vendredi 30 juillet 2010

Nettoyage ethnique dans le Néguev israélien

Jeudi 29 Juillet 2010
Neve Gordon raconte l’expérience de sa visite au village arabe israélien Al-Arakib quelques instants après qu’il a été rasé par l’autorité israélienne, lors de la toute dernière affaire de nettoyage ethnique dans le désert du Néguev.
Un convoi de bulldozers menaçants rentrait à Beer Sheva tandis que je conduisais vers le village Al-Arakib, un village bédouin sis à plus de 10 minutes de la ville. En entrant sur le chemin de terre menant au village, j'ai vu des dizaines de fourgons avec des policiers lourdement armés qui se préparaient à partir. Leur mission avait semble-t-il été accomplie.
      Les signes de destruction ont été immédiatement visibles. J'ai d'abord remarqué des poulets et des oies qui couraient en liberté près d’une maison démolie au bulldozer, et j’ai vu ensuite une autre maison, et puis un autre, toutes réduites à l’état de décombres. Quelques enfants essayaient de trouver un endroit ombragé pour se cacher du soleil brûlant du désert, tandis que derrière eux un nuage de fumée noire s'élevait d’un tas de foin en train de brûler. Les moutons, les chèvres et le bétail n’étaient visibles nulle part – peut-être parce que la police les avait confisqués.
      Debouts sur la colline jaune, des dizaines de Bédouins partageaient ce qu’ils avaient vécu tôt dans la matinée, et tout autour, des oliviers déracinés étaient abattus sur la terre. Un village entier, comprenant entre 40 et 45 maisons, avait été totalement rasé en moins de trois heures.
      J’ai soudain ressenti une impression de déjà vu : une image de moi marchant dans les ruines d’un village détruit quelque part à la périphérie de la ville libanaise de Sidon m’est revenue. C’était il y a plus de 25 ans, pendant mon service dans les parachutistes israéliens. Mais au Liban les habitants avaient tous fui longtemps avant la venue de mon peloton, et nous marchions simplement dans les débris. Il y avait quelque chose de surréaliste dans cette expérience. Cela m'a empêché de bien comprendre sa signification pendant plusieurs années. À l'époque, c'était comme si je me baladais sur la lune.
      Cette fois, l'impact de la destruction m’a immédiatement investi. Peut-être parce que les 300 personnes qui habitaient à Al-Arakib, incluant leurs enfants, étaient assises dans les ruines quand je suis arrivé, et que leur angoisse était évidente ; ou peut-être parce que le village est situé à seulement 10 minutes de ma maison à Beer Sheva et que je conduis en passant là chaque fois que je vais à Tel-Aviv ou Jérusalem ; ou peut-être parce que les Bédouins sont des citoyens israéliens, et que j’ai soudain compris jusqu’à quel point l'État est prêt à aller pour mener à bonne fin son objectif de judaïsation de la région du Néguev ; ce que j'ai vu, après tout, c’était un acte de purification ethnique.
      Ils disent que la prochaine Intifada sera bédouine. Il y a 155.000 Bédouins dans le Néguev, et plus de la moitié vivent dans des villages non reconnus, sans électricité ni eau courante. Je ne sais pas à ce qu'ils peuvent faire, mais en transformant en sans-abri 300 personnes, dont 200 sont des enfants, Israël est sûrement en train de provoquer les troubles qu’il a l’intention d’empêcher.
      Neve Gordon enseigne la politique à l'université Ben-Gourion et il est l’auteur de Israel’s Occupation. On peut le contacter sur son site www.israelsoccupation.info.
Original : www.redress.cc/palestine/ngordon20100729
Traduction copyleft de Pétrus Lombard

Jérusalem : l'ONU déplore des incidents provoqués par des colons israéliens

29 juillet 2010 – Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, a déploré jeudi « l'inacceptable » opération menée par des colons israéliens qui se sont emparés de force d'un bâtiment dans le quartier musulman de la vieille ville de Jérusalem où résidait neuf familles palestiniennes.
« J'appelle les autorités israéliennes à retirer les colons de cette propriété et à revenir au statu quo ante », a déclaré Robert Serry dans un communiqué de presse. « De plus hier, les autorités israéliennes ont détruit de nombreux bâtiments commerciaux palestiniens dans la périphérie de Jérusalem-Est ».

Ces actes « provocants » surviennent à un moment critique où la communauté internationale redouble d'efforts pour la reprise de pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens, a souligné le Coordonnateur spécial.

« J'appelle le gouvernement d'Israël à tenir compte de l'appel du Quatuor et de réfréner toute action provocatrice à Jérusalem-Est y compris les démolitions et les expulsions », a-t-il conclu.

Le 23 juillet dernier, à l' occasion du Séminaire international des médias pour la paix au Moyen-Orient organisé à Lisbonne, au Portugal, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon avait appelé les parties à reprendre les négociations directes. « L'établissement de colonies sur n'importe quelle partie des territoires palestiniens occupés contrevient au droit international, aux résolutions du Conseil de sécurité et aux obligations de la Feuille de route, cela doit être gelé », avait-il rappelé.

Le 12 juillet dernier, la municipalité de Jérusalem a approuvé la construction de 32 nouveaux appartements dans une colonie de Jérusalem-Est. Le 13 juillet, la municipalité a démoli six bâtiments palestiniens de Jérusalem-Est, déplaçant 26 personnes dont 14 enfants.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, doit rencontrer vendredi le ministre de la défense israélien, Ehud Barak, à New York. Il espère aborder les problèmes liés « à la situation à Gaza et au gel des colonies », a fait savoir jeudi son porte-parole.

Ban Ki-moon a eu plusieurs conversations téléphoniques mercredi avec des dirigeants de la région afin « d'encourager les parties à accélérer le processus de paix ». Il s'est entretenu au téléphone avec le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et avec le Secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, ainsi qu'avec le ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit. Il a réitéré son soutien à la reprise de pourparlers directs auprès de chacun de ses interlocuteurs.
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Les prisonniers palestiniens protestent contre les traitements israéliens inhumains

Israel - 29-07-2010
Par Middle East Monitor 
Le Ministère des Affaires des Prisonniers de l’Autorité Palestinienne à Ramallah a mis en garde contre une « explosion » de la situation dans les prisons israéliennes, étant donné la conduite systématique de punition collective des détenus exercée dans la plupart des geôles israéliennes.
Dans un communiqué de presse de lundi 26 juillet, le Ministre a déclaré que la direction du Service pénitentiaire d’Israël continue de mettre en œuvre une politique répressive contre les détenus palestiniens qui, en retour, ont répondu en accentuant leur opposition active.
Les avocats du ministère ont expliqué que tous les détenus de la prison Ramon ont récemment entamé une grève de la faim partielle pour protester contre une soudaine campagne de fouilles nocturnes. 11 prisonniers de la prison Eshel ont fait de même, pour protester contre la punition collective à laquelle ils sont tous soumis ; les visites sont interdites depuis 6 mois, une mesure prise lorsque la direction de la prison a découvert un téléphone portable sur l’un des détenus.
Un prisonnier de la prison israélienne Shata a dit que des unités militaires spéciales mènent des campagnes d’inspection qui durent habituellement quatre heures d’affilée, pendant lesquelles les effets personnels des prisonniers sont abimés et certains articles sont même confisqués – les fouilles sont conduites sous le prétexte de recherches des portables.
Dans la prison Gilbo’a, cinq détenus sont interdits de visites et leurs ventilateurs ont été confisqués ; les prisonniers sont exclus de toute activité sportive pendant deux mois, sans raison.
Le Ministère a aussi indiqué que les détenus de la prison Ofer disent que la direction de la prison a installé des dispositifs de distraction bruyants qui irritent continuellement les prisonniers et leur provoquent des troubles mentaux et physiques. Selon le Ministère, les prisonniers d’Ofer ont demandé qu’il soit fait pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles retirent ces dispositifs, qui sont répartis dans toute la prison.

Le procès d’Abu Teir reporté à novembre 2010

Jérusalem - 29-07-2010

Par Maan News 
Mercredi 28 juillet, un tribunal israélien a reporté au 22 novembre le procès du député palestinien de Jérusalem qui a été placé en détention provisoire depuis sa mise en détention en mai dernier.















Le procès de Mohammad Abu Teir a été reporté à cause d’une audience de la Cour suprême israélienne prévue le 9 septembre pour discuter de l’affaire, et le tribunal a décidé de retarder l’audience du député jusqu’à ce que la cour suprême statue.
En conséquence, le député restera en détention jusqu’à son procès, a déclaré son équipe juridique.
Le tribunal a lancé plusieurs chefs d’accusation contre Abu Teir, dont celle de séjourner illégalement à Jérusalem après que le ministère de l’intérieur israélien ait révoqué son droit à résidence, peu de temps après sa libération de prison en mai. L’équipe juridique d’Abou Teir a rejeté ces accusations.
Maître Usama As-Sa’di, qui dirige la défense d’Abu Teir, a dit qu’il fonderait son argumentation sur le droit international parce que Jérusalem Est est considérée comme un territoire occupé, ainsi que sur la Convention de Genève qui interdit l’expulsion d’une population occupée.
En mai dernier, Israël a annoncé qu’il retirait leurs droits de résidence à Abu Teir, Ahmad Atoun, Mohammad Totah et Khaled Abu Arafeh – tous députés affiliés au Hamas – et leur avait donné une date limite pour quitter la ville.
Depuis l’annonce de la décision, les trois autres députés se sont installés dans les locaux du Comité International de la Croix Rouge, à Sheikh Jarrah, où une tente de solidarité a été érigée.
Dans un entretien avec le correspondant de Ma’an suite à la décision, Attoun a appelé les habitants de Jérusalem à se rassembler devant le tribunal pour transmettre au monde « que nous refusons la décision de déporter les députés de Jérusalem. »

Les villageois reconstruisent leur village rasé

Nakab - 29-07-2010

Par Alternative Information Center 
Un jour après que les autorités israéliennes aient rasé le village bédouin d’Al’Araqib, les habitants du village, rejoints par des activistes palestiniens, israéliens et internationaux ont reconstruit le village.
« Nous avons réussi à remonter toutes les structures et les tentes détruites, notait le docteur Awad Abu Freih, porte-parole du village et membre du Comité populaire Al-Araqib et du Forum d’Education arabe dans le Néguev, dans une conversation avec AIC. Le docteur Abu Freih indiquait que les habitants d’Al-Araqib « envisagent de construire plus que ce qui a été détruit, pour empêcher d’autres démolitions. »















