mercredi 1er septembre 2010 - 06h:00
Michel Chossudovsky
Mondialisation
          Si l’Iran faisait l’objet d’une attaque aérienne « préemptive »  de la part des forces alliées, la région entière s’embraserait, de  l’est de la Méditerranée à la frontière ouest de la Chine, du Pakistan  et de l’Afghanistan, ce qui nous conduirait probablement à un scénario  de Troisième Guerre mondiale.         
                    
 1ère partie : La guerre planétaire
 

 L’humanité est à un carrefour dangereux : la guerre contre l’Iran est à  un « stade de préparation avancé » et des systèmes d’armes de haute  technologie, incluant des ogives nucléaires, sont complètement déployés.
 
Cette aventure militaire est sur la planche à dessin du  Pentagone depuis le milieu des années 1990. D’abord l’Irak, ensuite  l’Iran, peut-on lire dans un document déclassifié de l’US Central  Command.
 
L’escalade fait partie du programme militaire. Alors que  l’Iran représente la prochaine cible, avec la Syrie et le Liban, ce  déploiement militaire stratégique menace également la Corée du Nord, la  Chine et la Russie.
Depuis 2005, les  États-Unis et leurs alliés, incluant leurs partenaires de l’OTAN et  Israël, ont été impliqués dans le vaste déploiement et le stockage de  systèmes d’armes perfectionnés. Les systèmes de défense antiaérienne des  États-Unis, des pays membres de l’OTAN et d’Israël sont totalement  intégrés.
 
Il s’agit d’une tentative coordonnée du Pentagone, de  l’OTAN et de l’armée israélienne (Tsahal), avec la participation  militaire active de plusieurs pays partenaires non membres de l’OTAN,  dont les États arabes de premier plan (les membres du 
Dialogue méditerranéen et de l’
Initiative de coopération d’Istanbul) :  l’Arabie Saoudite, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie,  Singapore, et, entre autres, l’Australie. (L’OTAN comprend 28 États  membres. Vingt et un pays supplémentaires sont membres du 
Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) et le Dialogue méditerranéen et l’Initiative de coopération d’Istanbul comportent 10 pays arabes plus Israël.)
 
Les rôles de l’Égypte, des États du Golfe et de l’Arabie  Saoudite (au sein de l’alliance militaire élargie) sont  particulièrement pertinents. L’Égypte contrôle le transit des navires de  guerre et des pétroliers par le canal de Suez ; l’Arabie Saoudite et  les États du Golfe occupent les lignes de côtes sud-ouest du golfe  Persique, du détroit d’Ormuz et du golfe d’Oman. Au début juin, « 
l’Égypte  aurait permis à un navire israélien et 11 navires étasuniens de passer  par le canal de Suez [...] en guise de signal clair à l’Iran. [...] Le  12 juin, les organes de presse régionaux rapportaient que les Saoudiens  avaient accordé à Israël le droit de survoler leur espace aérien [...] » (Muriel Mirak Weissbach,  
Israel’s Insane War on Iran Must Be Prevented., Global Research, 31 juillet 2010)
 
Dans la doctrine militaire post-11 Septembre, ce  déploiement massif d’équipement militaire a été défini comme un élément  de la soi-disant « guerre mondiale au terrorisme », ciblant des  organisations terroristes « non étatiques », incluant Al-Qaïda et les  prétendus « Etats qui appuient le terrorisme », comprenant l’Iran, la  Syrie, le Liban et le Soudan.
 
L’établissement de nouvelles bases militaires  étasuniennes, le stockage systèmes d’armes perfectionnés, incluant des  armes nucléaires tactiques, etc., ont été mis en œuvre en vertu de la  doctrine de défense militaire préemptive sous l’égide de la « guerre  mondiale au terrorisme ».
 
La guerre et la crise économique
 
Les plus vastes implications d’une attaque des  États-Unis, de l’OTAN et d’Israël contre l’Iran sont lourdes de  conséquences. La guerre et la crise économique sont intimement liées.  D’une part, l’économie de guerre est financée par Wall Street, qui fait  office de créancier de l’administration étasunienne. Les fabricants  d’armes étasuniens sont d’autre part les récipiendaires des contrats  d’approvisionnement de plusieurs milliards de dollars du département de  la Défense pour des systèmes d’armes perfectionnés. En retour, « la  bataille du pétrole » au Moyen-Orient et en Asie centrale sert  directement les intérêts des géants anglo-étasuniens de l’industrie  pétrolière.
 
