samedi 12 juin 2010

Bernard-Henri Lévy, vous êtes désinformé. En réponse à Bernard-Henri Lévy

par Gideon Levy, correspondant Ha’aretz
publié le vendredi 11 juin 2010.
Diabolisation ? Peut-être, mais le moyen de lutter contre est d’imposer un siège sur son arsenal. Sans le blocus de Gaza, sans l’occupation, il n’y aurait pas matière à diabolisation. Est-ce trop attendre de vous, autrefois la voix de la conscience, que vous compreniez çà ?
10.06.10
Cher Bernard-Henri Levy, nous ne nous connaissons malheureusement pas. Nous nous sommes vus un bref instant dans les décombres fumants de Gori, en pleine guerre de Géorgie. Vous étiez venu pour une courte visite et, comme d’habitude, avez attiré l’attention, comme dans les autres zones de conflit que vous avez visitées.
J’admire profondément les intellectuels éminents comme vous qui s’efforcent de faire un tour sur les champs de massacre et de prendre la parole. En tentant de protéger Israël, comme en témoigne votre article dans le Haaretz de mardi ("Il est temps d’arrêter de diaboliser Israël"), vous avez fait plaisir à beaucoup d’Israéliens, qui avaient grand besoin d’entendre sur leur pays un mot positif, denrée très rare ces jours-ci.
Je ne vais pas gâcher leur plaisir. Mais au nom de votre appel à mettre fin à la désinformation, je tiens à attirer votre attention sur une information qui vous est peut-être sortie de la mémoire.
On peut facilement imaginer que, du temps où vous étiez plus jeune, vous auriez participé à la flottille. À cette époque, un blocus de plus de quatre ans sur 1,5 million de personnes aurait éveillé chez vous le besoin moral de vous joindre aux protestataires. Mais aujourd’hui, pour ce qui est de vous et de la plupart des Israéliens, il n’y a pas de blocus de Gaza.
En parler est, de votre point de vue, de la "désinformation".
Au fait, puisque vous étiez déjà ici, pourquoi n’avez-vous pas fait un saut à Gaza comme votre ami Mario Vargas Llosa, pour voir de vos propres yeux s’il y a un blocus ? Les médecins de l’hôpital Shifa, par exemple, vous auraient parlé des gens qu’ils voient mourir à cause de ce non-blocus.
C’est vrai, personne ne meurt de faim. Pourtant, l’organisation pour la liberté de mouvement Gisha a publié cette semaine un rapport disant qu’Israël autorise aujourd’hui l’importation à Gaza de 97 articles, contre 4 000 avant le siège. N’est-ce pas un blocus, çà ?
Un grand supermarché israélien a une gamme de 10 à 15 000 articles ; à Paris, c’est certainement plus. Mais Gaza a droit à 97 articles. On s’attendrait de la part d’un bon vivant raffiné comme vous, entre tous, à une meilleure compréhension des besoins gastronomiques.
Vous expliquez, comme si vous étiez le porte-parole de Tsahal, qu’Israël laisse entrer dans Gaza 100 à 125 camions par jour. Une centaine de camions pour 1,5 million de personnes : n’est-ce pas là un "siège impitoyable" comme l’a appelé le journal Libération, contre lequel vous vous êtes insurgé ?
80% des habitants de Gaza doivent leur survie à l’aide humanitaire, 90% de ses usines sont fermées ou tournent au ralenti. Vraiment, Bernard-Henri, n’est-ce pas là un blocus ? Un grand intellectuel comme vous, entre tous, n’est-il pas censé savoir que les besoins des gens, y compris des Gazaouis, ne se limitent pas au pain et à l’eau ?
Mais arrêtons de parler statistiques ; après tout, les philosophes ne font pas dans les chiffres.
Vous écrivez qu’Israël a été désigné comme le responsable du blocus "ad nauseum" et que c’est un blocus. …Soudain, même vous, vous appelez çà un blocus, imposé par Israël ainsi que par l’Égypte.
Exact. La participation de l’Égypte est effectivement scandaleuse et inexplicable, mais on ne peut pas juger l’Égypte et Israël de la même manière. L’occupation de Gaza n’est pas finie, elle a simplement été levée (parce que çà arrangeait l’occupant), mais Israël est toujours responsable.
La monnaie officielle de Gaza est le shekel, l’état-civil est tenu par Israël, qui contrôle et surveille également toute personne entrant dans la Bande de Gaza. Des décennies d’occupation ont rendu Gaza dépendante d’Israël, et Israël ne peut pas s’en débarrasser par un simple "désengagement".
Mais arrêtons de parler blocus, que vous le niez ou le défendiez. Comment pouvez-vous ignorer le contexte ? Il y a eu 43 ans d’occupation et de désespoir pour des millions de gens, dont certains aimeraient peut-être devenir Bernard-Henri Lévy au lieu d’être condamnés à passer leur vie à lutter pour survivre.
Quelles chances un jeune Palestinien a-t-il de faire quelque chose de sa vie ?
Regardez les photos des Gazaouis qui, hier, se pressaient en nombres au poste-frontière de Rafah, et voyez l’expression sur leur visage.
Vous avez certainement [déjà] entendu parler de la liberté. Vous ne pouvez reprocher l’occupation à personne d’autre que nous, les Israéliens. Elle s’excuse de nombreuses façons, mais ces excuses ne changent au bout du compte rien à la vérité ultime : Israël est un occupant. C’est là la racine de tous les maux, et c’est ce que vous avez dissimulé. Pas un mot là-dessus.
Peut-être Israël a-t-il le droit d’empêcher Gaza d’importer des armes, mais vous n’avez pas le droit d’ignorer ce qui a transformé Gaza en une zone de réfugiés désespérés.
Vrai, Bernard-Henri, le monde exige davantage d’Israël que des dictatures. Ce n’est pas la "confusion d’une époque," comme vous avez appelé çà, mais une époque nouvelle (et juste) où le monde exige qu’Israël paye le prix de son comportement en tant que démocratie.
Diabolisation ? Peut-être, mais le moyen de lutter contre est d’imposer un siège sur son arsenal. Sans le blocus de Gaza, sans l’occupation, il n’y aurait pas matière à diabolisation. Est-ce trop attendre de vous, autrefois la voix de la conscience, que vous compreniez çà
http://www.haaretz.com/opinion/in-response-to-bernard-henri-levy-1.295283

Washington:"Les capacités du Hezbollah dépassent celles des forces sécuritaires"

11/06/2010     
L'administration américaine a de nouveau réitéré le refus de dialogue avec le Hezbollah, considérant que le parti en question représente une menace sérieuse pour les Etats-Unis, Israël et le Liban, et refusant l'idée de séparer les ailes politique et militaire.    
Au cours d'une réunion d'une commission affiliée aux affaires étrangères au Congrès américain sous le titre de "l'évaluation de la force du Hezbollah", l'assistant de la chef de la diplomatie d'Etat américaine Jeffrey Feltman et le coordinateur du ministère des affaires étrangères pour la lutte "antiterroriste" Daniel Benjamin ont présenté leurs études sur les capacités militaires du Hezbollah. 
Selon Benjamin, "le Hezbollah reste le groupe terroriste qui détient la plus grande capacité terroriste dans le monde", ajoutant : "Nous admettons que le Hezbollah ne menace pas les Etats-Unis directement, mais nous savons que cette situation pourra changer selon les changements dans la région". 
Il a dit refuser toute distinction entre les branches politique et militaire du Hezbollah.  
Pour Feltman, "tant que le Hezbollah possède une milice terroriste qui commet des actes terroristes dans la région et même à l'extérieur, nous n'allons pas dialoguer avec lui".   
Mais l'ancien ambassadeur américain en Irak et en Syrie Ryan Crocker, a appelé les Etats-Unis à réviser leur politique et à dialoguer avec les politiciens du Hezbollah, surtout les membres du parti dans le gouvernement et le parlement libanais.  
"Ce que j'ai appris de l'Irak est que le dialogue peut avoir une grande importance pour mettre fin à une rébellion.   Nous ne pouvons pas influencer la mentalité de notre adversaire si nous ne dialoguons pas avec lui. Les Etats-Unis doivent réaliser que le Hezbollah fait partie de la scène politique libanaise, et nous devons traiter avec lui directement", a indiqué Crocker.  
Feltman et Benjamin ont précisé que "les capacités du Hezbollah dépassent celles des forces sécuritaires libanaises légitimes et des forces de l'ONU. Les membres du Hezbollah sont estimés à des milliers de personnes, alors que les dirigeants du parti ont révélé qu'ils possèdent plus de 40.000 roquettes. Mais il est important de souligner que le Hezbollah n'est pas un groupe invincible ni imbattable".    
Il semble que les Etats-Unis se concentrent sur la possibilité de vaincre le Hezbollah en renforçant les capacités des forces libanaises officielles afin de prendre en charge la sécurité du pays et affaiblir l'influence du Hezbollah.  
Il s'est abstenu de répondre à une question sur l'éventualité du déclenchement d'un conflit dans la région, mais à la question de savoir si Washington soutient une frappe israélienne contre le Liban, Feltman a répondu: "les Etats-Unis soutiennent le droit d'Israël à l'autodéfense".  
Mais Feltman a enfin reconnu que le Hezbollah possède un soutien populaire important. "Même si cela ne nous plait pas, nous ne pouvons pas le nier". 

Flottille de la liberté: les Turcs contre attaquent sur le web

11/06/2010
Piraterie sur le web contre piraterie maritime.