Plus de 300 bédouins, dont une majorité d’enfants, ont été expulsés de force de leur village mardi matin 27 juillet, et ont dû observer la police israélienne détruire leurs maisons et leurs biens. L’attaque a commencé vers 4h30 du matin, et les habitants se sont réveillés encerclés par une masse de policiers armés de fusils, de grenades incapacitantes, de casques et de boucliers, dont des centaines de policiers anti-émeute et la police montée, des hélicoptères et des bulldozers.
Bien que non reconnu par Israël, le village d’Al-Araqib existe depuis bien avant la création d’Israël en 1948. Les bédouins ont été expulsés par l’Etat d’Israël nouvellement créé en 1951, mais ils sont revenus sur leur terre sur laquelle ils vivent et qu’ils cultivent. La propriété de la terre fait maintenant l’objet de poursuites devant le tribunal de district de Be’er Sheva.
Le docteur Abu Freih appelle tous les internationaux à aider les bédouins d’Al-Araqib dans leur lutte de survie dans leur village. Il déclare qu’ils ont actuellement besoin de « tout », d’argent jusqu’à des visites pour attirer l’attention des médias. Il encourage tous ceux qui sont intéressés à parler aux villageois et à passer un jour ou une nuit avec eux.
Le docteur Yeela Raanan, du Conseil Régional des Villages non reconnus (Regional Council for the Unrecognized Villages) demande instamment que soit entrepris un travail de collecte de fonds pour recueillir l’argent qui sera nécessaire pour reconstruire les maisons détruites et re-cultiver la terre dévastée. Le Docteur Raanan souligne que les habitants ont aussi besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans cette bataille, expliquant que plus les gens leur exprimeront leur soutien, plus de force ils auront pour rester fermes dans leur résistance.
Le docteur Raanan note que la seule solution juste à cette question est de permettre simplement aux habitants de rester sur leurs propriétés, leur garantir le droit à leur terre et l’accès à leurs ressources. Elle exhorte les Européens et les Américains en particulier à exiger que leurs gouvernements reconnaissent le problème de la démolition des villages non reconnus et fassent pression sur Israël pour permettre au peuple indigène d’accéder à sa terre.
Une cérémonie de prières ouverte à tous aura lieu ce vendredi 30 juillet, à 11h, dans le village d’Al-Araqib.
Contacter le Docteur Yeela Raanan pour plus de détails au +972 54 7487005 ou yallylivnat@gmail.com.
Des activistes israéliens organisent une visite de solidarité et de travail ce samedi 31 juillet. Pour plus de détails, contacter : manor12@zahav.net.il.
Le docteur Awad Abu Freih a conclu la conversation avec AIC en disant : « Nous voulons que notre voix soit entendue dans le monde entier. »
Pour plus d’informations sur la manière dont vous pouvez aider, contactez :
Dr. Awad Abu Freih: +972 (0) 52 2714020
Dr. Yeela Ranaan, Regional Council for the Unrecognised Villages (RCUV):
+972 (0)54 7487005; yallylivnat@gmail.com

L’Autorité palestinienne : un langage redondant et dangereux

Cisjordanie - 29-07-2010
Par Ramzy Baroud

Ramzy Baroud (www.ramzybaroud.net) est un éditorialiste international et rédacteur en chef de PalestineChronicle.com. Son dernier livre, My Father Was a Freedom Fighter: Gaza's Untold Story
(Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire non dite de Gaza) (Pluto Press, Londres), est maintenant disponible sur Amazon.com. 
Chaque fois qu’Israël ne tient pas ses engagements, l’Autorité Palestinienne répond en usant du même langage redondant. Le cycle est devenu tellement prévisible que l’on se demande pourquoi les responsables de l’AP prennent même la peine de protester contre l’action israélienne. Ils doivent pourtant être très au fait que leurs plaintes, authentiques ou autres, tomberont dans l’oreille de sourds. Ils savent que leurs récriminations ne contribueront pas à un changement de paradigme de la conduite d’Israël, ni de celle des Etats-Unis.
Jetons un regard sur le contexte linguistique des plaintes de l’Autorité Palestinienne. Dans un discours de début juin, le Président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié tout pourparler direct avec Israël de « futile ». Des milliers de journaux et de sites d’information l’ont mis en une, soulignant le mot « futile » par des guillemets – comme s’il constituait une sorte de révélation fracassante. Mais quiconque s’intéresse au Moyen-Orient, et au conflit israélo-palestinien en particulier, sait déjà que de telles négociations seront « futiles ». Plus, Israël n’a jamais caché son peu de désir d’un règlement pacifique et juste.
M. Abbas s’est toutefois arrangé pour s’insérer comme « joueur » pertinent dans le conflit, en utilisant un mot intelligemment inventé. Un mot qui a eu un énorme impact tant en Arabe qu’en anglais.
Bien sûr, rien de ceci ne signifie qu’Abbas ait réellement adopté un changement sérieux. Il faut plonger dans les archives pour se souvenir que le président de l’AP a ressenti la même chose sur les soi-disant « pourparlers de proximité » avec Israël en mai dernier.
Avant qu’ils ne débutent, il a aussi exprimé qu’il pensait que les discussions seraient futiles. Il a de plus insisté sur le fait qu’aucune négociation, directe ou autre, ne reprendrait sans un arrêt complet de la construction de colonies israéliennes à Jérusalem Est occupée. Après cette déclaration grandiose, Abbas a repris le simulacre de discussions de proximité, pendant les familles palestiniennes continuaient d’être déracinées de leurs maisons dans leur ville historique. Seule une barrière a été levée avant de s’embarquer dans les pourparlers de proximité : Abbas et ses hommes ont cessé de geindre.
Près de deux mois plus tard, alors qu’il est évident pour tous que les pourparlers de proximité furent bien sûr « futiles » - en particulier lorsque le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu a triomphé du Président des Etats-Unis Barack Obama lors de la dernière visite à Washington – M. Abbas s’est retrouvé dans un besoin désespéré d’une autre ligne de défense. Ainsi la nouvelle campagne attaquant les discussions directes inévitablement « futiles » avec Israël.
M. Abbas n’est pas le seul acteur de ce drame. D’autres ont aussi fait leur travail, aussi efficacement et aussi fidèles à la forme que jamais. Yasser Abed Rabbo, qui a changé plusieurs fois de casquettes par le passé et qui est maintenant un des conseillers de M. Abbas, a affirmé que l’AP « n’entrerait pas dans de nouvelles négociations qui pourraient durer plus de 10 ans. » Cette promesse – que la direction palestinienne ne se laissera pas duper dans des discussions pour le plaisir de discuter et sans échéancier – n’est pas la première de ce type de la part d’Abed Rabbo, et elle n’est certainement pas la dernière. Le conseiller d’Abbas continuera vraisemblablement à partager le même point de vue usé jusqu’à la corde encore et encore, parce que c’est le rôle que tout responsable palestinien « modéré » doit répéter pour rester pertinent. Comment pourraient-ils autrement donner l’impression que l’AP joue toujours le rôle de rempart contre l’usurpation territoriale illégale et l’occupation militaire israéliennes ?
Ahmed Qurei, ancien ministre des affaires étrangères de l’AP et ex-premier ministre, a donné récemment une conférence à l’Université Hébraïque, intitulée : « Les pourparlers de proximité israélo-palestiniens : leçons des négociations passées. » La conférence était organisée par l’Institut de recherche pour l'avancement de la paix Harry S. Truman (Harry S. Truman Institute for the Advancement of Peace) de l’Université Hébraïque. Le lieu et l’occasion de cette conférence ne pouvaient pas être plus significatifs. D’abord, la plus grande partie de l’Université Hébraïque a été construite sur une terre palestinienne « ethniquement nettoyée ». Ensuite, Qurei a parlé dans une Université israélienne d’une ville occupée, au moment où les activistes et les universitaires du monde entier, dont plusieurs en Israël, mènent un boycott culturel et universitaire des universités israéliennes pour protester contre le rôle terrible que ces institutions ont joué dans la violence israélienne contre les Palestiniens.
Pire encore, immédiatement avant son discours, Qurei a rencontré l’ancienne Ministre des Affaires étrangères et Premier ministre par intérim Tzipi Livni. Livni a ordonné et supervisé le meurtre et la mutilation sans précédents de milliers de Palestiniens à Gaza entre décembre 2008 et janvier 2009. Le niveau d’inhumanité qu’elle a montré pendant ces jours a provoqué l’indignation du monde entier, et de beaucoup en Israël même. Mais tout ce sang a été glissé sous le tapis, puisque « Livni et Abu Ala ont échangé des amabilités », selon le Jerusalem Post.
Essayez juste d’imaginer la fureur que tous les Palestiniens – et en particulier ceux qui sont assiégés dans Gaza détruite – ont éprouvé tandis que Qurey et Livni se serraient la main et souriaient devant les caméras. Quant aux contributions universitaires et politiques de Qurei, le Post a rapporté que « lors de la conférence, Qurei a dit que Netanyahu n’avait pas vraiment gelé la construction coloniale en Cisjordanie, et qu’il avait ajouté que les actions d’Israël empêchaient les pourparlers directs. »
Considérant les nombreux compromis faits par Qurei dans le fait même de participer à la conférence, et sa poignée de main à Livni, on peine à comprendre le pourquoi de telles déclarations.
Ces déclarations creuses n’auront aucune incidence sur la suite des événements, pas plus qu’elles n’obligeront Netanyahu et son gouvernement de droite à y songer à deux fois avant de démolir les maisons et de déraciner les arbres. Mais elles sont plus importantes que jamais pour l’AP, car des voix s’élèvent à Washington, à Londres et ailleurs, demandant que les Etats-Unis et leurs partenaires reconnaissent, sinon « s’engagent », avec le Hamas. Une telle perspective est une mauvaise nouvelle pour la direction palestinienne de Cisjordanie, qui sait que sa pertinence dans le « processus de paix » repose sur le rejet constant du Hamas. C’est pourquoi l’Autorité Palestinienne à Ramallah continuera de coller à sa méthodologie : ne critiquons pas trop durement Israël, pour ne pas perdre ses faveurs ; suivons les diktats états-uniens, pour maintenir un statut « modéré » et de nombreux privilèges ; et donnons toujours l’impression aux Palestiniens, aux Arabes et aux Musulmans, que l’AP est le seul et unique défenseur de Jérusalem.
On se demande combien de temps encore les dirigeants palestiniens de Ramallah peuvent soutenir cette posture, qui est, de fait, pour le coup, un véritable exercice de futilité.
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Ils sèment la mort et la désolation, nous semons l'espoir de la libération !

