vendredi 4 mars 2011

Aidons nos enfants

 

Netanyahou : des négociations de paix "impératives"


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou envisage de défendre un "accord intérimaire" avec les Palestiniens plutôt que de tenter de relancer les négociations de paix, a rapporté mercredi 2 février la presse israélienne, une option déjà écartée par les Palestiniens.
Israël a choisi de ne pas envoyer de délégation à Bruxelles, où les négociateurs palestiniens rencontraient mercredi des représentants du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, UE et Russie) en vue de relancer le processus de paix, actuellement au point mort. "Les Palestiniens ne veulent pas entamer de négociations sérieuses, et c'est pourquoi nous devons examiner l'idée d'un arrangement provisoire à long terme", a déclaré une source haut placée au bureau du Premier ministre au quotidien Israel Hayom, considéré comme proche de Benjamin Netanyahou.

Poursuite des discussions

"Compte tenu de l'instabilité dans la région, la seule possibilité est de trouver un arrangement provisoire, à condition que ce soit à long terme, et c'est ce que nous examinons actuellement", a-t-il ajouté, en référence aux mouvements de révolte populaire qui secouent le monde arabe.
Ce plan israélien prévoirait l'instauration d'un Etat palestinien dans des frontières provisoires, ainsi que la poursuite des discussions sur les principaux points d'un accord final, précise le quotidien Haaretz.
Les Palestiniens ont déjà fait savoir, à maintes reprises, qu'ils ne se contenteraient pas d'un accord intérimaire avec Israël, une idée défendue par le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et qu'ils n'accepteraient pas de discuter d'un Etat dans des frontières provisoires.
Ces fuites interviennent le jour de la rencontre prévue par le Quartette pour relancer les négociations de paix, au point mort depuis septembre parce que les Palestiniens exigent au préalable un moratoire sur la colonisation, que Benjamin Netanyahou refuse.

Reconnaissance d'un Etat palestinien

Le Premier ministre a renoncé à envoyer son négociateur en chef, Yitzhak Molcho, à la réunion à Bruxelles, officiellement parce qu'il n'était pas prévu de discussions directes avec la délégation palestinienne.
En réalité, selon les observateurs, Benjamin Netanyahou, chef d'une coalition très marquée à droite, craignait de se voir imposer des "paramètres" de la négociation comme la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les lignes de 1967, c'est-à-dire l'intégralité de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, afin de faciliter la reprise des pourparlers avec les Palestiniens.
Le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Michael Mann, a confirmé mercredi qu'une réunion a eu lieu à Bruxelles à huis clos entre des représentants du Quartette et des négociateurs palestiniens, et qu'il était prévu de "rencontrer les négociateurs israéliens la semaine prochaine".

Négociations de paix "impératives"

La délégation palestinienne était conduite par le négociateur en chef palestinien Saeb Erakat.
"Le Quartette accorde beaucoup d'attention aux points de vues des parties concernées sur la façon de reprendre les négociations sur tous les sujets clé, y compris les frontières et la sécurité", a-t-il précisé.
Le Quartette juge "impérative" une reprise des négociations de paix, d'autant plus nécessaire à ses yeux que le Proche et Moyen-Orient sont ébranlés par une vague de contestation sans précédent.
Ses dirigeants, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, russe Sergueï Lavrov et de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton, doivent se retrouver pour en discuter à la mi-mars à Paris.

Sentiments mitigés après la rencontre entre Obama et les leaders de la communauté juive

04.03.2011
par David Koskas
Le journal Jewish Telegraphic Agency a interrogé les Présidents des grandes associations juives invités à la Maison Blanche par Obama pour une réunion autour d'Israël, du processus de paix et des bouleversements qui traversent le Moyen-Orient.
D'après les leaders juifs, Obama a indiqué lors de la réunion que le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas souhaite laisser une empreinte dans l'Histoire en édifiant l'État Palestinien, et qu'il serait prêt à accepter une offre décente si elle se présentait.
Il aurait ajouté que "les Palestiniens ne sont pas convaincus que le gouvernement Netanyahou soit sérieux au sujet des concessions territoriales", et que les parties juives de Jérusalem resteraient israéliennes dans tout accord de paix, mais que les parties arabes passeraient aux Palestiniens.
Les impressions des participants, aux affinités politiques diverses, diffèrent quant à la position d'Obama vis-à-vis d'Israël.
Plusieurs d'entre eux ont rapporté que le président américain a laissé entendre que l'avancement du processus de paix repose sur l'État hébreu, certain allant jusqu'à confier qu'ils ont ressenti une "énorme hostilité envers Israël".
Un des présidents juifs a même indiqué au Jewish Telegraphic Agency que "plusieurs personnes ont eu l'impression que leurs plus grandes peurs à propos d'Obama et Israël étaient confirmées".
D'autres invités ne partagent pas ces opinions, et ont qualifié la réunion de positive, trouvant Barak Obama "attentionné" et "ouvert" dans ses remarques. L'un d'entre eux a déclaré au journal que selon lui Obama "a affirmé à nouveau son soutien à Israël, et qu'il l'a fait plutôt bien". "Je ne pourrais interpréter aucune de ses paroles dans un sens anti-israélien ou même opposé à Israël", a-t-il ajouté.
Un des plus anciens présidents d'association a résumé ainsi les différences d'opinion de ses collègues : "Les gens qui aimaient Obama vont probablement continuer à l'aimer, et ceux qui avaient des réserves à son sujet ont auront probablement davantage".
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Les Européens doivent reconnaître la Palestine sans attendre

02/03/2011
Les Européens doivent «prendre l'initiative» pour aider le processus de paix au Proche-Orient, du fait de l'actuel désengagement américain, et reconnaître un État palestinien sans attendre septembre, a déclaré mercredi à l'AFP le négociateur palestinien Nabil Shaath.
«Nous avons reçu l'assurance de tous les Européens qu'ils reconnaîtraient l'État palestinien dans ses frontières de 1967 entre maintenant et septembre. Mais nous préférerions avoir cette reconnaissance maintenant plutôt qu'avoir à attendre septembre», a dit M. Shaath, qui, invité à Paris par la Fondation Jean Jaurés, a eu des entretiens au Quai d'Orsay et à l'Élysée où il a été reçu par le conseiller diplomatique du président Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte.
Dans le processus vers une reconnaissance, «la France, la Suède, l'Espagne, le Portugal semblent en tête, Chypre a déjà reconnu, Malte peut-être bientôt, la Slovénie veut le faire», a-t-il noté.
Interrogé sur ses entretiens à Paris, le responsable des relations internationales au Comité central du Fatah a commenté: «Personne n'a dit qu'il était contre, tout le monde a dit: nous y pensons sérieusement, mais personne n'a dit: demain.»
Il s'est dit «déçu» par Barack Obama, «trop occupé par ses problèmes domestiques». «Je pense que l'Europe devrait prendre l'initiative», comme plusieurs fois les Européens l'ont déjà fait, a-t-il remarqué.
Il a qualifié de «très utile pour nous que la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne aient voté contre les États-Unis» sur le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en février, condamnant les nouvelles constructions juives, auquel Washington avait mis son véto.
Évoquant les révolutions arabes, M. Shaath a reconnu: «Nous ne pouvons demander aux Égyptiens ou Tunisiens de traiter les questions palestiniennes avant les leurs. Mais les conséquences à long terme en seront définitivement positives, cela rendra les pays arabes plus capables de nous donner leur soutien, particulièrement du fait que ces révolutions se sont développées sur la lutte non violente.» «Ce n'est pas une révolution islamique, nous sommes dans une ère post-islamique dans le monde arabe», a-t-il analysé.

Mahmoud Abbas rejette l' accord intérimaire proposé par Benjamin Netanyahou

04.03.2011
par Gerard Fredj

Nous avons évoqué dans une précédente édition l'initiative que devrait prendre Benjamin Netanyahou pour relancer les négociations de paix.
Sans en dévoiler les détails, il reprenait l'idée d'un accord intérimaire qui permettrait aux palestiniens de proclamer l'indépendance d'un état dans des frontières provisoires, les négociations permettant par la suite d'arriver à un accord définitif.
Nabil Abu Rdeneh, porte parole de Mahmoud Abbas a transmis sa réponse : " rien de moins qu'un retrait total d'Israël des territoires occupés en 1967, ne sera négociable pour nous, et nous sommes totalement opposés à l'idée d'un état avec des frontières provisoires".
Pour Abu Rdeneh, il ne s'agit que "d'une tergiversation des israéliens pour obliger les palestiniens à céder ensuite Jérusalem, qui démontre que nous n'avons pas de partenaire pour la paix".
Pour Benjamin Netanyahou, le refus des palestiniens de revenir à la table des négociations, comme leurs revendications de préalables à toute discussion, montrent que seul un accord intérimaire est possible, et qu'à cette étape, aucun accord définitif ne sera possible.