Les États-Unis et leurs alliés « appellent à la guerre »  au plus fort d’une dépression économique mondiale, cela, sans compter  la plus grave catastrophe environnementale de l’Histoire. Cela prend une  tournure amère, car l’un des joueurs importants (BP) sur l’échiquier  géopolitique du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, connu autrefois sous  le nom Anglo-Persian Oil Company, est le responsable du désastre  écologique dans le golfe du Mexique.
 
Désinformation médiatique
 
Face aux conséquences probables de ce que l’on affiche  comme une opération « punitive » ad hoc contre les installations  nucléaires iraniennes plutôt qu’une guerre totale, l’opinion publique,  influencée par le battage médiatique, se montre tacitement favorable,  indifférente ou ignorante. Pourtant, les préparatifs de guerre  comprennent le déploiement d’armes nucléaires fabriquées par les  États-Unis et Israël. Dans ce contexte, les effets dévastateurs d’une  guerre nucléaire sont soit banalisés ou ne sont tout simplement pas  mentionnés.
 
La « vraie crise » qui menace l’humanité, selon les  médias et les gouvernements, ce n’est pas la guerre, mais le  réchauffement planétaire. Les médias fabriquent des crises là où il n’y  en a pas, comme la pandémie mondiale H1N1, qui représentait « un péril  planétaire ». Toutefois, personne ne semble redouter une guerre  nucléaire promue par les États-Unis.
 
La guerre contre l’Iran est présentée à l’opinion  publique comme un problème parmi tant d’autres. Elle n’est pas vue comme  une menace à la « Terre mère » comme l’est le réchauffement planétaire.  Elle ne fait pas la une des journaux. Qu’une attaque contre l’Iran  puisse mener à une escalade et déclencher une « guerre mondiale » ne  fait l’objet de préoccupation.
 
Le culte du massacre et de la destruction
 
L’engin meurtrier mondial est aussi maintenu par un  culte enraciné du massacre et de la destruction qui imprègne les films  hollywoodiens, sans parler des séries sur le crime et la guerre  diffusées à heure de grande écoute à la télévision réseau. Ce culte de  la tuerie est cautionné par la CIA et le Pentagone, qui appuient  (financent) les productions d’Hollywood, lesquelles servent d’instrument  de propagande de guerre :
 
« 
L’ancien agent de la CIA Bob Baer nous a dit qu’il "existe une symbiose entre la CIA et Hollywood
" et a révélé que l’ancien directeur de la CIA George Tenet est actuellement "à Hollywood où il discute avec les studios
" » (Matthew Alford et Robbie Graham, 
Lights, Camera... Covert Action : The Deep Politics of Hollywood, Global Research, 31 janvier 2009).
 
La machine meurtrière est déployée au niveau planétaire,  dans le cadre de la structure unifiée de commandement au combat. Elle  est invariablement préservée comme instrument incontesté de paix et de  prospérité mondiale par les institutions gouvernementales, les médias  privés, ainsi que par les mandarins et intellectuels du nouvel ordre  mondial issus des boîtes de réflexion et des instituts d’études  stratégiques de Washington.
 
Une culture de massacre et de violence s’est incrustée dans la conscience humaine.
 
La guerre est largement acceptée comme une phase du processus sociétal : la patrie doit être « défendue » et protégée.
Dans les démocraties occidentales, on maintient « la  violence légitimée » et les exécutions sommaires de « terroristes »  comme des instruments nécessaires à la sécurité nationale.
 
La soi-disant communauté internationale entretient une  « guerre humanitaire ». Elle n’est pas condamnée comme acte criminel et  ses principaux artisans sont récompensés pour leur contribution à la  paix mondiale.
 
Concernant l’Iran, ce qui se déroule constitue la  légitimation absolue de la guerre au nom d’une notion illusoire de  sécurité planétaire.
 
Une attaque aérienne « préemptive » contre l’Iran mènerait à l’escalade
 
À l’heure actuelle il existe trois théâtres de guerre  distincts au Moyen-Orient et en Asie centrale : l’Irak, l’Af-Pak  (l’Afghanistan et le Pakistan) et la Palestine.
 
