lundi 30 novembre 2009

Pour les fêtes de fin d’année, offrez une toile d’un artiste de Gaza

Gaza - 30-11-2009
Par ISM
Emad Badwan a 27 ans, il vit dans un camp de réfugiés de Gaza. Il est photographe et peintre. Comme beaucoup d’autres Palestiniens de Gaza, Emad n’a pas de travail, peu d’espoir d'en trouver et son moral est au plus bas.




Son rêve serait de publier une brochure regroupant ses photos et ses peintures.

Les lecteurs qui pourraient l’aider à le réaliser peuvent le joindre directement :emad_3006@yahoo.com

Vous pouvez également voir ses photos et peintures sur son site :emadbadwanlive.

Interview du Professeur Haidar Eid, partisan de la solution de l’État unique en Palestine et organisateur de la campagne BDS

Palestine - 30-11-2009
Par Haidar Eid > haidareid@yahoo.com
Haidar Eid est professeur associé de littérature anglaise à l’Université Al-Aqsa, à Gaza, en Palestine occupée. Il est un membre fondateur de l’ODSG (One Democratic State Group – Groupe pour un Etat Démocratique) et il est membre de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel – PACBI).
L’un des principaux slogans de la campagne BDS repris par tous ceux qui ont souscrit à l’appel du BDS de 2005 déjà mentionné, appelle en fait à l’arrêt de la politique d’Apartheid pratiquée contre les Palestiniens depuis 1948. D’autant plus que, comme militants de l’Etat Unique, nous croyons fermement qu’on ne peut pas faire de différence entre les luttes du peuple palestinien, que ce soit en 1948 ou en 1967, c’est-à-dire en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza ou même dans la Diaspora et nous pensons que le projet national palestinien actuel ne règle pas toutes ces questions.

Dialogue : Peux-tu revenir sur l'origine de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions ?

Haidar Eid : L’appel du BDS remonte à 2004, quand a été lancée la Campagne Palestinienne pour le Boycott Culturel et Académique d’Israël. En 2005, le BNC, ou Comité National du BDS a été mis sur pied : il comprenait plus de 170 organisations de la société civile qui souscrivaient à l’appel du BDS. Désormais, la quasi-totalité des réseaux de la société civile palestinienne, y compris des organisations politiques nationales et Islamistes, a repris l’appel du BDS. Le BNC agit comme représentant de tous ces mouvements de la société civile qui ont souscrit à l’appel.

L’objectif premier du BDS est tout d’abord de mettre fin à l’occupation militaire de la bande de Gaza et de la Cisjordanie par Israël, de combattre la politique de colonisation et d’Apartheid pratiquée par Israël contre la population autochtone de la Palestine de 1948.

Dialogue : Tout Palestinien qui revendique le droit au retour boycotte de fait l'État d'Israël, fondé sur une politique de purification ethnique et d'épuration, que notre revue dénonce inlassablement depuis sa création (avec d'autres). Cependant, parmi les partisans du boycott (on pense aux institutions, à certains État, églises...), on trouve ceux qui veulent faire pression pour qu'Israël devienne un État démocratique. Une telle perspective est elle envisageable ? Tu es partisan de la solution d'un seul État. Comment peut-on lier la campagne BDS avec cette revendication ?

Haidar Eid : Etre partisan d’un Etat Démocratique Unique a pour corollaire, entre autres, de considérer qu’Israël est un état colonialiste et ségrégationniste et que les méthodes ou instruments de la lutte employés contre l’Apartheid en Afrique de Sud peuvent servir de modèle à notre lutte contre l’Apartheid en Israël. Faire d’Israël, État ségrégationniste constitué sur une base ethno-religieuse, une démocratie devrait être l’objectif de quiconque se prononce pour la démocratie libérale en général, et donc nous pensons que la seule solution pour mettre un terme à ce conflit généré par l’instauration d’un État raciste et ségrégationniste passe par des moyens démocratiques de désionisation de l’État d’Israël pour en faire un État pour tous, quels que soient leur race, religion, origine ethnique ou sexe.

Nous pensons que la pression de la communauté internationale exercée à travers une campagne de BDS dans le style de la campagne anti-Apartheid qui a mis un terme au régime d ’Apartheid en Afrique du Sud, pourra transformer Israël en État laïque après le retour des 6 millions de réfugiés Palestiniens qui ont fait l’objet du nettoyage ethnique de 1948, un État pour la TOTALITE de ses citoyens.

Dialogue : Le parallèle est souvent fait avec l'Afrique du Sud. Pourtant, dans ce pays, n'est-ce pas la peur d'un soulèvement populaire, d'une disparition violente du régime de l'apartheid qui a poussé les Nations Unies, et en premier chef les États-Unis à demander la réalisation des réformes pour sauver l'essentiel, c'est-à-dire le capitalisme sud-africain ? Nombreux sont les militants en Afrique du Sud qui considèrent que les négociations de Kempton Park ont sauvé le pouvoir économique des Blancs en plaçant des Noirs au pouvoir. Quel est ton point de vue là dessus ?

Haidar Eid : Je suis plutôt d’accord avec cette analyse et je pense que ce que nous avons vu en Afrique du Sud, c’est la fin de l’Apartheid politique mais malheureusement pas celle de l’Apartheid économique. Je pense que c’est aux forces progressistes d’Afrique du Sud de défendre les principes originels de la Charte de la Liberté. Malheureusement, la lutte des masses noires d’Afrique du Sud a vraiment été prise en otage par les huiles noires mais désormais, l’ordre du jour est purement social. Alors que le combat sud-africain a réussi à en finir avec l’Afrique du Sud de l’Apartheid, il a échoué pour ce qui est de garantir les droits socio-économiques de la majorité des masses noires de ce pays. En d’autres termes, oui, l’Afrique du Sud est tombée dans le piège de ce que Frantz Fanon appelle les pièges de la conscience nationale (raciale) en donnant la priorité à la race par rapport à la classe.

Dialogue : Nous posons de telles questions, parce qu’en Occident, les partisans les plus actifs de la solution des deux États (solution que nous considérons comme incompatible avec le droit au retour) reprennent à leur compte la campagne BDS. La prétendue solution des deux États implique de la part d'Israël la constitution de frontières officielles, ce qui est incompatible avec le sionisme, qui est par définition un mouvement prédateur et expansionniste. Cependant, la question du boycott ne se pose-t-elle pas jusqu'à la satisfaction des droits démocratiques du peuple palestinien - ce qui inclut les Palestiniens de 1948 - elle-même incompatible avec le sionisme ?

Haidar Eid : Absolument. Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse et c’est pourquoi l’un des principaux slogans de la campagne BDS repris par tous ceux qui ont souscrit à l’appel du BDS de 2005 déjà mentionné, appelle en fait à l’arrêt de la politique d’Apartheid pratiquée contre les Palestiniens depuis 1948. D’autant plus que, comme militants de l’Etat Unique, nous croyons fermement qu’on ne peut pas faire de différence entre les luttes du peuple palestinien, que ce soit en 1948 ou en 1967, c’est-à-dire en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza ou même dans la Diaspora et nous pensons que le projet national palestinien actuel ne règle pas toutes ces questions. C’est pourquoi nous pensons que notre solution est la seule solution démocratique qui garantisse le droit au retour et l’égalité aux habitants de 1948, qu’ils soient Juifs, Musulmans ou Chrétiens. Le problème de l’idéologie d’Oslo, c’est qu’elle fait remonter la question palestinienne à la guerre de 1967, ce qui en fait revient à dire instituer un État Palestinien à l’intérieur des frontières de 1967, un État pour les Palestiniens musulmans et chrétiens. Nous pensons que c’est une solution raciste par excellence et par conséquent, nous pensons que l’un des principaux instruments de la lutte pour un État laïque démocratique est le BDS. Le BDS, cependant, n’est qu’une forme de résistance civile parmi d’autres, l’un des quatre piliers de la lutte que le mouvement anti-Apartheid d’Afrique du Sud défendait et définissait avec éloquence dans ses publications.


