mardi 10 août 2010

Desmond Tutu soutient le boycott d’une coopérative alimentaire U.S. contre les produits israéliens

Natasha Mozgovaya – Ha’aretz - 27 juillet 2010

L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel sud-africain, a publié une déclaration de soutien au boycott annoncé par la Coopérative alimentaire de la ville natale de Rachel Corrie, Olympia, Washington.

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L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel sud-africain.

L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel sud-africain, déclare qu’il soutient le boycott des produits israéliens par la Coopérative alimentaire d’Olympia.
La Coopérative alimentaire d’Olympia, située dans Olympia, Washington, ville natale de Rachel Corrie, militante de International Solidarity Movement (ISM), qui fut assassinée il y a sept ans dans la bande de Gaza, a annoncé la semaine dernière qu’aucun produit israélien ne sera vendu à ses deux magasins d’alimentation de la ville.
« Moi, Desmond Tutu, je soutiens totalement et j’approuve le boycott des produits israéliens par la Coopérative alimentaire d’Olympia, » indique Tutu dans sa déclaration. « La Coopérative alimentaire d’Olympia a rejoint un mouvement mondial grandissant qui monte des citoyens et du secteur privé pour soutenir, par des actes concrets non violents, le combat palestinien pour la justice et l’autodétermination ».
Tutu encourage également les autres coopératives, épiciers et hommes d’affaires, à boycotter les marchandises israéliennes.
traduction : Julien Masri
http://www.haaretz.com/news/international/desmond-tutu-backs-u-s-food-co-op-boycott-of-israeli-products-1.304657
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Algérie-Palestine : La contribution de l’Algérie au Fonds d’Al-Aqsa avoisine les 34 millions de dollars

09-08-2010 | 20:45
La contribution financière du gouvernement algérien au Fonds d'Al-Aqsa de la Banque islamique de développement (BID) destiné à soutenir l'économie palestinienne s'élève à 33,616 millions de dollars, a-t-on appris hier auprès de l'administration du Fonds. Outre une contribution de 24 millions de dollars depuis la création du Fonds en 2000, l'Algérie a également contribué avec 9,616 millions de dollars lors du sommet arabe de Beyrouth en 2002, a précisé la BID dans son rapport annuel sur le Fonds d'Al-Aqsa 2009-2010.
L'Algérie arrive en cinquième position des pays arabes qui financent le Fonds d'Al-Aqsa après l'Arabie saoudite (216,8 m USD), les Emirats arabes unis (115,8 m USD), le Koweït (136,8 m USD), le Qatar (42,4 m USD). Les autres pays sont l'Egypte (26,4 m USD), la Syrie (11,05 m USD), le Yémen (10,7 m USD), le Sultanat d'Oman (10,4 m USD), le Bahreïn (3,6 m USD), le Royaume du Maroc (2,4 m USD), la Jordanie (1,6 m USD) et le Soudan (1,57 m USD). Treize (13) pays arabes sur vingt-deux (22) financent le Fonds d'Al-Aqsa.
Le Fonds d'Al-Aqsa totalise 948,87 millions de dollars, dont 613,41 millions de fonds propres et 345,15 millions issus des partenaires. Le Fonds saoudien de développement, le Fonds arabe de développement socio-économique, la Banque arabe de développement en Afrique et le Fonds monétaire arabe sont les principaux partenaires du Fonds d'Al-Aqsa.
Les ressources collectées depuis la création du Fonds ont notamment permis de financer 37 projets dans les territoires palestiniens en application des décisions du sommet arabe extraordinaire, tenu au Caire en octobre 2000, et de la réunion des ministres arabes des Finances, tenue en novembre 2001. Le Fonds dont le haut conseil est présidé par le ministre algérien des Finances, M. Karim Djoudi, ajoute le rapport, "a contribué à la restauration et construction de milliers de logements, de routes, d'écoles et des canalisations d'eau et de raccordement électrique dans les territoires palestiniens".
Selon le document, le Fonds a également une contribution en matière de couverture sanitaire, d'enseignement et d'impression de manuels scolaires, outre la restauration des hôpitaux et la mise en valeur des terres.
405 millions de dollars du total de ces budgets a été alloué à l'appui du budget de l'Autorité palestinienne durant les années 2001-2002 alors qu'un montant de 198,7 millions a été destiné au financement de 37 projets et programmes durant les dix dernières années couvrant l'ensemble des secteurs d'activité de l'économie.
Ainsi, 226,8 millions de dollars ont été mobilisés pour la restauration de l'infrastructure et du secteur social en territoires palestiniens. Ces financements ont concerné la restauration et reconstruction des maisons et fonciers endommagés par les bombardements, les projets de logements à Al Qods Echarif, Al Khalil et à Ghaza, la viabilisation des structures d'enseignements et de santé et le rétablissement du réseau routier.
Pour ce qui est des secteurs de l'industrie et du commerce, le Fonds d'Al Aqsa a consacré 16,67 millions de dollars pour soutenir les exportations, la commercialisation des produits palestiniens et l'appui de micro- projets et le secteur industriel. Le secteur de l'agriculture a bénéficié quant à lui, d'un financement de 27,11 millions de dollars destiné essentiellement aux programmes de développement agricole global, de collecte d'eau d'irrigation et de développement local.
Le rapport précise enfin, que le secteur de l'enseignement a bénéficié de 114,5 millions de dollars, la santé 38,06 millions de dollars, les études et services techniques 9,73 millions de dollars.
Arrivée à Ghaza d’une importante caravane humanitaire européenne
Les forces d’occupation ouvrent le feu sur des manifestants palestiniens.
Une importante caravane humanitaire européenne est arrivée hier dans la bande de Ghaza pour venir en aide aux habitants de cette enclave palestinienne, soumise à un strict blocus israélien depuis juin 2007, rapportent des médias.
Plusieurs organisations et associations humanitaires européennes participent à cette caravane, chargée d'aides humanitaires, comprenant notamment des médicaments, des matériels médicaux et des contributions d'une valeur de près d'un million d'euros, destinées à la population ghazaouie, selon les mêmes sources.
Auparavant, plusieurs cargos d'aides, destinés à Ghaza, ont été interceptés par la marine israélienne. Celle-ci avait mené le 31 mai dernier une agression contre la flottille internationale "Free Ghaza", dans les eaux internationales, tuant neuf humanitaires turcs. Cette attaque barbare avait provoqué un tollé international, de nombreux pays l'ayant jugé "injustifiée".

Les Palestiniens ont soif de justice. Les restrictions de l'accès à l'eau dans les Territoires palestiniens occupés


Palestine - 09-08-2010
Par Amnesty International 
Nous reproduisons ce rapport d'Amnesty International d'octobre 2009 sur la situation catastrophique des Palestiniens vis-à-vis de l'approvisionnement vital en eau, qui s'est encore aggravée depuis la diffusion du rapport. Il montre clairement que la guerre de l'eau fait partie intégrante de la politique de nettoyage ethnique menée par le gouvernement sioniste contre les Palestiniens depuis plus de soixante ans.















Plants de légumes et réseau d'irrigation détruits par un bulldozer de l'armée israélienne à Jiftlik, Vallée du Jourdain, le 11 mars 2008.
© Amnesty International
Les Palestiniens des territoires occupés ne bénéficient pas d'un approvisionnement suffisant en eau salubre. Ce problème, qui entrave considérablement et depuis longtemps le développement socio-économique des territoires occupés, prive de nombreux habitants de leur droit à un niveau de vie décent ainsi que du droit à la nourriture, à la santé et au travail. La consommation d'eau par habitant des Palestiniens est trop faible au regard des normes internationales de protection de la santé publique. La pénurie chronique d'eau affecte des domaines essentiels de la vie, notamment l'hygiène, les activités agricoles et industrielles et l'élevage.
La politique israélienne discriminatoire envers les Palestiniens des territoires occupés est la cause essentielle de la disparité frappante entre Palestiniens et Israéliens en matière d'accès à l'eau. La consommation d'eau des Palestiniens atteint à peine 70 litres par personne et par jour, soit une quantité bien inférieure aux 100 litres minimum par personne recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).La consommation d'eau des Israéliens, par personne et par jour, est quatre fois supérieure.

Consommation journalière en eau par personne en Cisjordanie occupée.
Cette inégalité est flagrante entre les localités palestiniennes et les colonies israéliennes illégales établies dans les territoires palestiniens occupés en violation du droit international. Les piscines, pelouses bien arrosées et immenses domaines agricoles irrigués dans les colonies israéliennes des territoires palestiniens occupés forment un contraste saisissant avec les villages palestiniens voisins dont les habitants ont bien du mal à avoir accès à l'eau pour leurs besoins domestiques essentiels. Dans certaines zones de la Cisjordanie, les colons israéliens consomment jusqu'à 20 fois plus d'eau par personne que leurs voisins palestiniens, qui survivent avec à peine 20 litres d'eau par jour et par personne, soit la quantité minimale recommandée par l'OMS en situation d'urgence.
Israël contrôle l'accès à l'eau des Palestiniens dans les territoires occupés et le réduit à un niveau insuffisant pour leurs besoins, qui ne constitue pas une répartition équitable des ressources en eau communes .Israël utilise au moins 80 % de la nappe aquifère montagneuse, seule ressource en eau dont disposent encore les Palestiniens, presque entièrement alimentée par les précipitations sur la Cisjordanie. Israël s'est entièrement approprié la part du Jourdain revenant aux Palestiniens. De plus, il dispose d'autres ressources en eau qu'il ne partage pas avec les Palestiniens.
Le contrôle de l'eau en Cisjordanie occupée
• Israël détermine la quantité d'eau que les Palestiniens peuvent puiser dans la nappe aquifère partagée ainsi que les endroits où ils peuvent s'approvisionner.
• Israël contrôle le recueil des eaux pluviales et des sources dans presque toute la Cisjordanie. Les citernes de collecte des eaux de pluie sont souvent détruites par des militaires israéliens.
• Les Palestiniens ne sont pas autorisés à creuser de nouveaux puits ni à remettre en état des puits anciens sans l'autorisation des autorités israéliennes. Il est difficile, voire souvent impossible, d'obtenir ces autorisations. Il faut obtenir un permis auprès des autorités israéliennes même pour les canalisations qui relient des puits aux localités palestiniennes.
• L'armée israélienne contrôle l'accès aux routes que les camions-citernes doivent emprunter pour ravitailler les villages palestiniens non reliés au réseau d'approvisionnement en eau. La circulation des véhicules palestiniens est interdite ou restreinte sur de nombreuses routes, entraînant des retards ou obligeant les camionneurs à faire de longs détours, ce qui accroît considérablement le prix de l'eau.
L'accès des Palestiniens à l'eau ainsi que le développement et l'entretien des réseaux d'approvisionnement et d'assainissement sont rendus extrêmement difficiles par ces restrictions.