Si l’Iran faisait l’objet d’une attaque aérienne  « préemptive » de la part des forces alliées, la région entière  s’embraserait, de l’est de la Méditerranée à la frontière ouest de la  Chine, du Pakistan et de l’Afghanistan, ce qui nous conduirait  probablement à un scénario de Troisième Guerre mondiale.
 
La guerre s’étendrait par ailleurs au Liban et à la Syrie.
 
S’ils étaient exécutés, il est très peu probable que les  bombardements soient circonscrits aux installations nucléaires  iraniennes, comme l’affirment les déclarations officielles des  États-Unis et de l’OTAN. Une attaque aérienne massive visant à la fois  les infrastructures militaires et civiles - les systèmes de transport,  les usines et les édifices publiques - est davantage probable.

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Relativement aux réserves mondiales de pétrole et de  gaz, l’Iran, détenant approximativement 10  % de celles-ci, se classe au  troisième rang après l’Arabie Saoudite (25 %) et l’Irak (11 %). Par  comparaison, les États-Unis possèdent moins de 2,8 % des réserves  mondiales de pétrole, lesquelles sont estimées à moins de 20 milliards  de barils. La région élargie du Moyen-Orient et de l’Asie centrale  comprend des réserves de pétrole équivalant à plus de 30 fois celles des  États-Unis, ce qui représente plus de 60 % de toutes les réserves du  monde.
 
La récente découverte en Iran de la deuxième réserve de  gaz en importance, Soumar et Halgan, est significative : on l’estime à  12,4 billions de pieds cube.
 
Cibler l’Iran n’a pas que pour but de réinstaurer le  contrôle anglo-étasunien de l’économie pétrolière et gazière, y compris  les routes de pipeline, mais également à s’opposer à l’influence de la  Chine et de la Russie dans la région.
 
L’attaque planifiée contre l’Iran fait partie d’une  feuille de route militaire mondiale coordonnée. Il s’agit d’une étape de  la « longue guerre » du Pentagone, une guerre sans frontières à but  lucratif, un projet de domination mondiale, une succession d’opérations  militaires.
Les planificateurs militaires des États-Unis et de  l’OTAN ont envisagé divers scénarios d’escalade militaire. Ils sont  aussi pleinement conscients des implications géopolitiques, à savoir que  la guerre pourrait s’étendre au-delà de la région du Moyen-Orient et de  l’Asie centrale. Par ailleurs, les impacts économiques sur les marchés  du pétrole, etc., ont été analysés.
 
Alors que l’Iran, la Syrie et le Liban sont des cibles  immédiates, la Chine, la Russie et la Corée du Nord, sans parler du  Venezuela et de Cuba, font également l’objet de menaces de la part des  États-Unis.
 
La structure des alliances militaires est en jeu. Les  déploiements, les exercices et les entrainements militaires des  États-Unis, de l’OTAN et d’Israël effectués aux frontières immédiates de  la Russie et de la Chine sont directement liés à la guerre envisagée  contre l’Iran. Ces menaces et le moment choisi pour les proférer  informent clairement les anciennes puissances de la guerre froide  qu’elles ne doivent intervenir d’aucune manière pouvant empiéter sur une  attaque contre l’Iran menée par les États-Unis.
 
Guerre planétaire
 
 L’objectif stratégique à moyen terme est de cibler  l’Iran et de neutraliser ses alliés par la diplomatie de la canonnière.  L’objectif militaire à long terme consiste à cibler directement la Chine  et la Russie.
 
 Alors que l’Iran représente la cible immédiate, le  déploiement militaire est loin d’être limité au Moyen-Orient et à l’Asie  centrale : un programme militaire mondial a été formulé.
 
Le déploiement de troupes coalisées et de systèmes  d’armes perfectionnés par les États-Unis, l’OTAN et ses partenaires a  lieu simultanément dans toutes les grandes régions du monde.
 
Les récents actes de l’armée étasunienne le long du  littoral nord-coréen, y compris la conduite de jeux de guerre, relèvent  d’un plan mondial.
 