Les représailles turques sur la toile à l'attaque meurtrière israélienne contre la flottille de la liberté ne se sont pas fait attendre. Selon des médias israéliens, plus d'un milliers de sites israéliens ont fait l'objet d'attaques menées par des hijakcers.
Sur toutes les premières pages des sites piratés, drapeaux turcs et palestiniens sont brandis, accompagnés de slogans hostiles à Israël, et des appels de soutien  aux Palestiniens et à Gaza.  
Parmi les sites pris pour cible, figurent celui de la mairie de Tel Aviv,  ceux revenant  à deux équipes de football israéliens, ainsi que des sites appartenant à des sociétés et des banques israéliennes.  
De plus, l'attaque était multi nationale et ne s'est pas limité aux Turcs: selon des sources turques, des Algériens, Marocains, des Palestiniens de la Bande de Gaza, voire même des Indonésiens ont porté maint forte aux hijakcers turcs. 
L'attaque turque contre les sites israéliens est la deuxième du genre. Au lendemain de l'humiliation infligée à l'ambassadeur turc en " Israël", le mois de janvier dernier, une première invasion avait été faite, au cours de laquelle le site du célèbre quotidien de renommée" Jérusalem Post" avait été conquis.  
En plus des slogans hostiles au comportement israélien à l'encontre du diplomate turc, les hijakcers ont publié sur la première page du site les photos des acteurs du feuilleton turc " la Vallée des loups", dont la diffusion avait été prise pour prétexte pour justifier l'acte israélien.

Israël : l’État hors-la-loi

vendredi 11 juin 2010 - 08h:54
Patrick Seale - Jeune Afrique
En lançant un raid meurtrier contre une flottille affrétée par des activistes propalestiniens au large de Gaza, le 31 mai, les Israéliens se sont attiré la réprobation du monde entier. Dérapage ou stratégie visant à préparer le terrain à une attaque contre l’Iran  ?
« Terrorisme d’État », « acte de piraterie », « crime de guerre »... L’assaut sanglant d’un commando israélien contre la flottille Free Gaza, le 31 mai, s’est attiré la réprobation générale. Le monde entier y a vu la preuve éclatante du mépris d’Israël pour le droit international et du peu de prix qu’il accorde à la vie humaine dès lors que des Juifs ne sont pas impliqués.
Devant la gravité de cet acte - au vu des neuf morts et du nombre de blessés parmi les militants non armés qui cherchaient à rompre le blocus de Gaza en vigueur depuis trois ans -, cette indignation semble justifiée. Mais elle n’explique pas pourquoi Israël a choisi d’agir de la sorte. Ses dirigeants, civils comme militaires, ne sont pas des débutants. Leurs actions sont mûrement réfléchies et pesées avec soin. Quel a donc été leur calcul  ?
Deux doctrines sécuritaires ont, semble-t-il, été appliquées  : l’une dirigée contre les Palestiniens, l’autre contre les adversaires d’Israël au Moyen-Orient (l’Iran, principalement, et ses alliés arabes radicaux  : la Syrie, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien).
Afin de satisfaire ses ambitions expansionnistes, Israël a toujours évité de s’engager dans de vraies négociations avec les Palestiniens qui, en cas d’accord, le contraindraient à céder des territoires. Les dirigeants israéliens détestent les modérés, comme Mahmoud Abbas, l’infortuné président de l’Autorité palestinienne. Ils leur préfèrent de loin les extrémistes du Hamas, avec lesquels toute discussion est exclue, donnant prétexte à cet éternel refrain  : « Comment négocier avec quelqu’un qui veut vous tuer  ? »
L’attaque de la flottille au large de Gaza est leur dernière tentative destinée à radicaliser les Palestiniens et à torpiller, avant même qu’ils aient réellement commencé, les « pourparlers indirects » que George Mitchell, l’émissaire du président Obama au Moyen-Orient, a laborieusement réussi à relancer. Désormais, la pression qui pèse sur Mahmoud Abbas est énorme. S’il ne se retire pas de ce processus, il risque d’être qualifié de traître par une opinion palestinienne et arabe très remontée.
De toute évidence, Israël a calculé que la tempête finirait par se calmer et que, en attendant, il pouvait mettre cet épisode à profit pour continuer son expansion territoriale. Ce dernier assaut militaire sera vite oublié. Tout comme la guerre de Gaza (décembre 2008-janvier 2009) a été balayée par d’autres événements. Le blocus est maintenu, les Palestiniens restent divisés, la communauté internationale s’offusque mais ne fait rien... et, pendant ce temps, Israël poursuit la colonisation.
Des dossiers intimement liés
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou pense très probablement que Barack Obama n’osera pas durcir le ton avant les élections de la mi-­mandat, en novembre - ni même après, si les démocrates vacillent. Quant à la doctrine de défense israélienne au Moyen-Orient, elle était établie avant même la création de l’État hébreu par David Ben Gourion  : afin de garantir sa viabilité et sa sécurité dans un environnement hostile, il est impératif qu’Israël soit la superpuissance militaire de la région. Il doit être plus fort que tous ses adversaires réunis, ne jamais montrer de signes de faiblesse et systématiquement réagir avec la plus grande fermeté à tout défi, fût-il posé par des activistes propalestiniens désarmés.
Aujourd’hui, Israël considère l’Iran comme son principal adversaire. S’il décidait de frapper ses installations nucléaires, il devrait préalablement s’assurer que les États-Unis le soutiendraient et le protégeraient contre toutes représailles. Mais, pour obtenir ce soutien, Tel-Aviv doit montrer son entière détermination à combattre - et à détruire - la moindre menace à sa suprématie. Peut-être l’assaut de la flottille visait-il à préparer le terrain, politiquement et psychologiquement, à une attaque contre l’Iran. Car, pour Netanyahou et Obama, la guerre que mène Israël contre les Palestiniens et sa confrontation avec l’Iran sont deux dossiers liés.
Pressions intenables
Le Premier ministre israélien et les idéologues qui l’entourent se sont engagés dans une stratégie risquée et coûteuse. Israël s’est mis à dos une bonne partie de la planète. La haine qu’il suscite ira croissant - pas seulement chez les musulmans -, avec l’antisémitisme comme corollaire. La « délégitimation » d’Israël, qui inquiète déjà de nombreux intellectuels juifs en Europe et aux États-Unis, va se poursuivre.
Les pressions internationales en faveur d’une levée du blocus de Gaza pourraient devenir intenables pour l’État hébreu. La population égyptienne, très en colère, exercera également une forte pression sur ses dirigeants pour qu’ils rompent les relations avec Israël, avec lequel l’Égypte est en paix depuis 1979. Accusé par les pays arabes de contribuer au blocus de Gaza, le président Moubarak a déjà ordonné la réouverture du point de passage de Rafah entre son pays et la bande de Gaza afin de permettre le transit de matériel humanitaire. La Jordanie, qui entretient de bonnes relations avec Israël depuis de nombreuses années, estimera peut-être à son tour qu’elle doit prendre ses distances.
Quant à la Turquie, qui fut l’alliée d’Israël, elle a rejoint les rangs de ses plus farouches ennemis. C’est le plus lourd tribut que les Israéliens auront à payer pour avoir opprimé les Palestiniens et s’être lancés dans une expansion à outrance. Désormais, les Turcs leur disputent la domination régionale.
Cette crise internationale aura-t-elle des répercussions en Israël  ? Il se pourrait en effet que l’opinion, inquiète de susciter une telle hostilité dans le monde et craignant de perdre l’appui des États-Unis, rejette la politique intransigeante et dangereuse de Netanyahou. Celui-ci serait alors contraint de démissionner et d’affronter de nouvelles élections. Peut-être est-ce ce qu’espère secrètement Obama.
8 juin 2010 - Jeune Afrique
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8915

Désormais, la Turquie est capable de dire non

vendredi 11 juin 2010 - 09h:05
Ibrahim Kiras
Le 9 juin, les Turcs ont été les seuls avec les Brésiliens à voter non à de nouvelles sanctions contre l’Iran. Les Occidentaux vont devoir accepter le rôle géopolitique croissant d’Ankara, prévient le commentateur d’un quotidien populaire turc.
(JPG)
Le représentant de la Turquie au Conseil de sécurité de l’ONU a voté contre les sanctions, New-York, 9 juin 2010.
Les Turcs et les Brésiliens avaient réussi à forcer l’Iran à accepter les conditions posées par les Etats-Unis dans le dossier nucléaire. En effet, les clauses reprises dans l’accord de Téhéran signé en mai entre l’Iran, la Turquie et le Brésil correspondaient mot pour mot aux conditions réclamées par Barack Obama dans la lettre qu’il avait écrite aux dirigeants turcs et brésiliens. (Voir Iran : La lettre d’avril du Président Obama au Président Lula ). Malgré cela, dès que l’accord a été signé, les Etats-Unis ont fait le choix de renier leur parole. Dans ces conditions, le vote onusien en faveur de sanctions contre l’Iran apparaît de la part de l’alliance occidentale, et en particulier des Etats-Unis, comme un rejet des initiatives favorables à l’établissement d’une paix globale et à l’instauration d’une justice universelle émanant de pays émergents tels que la Turquie et le Brésil.
La politique étrangère américaine semble déterminée non pas à résoudre les problèmes, mais à faire des démonstrations de force. L’esprit belliqueux qui régnait sous l’administration Bush fils ne donne pas l’impression d’avoir disparu. Obama a du mal à engranger des réformes du fait d’équilibres fragiles sur le plan interne. Sa liberté d’action est en effet entravée par le département d’Etat qu’il a dû laisser à son ex-rivale Hillary Clinton, qui puise sa force auprès des lobbies juifs. Pour l’Amérique, laisser à des puissances moyennes telles que la Turquie et le Brésil la résolution de problèmes qu’elle estime devoir résoudre par elle-même est donc inacceptable.
Le même complexe s’observe aussi chez les Européens. De toute façon, il est peu probable que les sanctions débouchent sur des changements sur le front iranien. Toutefois, pour la Turquie, un point de non-retour vient d’être franchi. Dorénavant, nos amis occidentaux vont être confrontés à une Turquie "capable de dire non". Dès lors que la Turquie n’entend pas modifier ses choix diplomatiques, qui résultent de nouvelles conditions liées à l’importance géopolitique, historique, démographique et économique croissante de notre pays, et dès lors que nous ne sommes plus en période de guerre froide, nos amis vont devoir changer la vision qu’ils avaient jusque-là de notre rôle.
10 juin 2010 - Courrier international
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8916