Negev - 29-07-2010

Par Rim al-Khatib 
Les troupes de la mort qui ont envahi la Palestine au début du siècle dernier ont envahi ce matin du 27 juillet le village d'al-Araqib, dans le Naqab. Ils y ont semé la mort et la désolation.
A l'aube, ils sont venus.1500 hommes armés, en noir, tels des voleurs. Ce sont des envahisseurs. Equipés de bulldozers, ils ont détruit le village d'al-Araqib, dans le Naqab palestinien, occupé en 1948.
















Voir d'autres photos de la destruction d'Al-Araqib par les hordes sionistes sur la page d'ActiveStills (Flickr)

Al-Araqib, c'est la poursuite de la Nakba et de l'épuration ethnico-religieuse de la Palestine par l'Etat colonialiste sioniste, soutenue et financée par les pays impérialistes, les Etats-Unis, la France et d'autres pays européens.
Al-Araqib, ce sont des terres appartenant aux Palestiniens, et rien qu'à eux, précisément à la famille Touri, du Naqab. Les colons, même s'ils parviennent à occuper cent ans, resteront des colons et des envahisseurs qui doivent s'en retourner à leurs pays d'origine, que ce soit en Europe ou ailleurs.
Al-Araqib, le village que les envahisseurs viennent de détruire, sans rien y laisser, c'étaient 700 personnes qui y vivaient, qui s'y accrochaient de toute leur âme et de tout leur corps. C'est là où sont enterrés leurs ancêtres et où ils espèrent vivre, défiant les colons sionistes tous les jours et pour toujours.
Al-Araqib s'ajoute à tous les villages des environs de la ville d'al-Quds détruits par les sionistes en 48, à tous les villages de Galilée, à tous les villages du nord au sud de la Palestine que les colons ont rayé de la carte pour empêcher leur population de retourner et pour faire croire à la "communauté internationale" que la Palestine n'était pas peuplée, qu'elle n'était pas un pays souriant aux terres riches et cultivées.
Dans le Naqab, avant 48, les terres étaient cultivées, les cartes aériennes anglaises l'ont prouvé, la population palestinienne du Naqab avait défriché et cultivé de larges superficies de ses terres. Quand les envahisseurs sionistes sont venus, ils ont expulsé sa population (vers la Jordanie et la bande de Gaza, surtout), et la ville de Beer Sabaa est devenue une ville fantôme alors qu'elle était une ville commerciale où étaient échangés les marchandises venant d'al-Khalil en Cisjordanie et celles en provenance de Gaza, ou celles de la Jordanie et celles de l'Egypte.
Al-Araqib fait partie des 45 villages que l'Etat des colons a refusé de reconnaître, ce qui signifie que cet Etat a refusé de les équiper d'eau, d'électricité, de système d'évacuation des eaux, de routes, d'écoles, de centres de soins. Si Al-Araqib et les autres villages non-reconnus ont réussi à survivre malgré l'Etat des envahisseurs, c'est parce que leur population a affronté et a défié la décision coloniale, en comptant sur sa volonté et sa force, et les partis et organisations palestiniennes de l'intérieur.
Al-Araqib, c'est le village qui, depuis deux ans, a été plusieurs fois envahi : les fonctionnaires de l'institution coloniale ont déjà détruit à plusieurs reprises ses maisons rasé ses terres et arraché ses arbres, laissant leurs habitants sans autre abri que le ciel.
Mais al-Araqib, c'est aussi et surtout la détermination de la population qui a été la plus forte: elle a reconstruit les maisons détruites et abrité ses habitants. Une tente de mobilisation a été installée à l'entrée du village, devenue le lieu de rassemblement des délégations venues soutenir les Palestiniens menacés.
C'est parce qu'ils veulent judaïser le Naqab, dans un plan de judaïsation à large échelle, au Naqab et en Galilée, que les envahisseurs détruisent et expulsent. En 1947-48, c'est parce qu'ils voulaient fonder leur Etat colonial que les envahisseurs avaient expulsé les Palestiniens et détruit leurs villages et maisons. Un jour après avoir détruit al-Araqib, les responsables sionistes assurent qu'ils veulent installer 300.000 colons dans le Naqab et en Galilée, là où ils veulent briser la société palestinienne.
Mais Al-Araqib s'organise. Le comité de suivi des masses arabes y a tenu sa réunion d'urgence et a décidé de reconstruire les maisons, d'y installer en toute urgence les tentes pour aider sa population à résister, de faire la prière du vendredi prochain sur ses terres rasées, de mener une campagne pour financer la reconstruction.
Ils ont détruit al-Araqib, que Dieu nous accorde la force pour détruire Israël !
Sur le nettoyage ethnique d'Al-Araqib, lire aussi :
Des milliers de policiers israéliens évacuent et détruisent le village de El-Araqib, dans le Naqab , ISM, 27.07.2010, 

Damas demande à Washington de ne pas s’ingérer dans ses relations

29/07/2010  
Le ministère syrien des affaires étrangères a condamné les propos du porte parole du département d’état américain Philip Crowley estimant que « les États-Unis n’ont nullement le droit de déterminer aux Syriens les relations qu’ils devraient tisser dans la région et ne devraient pas s’ingérer dans les pourparlers qu’il va entamer avec le roi saoudien ».
Crowley avait salué la tournée moyen-orientale du monarque saoudien qui l’a entamé mercredi par l’Égypte, s’est rendu ce jeudi  après-midi en Syrie, avant de passer par le Liban vendredi et de finalement l’achever en Jordanie, sa dernière étape.
Crowley a également demandé à la Syrie d’écouter attentivement les propos du roi saoudien et de s’écarter de l’Iran, estimant que cette tournée s’inscrivait dans le cadre de la promotion saoudienne de son initiative de paix, et dans le cadre de ses préoccupations du rôle iranien.
 « La Syrie te l’Arabie Saoudite sont deux états indépendants qui appartiennent à cette région. Ils savent plus que quiconque les intérêts de ses peuples et les moyens de les réaliser, loin de toute ingérence extérieure»,  a affirmé  une source du ministère syrien, selon l’agence de presse syrienne officielle Sana.

« Israël » tait son histoire sale

29/07/2010  
L’entité sioniste compte cacher le plus longtemps possible ses secrets .
La décision vient d’être prise par le gouvernement de Netanyahou qui a prolongé de 20 années l’interdiction d’accès aux archives politiques et sécuritaires disponibles dans les offices gouvernementales. Elles s’ajoutent aux 50 années arrêtées par une loi en 1955.
A noter que l’histoire sioniste de l’usurpation de la Palestine, avant même sa création, grouille d’arnaques, de duperies, de mensonges, de crimes  et de massacres, comme aucun autre entité sur terre.
Selon le directeur des archives nationales israéliennes, Yehoshua Freundlich, cité par le Haaretz, cette décision a été prise sur pression des services secrets qui craignent d’accuser Israël de violer le Droit international, citant entre autre le massacre de Deir Yassine, la guerre de 1948 et la nakba, l’affaire de l’ex-ministre de la guerre israélien Itzhak Laffont, l’implication des renseignements israéliens dans le bombardement des intérêts américains en Égypte…
Dernièrement un historien israélien, Benny Morris a révélé dans un livre intitulé «  1948 : l’histoire de la première guerre arabo-israélienne » que c’est grâce aux pots de vins que le mouvement sioniste avait déversés à quelques uns des sur les 46 qui formaient de l’Assemblée générale en 1947 pour les amener à voter pour la partition de la Palestine et création d’un foyer juif . Ce qui montre l’ampleur de l’arnaque via les instances internationales.
En plus des archives du Premier ministre, sont également concernées par cette décision celles du ministère israélien de la guerre, de l’armée, ainsi que tous les produits d’intelligence liés à la première décennie de la vie de l’entité sioniste, et qui ont été ouverts au public israélien.
Rapporté par l’AFP, l'historien israélien Tom Segev a dénoncé cette mesure la qualifiant de  "tendance antidémocratique" dans la société israélienne.
En réponse aux justifications données par  Freundlich à cette mesure, que « ces archives continueront à être classifiées de crainte d'atteinte à la vie privée des personnes mentionnées ou de leurs proches", Segev réplique : "S'il est légitime de ne pas dévoiler certains noms et de maintenir le secret sur des sujets ultrasensibles, interdire globalement de publier ou même de consulter ces documents, relève d'une démarche antidémocratique inquiétante et d'une volonté de masquer des fautes, voire des crimes de guerre passés ».  Pour sa part, l’Association des droits civiques en Israël a dénoncé le maintien du secret comme une mesure "arbitraire et injustifiée".
Selon le quotidien français Le Monde, en février 1995, les Archives nationales israéliennes avaient censuré des documents officiels concernant l'expulsion de Palestiniens pendant la première guerre israélo-arabe, en 1948.
Les Archives, qui relèvent du bureau du premier ministre, avaient publié quatre mille pages de protocoles des réunions du gouvernement provisoire israélien entre mai 1948, date de la proclamation de l'Etat hébreu, et avril 1949,.
Elles les avaient cependant expurgées de passages concernant l'exode des plus de sept cent mille Palestiniens qui ont fui l'avance de l'armée israélienne ou ont été chassés de chez eux, ainsi que des atrocités commises par l'armée israélienne, précise le journal français.
La décision du cabinet israélien a donné gain de cause au Mossad, à la Shabak (ou le Shin Beth), et au Comité de l’énergie atomique, dans leur contentieux qui a éclaté depuis trois années avec deux  journaux israéliens, le Yediot Aharonot et le Haaretz, lesquels avaient saisi le tribunal, pour motif qu’ils refusent d’observer la loi des archives de 1955, qui permet au public de consulter leur documents 50 années après leur incidence.