Les prisonniers palestiniens : une responsabilité internationale

publié le vendredi 4 mars 2011
Mireille Fanon-Mendès France

 
La question des prisonniers politiques palestiniens constitue un enjeu important et revêt un aspect politique essentiel car elle s’inscrit dans la lutte du peuple palestinien pour sa libération nationale et son indépendance.
Cette question interroge la politique de l’Etat d’Israël qui ne cesse de justifier l’enferment systématique et massif des Palestiniens pour des raisons majeures de sécurité alors que cela ne vient que compléter le processus de l’occupation. Rappelons juste que depuis le début de l’occupation israélienne en 1967, 650 000 Palestiniens – 20% de la population palestinienne – ont connu les arrestations et depuis le début de la seconde Intifada, près de 35 000 Palestiniens de tous âges sont passés par les prisons ou les camps militaires israéliens.
Ces arrestations se pratiquent sans que la communauté internationale manifeste ouvertement son opposition à ce qui constitue -au regard de la 4ème Convention de Genève- une violation grave , même si certaines résolutions des Nations Unies ont dénoncé aussi bien les arrestations que les emprisonnements.
Le manque d’autonomie de nombreux pays, qui -que ce soit pour des raisons économiques ou politiques- font allégeance aux pays dits de l’axe du bien, dont les Etats-Unis, pas plus que la lutte contre le terrorisme soit disant international ne peuvent justifier le choix de politiques défensives, offensives et « préventives » tout en violant les normes impératives du droit international et du droit humanitaire international.
La question des prisonniers et le droit international
Faire le choix de ces politiques tout en violant l’ensemble des normes impératives du droit international et celles du droit humanitaire international, c’est maintenir toute une population sous occupation, alors qu’aussi bien le Conseil de Sécurité que l’Assemblée générale de l’ONU ont demandé que cette occupation, contraire au droit international, cesse ; c’est s’inscrire volontairement hors des normes qui régulent les rapports de force dans le cadre de la communauté internationale et dès lors, c’est remettre en cause l’article 2$4 de la Charte des Nations Unies qui interdit « l’usage de la force et la menace de l’usage de la force(...) incompatible avec les buts des Nations Unies » ; c’est laisser la plupart des pouvoirs à l’armée et aux responsables de l’Etat qui commanditent les actions illégales menées -qui sont autant de crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité- contre l’ensemble de la population palestinienne illégalement occupée ; c’est permettre que les responsables de ces actes illégaux jouissent de l’impunité alors que la Cour pénale internationale précise, dans le Préambule de ses statuts, vouloir la combattre et « y mettre un terme afin de concourir à la prévention de nouveaux crimes (…) parce que des crimes d’une telle gravité menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde ».
L’Etat d’Israël et l’acte illicite
Les crimes de guerre commis sous la responsabilité de l’Etat israélien sont autant d’actes illicite au regard du droit international et du droit humanitaire international.
Par situation illicite il faut comprendre, d’une part, la privation pour le peuple palestinien de son droit à exercer son droit à l’autodétermination et à disposer pleinement de ses ressources naturelles, y compris à choisir librement de sa représentation politique, d’autre part, la politique d’annexion menée par l’Etat d’Israël consistant en l’appropriation illégale du territoire palestinien -y compris les biens et propriétés de ces mêmes Palestiniens, alors qu’ils ont, en tant qu’occupés, le statut de personnes protégées- ; viennent s’y ajouter les crimes de guerre commis lors des nombreuses agressions contre les territoires palestiniens occupés -dont l’agression sur Gaza en 2008-2009-, les attentats ciblés, les arrestations massives et les détentions administratives, la torture, les traitements inhumains et dégradants subis lors des interrogatoires, l’enfermement d’enfants mineurs, le siège, -illégal et dénoncé par la communauté internationale- de la Bande de Gaza...
Il s’ensuit que, selon le droit international, la responsabilité de cet Etat est engagée . Pour bien appréhender le régime de la responsabilité internationale, il faut le considérer à partir des travaux de la Commission de droit international (CDI) de l’ONU. Selon l’article 1 du projet de Code sur la responsabilité internationale de l’Etat « Tout fait internationalement illicite d’un Etat engage sa responsabilité internationale ».
La CIJ, dans son Avis consultatif sur le « Mur de l’apartheid », avait conclu que l’Etat d’Israël a violé et viole diverses obligations internationales . Il s’agit en fait d’un comportement illicite relevant typiquement d’un acte internationalement illicite qui découle directement de manquements graves en matière de respect des normes concernant la protection internationale des droits humains et de la protection des populations civiles en temps de guerre – 4e Convention de Genève.
La Cour a aussi fait un examen des conséquences de ces violations : l’Etat d’Israël, suite à cet acte illicite, est tenu par le droit international de mettre fin à cette situation illicite et a l’obligation juridique de réparer les dommages occasionnés . La nature, dans le cas du peuple palestinien, de l’acte internationalement illicite israélien, concerne des obligations considérées comme « essentielles » pour la « communauté internationale tout entière » ; dès lors elles imposent de mettre « hors la loi les actes d’agression et le génocide et de respecter les principes et des règles concernant les droits fondamentaux de la personne humaine, y compris la protection contre la discrimination raciale... Certains droits de protection correspondants se sont intégrés au droit international général, d’autres sont conférés par des instruments internationaux à caractère universel ou quasi universel » .
En 1970, dans un arrêt célèbre , la Cour internationale de Justice avait précisé qu’« une distinction essentielle doit être établie entre les obligations des Etats envers la communauté internationale dans son ensemble et celles qui naissent vis-à-vis d’un autre Etat .... Par leur nature même, les premières concernent tous les Etats. Vu l’importance des droits en cause, tous les Etats peuvent être considérés comme ayant un intérêt juridique à ce que ces droits soient protégés ; les obligations dont il s’agit sont des obligations erga omnes » .
Un des droits relevant de la catégorie des normes erga omnes est le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, ainsi que l’a précisé la Cour de Justice, en tant que droit opposable à tous les Etats ; de ce fait, il fait partie, en droit international, des normes de base de nature objective qui s’imposent à la volonté de tous les Etats et des sujets de droit international .
Ce droit s’impose aux Etats qui le violent mais aussi à l’ensemble des Etats qui ont l’obligation de ne pas laisser ce droit être violé. Ne pas agir contre cette violation revient à engager la responsabilité de l’Etat tiers.
Face à l’acte illicite, la responsabilité des Etats tiers
Si la littérature juridique aborde généralement la problématique du régime de la responsabilité internationale selon la perspective de l’Etat directement impliqué dans un acte internationalement illicite, la question des effets juridiques envers les Etats tiers est, dans les faits, l’objet de peu d’attention . Cette question est importante compte tenu du fait que certaines règles de droit international, comme le droit des peuples à l’autodétermination, relèvent de règles erga omnes, mais que d’autres aussi, telle l’annexion des territoires, sont substantiellement contraires au droit international. De là l’importance d’éclairer le point concernant les obligations des Etats qui n’ont pas directement participé à l’acte internationalement illicite.
A ce sujet, la CIJ a insisté en ce qui concerne les obligations des Etats tiers. « …Il appartient par ailleurs à tous les Etats de veiller, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, à ce que devienne effectif l’exercice par le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination et à ce qu’il soit mis fin aux entraves résultant de la construction du mur. En outre, tous les Etats parties à la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ont obligation, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, de faire respecter par l’Etat d’Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette convention »
Cela oblige les Etats tiers à ne pas reconnaître la situation illicite ; en conséquence, ces Etats tiers ont l’obligation de faire que l’acte illicite cesse et qu’il ne se prolonge pas dans le temps. En fait, ils sont dans l’obligation de tout faire pour qu’une telle situation cesse immédiatement.
Pourtant, à l’heure actuelle, n’y a t il pas de facto une reconnaissance et une acceptation de l’occupation et de la situation que cela entraîne pour la vie des Palestiniens ? Ne respectant pas cette obligation, c’est leur responsabilité internationale qu’ils engagent.
L’article 3 des travaux de la Commission de droit international (CDI) de l’ONU établit les conditions requises pour que le régime de responsabilité joue efficacement. Ainsi, il y a fait internationalement illicite lorsque : • « a. un comportement consistant en une action ou une omission est attribuable, d’après le droit international, à l’Etat • b. ce comportement constitue une violation d’une obligation internationale […] » Dès lors le caractère objectif et uniforme de la responsabilité internationale d’un Etat est clairement énoncé : obligation internationale –violation –responsabilité internationale (s’il y a violation alors qu’il y a obligation internationale, l’Etat est responsable des violations qu’il commet au plan international ; il engage donc sa responsabilité internationale et est redevable à l’ensemble de la communauté internationale.) Les voies de l’engagement de la responsabilité internationale sont l’action ou l’omission – base de l’acte internationalement illicite.
Ceci vaut aussi bien pour l’Etat d’Israël qui commet l’acte internationalement illicite que pour les Etats tiers qui le laisse commettre.
Le droit international, à propos de la responsabilité de l’Etat tiers face à des actes illicites qu’il n’a pas commis, est précis ; l’article 16 de l’Annuaire de la Commission de droit international, traitant de l’existence d’une violation dispose qu’il y a violation d’une obligation internationale par un État « ….. lorsqu’un fait dudit État n’est pas conforme à ce qui est requis de lui par cette obligation » , c’est à dire « non conforme » à une règle internationale de caractère coutumier ou conventionnel .
L’implication de l’Etat tiers dans la violation du droit international trouve sa source dans des circonstances particulières créées par l’assistance que celui-ci fournit à un autre Etat qui a commis ou commet l’acte internationalement illicite.
L’article 27 du Projet d’article sur le responsabilité de l’Etat traite spécifiquement de ce qu’en droit national on appelle complicité , c’est-à-dire le cas où un État fournit aide ou prête assistance à un autre État et facilite ainsi la commission d’un fait illicite.
Cet article précise qu’un « État qui aide ou assiste un autre État ou qui exerce sur un autre État un pouvoir de direction et de contrôle dans l’exécution d’un fait internationalement illicite est internationalement responsable pour avoir agi de la sorte si ledit État agit ainsi en connaissance des circonstances du fait internationalement illicite ».
Le point intéressant est celui de l’Etat tiers aidant ou assistant un autre Etat en tant qu’élément pouvant engager la responsabilité internationale de cet Etat tiers, même s’il ne participe pas directement à cet acte internationalement illicite.