Global BDS Movement

ICI l’appel BDS en arabe, espagnol, français, italien, allemand, hébreu.

Intervention (en anglais) du professeur Eid, par vidéo-conférence entre Gaza et la Cisjordanie, lors d'un atelier sur le thème : "Promouvoir une culture de résistance", 4ème Conférence internationale sur la résistance populaire, Bili'in, mai 2009.

Entretien avec un dissident de l’Autorité Palestinienne : « Je ne peux rester silencieux »

Palestine - 30-11-2009
Par Abdel Sattar Kassem
Le docteur Marcy Newman est professeur associé de littérature à l’Université Al-Ahliyya, à Amman, Jordanie.
Abdel Sattar Kassem, professeur et auteur de nombreuses publications sur l’histoire palestinienne et la pensée islamique, est bien connu pour ses critiques acerbes d’Israël et de l’Autorité Palestinienne, et il a été emprisonné tant par les Israéliens que par l’AP. Récemment, l’AP a fait sauter sa voiture à l’explosif, en guise d’avertissement. Marcy Newman a rencontré le Professeur Qassem pour Electronic Intifada, chez lui, à Naplouse, en Cisjordanie occupée.

Marcy Newman : De quand date votre engagement politique ?

Abdel Sattar Kassem : A l’Université américaine du Caire, je voulais prendre part à la révolution. Je l’appelais une révolution, mais j’ai découvert plus tard que ca n’en était pas une. Je suis allé à Beyrouth trois fois, en 1970, 1971 et 1972 pour rejoindre une faction palestinienne. Chaque fois, j’ai été déçu et je suis parti sans me joindre à elle. J’ai constaté que ce n’était pas de véritables révolutionnaires. Ils conduisaient leurs voitures de façon arrogante dans les rues de Beyrouth, parlaient mal aux Libanaises dans la rue. Pour moi, ce n’était pas ça, la morale révolutionnaire. J’ai remarqué que beaucoup d’entre eux allaient dans les bars. A l’époque, j’ai toujours pensé qu’un révolutionnaire devait être un gars propre, qu’il se devait d’être un exemple éthique pour les autres. J’ai eu le sentiment que ces gens-là n’allaient pas libérer la Palestine. Ces gens-là allaient se rendre. J’ai donc passé quatre ans au Caire, déçu par la révolution.

MN : Quels étaient les héros que vous respectiez à l’époque ?

ASK : J’ai toujours pensé que George Habash était un bon leader, contrairement aux autres dirigeants qui ne voulaient qu’être des leaders. Mais il était marxiste. Je ne crois pas au marxisme, bien que je croie en un juste partage des richesses. Je pense qu’Habash aurait eu plus de succès s’il était resté un pan-arabiste. Lorsqu’il s’est tourné vers le marxisme, il a perdu beaucoup de ses partisans. Il a adopté le marxisme dans une société qui ne l’accepte pas et que le considère avec animosité.

L’éducation contre le marxisme a commencé longtemps avant la soi-disant indépendance des pays arabes. Dans les années 1920, 1930 et 1940, les religieux et les colonialistes mobilisaient tous leurs efforts pour combattre le marxisme. Ce n’était pas facile pour les communistes et les marxistes. Ils étaient décrits comme des athées qui ne croyaient pas en Dieu. L’image globale du marxisme était si déformée que les Palestiniens, et les Arabes, éprouvait une sorte de haine du marxisme. Lorsque les pays arabes obtinrent une certaine indépendance, les régimes arabes étaient dirigés par les puissances coloniales pour combattre l’Union Soviétique et déformer l’image du marxisme et du communisme. J’ai coutume de demander à mes étudiants ce qu’ils savent sur le marxisme. Ils disent tous que Marx a nié l’existence de Dieu. C’est tout ce qu’ils savent. Je dois leur expliquer comment Marx s’est intéressé en fait à l’exploitation et à l’aliénation comme obstacles premiers de la liberté de l’homme. Marx a parlé de Dieu dans nombre de déclarations, mais il a parlé de l’exploitation dans des volumes entiers. Pourtant, j’ai dit une fois que la seule façon de libérer la Palestine était de suivre certaines des idées de George Habash.

MN : Lesquelles en particulier ?

ASQ : Il a dit que sans le reversement du régime jordanien, les Palestiniens n’arriveraient jamais à libérer leur propre pays. Lors d’une conférence à l’Université de Jordanie, où le roi est venu faire un discours devant les étudiants, il a dit : « L’un de vous dit que George Habash est le bon dirigeant palestinien. » Les services secrets lui avaient transmis la déclaration. Je pense que les régimes arabes sont les premiers ennemis de la nation arabe – puis Israël et les Etats-Unis. Nous devons les renverser. Tant qu’ils seront là, la nation arabe n’avancera pas d’un centimètre. C’est la raison pour laquelle que je dis maintenant aux gens que les Shiites dirigeront les Musulmans. Je pense qu’Hassan Nasrallah [le secrétaire général du Hezbollah] est la personnalité la plus populaire dans les pays arabes. Il y a tant de gens qui comprennent que les régimes arabes ne protègent pas l’Islam. Mais ils veulent se servir de l’argument pour instiguer la haine contre le Hezbollah et l’Iran. En Palestine, les gens qui sont contre le Hezbollah font partie de l’Autorité Palestinienne. Parce que ce n’est pas dans l’intérêt de l’AP de voir Israël vaincu. Ni d’ailleurs dans l’intérêt des régimes arabes, parce qu’Israël les protège.

MN : Comment cette sorte de collusion avec le régime israélien se répercute-t-elle en Palestine ?

