jeudi 5 novembre 2009

Israël étend son contrôle sur les ressources naturelles des Palestiniens

Montréal, le 4 novembre 2009 –

L’occupation et l’exploitation illégales des territoires palestiniens par Israël se font largement au détriment du droit d’accès des Palestiniens aux ressources naturelles présentes sur leur territoire. Dans un rapport circonstancié déposé le 27 octobre 2009, Amnistie Internationale accuse l’État israélien d’empêcher les Palestiniens d’accéder aux ressources d’eau potable en exerçant « un contrôle total sur les ressources communes et en menant des politiques discriminatoires ». Outre ces limitations abusives au niveau de l’accès à l’eau, les Palestiniens se voient également dépossédés de leurs terres et, partant, de leur moyen de subsistance. Chaque année, les paysans perdent ainsi des quantités importantes de fruits et de légumes, des têtes de bétail et des pâturages, de même que les revenus qu’ils peuvent en retirer.

Les chiffres évoqués dans le plus récent rapport d’Amnistie sont révélateurs: Israël accapare plus de 80 % de l'eau provenant de l'aquifère de montagne, principale source souterraine en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, mais limite à seulement 20 % la consommation des Palestiniens. Or, cette source d’eau est la seule disponible pour les Palestiniens de Cisjordanie, alors qu’Israël peut compter sur plusieurs sources d’approvisionnement et se réserve toute l’eau disponible du Jourdain. Les Israéliens consomment plus de 300 litres d’eau par personne et par jour, soit quatre fois plus que les maigres 70 litres des Palestiniens, une quantité nettement inférieure aux 100 litres recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« L’accès à l’eau potable est un enjeu stratégique de taille dans les relations israélo-palestiniennes et un puissant levier politique », rappelle Tom Woodley, le président de CJPMO. « Les restrictions imposées par Israël, notamment par l’annexion de nombreux points d’eau palestiniens avec la construction illégale du Mur, créent une situation particulièrement choquante dans laquelle des colons israéliens, établis en Cisjordanie en violation du droit international, bénéficient d’une abondance quasi illimitée en eau potable alors que leurs voisins palestiniens peinent à pourvoir à leurs besoins les plus primaires ».
Le droit d’accès des Palestiniens à leurs terres cultivées est également bafoué par l’occupation israélienne, particulièrement en ce qui a trait à la production des olives, activité agricole au coeur de l’économie palestinienne. La semaine dernière fut particulièrement difficile pour les cueilleurs d’olives de la région de Naplouse qui, tentant de se rendre à leurs oliveraies, ont été accueillis par un blocage israélien et interdit d’accès par les soldats parce qu’ils n’avaient pas obtenu le permis nécessaire. Cette loi injuste et discriminatoire avait pourtant été passée seulement trois jours avant le début de la cueillette et ce, à l’insu de la population locale. La situation est d’autant plus tragique que la vente des produits issus de la cueillette des olives représente 25 à 50 % du revenu annuel d’une famille de paysans.
On estime que dans plusieurs parties de la Cisjordanie, jusqu’à 80 pour cent des Palestiniens ayant des terres de l’autre côté du Mur n’obtiennent pas de permis de la part des autorités israéliennes, et sont donc dans l’impossibilité de cultiver leurs champs. « L’occupation israélienne prive les Palestiniens de leurs droits fondamentaux les plus élémentaires, tant le droit au développement, le droit à la souveraineté sur leurs ressources naturelles, voire le simple droit à l’alimentation », conclut Woodley.
À propos de CJPMO – Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient (CJPMO) est une organisation séculaire, sans but lucratif, regroupant des hommes et des femmes d’horizons divers qui oeuvrent pour que la paix et la justice renaissent au Moyen-Orient. Elle a pour vocation de responsabiliser les personnes d’influence à traiter les protagonistes avec équité et à favoriser l’essor durable et équilibré de la région.

Pour plus d’informations, contactez Grace Batchoun au 514-745-8491 ou grace.batchoun@cjpme.org.

Canadiens pour la Justice et Paix au Moyen-Orient www.cjpme.org

Le droit international à l’épreuve d’un massacre

jeudi 5 novembre 2009 - 06h:24

Pierre Barbancey
L’Humanité

Malgré toutes ses tentatives et le soutien que lui ont apporté les États-Unis et les pays de l’UE, Israël n’a pu éviter que le rapport de la commission présidée par le juge Richard Goldstone soit présenté devant l’Assemblée générale de l’ONU. La résolution qui pourrait être votée 
à cette occasion ne serait certes pas contraignante 
mais accroîtrait très certainement la pression sur Tel-Aviv.

À quoi sert de dénoncer les atteintes aux droits 
de l’homme ou les crimes de guerre aux quatre coins de la planète si ces préceptes sont immédiatement oubliés dès lors qu’il s’agit d’Israël  ? À cet égard, Barack Obama ne fait pas montre de grande originalité  : il se comporte comme ses prédécesseurs, refusant toute sanction contre Israël. Ce n’est pas pour rien que Washington 
est toujours incapable d’imposer le moindre mécanisme de reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens 
ou d’empêcher la poursuite de la colonisation. 


Le comportement de la France n’est guère plus brillant. Il est vrai que son ambassadeur en Israël, Christophe Bigot, a déclaré, sans être rappelé à l’ordre par l’Élysée  : « J’ai du mal à croire que des soldats israéliens aient tué délibérément des civils palestiniens. Nous savons tous comment l’armée israélienne opère à Gaza. Nous savons bien que ce n’est pas le cas » (sic).

Côté israélien, alors que le gouvernement Netanyahou refuse de diligenter une véritable enquête sur le comportement de ses troupes à Gaza, l’historien Zeev Sternhell, dans un article publié par le quotidien Haaretz, 
a bien cerné le problème. « Plus le temps passe, plus l’aspect légal sera évité, et plus ce sera la dimension morale du rapport qui sera gravée dans notre conscience et celle du monde. » Si un pays peut tuer plus de 1 400 personnes, principalement des civils, sans avoir à rendre de comptes à la justice des hommes, alors ne nous étonnons pas si des massacres du même type sont perpétrés dans les prochaines années.

4 novembre 2009 - Le web de L’Humanité

Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.humanite.fr/2009-11-04_I...

Multiplication des dépôts de plainte contre les criminels de guerre israéliens

mardi 3 novembre 2009 - 20h:09

Mel Frykberg - IPS

Alors que les implications juridiques et morales du rapport du juge Goldstone concernant l’agression militaire d’Israël contre Gaza continuent à se développer, les Palestiniens de Gaza prennent les choses en main et préparent des poursuites judiciaires.

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Des colonnes de fumée s’élèvent au-dessus de Rafah après des frappes aériennes. Tous les moyens possibles ont été déployés par Israël pour s’attaquer à la population civile dans Gaza - Photo : AFP

Le service juridique du ministère de la défense israélien a reçu environ 1500 avis de procès civils à venir contre l’armée israélienne suites aux dommages causés aux Palestiniens et à leurs biens pendant l’opération « Cast Lead », nom de code donné par Israël à son attaque qui a duré trois semaines sur le territoire côtier.

Israël devrait répliquer en affirmant qu’il se battait sur un territoire étranger et donc qu’il ne porte aucune responsabilité juridique à la suite de sa campagne de bombardements intensifs.

Toutefois, en vertu du droit international, le territoire de Gaza est toujours considéré comme occupé par Israël car les autorités israéliennes continuent à contrôler les frontières, l’espace aérien, les côtes, l’enregistrement de la population, et les approvisionnement en électricité et en eau.

L’armée israélienne a également établi des zones tampon à l’intérieur des frontières de Gaza et interdit aux agriculteurs palestiniens de s’approcher de leurs terres agricoles situées dans les zones tampon. Un certain nombre de Palestiniens ont été tués ou blessés pour avoir pénétré dans ces zones.

En outre, la marine israélienne empêche les pêcheurs palestiniens de gagner leur subsistance le long du littoral de Gaza en limitant la pêche dans une zone de trois miles nautiques. Plusieurs pêcheurs ont été tués, plusieurs autres blessés, et des dizaines de bateaux ont été détournés ou détruits pour s’être avancés au-delà de cette limite [et dans d’autres cas même en l’ayant respectée... N.d.T].

Tandis que le rapport des Nations Unies sur les crimes de guerre à Gaza, réalisé sous la responsabilité du juge Richard Goldstone d’Afrique du Sud, continue de gagner en légitimité internationale, les habitants de Gaza à l’origine des poursuites civiles - qui comprennent des revendications se montant à des dizaines de millions de dollars - lancent leur action sans attendre le verdict final des Nations Unies.

Le rapport Goldstone devrait être discuté à l’Assemblée générale de l’ONU cette semaine.

Ce n’est pas la première fois que les Palestiniens ont intenté des poursuites contre les militaires israéliens. Il y a eu des précédents au cours de la première et deuxième Intifadas [ou soulèvements] où des Palestiniens ont obtenu une compensation financière pour les blessures subies lors d’affrontements avec l’armée israélienne.

En raison de ces précédents, la Knesset - le parlement israélien - travaille sur l’élaboration d’une nouvelle loi qui limitera considérablement les poursuites judiciaires pouvant être lancées par des Palestiniens contre l’État. Seules des plaintes exceptionnelles sur des questions humanitaires seront examinées.

En même temps que les habitants de Gaza se préparent à prendre des initiatives sur le plan juridique, des avocats des droits de l’homme et des militants pro-palestiniens dans un certain nombre de pays européens préparent des listes avec les noms des officiers israéliens qu’ils disent être impliqués dans des crimes de guerre à Gaza.

Les avocats ont recueilli des témoignages palestiniens ainsi que d’autres preuves. La législation dans un certain nombre de pays européens permettrait que des mandats d’arrêt soient lancés contre les officiers en cause au cas où ils mettent le pied dans ces pays, qui comprennent la Grande-Bretagne, la Hollande, l’Espagne, la Belgique et la Norvège.

Daniel Machover, l’un des avocats en question, a déclaré au quotidien israélien Haaretz qu’une liste de noms d’officiers israéliens était déjà paux mains de la police britannique et qu’en cas de voyage en Grande-Bretagne, ils pourraient se retrouver en détention.

L’armée israélienne a déjà informé les officiers israéliens concernés de consulter des experts juridiques au ministère israélien des Affaires étrangères pour obtenir des conseils avant de voyager à l’étranger. Ces conseils recommandent notamment de garder un profil bas dans certains pays et d’en éviter d’autres.

Le rapport Goldstone a renforcé les arguments des avocats européens ainsi que la préparation des procès intentés par les habitants de Gaza, et il a aussi poussé le ministère israélien des Affaires étrangères à prendre des mesures en conséquence.