Sa responsabilité internationale n’est pas exclue lorsqu’il fournit une aide volontaire à la réalisation d’un fait illicite ou à la prolongation dans le temps de cet acte. Le sens de cet article indique clairement que si l’État tiers aide, d’une manière ou d’une autre, l’État qui a commis l’acte illicite en finançant des activités qui lui permettent de commettre un acte internationalement illicite, alors sa responsabilité internationale sera engagée.
Dans les commentaires de cet article il est dit que « …la responsabilité de l’État, qui prête assistance, n’est engagée que s’il est établi qu’il l’a fait aux fins de « la perpétration d’un acte internationalement illicite ». Il faut donc qu’il y ait intention délibérée d’aider l’État assisté à commettre l’acte illicite… » .
Pour la Cour, l’une des obligations des Etats tiers est « … de favoriser, conjointement avec d’autres Etats ou séparément, la réalisation du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, conformément aux dispositions de la Charte, et d’aider l’Organisation des Nations Unies à s’acquitter des responsabilités que lui a conférées la Charte en ce qui concerne l’application de ce principe… » . Il est important de rappeler que cette résolution reflète le droit coutumier et constitue une interprétation de la Charte des Nations Unies.
Les Etats ont ainsi une obligation à agir pour que, là où un peuple est privé de ce droit – ce qui est bien le cas de la Palestine occupée- ou que son exercice est mis en péril, cette règle soit pleinement respectée.
Acte illicite : droit international versus droit national
Selon le projet sur la Responsabilité internationale au sein de la Commission du Droit International, tout fait internationalement illicite d’un Etat engage sa responsabilité internationale. Cette règle, générale, est formulée pour un régime de responsabilité objective. La notion de violation des règles de droit international, donc d’un acte internationalement illicite, repose entièrement sur l’existence de normes objectives. C’est le régime objectif de la responsabilité : le droit international ne prend pas en compte l’intentionnalité ou le degré volitif des autorités qui agissent en tant qu’organes de l’Etat. Suivant le principe général énoncé à l’article 3, la responsabilité des Etats apparaît lorsqu’un comportement attribuable à un Etat viole une obligation internationale. Il est déjà important de dire qu’il existe des cas où le comportement d’un Etat, qui n’agit pas en tant qu’organe ou qu’agent d’un autre Etat, est néanmoins imputable à ce dernier Etat. Cela, même si l’illicéité du comportement résulte, principalement ou non, d’une violation des obligations internationales du premier Etat. Mais comme le remarque l’article 3 cité, le fait internationalement illicite doit être imputable à un sujet de droit international, dans ce cas, l’Etat. La qualification de l’acte internationalement illicite est un principe indépendant de tout autre régime, y compris des règles internes régissant cette matière. Ainsi, sa qualification en tant qu’acte illicite, conséquence de la violation des règles de droit international, est une catégorie autonome par rapport à l’ordre juridique interne des Etats. Cette autonomie du droit international par rapport à l’ordre juridique interne a été retenue par la CDI : « le fait d’un Etat ne peut être qualifié d’internationalement illicite que d’après le droit international ».
Ainsi, si un acte est licite au regard de l’ordre interne d’un Etat ou suivant les statuts d’une organisation internationale, il n’en est pas moins un fait internationalement illicite si cet acte est contraire au droit international. La conséquence est la suivante : l’ordre juridique interne ou les statuts d’une organisation internationale ne peuvent prima facie être invoqués pour justifier une conduite que le droit international considère comme étant internationalement illicite ».
Les relations privilégiées entre les Etats tiers et l’Etat d’Israël
Au regard de ce qui vient d’être analysé, que dire des accords de coopération économique, culturel, scientifique et technologique entre certains Etats et l’Etat d’Israël, entre l’Union européenne et ce même Etat et de leur réhaussement ? Que dire de l’admission de l’Etat d’Israël en tant que membre associé au sein de l’OCDE ? Que dire des entreprises françaises qui, avec l’aide ou le soutien de l’Etat français, ont participé à la construction du tramway de Jérusalem ou ont signé des partenariats tout en sachant que des violations massive des droits sont commis ? Que dire du gouvernement français qui vend des armes à cet Etat ?
Que dire de tout cela alors que, selon la Cour internationale de Justice, les Etats tiers ont obligation de faire respecter le droit international par l’Etat israélien ?
Il paraît, prima facie, que la signature d’accords de coopération économique et technologique peut être considérée comme allant à l’encontre des obligations internationales, car, comme la Cour l’a remarqué, ce sont les normes erga omnes qui sont en jeu, c’est-à-dire, l’ordre public international tout entier. Les pays, dont la France, au lieu de signer des accords de coopération et favoriser leurs entreprises, devraient rappeler, avant tout, à l‘Etat d’Israël qu’il viole le droit international humanitaire ainsi que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien ? . Ne le faisant pas cet ou ces Etats reconnaissent de manière implicite la politique d’occupation, d’annexion et d’enfermement d’une partie de la population palestinienne.
Les Etats tiers devant la commission d’un acte illicite
Cela revient, puisqu’ils ne respectent pas leurs obligations, à aider à la commission d’un acte illicite et engage la responsabilité de chacun des Etats qui signe des accords avec Israël et va à l’encontre des obligations internationales .
Il est clair que, selon la CIJ, les Etats tiers ont obligation de faire respecter le droit international par l’Etat israélien. La France, en tant qu’Etat tiers serait plus avisée, au lieu de signer des accords de coopération, de rappeler avant tout à l’Etat d’Israël qu’il a violé et viole le droit international humanitaire ainsi que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
Elle devrait, ainsi que le souligne Palwankar Umesh , mettre en place un régime de « restrictions et/ou embargo commercial sur la vente des armes ; sur la technologie militaire et la coopération scientifique • restrictions aux exportations et/ou importations à destination et en provenance de l’Etat qui commet des violations • interdiction totale de relations commerciales • interdiction des investissements • gel des capitaux ou suspension des accords relatifs au transport aérien (ou autres accords) »
Notons pour mémoire qu’un Etat peut être tenu responsable des actes des particuliers lorsqu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour prévenir ou empêcher que des personnes, sous sa juridiction, commettent des actes illicites ou contribuent à leur réalisation et à la prolongation de leurs effets – l’annexion des territoires, mais aussi déposséder l’Etat palestinien des taxes lui revenant en acceptant que soient vendus sur le territoire français des produits venant des colonies et sans aucune traçabilité. La responsabilité de l’Etat français peut, dès lors, être engagée en raison du comportement de ses organes qui n’observent pas l’obligation de vigilance qui leur incombe selon le droit international, car selon la CIJ, les Etats tiers sont tenus de respecter et de faire respecter le droit international. Elle a aussi été très claire sur le fait que lorsque l’Etat manque à son obligation de diligence, les activités des personnes privées – physiques ou morales – constituent bien un acte illicite ; dès lors c’est sa responsabilité internationale qui est engagée.
Quelques réflexions sur les violations des normes du droit international
Le cadre normatif du droit international est clair, pourtant les puissants font fi de l’interdiction de l’utilisation de la force (article 2 § 4 de la Charte de l’ONU), de l’autodétermination des peuples, de l’obligation de régler pacifiquement les différends, et participent soit activement soit en faisant preuve d’un silence complice à l’assouplissement, voire à la violation des obligations. Aujourd’hui, ce droit est l’objet d’une neutralisation de la part des Etats-Unis et de leurs alliés (Japon, Etats européens) particulièrement en ce qui concerne la coopération internationale, le règlement pacifique des différends, la paix et la sécurité internationales ou si l‘on veut, le droit à la paix.
En déstructurant le droit international se trouve légitimé le déchaînement de la violence des plus puissants : ils partent, au nom d’une nouvelle civilisation, comme jadis l’invasion européenne des terres américaines, en une croisade qui cache mal les politiques et les visées de soumission des peuples et d’appropriation des ressources communes. Et paradoxalement, l’ONU qui devrait être l’élément de contention et de régulation juridique de la violence, participe à la conquête du monde menée par les sociétés transnationales. Le Conseil de sécurité n’a plus pour objectif de maintenir la paix et la sécurité internationales, mais préfère punir les Etats qui s’écartent de l’ordre libéral mondial. Il devient, ainsi, l’organe d’interprétation arbitraire au service des grandes puissances . Le pouvoir discrétionnaire qui lui a été attribué par la Charte des Nations Unies est devenu un pouvoir mis au service des seuls intérêts des plus forts, légitimant leurs stratégies de domination et couvrant des violations graves des règles internationales .
Les citoyens face aux manquements des Etats
Devant la mise en échec du système de protection international, n’est il pas temps que les citoyens suppléent, par des actions et campagnes internationales, aux Etats pour leur rappeler leurs obligations internationales et leur rappeler le besoin essentiel pour l’ensemble des peuples de vivre dans la paix et la sécurité internationales ?
L’action du Boycott, Désinvestissement, Sanction en est un exemple, même si par une circulaire l’ancien ministre de la justice a réactivé une loi de 1977 qui précisait que « tout appel à boycotter les produits d’un pays est une provocation publique à la discrimination envers une nation ». Rappelons juste que les Etats ont l’obligation de se servir de ce moyen ainsi que cela est précisé par Palwankar Umesh .
Cette circulaire veut criminaliser le droit à la liberté d’expression de toutes celles et de tous ceux qui revendiquent le respect et l’effectivité des droits humains pour l’ensemble des peuples du monde et par dessus surtout le droit des peuples à disposer d’eux mêmes qui fait partie de la norme de base de nature objective qui devrait s’imposer à la volonté de tous les Etats. Cette circulaire entèrine officiellement la possibilité pour l’Etat français à violer ses obligations au regard du droit international et du droit humanitaire international.
Dès lors, devant l’incurie et le silence complice de la communauté internationale, les citoyens responsables ont la responsabilité de rappeler aux Etats, entre autres à l’Etat français, leurs obligations internationales. C’est dans ce cadre que la campagne BDS prend tout son sens et sa légitimité, parce qu’aujourd’hui le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, son droit à disposer de ses ressources naturelles est plus que jamais nié, bafoué, oublié. Il est temps de rappeler aux Etats qu’ils ne peuvent imposer aux peuples et aux citoyens, par la guerre, un modèle unique de civilisation, la déstructuration du droit international et la dérégulation des rapports de force.
Mireille Fanon-Mendès France :
association internationale des juristes démocrates
Fondation Frantz Fanon
Membre du BN de l’UJFP
publié par l’UJFP