ASK : En 1990, j’étais interrogé dans la prison al-Fara’a [une ancienne prison israélienne près de Naplouse]. A la fin de l’interrogatoire, j’ai dit : « Que voulez-vous ? Nous avons terminé l’interrogatoire. » Il a dit : « Oui, je veux quelque chose de vous. » J’ai dit : « Quoi ? » Il m’a répondu : « Que pensez-vous de faire de vous un dirigeant palestinien ? Qu’est-ce qui est le mieux, pour vous ? Sortir de prison – personne ne vous attend à part ta femme. Ou que 20 caméras de télévision vous attendent ? » J’ai dit : « Eh bien, 20 caméras de TV, c’est mieux.» Il a dit : « D’accord, on organisera ça pour vous quand vous sortirez de prison.» J’ai dit : « Et après ? » Il m’a répondu : « Après ça, nous nous concentrerons sur vous dans les médias. Le professeur Qassem est allé à…, le professeur Qassem a mangé…, le professeur Qassem a rencontré…, a fait un discours ici et là, et ainsi, dans quelques semaines, vous serez un dirigeant palestinien. » J’ai dit : « Et que voulez-vous en échange ? » Il a dit : « Je ne veux rien. Nous avons tant d’espions partout. Tout ce que je veux, c’est que vous fassiez des discours enflammés. Parlez de la libération d’Haifa et de Jaffa, mais rentrez chez vous et dormez. Ne faites rien. » J’ai dit : « D’accord, je vais y réfléchir et je vous donnerai ma réponse. » Je n’y ai jamais réfléchi et je n’ai jamais donné de réponse. Mais c’est comme ça qu’ils font les dirigeants. Tant de nos leaders – ils parlent trop, ils font des discours véhéments et les gens croient qu’ils sont nationalistes ! Ce sont des collaborateurs.
En 1991, un ami de Jérusalem m’a appelé. Il m’a dit : « Le Consul américain veut venir te rencontrer. » Je lui ai dit : « Pourquoi ? Le Consul américain – il y a des pays qui lui font des courbettes, et il veut me rencontrer ? Non, je ne veux pas qu’il vienne me voir. S’il vient chez moi, ce sera une tâche jusqu’à ma mort. S’il te plaît, maintiens-le à l'écart. » Eh bien, un ou deux jours après, il m’a rappelé. Il m’a dit : « Le Consul américain veut venir te voir. Ne sois pas stupide. Tant de gens veulent le voir, et toi, tu dis non ? » Je lui ai dit : « Oui. Pourquoi exactement veut-il me voir ? » Il m’a dit : « Il veut te rencontrer pour te convaincre de faire partie de la délégation palestinienne à la Conférence de Madrid. » J’ai dit : « Je ne veux pas aller à Madrid. Je ne crois pas aux négociations avec les Israéliens. Et si le Consul américain vient chez moi, je n’aurais pas assez de toute la Méditerranée pour me laver d’une telle tache. »
Deux jours après, le gouverneur militaire israélien de Tulkarem m’a convoqué. Il m’a dit : « Pourquoi ne voulez-vous pas aller à Madrid ? » J’ai dit : « Qu’avez-vous à voir avec ça ? Ce n’est pas vos affaires. » Il a dit : « Non, ce n’est pas mes affaires. » « Pourquoi ? » ai-je demandé. Il m’a répondu : « Si tu vas à Madrid, vous obtiendrez quelque chose de bon pour votre peuple. » Je lui ai dit : «Pourquoi ne me donnez-vous pas ces choses bonnes ici ? Pourquoi devrais-je aller à Madrid si vous vous intéressez aux intérêts de mon peuple ? »
Deux jours après, il m’a à nouveau convoqué. Il m’a dit : « Vous devez aller à Madrid avec la délégation palestinienne. » J’ai dit : « C’est un ordre militaire ? » Il a dit : « Oui. » J’ai répondu : « Bon, alors je n’irai pas. »
C’est une indication de la manière dont notre délégation a été formée. Bien sûr, leur intérêt pour que j’aille à Madrid était une manœuvre pour me faire taire. Si j’y étais allé, je n’aurais plus pu parler franchement. C’est la raison pour laquelle j’ai tout fait pour rester indépendant.

MN : Quel est le rôle d’un intellectuel en prison ?

ASK : En prison, l’enseignement est généralement organisé par faction. Chaque faction politique donne des cours à ses propres partisans. Chaque unité de la prison du Néguev est constituée de huit tentes. C’est une sorte d’enseignement partisan – dire aux gens que leur faction est la meilleure, il n’y a qu’eux qui combattent les Israéliens, les autres ne sont pas sur le bon chemin.
Les gens du Fatah ne sont pas instruits. Le Front Populaire l’est. Ils ont une meilleure instruction – ou du moins ils l’avaient. Les gens du Hamas limitent leur instruction à quelques enseignements islamiques. Si vous n’avez pas d’instruction dans différents domaines, c’est une sorte d’inculture. A l’époque où j’étais en prison, l’enseignement ne se faisait pas par faction parce que les factions palestiniennes n’avaient pas le temps. J’ai eu l’opportunité, pendant au moins quatre mois, de faire cours à tous les prisonniers et ils participaient. Dans chaque unité, il y a environ 220 personnes ; j’en avais 150 à chaque cours. Je leur enseignai l’histoire de la Palestine, l’histoire des Arabes, l’éthique d’un révolutionnaire.

MN : Comment cette séparation par faction vous a affecté, à l’extérieur de la prison ?

ASK : Un après-midi, alors que j’allais de l’université à chez moi, quelqu’un m’a tiré dessus et j’ai été touché par quatre balles. Ce fut le premier incident. C’est ce que faisait le défunt leader palestinien Yasser Arafat au Liban. C’est qu’il faisait en Jordanie. Il voulait me faire taire. J’avais écrit un article intitulé : « La démocratie est sous le président » dans lequel je disais : « Nous n’avons pas de démocratie. Arafat l’a placée sous lui. Il portera préjudice à la démocratie comme une poule assise sur ses œufs. » Il a envoyé quelqu’un me tirer dessus, mais il ne m’a pas réduit au silence. En 1996, l’Autorité Palestinienne m’a arrêté pendant plusieurs nuits, et puis ils m’ont relâché.
En 1999, j’ai écrit « La Déclaration des Vingt ». Nous étions 20 personnalités de Cisjordanie et de Gaza qui avions signé une pétition dans laquelle nous accusions Arafat de corruption. Je me suis acharné à accuser Arafat dans cette déclaration parce que si nous ne l’avions pas fait, aucun d’entre nous n’aurait été en prison. Si nous n’allions pas en prison, personne n’aurait entendu parler de notre déclaration. C’était le prix. Deux d’entre nous ont passé 40 jours en prison à Jéricho, les autres 15 jours.
En 2005, ils ont incendié ma voiture. En 2007, ils ont tiré une soixantaine de balles sur ma voiture. Ils m’ont arrêté pendant une nuit en 2008. Ils ont incendié ma voiture en janvier 2009. Dernièrement, j’ai passé trois jours en prison. Je continue à avoir beaucoup de difficultés avec l’Autorité Palestinienne. Mais je ne peux pas rester silencieux pendant que l’AP viole ma terre, mon pays et mon peuple. Ils collaborent avec les Israéliens. Ils se coordonnent sur les questions sécuritaires. Ils arrêtent des Palestiniens pour défendre la sécurité d’Israël.

MN : A propos de l’impérialisme américain ? Comment change la dynamique de la résistance avec le Général Keith Dayton qui entraîne les forces de l’AP ?

ASK : Aujourd’hui, nous avons la république de l’Américain Dayton. Dayton est le Haut Commissaire de la Palestine. Il a le contrôle. Les Etats-Unis dépensent tant d’argent à recruter tous ces Palestiniens pour servir la sécurité israélienne et les intérêts américains.
Ils recrutent des gens à l’horizon très étroit. Ils ne savent que recevoir et obéir à des ordres. Ils dépendent de ce genre de personnes. Certains d’entre eux comprennent la situation, mais ils ont une énorme pression économique. Mais tellement d’entre eux ne comprennent pas. Que puis-je faire d’autre que de soutenir ces gens financièrement ? Je ne peux pas demander aux gens de laisser leurs familles mourir de faim pour le principe de la libération de la Palestine. Ils me diront : « Ecoute, ma famille est bien plus importante que la Palestine. » Les gens préfèrent-ils mourir de faim ou être libres ? Les gens veulent d’abord remplir leur estomac. Ensuite, ils peuvent penser à la liberté. Les Américains et les Européens ont donc joué ce jeu-là : maintenir en permanence les Palestiniens au bord de la famine. Maintenant, la situation est différente et ils pensent qu’ils mourront de faim si les Américains et les Européens ne nous donnent pas d’argent. Quelqu’un comme moi leur dira qu’ils ne nous laisseront pas crever de faim parce que cela mettrait la sécurité israélienne en danger. Ils autoriseront qu’on nous apporte de l’argent, de la nourriture. Ce n’est pas convaincant parce qu’ils ne peuvent faire de relations dialectiques. Les Israéliens, pendant la première Intifada, ont décidé de couper le gaz et l’électricité pendant plusieurs semaines. La communauté internationale a commencé à protester contre la situation. « Que faites-vous avec ces Palestiniens ? » Il y a plusieurs facteurs avec lesquels nous pouvons jouer. Mais rester là et dire : « Si les Américains ne nous paient pas, nous allons mourir de faim, » entraîne la conclusion : nous devons faire ce que les Américains veulent.