Une vie en quête de sécurité

jeudi 29 juillet 2010 - 14h:23
Karl Schembri - BabelMed
Sirotant un café tout en tirant une bouffée de cigarette, Ahmed Hamad, 24 ans, rappelle le jour et l’heure exacts auxquels certains de ses proches ont été tués dans des attaques israéliennes.
(JPG) « J’ai perdu de nombreux amis et membres de ma famille », dit-il. « J’ai vu deux de mes cousins se faire tuer le 7 octobre 2004, à 6 heures du matin. C’était les membres de ma famille qui m’étaient les plus proches ».
Le jeune homme, qui a six frères et sœurs, originaire de Beit Hanoun - un village agricole dans le nord de Gaza, à la frontière d’Israël - a le cœur gros. A cause des deuils qu’il a subis, des scènes auxquelles il a assisté et des plans qu’il a vus partir en fumée, il n’attend plus rien de l’avenir. Même les petites cachettes et les endroits spéciaux censés offrir une échappatoire à la violence et aux destructions ont fini par être synonymes de mort et de tragédie pour Ahmed.
La mort de ses cousins est un exemple typique. Ils allaient à pied à la ferme de son père pour cueillir des olives - une chose qu’Ahmed attend toujours avec impatience, lui qui aime tant sa terre et les produits palestiniens traditionnels. Tandis qu’ils marchaient, ses cousins ont été frappés par un drone israélien, et la bombe leur a coupé les jambes. « Ils ont passé une nuit à l’hôpital, à agoniser de douleur, et ils sont morts tous les deux le jour suivant », dit-il. « Beaucoup d’autres amis et d’autres parents ont été tués lors d’attaques israéliennes, et chaque fois que ça arrive, tu sens qu’on t’a volé quelqu’un dont tu étais proche, quelqu’un que tu aimais bien. »
A l’occasion de ce qu’il décrit comme le pire épisode de sa vie, Ahmed a découvert combien même les endroits les plus sacrés pour lui et pour ses amis étaient totalement vulnérables à la puissance militaire israélienne.
«  Les choses se sont tellement compliquées après les luttes internes (entre le Hamas et le Fatah en 2007). Autrefois, on avait une cause de souffrance, les Israéliens, mais maintenant, il y en a deux. Pour moi, nos rivalités internes sont en train de nous tuer plus que ne le font les Israéliens. Quand on était unis, chaque fois qu’il y avait une guerre, on était tous ensemble. Ceux qui se battent les uns contre les autres sont en train de faire le boulot des Israéliens, et ils font exactement la même chose que les occupants ».
Suite au chaos et à la haine qui ont régné durant le putsch de 2007, au cours duquel les Palestiniens s’entretuaient dans les rues, Ahmed et ses amis se sont dit qu’il était encore plus important pour eux de trouver un endroit où ils pourraient échapper à tout cela.
« En 2008, les choses ont un peu commencé à se compliquer, du coup c’était important pour nous de trouver un endroit où on pourrait prendre nos distances avec tout ça. Ce conflit interne a détruit toutes les relations dans la communauté et a séparé les gens. De nombreuses personnes se haïssent, de nombreux membres d’une même famille sont devenus ennemis. Ça se voit dans les rues. Chaque fois que le membre d’un parti est tué, il n’y a que les membres de ce parti-là qui vont à l’enterrement. Ça n’arrivait jamais avant. Avant, même les gens d’autres villes assistaient à l’enterrement d’un martyre ; il devenait un symbole national. Maintenant, tout est divisé en factions.
« Donc, mes amis et moi, on avait l’habitude d’aller dans un champ, à l’est de notre village. C’était superbe au printemps, un truc qui nous aidait à échapper aux combats, on restait juste à regarder les champs et à traîner là. On allait au champ presque tous les jours. Trois de mes amis ont loué une ferme et planté des oignons. Du coup, on faisait quelque chose, on se faisait un peu d’argent, et on avait un endroit à nous pour nous amuser. Aucun des mes amis n’appartenaient à des groupes de résistance - ils étaient tous des civils, des étudiants ou des employés, certains par l’Autorité Palestinienne. C’est pour ça que je n’étais jamais inquiet d’y aller avec eux. C’était un endroit situé très en hauteur, donc visible de partout. Il y avait un mirador israélien juste à côté. On ne peut se cacher nulle part.
« On avait une petite pièce, on laissait toujours la fenêtre ouverte et personne ne restait à l’intérieur. On faisait du thé et des barbecues dans le champ, on faisait tout ce qu’on pouvait plutôt que simplement déambuler dans les rues à regarder les gens se battre et s’entretuer.
« Le 23 février 2008, je me suis réveillé et je me suis préparé pour sortir. Il était environ 1 heure de l’après-midi. En général, je ne dis pas à mon père où je vais, je suis très indépendant. Ce jour-là, je le lui ai dit. J’allais chez un ami dont la grand-mère était morte.
« Sur la route, j’ai croisé un ami, Mohammed. Il tenait un papier, il était plein d’enthousiaste et il avait un grand sourire. Il m’a dit : "Hey, qu’est ce que tu penses de ça : on récolte un demi-million de signatures qui disent que le Fatah et le Hamas doivent arrêter de se battre et se remettre ensemble... tu signerais ?" J’ai répondu que bien sûr, je serais le premier à le signer. Je lui ai dit que Mohammed et Ibrahim allaient à la ferme, donc que j’allais prendre mon narghilé et que je les rejoindrais plus tard, après être allé chez mon ami.
« Au bout d’à peu près 30 minutes, ils se sont mis à m’appeler pour me dire qu’ils m’attendaient... Mon ami qui avait perdu sa grand-mère n’arrêtait pas de me demander de rester, mais mes amis m’ont appelé à nouveau pour me dire d’apporter des cartes, donc je suis allé en chercher chez un autre ami. J’étais déjà en retard, donc après avoir récupéré les cartes, je suis allé au champ en courant, et quelqu’un m’a arrêté dans la rue. J’avais l’impression qu’il y avait une conspiration et que tout le monde me retenait pour m’empêcher d’aller au champ. Quand je me suis trouvé à environ 20 mètres de mes amis, quelque chose de terrible a eu lieu, que je n’ai pas compris au début. J’étais complètement sous le choc. Une roquette israélienne a atterri entre mes trois amis. J’ai vu de la fumée et j’ai entendu une grosse explosion. J’étais pétrifié, je ne savais pas quoi faire.
« Ensuite je me suis retrouvé à courir frénétiquement autour de la ferme pour chercher mes amis. La bombe leur était tombée en plein milieu, et les avait mis en pièces. Ils n’avaient aucune chance de survie. Je n’arrivais même pas à les identifier, tous trois avaient été mutilés, et étaient en morceaux. J’ai réussi à reconnaître leurs vêtements. Ça a été un moment horrible. Il n’y avait personne aux alentours. Je pleurais, je criais, je courrais. J’ai appelé une ambulance mais ils ne comprenaient pas ce que je disais.
« J’ai récupéré tout ce que je pouvais... les chaussures, le narghilé... j’ai essayé garder quelque chose pour me souvenir d’eux. Israël a dit qu’il y avait trois types de la résistance dans la zone devant nous. Ils voient tout, ils ont des drones espions partout... ils nous connaissent et nous voient tous les jours. Ils savaient qu’on allait tout le temps là. »
BabelMed - Traduction de l’anglais Marie Bossaert (2010)
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Un rapport de l’armée israélienne qui confirme les conclusions Goldstone est enterré en Israël

