Passé l'espoir de voir rompu le blocus israélien par la flottille internationale arraisonnée en haute mer, les 1,5 million de Gazaouis sont retournés à leurs combines pour assurer leur subsistance.
« J'ai une formation d'électricien, mais il n'y a aucune construction à Gaza depuis trois ans et ma famille a besoin d'argent pour vivre », explique Hazem Jouha, revenu comme chaque jour prospecter les tas de débris près du point de passage d'Erez, frontalier d'Israël, à la recherche de morceaux de métal dans les fragments de ciment. Ce labeur ingrat en plein soleil lui rapporte 12 dollars (10 euros) la tonne de métal, utilisé ensuite pour les efforts limités de reconstruction après la dévastation de l'opération israélienne « Plomb durci » de l'hiver 2008-2009. « Qu'est-ce que nous sommes censés faire ? Attendre la mort ? » lance-t-il.
« Non seulement le renforcement du blocus n'a ni abouti au renversement du gouvernement Hamas ni à retourner la population contre lui, mais il a renforcé la solidarité avec lui », affirme à l'AFP Omar Chaabane, un économiste basé à Gaza.
Si ses effets ne sautent pas forcément aux yeux à Gaza, où les étals des épiceries sont pleins et les produits électroménagers ainsi que le carburant disponibles, les apparences sont trompeuses. Près de 80 % de la population dépend de l'aide étrangère et l'immense majorité des biens, qui s'échangent à des prix supérieurs à la période préblocus, proviennent des tunnels de contrebande, creusés par des ouvriers au péril de leur vie.
« Sans l'aide et les services qu'assure l'Unrwa (Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens), la vie à Gaza s'écroulerait complètement », explique Adnane Abou Hasna, porte-parole de l'Unrwa à Gaza. « L'idée qu'il n'y a pas de crise humanitaire à Gaza n'est tout simplement pas fondée sur la réalité, comme le montre très clairement la liste du matériel médical en attente d'entrée à Gaza », déclare à l'AFP Chris Gunness, porte-parole de l'Unrwa, évaluant à 20 millions de dollars les besoins urgents d'aide et de fournitures médicales. Israël a autorisé l'Unrwa à importer des quantités limitées de biens de construction destinés à certains projets.
Mais le blocus entrave gravement la reconstruction, selon un récent rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), estimant que seuls 25 % des dégâts de « Plomb durci » ont été réparés. Très peu d'habitations parmi les 6 000 gravement endommagées ou détruites ont été réparées, faute de matériaux.
L'ONU estime qu'en dépit de quelques améliorations, « l'aide internationale s'est révélée largement inefficace » du fait notamment qu'elle s'interdit d'utiliser du matériel importé via les tunnels, laissant le champ libre aux organisations caritatives islamiques. « Un tiers des organisations d'aide à Gaza sont des organisations islamiques, et cela représente un risque de radicalisation », selon M. Chaabane. Parmi elles, l'IHH (« Insani yardim vakfi », ou « Fondation d'assistance humanitaire ») turque de tendance islamiste, qui a affrété le « navire amiral » de la flottille pour Gaza.