Gel des colonisations et reprise des négociations : L’impossible compromis


Gel des colonisations et reprise des négociations : L'impossible compromisC’est l’impasse à l’état actuel des choses compte tenu de l’incapacité de l’Administration américaine et de ce qu’on appelle la « communauté internationale » à faire entendre raison à l’Etat hébreu.

Une nouvelle fois, on a célébré, hier, la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, coïncidant avec celle célébrée le 29 novembre sans qu’une lueur d’espoir de paix ne pointe à l’horizon. « L’offre » du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu d’un gel partiel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés pour une période de dix mois, à l’exception de la ville sainte d’El Qods, est rejetée et par l’Autorité palestinienne et par la Ligue arabe. Pour Mahmoud Abbas, en tournée en Amérique du Sud, il n’est pas question de reprendre les négociations sans « un arrêt complet de la colonisation » dans les territoires occupés.

« Nous ne pouvons pas les (négociations) reprendre sans l’engagement des deux parties à respecter les bases de la feuille de route, en particulier le gel de l’expansion des colonies de la part d’Israël », affirme M. Abbas depuis le Venezuela. De son côté, la Ligue arabe a réaffirmé, hier, son rejet total de l’offre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu d’un gel partiel de la colonisation. Dans une déclaration publiée hier par le quotidien saoudien El Madina, le secrétaire général adjoint chargé des affaires de la Palestine et des territoires arabes occupés, Mohamed Sbih, a vivement critiqué cette décision du gouvernement de Netanyahu qu’il qualifie d’« extrémiste ». M. Sbih a jugé « insuffisantes » les propositions israéliennes, qui, a-t-il souligné, « ne sont que de simples décisions n’ayant pour objectif que d’apaiser la tension au sein de la communauté internationale provoquée par les agissements répressifs » d’Israël dans les territoires palestiniens.

La Ligue arabe « ne peut être induite en erreur par cette décision israélienne », a affirmé M. Sbih. Et d’ajouter que « si Israël souhaite de restaurer la paix au Proche-Orient, elle n’aura qu’à se joindre à l’initiative arabe, seule et meilleure voie pouvant mener à la paix et à la stabilité de la région », a encore souligné M. Sbih.

Deux poids, deux mesures

Cela étant dit, et au-delà de ce front de refus arabe, la proposition de Netanyahu ne fait même pas l’unanimité en Israël. Le Premier ministre israélien avait annoncé récemment l’approbation par son cabinet de « la suspension de nouvelles mises en chantier de logements », mais les extrémistes du Likoud sont loin de partager l’option. En effet, des représentants de l’aile radicale du parti Likoud du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ont critiqué le gel de la colonisation proposé par ce dernier, auquel ils reprochent d’avoir cédé aux pressions du président américain Barack Obama. « Il (Obama) hait les juifs, et c’est un antisémite. Son régime est le pire auquel Israël ait jamais été confronté, et je tiens à dire à Barack Hussein Obama qu’il ne pourra pas nous stopper », a déclaré le maire de la colonie de Beit Aryeh, Avi Naïm, dans des propos retransmis hier par la radio publique israélienne. « Nous avons surmonté (les épreuves infligées par) le pharaon, par Antiochos et Saladin, et nous survivrons à Obama », a-t-il ajouté.

Cet autre front de refus, israélien celui-là, est animé même par des ministres. « Je suis foncièrement opposé au gel de la construction », a affirmé hier le ministre de l’Environnement, Gilad Erdan, avant la réunion hebdomadaire du cabinet, ajoutant que « cette mesure n’allait pas conduire les Palestiniens à revenir à la table des négociations ». Son collègue, le vice-Premier ministre Sylvain Shalom, a de son côté affirmé que « cette décision est inutile et ne fera que renforcer les exigences palestiniennes. C’est dire que la proposition de Netanyahu considérée par les Palestiniens comme du menu fretin, passe déjà pour une « grosse » concession à Tel-Aviv. Cela montre à quel point le fossé séparant les Palestiniens et les politiques israéliens est large. De fait, le compromis s’annonce impossible à l’état actuel des choses compte tenu de l’incapacité de l’Administration américaine et de ce qu’on appelle la communauté internationale à infléchir la position de l’Etat hébreu. Ces derniers préfèrent braquer leurs projecteurs sur l’Iran contre lequel tous les coups sont permis.

Par Hassan Moali

Une ambassade du Venezuela dans les territoires palestiniens

Le Venezuela va ouvrir une ambassade dans les territoires palestiniens, a annoncé le président Hugo Chavez qui a reçu vendredi dernier Mahmoud Abbas à Caracas. « Nous avons décidé de nommer un ambassadeur et d'ouvrir une ambassade en Palestine », a-t-il dit après un entretien avec le président de l'Autorité palestinienne. « Nous y avons actuellement un chargé d'affaires, nous nommerons un ambassadeur dans les prochains jours », a dit Chavez. « Nous sommes du côté du peuple palestinien dans son combat mémorable (...) contre l'État d'Israël génocidaire qui (...) cherche à détruire le peuple palestinien », a-t-il ajouté. En janvier dernier, le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en raison de l'offensive menée par Tsahal dans la bande de Gaza.

Israël prêt à libérer 980 prisonniers palestiniens contre Shalit


Israël est prêt à libérer 980 prisonniers palestiniens en échange du soldat Gilad Shalit, détenu depuis plus de trois ans dans la bande de Gaza, a annoncé hier la radio publique israélienne. Lors d'une audience devant la Cour suprême, le procureur de l'État a pour la première fois précisé le nombre de détenus palestiniens qui pourraient être relâchés dans le cadre d'un éventuel accord d'échange avec le mouvement islamiste Hamas, a ajouté la radio. Il a précisé que 450 prisonniers seraient choisis par le Hamas, qui détient Gilad Shalit, tandis qu'Israël déterminera la liste des 530 autres prisonniers, selon la même source.

La marine israélienne bombarde des bateaux de pêche à Gaza

publié le dimanche 29 novembre 2009

Saed Bannoura
Les navires de guerre israéliens s’attaquent à des bateaux de pêche dans les eaux territoriales palestiniennes

Des navires de guerre israéliens ont tirés plusieurs obus sur des bateaux de pêche palestiniens à proximité du rivage à Al Shudaniyya au nord ouest de la ville de Gaza. On ne signale aucune victime.

Même quand ils sont autorisés [[par les autorités israéliennes qui imposent à la bande de Gaza un blocus criminel et illégal] ]à pêcher dans les eaux territoriales palestiniennes, les pêcheurs palestiniens n’ont pas le droit s’éloigner de plus de 3 miles de la côte.

La marine israélienne a souvent attaqué des bateaux de pêche et arrêté des pêcheurs. A plusieurs occasions les militaires israéliens ont interrogé les pêcheurs détenus et leur ont demandé de collaborer avec eux en échange du droit de pêcher.

Plus tôt au mois ,de novembre, un pêcheur palestinien a été blessé quand la marine israélienne a ouvert le feu sur son bateau au large de Rafah au sud de la bande de Gaza. Il pêchait alors à moins d’un mile de la côte.

publié par Imemc http://www.imemc.org/index.php?obj_...