Pour contrer le rapport Goldstone, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé mardi la création d’une équipe spéciale comprenant le Procureur général Menachem Mazuz et le procureur militaire général Avihai Mandelblit ainsi que le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères.

Nétanyahou a promis qu’aucun soldat ou officier israélien ne sera amené devant une commission d’enquête, mais la réaction israélienne semble trop faible et trop tardive.

Gabriela Shalev, ambassadeur d’Israël au Nations Unies, a averti mercredi que les dommages causés à Israël à l’étranger ne disparaîtraient pas, même si Israël menait une enquête indépendante sur la guerre comme il est conseillé par la communauté internationale.

« Il ne s’agit pas ici de questions juridiques et nous ne devrions pas nous leurrer en imaginant que le rapport va disparaître si nous lançons une enquête », dit Shalev au cours d’un débat tenu à l’institut de la démocratie en Israël.

« Nous assistons à un mouvement montant et insidieux contre l’État d’Israël, du genre que nous n’avons pas vu depuis de nombreuses années », a-t-elle ajouté.

Le Docteur Samir Awad de l’Université de Birzeit, près de Ramallah, estime que même si Israël suit les conseils de ses alliés et mène une enquête sur la guerre de Gaza afin de minimiser les critiques internationales, sa réputation s’est dégradée de façon irréversible.

« La seule façon possible de réduire les dommages à la réputation d’Israël serait pour Israël d’entamer de véritables et sérieuses négociations de paix avec les Palestiniens, et encore je ne pense pas que cela réussirait à contrer la crédibilité du rapport Goldstone, » a déclaré Awad à IPS .

« Le dommage a été fait », reconnaît le professeur Moshe Maoz de l’Université hébraïque de Jérusalem. « Les informations sont partout dans le monde. Même si Israël arrive avec une contre-rapport et une enquête indépendante crédible, tout ce que cela ferait c’est de réduire les retombées », a déclaré Maoz à IPS.

2 novembre 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Info-Palestine.net

Il est temps d’admettre qui sont les véritables victimes

mercredi 4 novembre 2009 - 06h:19

Jerusalem Post
The Palestine Telegraph

Auschwitz, les agneaux allant à l’abattoir. Vous vous rappelez de nous, le peuple de l’Holocauste ? Ce n’est pas la superpuissance du Moyen-Orient que vous avez vu combattre à Gaza. C’était les six millions.

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Netanyahu évoquant Auschwitz à la tribune de l’ONU le 24 septembre 2009 - Photo : Reuters


Le rapport en nombre de morts est de 1 à 100, en notre faveur. S’agissant des destructions, c’est beaucoup, beaucoup plus. A ce jour, des milliers de Gazaouis vivent dans des tentes parce que nous ne leur permettons pas de faire venir le ciment pour reconstruire les maisons que nous avons démolies. Nous avons fait de la bande de Gaza une zone sinistrée, une question humanitaire, et nous la maintenons en l’état avec notre blocus.

Pendant ce temps, ici, du côté israélien de la frontière, nous n’arrivons pas à nous rappeler quand la vie a été aussi tranquille et sécurisée.

Alors décidons : qui ont été les victimes de l’opération Plomb durci, eux ou nous ?

La question ne se pose pas, c’est nous. Nous, les Israéliens, nous avons été les victimes et nous le sommes toujours. En réalité, notre état de victime ne fait qu’empirer de jour en jour. Le rapport Goldstone est le véritable crime de guerre. Le rapport Goldstone, les débats aux Nations unies, Amnesty International, Human Rights Watch, la Croix-Rouge, B’Tselem, les soldats traîtres de Briser le Silence et l’Académie des Rabins - tous sont les vrais crimes contre l’humanité. C’est cela qu’on entend par « la guerre est un enfer ».

C’est nous qui avons traversé l’enfer de la guerre à Gaza. C’est nous qui avons souffert.

Les Gazaouis ? Ils souffrent ? Mais de quoi parlez-vous tous ?

Nous leur permettons de manger, non ?


Ce monologue imaginaire montre en réalité comment nous nous voyons aujourd’hui. Nous avons lancé la guerre à Gaza, nous avons déclanché l’une des campagnes militaires les plus inégales qu’on puisse connaître, mais nous sommes les victimes.

Nous nous battons contre le monde avec l’Holocauste ; à preuve les propos du Premier ministre Binyamin Netanyahu à l’ONU sur Auschwitz. Et son protégé, le ministre des Finances, Yuval Steinitz, qui promet : « Nous n’irons pas à l’abattoir comme des agneaux une fois encore, » lors d’une discussion au cabinet à propos du rapport Goldstone.

Auschwitz, les agneaux allant à l’abattoir, l’opération Plomb durci. Pour les Israéliens aujourd’hui, tout cela forme un tout, une seule histoire, l’héritage ininterrompu d’une vertueuse position de victime.

La vérité c’est que l’Etat d’Israël n’a jamais été une victime, et le fait que nous nous assimilions aux six millions a été gênant dès le début - mais maintenant ? Après ce que nous avons fait à Gaza ? Avec la mainmise que nous avons sur cette société, alors que nous vivons ici libres et tranquilles ?

Des victimes ? Des agneaux à l’abattoir ? Nous ?

Non, et c’est devenu bien plus que gênant, c’est absolument honteux.

Et malgré nos excuses, il n’est pas vrai que nous soyons « traumatisés » par le passé dans la conviction que nous sommes toujours des juifs faibles, apeurés, impuissants, sur le point d’être conduits aux chambres à gaz. Beaucoup de survivants de l’Holocauste gardent cette conviction, et dans une proportion très limitée, ce vestige de peur occupe encore l’esprit israélien.

Mais maintenant, 64 ans après l’Holocauste, 42 ans après avoir vu avec la guerre des Six Jours à quel point nous étions devenus forts, nous savons, que nous nous l’avouions ou pas, que nous ne sommes plus les victimes. Nous savons que nous ne sommes pas la continuité des six millions mais au contraire qu’on s’en éloigne délibérément, purement et simplement.

LA RAISON pour laquelle nous nous disons et que nous disons au monde que nous sommes les victimes, c’est parce que nous savons, que nous en convenions ou pas, que l’état de victime représente un pouvoir. L’état de victime c’est la liberté. On ne peut pas demander à une victime de se contenir. Une victime qui se bat pour sa survie ne peut être accusée d’abuser de son pouvoir puisque après tout, elle a le dos au mur, elle est désespérée.

Au vu des faits, il est très difficile de nous convaincre nous-mêmes, et à fortiori de convaincre les autres, que Gaza et ses Qassams avaient mis la forteresse Israël le dos au mur, que nous étions désespérés, que nous combattions pour survivre. Aussi, pour se convaincre et pour convaincre le monde qu’il en était vraiment ainsi, nous faisons deux choses.

Un, nous refusons de reconnaître le moindre fait qui contredise cette image qui nous montre comme des victimes et, au contraire, nous ressassons encore et encore tout ce qui est conforme à cette image.

Nous parlons uniquement des milliers de Qassams qui furent lancées sur Sderot ; nous ne mentionnons jamais les milliers de Gazaouis que nous avons assassinés dans le même temps.

Nous parlons uniquement de Gilad Shalit ; nous ne mentionnons jamais les 8 000 Palestiniens que nous retenons prisonniers.

Nous ne parlons jamais de notre blocus que nous maintenons sur Gaza, ni des ravages qu’il provoque dans sa population.

La seconde chose que nous faisons pour nous convaincre et pour convaincre le monde que nous sommes toujours les victimes, c’est de ne jamais, au grand jamais, sortir de l’Holocauste - parce que c’est là que nous avons vraiment été des victimes. Des victimes comme personne n’en a jamais eues, des victimes un million de fois pire que les Gazaouis.

Auschwitz, les agneaux allant à l’abattoir. Vous vous rappelez de nous, le peuple de l’Holocauste ? Ce n’est pas la superpuissance du Moyen-Orient que vous avez vu combattre à Gaza.

C’était les six millions.

Alors, vous ne pouvez pas nous blâmer. Nous sommes immunisés contre vos critiques. Nous sommes les plus grandes victimes que le monde ait jamais connues. Nous sommes désespérés, alors ne nous parlez pas de ratios sur le nombre de tués, ni d’usage disproportionné de la force, ni de punition collective. Nous combattons pour notre survie.

C’est ce que nous nous disons à nous-mêmes et que nous disons au monde, et, vu ce que nous avons fait et que nous faisons toujours à Gaza, c’est devenu intolérable. Non, nous ne sommes pas les 6 millions. Les 6 millions était des juifs impuissants, il y a de cela trois générations ; nous ne pouvons pas enrober nos abus de pouvoir de leur tragédie.

Au lieu de cela, jetons un regard, un vrai regard critique sur ce que nous avons fait et faisons toujours à faire à Gaza. Jetons un vrai regard critique dans la glace. Et avouons alors qui est la véritable victime, ici et maintenant.

Et plus important encore, qui ne l’est pas.

1er novembre 2009 - The Palestine Telegraph - traduction : JPP

Les colonies sont un terreau fertile pour le terrorisme

jeudi 5 novembre 2009 - 06h:19

Gideon Levy
Ha’aretz

La parade des bien-pensants s’est ébranlée dimanche soir. Ils ont décrit Yaakov Teitel comme un « élément étranger », une « pomme pourrie » et une « épine sauvage ». Même s’il a agi seul, s’il a parlé et halluciné en anglais, même s’il est mentalement perturbé comme l’a prétendu son avocat, cela ne change rien au fait que ce Jack l’Eventreur venant de la colonie cisjordanienne de Shvout Rachel - contrairement à son prédécesseur londonien - a agi sur un terreau des plus fertiles.

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L’organisation juive Mishmeret Yesha entraîne ses membres à combattre les Palestiniens qui se révoltent contre la spoliation de leurs terres par les colons. Mishmeret Yesha ne reconnaît aucun droit aux Palestiniens. Sur cette image, des membres de l’organisation terroriste s’entraînent dans une école de la colonie d’Yitzhar.

Oui, les colonies et en particulier les avant-postes illégaux où Teitel vivait et avait ses armes, de même que la colonie kahaniste de Kfar Tapuah où il a fait ses débuts, ce sont vraiment des endroits pour de dangereux fêlés comme lui. C’est leur refuge, là où ils peuvent cacher des armes sans être embêtés et partir pour des expéditions haineuses et meurtrières sans être vus.