Visant principalement la Russie et la Chine, les  exercices militaires, les exercices de guerre et les déploiements  d’armes des États-Unis de l’OTAN et des alliés, sont menés parallèlement  dans les grandes zones géopolitiques sensibles :
 

  dans la péninsule coréenne, la mer du Japon, le détroit de Taïwan, la mer de Chine méridionale, menaçant la Chine ; 

  en  Pologne, des missiles Patriot sont déployés, alors qu’en République  Tchèque un centre d’alerte lointaine est mis sur pied, tous deux  menaçant la Russie ; 

  en Bulgarie, en Roumanie et sur la mer Noire des déploiements navals menacent la Russie ;  

  en Géorgie, les États-Unis et l’OTAN déploient des troupes ;  

  dans le golfe Persique, un gigantesque déploiement naval dirigé contre l’Iran a lieu, incluant des sous-marins israéliens.
 
Concurremment, la Méditerranée orientale, la mer Noire,  les Caraïbes, l’Amérique centrale et la région des Andes en Amérique du  Sud se militarisent continuellement. En Amérique latine et dans les  Caraïbes, les menaces visent le Venezuela et Cuba.
 
L’« aide militaire » étatsunienne
 
Par ailleurs, des transferts d’armes de grande envergure  à des pays sélectionnés ont été entrepris sous la bannière de l’« aide  militaire » étasunienne, dont une vente d’armes à l’Inde de 5 milliards  de dollars visant à renforcer la puissance de l’inde face à la Chine. (
Huge U.S.-India Arms Deal To Contain China, Global Times, 13 juillet 2010).
 
 
Les États-Unis ont des accords de coopération militaire  avec de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, dont Singapore, le Vietnam et  l’Indonésie, comprenant de l’« aide militaire » ainsi que la  participation à des jeux de guerres menés par les États-Unis en bordure  du Pacifique (juillet-août 2010). Ces accords appuient le déploiement  d’armes contre la République populaire de Chine. (Voir Rick Rozoff, 
Confronting both China and Russia : U.S. Risks Military Clash With China In Yellow Sea, Global Research, 16 juillet 2010).
 
En lien plus étroit avec l’attaque planifiée contre  l’Iran, les États-Unis arment de la même manière les États du Golfe (le  Bahreïn, le Koweït, le Qatar et les Émirats arabes unis) de missiles  terrestres intercepteurs, de Patriot Advanced Capability-3, d’un système  de défense de zone du théâtre à haute altitude (THAAD), ainsi que de  missiles intercepteurs mer-air Standard 3, installés sur des navires de  guerre équipés du système Aegis et situés dans le golfe Persique. (Voir  Rick Rozoff,  
NATO’s Role In The Military Encirclement Of Iran, Global Research, 10 février 2010).
Le calendrier de stockage et de déploiement militaire
Concernant les transferts d’armes des États-Unis à des  pays alliés et partenaires, le moment choisi pour la livraison et le  déploiement est crucial. En temps normal, le lancement d’une opération  militaire organisée par les États-Unis se produirait une fois que ces  systèmes d’armes sont en place, déployés efficacement et que le  personnel est entraîné. (En Inde par exemple)
 
Nous assistons à un plan militaire mondial soigneusement  coordonné, contrôlé par le Pentagone et impliquant les forces armées  combinées de plus de 40 pays. Ce déploiement militaire multinational et  planétaire est de loin la plus importante démonstration de systèmes  d’armes perfectionnés de l’Histoire.
 
De surcroît, les États-Unis et leurs alliés ont établi de nouvelles bases militaires dans différentes régions du monde : « 
La surface de la Terre est structurée comme un vaste champs de bataille. » (Voir Jules Dufour, 
Le réseau mondial des bases militaires US, Mondialisation.ca, le 10 avril).
 
La structure de commandement unifié divisée en  commandements géographiques est basée sur une stratégie de  militarisation à l’échelle planétaire. « L’armée  étasunienne possède des bases dans 63 pays et de toutes nouvelles bases  militaires ont été construites dans 7 pays depuis le 11 septembre 2001.  En tout, 255 065 personnels militaires étasuniens sont déployés à  travers le monde. » (Voir Jules Dufour,  Le réseau mondial des bases militaires US, Mondialisation.ca, le 10 avril 2007)

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Scénario de Troisième Guerre mondiale
« Le monde et les zones de responsabilité des commandants »  (voir la carte ci-dessus) définit le plan militaire mondial du  Pentagone, lequel est un plan de conquête du monde. Ce déploiement  militaire a lieu simultanément dans plusieurs régions et est coordonné  par les commandements régionaux étasuniens. Il comprend le stockage de  systèmes d’armes de fabrication étasunienne par les forces des  États-Unis et des pays partenaires, dont certains sont d’anciens  ennemis, comme le Vietnam et le Japon.
 