jeudi 29 juillet 2010 - 22h:41
Max Blumenthal 
Un rapport de l’armée israélienne qui a été discrètement présenté aux Nations-Unies il y a deux semaines reconnaît les bombardements par les FDI de bâtiments de l’ONU avec des obus au phosphore blanc. Les précédents rapports israéliens avaient toujours nié qu’un tel cas avait pu se produire.
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L’avocat général de l’armée israélienne, Mandelblit, reconnaît les destructions d’infrastructures civiles et le mépris de la vie des civils. Ici, à Rafah.
Un rapport discrètement remis aux Nations-Unies il y a deux semaines par l’avocat général de l’armée israélienne, Avichai Mandelblit, sur la conduite d’Israël pendant l’opération Plomb durci (contre la bande de Gaza, 27 décembre 2008/18 janvier 2009) confirme les principales conclusions du rapport Goldstone (résumé en français - pdf).
Le rapport Mandelblit (version intégrale en anglais (pdf)), qui apporte des informations sur 150 enquêtes en cours, a scandalisé l’armée israélienne. « L’armée donnait la même impression d’effroi qu’après le rapport Goldstone » fait remarquer un officier israélien. Un autre chef militaire exprime sa colère quand, après qu’un précédent rapport des FDI ait affirmé la légalité des bombardements des zones civiles avec une arme chimique, le phosphore blanc, le rapport Mandelblit publie maintenant des recommandations qui en limitent l’usage. « C’est comme s’il essayait de vous lier les mains dans le dos. Pourquoi l’usage d’une arme qui ne pose aucun problème doit-il être limité ? », demande cet officier.
La confirmation par Mandelblit de l’usage de phosphore blanc par l’armée israélienne à Gaza contre des bâtiments des Nations-Unies est l’un des aveux les plus remarquables de son rapport. Il prend de front, en le démentant, ce mensonge maintes et maintes fois affirmé devant l’opinion israélienne au lendemain de l’opération Plomb durci, et repris dans un rapport des FDI d’avril 2009, prétendant qu’« aucune munition au phosphore n’avait été utilisée sur des zones construites ».
Le débat sur l’emploi du phosphore est enfoui dans le corps du rapport, à la page 21, dans une section sur les bâtiments des bureaux locaux de l’UNRWA :
« L’un des incidents le plus largement évoqué pendant l’opération contre Gaza concerne l’infrastructure locale de l’UNRWA, où trois personnes ont été blessées et où des dommages matériels importants ont résulté de l’usage de munitions qui font des écrans de fumée et qui contiennent du phosphore blanc. Des dégâts supplémentaires ont été provoqués par l’usage d’obus à haute intensité explosive à proximité de l’enceinte. »
Outre le déploiement de munitions à phosphore blanc, le rapport Mandelblilt reconnaît que l’avocat général militaire des FDI a diligenté une enquête pénale sur :
-   le meurtre de 26 membres de la famille Al-Samouni (p. 6) (Voir : Gaza : le massacre de Zeitoun de Tom Eley),
-   l’utilisation possible de boucliers humains (p. 9-11),
-   le bombardement délibéré d’une école de l’UNRWA remplie d’élèves afin de neutraliser un unique mortier, faisant un grand nombre de tués,
-   une attaque délibérée contre une mosquée avec des missiles « puissants » afin de tuer 2 « agents » terroristes non identifiés (p. 17),
-   le bombardement d’une cérémonie de remise de diplôme de la police (p. 19), tuant 4 civils (d’après le rapport Goldstone, les FDI auraient tué 9 civils et 99 policiers),
-   le meurtre d’un civil qui brandissait un drapeau blanc (p. 22),
-   des tirs sur des charrettes tirées par des chevaux et transportant des civils blessés, tuant un certain nombre d’entre eux (p. 24),
-   des tirs d’obus à fléchettes par des chars d’assaut à proximité immédiate d’une « tente pour condoléances », tuant des civils (p. 25),
-   l’usage d’un bulldozer pour raser la coopérative de poulets Sawafeary (p. 27-28) afin d’obtenir un « champ de vision dégagé » pour les soldats du secteur,
-   la destruction d’une usine de conditionnements en ciment pour rechercher, en vain, des tunnels (p. 29),
-   la destruction d’une série d’usines, l’armée prétendant qu’elle « ignorait qu’elles produisaient des produits alimentaires » (p. 30),
et reconnu implicitement la destruction de biens privés (p. 33).
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Bombardement au phosphore blanc sur Gaza
Même si Mandelblit établit la responsabilité dans de nombreux meurtres à la charge des commandants des FDI, il avance aussi la politique de tir de l’armée pour justifier ces meurtres. Tant que les soldats ont affirmé dans leurs témoignages qu’ils pouvaient avoir vu des agents ennemis dans la zone (Mandelblit admet l’extrême difficulté à rassembler des témoignages des victimes palestiniennes), il se dit capable d’affirmer alors que les soldats ont respecté « le droit des conflits armés ».
Qu’est-ce que le Droit des conflits armés ? Il s’agit d’un ensemble de lignes directrices à respecter lors des combats, lignes qui furent redéfinies spécialement pour les opérations de l’armée israélienne par le philosophe militaire Asa Kasher. (Voir : Israël travaille au changement du droit international par Jeff Halper). En précisant quelle est sa version du droit, Kasher écrit, « La responsabilité d’avoir à distinguer entre les terroristes et les non combattants ne repose pas sur les épaules (d’Israël). » Il ajoute : « Envoyer un soldat (à Gaza) se battre contre les terroristes est justifié, mais pourquoi devrais-je l’obliger à prendre des risques supplémentaires pour épargner celui ou celle qui se trouve à côté du terroriste ? Du point de vue de l’Etat d’Israël, cette personne est beaucoup moins importante. J’ai plus de devoir à l’égard du soldat. S’il faut choisir entre le soldat et celui ou celle qui est près du terroriste, la priorité va au soldat. N’importe quel pays en ferait autant. » En d’autres termes, la mort de civils est justifiée selon les règles militaires israéliennes si un soldat est en mesure de juger qu’il « se sent en danger ».
On ne sait si le rapport Mandelblit va conduire à une révision à la baisse des règles de combat vues par Kasher. Les recommandations du rapport ont déjà provoqué un mécontentement virulent chez le corps des officiers de l’armée israélienne, aussi il serait peu réaliste de compter que ceux-ci les mettent en pratique, surtout depuis qu’Israël semble être prêt à une nouvelle campagne potentiellement sanglante contre les zones urbaines au sud du Liban. La véritable valeur du rapport, alors, est de venir confirmer les principales conclusions du rapport Goldstone. Même dans cette enquête parmi les plus prudentes sur la conduite des FDI durant l’opération Plomb durci, Mandelblit en arrive à présenter une situation cohérente de destructions de l’infrastructure civile palestinienne et de mépris de la vie des civils.
Malheureusement, les conclusions accablantes contenues dans le rapport ne sont pas parvenues jusqu’au grand public israélien. Les articles concernant ce rapport sont restés enterrés profond chez les journaux israéliens pendant que, selon le Yedioth Aharonoth, le ministère des Affaires étrangères israéliens se refuse à le mettre à disposition sur son site en hébreu (uniquement sur le site en anglais).
Le chroniqueur du Maariv, Ofer Shelakh, est l’une des rares personnalités publiques israéliennes à avoir dénoncé le silence officiel après la publication de Mandelblit. Il écrit ceci le 23 juillet, dans une rubrique sur le rapport de Mandelblit des FDI et sur le rapport Eiland sur la flottille de Gaza (pas de lien, à partir d’une unique traduction en hébreu de la page 23 du supplément hebdomadaire du Maariv) :
« Quelle est la vérité et pourquoi soudainement répondons-nous à l’ONU en des termes différents de ceux qui furent avancés auprès des citoyens israéliens ? C’est la même chose pour les procédures juridiques engagées contre des officiers israéliens, pour le procès du commandant de la brigade de Gaza, pour l’enquête de l’ex-commandant de la Brigade Giv’ati, Ylan Malka, dont nous n’entendons que les réponses israéliennes destinées aux autorités étrangères.
« Il semble d’après les décideurs du système de défense d’Israël, que nous, les Israéliens, nous ne cherchons pas à savoir, nous ne devons pas savoir, ou que nous sommes d’accord pour que tout cela ne soit fait que pour être avalé par l’étranger, pour repousser les critiques anti-israéliennes. Les Israéliens préfèrent penser que les FDI opèrent avec brio, que leurs commandants ne commettent pas d’erreurs, que leur politique de tirs est respectueuse et morale, et que le problème dans Plomb durci a été la politique de tirs et non les décisions prises par les commandants sur place.
« Peut-être après tout que cette cynique approche de l’opinion israélienne se justifie. Il est un fait qu’aucun tollé n’est monté de l’opinion après la sombre situation dépeinte par (le rapport Eiland), mais dans l’armée israélienne, il est certain que dans ses cadres moyens, beaucoup comprennent le mal qui en découle pour les critères d’expression de la vérité, de l’expression de toute la vérité. »
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L’armée israélienne, face à des civils...
25 juillet 2010 - Max Blumenthal - traduction : JPP
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Paix, Palestine, Désengagement de 2005 : l’amnésie sélective de Netanyahu

