mardi 11 août 2009

Dans une tentative pour expulser les palestiniens, l'occupation exécute une vaste campagne d'impôts contre les palestiniens à Qods occupée

Jérusalem - 10-08-2009
Par Palestine Info
Les autorités de l'occupation israéliennes ont effectué une vaste campagne d'impôts contre les commerçants et les habitants de la ville sainte d'Al Qods occupée.





















Des sources locales dans la ville ont confirmé, le samedi 8/8, que la police sioniste a envahi les boutiques commerciales des habitants palestiniens dans le quartier de "Wad" (rue Al-Wad, photo ci-dessus), en imposant des impôts qui dépassant les 250 dollars, en plus de 110 dollars pour la municipalité sioniste à Al Qods.

"Dans une tentative pour aggraver la situation très catastrophique des habitants palestiniens dans la sainte ville, les autorités sionistes ont imposé des impôts très élevés contre nos boutiques, nos biens afin de nous expulser de nos foyers, à travers ces amendes sionistes très sévères", ont affirmé les sources palestiniennes en protestant contre la politique discriminatoire de l'occupation sioniste qui vise à s'emparer de leurs maisons, boutiques et biens, dans la ville occupée d'Al Qods, notamment dans la vieille ville sacrée.

Dialogue interpalestinien: le Hamas espère pouvoir régler tous les différends avec le Fatah


21:14|10/ 08/ 2009

LE CAIRE, 10 août - RIA Novosti. Le Hamas espère pouvoir régler tous les différends avec le Fatah rival encore avant le départ du round décisif des négociations interpalestiniennes, prévu pour le 25 août prochain, a déclaré lundi au Caire un leader du mouvement islamiste palestinien Mahmoud Zahar.

"Nous ne tenons pas à ce que le dialogue interpalestinien se poursuive à l'infini. Aussi avons-nous proposé à l'Egypte d'organiser des rencontres préliminaires afin de régler tous les problèmes qui restent", a annoncé M.Zahar aux journalistes à l'issue d'une rencontre avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.

Selon le leader islamiste, l'Egypte intervenant en médiateur aux négociations interpalestiniennes avait accepté d'organiser de telles rencontres entre les représentants des deux mouvements adverses.

En même temps, M.Zahar a dénoncé la "détention et la torture" des membres du Hamas par le Fatah. Il a jugé que l'emprisonnement des membres de son parti constituait un "obstacle majeur" pour ces pourparlers, appelant à une intervention des pays arabes pour obtenir leur libération.

Le round déterminant du dialogue interpalestinien doit se dérouler au Caire du 25 au 28 août prochains. Les six tours précédents des négociations n'ont toujours pas débouché sur un accord définitif sur le rétablissement de l'unité du système politique palestinien et la disparition de la division qui avait résulté du coup de force du Hamas dans la bande de Gaza.

Le programme politique du Fatah est critiqué par Israël

publié le lundi 10 août 2009

Leyla Jad
Samedi (8 août) , le Fatah a publié une déclaration confirmant ses orientations traditionnelles dans le programme politique.

Les autorités israéliennes ont déjà critiqué la plateforme [1].

« Le Congrès du Fatah est décevant et non prometteur, car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a affirmé dimanche le ministre israélien de la Défense, le travailliste Ehud Barak.

Pourtant, l’Autorité Palestinienne s’est engagée dans les négociations depuis les Accords d’Oslo en 1993, et la réalité sur le terrain a montré que c’est l’Etat hébreu qui n’a pas l’intention de « s’asseoir pour conclure un accords sur un programme de paix ».

Voici les différents points du programme :

1 – Le Fatah reste accroché à son identité de mouvement de libération nationale qui vise à mettre fin à l’occupation israélienne et à parvenir à l’indépendance pour le peuple palestinien.

Le Fatah fait partie du mouvement de libération arabe et du front des forces internationales qui cherchent d’aider la liberté et l’indépendance des peuples.

2 - Le Fatah souligne que sa principale contradiction est avec l’occupation israélienne et que toute autre contradiction est secondaire et peut être résolue à travers le dialogue.

Le Fatah se réserve le droit d’utiliser tous les moyens possibles pour défendre l’unité nationale, la légitimité palestinienne et la décision nationale palestinienne indépendante.

3 - Le Fatah reste fidèle aux martyrs et aux prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement de la colonisation et le retour des réfugiés.

