette quelques jours plus tard d’attaquer la flottille de la paix, confirme que cet Etat voit dans ces bonnes manières un feu vert pour toutes ses actions. Cela avait déjà été le cas en décembre 2008. C’était alors l’Union européenne qui avait décidé le « rehaussement » des relations bilatérales avec Israël, donnant à cet Etat des privilèges dont ne disposaient jusque-là que quelques grandes puissances. Les chars israéliens pouvaient quelques jours plus tard partir à l’assaut du territoire de Ghaza et commettre, en toute impunité, des « crimes de guerre », voire des « crimes contre l’humanité ».
Richard Falk, envoyé spécial des Nations unies pour les territoires occupés, écrivait, dans Le Monde Diplomatique (mars 2009) un texte intitulé : « Nécessaire inculpation des responsables de l’agression contre Ghaza. » Quelques mois plus tard, la commission des Nations unies présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone remettait ses conclusions. Le texte confirmait que c’était bien l’armée israélienne qui avait rompu le cessez-le-feu et mettait en lumière les crimes commis. (...) L’impunité durera-t-elle ou certains gouvernements oseront-ils prendre des mesures concrètes pour sanctionner Israël, pour faire comprendre à son gouvernement (et aussi à son peuple) que cette politique a un prix, que la répression a un prix, que l’occupation a un prix ?
En Europe et aux Etats-Unis ceux qui se battent pour leur pays sont des patriotes, à Ghaza ce sont des terroristes. Depuis 1967, l’humiliation des Arabes continue. Le calvaire des Palestiniens de Ghaza coupables d’avoir mal voté n’en finit d’interpeller les consciences humaines éprises de justice. Le conflit s’est déplacé en Palestine, les autres nations ont été contraintes de signer leur reddition honteuse par une paix avec Israël, comme c’est le cas de la Jordanie et surtout de l’Egypte dont le pouvoir actuel a définitivement basculé du côté israélien en participant au blocus de Ghaza, contribuant ainsi à l’asphyxie des Ghazaouis et mieux encore en construisant un mur métallique à 30 mètres de profondeur pour éliminer les tunnels avec l’aide des puissances occidentales. D’autres pays arabes n’attendent qu’une occasion de faire « la paix » sans trop perdre la face comme le souhaite la Syrie.
Qu’ont fait les ministres arabes des Affaires étrangères devant l’attaque israélienne ? Ils ont décidé « courageusement » le 2 juin de « briser » le blocus israélien imposé à la bande de Ghaza « par tous les moyens ». Mahmoud Abbas pour sa part n’est pas en reste dans le ridicule ; il a annoncé qu’il allait demander à Barack Obama de prendre « des décisions courageuses pour changer la face » du Proche-Orient. Souvenons-nous : il a suffi d’une résolution qui ne fut pas votée par le Conseil de Sécurité pour que l’Irak soit envahi, qu’il y ait des centaines de milliers de morts et de blessés, un président pendu et en prime le chaos en Irak comme solde de tout compte de l’Occident.
Ainsi va le monde...
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique enp.edu.dz
8 juin 2010 - Oulala
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8926