“Gaza l’assiégée nous a libérés”

samedi 12 juin 2010 - 06h:00
Al-Quds Al-Arabi
Par le siège, Israël détermine ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, et sanctionne ceux qui n’agissent pas selon ses intérêts. C’est donc un moyen stratégique qui vaut de l’or. Israël ne s’en laissera pas dessaisir, même sous la pression d’une campagne internationale.
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Il était évident qu’Israël allait empêcher l’arrivée de la “flottille de la liberté” à Gaza. Non parce qu’il était convaincu de la présence de “terroristes” à bord des bateaux, ni par crainte de trafic d’armes : Israël prive la bande de Gaza de jouets pour enfants, de cahiers pour écoliers, de matériaux de construction, d’électricité, de médicaments... Non, ce n’était pas pour cela. C’était parce qu’Israël n’a pas imposé un blocus pour qu’on vienne le rompre. Il n’acceptera d’y mettre un terme qu’après la défaite de Gaza. Car Israël veut que ce territoire soit brisé. Comme il est difficile de le briser, il l’assiège. Or Gaza préfère le siège à la défaite.
Le but d’un combat digne est de faire en sorte que Gaza soit libre, c’est-à-dire ni brisée ni assiégée. Par le siège, Israël détermine ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, et sanctionne ceux qui n’agissent pas selon ses intérêts. C’est donc un moyen stratégique qui vaut de l’or. Israël ne s’en laissera pas dessaisir, même sous la pression d’une campagne internationale. Le véritable crime, ce n’est pas l’assaut contre la “flottille de la liberté”. Le véritable crime, c’est le siège contre Gaza. Si quelqu’un a commis un crime aussi grave, il n’hésitera pas à en commettre d’autres. La flottille a réussi à rompre le complot du silence - un complot impliquant ce qu’on appelle la communauté internationale, des Arabes et même des Palestiniens. L’écho médiatique suscité par la flottille a rappelé la question de Gaza ; la manière israélienne d’empêcher son arrivée a fait le reste et rappelé ­qu’Israël était un Etat qui commet des crimes.
La tournure que les choses ont prise n’a pas découlé d’événements imprévisibles. Elle était connue d’avance, en tout cas certainement de ceux qui planifient et donnent des ordres, à savoir Benyamin Nétanyahou, Ehoud Barak et Gabi Ashkenazi [chef d’état-major]. Le porte-parole de l’armée, Avi Benayahou, avait expliqué des dizaines de fois qu’il partait du principe que la flottille transportait des terroristes et des armes. C’est faux : c’est Israël qui a fait le choix de traiter les passagers en terroristes. C’est cela qui a déterminé la suite. C’est ce qui permet aux députés, à la Knesset, de traiter des militants politiques comme s’ils étaient des terroristes et d’accuser l’auteure de ces lignes d’être une terroriste avec un couteau entre les mains.
Une occupation qui échappe à l’attention du monde
Israël a décidé de détourner le bateau et ses passagers à 130 miles des côtes et à 100 miles des eaux territoriales. Ce seul crime aurait suffi pour qu’Israël tombe sous le coup de la justice internationale, sans parler des meurtres qui ont suivi. J’ai vu de mes propres yeux 14 navires de guerre et Zodiac entourant la flottille pendant qu’un hélicoptère survolait le Marmara, le ferry ayant à bord quelque 600 personnes. Ces forces ont commencé à arroser le bateau avec des lances à eau, ce qui fait que le pont était à peu près vide, mis à part des journalistes, au moment où l’on a fait descendre les soldats. J’ai vu de mes propres yeux des blessés se vider de leur sang jusqu’à mourir. Ils ont été privés de soins alors que je réclamais qu’on s’occupe d’eux, à haute voix et même en l’écrivant sur un panneau - mais en vain.
Beaucoup de passagers m’avaient demandé, la veille, si je pensais que les Israéliens allaient user de la force pour nous arrêter. Bien sûr que oui, leur avais-je répondu, puisque l’enjeu n’était pas d’empêcher l’arrivée d’aide humanitaire à Gaza, mais de maintenir le siège à tout prix. Mais, quand j’ai vu l’effroyable scène qui se déroulait sous nos yeux, j’ai compris que j’avais sous-estimé la situation. Ce dont il s’agissait, c’était de déclarer la guerre non seulement à ce bateau-là, mais à tous les bateaux à venir. Israël n’a pas envie de se fatiguer à répéter plusieurs fois le même message. C’est donc par des cadavres qu’il exprime sa mise en garde. L’Etat hébreu souhaite non seulement imposer le blocus, mais un blocus dont personne ne parle. Il souhaite poursuivre non seulement l’occupation, mais une occupation qui échappe à l’attention du monde. Il souhaite non seulement commettre des actes de piraterie et des meurtres, mais le faire à l’abri des regards. C’est pour cela qu’il a coupé nos moyens de communication pendant toute la durée de l’opération (c’est-à-dire pendant douze heures) et qu’il a gardé le monopole des informations sur ce qui s’est passé.
Sa version des faits repose sur l’allégation que les sympathisants auraient menacé la vie des soldats en usant de bâtons, de bombes et de couteaux. Il y aurait des images pour le prouver. Face ces affirmations, à nous d’affirmer notre version des faits. Selon nous, la question n’est pas de savoir ce qui s’est passé sur le bateau, mais pourquoi des soldats ont arraisonné le bateau qui se trouvait dans les eaux internationales. Il ne faut pas laisser à Israël le loisir de choisir le moment où l’Histoire commence. Ensuite, Israël accuse les passagers d’avoir été violents. Face à cela, il faut dénoncer l’arrogance qui voudrait non seulement qu’Israël soit au-dessus des lois, qu’il puisse pratiquer le piratage et les agressions, mais qu’en plus il puisse le faire sans qu’aucun de ses soldats soit blessé. Il voudrait la liberté de tuer sans prendre de coups.
Le rôle de la “flottille de la liberté” n’est pas terminé. Nous devons nous servir de cette initiative pour ouvrir le dossier de tous les crimes commis par Israël et pour rouvrir les yeux sur la réalité de cet Etat qui se croit ­au-dessus des lois internationales et écrase les Palestiniens.
La “flottille de la liberté” n’est pas seulement là pour libérer Gaza, mais également pour nous libérer. Car la bande de Gaza nous libère, alors qu’elle est assiégée.
10 juin 2006 - Courrier International
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8918

Le vieil enfant de Gaza et la mer

vendredi 11 juin 2010 - 06h:00
Ramzy Baroud - The Palestine Chronicle
Rien ne pouvait expliquer à un enfant de Gaza de six ans pourquoi ses héros avaient été assassinés ou kidnappés, simplement pour avoir essayé de traverser la ligne d’horizon.
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Quand on annonça que les bateaux avaient été attaqués et que beaucoup de militants avaient été tués ou blessés, le petit garçon de six ans en moi fut anéanti.