4 – Malgré le fait que le Fatah reste attaché à l’option d’une paix juste, il n’abandonnera pas les autres options. Le Fatah réitère le droit du peuple palestinien et de tout peuple occupé à la résistance contre l’occupation, conformément à la loi internationale.

Nabil Amro, faisant partie de l’entourage de Mahmoud Abbas, a souligné que ce message est envoyé au peuple palestinien, aux États-Unis et à Israël.

Le Fatah réitère l’importance des négociations, en s’adressant à Israël. Il dit aux Américains que le peuple palestinien aspire à la paix et que l’obstacle dans les négociations et sur le terrain est Israël, allié de Washington.

Le message pour le peuple palestinien est que « nous appuyons l’option de la paix mais pas à n’importe quel prix. Nous voulons tous nos droits », a déclaré Amro. [2]

[1] notamment Liebermann, ministre des Affaires étrangères, dirigeant d’extrême droite, qui se garde bien de reconnaître que les points qu’il refuse et qu’il accuse les Palestiniens de revendiquer, sont inscrits dans le droit international et les résolutions des Nations unies. Voir ci-dessous dans le NouvelObs :

Selon Lieberman, la paix avec les Palestiniens est "peu probable"

"Les positions radicales et intransigeantes des Palestiniens sur Jérusalem, le droit au retour (des réfugiés) et les blocs de colonies créent un fossé insurmontable entre nous", estime le chef de la diplomatie.

A l’occasion d’une visite d’une délégation démocrate du Congrès américain, le ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Lieberman a déclaré lundi 10 août dans un communiqué qu’une perspective de paix avec les Palestiniens était peu probable dans les années à venir. "Les positions radicales et intransigeantes des Palestiniens sur Jérusalem, le droit au retour (des réfugiés) et les blocs de colonies créent un fossé insurmontable entre nous", a-t-il affirmé. "Par conséquent, la politique israélienne doit être basée sur une réalité et non pas une illusion, tout en maintenant le dialogue avec les Palestiniens et en améliorant les arrangements de sécurité et la situation économique des Palestiniens", a ajouté Avigdor Lieberman.

Une mise en garde

Le chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou considère que "tout objectif extravagant consistant par exemple à imposer un accord selon un calendrier défini se soldera une nouvelle fois par un échec, une déception, voire un affrontement". Une mise en garde à destination du président américain Barack Obama, qui a fait de la conclusion d’un accord de paix israélo-palestinien l’une des priorités de son administration. Le président israélien Shimon Peres qui recevait aussi la délégation américaine s’est efforcé de minimiser les divergences entre Israël et les Etats-Unis."Le seul point sur lequel nous divergeons est la construction dans les colonies existantes. Je crois que cela est négociable", a-t-il déclaré.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

[2] voir aussi Hassan Moali dans el Watan :

Israël agite l’épouvantail du Fatah

Le recentrage de la ligne politique du mouvement Fatah – dont les délégués au congrès élisaient hier la nouvelle direction – autour de la « légitimité de la résistance » contre Israël a, comme il fallait s’y attendre, eu l’effet d’une bombe.

Cette allusion au recours éventuel à une lutte armée et le rejet catégorique de la notion « d’Etat juif » tel que réclamé par Netanyahu a fait monter les responsables de l’Etat hébreu sur leur grands chevaux. La classe politique israélienne a réagi unanimement, hier, contre le « nouveau » programme adopté par les congressistes du Fatah, qu’elle assimile à une copie conforme de celui de son frère ennemi, le Hamas. A Tel-Aviv, le moral est désormais en berne. « Le congrès du Fatah est décevant et non prometteur car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a dit le ministre de la Défense, Ehud Barak.

Pour le ministre de l’Environnement, Gilad Erdan, le programme montre « une absence de volonté de parvenir à un accord avec Israël ». Par ces déclarations volontairement pessimistes et faussement inquiètes, les responsables du cabinet du Premier ministre tentent de justifier par anticipation le gel des négociations de paix et le recours à la méthode forte des colonisations sauvages et des instructions en territoire palestinien. C’est une manière bien subtile de signifier à la communauté internationale, aux Etats-Unis surtout, que ce sont les Palestiniens qui freinent la cadence vers la paix. Pour ce faire, il brandissent cette fois l’épouvantail d’un Fatah soudainement devenu infréquentable pour avoir adopté, pour une fois, une stratégie réaliste face à un adversaire intransigeant. Longtemps désigné comme un partenaire crédible par Israël sans pour autant lui faire de « cadeau », le Fatah de Mahmoud Abbas a choisi cette fois la voie de la raison. Et cela ne plaît pas à Israël qui surfait allègrement sur l’extrémisme du Hamas pour justifier ses dépassements et reporter à plus tard les négociations. En face, le Fatah, qui a chèrement payé ses accointances infructueuses avec les travaillistes, la droite et maintenant l’extrême droite israélienne, ne veut plus servir de faire-valoir à une paix chimérique.