Les jeunes palestiniens du village de K'far Qaddoum, à l'est de Qalqiliya, viennent chercher l'eau à un réservoir (Khaleel Reash/MaanImages)
De 180.000 à 200.000 villageois palestiniens de Cisjordanie occupée n'ont pas accès à l'eau courante. L'eau est souvent coupée même dans les villes et villages reliés au réseau d'approvisionnement. Le rationnement est particulièrement fréquent durant les mois d'été. Dans de nombreux endroits, les Palestiniens ne reçoivent de l'eau qu'un jour par semaine, voire un jour toutes les quelques semaines ; certaines zones sont privées d'eau pendant plusieurs mois. Lorsque la distribution d'eau courante est interrompue, les Palestiniens doivent acheter de l'eau livrée par camion-citerne à un prix beaucoup plus élevé. Les habitants de nombreux villages non reliés au réseau d'approvisionnement doivent parcourir de longues distances pour trouver de l'eau chère et souvent d'une qualité douteuse.
Les catégories les plus vulnérables – les habitants de villages isolés et ceux des camps de réfugiés surpeuplés – sont les plus frappées par la pénurie d'eau et l'insuffisance des réseaux d'assainissement. Ces dernières années, dans les territoires palestiniens occupés, le chômage et la pauvreté ont augmenté et le revenu disponible s'est effondré. Les familles palestiniennes doivent donc consacrer une part toujours plus importante de leurs revenus à l'approvisionnement en eau.
Quatre-vingt-dix à 95 % de l'eau fournie à Gaza est contaminée et impropre à la consommation humaine. Israël n'autorise pas le transfert d'eau de la Cisjordanie à Gaza. La seule ressource en eau de Gaza, la nappe aquifère côtière, qui ne suffit pas aux besoins de la population et s'épuise progressivement en raison de la surexploitation, est de plus contaminée par des infiltrations d'eaux usées et d'eau de mer. Les restrictions sévères imposées par Israël à l'entrée à Gaza de matériaux et d'engins nécessaires à l'extension et à la réparation des infrastructures ont entraîné une nette dégradation de la situation sanitaire et de l'approvisionnement en eau.
Durant plus de quarante ans d'occupation, Israël a surexploité les ressources en eau et a laissé se délabrer les infrastructures de distribution d'eau et d'évacuation des eaux usées dans les territoires palestiniens occupés. Il utilise les territoires palestiniens occupés pour y déverser ses déchets, ce qui provoque la pollution de la nappe phréatique. Il est nécessaire d'agir sans délai pour garantir à la population palestinienne un approvisionnement en eau suffisant et équitable et pour empêcher la poursuite de la dégradation des ressources et de l'environnement.
Les obligations d'Israël au regard du droit international
Dès lors que son armée occupe des territoires palestiniens, Israël doit respecter dans ces territoires tant les principes du droit international humanitaire que ceux du droit international relatif aux droits humains. Bien que les autorités israéliennes le contestent, la communauté internationale (et notamment tous les organes de défense des droits humains des Nations unies) a régulièrement rappelé qu'Israël était tenu d'appliquer le droit international humanitaire et relatif aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés ; elle l'a exhorté à maintes reprises à respecter ses obligations.
Il incombe clairement à Israël, en tant que puissance occupante, de respecter les droits fondamentaux des Palestiniens, notamment le droit à un niveau de vie décent - qui comprend le droit à l'eau et à la nourriture - ainsi que le droit à la santé et au travail. Il doit non seulement s'abstenir de commettre des actes contraires à ces droits, mais aussi protéger la population palestinienne contre toute atteinte à ses droits par des particuliers et prendre des mesures réfléchies, concrètes et ciblées pour garantir la jouissance complète de ces droits.

12 juin 2008 - des camions transportent de l'eau à Jenin.
Crédit Photo : Atef Abu A-Rob, B'Tselem
Les ordonnances militaires relatives au contrôle des ressources en eau dans les territoires palestiniens occupés prises par l'armée israélienne peu après l'occupation de ces territoires – Ordonnances militaires 92 et 168 de juin et novembre 1967 et Ordonnance militaire 291 de décembre 1968 – sont toujours en vigueur.
Les Accords d'Oslo de 1993 n'ont pas modifié le statut juridique des territoires palestiniens occupés, qui restent occupés et effectivement contrôlés par Israël. Ces accords précisent d'ailleurs : « La question de la propriété de l'eau et des infrastructures d'assainissement afférentes en Cisjordanie sera abordée lors des négociations sur le statut final »(art. 40). Celles-ci, qui devaient se dérouler à la fin des années 1990, n'ont toujours pas eu lieu.
Israël ne remplissant pas ses obligations en tant que puissance occupante, les donateurs internationaux puis, après sa création au milieu des années 1990, l'Autorité palestinienne de l'eau ont dû s'attacher à surmonter ces obstacles.
Cet organisme n'exerce qu'un contrôle très limité sur les ressources en eau de la Cisjordanie. Les Accords d'Oslo lui allouaient simplement la tâche de gérer un approvisionnement insuffisant en eau. Israël contrôle la quantité d'eau que les Palestiniens peuvent pomper dans la nappe aquifère commune, de même que les décisions de forage ou de réfection des puits ainsi que la mise en œuvre d'autres projets relatifs à l'eau. Les activités de l'Autorité palestinienne de l'eau, affectées par des restrictions imposées par Israël, dépendent des financements octroyés par des donateurs internationaux. Ces restrictions aggravées par une conduite des affaires publiques déficiente, une gestion fragmentée et les divisions internes de l'Autorité palestinienne de l'eau contribuent à la perte d'un tiers de l'eau fournie en raison de fuites. Les donateurs ne s'empressent généralement guère de dénoncer les obstacles qui entravent la mise en œuvre de projets relatifs à l'eau et de prendre des mesures efficaces pour y remédier.
Compétence territoriale aux termes des Accords d'Oslo
Les Accords d'Oslo ont divisé la Cisjordanie en zones A, B et C. L'armée israélienne a transféré à l'Autorité palestinienne la responsabilité des affaires civiles, c'est-à-dire la fourniture de services à la population, dans les zones A et B. Ces deux zones, qui contiennent près de 95 % de la population palestinienne de Cisjordanie, ne représentent que 40 % du territoire.
La zone C reste entièrement placée sous l'autorité de l'armée israélienne. Cette zone représente 60 % du territoire de la Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l'accès aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales. Les zones A et B ne sont pas d'un seul tenant, mais fragmentées en enclaves entourées par des colonies israéliennes et des routes réservées aux colons, ainsi que par la zone C.
Cette configuration entrave le développement d'infrastructures performantes pour l'approvisionnement en eau et l'évacuation des eaux usées. La plupart des Palestiniens résident dans les zones A et B, mais les infrastructures dont ils dépendent se trouvent dans la zone C ou la traversent. Les déplacements des Palestiniens dans la zone C sont limités ou interdits ; l'armée israélienne autorise rarement les travaux de construction ou d'aménagement.
La privation d'eau comme moyen d'expulser des villageois
« Le droit à l'eau ne doit être dénié à aucun ménage en raison de sa situation en matière de logement ou du point de vue foncier. »
Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Observation générale n° 15. Le droit à l'eau

Al-Auja, Vallée du Jourdain. Les fermiers sont obligés de réduire l'élevage des moutons, faute d'eau.
Le 4 juin 2009, l'armée israélienne a démoli les maisons et les enclos pour animaux de 18 familles palestiniennes dans le village de Ras al-Ahmar, situé dans la région de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie. Ces familles comptaient plus de 130 personnes, dont de nombreux enfants. Les soldats ont confisqué la citerne, le tracteur et la remorque que les villageois utilisaient pour apporter l'eau. Ils ont été privés de logement et d'eau à l'époque la plus chaude de l'année.
Cette affaire s'inscrit dans une série d'événements similaires visant les villages palestiniens de cette région. Le 28 juillet 2007, par exemple, des soldats israéliens qui tenaient un poste de contrôle ont confisqué le tracteur et la citerne d'Ahmad Abdallah Bani Odeh, du village de Humsa. Cet homme se rendait à la source d'Ain Shibli pour approvisionner son village en eau. Les militaires ont dit aux habitants que, pour récupérer le véhicule, ils devraient s'engager par écrit à quitter définitivement la zone et s'acquitter d'une amende de 4.500 shekels (environ 810 euros), une somme bien supérieure aux moyens de personnes qui disposent au maximum de 1,35 euro par jour pour vivre. Les villageois ont fini par récupérer le tracteur et la citerne après leur départ pour une autre région et le paiement d'une amende réduite.
Un responsable militaire israélien a expliqué à Amnesty International que le tracteur et la citerne avaient été saisis car ces véhicules permettaient aux villageois de rester dans la région que l'armée avait déclarée « zone militaire fermée ». Un second tracteur appartenant aux villageois a été saisi quelques jours plus tard.
Ces dernières années, des habitations palestiniennes ont été détruites à plusieurs reprises et des citernes saisies à Humsa, Hadidiya et Ras al Ahmar, entre autres villages de la vallée du Jourdain. Les habitations – des tentes et des baraques en tôle et en bâche de plastique - sont chaque fois reconstruites. Les villageois étant déterminés à rester sur leurs terres malgré des conditions de vie extrêmement dures, l'armée israélienne restreint de plus en plus leur accès à l'eau pour les contraindre à quitter la région.
Des puits importants qui se trouvent à proximité sont réservés aux colons israéliens des implantations de Ro'i, de Beka'ot et de Hamdat. Les villageois palestiniens doivent parcourir jusqu'à 20 kilomètres pour acheter de petites quantités d'eau.
L'armée israélienne a récemment creusé des fossés pour bloquer le passage entre les villages et les régions voisines. Elle a également érigé des postes de contrôle sur les routes principales où la circulation des Palestiniens est strictement limitée. Ces restrictions ont rendu l'accès à l'eau plus difficile et plus cher pour les Palestiniens de la région. Ceux-ci doivent faire de longs détours et souvent attendre aux postes de contrôle, où leurs citernes risquent d'être saisies.
Inaam Bisharat, une mère de sept enfants résidant à Hadidiya, a décrit la situation à Amnesty International :
« Nous vivons dans des conditions extrêmement dures, sans eau ni électricité ni aucun autre service. Le manque d'eau est le problème le plus grave. Les hommes passent la plus grande partie de la journée [...] à chercher de l'eau et ils ne peuvent pas toujours en rapporter. Mais nous n'avons pas le choix. On a besoin d'un petit peu d'eau pour survivre et pour garder les moutons en vie. Sans eau on ne peut pas vivre. L'armée [israélienne] nous a complètement isolés […] on n'a pas choisi de vivre comme cela ; nous aussi on aimerait avoir des belles maisons, des jardins et des fermes, mais ces privilèges sont réservés aux colons israéliens […] nous n'avons même pas droit aux services de base. »
Parce qu'ils disposent de quantités d'eau très insuffisantes, les villageois ne peuvent pas cultiver la terre ni même faire pousser quelques légumes pour leur consommation personnelle ou quelques plantes fourragères pour leur bétail. Ils ont été forcés de réduire la taille de leurs troupeaux.
Dans le passé, les Palestiniens de la vallée du Jourdain assuraient leur subsistance en cultivant la terre, en élevant des chèvres et des moutons et en vendant leur production de lait et de fromage. Ces dernières années, il leur a été impossible en raison de la pénurie d'eau de cultiver les terres, qui sont pourtant fertiles, ou de conserver plus de quelques têtes de ce petit bétail qui est devenu leur seule source de revenus. La pénurie d'eau a déjà contraint de nombreux villageois à quitter la région, et la survie de la population est de plus en plus difficile.
En revanche, les colonies israéliennes établies en violation du droit international sur des terres palestiniennes occupées disposent d'un accès illimité à l'eau pour irriguer de vastes étendues de terres agricoles. L'agriculture irriguée est la principale activité économique des colonies israéliennes de Cisjordanie. La plus grande partie de la production est exportée. Les étendues verdoyantes des implantations israéliennes illégales à côté des villages palestiniens desséchés fournissent un exemple frappant de la politique discriminatoire d'Israël à l'égard des Palestiniens des territoires occupés.