J’ai grandi au bord de la mer de Gaza. Quand j’étais enfant, je ne comprenais pas vraiment pourquoi cette immense étendue d’eau qui promettait une liberté infinie, était aussi la frontière d’un territoire minuscule et surpeuplé, un territoire perpétuellement détenu comme otage malgré le caractère irréductible de ses habitants.
Tout petit, je faisais avec ma famille le court trajet qui menait de notre camp de réfugiés à la plage. Nous avions une charrette branlante tirée par un âne tout aussi mal en point. Quand nos pieds touchaient le sable nous nous mettions à pousser des cris étourdissants. Avec nos petits pieds nous courions plus vite que des champions olympiques et pendant quelques heures tous nos soucis s’évanouissaient. Ici il n’y avait plus d’occupation, plus de prison, plus de réfugiés. Tout sentait le sel et la pastèque, tout en avait le goût. Ma mère s’asseyait sur une couverture à carreaux toute déchirée pour qu’elle ne soit pas emportée par les vents violents et elle riait en voyant mon père appeler frénétiquement ses fils pour qu’ils n’aillent pas dans l’eau trop profonde.
Je mettais la tête sous l’eau et j’écoutais le murmure envoûtant de la mer. Puis je sortais de l’eau, et je restais là à contempler l’horizon.
Quand j’avais cinq ou six ans, je croyais que juste derrière l’horizon il y avait un pays qui s’appelait l’Australie. Les gens là-bas étaient libres et allaient où ils voulaient. Il n’y avait ni soldats, ni tireurs d’élite, ni armes à feu. Les Australiens, je ne sais pourquoi, nous aimaient beaucoup et un jour ils viendraient nous voir. Quand j’en parlais à mes frères ils n’étaient pas convaincus. Malgré cela mon fantasme se développa et la liste des pays qui se trouvaient juste derrière l’horizon s’allongea. L’un d’entre eux était l’Amérique où les gens parlent une drôle de langue, un autre la France où on ne mange que du fromage.
Je fouillais les débris sur la plage pour trouver des "preuves" du monde qui existait derrière l’horizon. Je cherchais des bouteilles avec des inscriptions étrangères, des boites de conserve, des plastiques sales provenant des bateaux lointains et que la mer avait déposés sur le rivage. J’étais enchanté quand les inscriptions étaient en arabique. Je tenais à les lire moi-même. On me parla de l’Arabie Saoudite, de l’Algérie, du Maroc. Les gens qui y habitaient étaient arabes aussi et musulmans et priaient cinq fois par jour. Je n’en revenais pas. La mer était apparemment plus mystérieuse que je ne l’avais jamais imaginé.
Avant le premier soulèvement de 1987, la plage de Gaza fut déclarée hors limites et fut transformée en zone militaire fermée. Les pêcheurs pouvaient encore pêcher mais seulement à quelques milles nautiques. Nous avions le droit de pique-niquer et de nager mais pas après 18 h. Puis un jour les jeeps de l’armée israélienne dévalèrent la route pavée en soulevant des gerbes d’eau et séparèrent le camps de réfugiés de la plage. Ils exigèrent l’évacuation immédiate en nous menaçant de leurs armes. Mes parents hurlant de peur nous rassemblèrent en toute hâte et nous ramenèrent au camp dans nos maillots de bain.
Un jour, aux informations de la télévision israélienne, ils annoncèrent que la marine israélienne avait intercepté des terroristes palestiniens sur des canots pneumatiques qui faisaient route vers Israël. Ils furent tous tués et capturés, sauf une embarcation qui s’était probablement dirigée vers Gaza. Cela me bouleversa terriblement, surtout quand je vis des images des Palestiniens capturés à la TV israélienne. Ils tiraient les corps de leur camarades palestiniens morts entourés de triomphantes troupes israéliennes en armes.
J’essayais de convaincre mon père d’aller à la plage pour y attendre les autres Palestiniens. Il sourit avec compassion et ne dit rien. Aux nouvelles on annonça plus tard que le bateau s’était peut-être perdu en mer ou avait coulé. Je ne perdais pourtant pas espoir. Je suppliais ma mère de préparer son thé spécial à la sauge et de garder quelques toasts au fromage. J’attendis jusqu’au soir, dans notre camp de réfugiés, les "terroristes" perdus en mer. S’ils réussissaient à s’échapper je voulais qu’ils trouvent quelque chose à manger en arrivant, mais ils n’arrivèrent jamais.
Après cet incident, des bateaux commencèrent à apparaître à l’horizon. C’était la marine israélienne. La pauvre mer de Gaza était devenue une zone dangereuse où tout pouvait arriver. J’allais donc plus souvent à la plage. Même en grandissant et même pendant les couvre-feux décrétés par les Israéliens, je montais sur le toit de notre maison et je regardais l’horizon. Il y avait sûrement quelque part des bateaux qui faisaient route sur Gaza. Plus la vie devenait dure, plus ma foi grandissait.
Aujourd’hui, des dizaines d’années plus tard, je me trouve devant une mer étrangère, bien loin de chez moi, bien loin de Gaza. Je suis ici et je pense à tous ceux là-bas qui attendent l’arrivée des bateaux. Cette fois-ci c’est vrai. J’écoute les nouvelles avec tout à la fois la conscience circonspecte d’une adulte et l’excitation et la légèreté de mes six ans. J’imagine la Flottille de la Liberté chargée de nourriture, de médicaments et de jouets, juste derrière l’horizon, qui est en train de changer mon rêve en réalité. ce rêve que tous les pays dont mes frères ne croyaient pas à l’existence, existaient en fait, et que les 700 militants et les cinq navires les représentaient. Ils symbolisaient l’humanité et se souciaient de nous. Je m’imaginais les petits enfants préparant un festin de thé à la sauge, de toasts et de fromage pour accueillir leurs sauveurs.
Quand, aux informations, on annonça que les bateaux avaient été attaqués juste avant de traverser la ligne d’horizon de Gaza, et que beaucoup de militants avaient été tués ou blessés, le petit garçon de six ans en moi fut anéanti. Je pleurais. Je perdis l’usage de la parole. Aucune analyse politique ne suffisait. Aucun communiqué des informations ne pouvait expliquer à un enfant de Gaza de six ans pourquoi ses héros furent assassinés ou kidnappés, simplement pour avoir essayé de traverser la ligne d’horizon.
Mais malgré la douleur qui est trop profonde en ce moment, malgré les vies si injustement anéanties, malgré les larmes versées dans le monde entier pour la Flottille, je sais que mon rêve n’était pas seulement un fantasme enfantin et que des gens d’Australie, de France, de Turquie, du Maroc, d’Algérie, des USA, et de beaucoup d’autres pays, sont venus sur des bateaux chargés de cadeaux offerts par des personnes qui, je ne sais pourquoi, nous aiment.
J’ai hâte d’aller en bateau à Gaza pour dire à mes frères : "je vous l’avais bien dit".
(JPG) Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international syndiqué et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.
7 juin 2010 - Palestine Chronicle - Counterpunch - Traduction : Dominique Muselet
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8910

L’enfermement mortel de la psyché israélienne

samedi 12 juin 2010 - 06h:15
Ilan Pappé
The Independent
Le déclin de la réputation d’Israël à la suite de l’attaque brutale contre la flottille de Gaza n’aura vraisemblablement aucune influence sur les dirigeants de ce pays.
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Les criminels de guerre Netanyahu et Barak
Au sommet des systèmes politique et militaire d’Israël se tiennent deux hommes, Ehud Barak et Benjamin Netanyahu, qui sont à l’origine de l’attaque brutale contre la flottille de Gaza, qui a choqué le monde, mais semble avoir été saluée par la rue israélienne comme une simple action de légitime défense.
Bien qu’ils soient venus de la gauche (le ministre de la Défense Barak appartient au parti travailliste) et de la droite (le Premier ministre Netanyahu appartient au Likoud) de l’éventail politique israélien, leur pensée sur Gaza de manière générale et sur la flottille en particulier est informée par la même histoire et une vision identique du monde.
Fut un temps où Ehud Barak était l’officier commandant Benjamin Netanyahu dans l’équivalent israélien du SAS (Special Air Service) britannique. Plus précisément, ils ont servi dans une unité similaire à celle qui a été envoyée à l’abordage du vaisseau turc la semaine dernière. Leur perception de la réalité dans la bande de Gaza est partagée par d’autres membres éminents des élites politique et militaire israéliennes et elle est largement soutenue par l’électorat juif dans le pays.
Et il s’agit d’une vision de la réalité ultra-sommaire. Le gouvernement Hamas, bien que le seul à avoir été élu démocratiquement par le peuple de tout le monde arabe, doit être éliminé en tant que force tant politique que militaire. Cela, non pas parce qu’il continue à combattre l’occupation israélienne vieille de quarante ans de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en lançant des missiles primitifs contre Israël - le plus souvent en représailles d’un massacre de ses militants en Cisjordanie par Israël, mais principalement en raison de son opposition politique au type de « paix » qu’Israël entend imposer aux Palestiniens. Cette paix contrainte n’est pas négociable, aux yeux de l’élite politique israélienne, et elle offre aux Palestiniens un contrôle et une souveraineté limités dans la bande de Gaza et sur certaines parties (seulement) de la Cisjordanie. Les Palestiniens sont instamment priés de renoncer à leur lutte en vue de leur autodétermination et de leur libération en échange de la création de trois minuscules bantoustans soumis à un contrôle et à une supervision israéliens extrêmement étroits.
La pensée officielle en Israël, par conséquent, dit que le Hamas constitue un formidable obstacle à l’imposition d’une telle ainsi-dite paix. Aussi la stratégie déclarée est-elle très directe : elle consiste à affamer et à étrangler jusqu’à résipiscence un million et demi de Palestiniens vivant dans l’espace le plus densément peuplé au monde.
Le blocus imposé à la bande de Gaza en 2006 est supposé amener les Gaziotes à remplacer le gouvernement palestinien actuel par un autre, qui accepterait le diktat d’Israël - ou, tout au moins, qui serait partie constituante de l’Autorité palestinienne bien plus dolente en Cisjordanie. Sur ces entrefaites, le Hamas a capturé un soldat israélien, Gilad Shalit, et le blocus s’est encore resserré. Il comporte l’interdiction des produits les plus élémentaires sans lesquels les êtres humains ont du mal à survivre. Par manque de nourriture et de médicaments, par manque de ciment et de fioul, la population de Gaza vit dans des conditions que les instances et les agences internationaux ont qualifiées de catastrophiques et de criminelles.
Comme dans le cas de la flottille, il existe des alternatives, pour obtenir la libération du soldat fait prisonnier, comme par exemple l’échange des milliers de prisonniers qui croupissent dans les geôles israéliennes contre Shalit. Beaucoup de ces prisonniers palestiniens sont des enfants, et ils sont nombreux à être emprisonnés sans procès. Les Israéliens ont traîné des pieds dans les négociations autour d’un tel échange, des négociations qui ne semblent pas devoir apporter de quelconques fruits dans un futur prévisible.
Mais Barak et Netanyahu, et leur entourage, ne savent que trop bien que le blocus imposé à Gaza n’entraînera certainement aucun changement dans la position du Hamas et il faut reconnaître au Premier ministre britannique David Cameron le mérite d’avoir fait observer, lors d’une séance parlementaire de questions au Premier ministre, la semaine dernière, que la politique des Israéliens, de fait, renforce l’emprise du Hamas sur la bande de Gaza, bien plus qu’elle ne l’affaiblit. Mais cette stratégie, en dépit de son objectif déclaré, ne réussira pas, ou tout au moins, personne ne se préoccupe, à Jérusalem, du fait qu’elle continuera à être stérile et futile.
L’on aurait pu penser que le déclin drastique d’Israël dans la réputation internationale aurait incité ses dirigeants à penser différemment. Mais les réactions à l’attaque contre la flottille, ces jours derniers, indiquent clairement qu’il n’y a aucun espoir d’un quelconque changement significatif dans la position officielle. Un engagement inébranlable à poursuivre le blocus, et un accueil en héros des soldats qui ont piraté le navire en Méditerranée, montrent que la même politique est appelée à se poursuivre encore durant très longtemps.
Il n’y a strictement rien d’étonnant à cela. Le gouvernement Barak-Netanyahu-Avigdor Lieberman ne connaît aucune autre réponse à la réalité en Palestine et en Israël. Le recours à la force brutale pour imposer leur volonté et une machine de propagande affolée qui qualifie cette agression d’autodéfense, tout en diabolisant le peuple à demi-affamé à Gaza et ceux qui viennent à son secours de terroristes est la seule chose que puissent faire ces politiciens. Les conséquences, terribles, en termes de pertes de vies humaines et de souffrances, de cette détermination ne les concernent pas, pas plus que la condamnation internationale.
La stratégie réelle, contrairement à celle qui est affichée, consiste à perpétuer l’état des choses actuellement existant. Aussi longtemps que la communauté internationale fermera les yeux, aussi longtemps que le monde arabe sera impuissant et que Gaza sera sous contrôle, Israël pourra continuer à avoir une économie florissante et un électorat qui considère que la prédominance de l’armée dans son existence, le conflit interminable et l’oppression des Palestiniens comme la réalité passée, présente et future exclusive de la vie en Israël. Le vice-président américain Joe Biden a été humilié, récemment, par les juifs annonçant la construction de 1 600 nouvelles unités d’habitation dans le district disputé de Ramat Shlomo de Jérusalem, le jour-même de son arrivée en Israël afin de tenter d’obtenir le gel de la politique israélienne de colonisation. Mais le soutien inconditionnel qu’il manifeste désormais à la dernière action tordue israélienne en date a pour effet que les dirigeants israéliens et leur électorat ont le sentiment d’avoir été vengés.
Ce serait une erreur, toutefois, que de supposer que le soutien américain et la faible réaction européenne aux politiques criminelles israéliennes telle que celle qui est mise en œuvre à Gaza seraient les causes principales de la perpétuation du blocus et de l’étranglement de Gaza. Ce qui est probablement le plus difficile à expliquer aux dirigeants du monde entier, c’est à quel point ces perceptions et ces attitudes sont profondément ancrées dans la psyché et dans la mentalité des Israéliens. Et il est bien difficile de comprendre à quel point les réactions courantes au Royaume-Uni, par exemple, face à ces événements, sont diamétralement opposées aux émotions qu’ils déclenchent à l’intérieur de la société juive israélienne.
La réponse internationale est fondée sur la supposition que davantage de concessions palestiniennes et un dialogue continu avec l’élite politique israélienne produiront une nouvelle réalité sur le terrain. Le discours officiel que l’on entend en Cisjordanie consiste à dire qu’une solution tout ce qu’il y a de raisonnable et de réalisable attend juste au coin de la rue si tous les partenaires veulent bien faire un ultime effort, consistant à mettre en application une « solution à deux Etats ».
Rien n’est plus éloigné de la réalité que ce scénario péchant par son excès d’optimisme. La seule solution qui soit acceptable pour Israël est celle que ni l’Autorité palestinienne domestiquée de Ramallah ni le Hamas, plus affirmé à Gaza, ne pourraient jamais accepter et qu’ils n’accepteront jamais. C’est une offre consistant à emprisonner les Palestiniens dans des enclaves sans souveraineté, en échange de leur renonciation à leur combat.
Ainsi, avant-même que l’on discute soit une solution alternative, à savoir un unique Etat démocratique pour tous, que je soutiens - soit d’une solution davantage plausible, à deux Etats, vous devez transformer fondamentalement l’état d’esprit tant officiel que populaire en Israël. Cette mentalité est la principale barrière faisant obstacle à une réconciliation pacifique sur la terre déchirée d’Israël et de la Palestine.
* Le Professeur Ilan Pappé dirige le Centre Européen des Etudes Palestiniennes de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) ; il est l’auteur de l’ouvrage The Ethnic Cleansing of Palestine, traduction française : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (éditions Fayard, Paris, 2008, traduit de l’anglais par Paul Chemla].
6 juin 2010 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction de l’anglais : Marcel Charbonnier
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8900