Ce n’est pas une coïncidence : jamais un terroriste ou un tueur n’est sorti de La Paix Maintenant, de Gush Shalom ou de Yesh Gvoul. Par contre, avec l’aide de dieu, nous avons déjà vu deux terroristes assassins issus de Shvout Rachel. Jamais un gauchiste n’a appelé à la mort de quelqu’un qui n’était pas d’accord avec lui - c’est quelque chose que nous devons toujours nous rappeler quand nous parlons de gauche et de droite.

Bien sûr, nous devons prendre nos distances de tout le groupe des colons qui ne cessent de répandre ces métastases. Quand une colonie est issue d’une faute, le péché de la terre volée, le fusil reste au repos pendant le premier acte, l’acte de confiscation illégale de la terre. Mais vous pouvez être sûr qu’il y aura toujours quelqu’un pour presser la détente durant l’acte final.

N’importe qui n’est pas un Teitel, et il est clair que tout colon n’est pas un tueur. Mais aucune équipe d’investigation spéciale n’a été constituée quand une expédition meurtrière s’est mise en route il y a quelques semaines, laissant une oliveraie rasée. L’erreur fatale de Teitel fut de se tourner vers d’autres juifs. S’il s’était contenté d’actes meurtriers contre la population palestinienne, jamais il n’aurait été pris.

Teitel avait une vision du monde organisée, panoramique. Mort aux arabes, aux homosexuels, aux chrétiens, aux gauchistes et aux juifs messianiques. Tous étaient des « sodomites » impurifiables. Teitel a mis à prix leur tête à chacun, tout comme l’ont fait d’autres de ses amis colons. La différence est que les autres mettaient à prix la tête des seuls Palestiniens, si bien que personne ne se préoccupait de les arrêter. Teitel était tout aussi « déséquilibré » que ses compagnons. Et du reste, est-ce qu’un terroriste palestinien a jamais été déclaré « déséquilibré » ? Le Shin Beth a-t-il jamais utilisé l’expression « a agi seul » pour justifier des folies meurtrières ininterrompues et non résolues pendant toute une décennie, commises par un Palestinien solitaire ?

Aujourd’hui chacun hoche la tête. Les colons prétendront « ne rien avoir à faire avec tout cela », ils lèveront les yeux au ciel et clameront bien vite de rudes et creuses dénonciations. Le Shin Beth et la police brandiront le drapeau de la victoire pour montrer qu’ils ne lésinent pas avec les colons, et la Belle au bois dormant qu’est la gauche continuera à se draper de complaisance. Mais il y a d’autres Teitel qui se baladent dans ce pays d’occupation et de négligence, et aussi longtemps qu’ils ne porteront pas la main sur d’autres juifs, personne ne leur demandera des comptes - et même cela pourrait bien changer.

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2 novembre 2009 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Marie Meert

La fin du « tout est permis » ?

jeudi 5 novembre 2009 - 06h:21

As’ad AbuKhalil - Al Jazeera

Un Etat qui a déclaré avec arrogance être une « lumière pour les nations » est devenu un symbole d’agression, de crimes de guerre, et de discrimination ethnique et religieuse, écrit As’ad Abu Khalil.

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10 janvier - Manifestation à Barcelone contre les crimes israéliens à Gaza - Photo : AP

Plus de 60 années après avoir été fondé en lieu et place d’une nation existante, Israël fait face à d’inhabituelles circonstances.

Cet Etat a amassé un énorme arsenal d’armes de destruction massive et a construit un appareil militaire impressionnant (en grande partie grâce à des soutiens extérieurs venus d’abord de France puis des États-Unis). Il a aussi remporté des guerres successives contre les régimes arabes.

Pourtant, Israël fait face à de nombreux défis politiques et même existentiels. Un Etat qui a déclaré avec arrogance être une « lumière pour les nations » est devenu un symbole d’agression, de crimes de guerre, et de discrimination ethnique et religieuse.

Un Etat qui a toujours bénéficié du soutien américain pour maintenir sa supériorité militaire sur les régimes arabes a été humilié par quelques centaines de jeunes combattants sur le champ de bataille du sud-Liban en 2006.

Un Etat qui se vante depuis des décennies des compétences et de la supériorité de son appareil de renseignement, a loupé une tentative d’assassinat contre Khaled Mishaal, le dirigeant du Hamas, et ont enlevé un agriculteur libanais en 2006 parce que son nom était Hasan Nasrallah (et il a fallu des « experts » israéliens et plusieurs jours pour réaliser que ce n’était « pas le bon » Hasan Nasrallah).

Un Etat qui a signé des traités de paix avec plusieurs régimes arabes et qui entretient des relations secrètes avec beaucoup d’autres, reste haï par le public arabe et musulman.

Il semble que plus Israël devient fort, plus il devient impuissant à faire changer son statut dans la région.

L’opinion dans le monde a changé

Le rapport Goldstone n’a fait qu’ajouter aux problèmes d’Israël.

Israël a d’abord compté sur les États-Unis pour couvrir ses crimes de guerre et les Etats-Unis se sont toujours précipités, que ce soit au Nations Unies ou au Congrès, pour sauver Israël de la condamnation et la honte.

Les États-Unis ont le plus souvent utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies au bénéfice d’Israël.

Israël a compris, en particulier depuis la Guerre froide, qu’il pouvait toujours compter sur son allié américain pour le sauver de poursuites internationales pour crimes de guerre, pouvant en particulier venir de la Cour pénale internationale (CPI).

Mais Israël est également conscient que l’opinion publique à l’égard d’Israël a changé partout dans le monde. Même le gouvernement turc (un allié stratégique clé depuis des décennies) a été obligé de prendre ses distances, en grande partie pour répondre aux pressions de son opinion publique.

L’opinion publique dans les pays européens a changé en faveur des Palestiniens, même dans les pays - comme l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark - où le soutien fanatique à Israël a été une constante politique de la part des gouvernements depuis des dizaines d’années.

Les votes concernant Israël à l’Assemblée générale des Nations Unies sont tout à fait indicatif. Année après année, Israël se retrouve dans un petit groupe qui comprend les États-Unis, les Îles Marshall et la Micronésie. Le reste du monde est de l’autre côté, bien que certains alliés européens des Etats-Unis s’abstiennent souvent de voter par peur de mesures de rétorsion.

Erreur de calcul

Quand Israël a demandé l’aide des États-Unis, l’administration de Barack Obama, le président américain, a cru que la question serait simple.

Mahmoud Abbas, le président palestinien, ne peut refuser aucune demande venue des États-Unis, peu importe l’humiliation imposée. Ainsi, M. Abbas a succombé aux pressions américaines et a demandé à son ambassadeur à Genève d’écarter tout débat sur le rapport Goldstone au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Les Etats-Unis (et le régime d’Abbas, ironie du sort) ont fait un mauvais calcul. Ils ne se rendaient pas compte qu’il y avait des limites que même la direction du Fatah ne pouvait franchir. Mais, il était trop tard pour inverser la tendance : Le gouvernement israélien a dû choisir entre permettre à la discussion d’aller de l’avant ou saper la crédibilité - ou le peu qu’il en reste - du régime d’Oslo de Ramallah.

Et Israël est confronté à d’autres dilemmes sur cette question. Il peut insister en disant que le rapport est partial, mais cette fois il ne peut pas accuser son auteur d’antisémitisme. On ne peut pas accuser Goldstone de sympathiser avec l’islam ou l’intégrisme islamique. Le juge, comme sa fille en a informé les médias israéliens, est un sioniste qui se soucie Israël, mais les preuves de crimes de guerre ont été écrasantes.

Le gouvernement israélien ne peut pas recourir à la propagande avec les clichés utilisés pendant des décennies au complet mépris des lois et du droit au niveau international.

Les États-Unis ne devrait pas pouvoir tirer Israël d’affaire cette fois-ci, car de nombreux pays ont vu de leurs yeux les scènes de l’agression brutale contre Gaza et sa population civile.

Un nouveau cadre moral

Israël sait aussi qu’il y a un nouveau cadre moral qui émerge au niveau international : un cadre qui a produit la CPI, aussi faible qu’elle puisse encore être.

La capacité d’Israël à lancer des guerres et des invasions, sans aucun égard pour le droit international ou la moindre morale de base sera plus limitée dans le temps, même si le soutien américain à Israël reste constant.

L’Union Européenne a fait avancer l’idée d’une intervention internationale au nom d’une morale internationale dans les cas où des crimes de guerre se produisent, surtout s’ils se répètent sur une même modèle sur toute une période.

Il est possible que la sauvagerie des attaques israéliennes sur le Liban en 2006 et sur Gaza en 2008, puissent être plus difficile à renouveler dans l’avenir, ce qui ne fera qu’aggraver la situation problématique d’Israël, un État qui a toujours considéré que seule la force brute peut résoudre ses problèmes.

Israël prétend (comme les États-Unis) qu’aucun organisme international n’a le droit d’enquêter, de lancer des poursuites ou de juger sa conduite de la guerre parce qu’elle est une « démocratie ».

Cette ligne de défense a une faible résonance aujourd’hui, et pas seulement parce que le racisme de l’Etat d’Israël (qui se manifeste à plusieurs niveaux : au gouvernement et dans le discours officiel) est plus visible, mais aussi parce que la conduite de la guerre israélienne ne se distingue pas de celle des régimes les plus brutaux. Israël ne peut pas non plus faire valoir d’enquêtes internes crédibles sur le comportement de ses forces armées.

Des champs de bataille aux tribunaux

Il est peu probable que la défaite du projet sioniste qui se passera dans la façon dont les Arabes ont espéré depuis des décennies. Toutefois, il est possible - surtout si les États-Unis perdent leur suprématie internationale - qu’Israël puisse être forcé de reconnaître les aspirations politiques fondamentales des Palestiniens, et même leur droit au retour, sur injonction de la communauté internationale.

Les options israélienne options, excepté les invasions et les bombardements brutaux, sont en nombre plutôt limité.

L’ironie de la situation est que l’influence d’Israël n’a pas grandi en même temps que sa puissance militaire, et sa puissance militaire n’a pas réussi à faire une brèche dans le rejet populaire d’Israël dans la région.

De toute évidence, les Arabes - du moins la populaire à défaut des régimes - ne sont toujours pas prêts à accepter les diktats israéliens et les « faits accomplis sur le terrain ».

Il est possible que la prochaine phase du conflit israélo-arabe puisse se déplacer du champ de bataille vers les organisations internationales et les tribunaux. Dans un tel cadre, la supériorité militaire israélienne est plutôt obsolète.

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As’ad AbuKhalil

* As’ad AbuKhalil est professeur en sciences politiques à la « California State University, Stanislas », et auteur du blog Angry Arab

4 novembre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction : Nazim


Mechaal : les interventions étrangères empêchent la réalisation de tout consensus national

[ 04/11/2009 - 14:23 ]
Damas - CPI

Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal s'est réuni, le lundi 2/11, à Damas, avec les représentants d'une haute délégation britannique, regroupant des députés de la chambre des communes britannique, dans le cadre des efforts européens déployés pour bien entamer des contacts avec le Hamas et comprendre de prés sa position stratégique.