Hébron, destruction d'un puits au prétexte qu'il avait été construit sans autorisation
Tandis que les villageois palestiniens ont du mal à trouver tous les jours assez d'eau pour satisfaire leurs besoins essentiels, dans les colonies israéliennes voisines les champs sont irrigués par aspersion en plein midi, ce qui revient à gaspiller la plus grande partie de l'eau car, à cette heure-là, elle s'évapore avant même d'atteindre le sol.
L'interdiction de la collecte des eaux de pluie
Les villages qui ne sont pas raccordés aux réseaux de distribution d'eau dépendent entièrement de l'eau de pluie pour leurs besoins domestiques et agricoles. L'eau collectée dans les citernes souterraines durant la saison des pluies peut représenter plusieurs mois de consommation pour certaines familles, selon la pluviométrie annuelle. Une fois épuisée la réserve d'eau de pluie, les villageois achètent de l'eau livrée par camion et la conservent dans leurs citernes.
Des citernes de collecte des eaux de pluie sont utilisées depuis des siècles dans la région. Elles sont généralement petites, leur capacité moyenne étant de 50 m3. Elles sont construites selon la tradition nabatéenne – une cavité ronde ou carrée, creusée dans le sol, aux parois recouvertes de pierres ou de ciment pour empêcher les fuites. L'ouverture est fermée en dehors des moments d'utilisation pour empêcher l'évaporation et la pollution. Les eaux de ruissellement sont recueillies dans les citernes durant la saison des pluies et conservées pour être utilisées durant la saison sèche.
Le 15 janvier 2008, des militaires israéliens ont détruit neuf citernes non loin du village de Beit Ula, au nord-ouest de Hébron. Ces équipements, construits en juin 2006 dans le cadre d'un programme agricole destiné à améliorer la sécurité alimentaire, appartenaient à neuf familles. Le projet avait été financé par l'Union européenne et construit par deux organisations non gouvernementales locales : les Comités palestiniens de secours agricole (PARC) et le Groupe d'hydrauliciens palestiniens (PHG).Dans le cadre de ce projet la terre avait été nivelée en terrasses dans le style traditionnel et 3 200 arbres – oliviers, amandiers, citronniers et figuiers – avaient été plantés. Les citernes étaient un élément essentiel du projet, chacune d'entre elles devant fournir de l'eau pour une parcelle de 10 à 12 dunums (1 à 1,2 hectare). Les paysans avaient également financé une partie importante du coût total du projet.
Mahmoud al Adam, l'un des villageois, a déclaré à Amnesty International :
« Nous avons investi beaucoup d'argent et avons travaillé très dur pour ce projet. La terre est bonne et c'était un très bon projet. Nous avons beaucoup réfléchi à la manière de façonner les terrasses, de construire les citernes et de faire le meilleur usage de la terre. Nous avons planté des arbres qui demandent peu d'eau […] même s'il n'a pas assez plu cette année pour remplir les citernes, l'eau recueillie a servi pour les jeunes arbres, ils poussaient bien. Mais [l'armée israélienne] a tout détruit. Ils sont passés et repassés avec le bulldozer et ont tout arraché […] C'est très douloureux pour moi de voir les destructions chaque fois que je viens ici, tout le fruit de notre travail a été anéanti. Pourquoi commettre un tel acte ? Quel bien peut [en] sortir ? »
Des groupes vulnérables pris pour cible – les collines du sud d'Hébron
Les villageois des collines situées au sud d'Hébron dépendent largement de l'élevage de chèvres et de moutons pour assurer leur subsistance. Ces dernières années, ils ont subi des difficultés croissantes en raison d'une sécheresse prolongée qui a réduit la quantité d'eau qu'ils peuvent recueillir durant la saison des pluies, diminué la récolte de fourrage et menacé les pâturages. Leur situation a été aggravée par les restrictions croissantes que l'armée israélienne a imposées à l'accès à l'eau et aux pâturages.
Dans le village palestinien de Susya, la plupart des citernes ainsi que des dizaines d'habitations ont été détruites par l'armée israélienne en 1999 et en 2001.Celles qui restent, et même des latrines, sont sous le coup d'un ordre de démolition.
Les citernes, dont certaines existaient depuis des siècles, ont été démolies au moyen d'explosifs ou écrasées par des bulldozers et remplies de graviers et de ciment, ce qui rend impossible leur remise en état. Les panneaux solaires qui avaient été donnés aux villageois pour produire de l'eau chaude ont été fracassés.

Cisjordanie : soldats et colons israéliens observant la destruction d’une citerne à eau palestinienne
« L'eau, c'est la vie. Sans eau, on ne peut pas vivre. Ni les hommes, ni les animaux, ni les plantes. Avant, nous avions de l'eau, mais depuis que l'armée a tout détruit, nous devons l'apporter de très loin. C'est très difficile, et très cher. Ils nous rendent la vie très difficile, pour nous forcer à partir. »
Déclaration de Fatima al Nawajah, habitante de Susya, à Amnesty International.
Officiellement, comme dans d'autres cas, les édifices ont été démolis car ils avaient été érigés sans permis, l'armée israélienne refusant systématiquement de délivrer des permis de construire aux Palestiniens de cette région. Le but de cette opération était d'expulser la population du village pour permettre l'expansion de la colonie israélienne de Sussia.
L'expansion de cette colonie dans les années 1990 a coïncidé avec un harcèlement accru des villageois palestiniens par les colons et des tentatives de l'armée pour les expulser. Depuis que les militaires ont détruit la plupart de leurs grottes - des constructions historiques datant de plusieurs milliers d'années – les Palestiniens vivent sous des tentes ou des abris et risquent constamment d'être chassés de la région. Plus de la moitié des villageois ont déjà été contraints de partir, soit, dans de nombreux cas, après la destruction des citernes en 1999 et en 2001, soit plus tard, en raison des restrictions à l'accès à l'eau et à la terre.
« Je tiens en main des pointes métalliques que des colons israéliens ont utilisées aujourd'hui pour saboter un camion qui transportait de l'eau [fournie par l'organisation humanitaire internationale Oxfam] jusqu'au village palestinien de Susya, tout près d'ici. Toute cette région est gravement touchée par la sécheresse, et l'eau fournie par Oxfam est une nécessité. Des dizaines de pointes ont été disposées en travers de la route avant l'arrivée prévue du camion transportant l'eau. Le véhicule a eu trois pneus crevés, il a été immobilisé […] le chauffeur a quand même pu livrer l'eau, avec du retard. »
Joel Gulledge, Christian Peacemakers Team(CPT), 12 septembre 2006.
UN RÉSERVOIR VIDE POUR LES PALESTINIENS…

Un réservoir d'eau vide à Jiftlik, un village palestinien de la vallée du Jourdain occupée dont les habitants vivent de l'agriculture, mais subissent de plus en plus de restrictions d'accès à l'eau.
© Amnesty International
UNE PISCINE PLEINE POUR LES COLONS ISRAÉLIENS

Des colons israéliens profitent de la piscine de la colonie de Ma'aleh Adumim, installée illégalement en Cisjordanie occupée en violation du droit international.
© Angela Godfrey-Goldstein
Tirer sur des réservoirs à eau pour « s'entraîner au tir »
La plupart des maisons palestiniennes des territoires occupés ont des réservoirs d'eau sur le toit pour pallier la pénurie constante d'eau. Ces réservoirs sont souvent pris pour cible par des soldats israéliens.
« Mes amis parachutistes me disaient souvent qu'ils s'allongeaient sur les toits à Naplouse et tiraient sur les réservoirs d'eau pour les voir exploser… »
Grade : Sergent-chef, unité « Sting »
Interrogé par Amnesty International sur la raison pour laquelle les réservoirs d'eau situés sur le toit des maisons palestiniennes étaient pris pour cible, un soldat qui a servi dans les territoires occupés a répondu :
« Les réservoirs d'eau sont parfaits pour s'entraîner au tir. Il y en a partout, ils ont la bonne taille pour viser juste et régler ton arme, ils te permettent de passer tes nerfs, de donner une leçon aux gamins du quartier qui t'ont lancé des pierres et que tu n'as pas pu attraper ou de couper la monotonie d'un tour de garde. »
La destruction des réseaux d'approvisionnement en eau
Pendant l'offensive militaire israélienne qui a duré vingt-deux jours en décembre 2008 et janvier 2009 (opération Plomb durci), les attaques israéliennes ont endommagé les réseaux d'approvisionnement en eau et d'assainissement de Gaza ; les dégâts sont estimés à environ 4,3 millions d'euros. Quatre réservoirs d'eau, 11 puits et des réseaux d'évacuation des eaux usées ainsi que des stations de pompage ont été endommagés. Vingt mille mètres de canalisations d'eau ont été détériorés ou détruits par des chars et des bulldozers israéliens. Des stations d'épuration ont été endommagées dans le nord et le centre de la bande de Gaza, ce qui a entraîné le déversement d'eaux usées sur plus d'un kilomètre carré de terrains agricoles et résidentiels, détruisant des récoltes et créant un risque sanitaire.

Dans le quartier de Zaytoun à Gaza, une pompe et un puits détruits lors d'une attaque israélienne en janvier 2009.
© Amnesty International
En avril 2009, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a commenté des expertises dont les résultats avaient été publiés en mars. Selon cette étude, 14 % des échantillons d'eau recueillis en février 2009 étaient contaminés. L'OCHA a précisé qu'il craignait que l'eau ne soit contaminée par des munitions toxiques comme le phosphore blanc.
Ces dernières années, les offensives militaires israéliennes dans les territoires occupés se sont régulièrement accompagnées de destructions et de détérioration des réseaux d'approvisionnement en eau. À la fin de janvier et au début de février 2003, lors d'une incursion à Rafah, la ville la plus pauvre de la bande de Gaza, située à l'extrême Sud du territoire, les militaires israéliens ont ainsi détruit deux puits publics qui fournissaient de l'eau potable à la moitié de ses 120.000 habitants.
Ces puits étaient au nombre des 102 détruits par l'armée israélienne dans la bande de Gaza en moins d'un an, entre le 1er juillet 2002 et le 31 mars 2003. Les habitants ont été contraints de trouver de l'eau ailleurs. Celle qu'ils ont utilisée était souvent de mauvaise qualité, comme celle des puits agricoles qui ne sont pas destinés à fournir de l'eau potable et ne sont donc pas contrôlés ni désinfectés par les autorités chargées de l'eau.
Dans un rapport d'évaluation des besoins à la suite des incursions de mai 2004, des agences humanitaires des Nations unies ont écrit :
« À la suite des incursions de mai, la santé publique s'est dégradée en raison des dégâts occasionnés aux réseaux d'adduction d'eau et d'assainissement et du surpeuplement des établissements [hospitaliers]. Le dispensaire du ministère de la Santé à Tal el Sultan a signalé avoir reçu, entre le 1er et le 17 mai, 848 enfants, soit une cinquantaine par jour, qui souffraient de diarrhée et de maladies de peau […] Entre le 22 et le 31 mai […] le dispensaire a reçu 1 363 enfants - soit 151 par jour. »