Realpolitik

En s’engageant à « libérer la Palestine » pour laquelle il a été créé, le Fatah fait d’une pierre deux coups. Il coupe d’abord l’herbe sous le pied du Hamas qui revendique le monopole de la « résistance » et entend reprendre son aura perdue de mouvement de libération. Ensuite, il signifie à l’Etat hébreu que le temps des louvoiements est révolu et que désormais, le Fatah ne signera plus de chèque en blanc à des gouvernements israéliens qui se suivent et se ressemblent dans la spoliation des droits nationaux des Palestiniens. La plateforme politique du mouvement, adoptée samedi, confirme ce changement de cap. Le Fatah rappelle ainsi « son attachement à l’option d’une paix juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la résistance contre l’occupation, conformément à la loi internationale ». Il indique aussi que « le Fatah reste fidèle aux martyrs et prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés » palestiniens. « Nous refusons de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif afin de protéger les droits des réfugiés ainsi que ceux des Palestiniens de l’autre côté de la ‘ligne verte’ » entre Israël et la Cisjordanie, stipule ce texte en référence à près de 1,3 million de citoyens arabes d’Israël. Que le Hamas critique sévèrement les résolutions adoptées par le Fatah est un signe que ce dernier lui a peut-être ravi son fonds de commerce politique.

http://www.elwatan.com/Israel-agite...

publié par PNN

http://french.pnn.ps/index.php?opti...

note : C. Léostic, Afps

Une jérémiade

publié le lundi 10 août 2009

Uri Avnery, le 1er août 2009

— Lettre de Uri Avnery à Dov Yermiya —

Je pense qu’il est important de faire partager la déclaration d’un homme de votre qualité à ceux qui, dans notre camp, passent des nuits sans sommeil à s’inquiéter de la situation de notre État.

CHER DOV YERMIYA

J’ai reçu la lettre alarmiste que vous avez récemment adressée à un petit nombre d’amis. Vous peignez la réalité israélienne sous un jour sombre – mais vrai – et vous concluez en coupant vos liens avec elle.

« Par conséquent moi, sabra de 95 ans (né Juif israélien) qui ai labouré ses champs, planté ses arbres, construit une maison et engendré des fils, des petits fils et des arrière petits fils, qui ai aussi versé mon sang dans le combat pour la fondation de l’État d’Israël,

« déclare ici que je renonce à ma foi dans le sionisme qui a failli, que je ne serai pas loyal à l’État juif fasciste et à ses conceptions démentielles, que je ne chanterai plus son hymne nationaliste, que je ne me mettrai au garde à vous que lors des jours de deuil pour ceux qui sont tombés des deux côtés au cours des guerres, et que je regarde, le cœur brisé, un Israël en train de se suicider et les trois générations de descendants que j’y ai nourris et élevés. »

DEPUIS la première fois que je vous ai rencontré, Dov, il y a quelques cinquante ans, je vous ai toujours considéré comme le sel de la terre. Vous êtes né dans un village, fils de fermier, vous avez combattu au cours de la guerre de 1948 et êtes devenu par la suite colonel de l’armée, un homme modeste, une personne morale de chaque fibre de son être.

Lors de la première guerre du Liban, vous avez révélé les atrocités commises contre les réfugiés palestiniens dans la région de Tyr et de Sidon et votre courageux rapport ne m’a pas moins choqué que ceux sur le massacre de Sabra et Shatila. Vous n’avez pas hésité à rompre le silence, comme le font maintenant les jeunes gens de “Rompre le Silence” tout à fait conscient que vos pairs dans le corps des officiers allaient vous excommunier.

Vous êtes un homme de cœur, Dov. Voilà pourquoi vos propos m’inquiètent tant.