jeudi 29 juillet 2010 - 07h:34
Don Emmerich - W.I.T
Benjamin Netanyahu a annoncé à plusieurs reprises qu’il était disposé à octroyer un état aux Palestiniens. Bien évidemment, l’état qu’il propose ne peut être considéré comme tel ; il n’existe aucune personne raisonnable capable de croire que les Palestiniens accepteraient pareille proposition.
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Bombardements massifs sur Gaza en décembre 2008. Le modèle israélien consiste en l’accaparement de toute la Palestine historique, confinant les populations palestiniennes autochtones dans de véritables bantoustans, ou prisons à ciel ouvert, qui sont attaqués, bombardés ou envahis ensuite avec régularité.
En effet, il ne s’est pas contenté de déclarer qu’Israël maintiendra sa mainmise sur d’importantes surfaces de la Cisjordanie (y compris Jérusalem Est et la Vallée du Jourdain), il a clairement fait comprendre que tout futur état Palestinien ne sera pas autorisé à posséder une armée, et que seul Israël maintiendra le contrôle total sur les frontières de la zone et sur l’espace aérien [1].
En d’autres termes, au lieu d’offrir aux Palestiniens un état véritable et réel, Netanyahu leur a offert une seconde Bande de Gaza, mais cette fois-ci, en Cisjordanie. Appelons-la donc Gaza West.
La semaine écoulée, alors qu’il prononçait un discours au Conseil des Relations Etrangères, Netanyahu a défendu sa proposition en expliquant les raisons pour lesquelles il ne faut pas se fier aux Palestiniens avec un état réel, et que Gaza West est tout ce qu’ils méritent.
En somme, il a prétexté que les Palestiniens ont démontré qu’ils rejetaient la paix et qu’ils ne cesseraient de se battre jusqu’à ce qu’Israël soit complètement anéanti. Pour argumenter ses allégations, il a cité l’exemple du désengagement d’Israël de la Bande de Gaza en 2005. Il a indiqué : « [Nous] nous sommes retirés de toute la bande de Gaza et voilà que, séance tenante, le pouvoir iranien a pris le pouvoir sur cette région en lui procurant des missiles et des roquettes qui ont été immédiatement lancés contre Israël. Pour rappel, il y a eu, au total, 12 000 roquettes et missiles dans une zone qui, je pense, est légèrement plus petite que New Jersey ».
Par voie de conséquence, conclut-il, Gaza West sera tout ce que nous confierons aux Palestiniens. C’est à prendre ou à laisser [2].
Effectivement, il n’en demeure pas moins qu’en septembre 2005, Israël s’est retiré de la totalité de la Bande de Gaza, jusqu’au dernier pouce. Il a retiré ses colonies de Gaza et a, sans motif valable, redéployé ses soldats le long des frontières de la Bande. C’est tout simplement ridicule d’avouer qu’à travers ces actes, Israël a, de façon ou d’une autre, tendu la main au Palestiniens en libérant Gaza.
Ainsi, le désengagement s’est traduit par une liberté de mouvement accordée aux Palestiniens à l’intérieur de la Bande [3] mais au-delà, les choses restent inchangées.
Selon un rapport de B’Tselem-HaMoked, publié six mois avant le désengagement, les politiques israéliennes, durant les dernières quatre années et demi, ont transformé Gaza en une « grande prison » [4]. Le rapport décrit la fermeture sévère infligée à la Bande par Israël, en n’octroyant le droit d’entrée ou de sortie qu’à une poignée d’individus. Dans ce contexte, beaucoup d’exemples sont à citer, tel que refuser des autorisations de voyage aux étudiants désirant se rendre en Cisjordanie pour assister aux cours, à des malades nécessitant des soins médicaux en Egypte, à des parents et des époux espérant se réunir avec leurs enfants et leurs épouses. On peut également lire dans le rapport le cas d’un homme qui s’est vu refuser la demande de se rendre en Cisjordanie pour visiter sa mère agonisante et qu’ensuite, une autre demande pour prendre part à ses funérailles lui a été rejetée [5].
Le rapport relate également l’anéantissement qu’a subi l’économie de Gaza suite au blocus. En effet, en imposant de fermes mesures de restriction à l’encontre de Palestiniens en quête de travail à l’intérieur d’Israël, plusieurs milliers d’individus se sont retrouvés au chômage [6]. En outre, en obligeant toutes les importations et exportations à passer par un seul et unique passage et en exigeant que tous les articles soient soumis à un processus de contrôle et de vérification inutile et « manifestement déraisonnable », Israël a rendu difficile la création de plusieurs activités industrielles ou commerciales et en a détruit tant d’autres [7]. En conséquence, l’économie palestinienne a sombré dans une profonde récession qui continue, à ce jour, de la frapper. Ces données traduites en chiffres, on note, fin 2004, un taux de 35% [des personnes en âge de travailler] sont au chômage et 77% vivent dans la pauvreté.
Ainsi, on peut constater que la situation générale à Gaza à la veille du désengagement est assez semblable à celle d’aujourd’hui. Les différences principales font qu’Israël n’avait pas encore totalement détruit l’économie de Gaza, ni avait-il lancé ces campagnes militaires meurtrières, dénommées par euphémisme hypocrite Pluies d’Eté, Nuages d’Automne et Plan Durci.
En septembre 2005, bien qu’il ait tenu sa parole en redéployant ses troupes le long des frontières de Gaza, Israël a maintenu son blocus à travers lequel, il a empêché la population de la Bande de jouir de leurs droits humains les plus fondamentaux. Israël s’est, par ailleurs, réservé le droit d’entrée libre à Gaza et ce, pour des raisons militaires, même si ces dernières entraînaient des « mesures préventives ».
Et pendant qu’Israël maintenait sa mainmise sur Gaza, il poursuivait ses crimes en Cisjordanie. Un rapport de l’ONU, datant du 13 septembre, nous informe que la veille (le 12 septembre qui coïncidait avec le départ des derniers soldats israéliens de Gaza), l’IDF (armée israélienne) avait « déraciné de nombreux oliviers appartenant aux Palestiniens de Kafr Al Labad et ce, pour la construction d’une clôture autour des colonies de Avnei Khefets ». Le rapport nous informe également que l’Autorité Archéologique israélienne avait « délimité une parcelle de terrain, pas très loin de Deir Ballut, en y déracinant 60 oliviers, afin de rechercher des artefacts enfouis dans la zone ». L’opération ne s’était pas arrêtée à ces faits : dans d’autres zones de la Cisjordanie, l’IDF poursuivait le nivellement du sol pour la construction du Mur de Séparation [8].
Outre ce rapport, il en existe tant d’autres qui détaillent les crimes commis par Israël, [9] et qui versent tous dans le sens des affirmations de Dov Weisglass révélant que le gouvernement Sharon avait entrepris le désengagement dans le but de réprimer le processus de paix pour ainsi accorder à Israël (nous endossons la responsabilité) le plus de temps possible afin de s’accaparer illégalement des terrains en Cisjordanie.
En 2004, dans une déclaration accordée à un reporter de Haaretz, Weisglass, autrefois conseiller d’Ariel Sharon, avait avoué que le désengagement n’était qu’une tentative d’anesthésie comme le formol dont l’objectif principal est de bloquer tout processus politique avec les Palestiniens. Il a mis en relief que le processus de paix - qu’il décrit comme « l’évacuation des colonies », « le retour des réfugiés » et « le partage de Jérusalem » - a été gelé...Je suis d’accord avec les Américains concernant cette partie des colonies qui ne sera pas touchée ni prise en compte, tandis que le reste à aborder sera renvoyé aux calendes grecques [10] ».
Ceci étant, même si Israël a légèrement modifié l’aspect de l’occupation, cette dernière, avec toutes les mauvaises expressions de mal qu’elle recèle, s’est déchaînée. [11] Alors, pourquoi s’étonner lorsque le Hamas a tiré, le 25 septembre, plus de 30 roquettes Qassam sur Israël. Hamas avait alors déclaré qu’il s’agissait d’une réponse à l’incident survenu deux jours plus tôt (soit le 23 septembre) et ayant ciblé un camion du Hamas « transportant des roquettes ». Le camion avait explosé, tuant 15 Palestiniens et blessant plus de 80. Alors que le Hamas pointait du doigt Israël, cette dernière et l’Autorité Palestinienne ont déclaré que la déflagration avait été causée par les explosifs du Hamas qui s’étaient déclenchés accidentellement. [12].
Face à tout cela, même si Israël n’a pas manigancé l’explosion, il va sans dire que la plupart des Palestiniens pensent le contraire, et que certains ont ressenti le besoin de répondre violemment. Il convient quand même de rappeler que la majorité de ces hommes ont passé toute leur vie dans la violence, l’humiliation et l’injustice de l’occupation. A Gaza comme en Cisjordanie, ils sont victimes chaque jour de l’agression israélienne. C’est pourquoi, au vu des évènements, accuser Israël d’avoir commandité cette explosion qui avait tué 15 passants, est loin d’être tiré par les cheveux.
Ainsi, Netanyahu peut toujours refuser de reconnaître que « l’hostilité et la haine envers Israël » n’est qu’une réponse à l’occupation, [13] les données, elles, le démontrent manifestement.
Enfin, le jour où Israël finira par admettre cela, et le jour où justice, la véritable, sera faite aux Palestiniens, c’est seulement à partir de cette date qu’on pourra instaurer la paix au Moyen-Orient.
Notes :
[1] « Discours du Premier Ministre au Centre Begin-Sadat de l’université Bar-Ilan ». Le bureau du Premier Ministre, le 14 juin 2009 ; Barak Ravid et Agences, « Netanyahu : Israël ne partagera jamais Jérusalem avec les Palestiniens, » Haaretz, le 12 janvier 2010 ; Jonathan Lis, « Netanyahu : Israël ne cèdera jamais la Vallée du Jourdain, » Haaretz, le 3 février 2010 ; « Netanyahu : Israël doit garder la Cisjordanie après l’accord de paix, » Associated Press, le 20 janvier 2010.
[2] « Entretien avec Benjamin Netanyahu », Conseil des Relations Etrangères, le 8 juillet 2010.
[3] Rapport sur la situation des Infrastructures et d’Accès à Gaza, Bureau des Nations Unies de la Coordination des Affaires Humanitaires, Territoire(s) Palestinien(s) Occupé(s), le 15 septembre 2005.
[4] Une grande prison : Liberté de Mouvement de et vers la Bande de Gaza à la veille du plan de désengagement, B’Tselem : Le Centre d’Information Israélien pour les Droits de l’Homme dans les Territoires Occupés, mars 2005. [5] Il y a deux autres points à soulever concernant les interdictions de voyage. D’abord, le rapport affirme qu’en dehors des actions conduites pour des « raisons de sécurité », Israël a, assez souvent, interdit arbitrairement aux individus de quitter Gaza.
