mardi 20 octobre 2009

Mia Farrow, la jeune fille de Gaza et la peur

20/10/2009

L'actrice achève une tournée en Israël et dans les territoires palestiniens en tant qu'ambassadrice itinérante de l'Unicef.
La star américaine Mia Farrow est hantée par le visage apeuré d'une jeune adolescente palestinienne qui lui a raconté la destruction de sa maison et la mort de ses proches lors de la dernière guerre à Gaza, selon des propos tenus à l'AFP. « On lisait la peur sur son visage et elle parlait d'injustice avec une petite voix », témoigne l'actrice lors d'une interview à l'AFP, à l'issue d'une tournée en Israël et dans les territoires palestiniens en tant qu'ambassadrice itinérante de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance.

Mia Farrow se souviendra également de sa visite à l'hôpital al-Chifa de Gaza où les « docteurs ont dû prendre la décision cruelle de laisser partir des nouveau-nés prématurés pesant seulement un kilo faute de disposer d'incubateurs en état de marche et de pouvoir faire venir des pièces détachées pour les réparer ». « La principale impression qui reste porte sur la manière dont, tant du côté israélien que dans les territoires palestiniens, les dirigeants politiques ont tout bousillé dans cette région, au détriment des plus vulnérables, des enfants, des personnes âgées, des innocents », déplore Mia Farrow.

Arrivée mercredi à Gaza, l'ambassadrice de l'Unicef a également visité la ville israélienne de Sdérot (20 000 habitants), cible privilégiée des tirs de roquettes palestiniennes, située à quelques km de la bande de Gaza. Là, elle a vu le commissariat où sont entreposés des débris de roquettes et d'obus rouillés tombés sur la ville et dans les alentours ces dernières années. « La peur est la peur et on ne peut pas vouloir que des enfants vivent dans la peur. Mais il y a une énorme différence entre Sdérot et ce qui s'est passé pour les gens de Gaza », estime-t-elle, en notant que la ville israélienne dispose d'abris publics et de sirènes d'alarme et que le bilan des victimes y a été beaucoup moins lourd qu'à Gaza. « Je dirais que la risposte (d'Israël) a été plutôt excessive, si l'on en juge par les lois internationales et la décence la plus élémentaire », selon Mia Farrow. À Gaza en revanche, « les gens n'avaient nulle part où se réfugier. Les attaques venaient des airs, de la terre et de la mer. C'est inimaginable, vous aviez un million et demi de gens qui vivaient dans une terreur absolue », s'indigne-t-elle.
L'actrice exhorte néanmoins les Palestiniens à stopper les tirs de roquettes contre le territoire israélien : « Chaque roquette qui est tirée sape votre propre position. Arrêtez, vous êtes en train de perdre la bataille morale », adjure-t-elle.
Après avoir été mannequin, Mia Farrow, 64 ans, a joué dans plus de 40 films, dont 13 au côté de Woody Allen. Mère de 14 enfants, dont 10 ont été adoptés, elle s'est fait l'ardente avocate des droits des enfants ces dernières années.

Patrick MOSER (AFP)

http://www.lorientlejour.com/category/International/article/635088/Mia_Farrow,_la_jeune_fille_de_Gaza_et_la_peur.html

Le président Obama cède-il devant Israël ?

publié le lundi 19 octobre 2009

Luis Lema
Malgré le discours du Caire, la décision des Etats-Unis de s’opposer à la résolution sur le rapport Goldstone prouve aux yeux du monde arabe que la politique américaine n’a pas changé

Certains se sont amusés à les compter : 559 mots sur un total de 5000. Dans son récent discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, destiné à expliciter les priorités de l’Amérique, Barack Obama a consacré davantage de temps au conflit israélo-palestinien qu’à n’importe quel autre thème, fût-ce la prolifération nucléaire ou le changement climatique. Mais la région s’impatiente. Et la décision des Etats-Unis de s’opposer, vendredi à Genève, à la résolution sur le rapport Goldstone (lire ci-dessous) n’a fait que confirmer l’idée, de plus en plus répandue dans le monde arabe, que la politique de l’administration américaine actuelle n’est que la continuation des précédentes, revêtue de beaux discours.

« Espoirs évaporés »

« Nos espoirs se sont évaporés », affirmait récemment un rapport interne du Fatah (le mouvement du président palestinien) censé rester secret. Oublié, le discours prononcé par Barack Obama au Caire, qui avait soulevé l’enthousiasme du monde arabe. Le président américain, estime ce rapport, « n’a pas pu résister au lobby sioniste, qui l’a amené à abandonner ses positions. » La vue est similaire de l’autre côté du spectre. Visiblement soulagée, l’Organisation sioniste américaine (The Zionist Organization of America, ZOA) applaudissait la position adoptée par Obama, qu’elle juge « basée sur les principes et la morale ».