Belgique : "Carte blanche" refusée

samedi 12 juin 2010 - 06h:00
Annie Bannie
A la suite de l’attaque meurtrière israélienne sur la flottille humanitaire Free Gaza, une « carte blanche » (texte ci-dessous) a été rédigée par des professeurs d’Universités et divers acteurs de la société civile. La publication de ce texte a été refusée par les deux quotidiens belges francophones de référence, Le Soir et La Libre Belgique ainsi que par le quotidien français Le Monde.

L’argument avancé par les trois journaux est identique : « Manque de place ! ». Il est à noter qu’entre l’envoi de notre texte à La Libre Belgique et la réception de leur réponse négative : il s’est exactement écoulé 18 minutes ...
Les auteurs sont aussi consternés par ce triple refus que par la gravité des faits qui ont suscité le texte. Contournant ce rejet d’ouvrir un débat à la hauteur de l’indignation planétaire qu’à provoqué le dernier crime de l’État d’Israël, nous avons entrepris de faire circuler ce texte en dehors des médias traditionnels. Nous vous invitons à le diffuser largement. Sa circulation massive démontrera la futilité des efforts de ceux qui pensent qu’il est encore possible aujourd’hui d’étouffer un débat légitime et nécessaire.
Olivier Mukuna
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La Belgique, complice de crimes de guerre ?
En 2009, le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies adopte une résolution condamnant l’absence de collaboration d’Israël à l’enquête de la commission conduite par le juge Goldstone. Son rapport concluait que des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité » avaient été commis par l’armée israélienne et des militants palestiniens lors de l’offensive militaire israélienne contre Gaza fin décembre 2008. Que fait la Belgique lors du vote de ladite résolution ? Elle s’abstient !
1,5 millions de Gazaouis survivent dans une bande de terre équivalente à 1% de la superficie du territoire belge, en situation de catastrophe humanitaire depuis l’embargo illégal imposé par Israël en juin 2007. Un convoi civil maritime tente de forcer ce blocus en apportant une aide humanitaire aux assiégés. Il est assailli dans les eaux internationales par les militaires israéliens qui tuent, blessent ou enlèvent un nombre encore indéterminé de civils dont 5 Belges. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU vote une résolution relative à la mise en place d’une « mission d’enquête internationale ». Que fait la Belgique ? Elle s’abstient !
Le blocus de Gaza est justifié par la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007. Mais pourquoi celui-ci ne pourrait-il pas exercer le pouvoir, alors qu’il a gagné les élections en janvier 2006 dans l’ensemble du territoire plus ou moins administré par les Palestiniens ? En quoi le Hamas serait-il moins légitime que le parti d’extrême-droite du ministre israélien des Affaires étrangères ?
Le Hamas est accusé de vouloir détruire Israël, ce qui est supposé justifier toutes les sanctions contre les habitants de Gaza. Mais la revendication fondamentale du Hamas, comme de tout le mouvement national palestinien depuis la création d’Israël en 1948, c’est le droit au retour pour les réfugiés expulsés ou ayant fui à l’époque. Au nom de quoi refuse-t-on à des réfugiés de rentrer chez eux après un conflit ? De plus, ce droit est sanctionné à la fois par l’article 13 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme et par la résolution 194 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Mieux, comment peut-on considérer qu’un « peuple » a le droit de « revenir » sur une terre habitée par ses supposés ancêtres il y a 2000 ans, mais que les habitants de cette terre en 1948 ou leurs enfants n’ont pas ce droit ?
En pratique, le mouvement national palestinien, y compris le Hamas, accepte de renoncer à ce droit et se borne à demander l’établissement d’un Etat palestinien sur les seuls 22% de la Palestine historique conquis par Israël en 1967. Plus globalement, un plan de paix adopté par le Sommet arabe en 2002 propose la reconnaissance d’Israël par les Etats arabes en échange de son retrait des territoires conquis en 1967. Ceux-là même que la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l’ONU exige qu’Israël évacue.
Depuis le « processus de paix » d’Oslo, qui remonte à 1993, cette solution -deux Etats pour deux peuples - est bloquée. Mais par qui ? Comment peut-on penser que c’est le faible, celui qui n’a pas d’Etat, qui empêche le fort de lui en octroyer un ? Quand la résistance palestinienne est non violente, on étend la colonisation. Quand elle devient violente, Israël en prend prétexte pour justifier l’arrêt des négociations.
Guerre du Liban, blocus et assauts contre Gaza, assassinats ciblés de leaders politiques palestiniens, extension constante des colonies et aujourd’hui, attaque en haute mer de civils ressortissants de plus de 40 pays différents. A chaque fois, Israël oppose la même justification : sa raison d’Etat prime sur le droit et les Institutions internationales. Un tel mépris de la Communauté internationale n’est possible que par la complaisance conciliante des gouvernements des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
Sans doute les pacifistes du Free Gaza Flotilla n’avaient-ils plus grande confiance dans les organisations internationales pour exprimer leur refus du blocus de Gaza. Ils ont cher payé, certains de leur vie, la lâcheté de leurs représentants politiques, souvent si prompts à condamner verbalement Israël pour mieux occulter leur obstruction à toute action coercitive sanctionnant l’état hébreu. La récente adhésion d’Israël à l’OCDE à l’unanimité de ses membres, dont la Belgique, n’est pas faite pour les contredire.
Faut-il rappeler qu’en 2007 la Belgique fut le cinquième exportateur d’armes européen vers Israël ?
Faut-il rappeler que les aéroports belges demeurent des points de passage obligés pour les importations israéliennes ? Que l’Union Européenne est le premier partenaire commercial d’Israël ?
Faut-il rappeler que le droit international reconnait la légitimité de la résistance armée en cas d’occupation ? Que face à la répression coloniale, les peuples recourent bien souvent à la violence, y compris parfois sous des formes terroristes ?
Faut-il rappeler que l’immense majorité du monde non occidental, ainsi qu’une partie croissante de notre opinion publique, s’indignent de la duplicité de nos représentants politiques et considèrent que celle-ci discrédite nos principes et valeurs démocratiques ?
Il convient donc de prendre acte de la complicité passive de nos Autorités et de balayer devant notre porte : comment pouvons-nous en tant que citoyens de Belgique nous désolidariser de l’ethnocide en cours des Palestiniens ?
Notre intérêt bien compris doit nous mener à répondre positivement à l’appel de la société civile palestinienne demandant le boycott d’Israël tant qu’il violera le droit international.
Jamila Bouajaja (Economiste ULB)
Jean Bricmont (Professeur UCL)
Souhail Chichah (Economiste ULB)
Jean-Marie Dermagne (Avocat et ancien Bâtonnier)
Jamal Essamri (Sociologue)
Oscar Flores (CRER - Coordination de solidarité avec les réfugiés)
Bahar Kimyongür (Membre du Front populaire - Turquie)
Olivier Mukuna (Journaliste)
Monique Mbeka Phoba (Réalisatrice)
Anne Morelli (Professeure ULB)
Nouria Ouali (Sociologue ULB)
Pierre Piccinin (Professeur Sciences-Po Ecole Européenne)
Aurore Van Opstal & Abdellah Boudami (Co-auteurs de « Israël, parlons-en ! »)
Source : AnnieBannie
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8917