La preuve, souligne le rapport, Israël a souvent changé ses décisions face à des situations où les éconduits (ceux dont le permis de travail a été refusé) sont suffisamment chanceux pour avoir un avocat ou une organisation des droits de l’homme agir en leur faveur. En effet, « Ces revirements découlent du fait que l’état évite d’être trainé devant la Cour Suprême à cause d’un challenge coûteux, souvent embarrassant et légal ». D’ailleurs et de manière générale, Israël avait refusé de donner des preuves indiquant que les individus interdits de voyager représentaient des risques pour la sécurité, et d’évoquer la nature arbitraire de ses politiques.
Ensuite, les actuelles actions d’Israël transgressent clairement l’Accord Intérimaire de 2005. Par exemple, l’Accord Intérimaire avait autorisé un « passage sécuris » sur la route reliant Gaza et la Cisjordanie considérée, dans l’Accord, comme « une unité territoriale unique ». En octobre 1999, « au lendemain du déclenchement de l’Intifada d’Al-Aqsa, Israël avait ouvert une route reliant les deux territoires mais a, en parallèle, fermé la voie du passage sécurisé, jusqu’à ce jour ».
Aussi, l’Accord Intérimaire avait prévu « trois [et seulement trois] situations pour lesquelles Israël est habilité à interdire à un résident Palestinien de quitter les Territoires Occupés vers l’étranger. Il s’agit de :
1. Raisons expressément présentées dans l’accord ;
2. Absence du document requis. Dans ce contexte, il a été convenu qu’un passeport ou un document équivalent, délivré par l’Autorité Palestinienne est suffisant pour permettre à un résident Palestinien de quitter les Territoires Occupés ;
3. Mandat contre un individu, délivré par l’Autorité Palestinienne et transmis aux autorités israéliennes » [6] Le rapport conteste les allégations israéliennes, selon lesquelles les restrictions imposées répondent à des objectifs liés à la sécurité. Effectivement, « le timing choisi pour les fermetures et la réduction des quotas - réplique généralement instaurée après des attaques - ainsi que les actions de défense entreprises dans le cadre d’une ‘réponse’ aux attaques sont plus en accord avec la thèse de ‘mesures de punition collective’ qu’avec les allégations qui parlent de procédures de prévention. Depuis le déclenchement de l’Intifada, le passage d’Erez avait été la cible de plusieurs attaques et attentats suicides qui ont causé de lourdes pertes. C’est pourquoi Israël explique que sa politique de fermeture et de quota est motivée par la peur d’un attentat à l’intérieur d’Israël. Toutefois, ce prétexte est sans fondement puisque, selon B’Tselem et HaMoked, et à l’exception de l’évènement qui s’était produit au début de l’Intifada, aucun citoyen de la Bande de Gaza, entré en Israël pour travailler, n’a été impliqué dans des attaques ».
[7] « Israël aurait dû penser raisonnablement à une alternative au passage de Karni [le passage qu’Israël avait exigé pour le transit de tous les biens] pour le transfert des biens quand Karni est fermé. Il aurait ainsi évité la dégradation de l’économie palestinienne. Concernant les solutions, Israël avait la possibilité d’autoriser le transit des biens par le passage d’Erez, ou bien d’augmenter la capacité du point de contrôle de Sufa pour gérer le passage des articles. Les solutions ne s’arrêtent pas ici : Israël aurait pu implanter un nouveau point de passage terrestre ou bien permettre la construction d’un port de mer... »
« Même si nous acceptons les dires d’Israël selon lesquels il est essentiel d’interdire le mouvement des camions d’un côté à un autre, il relève de l’absurde si, pour effectuer des vérifications et contrôles, les technologies existantes imposent aux containers de décharger la marchandise : un scanner pourrait être utilisé afin de mener un contrôle approfondi. Ce dispositif est utilisé partout dans le monde, y compris dans le Port d’Ashdod. En octobre 2004, Israël avait doté le passage de Karni d’un scanner, mais sa seule utilisation demeure le contrôle des containers vides. »
Dans ce contexte, « Israël n’a pas seulement refusé de faire appel aux technologies existantes pour réduire le temps nécessaire aux containers pour traverser Karni, il a soumis la majorité des biens vers ou en provenance de la Bande de Gaza à des contrôles répétitifs avant qu’ils ne parviennent à destination. A titre d’exemple, les biens en provenance d’Europe pour Gaza sont contrôlés d’abord au port d’Ashdod, ensuite à Karni. Les articles produits à Naplouse, en Cisjordanie, pour Gaza sont soumis à un triple contrôle : au sortir de Naplouse, au point de contrôle vers Israël, et enfin, à Karni. Pour justifier ces contrôles répétés, Israël dit vouloir surprendre et saisir les armes cachées dans les containers après que le premier contrôle soit passé. Ce problème peut aussi être résolu grâce à une technologie de pointe en y apposant un scellé hermétique sur les containers contrôlés, les instruments prêts à déterminer si ces derniers ont été ouverts ou non. Dans la plupart des cas, ces technologies seraient à même de mettre fin au besoin de requérir aux contrôles répétés, d’une part, et de réduire le temps nécessaire à l’acheminement des articles au client et consommateur, d’autre part... »
« En dépit de la circulation pesante au niveau du passage et le dommage infligé à l’économie palestinienne à la suite longues lignes d’attente, la capacité du passage n’est pas complètement exploitée. »
« Premièrement, le passage est ouvert huit heures par jour, seulement, et quand il fait encore jour, et moins durant les vendredis et les samedis. De temps à autre, le passage étend ses heures d’ouverture, allant jusqu’à minuit et ce, pour faciliter l’exportation des produits des fermes. N’est-ce pas faisable donc d’exploiter le passage au-delà des huit heures ! »
« Deuxièmement, même si le passage est ouvert, sa capacité totale reste inexploitée. L’attente n’aurait pas été si longue si plusieurs camions sont déchargés au même moment. Le nombre de camions sujets au contrôle est souvent réduit faute de contrôleurs et de gardiens. Pendant plusieurs mois entre 2001 et 2002, le Bureau du Contrôleur d’Etat avait opéré des inspections au hasard, et à chaque fois, il a été enregistré l’absence du personnel du point de passage. ‘En décembre 2002 par exemple, 38 membres du personnel technique et 29 du personnel administratif, soit un total de 67 personnes, n’étaient pas en poste’ ».
[8] Protection des civils, Relevés du Briefing hebdomadaire, du 7 au 13 septembre 2005, Bureau des Nations Unies de la Coordination des Affaires Humanitaires, Territoire(s) Palestinien(s) Occupé(s), le 13 septembre 2005.
[9] A titre d’exemple, les rapports du 20 septembre détaillent les crimes suivants, notamment :
• 14-20 septembre : Les enseignants venus des villes palestiniennes de Yatta et Samu n’ont pas été en mesure de parvenir à l’école primaire Imneizil. Refoulés par soldats de l’IDF en poste au point de contrôle de Beit Yatir, ils ont été interdits de passer et ont été détenus au point pendant des heures. Les enseignants avaient auparavant, les 7 et 8 septembre 2005, subi le même traitement, au même endroit car ils ne possédaient pas les autorisations correctes. Par conséquent, l’école est restée fermée durant ces deux jours.
• 15 septembre :31 arbres fruitiers appartenant à un fermier palestinien originaire de Khallet Zakariya ont été abattus à côté des colonies de Alon Shvut.
• 15 septembre : l’IDF a émis un ordre de réquisition, T/157/05 contre 21 dunums* (2.1 hectares) de terrains agricoles appartenant à des fermiers palestiniens originaires des villes de Al Khadr et Beit Jala. Ces terrains serviront d’extension pour le Tunnel du point de contrôle sur la route N°60.
• 16 septembre : en jetant des gaz lacrymogène et en tirant des balles en caoutchouc, l’IDF a tenté de disperser des militants palestiniens, israéliens et étrangers lors d’une manifestation contre la construction de la barrière à Bil’in (Ramallah). Cinq palestiniens et quatre soldats de l’IDF avaient été blessés.
• 18 septembre : des bulldozers et des blindés de l’IDF ont pénétré dans une zone située à l’Est de Beit Hanoun, non loi de la clôture la séparant d’Israël, parcourant environ 200 mètres dans cette zone palestinienne. Les bulldozers ont entamé la construction de ce qui semble être une nouvelle zone-tampon le long de l’enceinte de sécurité entre la Bande de Gaza et Israël.
• 20 septembre : en avril 2005, une famille de sept membres vivant à Beit Hanina (Jérusalem) a vu sa maison réduite à terre, construite pourtant avec autorisation. Toute la famille s’était abritée dans une caravane installée sur les décombres de la maison démolie. Le 20 septembre, la caravane a fini par être confisquée par la municipalité de Jérusalem.
• 20 septembre : l’IDF a pavé et entouré de barbelé une zone d’environ 30 dunums (3.0 hectares) à l’ouest de la barrière, près du village Dhaher al Malih. [Protection des Civils, Relevé du Briefing Hebdomadaire, 14 - 20 septembre 2005, Bureau des Nations Unies de la Coordination des Affaires Humanitaires, Territoire(s) Palestinien(s) Occupé(s)]
[10] Ari Shavit, « Haut collaborateur du Premier Ministre : Le plan de Gaza vise à bloquer le processus de paix, » Haaretz, le 6 octobre 2004.
[11] John Dugard** avait souligné : « La jurisprudence de l’après-guerre d’Allemagne démontre que pour l’occupation, le test réside dans le contrôle continu. Dans le Procès des Otages*** (Les Etats-Unis d’Amérique v. Wilhel List et al., 1949) un tribunal militaire avait déclaré qu’il n’était pas nécessaire à l’occupant d’occuper la totalité du territoire tant qu’il peut, à n’importe quel moment il le désire, assumer un contrôle physique sur chaque partie du pays » [Les pratiques israéliennes piétinant les droits humains du peuple palestinien dans le(s) Territoire(s) Occupé(s), y compris à l’Est de Jérusalem : Note du Secrétaire Général, Assemblée Générale des Nations Unies, le 18 août 2005].
[12] Greg Myre, « Israël frappe à Gaza après un tir de roquette du Hamas » New York Times, le 25 septembre 2005.
[13] « Discours du Premier Ministre au Centre Begin-Sadat de l’université Bar-Ilan », Bureau du Premier Ministre, le 14 juin 2009.
* Dunum : Dun est un toponyme courant dans les langues celtiques, il signifie forteresse et secondairement colline. Il se trouve sous la forme dunon en gaulois ou plutôt dūno, latinisé en dunum.
** John Dugard est un professeur de droit sud-africain qui enseigne aux Pays Bas. Membre de la Commission de Vérité à la fin du régime d’Apartheid en Afrique du Sud, il a été ensuite nommé comme Rapporteur Spécial pour les Droits de l’Homme en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et dirige une Commission indépendante d’établissement des faits. Ancien militant contre l’Apartheid sud-africain, il établit une comparaison entre cet Apartheid et la situation des Palestiniens des Territoires Occupés.
*** Hostages Trial, Nuremberg 1948
12 juillet 2010 - Window Into Palestine - Vous pouvez consulter cet article à :
http://windowintopalestine.blogspot...
Traduction de l’anglais : Niha
Lien