Eau d’un puits contaminé par les eaux usées à Gaza
Les attaques délibérées des militaires israéliens, parfois menées à titre de représailles, contre des réseaux et infrastructures d'approvisionnement en eau ainsi que sur différentes installations, dont des centrales, qui agissent directement sur la fourniture et la qualité de l'eau constituent une violation du droit international humanitaire.
Le blocus empêche les réparations et la reconstruction
« La détérioration et l'effondrement des installations d'eau et d'assainissement à Gaza aggravent une situation qui est un affront à la dignité humaine dans la bande de Gaza. Cette crise se traduit essentiellement par une forte diminution du niveau de vie de la population de Gaza, par la réduction des moyens de subsistance, la destruction et la détérioration des infrastructures de base et une baisse importante de la fourniture et de la qualité de services essentiels dans le domaine de la santé, de l'eau et de l'assainissement. »
Maxwell Gaylard, coordonnateur humanitaire de l'ONU dans les territoires palestiniens occupés, 3 septembre 2009
Quatre-vingt-dix à 95 % de la nappe aquifère côtière de Gaza est contaminée et impropre à la consommation en raison des infiltrations d'eau de mer et d'eaux usées. Les matériaux nécessaires pour la construction et la réparation des infrastructures d'approvisionnement en eau et des stations d'épuration ne peuvent pénétrer dans la bande de Gaza en raison du blocus imposé par Israël. Les installations, en très mauvais état après des décennies d'abandon, se dégradent encore plus.
Les restrictions à l'entrée de produits chimiques et de combustible industriel entravent davantage le fonctionnement des stations d'épuration, des puits et des installations de dessalement.
En raison du manque de capacité des stations d'épuration existantes, près de la moitié des eaux usées de Gaza, soit environ 70.000 m3par jour, sont rejetées en mer sans avoir été retraitées, ce qui contamine le littoral et les stocks de poisson qui constituent une part importante des moyens de subsistance des habitants de Gaza.
L'ampleur du problème a été mise en lumière le 27 mars 2007 : ce jour-là, le remblai d'un bassin de retenue d'eaux usées dans la station d'épuration du nord de la bande de Gaza s'est effondré, inondant le village bédouin d'Um al Nasser. Cinq personnes ont été tuées et des centaines d'autres se sont retrouvées sans logement.
Selon la Banque mondiale :
« En novembre 2008, la plupart des puits avaient cessé de fonctionner en raison du manque de pièces détachées, d'autres ne fonctionnaient qu'à la moitié de leur capacité. Les coupures d'électricité et le manque de diesel pour les générateurs ont affecté la distribution d'eau et le pompage pour remplir les réservoirs des ménages. La station n'a plus de chlore, produit indispensable pour désinfecter l'eau. L'usine de dessalement de Khan Younis a une capacité de 90 m3 à l'heure, mais en raison du manque de pièces détachées et de produits chimiques, elle produit 30 m3 […] Par conséquent, plus de 50 % des foyers n'ont pas accès au réseau de distribution d'eau et certains sont privés d'eau depuis plus de dix jours. »
Peu de progrès ont été accomplis bien que les autorités israéliennes aient promis d'autoriser l'entrée des matériaux indispensables pour la distribution d'eau et l'assainissement.

À Gaza, où plus de 90 % de l'eau disponible est contaminée et impropre à la consommation humaine, une fillette palestinienne se repose en allant chercher de l'eau potable.
© Iyad El Baba/UNICEF-oPT
RECOMMANDATIONS
Amnesty International prie les autorités israéliennes de se pencher sans délai sur le besoin crucial de sécurité de l'eau dans les territoires palestiniens occupés, causé par les violations des droits fondamentaux des Palestiniens imputables à ces autorités. Les autorités israéliennes doivent immédiatement :
- Lever les restrictions actuellement en vigueur, qui empêchent les Palestiniens des territoires occupés d'avoir de l'eau en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins personnels et domestiques et pour réaliser leurs droits à l'eau, à la nourriture, à la santé, au travail et à un niveau de vie décent.
- Mettre un terme à la politique et aux pratiques qui constituent une discrimination à l'égard des Palestiniens et accordent des privilèges aux colons israéliens en matière d'accès à l'eau dans les territoires palestiniens occupés.
- Abroger tous les ordres de démolition en suspens et prohiber toute nouvelle démolition d'installations permettant la fourniture d'eau dans la zone C de Cisjordanie.
- Lever le blocus de la bande de Gaza, et autoriser immédiatement l'entrée de pièces détachées et de matériel et engins de construction, entre autres, nécessaires pour la réparation, la reconstruction et l'entretien des infrastructures de distribution d'eau et d'assainissement dans la bande de Gaza.
Amnesty International appelle l'Autorité palestinienne de l'eau à :
- Prendre des mesures pour développer au maximum les ressources existantes, en réduisant en priorité le niveau inacceptable des pertes d'eau et en établissant des mécanismes chargés de veiller à ce que toute l'eau fournie à des consommateurs, soit par l'intermédiaire des réseaux contrôlés par l'Autorité palestinienne de l‘eau soit par des camions-citernes, soit propre à la consommation humaine et conforme aux normes de l'OMS.
Amnesty International appelle les donateurs internationaux à :
- Prendre des mesures pour améliorer la coordination entre les donateurs et renforcer le contrôle de la mise en œuvre de manière à maximiser les ressources existantes et l'utilité des projets individuels ; veiller à signaler les ingérences qui entraînent des retards ou entravent la réalisation des projets de distribution d'eau et d'assainissement.
Document public Amnesty International
MDE 15/028/2009
ÉFAI
Octobre 2009

L’Université Al-Quds bafoue son propre boycott académique

Palestine - 09-08-2010
Par Jillian Kestler-D'Amours

Originaire de Montréal, Jillian Kestler-D’Amours est militante pour les droits de l’homme et journaliste multimédias. Elle vit actuellement à Jérusalem Est. 
L’Université Al-Quds a décidé de maintenir un programme commun de maîtrise israélo-palestinien avec l’université d’Haïfa, l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Université de Tel Aviv, en dépit d'une décision prise par son propre Conseil d'Université en Février 2009 de se démarquer des institutions universitaires israéliennes.
« La Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël – PACBI, considère ce projet universitaire conjoint palestino-israélien comme une violation claire des critères palestiniens pour le boycott universitaire d’Israël, qui sont largement soutenus par la société civile palestinienne, » a déclaré à The Electronic Intifada Omar Barghouti, l’un des membres fondateurs de PACBI et de la Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).















Les étudiants palestiniens soutiennent massivement le boycott universitaire d'Israël. (Luay Sababa/MaanImages)
« PACBI estime également que le moment choisi pour cette annonce ne fait que confirmer le soupçon qu’elle est destinée à alléger l’isolement croissant d’Israël, après son attaque criminelle contre la Flottille de la Liberté pour Gaza, » a expliqué Barthouti.
Soutenu par l’Agence des Nations Unies pour l’Education et la Culture, l’Unesco et la Coopération italienne pour le Développement (DGCS) à Jérusalem, le programme en question est le troisième cycle d’une maîtrise commune qui permettrait à 20 étudiants israéliens et palestiniens d’étudier en Italie et d’apprendre « la coopération, l’humanitarisme, la préservation de la paix et de la culture. » Il est coordonné par l’Université La Sapienza de Rome.
Ce programme est inscrit dans la Déclaration de Principes sur la Coopération internationale palestino-israélienne dans les domaines scientifiques et universitaires, qui a été signée en mai 2004 par le recteur de l’Université La Sapienza de Rome et les recteurs et présidents de cinq universités israéliennes (Haïfa, Tel Aviv, l’Université Hébraïque de Jérusalem, l’Université Ben Gourion du Néguev et l’Institut des Sciences Weizmann) et de quatre institutions palestiniennes (l’Université Al-Quds de Jérusalem, l’Université de Bethléem, l’Université d’Hébron et l’Institut polytechnique de Palestine).
Selon Hasan Dweik, vice-président de l’Université Al-Quds, peu de temps après qula signature de la déclaration en 2004, toutes les autres universités palestiniennes ont rompu leurs coopérations, en droite ligne avec le boycott universitaire.
« A l’époque, nous disions que nous, en tant qu’Université Al-Quds, prendrions la responsabilité de gérer ce cours, » a dit Dweik à The Electronic Intifada, sur le campus de l’université à Beit Hanina, à Jérusalem Est occupée.
« Aujourd’hui, et après l’attaque israélienne contre Gaza [hiver 2008-09], mon université a pris la décision que nous devrions arrêter et réévaluer nos projets de coopération avec Israël parce que les horreurs qui ont eu lieu à Gaza ne pouvaient pas passer comme ça. Nous avons dit, ‘Nous devons stopper et boycotter les institutions universitaires israéliennes,’ non pas parce que nous voulions les boycotter, mais parce que nous voulions envoyer un message à l’opinion publique israélienne et à la communauté internationale, » a dit Dweik.
En effet, le 2 février 2009, le Conseil d’Administration de l’Université Al-Quds a voté la rupture de toutes formes de coopération universitaire avec les institutions académiques israéliennes.
Le Conseil a expliqué que l’attaque israélienne sur Gaza, qui a tué plus de 1.400 Palestiniens (dont plus de 300 enfants), combinée avec l’expansion coloniale à Jérusalem Est et l’intensification des restrictions dans le reste de la Cisjordanie, avaient étayé la décision de se désengager progressivement des programmes.
« C’est essentiellement pour faire pression sur les ONG et les institutions universitaires, tant en Israël, aux Etats-Unis qu’en Europe, faire pression sur Israël pour amener la paix dans notre région. C’était notre intention, » a dit Dweik.
Pourtant, il a expliqué que même si l’Université Al-Qods ne se joignait plus à de nouvelles initiatives avec les universités israéliennes, il n’y aurait toutefois pas de restrictions sur la poursuite des projets existants, tel que le programme commun de maîtrise à Rome.
« Tout programme débuté il y a quelques années continuera. Il ne sera pas interrompu, » a dit Dweik, ajoutant que l’université a choisi de ne pas imposer un boycott total à sa faculté et au personnel parce qu’il veut préserver « la liberté universitaire ».
Selon Barghouti, cependant, l’argument de la liberté universitaire ne tient pas. Au contraire, il dit que les programmes universitaires israélo-palestiniens communs légitiment la politique coloniale israélienne.
« Les projets communs aident à fournir aux universités israélienne une ‘feuille de vigne’ cruciale pour saper le boycott. Nous lisons souvent un thème récurrent dans la critique israélienne des syndicats britanniques et autres syndicats universitaires qui soutiennent le boycott : ‘Pourquoi cherchez-vous à être plus Palestiniens que les Palestiniens ? Si les universitaires palestiniens eux-mêmes coopèrent avec l’académie israélienne, pourquoi voulez-vous la boycotter au lieu de faire la promotion des programmes communs et de la libre circulation des idées ?’ » a déclaré Barghouti.
« Ce fut exactement la même logique – viciée et trompeuse – utilisée par l’apartheid sud-africain pour critiquer les boycotteurs internationaux, en particulier dans les domaines académiques et culturels. »
Une histoire de collaboration
La Campagne palestinienne officielle pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI) a été lancée à Ramallah, Cisjordanie occupée, en avril 2004.
Depuis lors, près de 60 organisations de la société civile palestinienne ont signé l’initiative de boycott PACBI, dont la Fédération palestinienne des syndicats des professeurs et employés des Universités, la Fédération générale palestinienne des syndicats et le Syndicat général des femmes palestiniennes, entre autres.
Le Conseil palestinien de l’enseignement supérieur, groupe créé en 1977 avec mandat de coordination [entre] et représentation des institutions palestiniennes d’enseignement supérieur, a également réaffirmé à maintes reprises qu’il est contre une coopération entre les institutions universitaires israéliennes et palestiniennes.