Les membres de la délégation britannique ont affirmé qu'il est impossible d'isoler le Hamas de la scène politique palestinienne, surtout qu'il représente la légitimité du peuple palestinien, et après les derniers résultats des élections législatives, où le Hamas a remporté la majorité écrasante de ces élections démocratiques et transparentes, tout en confirmant leur solidarité et soutien aux droits palestiniens, appelant à briser le blocus injuste et soulager les souffrances du peuple palestinien et surtout les réfugiés palestiniens pour qu'ils puissent retourner à leurs maisons et foyers confisqués par l'occupation.

La délégation britannique a examiné situation très difficile des réfugiés palestiniens, sur les frontières entre la Syrie et L'Iraq.

De son côté, Khaled Mechaal a grandement estimé la position de la délégation britannique, en expliquant la position et la vision de son mouvement, au moment où il a fortement critiqué le non engagement humanitaire pour reconstruire la Bande de Gaza et secourir ses habitants totalement sinistrés à cause de la guerre sauvage sioniste et le blocus très suffoquant qui dure depuis plus de 3 ans consécutifs, en exigeant une solution immédiate et adéquate pour sauver les réfugiés palestiniens sur les frontières syriennes et iraquiennes.

En appellent la communauté internationale à presser sur l'occupation israélienne pour la réalisation des droits légaux palestiniens, le respect de la volonté et le choix libre du peuple palestinien et ses droits nationaux, démocratiques, ainsi que l'acceptation des résultats concrets, Mechaal a souligné que les interventions étrangères continuent d'empêcher la réalisation de toute réconciliation palestinienne.

La direction de la prison de Nafha interdit aux familles des captifs de rendre visite à leurs fils

[ 04/11/2009 - 18:16 ]
Naplouse – CPI

Le club du captif palestinien a déclaré, le mercredi 4/11, que la direction de la prison de Nafha a pris des mesures oppressives contre les captifs palestiniens en interdisant les visites de leurs familles durant le dimanche, lundi et jeudi prochain.

Le club a dit que ce pas vient dans le cadre d'une réaction après le refus, hier, des captifs de manger durant 3 repas pour protester contre la politique des fouilles nocturnes contre eux et pour demander l'amélioration de leurs situations.

Il a ajouté que la direction de cette prison a transféré certains détenus à des cellules individuelles dans la prison d'Ashkelon.

Le club a souligné que le mouvement du captif étudie plusieurs pas pour répondre à cette mesure agressive sioniste, en affirmant qu'il refuse les demandes de la direction et qu'il est capable de reprendre ses droits selon les lois et chartes internationales.

“Cette accalmie ne durera pas”

Palestine - 05-11-2009
Par Leila Khaled
Leila Khaled est interviewée par Jon Elmer pour IPS.
Leila Khaled est devenue une icone de la lutte palestinienne en 1969, lorsqu’à 24 ans, elle faisait partie du dispositif du Front Populaire de Libération de la Palestine qui a planifié le détournement d’un Boeing 707, le premier d’une série d’actions d’envergure destinées à mettre les Palestiniens sur la carte politique. Elle faisait partie du groupe qui a détourné le vol TWA Los Angeles-Tel Aviv en 1969 après être monté dans l’avion pendant une escale à Rome et l’avoir contraint à se rendre à Damas, où ils ont fait évacuer les 116 personnes présentes à bord du Boeing qu’ils ont fait ensuite sauter.

Elle a participé ensuite à une tentative de détournement d’un vol El Al Amsterdam-New York l’année suivante, mais a été arrêtée et remise à la police britannique après que le vol soit dérouté sur Londres. Elle a été libérée le 1er octobre 1970 lors d’un échange de prison de prisonniers.

"Héroïne de la guérilla”, comme l’a appelé le Time Magazine en 1970, Khaled a été chassée de sa maison d’Haifa lors de la création d’Israël. Elle est restée un dirigeant de premier plan de la gauche palestinienne, et une porte-parole déterminée de la lutte pour les droits palestiniens. Elle répond aux questions d’IPS depuis sa maison, à Amman.


IPS : Peut-être pouvons-nous commencer par le Rapport Goldstone sur l’invasion à Gaza, et en particulier sur les retombées politiques du rôle de Mahmoud Abbas dans le retard du débat sur le rapport à Genève.

Leila Khaled : Nous avons déclaré que c’était une erreur politique – une grosse erreur. Ce n’est pas seulement une erreur tactique. Nous avons demandé une enquête complète. Qui a donné les ordres de report du débat ? C’est un rapport des Nations Unies. Il a fallu des mois pour le finaliser. Nous aurions dû l’accepter directement, parce qu’il dénonce l’invasion et tous les actes qui en ont résulté – au point qu’Israël devrait être présenté devant la Cour Pénale Internationale pour inculper les criminels de guerre, que ce soit au niveau politique ou militaire.


IPS : Quelle est votre réaction à l’invasion de Gaza en général ?

LK : Ce n’est pas nouveau. Ce n’est pas la première fois. Mais aujourd’hui, nous avons une opportunité d’inculper les criminels de guerre.


IPS : Au sujet du conflit entre le Fatah et le Hamas, quelle est votre réaction sur ce qui s’est passé à Gaza en 2007, mais aussi sur ce qui s’est passé en Cisjordanie sous Fayyad et Abbas ?

LK : C’est une situation très grave, parce que les Palestiniens sont toujours sous occupation. Notre peuple est sous siège à Gaza. A Ramallah, l’Autorité Palestinienne n’a aucune souveraineté, ni sur la terre ni sur les frontières. Les Israéliens continuent de confisquer les terres, de démolir les maisons, d’arrêter les gens n’importe quand et n’importe où.

Une division entre Palestiniens, d’un point de vue politique, entrave notre capacité à relever tous ces défis des Israéliens. Nous et d’autres appelons à la réconciliation entre ces deux factions parce que la division ne va pas dans l’intérêt de notre peuple. Elle a affaibli les Palestiniens vis-à-vis d’Israël, et elle a aussi affaibli la solidarité avec les droits humains palestiniens au niveau international.

Nous la considérons comme une catastrophe.


IPS : Pensez-vous que l’élection du Hamas en 2006 lui a donné la légitimité de traiter la contestation à Gaza d’Abbas et de Dahlan et le projet israélien de le renverser ? Chaque bord accuse l’autre de coup d’Etat. Qu’en pensez-vous ?

LK : Nous ne pensons pas que le Hamas ait utilisé sa légitimité de la bonne façon. Ils ont eu la majorité aux élections, mais ils n’auraient pas dû aller jusqu’à résoudre les contradictions entre eux et le Fatah par les armes. Cela n’a rien amélioré pour les Palestiniens. Gaza est toujours sous siège. Et pendant ce temps, ils ont laissé l’Autorité Palestinienne faire ce qu’elle voulait en Cisjordanie.

Ils auraient pu se servir du dialogue et de davantage de discussions sur les différents problèmes, les négociations. Cela aurait montré à la société que nous sommes un peuple démocratique. Dans notre histoire, nous avons toujours eu des divergences, des visions différentes, mais n’avons jamais eu recours aux armes. La contradiction principale est avec l’occupation, pas entre nous.


IPS : Le général U.S. Keith Dayton entraîne une force palestinienne de sécurité qui vise ouvertement le Hamas, mais aussi le Front Populaire. Comment voyez-vous ces contradictions à la lumière de cette situation ?

LK : Le plan Dayton met sur pied un appareil non pas pour défendre notre peuple, mais pour empêcher notre peuple de résister. Ce qui veut dire non seulement l’entraînement, mais aussi la traque de toutes les cellules de la résistance – de toutes les factions, pas seulement le Hamas. Pendant ce temps, tous les jours, Israël entre dans les villes, arrête les gens, les assassine.

Au lieu de cela, l’Autorité Palestinienne devrait renforcer ceux qui sont prêts à résister. Malheureusement, c’est l’une des principales contradictions au niveau palestinien : l’Autorité Palestinienne, le gouvernement, ou l’appareil sécuritaire ou la police sont construits selon la vision Dayton, et non au bénéfice de notre peuple.


IPS : Comment voyez-vous la prochaine intifada qui se profile ? Avec le mur encerclant les communautés palestiniennes, avec les forces de sécurité entraînées par Dayton, beaucoup en Cisjordanie voient que toute forme de résistance à Israël se heurte à ce projet. Est-ce la création d’un paradigme où la prochaine intifada serait contre l’Autorité Palestinienne ?

LK : Toute intifada a ses raisons objectives. La situation n’est pas suffisamment mûre pour une troisième intifada, avec toute cette pression contre notre peuple, qu’elle vienne du côté palestinien ou du côté israélien.

Les gens se sont rendus compte qu’après la première et la deuxième intifada, ils avaient fait beaucoup de sacrifices, celui de leurs familles, de leurs maisons, de leurs enfants, qu’ils soient martyrs ou prisonniers. Nous avons actuellement 11.000 prisonniers dans les prisons israéliennes. Derrière eux, il y a 11.000 familles.

Je pense que nous devons commencer par mettre fin à cette division. Cela donnera plus de pouvoir à notre peuple. Nous avons vu, au moment de l’invasion de Gaza, que les manifestations étaient réprimées par la police palestinienne, pas par la police israélienne.

Je ne pense pourtant pas qu’une intifada soit proche.


IPS : Où en est le Front Populaire en particulier et la gauche en général, en ce moment, en particulier dans la division entre le Hamas et le Fatah ? La gauche est à l’évidence à un de ses niveaux le plus bas dans l’histoire du mouvement national.

LK : Je pense que les Accords d’Oslo ont été un tournant dans la lutte palestinienne. Une partie de notre peuple en Palestine a soutenu les négociations avec les Israéliens. Ils pensaient qu’ils leur apporteraient l’indépendance, un Etat national. Mais après des années (à ne rien obtenir), les gens ont réalisé qu’ils ne leur apportaient rien. C’est la raison pour laquelle la deuxième intifada a éclaté.

La gauche a été affectée par ce qui s’est passé, et elle est affaiblie par ses divisions. Nous avons essayé pendant des années de bâtir un seul front de gauche, pas en tant que parti, mais comme un front avec un programme politique et une résistance unifiés.

Nous avons le sentiment que si nous réussissions, cela créerait une troisième ligne. Dans les médias, on n’entend parler que du Fatah et du Hamas, mais en fait, ce n’est pas comme ça. Et ça affaiblit la situation toute entière.