Info Gaza 511

publié le jeudi 29 juillet 2010
PCHR

 
Ci-dessous le dernier exemplaire d’Infos Gaza (14 au 20/07/2010) , traduit de l’anglais par Jacques SALLES
PDF - 164.8 ko
Infos Gaza 511

Par terre et par mer, de nouvelles initiatives se prennent pour casser le siège de Gaza

http://www.vivapalestina.org (Cliquez sur cette adresse. Sur la « Une » de ce site anglophone, dans la colonne à gauche en cliquant sur « Français » vous trouverez des informations complémentaires)
Le terrible massacre à bord du « Mavi Marma » le 31 mai a produit un changement dans l’opinion internationale contre le siège inhumain du peuple de Gaza.
Loin de dissuader les gens à s’ingénier à mettre fin au siège, l’assaut israélien contre la « flottille de la liberté » a incité encore plus de gens à apporter de l’aide humanitaire à la population de Gaza et à en finir avec le siège.
Viva Palestina a déjà organisé 3 convois imposants - par la terre - depuis ces 18 derniers mois. Chacun d’eux est parvenu à livrer son chargement et Viva Palestina a également participé à la dernière flottille.
Depuis ces dernières semaines nous sommes en discussion avec des organisations partenaires pour coordonner nos efforts à la fois par la terre et par la mer afin d’avoir le maximum d’impact.
C’est dans ce contexte que Viva Palestina lance son opération
« Viva Palestina 5 - La sauvegarde de Gaza ».
Il s’agit d’un convoi terrestre imposant qui quittera Londres le Samedi 18 Septembre en même temps que deux autres convois qui quitteront Casablanca et Doha. Ces trois convois terrestres seront coordonnés avec une flottille internationale - encore plus importante que celle du 31 mai - et qui se dirigera par la mer et arrivera en même temps que les 3 convois terrestres .
Viva Palestina prendra la direction du convoi terrestre « la Sauvegarde de Gaza » en partenariat avec « Le Comité International pour rompre le siège de Gaza » ainsi qu’avec des organisations d’Europe, de Turquie, du Moyen-Orient, d’Australie, d’Inde et d’Afrique du Sud.
Le Samedi 18 Septembre sera sans aucun doute le samedi le plus propice après le mois du Ramadan . Nous nous proposons de conduire 500 véhicules qui transporteront de l’équipement médical, des fournitures scolaires et tout ce qui est nécessaire pour le reconstruction d’une mosquée détruite, d’une école pour orphelins et d’une maternité à Beit Hanoun.
Nous soutenons le flottille internationale qui est programmée pour toucher terre à Gaza dans le même temps.
Des institutions de renom en appellent à la fin du siège de Gaza : L’Union Européenne, les Nations Unies et les grandes institutions de bienfaisance telles que OXFAM . Nous en appelons à la participation la plus large et la plus conséquente du plus grand nombre à cet effort qui sera de loin le plus efficace grâce à sa coopération avec d’autres sur une détermination commune.
Nous pensons avoir tiré toutes les conséquences de nos pratiques précédentes pour renforcer notre capacité opérationnelle nos méthodes. Si vous avez déjà pris part à nos 4 précédentes initiatives et que vous souhaitiez renouveler votre participation à « Viva Palestina 5 » nous vous invitons à lire attentivement les informations qui suivent…
…. En ce qui concerne la flottille, « Viva Palestina » entend la soutenir, aucune date n’a encore été retenue mais toutes les organisations qui ont participé à la « Flottille de la Liberté » au mois de mai ainsi que quelques autres font tout pour que leur débarquement coïncide avec les convois terrestres qui arriveront au mois d’octobre. Cette flottille qui sera plus importante que celle du mois de mai va nécessiter un effort massif pour la collecte de fonds. Ce faisant, les capacités de chargement des bateaux seront nécessairement plus limitées. « Viva Palestina » entend apporter une contribution significative à cette initiative en même temps qu’elle met en œuvre une large coalition internationale pour le soutien des convois terrestres.
Le message de la population assiégée de Gaza est clair et fort : « Venez massivement, de façon organisée et coordonnée, par terre et par mer, pour apporter une aide vitale qui mettra en lumière l’injustice de ce siège ».
Pour donner suite à ce message nous apportons une attention toute particulière à ce que nous allons transporter afin de nous assurer que les produits sont de haute qualité et qu’il correspondent aux besoins que les gens de Gaza ont eux mêmes identifiés.
Le gouvernement israélien semble considérer Gaza comme un dépotoir.
Ceux qui soutiennent le peuple palestinien pensent que Gaza mérite plus que ce que les pays occidentaux lui accordent : non seulement le mouvement des biens et des personnes mis aussi ses rapports avec les pays voisins, vitaux pour la reconstruction de son économie. C’est pourquoi ce convoi qui va se présenter au poste frontière de Rafah - que le gouvernement égyptien a déclaré « ouvert » - est absolument vital.

Assassinat d’Hariri : La patte d’Israël

publié le jeudi 29 juillet 2010
Rannie Amiri

 
OPINION :

Assassinat en février 2005 du premier ministre libanais Rafic Hariri : les fondements de cette opération secrète, incluant le rôle d’Israël, ont à présent fait surface.
Au Moyen-Orient, les corrélations entre machination politique, espionnage et assassinat sont soit limpides comme de l’eau de roche, soit une bouteille à l’encre.
Quant à l’affaire toujours en suspens de l’assassinat en février 2005 du premier ministre libanais Rafic Hariri, les fondements de cette opération secrète, incluant le rôle d’Israël, ont à présent fait surface.
Les mesures énergiques prises contre les réseaux d’espionnage israéliens opérant au Liban ont abouti à plus de 70 arrestations dans les 18 derniers mois. Il y avait parmi elles quatre officiers de haut rang de l’armée libanaise et de la Sécurité générale. L’un d’eux espionnait pour le compte du Mossad depuis 1984.
Une percée importante survenue fin juin dans le cours de l’enquête a mené à l’arrestation de Charbel Qazzi, chef de transmission et de diffusion chez Alpha, l’un des deux fournisseurs de services de téléphonie mobile appartenant à l’État du Liban.
Selon le quotidien libanais As-Safir, Qazzi a avoué avoir installé des programmes informatiques et implanté des chips électroniques dans les émetteurs d’Alfa. Ceux-ci pouvaient être utilisés par les services secrets israéliens pour surveiller les communications, localiser et cibler les individus à assassiner, et déployer potentiellement des virus capables d’effacer les informations enregistrées lors des communications. La collaboration de Qazzi avec Israël daterait de 14 ans.
Le 12 juillet, une seconde arrestation a été opérée chez Alfa. Tarek al-Raba’a, un partenaire ingénieur de Qazzi, a été arrêté sur charges d’espionnage pour Israël et de préjudice à la sécurité nationale. Quelques jours plus tard, un troisième employé d’Alfa était arrêté de la même façon.
Les Israéliens ont refusé de commenter ces arrestations. Néanmoins, leur capacité évidente à pénétrer les domaines militaire et des télécommunications du Liban a secoué le pays et soulevé de toute urgence des inquiétudes pour la sécurité.
Qu’est-ce que tout cela a à voir avec l’assassinat de Rafic Hariri ?
En dehors des ramifications délétères évidentes du travail d’officiers de hauts rangs de l’armée libanaise pour Israël, la légitimité même du Tribunal spécial pour le Liban (STL) est désormais en question. Le STL est un machin ratifié par l’ONU, chargé de poursuivre les auteurs de l’assassinat de l’ancien premier ministre. Le 14 février 2005, une tonne d’explosif a éclaté près du convoi de M. Hariri qui passait, le tuant ainsi que 21 autres personnes.
On pense que le STL formulera son acte d’accusation sur l’affaire dès septembre, en s’appuyant lourdement pour le faire sur des enregistrements téléphoniques et des transmissions de téléphonie mobile.
Selon l’AFP, « Un rapport préliminaire de l’équipe d’enquêteurs des Nations unies a déclaré avoir recueilli comme preuve des données d’appels de téléphonie mobile effectués le jour de l’assassinat d’Hariri. »
The National a aussi signalé, « L’enquête internationale, qui pourrait présenter les actes d’accusation ou les conclusions dès septembre, d’après des articles non-vérifiés de médias, s’est servie d’enregistrements téléphoniques pour tirer ses conclusions sur le complot du meurtre d’Hariri, qui a été largement imputé à la Syrie et ses alliés libanais... »
Le 16 juillet, lors d’un discours télévisé, le secrétaire général du Hezbollah, Sayyid Hassan Nasrallah, a spéculé que le STL utilisait des informations glanées dans des communications falsifiées par les Israéliens pour impliquer faussement le groupe dans l’assassinat du premier ministre :
« Dans leur analyse, quelques-uns comptent sur les témoignages de l’acte d’accusation (du STL), dont certains se sont avérés être des faux, et sur les réseaux de télécommunications qui ont été infiltrés par des espions capables de changer et manipuler les données.
Avant la guerre (de 2006), des espions ont donné des informations importantes à l’ennemi israélien, et sur la base de ces données, Israël a bombardé certains immeubles, maisons, usines et institutions. Beaucoup de martyrs sont morts et de nombreux autres ont été blessés. Ces espions sont complices des massacres, des crimes, des menaces et du déplacement [de l’exode sur les routes des gens mitraillés par les chasseurs israéliens, ndt]. »
Nasrallah a qualifié la manipulation du STL de « projet israélien » destiné à « créer une vague de protestations (uproar) au Liban. »
À vrai dire, le Liban a connu un avant-goût de cela en mai 2008. À l’apogée d’une impasse de 18 mois lors de la formation du gouvernement d’unité nationale du premier ministre Fouad Siniora, la décision de son cabinet de déclarer unilatéralement illégal le système de téléphonie fixe du Hezbollah a poussé le pays au bord de la guerre civile.
Reconnaissant l’importance de sécuriser leurs lignes de communication dans la lutte contre l’invasion israélienne de juillet 2006, et soupçonnant que les télécommunications publiques étaient peut-être perverties, le Hezbollah a résisté au projet de Siniora de démanteler son réseau. Dans un mouvement rapide et uni, ses hommes ont avancé à l’ouest de Beyrouth et mis rapidement un terme au plan du gouvernement. Deux ans plus tard, leurs soupçons se montrent justifiés.
Michel Aoun, député de l’opposition et patron du Mouvement patriotique libre, avait déjà informé Nasrallah que le STL inculperait probablement les membres « incontrôlés » du Hezbollah pour avoir exploité « ...la tension libano-libanaise et libano-palestinienne, et la guerre israélienne contre le Liban. »
Donnant du crédit à Nasrallah et aux assertions d’Aoun, le commandant en chef des Forces de défense israéliennes Gabi Ashkenazi, a prédit « avec beaucoup d’espoirs, » que la situation se détériorerait au Liban en septembre, après que le STL inculpe le Hezbollah pour l’assassinat d’Hariri.
La joyeuse déposition prémonitoire d’Ashkenazi devant la commission des Affaires étrangères de la Knesset, trahit ce qu’Israël espère des retombées des conclusions du STL, qui seront : fomentation de guerre civile et de discorde au sein des groupes sectaires du Liban, divisés en général en factions pro et anti-syriennes. Ashkenazi anticipe cela car il connaît bien sûr l’accès libre d’Israël aux enregistrements téléphoniques critiques, qui permettra de monter un coup contre le Hezbollah pour le faire accuser du crime.
Les argousins et les agents secrets d’Israël au Liban et leur infiltration du réseau de télécommunication ont été éventés. Le STL devrait tout au moins reconnaître que la preuve de la présumée implication du Hezbollah dans la mort d’Hariri (un groupe qui jouissait historiquement de bonnes relations avec le premier ministre défunt) est entièrement polluée et vraisemblablement falsifiée.
L’arrestation de Qazzi et al-Raba’a lors du démantèlement du réseaux d’espionnage israélien, devraient inciter le STL à porter son attention vers le seul acteur régional qui a bénéficié de l’assassinat de Rafic Hariri ; celui qui continuera tant que son dessein de compromettre le Hezbollah ne sera pas réalisé.
Il est temps de regarder vers Tel-Aviv.
publié par Global research
et en français par Alter Info
Traduction copyleft de Pétrus Lombard
Vendredi 23 Juillet 2010