L'Autorité palestinienne sommée de se débarrasser de Fayad, après Erekat‏

Cisjordanie - 3 mars 2011
Par Nadine Acoury
Après la démission de Saeb Erekat le 12/02/11, des articles parus sur les sites de al quds al arabi et arabs48 citant une information fournie par Reuters ce jeudi 03/03/11, indiquent que le Fatah a demandé à Mahmoud Abbas de démettre de ses fonctions le premier ministre Salam Fayad (l'homme du FMI et des Américains, copie certifiée conforme de son collègue libanais Fouad Siniora).
L'Autorité palestinienne sommée de se débarrasser de Fayad, après Erekat‏
Craignant les répercussions des révolutions arabes, on dirait que les conseillers étatsuniens et sionistes de l'autorité collaborationniste essaient de prendre les devants et de formater une autorité débarrassée de ses caricatures, quoique obéissant toujours et le doigt sur la couture au projet sioniste quelque peu ébranlé depuis peu dans la région.
Articles, en arabe, sur al-quds al-arabi et arabs48.
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Le village of Khirbet Tana complètement détruit par l'armée israélienne

Naplouse - 3 mars 2011
Par ISM
Le mercredi 2 mars à 9h du matin, l'armée israélienne est arrivée dans le village de Khirbet Tana, près de Beit Furik, au sud-est de Naplouse, avec quatre bulldozers et des jeeps militaires. Pour la 6ème fois cette année, elle a démoli les maisons et les enclos pour animaux dans le village, et cette fois, elle a complètement détruit le village. 250 personnes sont sans abri.
Le village of Khirbet Tana complètement détruit par l'armée israélienne
L'avant-dernière démolition du village, le 10 février
Les soldats qui ont dirigé la démolition ont empêché les villageois de rassembler leurs effets personnels, et ont préféré les recouvrir de terre. Tout ce qui aurait pu servir à reconstruire le village a été confisqué ou détruit, pour que les villageois ne puissent pas rebâtir leurs maisons.
Certains villageois qui ont pu sauvé quelques affaires les ont emmenées à la petite mosquée, où ils se sont abrités pour la nuit, bien qu'il n'y ait pas assez de place pour tous. Les deux seuls bâtiments laissés debout sont la mosquée et l'école, qui est plutôt une sorte de cabane construite à la hâte la semaine dernière, après la dernière démolition. Les villageois sont convaincus que ce n'est qu'une question de temps avant que l'armée revienne pour la détruire.
Outre toutes les maisons et les abris pour les animaux qui ont été démolis, l'armée israélienne a également percé au moins deux citernes d'eau, laissant les familles sans eau potable. Le manque d'eau, de nourriture et d'abri pour les troupeaux conduira inévitablement à la perte des bêtes.
Pendant la démolition, un groupe de soldats a tabassé un jeune homme, à la matraque, jusqu'à ce qu'il perde connaissance. La famille a finalement réussi à stopper l'attaque en jetant de l'eau sur les soldats. Vers 14h, le jeune homme avait suffisamment récupéré pour pouvoir aider sa famille à reconstruire un abri pour les animaux.
Parmi les personnes devenues sans abri, il y a une jeune mère, avec son bébé. A la question d'où ils allaient dormir, ils ont répondu "sous cet arbre."
Les habitants de Khirbet Tana essaient de reconstruire leurs maisons avec quelques matériaux qu'ils ont pu sauver, mais ont besoin, de toute urgence, de matériel de construction et de tentes.
L'histoire de Khirbet Tana
Selon le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires dans le territoire palestinien occupé(OCHA), "Khirbet Tana est une communauté d'environ 250 personnes, située en zone C2, au sud-est de Naplouse, dans un secteur que l'armée israélienne a déclaré "fermé" à des fins d'entraînement. L'habitat des villageois, qui vivent dans ce secteur depuis des décennies, consiste en tentes, structures en fer-blanc, grottes, et vivent de l'agriculture et de l'élevage.
Parce que les habitants de Khirbet Tana ont besoin de terre pour faire paître leurs troupeaux, la plupart d'entre eux n'ont pas d'autre choix que de rester sur place pour assurer leur subsistance. A ce titre, la communauté a maintes fois reconstruit des structures modestes, dont des tentes et des abris pour les animaux. En 2008, avec l'aide de l'ONG israélienne "Rabbins pour les droits de l'homme", la communauté a déposé une requête auprès de la Haute cour de justice israélienne pour demander que soit élaboré un plan d'aménagement du village qui permettrait la délivrance de permis de construire. La Cour a rejeté la requête en janvier 2009 et, peu de temps après, la communauté a commencé à recevoir des ordres de démolition.
Avec ces vagues successives de démolition effectuées par les autorités israéliennes, il est extrêmement difficile pour la communauté de Khirbet Tana de vivre de façon stable, d'assurer sa subsistance ou, étant donné la démolition systématique de l'école du village, de scolariser ses enfants. De nombreuses autres communautés palestiniennes vivent dans une situation aussi précaire à cause de leur localisation dans une zone déclarée "fermée" par les autorités israéliennes
."
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM

Manifestation raciste à Jaffa, une dizaine de blessés...

jeudi 3 mars 2011 - 11h:50
Al Qassam Website
Une dizaine de Palestiniens ont été blessés dans les affrontements qui ont éclaté avec la police qui protégeait des manifestants juifs dans la ville de Jaffa.
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Une femme palestinienne de la ville de Jaffa exprime sa détermination face à un flic israélien - Photo : AP
La ville entière s’était mis en grève pour protester contre une manifestation organisée par des dizaines de Juifs, a rapporté Mohamed Al-Ashkar, fondateur du Mouvement al-Aqsa.
« Les habitants sont descendus tôt dans les rues de la ville pour s’opposer aux extrémistes juifs essayant d’atteindre le secteur, et pour confirmer que Jaffa était et restera une ville palestinienne, arabe, musulmane, et que ces extrémistes qui sont venus d’Europe et d’autres régions du monde ne sont pas les bienvenus, » a dit notre correspondant.
Bien qu’elle n’ait pas été vraiment organisée, la grève était une réponse à une marche conduite par le fasciste Baruch Marzel qui dit vouloir « expulser l’ennemi de la ville de Jaffa ».
Un millier de policiers ont été déployés à travers la ville pour protéger les Juifs extrémistes.
Plusieurs jeunes arabes s’étaient avancés vers la manifestation sioniste pour communiquer le message des grévistes de la ville arabe, quand des affrontements ont éclaté avec la police, a dit Ashkar.
Environ une dizaine de Palestiniens ont été blessés, et 20 autres ont été arrêtés mais plus tard libérés après que les habitants aient refusé de se disperser tant qu’ils ne seraient pas relâchés.
Parmi les sionistes qui manifestaient se trouvaient deux députés de la Knesset, Michael Ben-Ari et Itamar Ben-Gvir qui disaient protester contre « la saisie de Jaffa par le Mouvement Islamique ».
3 mars 2011 - Al Qassam Website - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.qassam.ps/news-4239-Doze...
Traduction : Info-Palestine.net
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Israël et le sionisme : Un projet unique dans l’histoire