Menachem Magidor (à gauche) et Sari Nusseibeh (à droite) lors de mondanités de normalisation à l'Université Al-Quds, 2006
Pourtant, en mai 2005, le Président de l’Université Al-Quds, Sari Nusseibeh, a continué d’ignorer l’appel croissant à un boycott universitaire, et, avec le Président de l’Université hébraïque de Jérusalem, Menachem Magidor, il a diffusé une déclaration commune dénonçant la décision de l’Association britannique des professeurs d’universités (AUT) de boycotter les institutions universitaires israéliennes.
« Conscients de la direction morale que les universités doivent montrer, en particulier dans des contextes politiques déjà turbulents, nous (…) sommes convenus d’insister sur la poursuite du travail en commun dans la recherche de la connaissance, pour le bénéfice de nos peuples et la promotion de la paix et de la justice au Moyen-Orient, » dit la déclaration, qui ajoute : « Notre désaffection et notre condamnation des actions de boycott universitaire et de discrimination contre les universitaires et les institutions, sont fondées sur les principes de la liberté universitaire, des droits de l’homme et d’égalité entre les nations et parmi les individus. »
Selon Anan Quzmar, coordinateur de la Campagne pour le droit à l’éducation à l’Université Birzeit, qui demande « le droit à l’éducation et le libre accès, pour tous les Palestiniens, à leurs institutions universitaires, » toutes les formes de coopération avec les institutions universitaires israéliennes devraient être rompues.
« Nous ne pouvons pas soutenir les universités palestiniennes travaillant avec des institutions israéliennes, en aucune circonstance, alors que ces mêmes institutions avalisent ou ne condamnent pas le déni continu des droits humains palestiniens fondamentaux, » a dit Quzmar.
Il a ajouté que les étudiants palestiniens soutenaient, à une écrasante majorité, le boycott universitaire et travaillaient sur des campagnes visant à obtenir un soutien international.
« Récemment, une déclaration contre toute forme de normalisation a été signée par tous les conseils d’étudiants des universités de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et par toutes les principales organisations palestiniennes d’étudiants et de la jeunesse dans le monde, » a dit Quzmar.
« Les étudiants palestiniens soutiennent depuis longtemps un boycott universitaire des institutions académiques israéliennes et ont pris position contre toute collaboration entre les institutions universitaires palestiniennes et leurs homologues israéliennes. J’irai jusqu’à dire que le boycott universitaire est la forme de boycott la plus largement soutenue par la société palestinienne. »
Complicité avec l’occupation
Selon un rapport diffusé par l’AIC (Alternative Information Center) en octobre 2009 intitulé : "Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories," « Les institutions universitaires israéliennes n’ont pas opté pour une position neutre et apolitique envers l’occupation israélienne, mais pour un soutien total aux forces israéliennes de sécurité et à la politique envers les Palestiniens, en dépit des graves soupçons de crimes et atrocités qui planent sur elles. »
Le rapport conclut que toutes les grandes universités israéliennes sont impliquées dans le soutien à l’occupation par divers moyens.
Par exemple, les trois universités signataires du programme commun de maîtrise avec l’Université Al-Quds (Tel Aviv, Haïfa et l’Université hébraïque) ont parrainé plusieurs programmes universitaires pour les réservistes de l’armée israélienne, accordé des bourses d’études aux étudiants qui avaient participé aux attaques israéliennes contre Gaza, et maintenu leurs liens avec les principaux fabricants d’armes israéliens. En effet, un rapport rédigé par un groupe d’étudiants de la London's School of Oriental and African Studies a montré « l’investissement profond dans la facilitation et la poursuite (tant au niveau matériel que conceptuel) de ce qui revient à des crimes de guerre » de l’Université de Tel Aviv.
(Rapport en anglais : Academic Boycott of Israel and the Complicity of Israeli Academic Institutions in Occupation of Palestinian Territories (L’université de Tel Aviv partie intégrante de l’occupation israélienne), SOAS Palestine Society, 9 juillet 2009.
Dweik a déclaré à The Electronic Intifada que l’Université Al-Quds est actuellement impliquée dans une bonne dizaine de projets communs israélo-palestiniens, et que les membres de l’université, chercheurs et administrateurs, se réuniraient pour réévaluer ces projets existants tous les deux ou trois mois.
Cet examen comprendra le programme de maîtrise israélo-palestinien en Italie, qui, d’après Dweik, continuera presque certainement en dépit de l’influence destructrice dont il admet volontiers que de tels projets ont sur les vies des Palestiniens sous occupation israélienne.
« Si vous regardez tout l’environnement aujourd’hui, ça n’aide pas du tout d’avoir des programmes de coopération avec les Israéliens, » dit-il. « Je pense que les Israéliens se servent [des programmes universitaires communs] dans les médias pour dire que les choses sont normales et que nous coopérons. Je pense que cela les aide au niveau international. »
D’après Quzmar, toutes les universités palestiniennes doivent se prononcer contre les initiatives universitaires communes, en particulier lorsqu’il est clair que de tels projets légitimes les violations israéliennes systématiques des droits palestiniens.
« Il ne se passe pas un jour sans que les universités et les étudiants palestiniens ne souffrent des abus de cette occupation absurde, » dit-il. « S’opposer à la collaboration avec ceux qui soutiennent cette occupation est une démarche toute petite et simple, en particulier lorsqu’une telle collaboration peut être si dangereuse en donnant à l’académie israélienne l’occasion de blanchir son soutien à cette même occupation sous laquelle l’académie palestinienne dépérit. »

Flottille/commission: Netanyahu fier du "courage exceptionnel" des soldats

09/08/2010  
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a comparu, lundi matin, devant la commission d'enquête israélienne, chargée d'examiner les soi-disant aspects juridiques de l'assaut meurtrier de la flottille d'aide pour Gaza le 31 mai.  
Lors de son témoignage, qui a été en partie public et en partie à huis clos, Netanyahu a prétendu qu'"Israël" avait agi conformément au "droit international". 
"Je suis convaincu qu'à l'issue de votre enquête il s'avérera que l'Etat d'Israël et l'armée israélienne ont agi conformément au droit international (...) je fais confiance aux combattants de l'armée israélienne et tout l'Etat d'Israël est fier", de ses soldats, a encore dit Netanyahu.  
"Je suis convaincu que nos soldats envoyés sur le Marmara ont faire preuve d'un courage exceptionnel dans l'accomplissement de leur mission ainsi que pour se défendre eux-mêmes alors que leur vie était en réellement en danger", selon ses prétentions.   
JUSTIFICATION DU BLOCUS CONTRE GAZA
 S'agissant du blocus imposé contre la bande de Gaza, Netanyahu l'a justifié en accusant "le Hamas d'avoir  transformé la bande de Gaza en une enclave terroriste parrainée par l'Iran qui lui accorde une aide politique, militaire et financière". 
"A partir de la bande de Gaza, le Hamas a tiré des milliers de roquettes, de missiles et d'obus qui ont atteint des localités israéliennes (...) Actuellement le Hamas se fournit en armes capables d'atteindre Tel Aviv", selon lui.     
NETANYAHU CRITIQUE LE GOUVERNEMENT TURC   
Netanyahu s'est en outre pris contre le gouvernement turc et les organisateurs de la flottille pour avoir refusé de décharger l'aide humanitaire transportée dans un port situé hors de la bande de Gaza. 
"Apparemment, le gouvernement turc n'a pas considéré que de possibles frictions entre les militants turcs (sur les bateaux) et nos soldats puissent porter atteinte à ses intérêts et justifier une intervention effective auprès des organisateurs de la flottille", a-t-il dit.  
Il a également critiqué le rapprochement irano-turc."Le 17 mai le Premier ministre turc (Recep Tayyip Erdogan) a rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le président brésilien (Luiz Inacio Lula da Silva) pour une déclaration commune sur le nucléaire iranien qui était en contradiction avec la position américaine et des autres membres du Conseil de sécurité de l'Onu. De cette façon, la Turquie quelques jours avant l'arrivée de la flottille, a renforcé sa solidarité avec l'Iran", a-t-il ajouté.
LA COMMISSION ISRAELIENNE N'EST PAS HABILITEE A RECOMMANDER DES SANCTIONS 
Présidée par le juge à la retraite de la Cour Suprême, Yaakov Tirkel, la commission est officiellement composée de cinq membres tous israéliens.   
Deux observateurs étrangers sans droit de vote lui ont été adjoints, Lord Trimble, ex-Premier ministre protestant d'Irlande du Nord, et Ken Watkin, un ex-avocat général de l'armée canadienne.  
Le gouvernement israélien qui a désigné la commission et auquel elle est redevable, a toujours prétendu qu'aussi bien le raid que le blocus imposé sur Gaza étaient conformes au droit international.  
La commission n'est pas habilitée à examiner le processus de prise de décisions par la classe politique ni à recommander des sanctions personnelles contre les responsables politiques et militaires qui ont préparé, ordonné ou conduit le raid.  
Le ministre de la guerre Ehud Barak doit être entendu mardi et le chef d'état-major Gaby Ashkenazi mercredi. Il sera le seul militaire à témoigner devant la commission.  
Rappelons que neuf  Turcs étaient tombés en martyre suite au raid israélien du 31 mai. Ankara a constitué sa propre commission. L'ONU en a créée deux: l'une de quatre experts, sous les auspices de son secrétaire général Ban Ki-moon et l'autre relevant du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de Genève. 

"Guerre des généraux" pour la succession du chef-d'état major israélien

09/08/2010  
Le départ prochain du chef d'état-major israélien Gaby Ashkenazi a déclenché une "guerre de généraux" pour sa succession, qui s'est envenimée en fin de semaine avec la publication d'un document, à l'authenticité contestée, portant sur l'un des candidats.  
L'affaire faisait dimanche les manchettes des journaux israéliens qui exigent une enquête rapide et diligente pour déterminer l'authenticité de ce texte.    
Le document diffusé par la deuxième chaîne de télévision (privée) comporte une série de recommandations censées avoir été fournies par un bureau d'études et de conseils à la demande du général Yoav Galant, chef de la région militaire sud de l'entité sioniste.  
L'objectif aurait été de rehausser son prestige et déstabiliser ses rivaux ainsi que le chef d'état-major sortant, qui lui serait hostiles.    
Le directeur du bureau, un ancien conseiller de l'ex-Premier ministre Ariel Sharon, Eyal Arad a catégoriquement démenti être l'auteur du document et toute implication de sa société dans la course à la nomination du nouveau chef de l'armée.  
Il a annoncé dimanche avoir déposé plainte pour usage de faux, le document portant le logo de sa société.    Entre-temps, le chef d'état-major a publié un communiqué déplorant le "dommage fait à l'armée et à son image au sein de la population", par toute cette affaire.  
"Que le document soit authentique ou non, les conséquences sont très graves et il faut enquêter en profondeur," a-t-il averti.    
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a quant à lui annoncé avoir saisi le conseiller juridique du gouvernement, qui a le rôle de procureur général, pour faire la lumière sur cette affaire.    
La presse lie ce scandale aux relations exécrables qu'entretiendrait le ministre de la guerre Ehud Barak avec le général Askenazi, dont Barak s'était empressé il y a quelques mois d'annoncer qu'il quitterait son poste en février 2011.    
Outre le général Galant, les deux autres principaux candidats au poste de chef d'état-major sont l'adjoint du général Ashkénazi, le général Benny Gantz, et le chef de la région militaire nord, le général Gadi Eizenkot.