Je pense qu’il est important de faire partager la déclaration d’un homme de votre qualité à ceux qui, dans notre camp, passent des nuits sans sommeil à s’inquiéter de la situation de notre État.

VOUS COMMENCEZ votre lettre en citant les fondateurs du mouvement sioniste.

« Si Herzl pouvait revenir à la vie et voir ce que sont en train de faire ceux qui se réclament du sionisme, il s’enfuirait immédiatement, attristé et scandalisé, pour retourner dans sa tombe. Chaim Weizmann ferait de même ainsi que la plupart des pionniers, les pères et les mères de ma génération. C’étaient des gens de conscience et de moralité, animés par la conviction que les êtres humains sont bons et honnêtes. »

La plupart de vos violentes accusations concernent le traitement qu’inflige Israël aux Palestiniens. « Et ainsi, pendant 42 années, Israël a fait un gigantesque camp de détention de ce qui aurait du être la Palestine, et il y tient tout un peuple prisonnier, soumis à un régime oppressif et cruel, avec pour seul objectif de prendre aux Palestiniens leur pays, quoi qu’il en advienne !!!

« Les Forces Israéliennes de Défense neutralisent vigoureusement leurs tentatives de rébellion, avec le concours actif de voyous des colonies, par les moyens brutaux d’un apartheid compliqué et d’un blocus scandaleux, de harcèlement inhumain des malades et des femmes prêtes à accoucher, la destruction de leur économie et le vol de leurs meilleures terres et de leur eau.

« Sur tout cela flotte le pavillon noir de l’effrayant mépris pour la vie et le sang des Palestiniens. On ne pardonnera jamais à Israël le terrible tribut du sang répandu, et en particulier le sang des enfants, dans des proportions à faire dresser les cheveux sur la tête. »

Mais je pense que le terrible désespoir qu’expriment vos propos a aussi d’autres racines, C’est un sentiment qui trouble le cœur de beaucoup de gens de votre génération et de la mienne, le sentiment « qu’ils ont volé notre État », qu’il n’y a rien de commun entre l’État dont nous avons rêvé, pour lequel nous avons combattu et la chose qui en a pris la place.

QUAND JE pense à notre jeunesse, à la vôtre et à la mienne, une scène n’est jamais éloignée de mon esprit : le festival Dalia de 1947.

Des dizaines de milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes étaient assis sur la pente d’une colline dans l’amphithéâtre naturel voisin du kibboutz Dalia sur le mont Carmel. C’était apparemment un festival de danses folkloriques, mais c’était en réalité beaucoup plus que cela – une grande célébration de la nouvelle culture hébraïque que nous étions alors en train de créer dans le pays et dans laquelle les danses folkloriques jouaient un rôle important. Les groupes de danseurs venaient principalement des kibboutzim et des mouvements de jeunesse, et les danses étaient des créations hébraïques originales entremêlées de danses russes, polonaises, yéménites et hassidiques. Un groupe d’Arabes dansaient la Debka avec enthousiasme, dansant, dansant et dansant encore.

Au milieu de la fête, les hauts parleurs annoncèrent que des membres de la commission d’enquête des Nations Unies qui avait été envoyée pour décider de l’avenir du pays se joignaient à nous. Lorsque nous les vîmes entrer dans l’amphithéâtre, les dizaines de milliers de participants se mirent spontanément debout pour chanter la « Hatikva »,l’hymne national, avec une sainte ferveur que répercutaient les montagnes environnantes.

Nous ne savions pas alors que, six mois plus tard, la grande guerre hébraïco-arabe allait éclater – notre guerre d’indépendance et leur Nakba. Je pense que la majorité des 6.000 jeunes gens qui sont tombés de notre côté au cours de cette guerre, et aussi les milliers qui ont été blessés – comme vous et moi – étaient présents à ce moment-là à Dalia, se regardant les uns les autres et chantant ensemble.

À quel État pensions-nous alors ? Quel État nous apprêtions-nous à créer ?

Qu’est-il arrivé à la société hébraïque, à la culture hébraïque, à la moralité hébraïque dont nous étions alors si fiers ?

OUI, NOUS avons créé un État. Comme le dit la vieille chanson : « Sur le champ de bataille se dresse maintenant une ville ». Nous avons amené des millions de gens dans ce pays. À partir d’une communauté de 650.000 personnes, nous sommes devenus une population de 7,5 millions. Une quatrième et une cinquième génération parlent l’hébreu comme langue maternelle. Notre économie est importante et forte, même en ces temps de crise. Dans plusieurs domaines, nous sommes au premier rang de l’activité humaine.