jeudi 3 mars 2011 - 11h:21
Gilad Atzmon - Silvia Cattori
Entretien avec Gilad Atzmon, un artiste à la recherche du savoir vrai.
Reconnu par la critique musicale comme l’un des meilleurs saxophonistes de jazz contemporains, Gilad Atzmon n’est pas seulement un musicien accompli. Il est également reconnu par son lectorat comme une des voix les plus sincères parmi les opposants israéliens. Au cours de la dernière décennie, il a dénoncé sans relâche la barbarie de la politique de l’État d’Israël. Sa manière de voir incisive, d’aller au fond des choses, dérange les adeptes du « politiquement correct ». Couvert de calomnies par ceux qui veulent étouffer sa voix, il ne se laisse pas intimider. Il ne renoncera pas à sa liberté de parole : il s’agit de la Palestine, de la souffrance de millions d’êtres humains. Juste avant de partir pour sa tournée européenne, « The Tide Has Changed » (« Le vent a tourné »), avec son groupe l’Orient House Ensemble, il s’est entretenu avec Silvia Cattori.
Silvia Cattori : En tant que musicien de jazz, qu’est-ce qui vous a conduit à vous servir de votre plume comme d’une arme (1) contre le pays où vous êtes né et contre votre propre peuple ?
Gilad Atzmon : Pendant de nombreuses années, ma musique et mes écrits n’avaient pas de rapports entre eux. Je suis devenu musicien à l’âge de dix-sept ans. C’est devenu ma profession à vingt-quatre ans. Bien que je n’étais pas impliqué en politique, ni même intéressé par la politique, j’étais très opposé à la guerre impérialiste menée par Israël. Je m’identifiais en quelque sorte à la gauche. Mais par la suite, quand j’ai commencé à comprendre ce qu’était réellement la gauche israélienne, je me suis trouvé en désaccord avec tout ce en quoi elle affirmait croire. C’est alors que j’ai réalisé le crime qui se déroulait en Palestine.
Pour moi, les Accords d’Oslo ont été la fin de tout car j’ai réalisé qu’Israël ne visait pas à la réconciliation, ni même à son intégration dans la région, et qu’il rejetait complètement la cause palestinienne. J’ai compris que je devais quitter Israël. Ce n’était même pas une décision politique ; simplement, je ne voulais plus participer aux crimes d’Israël. En 1994, j’ai déménagé en Grande Bretagne et j’ai étudié la philosophie.
En 2001, lors de la deuxième Intifada, j’ai commencé à comprendre qu’Israël était l’agresseur et aussi la plus grande menace pour la paix dans le monde. J’ai réalisé l’ampleur du rôle et de l’engagement des juifs du monde entier en analysant les relations entre Israël et l’État juif ; entre Israël et le peuple juif à travers le monde ; entre les juifs et la judéité.
J’ai compris, alors, que la « gauche » juive n’était en rien différente de la « gauche » israélienne. Je dois préciser ici que je fais une distinction entre « l’idéologie de gauche » - un concept qui s’inspire de l’éthique universelle et d’une véritable vision d’égalité - et la « gauche juive », une tendance ou groupement qui est là uniquement pour maintenir des intérêts tribaux qui ont très peu, sinon rien, à voir avec l’universalisme, la tolérance et l’égalité.
Silvia Cattori : Pensez-vous qu’il y a une contradiction entre les gens de confession juive et la gauche ?
Gilad Atzmon : Pas du tout. Je dois expliquer ici que je ne parle jamais des juifs en tant que peuple. Je fais la distinction entre les juifs (les gens), le judaïsme (la religion) et la judéité (la culture). Dans mes écrits, je ne traite que de la troisième catégorie, à savoir la judéité.
Il faut aussi comprendre que je fais une distinction entre la « gauche juive » tribale et les gens de gauche qui, simplement, se trouvent être juifs. En effet, je serais le premier à admettre qu’il y a beaucoup de grandes personnalités de gauche et d’humanistes qui se trouvent être d’origine juive. Par contre, les juifs qui opèrent sous une « bannière juive » me paraissent être des feuilles de vigne sionistes qui sont là uniquement pour donner l’image d’un « pluralisme juif ». En fait, lorsque j’ai saisi le véritable rôle de la « gauche juive » j’ai réalisé que je pourrais finir par me battre seul contre le pouvoir le plus puissant qui nous entoure.
Silvia Cattori : Vous vous battez seul ?
Gilad Atzmon : Plus ou moins seul. J’aime me battre seul ; j’assume ma responsabilité. Au fil des années, il y a eu beaucoup de tentatives pour détruire les rares parmi nous qui se sont dressés contre le « pouvoir juif ». Je me suis moi-même retrouvé en difficulté pour avoir soutenu des gens comme Israël Shamir (2) et Paul Eisen, pour avoir simplement défendu leur droit de penser librement et d’exprimer ouvertement leurs opinions et leurs idées. Je me souviens d’un de ces fameux militants « juifs de gauche » me disant : « Écoute Gilad, quand tu éviteras Shamir on te laissera en paix ». Ma réponse a simplement été : je ne négocie pas l’intégrité intellectuelle. Pour moi, la liberté d’expression est une règle de fer, je ne ferais jamais taire quiconque.
Dans le mouvement de libération et le mouvement de solidarité, je ne crois vraiment pas que nous ayons des intellectuels. Et pourquoi n’avons-nous pas d’intellectuels ? Parce que, au nom du « politiquement correct », nous avons réussi à détruire au sein de notre mouvement tout esprit créatif.
Ce que nous voyons là est peut-être un problème endémique de « la gauche ». Pour parler en termes généraux - ou plutôt en termes philosophiques germaniques - « la gauche » est « oublieuse de l’Être ». Au lieu de comprendre ce que signifie être dans le monde, elle essaie de nous suggérer ce qu’être dans le monde devrait être. La « gauche » a adopté un mode de prédication qui a conduit à une forme grave d’aliénation, et c’est probablement la raison pour laquelle elle a été incapable de composer avec l’Islam, de bien le comprendre, et d’en saisir la signification et le pouvoir. Et c’est pourquoi « la gauche » est absolument sans pertinence par rapport à la révolution en cours au Moyen-Orient. Comme nous le savons maintenant, « la tolérance de la gauche », s’évapore en quelque sorte quand il s’agit de l’Islam et des Musulmans. Je trouve cela très problématique.
Silvia Cattori : Pouvez-vous expliciter en quoi la gauche est sans pertinence ?
Gilad Atzmon : Penchons-nous sur l’actualité dans le monde arabe et musulman. Où est « la gauche » ? Pendant toutes ces années, elle nous a dit « les gens vont se soulever ». Mais où est la gauche maintenant ? Est-elle en Égypte ? Est-elle en Libye ou à Bahreïn ? Nous entendons parler des Frères musulmans, de la classe moyenne, des jeunes Arabes et musulmans. En fait, nous entendons parler de tout sauf de « la gauche ». Avons-nous lu une intéressante analyse de gauche sur le soulèvement régional en cours ? Pas vraiment ! Récemment, je cherchais une analyse sur le soulèvement égyptien dans un célèbre journal socialiste. J’ai trouvé un article ; je me suis alors rendu compte que les mots « Islam » et « musulman » n’apparaissaient pas même une seule fois dans l’article, alors que le mot « classe » apparaissait pas moins de dix-neuf fois. Ce que l’on voit là, est en fait un exemple de la forme ultime de détachement de l’humanité, de l’humanisme et de l’humaine condition.
Mais je vais plus loin. Où est « la gauche » en Europe ? Où est « la gauche » en Amérique ? Pourquoi ne peut-elle pas se lever pour les musulmans ? Pourquoi ne peut-elle pas tisser des liens, ou faire alliance avec les millions d’immigrants musulmans, des gens qui se trouvent faire également partie de la nouvelle classe ouvrière européenne ? Je mentionnerai ici une perception qui me paraît particulièrement importante ; c’est une idée que j’ai empruntée au psychanalyste français Jacques Lacan. Lacan soutient qu’aimer peut être une manière de s’aimer soi-même au travers de l’autre.
À mon avis, la « solidarité de gauche » avec la Palestine peut être également comprise comme une manière de nous aimer nous-mêmes au détriment des Palestiniens. Nous ne voulons pas qu’ils soient musulmans. Nous leur disons d’être démocratiques pour autant qu’ils ne votent pas pour le Hamas. Nous leur disons d’être progressistes, « comme nous ». Je ne sais s’il faut qualifier cette attitude de grossière, ou tout simplement de pathétique.
Récemment, je suis tombé sur une critique trotskyste s’en prenant à mon travail. L’argument contre moi était le suivant : « Gilad a tort parce qu’il trouve moyen d’expliquer le sionisme sans le colonialisme. Il explique l’holocauste sans le fascisme. Il explique même la récession, la catastrophe économique mondiale, sans le capitalisme ».
Je ne pourrais pas être plus d’accord. Nous n’avons plus besoin de « politique de la classe ouvrière ». On peut se débarrasser des vieux clichés du XIXe siècle ; et le plus tôt sera le mieux. Pour expliquer pourquoi notre monde est en train de s’effondrer, nous devons juste être assez courageux pour dire ce que nous pensons, pour admettre ce que nous voyons, pour appeler un chat un chat.
En fait, je serais ravi de voir « la gauche » ressusciter. Mais, pour que cela se produise, elle doit d’abord se rappeler ce que signifient vraiment l’égalité et la tolérance, parce que, pour que « la gauche » retrouve sa signification, elle doit d’abord saisir le vrai sens de « aime ton prochain ».
Silvia Cattori : En vous écoutant on en vient à oublier que vous êtes avant tout un musicien.
Gilad Atzmon : La vérité est que je ne suis pas vraiment intéressé à la politique. Je ne suis pas membre d’un parti et je ne m’en soucie pas. Je ne cherche aucun pouvoir politique. Je ne suis pas intéressé par l’opposition binaire entre « gauche » et « droite », je ne me soucie pas de la dichotomie banale entre « progressiste » et « réactionnaire ». Et, avouons-le, d’un point de vue marxiste je suis associé aux forces les plus réactionnaires, parce que je soutiens les Frères musulmans, le Hezbollah, et le Hamas. Que voulez-vous de plus !