Agression contre la flottille humanitaire d’aide pour Ghaza : Israël refuse de reconnaître ses erreurs

Edition du 10 août 2010
Une commission d’enquête israélienne, censée examiner les aspects juridiques de l’assaut meurtrier de la flottille d’aide pour Ghaza le 31 mai, a entamé ses travaux hier.
Devant un auditoire essentiellement israélien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netannyahu a joué, sans fausse note, la partition du cynisme. Dans ses paroles, il n’y a pas eu l’ombre d’un mea culpa : « Je suis convaincu qu’à l’issue de votre enquête il s’avérera que l’Etat d’Israël et l’armée israélienne ont agi conformément au droit international, je fais confiance aux combattants de l’armée israélienne et tout l’Etat d’Israël est fier », de ses soldats, a affirmé M. Netanyahu. Malgré les vives critiques de la communauté internationale sur l’agression du ferry Mavi Marmara, le Premier ministre israélien se dit « convaincu » que les soldats israéliens « étaient réellement en danger ». Au sujet du blocus imposé à la bande de Ghaza, Netanyahu persiste à accuser le Hamas de l’aggravation de la situation humanitaire. « Le Hamas, dit-il, a transformé la bande de Ghaza en une enclave terroriste, parrainée par l’Iran qui lui accorde une aide politique, militaire et financière. » 
La tension entre Ankara et Tel Aviv devrait encore s’aiguiser après les déclarations du boutefeu israélien. « Apparemment, dit Benjamin Netanyahu, le gouvernement turc n’a pas considéré que de possibles frictions entre les militants turcs (sur les bateaux) et nos soldats puissent porter atteinte à ses intérêts et justifier une intervention effective auprès des organisateurs de la flottille. » Et d’ajouter : « Le 17 mai, le Premier ministre turc (Recep Tayyip Erdogan) a rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le président brésilien (Luiz Inacio Lula da Silva) pour une déclaration commune sur le nucléaire iranien qui était en contradiction avec la position américaine et des autres membres du Conseil de sécurité de l’Onu. De cette façon, la Turquie, quelques jours avant l’arrivée de la flottille, a renforcé sa solidarité avec l’Iran. » Il est à préciser que le gouvernement israélien qui a désigné la commission et auquel elle est redevable, a toujours affirmé qu’aussi bien le raid que le blocus imposé sur Ghaza étaient « conformes au droit international ».
La commission n’est pas habilitée à examiner le processus de prise de décisions par la classe politique ni à recommander des sanctions personnelles contre les responsables politiques et militaires qui ont préparé, ordonné ou conduit le raid. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, doit être entendu mardi et le chef d’état-major, Gaby Ashkenazi, mercredi. Il sera le seul militaire à témoigner devant la commission. Parallèlement à cette commission, Benjamin Netanyahu a dû accepter sous la pression de la communauté internationale, qui ne se satisfaisait pas d’une commission uniquement israélienne, la mise sur pied par l’Onu d’un panel de quatre experts, dont un Israélien et un Turc. Ankara a également constitué sa propre commission, de même que le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU de Genève, ainsi que le contrôleur de l’Etat israélien Michaël Lindenstrauss, soit un total de cinq commissions. Neuf Turcs avaient été tués dans des affrontements avec les commandos de marine israéliens lors de l’abordage dans les eaux internationales du navire turc Mavi Marmara qui tentait de forcer le blocus du territoire palestinien de Ghaza.
Par Amel B.

Israël veut sous-traiter l’occupation de Gaza à l’Union Européenne

lundi 9 août 2010 - 06h:53
Lamis Andoni - Al Jazeera
Alors que la plupart des dirigeants israéliens sont réticents à l’idée de lever le blocus de Gaza, Avigdor Lieberman, ministre d’extrême-droite des affaires étrangères, préconise de placer le territoire sous surveillance internationale, écrit Lamis Adoni.
(JPG)
Verra-t-on un jour prochain des soldats européens prendre la place de ce soldat israélien ?
Cette proposition, récemment révélée à la presse israélienne, ne consiste pas à libérer Gaza mais plutôt à placer ce territoire sous contrôle européen, aussi bien maritime que terrestre [mais pas aérien ?... N.d.T] avec un plan de reconstruction.
Si ce plan est mis en application, il séparera de manière permanente la bande de Gaza de la Cisjordanie, transformant cette petite bande de terre en un ghetto supervisé au niveau international - avec pour objectif d’assurer la sécurité israélienne et de contrôler la population palestinienne.
L’isolement de Gaza éloignerait encore plus la perspective d’un état palestinien contigu, comme n’importe quelle forme équitable de coexistence entre Palestiniens et Israéliens. Ce plan séparerait également les familles réparties entre Gaza et la Cisjordanie, créant une fracture permanente dans la société palestinienne et approfondissant le sentiment de morcellement.
Le Hamas devrait alors mener un projet de développement sans liens signicatifs avec le reste du peuple palestinien.
Le fardeau de Gaza
La proposition de Lieberman est à rapprocher des appels lancés par son parti, Yisrael Beituna, pour l’expulsion de la minorité arabe [palestinienne] d’Israël ainsi des Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-est, car cette proposition obéit à la même vision d’un état exclusivement juif et d’une élimination des droits nationaux et des aspirations du peuple palestinien.
Car tel que ce présente ce plan, il ne peut être entièrement écarté, non seulement parce que Yisrael Beituna est un associé dans le gouvernement en place, disposant de 15 sièges sur les 120 de la Knesset, mais également parce que les dirigeants israéliens ont déjà entrepris d’isoler Gaza et sa population.
Tandis qu’Israël n’a jamais dérogé à son principe d’une occupation directe de la Cisjordanie, et cherché à en annexer des parties entières, en revanche beaucoup de dirigeants israéliens considèrent - et ont traité - la bande de Gaza comme un fardeau.
En Israël, la Cisjordanie et Jérusalem sont présentés et perçus comme composants de l’espace historique israélien, beaucoup d’Israéliens nommant la Cisjordanie par les noms bibliques de Judée et Samarie. Les dirigeants israéliens ont toujours souhaité conclure un traité avec les Palestiniens concernant la Cisjordanie et Jérusalem - en partie pour légitimer l’annexation de Jérusalem-est et de régions entières de la Cisjordanie.
Mais Gaza présente un cauchemar démographique pour Israël. En tant qu’une des zones les plus peuplées au monde - environ 1,6 million d’habitantsdans 360 kilomètres carrés [ce qui fait environ 4500 habitants au kilomètre carré...] - il est presque impossible pour Israël de transfèrer suffisament de colons dans la bande de gaza pour y assurer une majorité juive.
En 1992, pendant la première Intifada, Yitzhak Rabin, le défunt premier ministre israélien, a exprimé son souhait que Gaza « disparaisse dans la mer ». Un an après, convaincu qu’Israël ne pourrait pas continuer à contrôler la population palestinienne, il a signé les Accords d’Oslo avec Yasser Arafat, le défunt chef de l’Organisation de Libération de la Palestine [OLP].
Mais Ariel Sharon, l’ancien premier ministre israélien qui demeure toujours [depuis 5 ans] dans un état végétatif après une attaque cérébrale en 2006, a trouvé la manière de faire de Gaza, fardeau israélien, un problème palestinien. En 2005, il a ordonné un retrait unilatéral des troupes israéliennes en même temps que l’évacuation de 7000 colons juifs de la bande de Gaza, mais sans rien lâcher du contrôle israélien sur les passages terrestres, maritimes et aériens de la bande de Gaza.
Aggraver la fracture
L’ancien général, qui ne croyait pas à la nécessité de discuter avec les Palestiniens, n’a rien coordonné avec l’autorité palestinienne [PA)], élargissant de ce fait avec succès la crevasse qui existait déjà entre le Hamas et le Fatah.
Le Hamas, que cinq mois plus tôt avait remporté les élections parlementaires, a présenté la « libération » de la bande de Gaza comme « une victoire pour la résistance armée », « son succès » avec la libération de Gaza contrastant avec « l’échec » des négociations du Fatah avec Israël.
Mais Gaza est de fait restée sous occupation israélienne, permettant à Israël d’imposer un blocus complet par mer et par terre durant les trois dernières années et réduisant encore plus les liens entre le territoire assiégé et la Cisjordanie.
Israël ne serait peut-être pas parvenu à ses fins sans le concours des Palestiniens : tandis qu’Israël alimentait en combustible la division, le Hamas et le Fatah ont tristement échoué à sauvegarder l’unité nationale.
La prise de contrôle de Gaza en 2007 par le Hamas et par les armes - motivée en partie par sa crainte que le Fatah ne cherche à l’éliminer avec l’aide des Etats-Unis - a effectivement transformé la Cisjordanie et la bande de Gaza en deux entités séparées avec différents gouvernements.
Dans le cadre du plan de Lieberman, ce contexte pourrait bien être l’accomplissement de ce que Sharon a commencé et de ce que les divisions palestiniennes ont contribué à renforcer : une séparation physique et politique de la bande de Gaza par rapport au reste de la Palestine.
Protectorat européen
La proposition de Lieberman inclut plusieurs éléments qui pris ensemble ou séparément représentent une menace grave pour les Palestiniens comme pour la cause de la paix.
Le plan propose qu’Israël boucle définitivement et totalement sa frontière avec Gaza et laisse le soin à l’Union européenne [UE] de contrôler les éventuels navires transportant des armes depuis Chypre ou la Grèce vers Gaza. Il réclame également qu’une force militaire européenne soit postée à la frontière entre Israël-Gaza, et une aide militaire européenne pour empêcher la contrebande d’armes.
Il réclame aussi que l’UE finance la construction d’une nouvelle centrale électrique, d’une usine de dessalement de l’eau de mer et d’une usine de retraitement des eaux usées pour en finir avec la dépendance de Gaza par rapport à Israël pour ce qui est de l’électricité et de l’eau [Israël craint également qu’à court ou à moyen terme la pollution générale confinée pour l’instant dans le territoire assiégé ne finisse par déborder sur son propre territoire - N.d.T].
La communauté internationale, selon les prévisions, sera requise pour soutenir la construction d’habitations pour les habitants de Gaza, vraisemblablement les maisons détruites par Israël pendant sa guerre contre la bande de Gaza durant l’hiver 2008-2009.
Ainsi, tandis que Gaza pourrait, sous ce plan, devenir un peu moins pauvre, le territoire serait principalement transformé en protectorat européen et placé sous le contrôle militaire et financier d’un corps de surveillance européen qui garantirait aux Israéliens que leurs « besoins en sécurité » sont satisfaits tout en maintenant les Gazans en cage dans leur petite bande de terre [l’exemple de Srebrenica montre bien qu’une protection militaire européenne serait un leurre, et qu’Israël aurait tout loisir à tout moment - et sans craindre la moindre mesure de rétorsion - d’envahir la bande de Gaza pour y commettre ses massacres dans le cadre « d’expéditions punitives ». Soyons certains que les troupes européennes se contenteront alors au mieux de compter les points, voir collaboreront à leur manière comme le fait la FINUL au Liban - N.d.T]
Briser la volonté palestinienne
Cette proposition limite non seulement la perspective d’un état palestinien, mais elle est également conçue pour briser la volonté du peuple palestinien, réduisant celui-ci en une population préoccupée par les besoins immédiats de la vie aux dépens de ses libertés et aspirations.
Tandis qu’il pourrait fournir une trompeuse sensation de paix et de calme aux Israéliens à court terme, et soumettre temporairement la population de Gaza, ce plan obstruera définitivement les chances d’un règlement pour une paix viable et sur le long terme, et aboutira à déclencher des hostilités à la fois dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Les habitants de Gaza seraient peut-être les témoins d’une amélioration de leur situation économique, mais ce sera au prix de leurs libertés et de leurs aspirations, lesquelles ne peuvent pas être satisfaites uniquement par un relatif bien-être. Les Gazans font partie d’une nation bien plus large, et n’importe quelle tentative de nier ce fait ne fera que radicaliser encore plus les Palestiniens.
La proposition peut être utile à Lieberman et à ses plans racistes, dans le cadre desquels les Palestiniens sont considérés non pas comme des personnes disposant de droits et ayant des aspirations nationales, mais comme des obstacles devant être mis de côté, ou mieux toujours, supprimés. Mais cette proposition rendrait de manière permanente les Palestiniens dépendants de la pitié des autres et affecterait de façon irréversible n’importe quelle perspectective de paix.
Mais les Palestiniens ne sont ni naïfs ni sans moyens, et il ne dépend que d’eux de rétablir la réconciliation nationale palestinienne qui rendrait insignifiantes de tels projets.
* Lamis Andoni est un analyste et un commentateur des affaires du Moyen-Orient et de la Palestine.
1° août 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction de l’anglais : Naguib
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Une Knesset israélienne fasciste