Traduction, intro et note : C. Léostic, Afps

Processus de paix : les Palestiniens sans stratégie

publié le dimanche 29 novembre 2009

Laurent Zecchini
Les quelques protestations, émanant de la droite du Likoud et du Conseil des colons, qui ont salué l’annonce d’un gel partiel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, ont donné à la décision du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le zeste de crédibilité qui lui faisait défaut. Mais cette initiative, jugée insuffisante par les Palestiniens, ne parvient pas à masquer une question de fond : peut-on encore parler de "processus de paix" israélo-palestinien ? Celui-ci n’a pas connu un tel état de déliquescence depuis qu’il a été engagé, deux ans avant la signature des accords d’Oslo (1993) [1] .

Cette appellation commode permet aujourd’hui aux différents acteurs de donner l’impression qu’ils sont dans un "processus" dont la paix est l’objectif, alors qu’ils ratiocinent sur la façon de l’engager. Le mouvement palestinien est profondément divisé, et l’administration américaine, après avoir fait lever de grands espoirs, n’est plus considérée comme un médiateur impartial. Israël, de son côté, paraît se figer dans l’intransigeance, sans doute enhardi par la faible résistance que lui oppose une administration Obama victime de son inexpérience.

Confronté à cette absence de perspective, le mouvement palestinien développe un sentiment de frustration qui l’incite à échafauder des alternatives relevant d’une dangereuse fuite en avant. C’est dans ce registre qu’il faut ranger la tentation de baisser les bras devant l’objectif d’obtenir deux Etats (l’un palestinien, l’autre israélien) par la négociation, la velléité de déclarer unilatéralement un Etat palestinien indépendant, le projet de démanteler l’Autorité palestinienne ou de faire ressurgir la vieille idée d’un Etat "binational".

La décision de Mahmoud Abbas de ne pas se représenter à la présidence de l’Autorité palestinienne est une manifestation de ce désarroi. M. Abbas a le sentiment que sa persévérance à maintenir le cap de la paix a été stérile, et que l’Amérique, une fois de plus, privilégie sa relation spéciale avec l’Etat juif. Il en veut pour preuve l’impunité avec laquelle le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, conforte la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés.

Si les Palestiniens campent sur leur exigence d’un gel total de la colonisation, c’est parce qu’ils y voient un test de la volonté de paix de M. Nétanyahou, et parce que le chef de la Maison Blanche a cautionné cette revendication. "Mahmoud Abbas ne pouvait se montrer moins "palestinien" que Obama", relève l’ancien ministre Yossi Beilin. Celui qui fut l’un des architectes des accords d’Oslo et de l’Initiative de Genève (2003), plan de paix officieux, avait annoncé par avance l’initiative de M. Nétanyahou d’accepter un gel momentané de la colonisation en Cisjordanie.

Mais comme celui-ci est limité à dix mois, ne concerne ni Jérusalem-Est ni la "croissance naturelle" (démographique) des colonies, il ne pouvait être considéré comme une concession suffisante par Mahmoud Abbas. Ce qui renvoie les Palestiniens au mouvement brownien qui les agite aujourd’hui. Le négociateur palestinien, Saëb Erakat, a avancé l’idée d’une demande de reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il a vite fait marche arrière devant les réactions négatives des Américains et des Européens, pour qui un Etat palestinien ne peut voir le jour par un fait accompli. Yasser Arafat n’avait que brièvement agité cette menace en 1999, parce qu’il avait compris qu’elle aurait accouché d’un Etat palestinien réduit à la portion congrue, dont la marge de manoeuvre aurait été limitée à un banal conflit de frontières avec Israël.

"La solution des deux Etats reste la plus morale, souligne Sari Nusseibeh, président de l’université palestinienne Al-Qods, mais pas forcément la plus réaliste. Les Israéliens veulent un Etat juif qui leur permette de nous contrôler, que nous soyons dans leur Etat ou à l’extérieur. Leur intérêt réside clairement dans l’établissement d’un Etat palestinien, mais ils font tout pour l’empêcher."

Les ministres de M. Nétanyahou ont brandi une panoplie de mesures de représailles au cas où le mouvement palestinien persisterait dans sa démarche onusienne, révélant ainsi la vieille hantise démographique d’Israël : dans un Etat où cohabiteraient Juifs et Palestiniens, les premiers constitueront inexorablement une minorité. La seule option pour obtenir un vote du Conseil de sécurité en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien pourrait être la démarche prudente du premier ministre palestinien Salam Fayyad, qui s’efforce de bâtir lentement un Etat de droit en Cisjordanie.

Mais ce scénario ne semble plus en adéquation avec l’impatience palestinienne. De plus en plus de voix s’élèvent pour défendre l’idée d’une dissolution de l’Autorité palestinienne. "C’est la seule menace crédible, explique Yossi Beilin. Elle consiste à dire aux Américains et aux Israéliens "vous n’êtes pas sérieux dans vos efforts de paix. Dès lors nous n’avons plus d’intérêt à collaborer avec vous, nous vous rendons les clés de la Cisjordanie, à vous de l’administrer."

Il s’agirait alors d’un cadeau empoisonné pour Israël, obligé de reprendre en charge, notamment financièrement, la sécurité et les problèmes quotidiens de 3,7 millions de Palestiniens. Cette perspective irait de pair avec des mouvements de désobéissance civile, une porte ouverte sur la violence. Mais il y a des garde-fous. Yossi Beilin et Sari Nusseibeh soulignent que l’establishment palestinien et les 120 000 fonctionnaires dont les salaires sont payés par l’Autorité palestinienne ont intérêt au maintien du statu quo.

Quelle que soit l’option choisie, estime le professeur Nusseibeh, "la communauté internationale doit sortir de ce monde d’illusions où l’on parle de "processus de paix ". Depuis dix-huit ans, l’échec de celui-ci est flagrant : il est temps de dénoncer cette supercherie".

[1]

Un processus long mais sans paix

1991 La conférence de Madrid rassemble pour la première fois des Israéliens et les responsables d’Etats arabes n’ayant pas normalisé leurs relations avec Israël.

1993 Signature des accords d’Oslo entre Israël et l’OLP, complétés par des accords supplémentaires en 1994 et en 1995.

1998 Renégociations d’Oslo à Wye (Etats-Unis).

1999 Oslo est renégocié en Egypte à Charm el-Cheikh. La période intérimaire pour obtenir un accord final s’est achevée sans résultats.

2000 Echec en juillet des négociations de Camp David (Etats-Unis)

2001 Les négociations de Taba (Egypte) échouent en janvier.

2003 Après trois ans d’Intifada, en juin, la "feuille de route", plan de paix international pour aboutir à un Etat palestinien en 2005, au plus tard, est lancée.

2007 Début du processus d’Annapolis pour arriver à un Etat palestinien, si possible en 2008.

2009 Washington n’obtient pas un "gel total" de la colonisation, Mahmoud Abbas, artisan des accords d’Oslo et président depuis 2005 de l’Autorité palestinienne créée par ces accords, annonce son intention de ne pas se représenter.

Ce sont des vampires!

Publié le 29-11-2009


On sait que les sionistes ne savent plus quoi inventer face à la dégradation constante de l’image d’Israël. Mais on ne s’attendait tout de même pas à cette pub ignoble de la Chambre de Commerce France-Israël vantant "la vue imprenable sur Gaza City", "dans le but de contempler la pluie de bombes s’abattant sur la bande de terre la plus célèbre du Moyen-Orient."