Le constat s’impose : l’actuelle entité sioniste doit disparaître

vendredi 11 juin 2010 - 15h:00
Daniel Vanhove
La dernière agression de l’entité sioniste à l’encontre du bateau turc Mavi Marmara est probablement la signature de la fin du projet colonial des extrémistes israéliens. Et tout démocrate qui se respecte ne peut relâcher la pression sur les dirigeants politiques du monde, afin que justice soit rendue aux victimes de cette ignoble agression. Prémices d’une justice plus large à tous ceux qui ont injustement souffert du projet colonial sioniste, depuis plus de 62 ans.
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Manifestation de soutien à la Palestine - Rabat, le 6 juin 2010 - Photo : AP/Abdeljalil Bounhar)
Pour comprendre, revenons sur la chronologie des faits qui se sont déroulés face aux côtes de Gaza, et décortiquons quelque peu leur présentation par les autorités israéliennes :
-  1. dans les jours qui ont précédé le départ de la flottille humanitaire pour Gaza, les autorités israéliennes ont préparé le terrain médiatique, affirmant que l’accès aux côtes de Gaza serait interdit à toute embarcation ;
-  2. en pleine nuit du 31 mai, le Mavi Marmara suivi par un sous-marin ( !), des vedettes et des hélicoptères de combat, subit l’assaut d’un commando israélien héliporté, dans les eaux internationales, ce qui constitue en soi une enfreinte aux lois maritimes et transforme de facto les assaillants israéliens en pirates ;
-  3. avant même de monter à bord et depuis leurs bâtiments de guerre, les militaires israéliens ont fait usage de leurs armes à feu, tuant et blessant plusieurs militants, ce qui est formellement interdit par les Conventions internationales et qui dans un contexte de guerre, constitue un crime contre l’humanité ;
-  4. les pacifistes issus d’une quarantaine de nationalités différentes, pris de panique par la violence extrême de cet assaut, loin de se résigner tentent de se défendre avec ce qui leur tombe sous la main et un pugilat s’ensuit ;
-  5. plusieurs humanitaires sont tués à bout portant dont certains sont même jetés par-dessus bord ;
-  6. dans une brutalité inouïe faite à l’encontre de civils, les militaires prennent le contrôle du Mavi Marmara et le détournent vers le port israélien d’Ashdod, ce qui constitue un enlèvement et une séquestration de civils étrangers au conflit ;
-  7. les informations sur le déroulement de cette opération sont manipulées et tronquées par les responsables israéliens, tant à l’intérieur d’Israël que dans les capitales étrangères, ainsi du nombre de victimes où le flou le plus absolu persiste toujours et illustre le mépris d’Israël pour toute vie humaine non juive ;
-  8. des photos et des vidéos prises par l’armée sont passées en boucle sur les chaînes internationales pour démontrer la violence de militants pacifistes et dénoncer leur agressivité à l’égard des forces armées israéliennes, dans le but de jeter le doute sur leur bonne foi et leur engagement humanitaire ;
-  9. les agresseurs israéliens surarmés tentent de se faire passer pour les agressés et de retourner les informations à leur profit, poussant le ridicule à exhiber les armes des humanitaires : rasoirs, couteaux de cuisine, barres de fer (issues du matériel de bord), frondes et sacs de billes ;
-  10. les versions des officiels israéliens ne concordent absolument pas avec les versions des militants pacifistes et il faut donc constater qu’en plus de leurs crimes, les représentants d’Israël, tous autant qu’ils sont, mentent sans vergogne et utilisent des vidéos datant de 2003 et 2006 afin de travestir la vérité en propagande ;
-  11. non contents d’arraisonner le convoi humanitaire, de brutaliser les civils et de mentir sur la version des faits, les soldats ont volé les victimes de tous leurs effets personnels, y compris leurs cartes de crédit ;
-  12. cerise sur le gâteau : les chaleureuses félicitations du 1er Ministre Netanyahu au retour de cette inacceptable et criminelle expédition maritime ;
-  13. le gouvernement israélien continue d’interdire l’accès aux côtes de Gaza à tout navire étranger et a déjà détourné le Rachel Corrie et sa cargaison vers le port d’Ashdod ;
-  14. non contentes d’intervenir contre des convois humanitaires, les autorités israéliennes détiennent le contenu des bateaux et ne semblent pas vouloir restituer les bâtiments à leurs propriétaires ;
-  15. face aux habituelles hésitations de
l’administration américaine pour condamner cette intervention, il reste à déterminer si les autorités US ainsi que l’OTAN n’étaient pas informées de l’opération israélienne, voire si elles n’ont pas encouragé l’assaut du Mavi Marmara pour punir la Turquie de ses initiatives dans le dossier du nucléaire iranien.
Conclusions : devant un tel étalage et la répétition avérée de mensonges, de vols, et aujourd’hui de crimes de civils étrangers par une armée désormais en guerre contre tout ce qui bouge, la communauté internationale ne peut rester sans réaction. Cet énième crime ne peut rester impuni et constitue probablement la goutte qui fait déborder le vase. Israël, certain de son impunité s’est permis le pont trop loin. Il convient à présent de lui faire comprendre que tous ses essais pour s’accaparer la Palestine de la manière que tout le monde connaît est un échec. Et que le projet sioniste doit être liquidé.
Tout le blabla improductif, la débauche d’énergie incalculable, les sommes faramineuses englouties et les tonnes d’archives autour d’un processus de paix - inexistant dans les faits - pour « donner » aux Palestiniens les miettes de ce qu’il leur appartenait afin d’y établir leur croupion d’État est un leurre et doit passer aux oubliettes pour désormais se concentrer sur l’énergie utile à la restitution au peuple palestinien de ses frontières d’origine. Fi de ces deux États vivant côte à côte puisque l’un des deux s’est montré au fil du temps, incapable de respecter la première ligne de la première résolution onusienne, et n’a eu de cesse de ferrailler pour s’approprier indûment des terres qui ne lui revenaient pas. La Palestine doit dès lors retrouver ses frontières initiales d’avant la partition de son territoire, et être restituée à ses ayants droits en premier lieu desquels les réfugiés. Les juifs qui désireront rester dans les frontières de la Palestine historique seront citoyens de l’État palestinien à part entière. Les autres qui ne désirent pas y rester regagneront les pays dont ils sont issus et dont ils récupéreront la nationalité.
Depuis son origine, au vu des faits qui ont marqué le cheminement de ce funeste projet colonial, le nombre de victimes et les dommages collatéraux qui en résultent sont désastreux. Il reste donc à constater que celles et ceux qui ont travaillé et participé à ce macabre projet - et pour certains, s’y emploient toujours, et avec quel acharnement ! - se sont trompés et ont raté l’occasion de transformer leur essai. Le projet d’État d’Israël ne peut advenir et s’établir durablement en Palestine, comme l’avaient ourdi les dirigeants européens, trop contents de se débarrasser au lendemain de la deuxième guerre mondiale, de leur culpabilité à propos de la question juive sur le dos des Palestiniens.
Dès son implantation par la force sur les terres palestiniennes, et par la suite, de conquêtes en conquêtes, cet État moribond n’a fait qu’étaler à la face du monde, le peu de cas qu’il fait de toute vie humaine non juive. Ainsi que le peu de cas qu’il fait du Droit international et humanitaire.
Un tel projet ne peut donc s’implanter durablement sur les terres volées au pays d’accueil, et ne peut que disparaître dans les pages les plus sombres de l’histoire. A chaque fois et de manière répétée et obtuse, les occasions qui lui ont été données de transformer ce projet en État viable ont été galvaudées par une classe politique aveuglée par son racisme et sa bêtise - ce qui va toujours de pair. Aucun État n’a bénéficié d’autant de mansuétude qu’Israël. Ce n’est pas juste. Cela doit cesser.
Pour rappel, je renvoie à ce que j’écrivais dans mon dernier livre La Démocratie Mensonge paru en 2008, (p. 107) :
« De la demande explicite de la reconnaissance de l’Etat d’Israël...
Peut-être convient-il à ce stade, de revenir sur la déclaration de Yasser Arafat au Parlement européen de Strasbourg le 13 septembre 1988 et au paragraphe 7 de la Déclaration d’indépendance de l’Etat de Palestine : « En dépit de l’injustice historique imposée au peuple arabe palestinien, qui a abouti à sa dispersion et l’a privé de son droit à l’autodétermination au lendemain de la Résolution 181 (29.11.1947) de l’Assemblée générale des Nations Unies recommandant le partage de la Palestine en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, il n’en demeure pas moins que c’est cette Résolution qui assure aujourd’hui encore les conditions de légitimité internationale qui garantissent également le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance. »
Ce qui pourrait être compris de la façon suivante : l’Etat d’Israël ne peut exister et donc, être reconnu officiellement, qu’à la stricte condition où l’Etat de Palestine existe et est reconnu à ses côtés (...) Cette réciprocité est contenue dans les textes (...) »
Puisque cette réciprocité ne s’est pas traduite dans les faits et que l’État palestinien n’existe pas dans les conditions prévues par les différentes Résolutions de l’ONU, l’État d’Israël qui ne peut exister que dans cette stricte réciprocité n’a aucune légitimité. Il est donc temps de tourner la page. Et que d’ici quelques mois, cette question qui empoisonne les relations internationales depuis des décennies ne soit plus qu’un mauvais souvenir.
En attendant, si l’UE et les USA sont aussi soucieux du respect du Droit quand il s’agit d’Israël que de tout autre pays, qu’ils agissent enfin sérieusement au lieu de laisser l’initiative à leurs citoyens ! Qu’ils se montrent à la hauteur de la situation et multiplient comme ils l’ont fait avec Berlin du temps de la guerre froide, les convois et les ponts entre le monde libre et Gaza assiégée et étouffée par la bande d’extrémistes qui tient lieu de gouvernement du projet sioniste.
Si rien n’est fait pour briser ce siège inhumain, les démocraties occidentales n’ont qu’à bien se tenir, parce la rue risque de gronder au-delà de toute attente.
Le projet sioniste a échoué. Il est temps d’en prendre conscience, de le dire, d’en répandre largement l’information, et de s’en réjouir. * Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen Palestine
8 juin 2010 - Transmis par l’auteur
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8901