Le contexte actuel est caractérisé par un accroissement  du potentiel militaire planétaire contrôlé par une superpuissance  mondiale utilisant ses nombreux alliés pour déclencher des guerres  régionales.
 
En revanche, la Seconde Guerre mondiale était une  conjonction de théâtres de guerre régionaux distincts. En raison des  technologies des années 1940, il n’existait pas de coordination  stratégique « en temps réel » des actions militaires entre de vastes  régions géographiques.
 
La guerre planétaire est fondée sur le déploiement  coordonné d’une seule puissance militaire dominante supervisant les  actions de ses partenaires et de ses alliés.
À l’exception d’Hiroshima et de Nagasaki, la Seconde  Guerre mondiale était définie par l’utilisation d’armes  conventionnelles. La planification d’une guerre planétaire repose sur la  militarisation de l’espace. Si une guerre contre l’Iran était  déclenchée, on utiliserait non seulement des armes nucléaires, mais  aussi toute la gamme de systèmes d’armes perfectionnés, incluant des  méthodes électrométriques et des techniques de modification de  l’environnement (ENMOD).
 
Le Conseil de sécurité des Nations Unies
 
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté au début juin  une quatrième ronde de sanctions radicales contre la République  islamique d’Iran, comprenant un embargo élargi sur les armes, ainsi que  des « contrôles financiers plus sévères ». Amère ironie du sort, cette  résolution est passée dans les jours suivant le refus catégorique du  Conseil de sécurité (CS) d’adopter une motion condamnant Israël pour son  attaque contre la Flottille de la liberté de Gaza en eaux  internationales.
 
La Russie et la Chine, sous la pression des États-Unis,  ont cautionné le régime de sanctions du CS à leurs propres dépens. Leur  décision au sein du CS contribue à affaiblir leur propre alliance  militaire, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dans  laquelle l’Iran a un statut d’observateur. La résolution du CS paralyse  les coopérations militaires bilatérales et les accords commerciaux  respectifs de la Chine et de la Russie avec l’Iran. Elle a également de  profondes répercussions sur le système de défense aérien de l’Iran,  lequel dépend en partie de la technologie et de l’expertise russe.
 
Cette résolution du CS donne de facto le « feu vert » au déclenchement d’une guerre préemptive contre l’Iran.
 
L’Inquisition étasunienne : la création d’un consensus politique pour la guerre
 
En chœur, les médias occidentaux ont désigné l’Iran  comme une menace à la sécurité mondiale en raison de son prétendu  (inexistant) programme d’armement nucléaire. Faisant écho aux  déclarations officielles, les médias demandent maintenant l’exécution de  bombardements punitifs en Iran pour assurer la sécurité d’Israël.
 
Les médias occidentaux appellent à la guerre. Par le  biais de reportages successifs, ad nauseam, le but consiste à inculquer  tacitement dans la conscience des gens l’idée que la menace iranienne  est réelle et que la République islamique doit être mise « hors jeu ».
 
Ce mécanisme de création d’un consensus favorable à la  guerre est similaire à l’Inquisition espagnole : il requiert et exige la  soumission à l’idée que la guerre est une entreprise humanitaire.
La vraie menace à la sécurité mondiale, connue et  documentée, émane de l’alliance entre les États-Unis, l’OTAN et Israël.  Cependant, dans un environnement inquisitorial, les réalités sont sens  dessus dessous : les bellicistes sont dévoués à la paix et les victimes  de la guerre sont présentées comme les protagonistes de celle-ci. Alors  qu’en 2006 presque les deux tiers des Étasuniens s’opposaient à une  action militaire contre l’Iran, un récent sondage Reuter-Zogby, effectué  en février 2010 suggère que 56 % des Étasuniens sont favorables à une  telle action de la part des États-Unis et de l’OTAN.
 