Le Site Officiel de la Chambre de Commerce France Israël annonce le 28 novembre 2009 :

"ISRAËL ET LE TOURISME DE CHOC - Après le tourisme de catastrophe voici le tourisme de guerre. Au cours du World Travel Market les professionnels du tourisme ont pu constater que des pays réputés dangereux attirent les touristes"

Et après un baratin sur "le grand frisson" soi-disant réclamé désormais par les touristes, qui raffoleraient des guerres et catastrophes naturelles, ces gens que des ministres et élus français fréquentent sans vergogne (qui se ressemble s’assemble !) écrivent textuellement :

"N’attendez plus ! Venez vite !,

"...on apprenait en janvier dernier que Parash Hill, une réserve naturelle du sud d’Israël conférant une vue imprenable sur Gaza City, recevait la visite de nombreux touristes israéliens, principalement issus de zones recevant régulièrement des roquettes palestiniennes, dans le but de contempler la pluie de bombes s’abattant sur la bande de terre la plus célèbre du Moyen-Orient. Une forme ultime de « tourisme catastrophe ».

Après les T.Shirts israéliens vantant les crimes de guerre, les enfants israéliens invités à décorer les bombes, on peut se rendre compte de la gravité de la pathologie sioniste !

http://www.israelvalley.com/news/2009/11/28/25355/israel-et-le- tourisme-de-choc-apres-le-tourisme-de-catastrophe-voici-le-tourisme- de-guerre-au-cours-du-world-travel-marke

CAPJPO-EuroPalestine

29 novembre 1947 : Le partage et l’occupation de la Palestine

publié le dimanche 29 novembre 2009

Comité pour le Droit au Retour , France (texte déjà publié en 2006).
Le 29 novembre 1947 les Nations unies affirment la partition de la Palestine, négociée par les grandes puissances. Les Palestiniens n’ont pas été consultés. Les grandes puissances partagent un territoire qui ne leur appartient pas et donnent ainsi à une tierce partie ce qui appartient à une autre [1].

Les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, URSS) négocient des plans de partage de la Palestine qui débouchent, le 29 novembre 1947 à l’ONU, sur la proposition de la création de deux Etats et de la zone internationale de Jérusalem (résolution n° 181) [2].

Bilan du partage des Nations-Unies.

• un Etat arabe de 12.000 Km² qui comprend 735.000 habitants, dont 10.000 juifs

• un Etat juif de 14.200 Km² avec 905000 habitants dont, 507.000 arabes

• une zone internationale à Jérusalem de 205.000 habitants, dont 100.000 juifs.

Il faut cependant noter que la population palestinienne n’a jamais été consultée et son autodétermination n’a pas été respectée (ceci est contraire aux principes de la charte des Nations-Unies - chapitre 12).

Les grandes puissances partagent un territoire arabe qui ne leur appartient pas.

En 1918, il y avait en Palestine 56.000 juifs sur une population de 700.000 habitants. En 1946, il y avait 608.000 juifs sur une population de 1.850.000 habitants.

Première guerre israélo-palestinienne et expulsion des Palestiniens avant la fin du mandat britannique.

Pendant de longues années [3] , le gouvernement israélien prétendait que les Palestiniens avaient quitté leur pays sur appel des dirigeants arabes. Erskine Childers, un journaliste anglais, a été le premier en Occident à démystifier cette falsification historique. Il a auditionné la totalité des émissions radiophoniques diffusées au Proche-Orient à l’époque.

Il a démontré que les seules émissions incitant la population palestinienne à partir sont d’origine sioniste.

Ces émissions développaient de façon volontairement menaçante le thème de l’extermination à laquelle sont promis ceux qui restaient en Palestine.

Des historiens israéliens (Flapan, Morris, etc.) ont confirmé par la suite que se sont bel et bien les forces armées sionistes qui ont provoqué le départ des Palestiniens.

Dès le vote du plan de partage, le 29 novembre 1947, les groupes terroristes sionistes, agissent dans la continuité des plans A, B et C, tentent d’occuper par la force la Palestine (déjà avant le départ des Anglais, 15 mai 1948) et expulsent les Palestiniens qui résistent.

Ben Gourion dit à l’époque [4] : "La ville neuve de Jérusalem a été occupée et les guérilleros ont été chassés de Haïfa, de Jaffa, de Tibériade et de Safad quand les forces de la puissance mandataire étaient encore présentes... La Haganah fit bien son travail... Les Arabes ont commencé à s’enfuir des villes presque dès le début des désordres, dans les premiers jours de décembre 1947... A mesure que les combats s’étendaient, Bédouins et Fellahs se joignirent à l’exode...".

Plan des opérations sionistes au-delà du plan de partage

L’ampleur des troubles pousse les Etats-Unis à tenter de freiner la marche vers le bain de sang [5].Le département d’Etat et le Pentagone avaient peur de perdre les "Arabes", pour lesquels ils avaient des projets de constitution de " cordons sanitaires "contre le " péril rouge".

C’est pourquoi, le 19 mars 1948, le délégué américain demande au Conseil de Sécurité de l’ONU, la suspension du Partage de la Palestine et demande l’examen d’un plan de tutelle temporaire.

Les Etats unis craignent l’Union soviétique, qui compte bien tirer profit de son soutien militaire et politique au mouvement sioniste (à l’ONU), pour le Plan de partage.

Le 1er avril 1948, l’ONU vote une trêve.

Le 4, la Haganah déclenche la première guerre de Palestine.

Le Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien de l’ONU, nous éclaire sur les véritables intentions des dirigeants sionistes de l’époque [6] : " Les écrits de ces derniers nous montrent à l’évidence que la politique sioniste était d’occuper, durant la période du retrait britannique, un territoire aussi étendu que possible (y compris la rive occidentale) au -delà des frontières attribuées à l’Etat juif par la résolution sur le partage"

Et de citer un haut fonctionnaire israélien : "En mars 1948, le haut commandement de la Haganah a préparé un plan opérationnel global " D " comme Dalet, en remplacement des plans A, B et C qui avaient orienté la stratégie de la Haganah au cours des années précédentes. La mission de la Haganah était aussi simple que révolutionnaire : s’assurer le contrôle du territoire attribué à l’Etat juif et... de ceux situés au -delà, contre des forces ennemies...".

De nombreux massacres ont été perpétrés en 1948

Le plus connu fut celui de Deir Yassine qui a coûté la vie à 105 civils (le chiffre de 254 fut exagéré afin de pousser à l’exode), il a été perpétré par des unités Etzel et Stern.

Ce sont presque deux cent villages palestiniens qui furent ainsi attaqués et pris par les forces sionistes avant la fin du mandat, le 15 mai 1948.

De nombreux habitants furent blessés ou tués. Tous les survivants furent expulsés ou s’enfuirent, terrorisés.

Une déclaration de Ménahem Bégin aux Etats-Unis en été 1948 disait comment les choses s’étaient passées [7] : "Dans le mois précédant la fin du Mandat, l’Agence Juive décida de faire sortir les Arabes des villes avant l’évacuation des troupes britanniques... L’Agence juive en vint à un accord avec nous (Irgoun) pour que nous exécutions ces arrangements, tandis qu’ils répudieraient tout ce que nous ferions et prétendraient que nous étions des éléments dissidents, comme ils le faisaient quand nous combattions les Britanniques. Alors nous avons frappé avec force et mis la terreur dans le coeur des Arabes. Ainsi nous avons accompli l’expulsion de la population arabe des régions assignées à l’Etat juif".

L’amalgame, nous dit Elias Sanbar [8], qui est fait entre la première guerre de Palestine et la première guerre israélo-arabe n’est pas innocent.

En confondant la première dans la seconde, on évite le débat sur l’expulsion massive des Palestiniens, présentée alors comme le résultat "accidentel" de l’entrée des Etats arabes en Palestine (en mai 1948) et de la guerre de défense des juifs contre une "invasion extérieure". Les juifs y font figure d’agressés.