Le crime de Gaza et le Tribunal Russell sur la Palestine

publié le vendredi 11 juin 2010
Brahim Senouci

 
Il est facile de condamner Israël. Incontestablement, c’est lui qui a le doigt à la détente. Mais ceux, Européens, Etatsuniens, ainsi que leurs valets arabes chargés de les relayer, qui lui assurent l’impunité sont aussi coupables que lui.
L’attaque menée par des commandos israéliens contre des humanitaires révulse le monde entier. L’indignation n’a qu’un temps, malheureusement. Le massacre méthodique mené par l’armée israélienne en décembre 2008 et janvier 2009 semble bien loin. Depuis ce massacre, Israël a intégré l’OCDE et mène des négociations avec l’Union Européenne pour mettre en œuvre le processus de rehaussement de l’Accord d’Association qui lie déjà les deux parties.
Il faut noter que cet Accord avait fait l’objet d’une résolution du Parlement Européen en avril 2002, résolution qui appelait à sa suspension pour cause de non respect par la partie israélienne de son article 2, relatif au respect des droits de l’homme. Cette résolution a été ignorée par le Conseil de l’Union Européenne, instance qui rassemble les représentants des gouvernements nationaux. De la même manière, le Parlement a voté en octobre 2008, soit avant l’attaque de Gaza, une résolution appelant à l’ajournement du rehaussement de l’Accord. Cette résolution a subi le même sort que celle de 2002. Il aura fallu la tragédie du massacre de 1500 personnes, dont des centaines d’enfants, pour que les gouvernements de l’Europe consentent à différer la procédure.
La liste des violations commises par Israël est bien trop longue pour être rappelée ici. L’Avis de la Cour Internationale de Justice, émis le 9 juillet 2004 après son adoption par 14 des 15 juges qui la composent, récapitule l’essentiel de ces violations et appelle notamment à la destruction du Mur et au dédommagement des populations qui en ont subi les effets funestes. Le 20 juillet 2004, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution ES-10/15, après avoir pris acte de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice. La résolution « exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte de ses obligations juridiques telles qu’elles sont énoncées dans l’avis consultatif ». Il faut noter que la résolution a été votée par les pays membres de l’Union Européenne, ce qui leur faisait théoriquement obligation d’agir pour faire cesser les violations.
On connait la suite… Plutôt que de sanctionner, l’Union Européenne et ses Etats membres n’ont cessé de dispenser des récompenses à l’Etat d’Israël.
Que dire de la politique des Etats-Unis, de son alignement sur leur allié, de son acharnement à peser de tout le poids de la puissance étatsunienne sur les Palestiniens pour leur demander des concessions, sans cesse ? Ce n’était donc pas suffisant d’accepter que leur patrie historique soit perdue à près de 80 %. Ce n’était donc pas suffisant qu’ils acceptent de négocier le sort des millions de réfugiés qui croupissent dans les camps. Ils n’auront donc jamais avalé suffisamment de couleuvres pour trouver grâce aux yeux de l’Europe et des Etats-Unis.
Il est facile de condamner Israël. Incontestablement, c’est lui qui a le doigt à la détente. Mais ceux, Européens, Etatsuniens, ainsi que leurs valets arabes chargés de les relayer, qui lui assurent l’impunité sont aussi coupables que lui. Ils participent de manière égale à la destruction de la société palestinienne. Ils en sont comptables.
C’est à ce titre que le Tribunal Russell sur la Palestine a choisi de juger les complices de la politique israélienne. Ses membres considèrent en effet que la culpabilité israélienne est établie sur la base d’une littérature abondante dont le morceau de choix est l’Avis de la Cour Internationale de Justice. Le vrai problème est donc, non pas d’identifier l’auteur des violations mais d’examiner les raisons pour lesquelles il n’encourt aucune sanction.
La première session du Tribunal Russell sur la Palestine s’est tenue à Barcelone. Elle avait pour objet l’examen des responsabilités de l’Union Européenne et des Etats membres dans la permanence de la tragédie palestinienne. Elle s’est ouverte par un rappel des violations israéliennes. Le jury a ensuite écouté des experts et des témoins de haut rang, connus pour leurs compétences et leur probité. Il a considéré dans ses conclusions comme étant établies les responsabilités des institutions incriminées.
Trois autres sessions sont programmées. La prochaine aura lieu à Londres en octobre 2010. Elle se penchera sur les responsabilités des sociétés multinationales. Les suivantes se tiendront aux Etats-Unis et en Afrique du Sud dans le courant de l’année 2011.
Nous avons expérimenté très largement durant des décennies l’incurie de la bien mal nommée "communauté internationale". Elle s’est révélée non seulement incapable de contraindre Israël à se plier au droit mais encore elle l’a arrosé de ses bienfaits. Il n’y a donc pas d’issue institutionnelle à la tragédie que vivent les Palestiniens. Nous savons toutefois que l’opinion internationale est en leur faveur, parce que la justice est de leur côté. C’est ce levier qu’il faut actionner et c’est ce que s’efforce de faire le Tribunal Russel. Ses conclusions seront régulièrement livrées aux peuples afin qu’ils astreignent leurs gouvernements à les entendre et à les mettre en application.
Voilà pourquoi il faut rejoindre le Tribunal Russell sur la Palestine et le soutenir, moralement et financièrement !
Brahim SENOUCI est membre du Comité Organisateur International du Tribunal Russell sur la Palestine