Mais est-ce là la société, est-ce là l’État que nous avions en vue le jour où il fut établi ? Est-ce là l’armée à laquelle nous avons, vous et moi, prêté serment d’allégeance le jour où elle a été créée ?

Avions-nous rêvé de cette société corrompue, une société sans compassion où une poignée de très riches vivent des ressources du pays, avec une foule de politiciens, de gens des médias et autres laquais rampant dans la poussière à leurs pieds ?

Avions-nous rêvé d’un État qui est un ghetto isolé et tenu à l’écart dans la région, traitant avec arrogance et opprimant un ghetto palestinien à l’intérieur de ce ghetto ?

Il y eut des jours où nous pouvions nous lever n’importe où dans le monde pour déclarer « Je suis israélien” » Personne ne peut plus le faire aujourd’hui. Le nom d’Israël est devenu de la boue. Depuis la guerre de Gaza au cours de laquelle notre armée a versé du plomb en fusion sur des hommes, des femmes et des enfants, beaucoup d’Israéliens évitent de parler hébreu dans les rues de villes étrangères et les Forces de Défense d’Israël ont ordonné que les visages de quelques uns de ses officiers – ceux dont le grade est équivalent au vôtre – soit voilés sur les photos publiées dans les médias.

POURQUOI CELA EST-IL arrivé ? Quand cela est-il arrivé ?

Mon objectif n’est pas d’entamer avec vous une discussion sur les éléments fondamentaux du sionisme, tant positifs que négatifs. Nous ne serions pas nécessairement d’accord. Je n’entrerai pas non plus dans la question de savoir si tout a vraiment commencé en 1967, avec la victoire enivrante et corruptrice ou si les graines du désastre avaient été semées plus tôt. Il y a une chose sur laquelle je suis entièrement d’accord avec vous : sur le fait que le pas fatal a été franchi alors, au lendemain de cette guerre, lorsque nous avions le choix entre l’or resplendissant de la paix et le vil métal de l’annexion et que nous avons tendu les mains vers ce dernier.

Ma conscience personnelle est pure. Je suis fier d’avoir été du petit nombre dans le pays et le seul à la Knesset à avoir proposé au cours même de la guerre de restituer les territoires occupés au peuple palestinien pour leur permettre d’établir leur État. Cette occasion unique a été manquée, comme vous l’indiquez dans votre lettre, à cause de l’avidité des fondateurs du mouvement de colonisation, les champions d’un Grand Israël.

À partir de ce moment, les choses se sont déroulées, comme dans une tragédie grecque, jusqu’au stade où nous nous trouvons maintenant, avec une bande composée de colons, de racistes, de nationalistes, de zélotes messianiques et de fascistes ordinaires aux commandes de l’État, faisant de la Knesset un cirque, sapant la Cour Suprême, pervertissant l’armée, imposant des lois religieuses obscurantistes, confiant les finances publiques à des hommes d’affaires incontrôlables, polluant le système d’éducation par un endoctrinement nationaliste primaire, persécutant les pauvres demandeurs d’asile, opprimant la minorité nationale et préparant des attaques militaires qui vont répandre la mort et la destruction dans des populations civiles.

Voilà l’État que vous détestez. Je n’ai aucun différend avec vous là-dessus.

Voilà l’État dont vous désespérez. Là-dessus je suis en désaccord avec vous.

VOUS PORTEZ le nom du prophète qui est le plus cher à mon cœur. Yirmiyahu, le prophète de la colère qui cria “Quel malheur pour moi, ma mère, que tu m’aies mis au monde ! Pour tout le pays, je ne suis qu’un homme contesté… tout le monde me maudit !” (Jér. 15, 10)

Mais Jérémie n’était pas seulement un accusateur, il était aussi quelqu’un qui soigne : « Tu auras à déraciner et à renverser, à détruire et à démolir, mais aussi à reconstruire et à replanter. » (Jér. 1, 10)

Vous, Dov, vous avez trop investi dans cet État pour lui tourner le dos dans un mouvement de colère et de désespoir. Le slogan le plus ressassé et le plus éculé en Israël exprime aussi une vérité : « Nous n’avons pas d’autre État ! »

D’autres États dans le monde ont sombré dans les profondeurs de la perversion et commis des crimes indicibles, bien au-delà de nos pires péchés, et sont quand même revenus dans la communauté des nations et ont sauvé leur âme.