Mais il y a eu deux guerres : le 15 mai, date de l’entrée en guerre des troupes des différents Etats arabes, la Palestine est déjà conquise par les Israéliens, et les Palestiniens, qui ont laissé 14813 morts sur le terrain, sont déjà des réfugiés.

La déclaration de la création de l’Etat d’Israël, en mai 1948.

Le vendredi 14 mai 1948 s’ouvre, à 16 h, dans la petite salle du musée de Tel Aviv, la cérémonie de proclamation de l’Etat d’Israël. Ben Gourion lit la déclaration d’indépendance, puis la fait signer. Cela dure une demi-heure, juste avant que ne débute le shabbat.

Le texte de Ben Gourion se réfère à la décision du 29 novembre 1947 (résolution no 181 de l’ONU), mais n’en retient que le projet d’établir un Etat juif. Ni le partage de la Palestine, ni la création d’un Etat arabe, ni le statut spécial de Jérusalem ne sont évoqués. Ne sont pas précisées non plus les frontières d’Israël.

Vers minuit, le Mandat britannique prend fin. Les Anglais ne transfèrent pas le pouvoir, ils l’abandonnent. Le premier acte du gouvernement d’Israël est l’abrogation des restrictions à l’immigration juive.

La proclamation dit notamment [9] :

"Nous déclarons ici qu’à partir de la date d’expiration du mandat, c’est-à-dire le 15 mai à 0 heure, une constitution nationale devra être établie par une Assemblée Constituante dont les travaux devront être terminés au plus tard le 1er octobre 1948.

Le Conseil national actuel fera fonction de Conseil d’Etat provisoire, et son organe exécutif - l’administration nationale - constituera le gouvernement provisoire de l’Etat d’Israël.

L’Etat d’Israël sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays, et leur arrivée permettra de favoriser le développement de tous ses habitants.

L’Etat d’Israël sera bien fondé sur les préceptes de la justice, de la liberté et de la paix qu’ont enseignés les prophètes hébreux.

Il établira une complète égalité des droits de tous les citoyens sans distinction de race, de foi ni de sexe, et garantira la pleine liberté de culte, l’éducation et la culture pour tous.

Il garantira le caractère sacré et l’inviolabilité des lieux saints de toutes les religions.

Il se conformera aux principes de la Charte des Nations Unies".

Première guerre israélo-arabe.

Les armées des pays arabes pénètrent en Palestine dès le 15 mai 1948.

En 1949, l’armistice est signé entre Israël, l’Egypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie.

Le 3 avril 1949, la Jordanie annexe la Cisjordanie (20,5 % de la Palestine), et fonde le "Royaume hachémite de Jordanie". L’administration égyptienne contrôle la bande de Gaza (1,5 % de la Palestine) [10].

Les Palestiniens interdits de retour dans leurs foyers.

Le 11 mai 1949, Israël a été admis en tant que membre de l’ONU.

Le préambule de la résolution 273 (III), relative à cette admission, renvoie à la résolution 194 du 11 décembre 1948 qui reconnaît aux réfugiés palestiniens qui le désirent, le droit "de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins et [stipule que] des indemnités doivent être payées à titre de compensation, pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé".

Ce droit au retour a été confirmé plus de 110 fois par les Nations-Unies mais il a toujours été rejeté par Israël. Des réfugiés ont essayé de revenir dans leur pays à travers les frontières. L’Etat d’Israël cependant les expulsait à nouveau.

En 1954, une loi a été promulguée prévoyant des sanctions sévères contre les "infiltrés" et leur ré-expulsion. Cette loi n’est appliquée qu’à l’égard des non-juifs qui reviennent dans leurs pays.

Le comte Bernadotte, observateur de l’O.N.U, affirme [11] : "Ce serait une violation des principes de justice les plus élémentaires, si les victimes innocentes du conflit (les réfugiés arabes palestiniens) se voyaient refuser le droit de retourner dans leurs foyers, alors que les immigrants juifs affluent et ferment ainsi la porte au retour des réfugiés arabes dans les terres qu’ils possédaient depuis des siècles. De nombreux rapports font état de l’usurpation, du pillage et de la destruction de villages entiers, sans aucune raison militaire apparente."

Le lendemain de la présentation de son rapport aux Nations-Unies (16 septembre 1948), le comte Bernadotte est assassiné par les sionistes du groupe Stern.

Ben Gourion affirme : " Nous devons tout faire pour qu’ils (les réfugiés palestiniens) ne reviennent jamais".

Au total, Israël détruisit 531 villages afin d’interdire définitivement le retour des expulsés palestiniens qui sont au nombre d’environ 6 millions de personnes. Ils constituent aujourd’hui les deux tiers du peuple palestinien. Ils sont les oubliés de l’histoire.

Le nombre des réfugiés en 1948 [12]

Selon Elias Sanbar environ 900 000 Palestiniens seront expulsés (Livre : "Palestine 1948") déjà un mois avant la guerre de mai 1948.

En 1948, après la guerre, 8,2 % du peuple palestinien vivait à l’intérieur de la ligne verte (Israël), 30,8 % en Jordanie et Egypte, et 61 % peuplaient les 57 camps de réfugiés répartis comme suit : 15 camps au Liban (14 % des réfugiés), 10 en Syrie (9 %), 24 en Jordanie (55 %) et 8 dans la bande de Gaza (22 %).

"C’est une histoire d’adolescent : j’ai eu de la chance d’être élevé dans une école palestinienne, pour réfugiés palestiniens. Je me le rappellerai toujours... A l’école, sur la première page de tous les livres qu’ on avait, que ce soit en histoire, en géographie, en grammaire ou en n’importe quelle matière, il y avait toujours le portrait de notre fameux roi Abdallah. La seule chose qu’on faisait la première journée de l’année scolaire, c’était notre prof qui venait le matin : on le saluait...

La première chose qu’il disait, "Les enfants ouvrez vos livres". Au lieu de nous demander d’ouvrir le livre à la page qui nous intéressait pour étudier, il disait : "D’abord la première page".

La première page bien entendu, c’était le portrait du roi. Il disait : "Déchirez-la" ! Alors chaque enfant commençait à déchirer le portrait du roi.

A ce moment, il précisait : "Les enfants, c’est le portrait de celui qui nous a trahis, qui a vendu la Palestine : alors on ne peut l’admirer tous les jours..." (Souvenirs d’exilés).

[1] voir aussi René Naba, article publié le 29 novembre 2008 :

Le 29 novembre 1947, une nuit funeste pour les arabes

C’était il y a soixante ans de cela, une nuit particulièrement funeste pour les arabes, qui brisa la continuité territoriale du Monde arabe, la rupture stratégique du continium entre la rive asiatique et la rive africaine de l’ensemble arabe, au point de jonction de la voie continentale et de la voie maritime de la « Route des Indes », à l’intersection du couloir syro-palestinien et son prolongement égyptien, des voies d’eaux de la frange méditerranéenne et des gisements pétroliers du Golfe, pour constituer le point de percussion d’une des plus grandes déflagrations de l’époque contemporaine, l’abcès de fixation du conflit ente le Monde arabe et le Monde occidental.

Cette nuit là, le 29 novembre 1947, l’Assemblée Générale des Nations-Unies, la nouvelle communauté des nations créées selon le schéma de prépondérance occidentale, proclamait le plan de partage de la Palestine.

Pour les survivants du génocide hitlérien et les innombrables et nouveaux sympathisants de la cause juive tout heureux de compenser par une arabophobie lancinante, une judéophilie naissante, comme soulagés de leur passivité antérieure devant l’un des grands points noirs de l’histoire occidentale avec la traite négrière, la création d’Israël constituait une juste réparation d’un dommage à l’égard d’une communauté continuellement persécutée en Europe depuis plusieurs siècles dans leurs propres pays par leurs propres concitoyens.