Silvia Cattori : Vous êtes vraiment un esprit libre.
Gilad Atzmon : C’est parce que je ne suis pas un politicien. Je suis un artiste et un musicien. C’est très simple.
Silvia Cattori : On peine à imaginer ce que vous seriez si vous étiez resté en Israël ?
Gilad Atzmon : Ce serait impossible à imaginer.
Silvia Cattori : Retournez-vous en Israël ?
Gilad Atzmon : Jamais. Je me rendrai en Terre Sainte le jour où elle sera la Palestine.
Silvia Cattori : Êtes-vous une exception parmi les Israéliens ?
Gilad Atzmon : C’est très intéressant. Quand il s’agit de la « gauche juive », à l’étranger, je connais très peu de juifs auxquels je peux faire confiance à ce niveau d’engagement. Ils vont toujours avec vous, mais dès que vous mettez en cause le lien tribal et leur propre rôle au sein de « l’univers juif » vous serez poignardé dans le dos. C’est très rare de rencontrer des juifs courageux, prêts à s’engager dans une réflexion approfondie sur eux-mêmes, comme Paul Eisen, Jeff Blankfort, Norman Finkelstein, Hajo Meyer et Evelyn Hecht Galinsky (3).
En Israël toutefois, c’est différent. Vous avez pas mal de gens qui sont réellement courageux au-delà de ce qu’on peut imaginer. Ils mettent vraiment leur vie en jeu. Ce sont ces gens qui nous envoient des informations sur l’armée, sur des secrets militaires, sur des crimes de guerre et des noms de criminels de guerre. Il y a ainsi quelques Israéliens qui font un travail incroyable.
Silvia Cattori : Écrire des analyses politiques et composer de la musique, est-ce votre manière de contribuer à un monde meilleur ?
Gilad Atzmon : En ce moment, j’essaye d’établir un continuum entre la musique et l’écriture. Je crois que, contrairement à nos politiciens - qu’ils soient de droite, conservateurs, ou de gauche, et qui sont tous en quête de pouvoir - les artistes sont à la recherche de la beauté. Et je crois que c’est la beauté qui peut unir les gens.
Je vais vous dire une chose sur laquelle j’ai vraiment l’intention d’écrire. Pendant des années, nos soi-disant « analystes politiques » ont parlé d’Israël en tant qu’« État colonial » et du sionisme en tant que « projet colonialiste ». Mais de quel genre de colonialisme s’agit-il ? Cette comparaison est-elle exacte ? Car si Israël est un « État colonial » alors quelle est exactement sa « mère patrie » ? À l’époque du colonialisme britannique et français, les États coloniaux maintenaient un lien très évident avec leur « mère patrie ». Il y a quelques cas dans l’histoire où l’État colonial a rompu avec sa mère patrie. Un tel évènement est assez remarquable, et la Boston Tea Party (4) en est un bon exemple. Mais, pour autant que nous le sachions, il n’existe pas de « mère patrie juive » qui soit intrinsèquement liée au prétendu « État colonial juif ».
Le « peuple juif » est largement associé à l’« État juif ». Pourtant le « peuple juif » n’est pas exactement une entité souveraine autonome « matérielle ». En outre, les natifs hébraïques, juifs israéliens, ne sont liés culturellement ou émotionnellement à aucune mère patrie si ce n’est leur propre État.
Silvia Cattori : Pourtant les plus ardents défenseurs des droits des Palestiniens, dont Ilan Pappé, qualifient Israël d’État colonial...
Gilad Atzmon : Je crains que la plupart des militants et des universitaires ne puissent dire toute la vérité sur cette question sensible. Peut-être que personne ne peut survivre en disant la vérité. En effet, nous sommes quotidiennement terrorisés par différentes mesures de « police de la pensée ». Je suis convaincu que la plupart des chercheurs qui qualifient Israël d’« État colonial » sont pleinement conscients des problèmes enchevêtrés avec le « paradigme colonial ». Ils doivent aussi être conscients du caractère unique du projet sioniste.
Il est vrai que le sionisme présente certains symptômes qui sont synonymes du colonialisme, mais cela ne suffit pas. Le sionisme est fondamentalement un projet de « retour à la maison » basé sur la race et porté par un enthousiasme spirituel qui est en fait fantasmatique. Il manque intrinsèquement de plusieurs des éléments « nécessaires » que comporte le colonialisme tel que nous le comprenons, et il ne peut pas être défini uniquement en termes matérialistes.
Il me semble qu’ici, nous rencontrons un problème crucial de compréhension et d’analyse au sein de notre mouvement, et dans le discours intellectuel occidental en général. Nos universitaires sont réprimés, et le savoir est réduit au silence, car dans le cadre de la tyrannie du politiquement correct, nos universitaires sont forcés de considérer d’abord les limites du discours. Ils examinent en premier lieu très soigneusement ce qu’ils sont autorisés à dire, et ensuite ils remplissent les espaces vides, en formulant des théories ou des récits.
Ce modèle est malheureusement très répandu. Pourtant, une telle approche et une telle méthode sont étrangères à ma compréhension de ce qu’est la recherche de la vérité et du savoir vrai. Il est essentiel de mentionner, à ce point, que je ne prétends pas connaître la vérité. Je dis simplement ce que je crois être la vérité. Si je me trompe, je fais bon accueil aux gens qui me le signalent.
Il m’apparaît que « la gauche » nous a fourvoyés, ainsi qu’elle-même, en décrivant le sionisme comme étant uniquement un projet colonial. La « gauche » aime le paradigme colonial car il situe parfaitement le sionisme au sein de son idéologie. Ce paradigme nous conduit également à croire que le modèle politique colonial/postcolonial apporte des réponses et même des solutions opérationnelles ; suivant le modèle colonial, nous établissons d’abord une équivalence entre Israël et l’Afrique du Sud, puis nous mettons en œuvre une stratégie anticoloniale, comme le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).
Pourtant, bien que je soutienne pleinement toutes ces actions, ces dernières semblent, à certains égards, ne pas être entièrement efficaces. Le BDS n’a, en fait, abouti à aucun changement métamorphique dans la société israélienne. Elle a tout au plus conduit à intensifier la radicalisation au sein de la droite en Israël. Pourquoi le BDS n’a-t-il pas encore fonctionné ? La réponse est simple : c’est parce qu’Israël n’est pas entièrement une entité coloniale - comme nous entendons historiquement ce terme - et qu’il faut comprendre que son pouvoir et ses liens avec l’Occident sont maintenus par les plus puissants lobbies à travers le monde.
Donc, si la gauche veut vraiment stopper Israël, alors elle doit poser ouvertement la question du « Pouvoir juif » et de son rôle dans la politique et les médias occidentaux. Mais la gauche peut-elle le faire ? Je n’en suis pas si sûr.
Revenons maintenant à d’autres aspects de la comparaison entre Israël et le modèle colonial. Israël est également très différent, par exemple, de précédents États coloniaux comme l’Afrique du Sud, parce qu’Israël met en œuvre des tactiques génocidaires. L’Afrique du Sud a bien été brutale, mais elle s’est abstenue de jeter du phosphore blanc sur sa population autochtone. L’Afrique du Sud était un État de colons, et elle exploitait sa population autochtone ; mais elle voulait la maintenir en vie et opprimée. L’État juif, pour sa part, préférerait de beaucoup se réveiller un matin pour découvrir que tous les Palestiniens ont disparu, parce que c’est un État basé sur une idéologie talmudique raciste. Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, le sionisme, qui se présentait initialement comme un projet laïc, était, en fait, une tentative grossière de transformer la Bible en un registre foncier ; et une tentative de transformer Dieu en un méchant agent immobilier.
Il faut comprendre que le sionisme suit un tout autre mode politique opératoire que n’importe quel autre État colonial, et que le paradigme colonial est tout simplement incapable d’en rendre pleinement compte.
Mais voici les bonnes nouvelles. Il est assez significatif de constater que ce sont des artistes plutôt que des « intellectuels » qui, à un certain moment, ont commencé à assimiler des images de la Palestine à celles de l’holocauste juif. Ce sont des artistes qui ont été assez courageux pour juxtaposer des images d’enfants palestiniens et des images d’enfants juifs.
Silvia Cattori : Mais peut-on vraiment comparer les deux ?
Gilad Atzmon : Pourquoi pas ? Nous comparons là deux idéologies, deux préceptes racistes ethnocentriques. Ce sont les artistes qui sont arrivés avec cette vérité simple et essentielle. Ce sont les artistes qui ont démantelé le paradigme colonial en un seul et rapide mouvement. Apparemment, nos artistes sont bien en avance sur nos « intellectuels ».
Silvia Cattori : Je voudrais mieux comprendre votre objection à ceux qui considèrent Israël comme un État colonial. L’Afrique du Sud par exemple, avait rompu tout lien institutionnel avec la Grande-Bretagne et s’était retirée du Commonwealth déjà dans les années soixante. Il n’y avait donc plus de « nation mère » extérieure au pays. Néanmoins la population noire combattait les « colons » qui avaient installé l’apartheid. En ce sens, ne peut-on pas considérer qu’il y a une similitude avec la lutte actuelle des Palestiniens pour leurs droits face aux colons juifs venus s’installer sur leur terre, et que cette lutte est, d’une certaine manière, une lutte contre le colonialisme ? Il est vrai que les Sud-Africains blancs n’ont pas mis en œuvre des tactiques meurtrières massives contre les autochtones. Est-ce parce que vous mettez l’accent sur ce point que vous mettez au centre le caractère unique du projet sioniste plutôt que le colonialisme ?