Au sujet du Front Populaire, il fait face à de nombreux défis. Notre secrétaire général, Abu Ali Mustafa, a été assassiné. Ahmed Sa’adat est en prison. Beaucoup de nos cadres ont été arrêtés. Beaucoup ont été tués par les Israéliens. Des centaines de nos cadres et membres sont en prison. Tout ceci affaiblit le Front Populaire.


IPS : J’ai discuté de cette question avec le secrétaire général Ahmed Sa'adat en 2003. Il m’a parlé d’Israël se servant de l’intifada pour se centrer immédiatement sur le FPLP, pour casser les reins de l’organisation par les assassinats et les arrestations. Non seulement parce qu’il voyait le FPLP comme une menace historique, mais aussi parce qu’il avait été tellement affaibli par le climat politique tout au long des années 1990 – tant localement que globalement.

LK : Abu Ali Mustafa a été assassiné parce qu’il a déclaré que le FPLP était là pour résister et pas pour compromettre nos droits. Ca, les Israéliens l’ont très bien compris. Ce fut la première fois que les Israéliens ont assassiné une personnalité politique comme Abu Ali Mustafa.

Les Israéliens savaient très bien que le FPLP était dans une position de résistance. Qu’il avait son programme de résistance, ce qui signifiait qu’ils n’allaient pas chercher à négocier. Ils savaient que soit en assassinant, soit en arrêtant la direction, ils affaibliraient le FPLP, et ils l’ont fait. Mais nous pouvons aussi nous reconstruire, et nous avons encore beaucoup à faire.

Mais la situation générale n’est pas, elle non plus, avec la résistance – au niveau palestinien, mais surtout au niveau arabe. Ceci affaiblit la situation globale, pas seulement le Front Populaire.


IPS : Je me demande si nous pouvons parler un peu de la trajectoire de la lutte palestinienne armée : quelles sont les possibilités et les limites de la lutte armée, avec le mur et le paradigme du nouveau ghetto ?

LK : En général, les gens trouvent toujours les moyens de résister. Après 1967, nous avons utilisé les détournements d’avion. Puis notre peuple s’est servi des pierres pour exprimer sa résistance, puis ce qu’on appelle les attentats-suicide, qui ont cessé. Puis les roquettes depuis Gaza, parce que les Israéliens sont partis et qu’il y avait de nouveaux espaces, alors qu’en Cisjordanie, elle est réduite au silence.

Vous avez utilisé le terme de « ghetto » - oui, nos villes sont comme des ghettos aujourd’hui. Elles sont encerclées par des colonies, par le mur, à toutes les entrées des villes, nous avons des checkpoints.

Mais les gens trouveront les moyens de leur résistance, auxquels je ne pense pas moi-même. Personne n’avait pensé à une intifada des pierres, que les enfants les utiliseraient eux aussi. Cela a provoqué beaucoup de critiques contre Israël, et davantage de solidarité avec les Palestiniens.

Donc, par tous les moyens. Où il y a occupation, il y a toujours résistance. Chaque fois, cette résistance a sa propre forme et ses propres moyens. Je pense que la situation d’accalmie ne durera pas. Notre peuple a une très longue expérience de lutte et ne peut pas accepter que cette situation perdure. Un jour, ça éclatera à nouveau. De quelle manière, je ne peux le dire. Mais ça viendra.

Chaos à Jérusalem pendant que les politiciens radotent

Palestine - 05-11-2009
Par Mazin Qumsiyeh
Hier, pendant que les politiciens s’excitaient sur des termes comme “ralentissement” ou “retenue » au sujet des activités coloniales illégales, les autorités israéliennes ont continué de démolir des maisons et ont expulsé 30 personnes de Jérusalem. Une pièce dans un immeuble démoli abritait une vieille dame handicapée, ses amis et voisins l’avait aidée à y faire des modifications qui lui facilitaient la vie.























Ce soir, nous avons entendu un rapport plutôt déprimant d’une organisation du quartier Al-Bustan, à Silwan (Jérusalem occupée) où 88 maisons (hébergeant 1.500 personnes, dont 60% d’enfants) vont être détruites pour créer un « Parc Roi David ».

Dans une ville normale, les parcs sont créés pour le bien-être des résidents du coin, pas à des fins de nettoyage ethnique. Il y a à côté suffisamment d’espaces pour créer des parcs, mais les projets d’Israël pour Jérusalem impliquent le nettoyage ethnique de ses habitants arabes pour qu’il ne reste plus rien à négocier et qu’elle devienne une ville juive (la capitale éternelle d’Israël).

Le plan d’ensemble pour la judaïsation de la ville est décrit dans le projet «Jérusalem 2020 ». Après la construction de deux anneaux de colonies autour de Jérusalem (qui seront reliés par des tramways qui feront un réseau de « faits accomplis »), les projets de cet anneau le plus proche des colonies, des parcs, des synagogues et des musées est le plus destructif pour les habitants du secteur. Le fait qu’Israël viole le droit international (les conventions de Genève et les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies) semble ne rencontrer que des protestations étouffées de la « communauté internationale ».

On nous parle d’un gamin de 7 ans dont la mère a remarqué le sac de classe plein à craquer quand il est parti à l’école. A son retour, elle l’a ouvert pour découvrir qu’il était rempli de jouets. Lorsqu’elle lui a demandé pourquoi, il a répondu qu’il avait entendu ses parents parler de l’ordre de démolition qu’ils venaient de recevoir, et il voulait être sûr que lorsqu’il reviendrait de l’école pour trouver sa maison démolie, ses jouets les plus précieux seraient sauvés.

J’ai le cœur brisé pour ces familles. Je suis triste pour les partisans du sionisme qui provoquent tant de douleurs dans notre nouvelle génération d’enfants qui souffrent sous la brutalité de l’Etat colonisateur. Comment parvenir à une réconciliation lorsque 7 millions de personnes ont été transformées en réfugiés ou déplacées, jusqu’à maintenant (en bien plus encore à venir). Le droit international soutient-il la résistance ? Et la résistance est-elle de la seule responsabilité des victimes, ou bien aussi celle de tous les êtres humains dignes, quelles que soient leurs religions ?

Une autre nouvelle nous dit qu’un colon terroriste juif américain, Jack (c’est-à-dire Yaakov) Teitel, responsable d’un crime et de saccages contre des Palestiniens il y a 12 ans (il avait tué Isa Mahrama en 1997 et avait été libéré sans aucune peine de prison) vient d’être arrêté par la police israélienne… parce qu’on le soupçonne d’avoir projeté de cibler des Juifs de gauche et homosexuels !

La vie et les biens palestiniens continuent de ne pas valoir bien cher, sur cette terre impie.

Hamas, ne permets pas qu’une mascarade d’élections ait lieu

Palestine - 04-11-2009
Par Khaled Amayreh
Quiconque écoute Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, ces jours-ci pourrait penser que l’homme est le parangon de la démocratie et de la liberté. Abbas, qui est resté à la tête de l’Autorité Palestinienne en dépit de l’expiration de son mandat, a exhorté les Palestiniens à se préparer à des « élections présidentielles et législatives », qu’il qualifie d’ « impératif constitutionnel ». Toutefois, l’observation plus profonde du comportement d’Abbas montre que le président de l’AP n’est pas vraiment intéressé par la tenue d’élections véritables, libres et honnêtes. Et les actes sont plus éloquents que les mots.

Aujourd’hui, Abbas préside un régime despotique brutal, à un niveau de répression sans précédent depuis le début de l’occupation israélienne de 1967. (photo ci-contre :répression d'une manifestation à Ramallah au début de l'année par les forces de la collaboration).

L’absence de droits humains et de libertés civiques est presque totale, et la primauté de la loi est virtuellement paralysée. Quelques associations de droits de l’homme, auxquelles les citoyens lésés faisaient appel, ont fermé leurs portes, sous la pression semble-t-il des agences de sécurité de l’AP.

Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un jeune enseignant palestinien qui a été viré de son poste par l’appareil sécuritaire pour des raisons encore inconnues et incompréhensibles.

« Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça. Je suis un bon enseignant et j’ai été nommé à ce poste de façon tout-à-fait légale. Tout d’un coup, le chef d’établissement me notifie mon licenciement, pour des raisons non divulguées.»

Cet enseignant, père de trois enfants, dit qu’il soupçonne que la raison principale de son licenciement a à voir avec le fait que certains membres de sa famille ont ouvertement critiqué le régime de l’AP.

En plus de son renvoi, l’AP refuse de lui régler des milliers de dollars de salaires impayés, dont il dit qu’ils l’aideraient à réorganiser sa vie.

Il a fait appel à l’Union Européenne et à d’autres donateurs, pour qu’ils fassent en sorte que l’AP traite ses citoyens avec un semblant de justice, de dignité et de décence. « Ne permettez pas à l’AP de nier à ses propres citoyens leurs droits humains fondamentaux. Ne permettez pas à l’AP de nous opprimer, de nous brutaliser et de nous humilier. »

Ce professeur, qui vit dans la région d’Hébron, dit qu’il envisage d’émigrer en Scandinavie pour échapper à la « tyrannie du Fatah. »

« Je ne fais partie du Hamas, je n’en ai jamais été membre. Je ne suis même pas particulièrement religieux. Pourtant, j’ai été pourchassé et finalement licencié pour aucun autre raison que le fait que certains des membres de ma famille sont religieux. »

« J’ai été enseignant pendant trois ans, et maintenant ils ont décidé de se débarrasser de moi comme d’une vieille paire de chaussettes. Ils ne m’ont même pas payé ce qu’ils me doivent, et qui pourrait m’aider à réorganiser ma vie. Qu’est-ce que je suis censé faire ? Devenir un collaborateur du Shin Beth ? Ou aller chercher du travail dans les colonies juives pour subvenir aux besoins de ma famille ? Ou émigrer en Australie ou au Canada, ou dans tout autre pays ? »

En réalité, cet enseignant, qui est réticent à donner son identité par crainte d’autres représailles, personnifie des centaines de fonctionnaires qui ont été virés de leurs boulots sans cérémonie, sur le soupçon de sympathie avec le Hamas. Leurs tentatives d’en appeler à la justice sont restées sans résultat car l’establishment de l’AP a promulgué des « lois d’exception » statuant que les services de sécurité avaient le droit de licencier tout fonctionnaire sans justifier leur décision.

En d’autres termes, si vous voulez garder votre emploi, vous devez vénérer le gouvernement.

Cette sorte de gouvernement a un nom. C’est purement et simplement un gouvernement fasciste.

L’absence de justice en Cisjordanie va main dans la main avec l’absence de libertés civiles, dont la liberté d’expression.