Nous et tous les membres de notre génération qui avons participé à la création de cet État portons pour cela une lourde responsabilité. Une responsabilité envers notre progéniture, envers ceux qui sont opprimés par cet État, envers le monde entier. Cette responsabilité, nous ne pouvons pas nous en dégager.

Même à votre âge respectable, et précisément à cause de cet âge et à cause de ce que vous représentez, vous devez être une boussole pour les jeunes et leur dire : Cet État vous appartient et vous pouvez le changer, ne laissez pas les naufrageurs nationalistes vous en déposséder !

C’est vrai, il y a 61 ans nous pensions à un autre État. Maintenant, après que notre État est tombé là où il est aujourd’hui, nous devons nous souvenir de cet autre État et rappeler à chacun, tous les jours, ce à quoi cet État aurait du ressembler, ce à quoi il peut ressembler et ne pas laisser notre vision s’évanouir comme un rêve. Prêtons nos épaules à chaque effort pour réparer et soigner !

Vous avez proclamé le message de Jérémie, le prophète de la colère. Je vous supplie de proclamer aussi Jérémie, le prophète de l’espoir !

Article écrit le 1er aout 2009, publié sur le site de Gush Shalom, en hébreu et en anglais – Traduit de l’anglais « A Jeremiad »pour l’AFPS : FL

SIX REMARQUES SUR LE CONGRÈS DU FATAH

Par Zuheir Andraos, Arabs48
lundi 10 août 2009, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,

- 1) Plus de deux mille ans après la naissance du Christ à Bethléem, la ville abrite aujourd'hui l'accouchement par césarienne du nouveau Fatah et sa transformation de mouvement de libération de la Palestine en parti du pouvoir.

A notre avis, l'opération va produire une créature anormale. Il suffit de se rappeler le discours inaugural de Mahmoud Abbas dans lequel la lutte armée a été remplacée par la résistance populaire telle qu'énoncée par "la légalité internationale". En conséquence, et en toute logique, on peut se poser les questions suivantes : pouvons-nous continuer à considérer le Fatah comme le mouvement de libération de la Palestine ? depuis quand un mouvement de libération nationale annule-t-il la lutte armée pour chasser l'envahisseur ? et pour revenir à la légalité internationale, si une telle chose existe encore, rappelons-nous qu'elle énonce textuellement le droit des peuples qui sont soumis à une occupation illégale à lutter contre l'occupant jusqu'à la fin de l'occupation.. Le problème c'est que, 54 ans après le premier coup de feu de la révolution palestinienne, nous ne sommes arrivés à rien et même pire, au lieu de chasser l'occupant nous sommes devenus ses amis. Et pendant ce temps, tout au long des années et des décennies, l'occupant a poursuivi ses crimes, son implantation sur la terre de Palestine par tous les moyens, à preuve le pillage des terres par les colons en Cisjordanie et dans Jérusalem occupée, pillage encouragé par tous les gouvernements israéliens sans exception. Nous pouvons donc confirmer que nous sommes en présence de la première révolution dans le monde qui commence par la lutte armée et termine par la résistance populaire sans avoir réalisé quoi que ce soit de matériel ou d'immatériel sur le terrain.

- 2) Le peuple palestinien peut désormais entrer dans le Guinness Book. Il a réussi, sous une direction politique "rationnelle, réfléchie et pragmatique", à devenir le premier, et peut-être le dernier, peuple dépourvu d'État mais pourvu de deux gouvernements, l'un à Gaza et l'autre à Ramallah. Le sixième congrès du Fatah qui s'est tenu au bout de ...vingt ans après le cinquième, est venu diviser ce qui était déjà divisé, partager ce qui était déjà partagé et consacrer le fait accompli. On peut dire sans exagération que le congrès a morcelé le peuple palestinien entre Gaza, la Cisjordanie, les camps de réfugiés, les prisonniers, les martyrs, les blessés et réduit à la portion congrue les Palestiniens qui sont toujours sur leur terre, les Arabes de l'intérieur comme on les appelle, ou les Palestiniens de 48.