Fabriquer un consensus politique basé sur un parfait  mensonge ne peut toutefois pas reposer uniquement sur la position  officielle de ceux qui sont à la source du mensonge.
 
Le mouvement antiguerre aux États-Unis, partiellement  infiltré et coopté, a pris une position faible à l’égard de l’Iran. Ce  mouvement est divisé. L’accent a été mis sur des guerres qui ont déjà  lieu (Afghanistan, Irak) plutôt que sur la ferme opposition à des  guerres en préparation et en ce moment même sur la planche à dessin du  Pentagone. Depuis l’inauguration de l’administration Obama, le mouvement  antiguerre a perdu de son élan.
 
En outre, ceux qui s’opposent activement aux guerres en  Afghanistan et en Irak ne s’opposent pas nécessairement à des  « bombardements punitifs » de l’Iran et ne définissent pas non plus  ceux-ci comme un acte de guerre pouvant possiblement être un prélude à  la Troisième Guerre mondiale.
L’envergure des manifestations antiguerre en ce qui a  trait à l’Iran a été minime comparativement aux manifestations massives  ayant précédé les bombardements et l’invasion de l’Irak en 2003.
 
La vraie menace à la sécurité mondiale provient de l’alliance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël.
 
Dans l’arène diplomatique, la Chine et la Russie ne  s’opposent pas à l’opération iranienne. Celle-ci est appuyée par les  gouvernements des États arabes de premier plan intégrés au Dialogue  méditerranéen organisé par l’OTAN. Elle a par ailleurs l’appui de  l’opinion publique occidentale.
 
Nous appelons les gens du pays, des États-Unis, de  l’Europe de l’Ouest, d’Israël, de la Turquie et du monde entier à  s’élever contre ce projet militaire, contre leurs gouvernements qui  appuient une action militaire contre l’Iran, contre les médias qui  servent à camoufler les conséquences dévastatrices d’une guerre contre  l’Iran.
Le programme militaire favorise un système économique  mondial destructeur et motivé par le profit, appauvrissant de vastes  groupes de population à travers le monde.
Cette guerre est une pure folie.
La Troisième Guerre mondiale sera terminale. Albert  Einstein avait compris les périls d’une guerre nucléaire et l’extinction  de la vie sur terre, laquelle a déjà débuté avec la contamination  radioactive provenant de l’uranium appauvri. « Je ne  sais pas avec quelles armes on combattra durant la Troisième Guerre  mondiale, mais durant la Quatrième, ce sera avec des pierres et des  bâtons. »
Les médias, les intellectuels, les scientifiques et les  politiciens, tous en chœur, occultent la vérité non dite, à savoir  qu’une guerre menée avec des ogives nucléaires détruit l’humanité et que  ce processus complexe de destruction graduelle a déjà débuté.
Lorsque le mensonge devient vérité, il n’y a pas de retour en arrière.
 
Lorsque la guerre est perpétuée comme entreprise  humanitaire, la Justice et tout l’appareil judiciaire international sont  bouleversés : le pacifisme et le mouvement antiguerre sont criminalisés  et l’opposition à la guerre devient un acte criminel.
 
Le Mensonge doit être dénoncé pour ce qu’il est et ce qu’il fait.
 
Il sanctionne le massacre, sans distinction, d’hommes, de femmes et d’enfants.
 
Il détruits des familles et des gens. Il détruit l’engagement des êtres humains envers leurs semblables.
 
Il empêche les gens d’exprimer leur solidarité avec ceux  qui souffrent. Il maintient la guerre et l’État policier comme la seule  avenue.
Il détruit à la fois le nationalisme et l’internationalisme.
Mettre fin au mensonge équivaut à mettre fin à un projet  criminel de destruction planétaire dans lequel la quête du profit  constitue la force primordiale.
Ce programme militaire à but lucratif anéantit les valeurs humaines et transforme les gens en zombies inconscients.
 
Renversons la vapeur.
 
Contestons les criminels de guerre en hauts lieux et les puissants groupes de pression privés qui les soutiennent.
Démolissons l’Inquisition étasunienne.
Minons la croisade militaire des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël.
Fermons les usines d’armement et les bases militaires.
Ramenons les troupes à la maison.
Les membres des forces armées devraient désobéir aux ordres et refuser de participer à une guerre criminelle.