Pour les Arabes, spécialement les Palestiniens, le Plan de Partage de la Palestine signifiait l’amputation d’un patrimoine national au profit d’une communauté exogène, en compensation de massacres dont pas plus les Arabes que les Palestiniens n’en étaient responsables.

Le malentendu né, ce jour là, ne se dissipera jamais. Il explique les dérives mortifères de la dialectique entre le Monde arabe et le Monde occidental, dans un premier temps, entre l’Islam et l’Occident, dans un deuxième temps.

Le Royaume Uni, artisan de la promesse Balfour portant création du « Foyer National Juif » s’abstiendra lors de ce vote, conscient du caractère explosif du sujet, la France, en revanche, encore souillée par sa honteuse collaboration avec l’Allemagne nazie, emboîtera le pas aux Etats-Unis, se prononçant en faveur de ce partage toute heureuse de se dédouaner à bon compte. La surprise viendra de l’Union soviétique, qui pensait naïvement à l’époque que les Kibboutz israéliens étaient plus proches de leur schéma idéologique que les « féodaux » « arabes », pourtant sous l’emprise coloniale occidentale.

La fonction pédagogique de Maxime Rodinson « Un intellectuel du XXème siècle ».

Un homme, un seul, tentera, dès le départ, de combler ce fossé. De par sa formation intellectuelle, sa culture polyglotte, ses origines, son parcours professionnel, tout le prédestinait à ce rôle d’intermédiation, de faire fonction de passerelle entre sa culture d’origine et ses sympathies intellectuelles.

Issue d’une famille juive d’Europe orientale, communiste français parfaitement arabisant, enseignant le Français dans la ville de Saida, au sud du Liban, homme de courage et de conviction, Maxime Rodinson, assumera, cette nuit là, la terrible responsabilité pédagogique d’expliquer à ses camarades arabes les dispositions de la résolution 181 de l’Assemblée générale de l’ONU. Peine perdue.

L’Urss ne s’en remettra jamais de cette méprise. Erreur de jugement fatale qui vaudra aux communistes arabes d’être pourchassés pour athéïsme et matérialisme. La caution soviétique au plan de partage va en effet déclencher une vague de désertion dans les rangs communistes arabes désormais constamment tenus en suspicion et une vague de répression à leur encontre. Le dirigeant communiste libanais Farjallah Hélou sera dilué dans l’acide par les services syriens aiguillonné par les Egyptiens, le parti communiste soudanais décapité par Gaafar el-Nimeiry avec l’aide du libyen Mouammar Kadhafi, de même que les partis communistes d’Iran, d’Egypte et d’Irak.

Maxime Rodinson se refusera, lui, de « faire de la question juive une question métaphysique », préférant l’insérer dans une condition historique précise. Il demeurera fidèle à sa ligne de conduite, malgré les tracasseries en tous genres dont il sera l’objet de la part de ses présumés coreligionnaires. Une ligne de conduite qui se résumait par une formule. A savoir : « le combat pour la liberté ne saurait se concevoir que dans un cadre global de progrès de la société toute entière », expliquera l’économiste égyptien Samir Amine, un de ses interlocuteurs privilégiés, dans un témoignage recueilli par le politologue Sebastien Boussois dans un livre « Maxime Rodinson, un intellectuel du XX me siècle » paru à l’automne 2008 à Paris.

Vingt ans plus tard, il empruntera une démarche identique auprès de l’opinion occidentale, en 1967, avec son retentissant article de la revue « Les Temps Modernes » au titre ravageur : « Israël, fait colonial ? », récidivant son argumentaire dans un ouvrage paru aux Editions « Le Seuil » « Israël et le refus arabe » afin de sensibiliser l’opinion occidentale sur les raisons qui fondent le refus arabe de l’existence d’Israël. Au delà de ses deux titres de gloire, l’œuvre de Maxime Rodinson foisonne d’ouvrages de référence tels « Mahomet », « Marxisme et Monde Musulman », ou enfin « Peuple Juif ou problème juif ? », qui lui vaudra d’être traité d’ « antisémite »et de « renégat ».

Maxime Rodinson « antisémite » comme se plairont à le traiter des folliculaires poussifs et haineux, rejetés depuis longtemps dans les oubliettes de l’Histoire telle la revue « Le temps retrouvé », à l’instar des intellectuels non-conformistes contemporains voués aux mêmes gémonies tels l’ancien dirigeant de l’organisation humanitaire « Médecins sans frontières » Rony Braumann, l’écrivain Eric Hazan, éditeur de Norman Finkielstein, auteur de « L’Industrie de l’Holocauste » ou encore le « négationiste » Noam Chomsky , ou enfin le mensuel « Le Monde diplomatique » ?

Non Maxime Rodinson n’est pas « antisémite ». Non franchement pas. Absolument. C’est un intellectuel transversal, un pluridisciplinaire transcendant les données de sa naissance. Le grand mérite de Sebastien Boussois est de nous avoir restitué, dans un livre compact, à travers le témoignage de certains de ses compagnons de route, les riches facettes de « Maxime Rodinson, un intellectuel du XX me siècle », au « parcours hors norme », à « l’humanisme hors pair ».

Non pas de le sortir de l’oubli, Maxime Rodinson ne s’oublie pas tant est monumentale et impérissable son oeuvre, mais de secouer la léthargie mentale amiante pour le plus grand bénéfice de l’exigence de l’esprit critique.

« Un intellectuel comme Maxime Rodinson dans un mouvement irréversible d’américanisation de la connaissance et de vulgarisation du savoir sera de plus en plus rare dans nos sociétés », diagnostiquera l’historien algérien Mohamad Harbi, un des interlocuteurs de Maxime Rodinson dont le témoignage figure dans l’ouvrage.

« Maxime Rodinson, un intellectuel du XX ème siècle » par Sebastien Boussois, Riveneuve Editions- Paris Collection « Bibliothèque des idées », 15 euro.

Chercheur associé à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne), Sebastien Boussois est également l’auteur avec Dominique Vidal du livre « Comment Israël expulsa les Palestiniens » (Editions de l’Atelier)- 2007

http://www.renenaba.com/?p=306

[2] Les Palestiniens, BT2 n° 253, 1993, l’Ecole moderne française

[3] El Deeb Sami, La liberté religieuse en Israël, (inédit), Assoc. Emmaüs, Suisse.

[4] Origines et évolutions du problème palestinien, 1917 - 1988, ONU, New York, 1990, 301 p.

[5] Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle, Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p.

[6] Origines et évolutions du problème palestinien, 1917-1988, ONU, NewYork, 1990,301 p, p 144-145.

[7] Journal libanais "El Hayat", 20 déc 1948. Citée par Musa Alami, "The lesson of Palestine. Middle East journal, vol 3, oct 1949, n°4, pp 381 - 382.

[8] Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle, Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p. p.57.

[9] La création de l’Etat d’Israël, La documentation française, Paris, Dalloz, 1993.

[10] Ibid.

[11] Les Palestiniens, BT2 n°253, l’Ecole Moderne Française, 1993.

[12] Sanbar Elias, Palestine 1948, l’expulsion, Paris, éd. la Revue d’Etudes Palestiniennes.

Comité Droit au Retour France, Membre de la Confédération européenne des comités droit au retour ainsi que de la Coalition internationale des comités droit au retour le 30 novembre 2005.

comiteretourfrance@hotmail.com

Intro et ajout de note : CL, Afps