Les Palestiniens s’attaquent à l’économie des colonies juives

publié le vendredi 11 juin 2010
entretien avec Hasan Abou-Libdeh

 
Le ministre palestinien de l’Economie Hasan Abou-Libdeh s’exprime au Soir, à Baudouin Loos. L’Autorité palestinienne s’en prend aux colonies juives dans les territoires occupés et promeut un boycott par la population palestinienne.
Et si l’on parlait un peu d’économie dans le dossier palestinien ? L’Autorité palestinienne (AP), actuellement basée à Ramallah, en Cisjordanie occupée, tente depuis des années de faire décoller l’économie locale en butte à une série importante de difficultés. Le ministre palestinien de l’Economie Hasan Abou-Libdeh était à Bruxelles ce jeudi pour rencontrer plusieurs commissaires européens.
La rencontre avec le Belge Karel De Gucht aura été profitable, puisque ce dernier a annoncé que la Commission européenne devrait proposer dans les prochains mois aux pays de l’UE d’accorder l’accès en franchise de droit et sans contingent aux exportations palestiniennes à destination de l’UE.
Nous avons rencontré le ministre palestinien avant ce rendez-vous.
Entretien.
Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez récemment lancé une campagne pour dissocier les Palestiniens de l’économie des colonies juives ?
Je rappelle pour commencer que ces colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international, ce qu’admet sans réticences la communauté internationale. Quand la Feuille de route (plan international de 2003 intégré ensuite dans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, NDLR) exige une cessation des activités des colonies, cela ne vise pas seulement la construction de logement, mais aussi l’activité économique. L’Autorité palestinienne voit ces colonies comme des entités illégales mais aussi hostiles car elles menacent nos futures relations avec Israël comme Etat indépendant. Nous voulons supprimer les dividendes économiques que produisent ces colonies en coupant nos relations économiques avec elles, nous en espérons que les colons en tireront une raison pour s’en aller.
La campagne s’adresse à qui ?
Aux consommateurs et travailleurs palestiniens. Nous visons à réussir à couper entièrement ces liens pour la fin de l’année. La campagne est bien dirigée contre les colonies, il n’y a aucune intention anti-israélienne même si le protocole économique dit de Paris (signé en 1995 entre Israël et l’AP) ne nous est pas très favorable. Le résultat de ce protocole et de l’attitude israélienne qui nous ferme la plupart de ses marchés fait que nous importons pour 3 milliards de dollars de biens israéliens tandis que nous ne leur exportons que pour 400 millions de dollars.
Vous rendez illégal pour les ouvriers palestiniens le fait d’aller travailler dans les colonies ; or 25.000 d’entre eux y gagnent leur vie et disent que c’est cela ou le chômage non rémunéré. Comment allez-vous gérer ce problème ?
Cela concerne 22.000 personnes, en majorité des ouvriers du bâtiment ou des travailleurs agricoles. Nous avons la ferme intention de les intégrer dans l’économie palestinienne dans les prochains mois. Nous avons par exemple prévu une enveloppe de 50 millions de dollars pour un programme d’absorption. N’oublions pas que, avant la seconde intifada (2000), il y avait 149.000 ouvriers palestiniens qui allaient travailler en Israël chaque jour, ce qui n’est plus le cas. Heureusement, notre économie, du moins en Cisjordanie (Gaza échappe au contrôle de l’AP, NDLR), connaît une bonne croissance – 7 % l’année dernière – et nous avons l’ambition d’augmenter ce chiffre, notamment en lançant une autre campagne, pour convaincre notre population d’acheter palestinien : pour le moment, seuls 18 % des produits que nous consommons sont palestiniens, nous pouvons arriver à 40 % en trois ans car nos produits sont de bonne qualité.
Comment Israël réagit-il à votre campagne contre les colonies ?
Un débat franc s’est ouvert dans les médias, mais les autorités, elles, ont réagi avec fureur parlant notamment d’incitation à la haine, ce qui est injustifié puisque nous ne transgressons aucun accord signé et que la campagne est résolument non violente. On entend aussi des menaces de rétorsions économiques. En revanche, nous n’avons pas reçu la moindre critique émanant de la communauté internationale. Ce n’est pas un complot : il suffit de comprendre que nous estimons qu’il est temps de faire cesser la contribution palestinienne à la prospérité des colonies juives, cela en accord avec le droit international qui considère ces colonies comme illicites.
Quel pourcentage de la production des colonies est acheté par la population palestinienne ?
Quelque 20 %. Mais cela ne tient pas compte de la main-d’œuvre palestinienne bon marché qui y travaille. Notre campagne est clairement destinée à rendre cette économie spécifique moins compétitive. Or nous partons avec désavantages : les colonies contrôlent 40 % des ressources naturelles comme les sources aquifères ou les terres agricoles de la Cisjordanie occupée.
Mais vous parliez d’une croissance de 7 %, cela ne va-t-il pas dans le sens de « la paix économique d’abord » préconisée par le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou ?
Il y a trois jours, j’ai eu l’occasion d’évoquer cette question lors d’un débat public à l’Université de Tel-Aviv. J’ai pu y développer l’idée que cette soi-disant « paix économique » était un gros mensonge. La croissance n’est pas due à Israël. Elle est accomplie par notre dynamisme et avec l’aide internationale malgré toutes les mesures israéliennes qui freinent et handicapent notre économie, même si quelques mesures ont un tantinet assoupli la situation (comme la suppression de quelques check-points). Je discutais récemment à Tokyo avec un homme d’affaires japonais ; il m’a raconté avoir importé dans le même avion deux cargaisons semblables de bières, l’une venant d’Israël, l’autre des territoires palestiniens. Cette dernière lui a coûté 40 % plus cher, m’a-t-il dit, en raison des mesures de restriction (par exemple, le fait de devoir changer de camions en entrant en Israël, les routes fermées ou le manque d’accès externe). Nous disposons d’un grand potentiel de développement : par exemple, notre 1,5 million actuel de touristes peut facilement tripler – et même, à plus long terme, passer à 40 millions avec les Lieux saints à Jérusalem et à Bethléem – mais Israël contrôle et restreint ce développement.

La véritable menace à bord de la Flottille de la Liberté

publié le vendredi 11 juin 2010
Noam Chomsky

 
La Flottille de la Liberté défiait la politique israélienne qui consiste à saboter toute solution au conflit arabo-israélien basée sur des décisions et accords internationaux et devait donc être écrasée.
L’attaque violente d’Israël contre la Flotille qui transportait de l’aide humanitaire à Gaza a choqué le monde entier.
Le détournement de navires dans les eaux internationales et l’assassinat de passagers constituent, bien sûr, un crime.
Mais le crime n’a rien de nouveau. Depuis des décennies, Israël détourne des bateaux entre Chypre et le Liban et tue ou enlève des passagers, et parfois les retient en otage dans des prisons israéliennes.
Israël présume qu’il peut commettre impunément de tels crimes parce que les Etats-Unis les tolèrent et que l’Europe en général leur emboite le pas.
Comme l’a fait remarquer le quotidien (britannique) The Guardian du 1er juin (2010), « Si un groupe armé de pirates somaliens avait accosté hier six navires en pleine mer, tuant au moins 10 passagers et en blessant beaucoup plus, une force d’intervention de l’OTAN se dirigerait dés aujourd’hui vers les côtes de la Somalie. » Dans ce cas, le traité de l’OTAN oblige ses membres à porter secours à un pays membre – la Turquie – attaqué en pleine mer.
Le prétexte avancé par Israël était que la Flottille transportait du matériel que le Hamas pouvait employer pour construire des bunkers pour tirer des roquettes sur Israël.
Ce prétexte n’est pas crédible. Israël peut facilement faire cesser la menace des roquettes par des moyens pacifiques.
Le contexte est important. Hamas a été désigné comme une menace terroriste importante lorsqu’il a remporté les élections libres en janvier 2006. Les Etats-Unis et Israël ont sévèrement renforcé leurs mesures punitives contre les Palestiniens, cette fois-ci pour avoir commis le crime de mal voter.
Le résultat fut le siège de Gaza, qui comprend un blocus naval. Le siège fut nettement durci en juin 2007 après une guerre civile qui a vu le Hamas prendre le contrôle du territoire.
Ce qui est communément décrit comme un coup d’état militaire du Hamas fut en réalité provoqué par les Etats-Unis et Israël qui ont ouvertement tenté d’inverser le résultat des élections remportées par le Hamas.
Ceci est connu depuis au moins le mois d’avril 2008, lorsque David Rose a révélé dans (le magazine) Vanity Fair que George W. Bush, le Conseiller en Sécurité Nationale Condoleeza Rice et son adjoint, Elliot Abrams (*), « ont soutenu une force armée sous les ordres de l’homme fort du Fatah Muhammad Dahlan, déclenchant ainsi une guerre civile sanglante à Gaza d’où le Hamas est sorti renforcé. »
Le terrorisme du Hamas comprenait des tirs de roquettes sur les villages israéliens avoisinants – un acte criminel sans aucun doute, mais un acte qui ne représente qu’une infime fraction des crimes couramment commis par les Etats-Unis et Israël à Gaza.
Au mois de juin 2008, Israël et le Hamas ont conclu un cessez-le-feu. Le gouvernement israélien a formellement reconnu que le Hamas n’a plus tiré une seule roquette avant qu’Israël ne viole le cessez-le-feu le 4 novembre de la même année pour envahir Gaza et tuer une demi-douzaine de militants du Hamas.
Le Hamas a offert un nouveau cessez-le-feu. Le gouvernement israélien a examiné l’offre et l’a rejeté, préférant lancer une invasion meurtrière sur Gaza, le 27 décembre.
Comme pour tous les autres états, Israël a le droit de se défendre. Mais Israël avait-il le droit d’employer la force dans Gaza au nom de son autodéfense ? Le Droit International, dont la Charte des Nations Unies, ne laisse aucun doute : un état a ce droit uniquement lorsqu’il a épuisé tous les moyens pacifiques. Dans ce cas précis, les moyens pacifiques n’ont même pas été tentés, malgré – ou peut-être à cause de – les bonnes chances d’aboutir.
Ainsi, l’invasion fut littéralement un acte d’agression criminel, et il en est de même pour l’attaque de la Flottille.
Le siège contre Gaza est cruel et son but est de maintenir les animaux en cage en état de survie, juste de quoi éviter les protestations internationales, mais guère plus. C’est le dernier volet d’un plan israélien à long terme, appuyé par les Etats-Unis, pour séparer Gaza de la Cisjordanie.
Le journaliste israélien Amira Hass, éminent spécialiste de Gaza, décrit les grandes lignes du processus de séparation. « Les restrictions imposées au mouvement palestinien qui ont été mises en place par Israël en janvier 1991 ont renversé un processus initié en juin 1967.
« A cette époque, et pour la première fois depuis 1948, une large portion du peuple palestinien vivait à nouveau sur le territoire en un seul morceau d’un seul pays – un pays occupé, certes, mais entier... »
Hass conclut : « La séparation totale de la bande de Gaza de la Cisjordanie est une des plus grandes réussites de la politique israélienne, dont l’objectif ultime est d’empêcher toute solution basée sur des décisions et accords internationaux et d’imposer un accord basé sur la supériorité militaire d’Israël. »
La Flottille défiait cette politique et devait donc être écrasée.
Un cadre pour résoudre le conflit arabo-israélien existe depuis 1976, lorsque les états arabes de la région ont présenté une résolution au Conseil de Sécurité qui appelait à la création de deux états le long des frontières internationales, en incluant toutes les garanties de sécurité exigées par la Résolution 242 de l’ONU qui fut adoptée après la guerre de juin 1967.
Ses principes les importants sont soutenus par pratiquement le monde entier, y compris par la Ligue Arabe, l’Organisation des Etats Islamiques (dont l’Iran) et les organisations non étatiques concernées, dont le Hamas.
Mais depuis trente ans les Etats-Unis et Israël ont toujours rejeté cet accord, à une exception prés qui est révélatrice et mérite d’être notée. En janvier 2001, au cours de son dernier mois du mandat, Bill Clinton a initié des négociations israélo-palestiniennes à Taba, Egypte, qui étaient sur le point d’aboutir, selon les participants, lorsqu’Israël a décidé de rompre les négociations.
Aujourd’hui encore, les conséquences de cet échec se font cruellement sentir.
Le Droit International ne peut pas être imposé aux états puissants, sauf par leurs propres citoyens. C’est toujours une tâche difficile, surtout lorsque l’opinion qui se fait entendre déclare que le crime est légitime, soit explicitement soit en instaurant tacitement un cadre criminel – ce qui est plus insidieux et rend les crimes invisibles.
publié par In these Times
et en français par le Grand Soir
Traduction VD pour le Grand Soir