Aujourd’hui, tout geste d’opposition au régime soutenu par les USA est rapporté aux services de sécurité. Jusqu’à 9.000 personnes, pour la plupart soupçonnées d’avoir des sympathies du Hamas, ont été arrêtées par ces services, en Cisjordanie, depuis 2007.

Beaucoup, ou la plupart, des détenus sont soumis à des tortures physiques et psychologiques. Au moins 10 détenus en sont morts dans les services de police subventionnés par l’argent des contribuables américains et européens.

L’auteur de ces lignes connaît personnellement beaucoup de jeunes gens qui ont été arrêtés et maltraités pour avoir hissé le drapeau vert portant la profession de foi islamique. D’autres ont été soumis à des interrogatoires musclés pour tenter de leur faire dire pour quel parti ils avaient voté lors des élections de janvier 2006.

Dans les collèges partout en Cisjordanie, on a demandé à la moitié de la population estudiantine de donner des informations sur l’autre moitié, ce qui empoisonne l’atmosphère des collèges et crée un climat de défiance parmi les étudiants.

De même, des informateurs de l’AP récemment recrutés dans toute la Cisjordanie ont remplacé, ou plus exactement augmenté les collaborateurs du Shin Beth chargés du « boulot » d’informer sur toute opposition au régime de Ramallah et à l’occupation israélienne. Certains d’entre eux donnent même des informations sur qui fréquentent le plus les mosquées, en particulier ceux qui assistent aux prières de l’aube.

En bref, une véritable atmosphère de police d’Etat virulente prévaut dans toute la Cisjordanie, où les agences de sécurité jouent un rôle dominant.

Dans ces conditions, on peut réellement se demander si des élections libres et honnêtes peuvent avoir lieu.

Il faut être intègre sur cette question, parce que des élections libres requièrent une vraie liberté qui permette aux citoyens de choisir les candidats sans crainte d’être arrêtés, ni d’être soumis à des représailles du gouvernement et de ses services de sécurité.

De plus, comment de véritables élections peuvent-elles être tenues quand un parti, c’est-à-dire le Fatah, est autorisé à faire campagne, alors que l’autre parti, c’est-à-dire le Hamas, est dénié de ce droit ?

Le Hamas peut-il, par exemple, organiser un seul rassemblement en Cisjordanie aujourd’hui ? Y a-t-il la moindre garantie que les services de sécurité de l’AP ne cribleront pas de balles les partisans du Hamas pour clamer ensuite que les Islamistes « tentaient un coup d’Etat contre la légitimité palestinienne » ?

Un autre point : supposons que le Hamas gagne les élections, si et quand des élections vraiment libres auront lieu. Le Fatah en acceptera-t-il le résultat ? Le soi-disant Quartet international (l’ONU, les USA, l’Union européenne et la Russie) acceptera-t-il le résultat ? Le Général Keith Dayton, le dirigeant de facto de la Cisjordanie, et ses patrons et subordonnés accepteront-ils le résultat ? Le Hamas sera-t-il reconnu comme la direction légitime du peuple palestinien ?

Et, plus important, Israël autorisera-t-il le Hamas à prendre part aux élections ? Et l’armée israélienne d’occupation se retiendra-t-elle d’arrêter les candidats du Hamas, au motif que c’est Israël, et non l’AP, qui a le dernier mot au sujet des élections ?

Il faut d’abord répondre à ces interrogations légitimes avant d’organiser des élections.

Si les masses palestiniennes n’obtiennent pas de réponses satisfaisantes à ces questions légitimes et logiques, alors le peuple palestinien revivra la même expérience amère qui a commencé immédiatement après les élections de 2006, où des millions de Palestiniens ont été sévèrement punis pour avoir élu le Hamas.

En vérité, il semble que rien n’a réellement changé depuis, puisque le Quartet continue d’insister pour que le Hamas reconnaisse la « légitimité » d’Israël, même sans reconnaissance israélienne réciproque d’un Etat palestinien.

Le maintien du blocus de la Bande de Gaza, ainsi que le refus d’Israël d’autoriser l’entrée dans la Bande du matériel de construction, sont la preuve que les élections prévues le 24 janvier ne seront pas organisées pour permettre au peuple palestinien de choisir une nouvelle direction, mais plutôt pour se débarrasser du Hamas par des élections frauduleuses.

Hamas ne doit pas permettre que cela se produise

La fin de la propagande sioniste internationale

Monde - 04-11-2009
Par Faouzi Elmir
Blog de Faouzi Elmir : Le Bulletin de l’International.
Il faut d’abord dire quelques mots sur ce que nous entendons par propagande sioniste internationale. Il convient de distinguer entre propagande sioniste internationale et propagande sioniste menée à l’intérieur de l’État d’Israël. Une propagande sioniste internationale est le fait de groupes, de partis politiques, de lobbies juifs et non juifs, de gouvernements comme ceux des États-Unis et de l’Union européenne, etc. Par leur défaitisme, les pays arabes font indirectement de la propagande sioniste internationale. Rappelons qu’une propagande vise des objectifs et nécessite une organisation sophistiquée.

L’objectif de la propagande est la modification de la posture psychologique des individus en vue de l’action ou de prise de position par rapport à un problème donné. Pour atteindre son objectif, la propagande utilise des moyens de communication de masse, les mass medias. Dans nos sociétés capitalistes, ceux qui peuvent faire de la propagande, ce sont les grands groupes capitalistes et les États qui les servent, c’est-à-dire ceux qui détiennent les moyens financiers pour acheter et contrôler les mass medias.

Contrairement aux apparences trompeuses, il n’y a pas plusieurs propagandes dans les sociétés capitalistes, il ne saurait y avoir qu’une seule, la propagande capitaliste. Les « deux partis uniques » qui alternent au pouvoir pour mieux gérer les intérêts du Capital aux États-Unis et en Europe sont élus avec l’aide des mass medias détenues et contrôlées par ce même Capital.

Pour dissiper un dernier malentendu lourd de conséquences, il n’y a aucune différence entre la propagande politique des capitalistes privés et la propagande d’État, car l’une et l’autre concourent à une même fin, créer des individus aliénés et abrutir les masses pour mieux les dominer.

Cela dit, s’il est impossible de mener une contre-propagande à l’intérieur des États, il n’en est pas de même à l’échelle internationale où une propagande politique peut être combattue et neutralisée par une propagande adverse du fait de l’existence de clivages idéologiques entre les États. Par exemple, à l’époque de l’Union soviétique et du bloc socialiste, la propagande capitaliste internationale avait en face d’elle une propagande capable de la contrecarrer.

Pour annihiler les effets d’une propagande adverse, il faut d’abord se doter de moyens humains et matériels équivalents. Il faut ensuite repérer les thèmes centraux de la propagande adverse et les réfuter systématiquement en faisant apparaître leurs visées idéologiques et politiques. Aujourd’hui, grâce à l’internet et aux satellites, la propagande capitaliste et impérialiste mondiale a du plomb dans l’aile et elle commence à être combattue, neutralisée et démasquée comme propagande.

Mais dès lors qu’une propagande a été démasquée comme propagande, elle perd ses effets escomptés. Nous nous trouvons aujourd’hui dans le même cas de figure qu’à l’époque de l’union soviétique et du bloc de l’Est, avec l’émergence d’une contre-propagande menée sur la scène internationale par de nouveaux dirigeants politiques comme le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le président vénézuélien Hugo Chavez, qui n’hésitent pas à se servir des conférences internationales comme tribune politique pour vilipender le sionisme et l’impérialisme. Sans parler d’autres supports d’information indépendants qui ne sont plus tributaires des multinationales de l’information occidentales pour retransmettre leurs propres images, fabriquer leurs propres nouvelles et fournir leurs propres interprétations des faits et des événements. Nous voilà donc à un tournant qui annonce non seulement la fin de la propagande capitaliste, impérialiste et sioniste mais la fin de toutes les propagandes.

LE DESSOUS DE LA PROPAGANDE SIONISTE INTERNATIONALE

Quand on parle de la propagande sioniste internationale, on pense immédiatement et machinalement au lobby israélien aux États-Unis et en Europe. C’est notamment la thèse soutenue en 2006 par John Mearsheimer et Steven Walt, qui considèrent que la politique étrangère américaine au Moyen-Orient est sous influence d’un puissant lobby israélien qui lui imprime ses actions et ses orientations.

Sans nier aucunement l’influence de ce lobby, surtout au congrès et à la Chambre des Représentants, sa puissance a été exagérée volontairement justement par la propagande sioniste internationale elle-même pour faire croire que les juifs sont des hommes super intelligents, dotés d’un QI supérieur aux autres et d’un pouvoir manipulateur hors du commun.

On parle trop souvent du lobby israélien aux États-Unis ou en Europe mais on ne parle pas assez ou pas du tout de tous ces groupes obscurs et de tous ces lobbies non juifs et non sionistes qui exercent discrètement et sournoisement une influence considérable sur les orientations de la politique étrangère américaine et européenne au Moyen-Orient. Les villes américaines sont peuplées de groupes de pression, de think tanks de tous genres, d’institutions, civiles, religieuses, politiques, de centres de recherche politiques, stratégiques et militaires, de fondations comme le NED (National Endownment for Democracy), Fondations Soros, Fondations Rockefeller etc. qui sont des groupements non juifs et non sionistes mais qui font une propagande active et efficace tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des États-Unis en faveur du soutien inconditionnel à l’entité sioniste en Palestine. Le lobby israélien aux USA et en Europe ne représente en fait qu’un petit groupe très minoritaire par rapport à une myriade d’autres groupes non juifs et non sionistes qui agissent dans l’ombre et qui apportent un soutien indéfectible à Israël.

Rappelons par ailleurs que le but de ces groupes non juifs et non sionistes n’est pas franchement l’amour du juif et l'État d’Israël mais la planification et la préparation des prochaines guerres impérialistes au Moyen-Orient. Plus précisément, le travail de ces think tanks non juifs et non sionistes consiste à semer des troubles et à fomenter des conflits au sein des sociétés arabo-musulmanes quand bien même ces dernières représentent un terrain fertile et réceptif à toutes les sollicitations extérieures du fait de leur composition ethnique et religieuse.

Ceux qui mettent en avant ou exagèrent la puissance du lobby israélien cherchent en réalité à détourner les regards du vrai danger qui menace le Moyen-Orient, qui est moins l’entité sioniste que la soldatesque des États-Unis. En se focalisant sur le lobby israélien aux États-Unis, on occulte par ailleurs les vraies motivations de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient qui, rappelons-le au passage, ne sont ni morales, ni religieuses ni éthiques mais la protection des intérêts du capital et des multinationales. Israël représente certes une menace permanente au Moyen-Orient mais ce qui menace le plus cette région, c’est l’impérialisme américain. Le soutien américain inconditionnel n’est pas spécifique au seul État d’Israël, c’est une constance de la politique étrangère américaine que l’on relève dans bien d’autres régions du monde, en Afrique, en Europe ou en Amérique latine.