lundi 9 août 2010 - 07h:04
Michel Warschawski - AIC
Une descente folle vers l’abîme, dont on ne connaît pas la fin.
Cette semaine, la Knesset entame ses vacances d’été, ses membres ont reçu leurs congés : dans les derniers jours de la session qui prend fin, ils ont fait un grand nombre d’heures supplémentaires pour présenter diverses propositions, dont le dénominateur commun est de sauver l’Etat de ses ennemis intérieurs.
Nous n’évoquerons que quelques-unes d’entre elles : proposition de déclarer le Mouvement islamiste illégal ; d’organiser un référendum pour dire si le gouvernement peut ou non accepter un accord de paix qui inclurait le retrait de Jérusalem-Est ou du plateau du Golan ; de conditionner l’octroi de la citoyenneté à la loyauté envers l’Etat, en tant qu’Etat juif ; de criminaliser les citoyens qui soutiennent les sanctions et/ou un boycott contre Israël, notamment un boycott des produits des colonies. A celles-ci et à toutes les autres, nous devons ajouter la vieille proposition interdisant toute commémoration publique de la Naqba.
Le visage de la Knesset est comme celui de sa plus récente législation : fasciste, avec une opposition qui est la plus minuscule et la plus lamentable. Il n’est pas surprenant, dès lors, que la Knesset ait du mal à accepter en son sein des membres comme Hanin Zoabi, spécialement car il n’est pas possible de l’exclure, pas encore ? Dans cette optique, la Knesset lui a retiré certains de ses droits en tant que personnalité publique élue. Mon cœur est avec Hanin Zoabi, Jamal Zahalkha, Dov Hanin, et la poignée de personnes saines qui restent dans la législature, obligées de côtoyer une centaine de petites brutes grossières et faibles d’esprit qui démontrent à leur égard une violence verbale qui, tôt ou tard, va se transformer en une véritable agression.
Il s’agit d’une législature que nous avons héritée directement de l’agression sanglante contre les habitants de Gaza en hiver 2008/2009. Le vaste soutien, quasiment unanime, aux crimes de guerre d’Olmert, Barak et Ashkenazy a donné naissance à une Knesset fasciste dans laquelle Benjamin Netanyahu ressemble à un homme d’Etat modéré et Tzipi Livni à une gauchiste radicale.
En conséquence, l’Etat d’Israël fait l’expérience en ce moment d’un isolement international sans précédent, et même « l’atmosphère amicale » censée caractériser la dernière rencontre entre Netanyahu et le Président US ne peut dissimuler le sentiment de gêne de la Maison-Blanche devant les actions israéliennes. La violence meurtrière utilisée par l’armée contre la Flottille de la Liberté a choqué le monde entier, non seulement parce qu’il y eut de nombreux morts et blessés, mais surtout en raison du message qu’Israël voulait transmettre au monde : nous faisons ce que nous voulons, sans considération aucune du droit international, de notre image et des implications pour la communauté internationale, notamment nos partenaires stratégiques telle que la Turquie. « Nous avons montré au monde que nous sommes prêts à devenir fous, » fanfaronnait Tzipi Livni après le massacre dans Gaza, ce qui prouve qu’il y a un héritage de Golda Meir quand celle-ci disait : « Ce qui importe, ce n’est pas ce que les goys disent, mais ce que les juifs font ». Meir avait elle aussi l’habitude de se vanter, avec, entre autres conséquences, la défaite d’Israël dans la guerre du « Yom Kippur » en 1973. Il n’y a aucun doute, un autre « Yom Kippur » attend Israël, bien plus amer que le précédent. Ce n’est qu’une question de temps, et cette fois, il viendra indubitablement du Nord.
C’est une descente folle vers l’abîme, dont on ne connaît pas la fin. Les Grecs avaient l’habitude de dire que, avant de détruire leurs ennemis, les dieux devaient les rendre fous. Toutes les lois proposées dans la dernière période par la Knesset, et le monstre législatif qui leur a donné le jour, expriment cette folie qui précède la chute.

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27 juillet 2010 - The Alternative Information Center - traduction : JPP
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Une arme absolue : le pacifisme

publié le lundi 9 août 2010
Hamid Barrada

 
OPINION :
La force, rien que la force, tel est le credo d’[Israël] depuis la guerre de Gaza (fin 2008-début 2009). Et si un problème ne se règle pas par la force, il suffit d’utiliser plus de force pour en venir à bout.
On savait tout sur la flottille Liberté pour Gaza avant qu’elle soit arraisonnée par un commando israélien, le 31 mai, intervention qui a entraîné neuf morts et l’indignation du monde entier. Diligentés par des ONG pacifistes et transportant 10 000 t de produits destinés à la population palestinienne soumise à un blocus depuis près de trois ans, les six bateaux avaient appareillé à partir de la Turquie, qui s’était assurée que l’opération serait rigoureusement pacifique. Tout cela, les Israéliens ne pouvaient l’ignorer. Et si l’opération Free Gaza était un piège, ils sont tombés dedans à pieds joints et les yeux grands ouverts. Pourquoi  ?
Quelques semaines après le drame, la question essentielle reste posée. Les explications avancées mènent en fin de compte à une seule, qui a la force de l’évidence. Le gouvernement israélien avait opté pour un traitement militaire en en assumant toutes les conséquences. C’était même l’occasion, pour lui, d’une démonstration de force supplémentaire. La force, rien que la force, tel est le credo de l’État hébreu depuis la guerre de Gaza (fin 2008-début 2009). Et si un problème ne se règle pas par la force, il suffit d’utiliser plus de force pour en venir à bout.
Les Israéliens sont d’autant plus confortés dans leurs certitudes qu’ils bénéficient de la compréhension constante de ce que l’on appelle la communauté internationale. La meilleure illustration en est précisément Gaza. Avec, outre l’opération Plomb durci, dont le bilan se passe de tout commentaire – 1 400 morts palestiniens et 13 israéliens –, le blocus imposé à un million et demi de Palestiniens qui ont mal voté (pour le Hamas). Parfaitement illégal, injuste, inhumain, sadiquement cruel et mesquin (interdiction d’un shampoing ou d’une épice…), il dure dans l’indifférence générale.
Or, la flottille de la liberté a créé une nouvelle donne. Désormais, il y a un avant- et un après-31 mai 2010. L’abordage israélien a choqué partout et l’habituelle invocation de la légitime défense ne marche plus. Du coup, Gaza et la Palestine ne sont plus des affaires arabes ou musulmanes, elles intéressent tout le monde. Ce qui met à mal l’arrogance israélienne.
L’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche n’est pas étrangère à ce retournement de l’opinion. En optant pour une politique équilibrée à l’endroit du monde arabo-musulman et, dans la foulée, pour la recherche sérieuse d’un règlement du conflit du Moyen-Orient, il a mis à découvert les véritables intentions d’Israël, qui n’ont rien à voir avec la paix. En exigeant en vain l’arrêt de la colonisation, il aurait commis une erreur tactique. Peut-être. En tout cas, il a mis au jour le véritable problème  : le refus d’Israël de la paix.
Les Israéliens ne veulent pas la paix mais les territoires. Lesquels  ? Un voleur est pragmatique, il convoite tout le butin et prend ce qu’il peut. Les Israéliens n’ont pas à se plaindre, ils ont beaucoup pris et personne – ONU, Quartet, États-Unis… – n’a réussi à modérer leur appétit. Mais, là encore, la situation a changé. Le 31 mai, avec Free Gaza, une nouvelle arme a fait son apparition  : le pacifisme. Efficacité redoutable, usage facile et légitime, à la portée de tous, Scandinaves, Maghrébins, Turcs et Australiens, il mobilise des anonymes et des Prix Nobel. Sa fabrication est aisée  : on affrète des bateaux (les mécènes devraient se bousculer dans le Golfe), on réunit militants et produits, et on prend le large. Enfin, ce qui ne gâche rien, il est d’emblée très médiatique.
Naguère, un certain Che Guevara avait appelé à multiplier les Vietnam. Le mot d’ordre révolutionnaire aujourd’hui  : « Un, deux, trois Free Gaza. »
publié par Jeune Afrique le 13/07/2010