En outre, le congrès a annoncé au monde entier que le Fatah est désormais le parti du pouvoir, ni plus ni moins, qui se conforme à l'agenda préétabli en coordination avec les Israéliens et les Américains. Pour ce qui est de la démocratie dont Monsieur Abbas s'est montré si fier dans son discours de 6.290 mots qui a duré deux heures et demi, elle s'est illustrée dans les discussions très chaudes sur les problèmes qui se sont accumulés pendant vingt ans, qui avaient parfois un caractère personnel et qui concernaient entre autres des transactions ayant pour objet un siège au comité central ou un autre au conseil de la révolution, à un tel point que les agents de la garde rapprochée du président Abbas, dont le mandat s'est terminé en janvier dernier, se sont permis de tabasser les congressistes qui ont osé s'exprimer, parmi lesquels Toufic el Tirawi, ex-chef des renseignements militaires de l'autorité abassienne (voir l'émission Hissad al Youm de la chaîne Al Jazeera du 05/08/09).

- 3) Il n'est pas question de mettre en doute qui que ce soit parmi les cadres du Fatah qui sont entrés sur les domaines de l'autorité incomplète de Ramallah avec des autorisations israéliennes, après étude et analyse minutieuses des services de sécurité (Shabak), d'autant que nombreux d'entre eux ont sacrifié à la révolution palestinienne, quand elle existait, le meilleur de leur vie, car ce mouvement avait rassemblé et continue de rassembler dans ses rangs des milliers de militants et de patriotes prêts à tout pour la cause de leur peuple.

Mais on ne peut pas non plus passer sous silence les déclarations gouvernementales israéliennes selon lesquelles les autorités d'occupation, tant au niveau sécuritaire que politique, ont fait tout leur possible pour assurer le succès du sixième congrès du Fatah dans Bethléhem occupée.

On se rappelle par ailleurs, en toute objectivité et transparence, que le secrétaire général du FPLP, Abou Ali Moustafa, était également rentré dans son pays et sur sa terre avec une autorisation israélienne, sauf que l'occupant lui avait permis de rentrer dans sa patrie pour l'assassiner sur les ordres du ministre travailliste de la Guerre de l'époque (août 2002), Beniamin ben Elizer, à la suite du bombardement aérien de son bureau à Ramallah. Ce qui montre bien la différence de traitement entre les personnes acceptées par l'État hébreu, tels les "nouveaux Palestiniens", et les véritables militants qui sont restés convaincus jusqu'à leur dernier souffle que la lutte armée est la seule voie pour la libération de la terre et des hommes et l'établissement d'un État palestinien laïc et démocratique.

- 4) Monsieur Abbas a mentionné dans son discours "la période tunisienne a été très importante et nous a permis de profiter dans ce pays cher à notre coeur de l'expérience de nos frères en matière de réalisme, dans le cadre de l'école politique de Habib Bourguiba et de son successeur Zein el Abidine Ben Ali". Certes, nous avons beaucoup appris des deux leaders tunisiens, nous avons appris par exemple du président Ben Ali comment on transforme un État en une basse-cour privée. C'est ainsi que la constitution a été modifiée pour permettre au président tunisien d'obtenir un mandat supplémentaire. De manière générale, les élections dans le monde arabe constituent une manipulation à visage découvert sous la forme d'un virus qui "tue" des dizaines de millions d'Arabes au nom de la "démodictature" importée de l'occident. En ce qui concerne le réalisme de Bourguiba, on se demande ce qu'il a apporté au peuple palestinien. Le réalisme politique consiste-t-il à négocier avec l'occupant pour obtenir un État et réaliser le rêve d'autodétermination du peuple palestinien ?

L'école réaliste exige-t-elle qu'on annule toutes les formes de résistance armée et qu'on qualifie d'absurdes les missiles de la résistance ?

Ou consiste-t-elle à faire confiance à la politique impérialiste des États-Unis et à compter, comme le fait Abbas, sur Obama qui a promis la solution des deux États ?

Abbas, qui se prend pour un fin politicien, ferait-il semblant d'oublier que le précédent président américain avait promis la même chose ?

Comment peut-il ignorer que cette même administration s'est contentée d'exprimer ses regrets lorsque deux familles palestiniennes de Jérusalem ont été expulsées de leur maison dans le quartier de Sheih Jarrah, pour laisser la place à des colons dans le cadre d'une politique de nettoyage ethnique délibérée de Al Quds ?