Accord global

Les spécialistes de la question à Washington relativisent pourtant ces prises de position, destinées avant tout aux opinions internes. Après avoir conclu un accord, au moins tacite, avec l’administration américaine, ce sont bien les Palestiniens qui sont revenus à la charge en ramenant la question devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. « Franchement, les officiels américains n’ont pas prévu la tempête qu’allait soulever le rapport Goldstone, affirme Amjad Atallah, de la New America Foundation. Le Fatah doit aussi assumer la responsabilité de ne pas avoir expliqué clairement aux Américains ce qui était en jeu. C’était aux Palestiniens de faire en sorte de défendre leurs propres intérêts. »

L’action de Barack Obama se résumant à de beaux discours, le chercheur n’y croit pas. « Toutes les politiques commencent par des mots. Le président a articulé un très haut objectif, duquel il n’est pas redescendu. Il cherche un accord global sur le statut final (Jérusalem, frontières, réfugiés…), la fin de l’occupation qui a commencé en 1967, et des traités de paix avec la Palestine, le Liban et la Syrie », rappelle Amjad Atallah. Le travail sera encore long. « Les « discours » d’Obama représentent la fondation de l’édifice. Ils sont nécessaires mais pas suffisants. » Tandis que la diplomatie battait son plein à Genève, deux hauts fonctionnaires israéliens annulaient leur vol de retour à Tel-Aviv, priés de rester plus longtemps à Washington par George Mitchell, le responsable américain du Proche-Orient. Les négociateurs palestiniens suivront ce week-end. Et la rumeur veut que la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, s’envole bientôt pour la région afin de juger si les conditions sont réunies pour relancer les négociations de paix.

Certes, Barack Obama n’a pas obtenu de Benyamin Netanyahou le gel des colonies israéliennes, et aucune menace américaine n’a accompagné cette rebuffade. Mais à Washington, peu sont ceux qui interprètent cet épisode comme une pure victoire pour Israël. Plutôt que d’entrer dans une interminable négociation à propos du gel des colonies, comme le voulait « Bibi » Netanyahou, l’administration américaine a pris acte du refus israélien. Mais elle a montré qu’elle persévérait à s’en tenir aux questions relatives à un règlement final.

George Mitchell continue de répéter à qui veut l’entendre qu’il lui avait fallu sept cents jours avant de voir se dessiner la paix en Irlande du Nord, dont il fut le principal architecte. Au Proche-Orient, cependant, la montée de fièvre autour du rapport Goldstone montre assez que les choses ne seront pas plus simples. « Les Etats-Unis essaient encore d’éviter qu’Israël ait à rendre des comptes devant la justice internationale, poursuit Amjad Atallah, même au prix de défendre le Hamas par la même occasion. Mais surtout, au risque de perdre les gains accumulés grâce au discours du Caire et aux premiers succès face à l’Iran. Il y a un coût à rendre la position d’Israël plus confortable avant qu’il puisse accepter de mettre fin à l’occupation. »

Israel: Destruction de livres scolaires évoquant, timidement, la Nakba

Publié le 19-10-2009


Le ministère israélien de “l’Education” vient de saisir, en attendant de les détruire, des manuels scolaires où était évoquée, pour la première fois, l’expulsion des Palestiniens de leur terre en 1948.

Soixante ans après la Nakba, l’ancienne ministre de l’Education, la travailliste Yuli Tamir, avait finalement accepté, l’année dernière, que la tragédie du peuple palestinien occupe quelques lignes dans certains des livres scolaires, destinés aux seuls élèves de 1ère et Terminales de la minorité arabe.

Mais quelques lignes seulement, entourées de mille précautions, dans un océan de textes intoxiquant les jeunes cervelles avec la propagande sioniste officielle.

Loin de reconnaître des réalités avérées, le manuel présentait en effet l’expulsion comme la version « arabe » des événements, à laquelle s’opposait l’historiographie sioniste classique. A savoir, le vieux mensonge selon lequel les Palestiniens seraient partis de leur plein gré, les soldats juifs leur courant après uniquement pour leur dire qu’ils n’avaient rien à craindre dans le nouvel Etat !

Le paragraphe contenu dans ces livres, désormais promis au pilon, était ainsi rédigé :

“Les Palestiniens et les pays arabes soutiennent que la plupart des réfugiés étaient des civils, qui furent attaqués, puis expulses de leurs foyers par les forces armées juives, lesquelles instaurèrent une politique de nettoyage ethnique, contrairement aux proclamations pacifiques contenues dans la Déclaration d’Indépendance”, pouvait-on lire dans le manuel.

Rien de plus, rien de moins. Mais c’était encore trop, aux yeux du gouvernement de Netanyahu et de son ministre négasioniste Gideon Saar. Au feu, les livres impurs !

CAPJPO-EuroPalestine