Tout est calme sur le front de l’Est

publié le lundi 9 août 2010
Uri Avnery – 31 juillet 2010

 
Cette semaine, les gens dotés d’oreilles politiques sensibles ont été très surpris d’entendre ces mots qui, apparemment, avaient échappé à Benjamin Nétanyahou : “Front de l’Est”
Il fut un temps où ces mots faisaient partie du vocabulaire quotidien de l’occupation. Ces dernières années, ils ont pris la poussière dans la casse politique.
L’ASSOCIATION DE MOTS “Front de l’Est” est apparue après la Guerre des Six Jours. Elle servait à étayer la doctrine stratégique selon laquelle le Jourdain est la “frontière de sécurité” d’israël.
La théorie est qu’il serait possible que trois armées arabes – celles d’Irak, de Syrie et de Jordanie – se rassemblent à l’est du Jourdain, franchissent le fleuve et mettent en danger l’existence d’Israël. Nous devons les arrêter avant qu’ils n’entrent dans le pays. Par conséquent, la vallée du Jourdain doit servir de base permanente à l’armée israélienne, nos troupes doivent y stationner.
C’était là, dès le départ, une théorie discutable. Pour participer à une telle offensive, l’armée irakienne aurait dû se rassembler, traverser le désert et se déployer en Jordanie, une opération logistique longue et complexe qui donnerait à l’armée israélienne tout le temps de frapper les Irakiens longtemps avant qu’ils n’atteignent la rive du Jourdain. Quant aux Syriens, il leur serait beaucoup plus facile d’attaquer Israël sur les hauteurs du Golan plutôt que de faire faire mouvement à leur armée vers le sud pour attaquer par l’est. Et la Jordanie a toujours été un partenaire secret – mais loyal – d’Israël (sauf pendant le court épisode de la Guerre des Six Jours.)
Au cours des années récentes, la théorie est devenue manifestement ridicule. Les Américains ont envahi l’Irak, vaincu et mis en déroute la glorieuse armée de Saddam Hussein, qui s’est révélée n’être qu’un tigre de papier. Le royaume de Jordanie a signé un traité de paix officiel avec Israël. La Syrie saisit toutes les occasions pour manifester son aspiration à la paix, si seulement Israël voulait bien lui rendre les Hauteurs du Golan. En bref, Israël n’a rien à craindre de ses voisins de l’est.
Il est vrai que la situation peut évoluer. Les régimes changent, les alliances changent. Mais il est impossible d’imaginer une situation dans laquelle trois armées terrifiantes traverseraient le Jourdain pour entrer en Canaan, comme les enfants d’Israël dans le récit biblique.
Bien plus, l’idée d’une attaque terrestre, comme le blitzkrieg nazi au cours de la seconde guerre mondiale, appartient à l’histoire. Dans toute guerre future, les missiles à longue portée joueront un rôle dominant. On pourrait imaginer les soldats israéliens de la vallée du Jourdain allongés sur des chaises longues pour observer les missiles volant au-dessus de leurs têtes dans l’une et l’autre directions.
Alors, comment se fait-il que cette idée saugrenue ait repris vie ?
IL PEUT être utile de se reporter 43 ans en arrière, pour comprendre comment ce croquemitaine est né.
À peine six semaines après la Guerre des Six Jours, le “Plan Allon” fut lancé. Yigal Alon, alors Ministre du Travail, le soumit au gouvernement. Il ne fut pas adopté officiellement, mais il exerça une influence majeure sur le pouvoir israélien.
Aucune carte officielle du plan ne fut jamais publiée, mais la connaissance de ses principaux éléments se diffusa. Allon proposait d’annexer la Vallée du Jourdain et la rive occidentale de la Mer Morte à Israël. Ce qui restait de la Cisjordanie deviendrait des enclaves entourées de territoires israéliens, à l’exception, près de Jéricho, d’un étroit corridor qui relierait la Cisjordanie au royaume de Jordanie. Allon proposait aussi d’annexer à Israël certaines zones de la Cisjordanie, le nord du Sinaï (“le passage de Rafah”) et le sud de la Bande de Gaza (“les colonies de Katif”).
Il ne prenait pas en considération le fait que la Cisjordanie pourrait revenir à la Jordanie ou devenir une entité palestinienne distincte. Je l’ai attaqué une fois depuis la tribune de la Knesset en l’accusant de faire obstruction à l’établissement de l’État palestinien, que je soutenais, et quand je retournai à mon siège, il m’adressa un message : “Je suis partisan d’un État palestinien en Cisjordanie. En quoi donc suis-je moins que vous une colombe ? ”
Le plan était présenté comme un impératif militaire, mais ses motivations étaient tout autres.
A l’époque, je rencontrais Allon assez régulièrement, et j’avais de ce fait l’occasion de suivre ses plans. Il avait été l’un des principaux dirigeants de la guerre de 1948 et faisait figure d’expert militaire, mais par-dessus tout, il était membre de la direction du mouvement Kibboutz qui avait à l’époque une grande influence dans le pays.
Immédiatement après la conquête de la Cisjordanie, les gens du mouvement Kibboutz se répandirent dans la région à la recherche de zones qui conviendraient à une agriculture intensive moderne. Naturellement ils étaient attirés par la vallée du Jourdain. De leur point de vue, c’était un endroit idéal pour de nouveaux kibboutz. Et, ce qui était plus important, il était peu peuplé. Tous ces avantages faisaient défaut dans d’autres régions de la Cisjordanie : leur population était dense, la topographie montagneuse et l’eau rare.
Selon moi, la totalité du plan d’Allon était le fruit d’une avidité agricole, et la théorie militaire n’était rien d’autre qu’un prétexte de sécurité commode. Et d’ailleurs, le résultat immédiat fut l’établissement d’un grand nombre de Kibboutz et de Moshav (villages coopératifs) dans la vallée.
Des années ont passé avant que les limites du plan Allon n’explosent et que des colonies ne soient implantées partout en Cisjordanie.
LE PLAN ALLON donna naissance au croquemitaine du “Front de l’Est” et depuis lors il a terrorisé ceux qui recherchent la paix. Comme un fantôme, il va et vient, se concrétise et s’évanouit, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre.
Ariel Sharon exigea l’annexion de la “vallée élargie”. La vallée elle-même, une partie de la Grande Vallée du Rift Syro-Africain, fait 120 km de long (de la Mer de Galilée à la Mer Morte) mais seulement 15 km de large. Sharon réclamait de façon presqu’obsessionnelle l’ajout de “l’arrière de la montagne”, c’est-à-dire la pente orientale de la chaîne de montagne du centre de la Cisjordanie, qui l’aurait élargie de façon substantielle.
Lorsque Sharon adopta le projet de mur de séparation, celui-ci était supposé séparer non seulement la Cisjordanie d’Israël à proprement parler, mais aussi de la vallée du Jourdain. Cela aurait rendu réalisable ce que l’on appelait le “Plan Allon plus”. Le mur aurait entouré la totalité de la Cisjordanie, à l’exclusion du corridor de Jéricho. Ce plan n’a pas été mis à exécution à ce jour à la fois en raison de l’opposition internationale et du manque de financements.
Depuis les Accords d’Oslo, presque tous les gouvernements israéliens qui se sont succédés ont soutenu que la Vallée du Jourdain devait rester sous autorité israélienne dans tout accord de paix futur. Cette exigence s’est présentée de nombreuses façons : quelquefois on parlait de “frontière de sécurité”, quelquefois de “postes d’alerte”, quelquefois d’“installations militaires”, quelquefois de “bail à long terme”, selon les talents créatifs des Premiers ministres successifs. Le dénominateur commun : la vallée devrait rester sous contrôle israélien.
Quel Front de l’Est ? Quelles sont à cet endroit les menaces de nos voisins de l’est ? Où est Saddam Hussein ? Où est Hafez al-Assad ? Mahmoud Ahmadinejad va-t-il envoyer les colonnes blindées des Gardiens de la Révolution vers les points de passage du Jourdain ?
Eh bien, voici comment se présentent les choses : les Américains vont quitter l’Irak un jour. Alors va surgir un nouveau Saddam Hussein, un Chiite cette fois, et qui va faire alliance avec l’Iran Chiite et les Turcs perfides, et comment pouvez vous compter sur le roi de Jordanie qui exècre Nétanyahou ? Des choses terribles peuvent survenir si nous ne maintenons pas notre surveillance de la rive du Jourdain !
Cela est manifestement ridicule. Quel est alors le véritable objectif ?
Le monde entier s’active maintenant avec la demande américaine que s’engagent des “entretiens directs”entre Israël et l’Autorité Palestinienne. On pourrait avoir la tentation de penser que la paix du monde dépend de la transformation des “entretiens de proximité”en “entretiens directs”. Jamais tant de paroles d’hypocrisie moralisatrice n’ont été déversées sur une question aussi triviale.
Les “entretiens de proximité” se sont déroulés pendant plusieurs mois maintenant. Ce serait une erreur de dire que leurs résultats ont été presque nuls. Ils ont été nuls. Absolument nuls. Alors, que va-t-il se passer si les deux parties s’assoient ensemble dans une seule pièce ? On peut prédire avec une certitude absolue : un autre résultat nul. À défaut d’une détermination américaine à imposer une solution, il n’y aura aucune solution.
Alors, pourquoi Barack Obama insiste-t-il ? Il y a une explication : dans l’ensemble du Moyen Orient, sa politique a échoué. Il a un besoin urgent d’une réalisation impressionnante. Il a promis de quitter l’Irak et la situation là-bas rend la chose impossible. La guerre en Afghanistan va de mal en pis, un général s’en va et un général arrive, et la victoire est plus éloignée que jamais. On peut déjà imaginer le dernier Américain en train de grimper dans le dernier hélicoptère sur le toit de l’ambassade des États-Unis à Kaboul.
Reste le conflit israélo-palestinien. Là aussi, Obama se trouve en situation d’échec. Il espérait obtenir beaucoup sans rien investir et fut facilement vaincu par le lobby pro-Israël. Pour cacher sa honte, il a besoin de quelque chose qui puisse être présenté au public américain ignorant comme une grnde victoire américaine. La reprise de « discussions directes » peut servir à cela.
Nétanyahou, quant à lui, est entièrement satisfait de la façon dont se présente la situation. Israël demande des entretiens directs, les Palestiniens refusent. Israël tend la main pour faire la paix, les Palestiniens la refusent. Mahmoud Abbas exige qu’Israël prolonge le gel des colonies et déclare par avance que les négociations seront basées sur les frontières de 1967.
Mais les Américains sont en train d’exercer d’énormes pressions sur Abbas, et Nétanyahou craint qu’Abbas ne cède. Voilà pourquoi il déclare qu’il ne peut pas procéder au gel des colonies, parce que dans ce cas – à Dieu ne plaise ! – sa coalition se désintégrerait. Et si cela n’est pas suffisant, voici le Front de l’Est. Le gouvernement Israélien fait savoir aux Palestiens qu’il n’abandonnera pas la Vallée du Jourdain.
Pour bien enfoncer le clou, Nétanyahou a commencé à évacuer la population palestinienne qui reste dans la vallée, quelques milliers de personnes. Des villages sont rasés, à commencer cette semaine par Farasiya où toutes les habitations et toutes les installations d’eau ont été détruites. C’est du nettoyage ethnique pur et simple, tout comme l’opération similaire conduite atuellement contre les Bédouins du Néguev.
Ce que Nétanyahou est en train de dire, en moins de mots, c’est : Abbas devrait réfléchir à deux fois avant de s’engager dans des “entretiens directs”.
LA VALLÉE DU JOURDAIN descend au plus bas point de la surface terrestre, la Mer Morte, 400 mètres au dessous du niveau moyen des mers.
La réactivation du Front de l’est pourrait bien indiquer le plus bas point de la politique de Nétanyahou, avec l’intention de mettre à mort définitivement toute chance de paix qui subsiste.
Article écrit, en hébreu et en anglais, le 31 juillet 2010, publié sur le site de Gush Shalom – Traduit de l’anglais « All Quiet on the Eastern Front » pour l’AFPS : FL