L’aide apportée par les États unis à leurs alliés est conditionnée comme toujours par leur degré de fidélité et leur coopération directe ou indirecte pour la protection des intérêts des multinationales américaines. Par conséquent, le soutien des États-Unis à l’État d’Israël dépend de la position hautement stratégique qu’occupe l’entité sioniste dans la mise en œuvre de l’hégémonie américaine au Moyen Orient. Ce sont cet enchevêtrement et cette collusion entre les intérêts stratégiques et tactiques des États-Unis et d’Israël qui empêchent de bien discerner les objectifs visés par la propagande impérialiste américaine et ceux de la propagande sioniste internationale.

Essayons de voir par ailleurs de quelle manière la propagande sioniste internationale sert les intérêts du grand capital américain et accessoirement le grand capital européen au Moyen-Orient.

L’existence de l’État sioniste au cœur du Moyen-Orient est d’abord et avant tout une source de conflits et de tensions permanents dans cette région du monde. C’est déjà une affaire juteuse pour les États-Unis et pour l’Europe, ou plus précisément pour les marchands d’armes et le complexe militaro-industriel. À intervalles réguliers, pour pouvoir survivre et maintenir l’unité de ses populations que tout sépare, l’histoire et la géographie, Israël est condamné à faire des guerres et à entretenir des tensions permanentes au Moyen-Orient.

Dans les années 1950, Moshé Dayan a affirmé qu’Israël n’avait pas besoin d’une alliance militaire car il n’est menacé ni par ses voisins arabes ni par les Palestiniens qui n’ont pas d’armes. La grande menace qui pèse sur Israël, dit-il, est le maintien de son unité intérieure et dans ce dessein il fallait sans cesse faire peur aux Israéliens en leur racontant des histoires comme par exemple les Américains et les Anglais sont en train de débarquer dans le désert du Néguev.

Cet aveu de Moshé Dayan confirme le fait que l’État d’Israël n’est pas un État créé pour des juifs européens persécutés et victimes de l’antisémitisme et de l’holocauste, mais comme une simple base militaire occidentale, appelée à jouer le rôle de gendarme et du berger allemand au Moyen-Orient. Ces guerres à répétition sont donc du pain béni pour les marchands d’armes et le complexe militaro-industriel américain et européen. D’ailleurs, si l’État sioniste n’avait pas existé, les marchands d’armes et le complexe militaro-industriel l’aurait inventé. Autrement dit, Israël n’est autre chose qu’un marchepied et un pion au service des marchands d’armes et du complexe militaro-industriel.

Après chaque conflit armé, les marchands d’armes et les représentants du complexe militaro-industriel américain et européen accourent en Israël pour faire le point avec les militaires sionistes sur l’efficacité des armes utilisées contre les populations civiles palestiniennes et libanaises, et cela dans le but de les perfectionner pour les prochaines guerres. Après chaque guerre, les think tanks états-uniens, européens et sionistes se mettent aussitôt au travail pour préparer les prochaines guerres moyen-orientales avec à la clé le futur plan de campagne et le prochain ennemi à abattre. Avec les guerres et les conflits armés au Moyen-Orient, les marchands d’armes et le complexe militaro-industriel font deux coups avec une seule pierre en vendant les armes dernier cri aux Israéliens et les armes défensives ou presque obsolètes aux États arabes voisins.

Naturellement avant chaque guerre, il faut préparer psychologiquement les opinions publiques occidentales grâce à une intense propagande. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, la collusion entre la propagande impérialiste américaine et la propagande sioniste internationale est parfaite et les deux propagandes ont travaillé ensemble, main dans la main et elles ont conjugué leurs efforts pour en finir avec tous les régimes qui faisaient obstacle à l’hégémonie des États-Unis au Moyen-Orient.

La première guerre du Golfe avait déjà été planifiée une dizaine d’années avant, c’est-à-dire après la fin de la guerre Iran-Irak en 1980. Avant le 11 septembre 2001, la propagande impérialiste et la propagande sioniste avaient déjà désigné les futurs ennemis à abattre, les États de l’Axe du mal ou les États voyous (Rogue States), l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord. Pour mener leur propagande guerrière et pour violer psychiquement les opinions publiques occidentales, les marchands d’armes et le complexe militaro-industriel ont fait main basse sur les mass medias aux États-Unis et en Europe. Aux USA, parmi les dix grands groupes de communication, sept sont contrôlés par des marchands d’armes et par le complexe militaro-industriel. Par exemple, General Electric est la maison mère de la chaîne américaine NBC.

Le cas de la France est assez éloquent à cet égard puisque les mass medias sont aujourd’hui contrôlées par deux marchands d’armes, Lagardère et Dassault. La collusion est donc parfaite entre les intérêts du complexe militaro-industriel américano-européen, la propagande sioniste internationale et la propagande impérialiste américaine.

CONTRE-PROPAGANDE ET NEUTRALISATION DE LA PROPAGANDE SIONISTE INTERNATIONALE

La propagande sioniste internationale est fondée sur la suggestion émotionnelle qui a si bien réussi à Hitler pour accéder au pouvoir en Allemagne. La propagande de type émotionnel n’est pas à vrai dire une prérogative des dictatures, car on trouve aux États-Unis et en Europe des techniques similaires visant à exciter l’émotivité et l’impulsivité des individus. Dans le plan de campagne de la propagande sioniste internationale, on trouve une série de fables et de légendes fabriquées pour le besoin de la cause, comme le droit historique des juifs sur la terre de la Palestine et l’holocauste devenu une industrie. L’holocauste, qui est une autre manière d'exciter l’émotivité, a été mis à contribution pour légitimer l’occupation israélienne et pour couvrir les exactions et les atrocités commises à l’égard des populations civiles palestiniennes. (Sur les origines du sionisme, lire cet excellent article de René Castillon. Pour une critique pertinente du droit historique des juifs, voir l’article documenté de Frédéric Courvoisier sur le site Mecanopolis, « L’exil du peuple juif remis en cause ».)

Aujourd’hui, le thème de l’éternelle victimisation du juif est en perte de vitesse et ne fait plus recette. Les crimes à répétition commis par les forces d’occupation sioniste en Palestine et l’extension de la colonisation de la terre palestinienne démasquent jour après jour les mensonges de la propagande sioniste internationale. Quand on parle de la fin de la propagande sioniste, cela veut dire concrètement qu’une propagande adverse, en l’occurrence une propagande antisioniste, fera appel à des données factuelles pour montrer que la propagande sioniste internationale n’est qu’un tissu de mensonges. La propagande antisioniste se doit d’évoquer des faits et des événements réels en évitant la propagande émotionnelle. Pour convaincre, la propagande antisioniste doit diffuser ses propres images, produire ses propres informations et donner ses propres interprétations des faits et des événements. Les multinationales de l’information occidentales n’ont plus aujourd’hui le monopole de la production des images et de l’information et elles ont perdu du coup l’exclusivité dans l’interprétation des faits. Les sources d’information se diversifient et se multiplient en permettant à tout un chacun de confronter des points de vue différents sur la même question.

Aujourd’hui, chacun des protagonistes au Moyen-Orient possède ses propres moyens de propagande par lesquels il s’exprime et combat la propagande adverse. Pendant la première guerre du Golfe, CNN était le seul organe de propagande américano-sioniste. Depuis, CNN a perdu le monopole de la propagande à cause de l’émergence d’une chaîne arabe concurrente, Al-Jazira. Pendant la guerre libanaise de l’été 2006, l’aviation israélienne a bombardé en premier Al-Manar, l’organe de propagande du Hezbollah. Le Hamas palestinien a sa radio et sa télévision. Sous la pression du lobby sioniste en France, le gouvernement français a interdit la diffusion de la chaîneAl Manar.

Durant la guerre sur Gaza, malgré le bouclage et l’interdiction faite aux journalistes étrangers de filmer le massacre et des exactions commis à l’égard des populations civiles palestiniennes, le monde entier a tout de même pu découvrir à travers les images diffusées par la chaîne Al-Jazira, les corps d’enfants palestiniens, déchiquetés et brûlés par les bombes à phosphore. Le monde entier a ainsi pu voir et constater de visu, la sauvagerie et la barbarie sioniste en Palestine. Grâce aux images d'Al-Jazira et d’observateurs étrangers, européens, américains, le monde entier a pu se rendre compte que les victimes d’hier de l’holocauste juif deviennent aujourd’hui à leur tour des bourreaux et des criminels de guerre en commettant massacre après massacre à l’égard les populations civiles palestiniennes. La propagande sioniste internationale ne pouvait rien contre les images diffusées par satellite, car ces images parlent d’elles-mêmes et elles n’ont besoin ni de long discours ni de commentaires. Les membres des ONG et des organisations internationales de défense des droits de l’homme présentes sur place durant la guerre contre Gaza ont tout vu et ils ont filmé les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’armée sioniste dans les territoires occupés. D’ailleurs, pour établir son rapport, la commission Goldstone qui, par ailleurs a été empêchée d’enquêter sur place, a puisé l’essentiel de ses informations dans les reportages et les rapports réalisés par des ONG et des organisations humanitaires indépendantes.

N’ayant plus la maîtrise absolue de la production de l’image et de l’information, la propagande sioniste internationale s’est trouvée désarmée et elle a du coup manqué son objectif, celui de berner et de manipuler, comme par le passé, les opinions publiques occidentales. La mobilisation sans précédent de celles-ci en faveur des Palestiniens et contre Israël durant la guerre de Gaza, une attitude contrastant bizarrement avec les positions pro-sionistes des gouvernements européens, montrent à quel point la propagande sioniste internationale a perdu la guerre de l’image et de l’information et elle s’est démasquée comme propagande.

Les enceintes internationales deviennent de plus en plus un lieu de propagande antisioniste. Au mois de septembre, lors de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations-unies, le colonel Kadhafi, après avoir déchiré la Charte des Nations Unies, a accusé l’organisation onusienne d’avoir fomenté et cautionné 67 guerres depuis sa création et il a réclamé, entre autres, l’ouverture d’une enquête internationale sur le massacre de Sabra et Chatila et l’invasion de la Bande de Gaza en 2008. Les fulminations et diatribes du président vénézuelien Hugo Chavez contre l’impérialisme américain et l’expulsion de l’ambassadeur israélien pendant la guerre de Gaza s’apparentent à une forme de propagande antisioniste. La colère et le départ précipité de Davos en Suisse du premier ministre turc, Regip Taeb Erdogan, suite à des propos prononcés par le président israélien Shimon Peres contre le Hamas palestinien sont une manière personnelle de s’opposer à la propagande sioniste internationale.