- 5) Monsieur Abbas s'est remémoré la Nakba et rappelé la Naksa, mais il a délibérément "oublié" de reconnaître que les accords d'Oslo, qu'il présidait avec certains de ses proches, ont été source de misère pour le peuple palestinien ; il a aussi omis de mentionner que ces accords ont réussi à cumuler les méfaits de la Nakba et de la Naksa ; comme il s'est abstenu de raconter que les négociations secrètes avec les Israéliens, préalables à Oslo, se sont déroulées derrière le dos des leaders arabes, qu'il a pourtant couvert de louanges dans son discours "historique". Il aurait mieux fait de déclarer officiellement la mort et l'enterrement des accords d'Oslo au bout de 16 ans, au lieu de rappeler le plan de paix américain appelé feuille de route en se vantant des avancées palestiniennes dans son application. Rappelons que le premier paragraphe de cette feuille de route énonce textuellement que l'autorité d'Oslo est dans l'obligation de supprimer le "terrorisme palestinien", ce qui nous donne peut-être la clé du mystère des rafles et emprisonnements et tortures jusqu'à la mort par des méthodes dignes des services de renseignements israéliens, des combattants palestiniens dans les geôles de l'Autorité. Et c'est peut-être en application de cette feuille de route que Abbas a refusé de relâcher les membres de Hamas emprisonnés par l'Autorité, pour permettre aux cadres du Fatah de Gaza de se rendre au congrès.

- 6) Le président de l'Autorité a volontairement omis de mentionner les Palestiniens de 48 en tant que partie intégrante du peuple palestinien. Cette posture dangereuse montre bien que Abbas considère que nos positions "extrémistes" en tant que Palestiniens de 48, nuisent à la solution du problème palestinien. De plus, elle est dans la droite ligne israélienne officielle qui nous considère comme un ramassis de tribus et de confessions. En fait, Abbas a déclaré au monde entier et à la face des députés arabes de la Knesset qui ont participé à l'inauguration du congrès (Mohammad Barakeh, Talab el Saneh et Ahmad al Tibi), la rupture officielle avec les Palestiniens de l'intérieur. Il est donc temps d'affirmer, pour ceux qui ont oublié ou fait semblant d'oublier, que le mouvement national palestinien, et plus précisément l'organisation de libération de la Palestine, a adopté depuis les accords d'Oslo, une stratégie fautive qui impose aux Palestiniens de 48 d'accepter tous les accords négociés avec l'État hébreu, notamment les accords d'Oslo qui les ont exclus comme ils ont exclu l'ensemble des réfugiés. La preuve la plus évidente en est que les négociateurs d'Oslo ont accepté la condition israélienne de ne pas libérer les prisonniers politiques de l'intérieur sur le fondement qu'ils sont des citoyens traîtres à leur nation accusés de collusion avec l'ennemi, qui est depuis devenu un ami, en temps de guerre. De plus, les Palestiniens de 48 continuent, jusqu'ici, à faire l'objet d'une marginalisation totale par rapport à la solution du problème palestinien, en raison, entre autres, de l'incapacité regrettable de certains dirigeants arabes de l'intérieur qui se sont abstenus, pour des raisons objectives ou personnelles, de participer à la construction de la décision nationale palestinienne, en dépit du fait qu'ils sont aussi des victimes de la Nakba..

Il est temps pour les partis et dirigeants de l'intérieur de revoir la notion de participation à l'élaboration de la solution du problème palestinien. En réponse à cette marginalisation, nous disons à Monsieur Abbas, au Fatah, aux Arabes et aux autres, que nous n'avons besoin ni de certificat d'affiliation ni d'acceptation de personne pour continuer à faire partie de la nation arabe et du peuple palestinien. Et nous affirmons à tous ceux qui veulent l'entendre que nous sommes nés en Palestine et que nous demeurons attachés à notre appartenance à notre peuple et que nous refusons de devenir les Arabes d'Israël et que ni le Fatah, ni l'Autorité incomplète, ni l'OLP ne peuvent compter, comme ils l'ont fait jusqu'à présent sur notre accord implicite dans aucune négociation faite en notre nom.

Conclusion : Puisque Monsieur Abbas a mentionné dans son discours le président Gamal Abdel Nasser, rappelons-lui la célèbre déclaration du regretté président egyptien : "Les peuples qui transigent avec l'impérialisme au sujet de leur liberté ratifient en même temps leur contrat d'esclavage".

Source : arabe 48