Par ailleurs, certains chefs d’États arabes osent aborder la question du nucléaire israélien en brisant un tabou sur la question de l’arme atomique au Moyen-Orient. Le colonel Khadafi a déclaré lors d’une interview diffusée lundi 26 octobre par la chaîne britannique Sky News, que les Égyptiens, les Syriens et les Saoudiens ont le droit de posséder l’arme atomique au même titre qu’Israël. Dans une interview au Sunday Times, le premier ministre turc Erdogan a reproché à l’Occident son acharnement à l’égard du nucléaire iranien alors que les mêmes membres du Conseil de Sécurité qui veulent empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique, possèdent chacun son propre arsenal nucléaire.

Depuis deux décennies, les délégations des États arabes demandent à l’AIEA d’enquêter sur le nucléaire israélien mais en vain. Dernièrement, une résolution présentée par les pays arabes et votée par 49 voix contre 45, demande au président de l’AIEA Mohammed El Baradei de soumettre le nucléaire israélien à des inspections au même titre que le nucléaire iranien. Mais Israël a refusé toute inspection de ses installations nucléaires ainsi que toutes formes de coopération avec l’agence onusienne sous prétexte qu’il n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire. Quelle serait l’attitude de la soi-disant communauté internationale si c’est un État arabe qui refusait l’inspection de ses installations nucléaires ? Bush et Blair ne sont-ils pas allés en Irak sous prétexte que le régime de Saddam Hussein cachait des armes de destruction massive ? Comprenne qui pourra.

Indéniablement, c’est le président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui se révèle sur la scène internationale comme un redoutable propagandiste antisioniste en brisant des tabous et en mettant en selle des thèmes que personne n’ose aborder en Occident tels l’holocauste et l’antisémitisme, sous peine d’être poursuivi et condamné pour négationnisme. Il faut bien reconnaître qu’avant Ahmadinejad, aucun chef d’État n’a eu le courage et n’a osé poser la question de l’holocauste, de l’antisémitisme et les conditions qui ont été à l’origine de la création de l’État d’Israël. Quand le président iranien monte sur les tribunes internationales, il pose la question de l’holocauste et de l’origine de l'État d’Israël en avançant des arguments dont certains sont certes discutables et même critiquables, mais d’autres sont pertinents.

Je reproduis ici un extrait d’une interview donnée par la président iranien à l’hebdomadaire Newsweek, où il aborde entre autres la question de l’holocauste et les victimes juives de la Seconde Guerre mondiale.

Newsweek : Alors que l’Iran tente de renouer des liens avec l’Occident, pourquoi à nouveau nier la réalité de l’Holocauste, quand ces thèses sont si aisément réfutables ? Ne pensez-vous pas que l’Holocauste est un sujet important ?

Mahmoud Ahmadinejad : Oui, je pense que c’est le plus grand crime du XXe siècle.

Vous êtes donc d’accord sur le fait que le sujet est important. Pensez-vous que l’Holocauste est encore d’actualité aujourd’hui, qu’il nous concerne encore aujourd’hui par ses effets ?

Pouvez-vous m’expliquer en quoi il influe sur les questions de l’heure ?

Ce que je pense importe peu, M. le président, c’est ce que vous pensez qui compte.

Bien sûr, mais je voudrais que nous puissions échanger nos points de vue afin de pouvoir régler une question.

Le monde voudrait savoir ce que vous pensez.

De quel monde parle-t-on ici ?

L’Iran tente d’améliorer ses relations avec l’Occident, c’est du moins ainsi que je le comprends. Il est clair que l’Holocauste a eu lieu. Pourquoi dire qu’il n’a pas eu lieu ? Pensez-vous qu’il ne devrait pas y avoir un état Juif ? Pas d’Israël ?

Ce que je dis est extrêmement clair. C’est une approche académique d’un sujet d’importance capitale, qui se fonde également sur des considérations humanitaires. Ce que je dis, c’est que bien des choses sont survenues tout au long de l’histoire, et qu’au cours de la seconde guerre mondiale, bien des crimes ont été commis. Plus de 60 millions de gens ont été tués, encore plus déplacés. Il se pose donc un certain nombre de questions spécifiques quant aux événements de la seconde guerre mondiale, et je pense qu’on ne pourra trouver de réponses à ces questions dans la propagande que diffusent les médias. Au bout du compte, il faut des réponses convaincantes à ces questions. La première chose que je voudrais comprendre, c’est la raison pour laquelle, étant donné tout ce qui s’est passé au cours de la seconde guerre mondiale, on met l’accent sur l’Holocauste plus que sur tout autre [événement] ?

Disons que les crimes de Staline étaient de même gravité.

La seconde question est : pourquoi les hommes politiques en occident sont tellement obsédés par ce problème ? La troisième question est : de quelle façon cet événement est-il relié aux problèmes que nous pouvons observer autour de nous dans le monde d’aujourd’hui ? Fut-il un événement historique isolé, sans impact sur la situation présente ? La question qu’on doit se poser ensuite est : si cet événement s’est produit, où s’est-il produit, qui en sont les responsables, et quel fut le rôle du peuple palestinien ? Quel crime a-t-il commis pour mériter ce qu’il a subi en conséquence ? Pour quelle raison le peuple palestinien devrait-il être brimé ? Saviez-vous que plus de cinq millions de Palestiniens ont été déplacés, et bénéficient du statut de réfugié ? Quel rôle ont-ils joué dans l’Holocauste ? Pourquoi exploite-t-on l’Holocauste comme prétexte à l’occupation de la terre d’un autre peuple ? Pourquoi les Palestiniens devraient-ils donner leur vie en échange ? Vous devez savoir que les habitants de Gaza ont dû subir plusieurs embargos.

Et ceux-ci ont lancé des frappes contre Israël au moyen de missiles.

En fin de compte, les habitants de Gaza sont dans leur maison, c’est leur vie, et c’est leur terre. Qui est l’occupant ici ? Quel régime d’occupation est condamné par les résolutions des Nations Unies ? Quel esprit juste pourrait accepter qu’un événement qui s’est déroulé en Europe entraîne l’occupation de sa terre, autre part dans le monde ? Si un crime a été commis en Europe, pourquoi les habitants de Palestine devraient-ils en payer le prix ? La question est simple à comprendre. Malheureusement, les politiciens occidentaux refusent de répondre à ces questions, et préfèrent changer le sujet. Nous sommes opposés par principe au meurtre d’êtres humains. Soixante millions de gens ont été tués à l’époque [de la seconde guerre mondiale] et c’est effectivement très regrettable. Peu importe quelles étaient leur foi ou leurs opinions — c’étaient des êtres humains et leurs vies auraient dû être respectées du seul fait que c’étaient des êtres humains. Je voudrais souligner que nous ne vivons pas dans le monde d’il y a soixante ans. Nous vivons aujourd’hui. Nous considérons l’Holocauste comme un prétexte au génocide commis sur le peuple palestinien.

Lire l’intégralité de cet interview.

(...)

À Genève, le 20 avril 2009, lors de la conférence de Durban II sur le racisme, Ahmadinejad évoque les conditions dans lesquelles a été fondé l’État d’Israël provoquant ainsi le retrait précipité des délégations occidentales présentes dans la salle.

Voila ce que dit le président iranien à propos de l'État d’Israël « A la fin de la deuxième guerre mondiale, prenant prétexte des souffrances juives ils (les Européens, ndlr) ont eu recours aux moyens militaires pour créer une nation de sans abris. Ils ont envoyé des migrants d’Europe et des États-Unis et d’autres parties du monde afin d’établir un gouvernement totalement raciste dans la Palestine occupée. » (sur l’analyse du discours d’Ahmadinejad à la conférence de Durban sur le racisme à Genève, lire l’article de Frédéric Courvoisier :Mahmoud Ahmadinejad à la Conférence de « Durban II » : Une vérité qui dérange.)

En guise de conclusion, il convient d’évoquer la géographie politique du vote du rapport Goldstone. L’analyse du vote marque la fin de la propagande sioniste internationale et une timide prise de conscience des pays du Tiers-monde vis-à-vis d’un État, l’État sioniste, qui, jusqu’ici, a violé toutes les lois internationales et qui a bénéficié, grâce à la complicité occidentale, d’une impunité parfaite. Mais n’allons pas vite en besogne, car ce n’est pas demain que nous verrons les criminels de guerre sionistes, les mains enchaînées, en train de répondre de leurs crimes devant un Tribunal Pénal International, devant la Cour Pénale Internationale ou devant une instance pénale nationale.

Après la guerre de Gaza, l’inquiétude gagne le rang des hauts responsables militaires et politiques israéliens menacés de poursuites judiciaires ou d’arrestations lors de leurs déplacements à l’étranger. Pour les informer sur les pays à risque, notamment l’Espagne, une cellule spéciale a été mise en place au Ministère des Affaires étrangères.

Cela étant dit, revenons à présent au rapport Goldstone. Le rapport Goldstone a été adopté par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU par 25 voix contre 6 voix.

Les États qui ont voté pour le rapport Goldstone sont : Bahreïn, Djibouti, Egypte, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite, Pakistan, Indonésie, Bangladesh, Sénégal, les Etats d’Amérique centrale et du sud (Brésil, Argentine, Bolivie, Chili, Cuba, Nicaragua), Nigeria, Afrique du sud, Zambie, Ghana, Inde, Philippines, Chine, Russie.

Les États qui ont voté contre, ce sont les États-Unis et leurs satellites, Italie, Hollande, Norvège, Slovaquie, Ukraine et Hongrie.

11 Pays se sont abstenus comme l’Allemagne, la France, la Slovénie, le Japon, la Corée du sud, le Mexique.

Mais ce qui attire l’attention lors de ce vote est l’attitude de la Bosnie-Herzégovine qui a voté contre le rapport Goldstone alors que les Bosniaques ont vécu une situation dramatique similaire à celle que vivent aujourd’hui les Palestiniens sous l’occupation israélienne.

Bien que voué, comme tous les autres rapports, aux oubliettes de l’histoire, le rapport Goldstone a tout de même révélé un phénomène inédit, la fin de la propagande sioniste internationale qui ne peut plus cacher les images de l’horreur et de la barbarie israélienne en Palestine et qui n’a plus assez de ressources pour manipuler comme bon lui semble les opinions publiques occidentales ou non occidentales et de ce fait on ne peut que s’en féliciter.