Gilad Atzmon : La grande question que j’essaie de soulever ici est : pourquoi ne pouvons-nous pas développer une pensée cohérente ? Les questions liées à l’adoption du paradigme colonial ne sont évidemment qu’un exemple. Nous sommes soumis à la tyrannie meurtrière du politiquement correct.
Vous avez raison de relever que certains États coloniaux ont coupé les liens avec leurs mères patries respectives. Mais Israël n’a pas eu à couper les liens avec une mère patrie parce qu’elle n’en a jamais eu. Dans ce sens, le sionisme n’a jamais été un projet colonial. Le paradigme colonial est un leurre.
La grande question à se poser est : pourquoi « la gauche » et les juifs antisionistes s’accrochent-ils désespérément au paradigme colonial ? Et voici ma réponse :
1. c’est sécurisant ; cela fait apparaître la critique de l’État juif comme légitime ;
2. c’est porteur de l’espoir d’une solution : si Israël n’est vraiment qu’un État colonial comme tous ceux dont l’histoire nous fournit l’exemple, il finira par se fondre dans la région et devenir un État « normal ».
Vous pourriez me demander : où est le problème dans une telle approche ? Eh bien, c’est assez évident ; tout ce discours est en fait sans aucune pertinence par rapport à la maladie sioniste. C’est comme traiter un patient atteint d’un cancer du côlon avec quelques fortes pilules contre la diarrhée, simplement parce que les symptômes sont un peu similaires.
C’est actuellement, de façon assez désastreuse, le niveau du discours de notre gauche intellectuelle.
Silvia Cattori : Mais ceux qui, au sein du mouvement de solidarité, dénoncent le « colonialisme israélien », critiquent la politique raciste d’Israël, et soutiennent le droit au retour des réfugiés, ne disent-ils pas exactement la même chose que vous ?
Gilad Atzmon : Pour commencer, nous sommes bel et bien partie du même mouvement, et je suppose que nous sommes guidés par les mêmes intuitions éthiques. Cependant, il y a une nette différence entre nous car, ceux qui s’appuient sur le « paradigme colonial », transmettent l’idée que le projet national juif est tout à fait assimilable à la tendance nationaliste du XIXe siècle. Ce qui revient à dire que les juifs ont fêté leur « symptôme national », comme la plupart des nations coloniales européennes, et qu’ils l’ont simplement fait après les autres.
Le « paradigme colonial » est donc invoqué pour soutenir également l’idée qu’Israël est un État d’apartheid, très semblable à la plupart des autres entreprises coloniales du passé. Mon approche est totalement différente, parce que je dirais qu’Israël et le sionisme représentent un projet unique dans l’histoire, et que la relation entre Israël et l’action des lobbies juifs en Occident est également tout à fait unique dans l’histoire.
J’irais même plus loin pour dire que, si les Palestiniens sont en effet à l’avant-garde d’une bataille pour l’humanité, le fait est que nous sommes tous soumis à la politique sioniste mondiale. Selon mon modèle, l’effondrement du crédit est en fait un coup sioniste. La guerre en Irak est une guerre sioniste. Je dirais avec force que le sionisme est depuis longtemps passé de la « terre promise » du récit, à la « planète promise » du cauchemar. Je soutiens aussi qu’il serait impossible de ramener la paix dans le monde sans affronter la véritable signification de l’idéologie juive contemporaine.
Curieusement, beaucoup de ceux qui soutiennent avec enthousiasme le « paradigme colonial », ont également été très prompts à dénoncer le travail de John Mearsheimer et Stephen Walt sur le lobby israélien. Si Mearsheimer et Walt sont dans le vrai, et je pense qu’ils le sont, alors c’est le pouvoir juif que nous avons à affronter. Et c’est précisément pour nous empêcher de le faire que la « gauche juive » et l’intelligentsia juive sont là.
Silvia Cattori : Vos points de vue sont aux antipodes de ceux d’intellectuels qui, comme Bernard-Henry Lévy, soutiennent l’expansionnisme occidental et la politique israélienne. Pour vous, c’est Israël qui est le grand danger. Ne pensez-vous pas que certains voient là un élément de provocation ?
Gilad Atzmon : La provocation n’est pas une mauvaise chose. J’ai écrit récemment un article sur Bernard-Henry Lévy (5). Cet homme est grotesque au-delà de toute imagination. Ici aussi, en Grande-Bretagne, nous avons plus d’un « Bernard-Henri Levy » ; ce sont des juifs qui donnent une fausse image du savoir. Et il se trouve que, intellectuellement, nous les démolissons un à un. Nous les désignons pour ce qu’ils sont. Soit dit en passant, Norman Finkelstein a fait un excellent travail concernant Dershowitz. Nous ne devrions pas en avoir peur.
Je pense aussi qu’au moment où les gens n’auront plus assez d’argent pour mettre de l’essence dans leur voiture ni même pour acheter du pain, ils vont commencer à se demander qui est à blâmer. Lorsque cela se produira, l’État d’Israël et ses lobbies vont apparaître en tête de liste. Je pense que, maintenant déjà, certains commencent à le voir. Le changement sera considérable. Je pense que certains peuvent aujourd’hui lire mes écrits et, rétrospectivement, admettre que j’ai averti du danger des lobbies juifs depuis des années.
Silvia Cattori : Qu’est-ce qui différencie Gilad Atzmon de ceux qui soulignent leur identité tribale, en disant : « moi, juif antisioniste », « nous, juifs pour la paix », etc ?
Gilad Atzmon : C’est très simple. Pour moi, la lutte pour la paix est un combat pour une cause universelle. Pour moi, soutenir les Palestiniens est une nécessité éthique. Et si c’est une cause universelle et une nécessité éthique, je ne vois aucune raison de mener ce combat « en tant que juif », « en tant que mâle », ou « en tant que musicien de jazz ». Quand il m’arrive de croiser ceux qui se présentent comme « juifs pour la paix » et « juifs pour la justice », je me lève pour leur demander « que voulez-vous dire exactement en vous désignant vous-mêmes comme “juifs” ? Êtes-vous croyants ? » Quand un Thora Jew [les Torah Jews sont des juifs religieux qui s’opposent au sionisme. Ndt] dit qu’il se désigne lui-même comme juif, je sais ce qu’il veut dire. Quand ils me disent « Nous sommes des juifs religieux et nous défendons la Palestine au nom de notre foi », je leur dis : « Allez-y, vous avez mon soutien ».
Mais quand des juifs laïques me disent qu’ils travaillent pour la Palestine au nom de leurs valeurs juives, je dois leur demander : « Quelles sont vos “valeurs juives laïques “ ? » J’ai étudié et examiné le sujet avec soin et, aussi gênant que cela puisse paraître, un « système de valeurs laïc juif », cela n’existe pas. Ceux qui se réfèrent à de telles idées mentent, trompent les gens, ou se trompent eux-mêmes.
Silvia Cattori : Si j’ai bien compris, ceux qui se singularisent eux-mêmes comme « juifs antisionistes » ou comme « juifs pour la paix » savent que cela donne plus de poids à leur voix qu’à celle des non juifs ?
Gilad Atzmon : Pour sûr, l’observation est pertinente. Mais, là encore, j’ai quelques réserves, parce que si je dis : « je suis un juif pour la paix ». et que je pense que cela suffit pour rendre ma voix plus importante que la vôtre, ce que cela signifie vraiment c’est que je suis toujours consciemment en train de célébrer ma singularité. Or, n’est-ce pas exactement le problème que nous avons avec le sionisme ? Donc, fondamentalement, l’antisionisme juif est juste une autre manifestation de la suprématie tribale juive. Il semble étrange que des militants pacifistes, qui prétendent être des gens de gauche universalistes, se retrouvent à agir au sein de cellules fondées sur la race.
Silvia Cattori : Est-ce, consciemment, une manière d’humilier les personnes non juives ?
Gilad Atzmon : C’est possible. Toutefois, je ne pense pas que les juifs qui succombent à la politique tribale juive soient vraiment conscients de l’effet qu’elle a sur les autres.
Silvia Cattori : Les Israéliens qui se décrivent eux-mêmes comme ex-Israéliens, ex-juifs, sont très rares. Êtes-vous le seul ?
Gilad Atzmon : Je pourrais bien être le seul. Cependant, je ne parle pas vraiment en tant qu’ex-juif. Je parle en tant que Gilad Atzmon. J’évite les bannières collectives. En me lisant, vous lisez ce que je pense. Vous le prenez comme tel et, soit vous êtes d’accord, soit vous n’êtes pas d’accord. Je n’ai pas besoin de drapeaux ou d’identités fantasmatiques derrière lesquelles me cacher.
Silvia Cattori : Peu d’artistes de renom ont eu le courage de prendre parti ouvertement et fermement pour les victimes de l’oppression israélienne. Nous savons que, en général, les gens ont peur de se trouver mis sur la liste des « antisémites ». Rogers Waters a osé briser le tabou (6). David Gilmour, Robert Wyatt, ont suivi. Que dites-vous à ceux et celles qui ont encore peur de s’exprimer ?
Gilad Atzmon : Je crois que le seul moyen de nous libérer nous-mêmes est de commencer à parler. La seule façon de combattre est de nous exprimer ouvertement. J’ai pris ce risque et si je peux le faire, alors je pense que tout le monde peut le faire. J’ai payé le prix en ce sens que ma carrière a un peu souffert, et que je gagne moins d’argent. Mais je peux me regarder avec fierté.
Silvia Cattori : À ceux qui affirmeraient que vos positions politiques sont, disons, « borderline », que répondez-vous ?
Gilad Atzmon : Je ne sais pas vraiment ce que « borderline » signifie. Pendant des années, j’ai été confronté à des tentatives sans fin pour me faire taire. Mais elles se sont toutes révélées contreproductives parce que, si tant est qu’elles aient eu un effet, les mesures répressives prises contre moi ont conduit davantage de gens à me lire, et encouragé davantage de gens à penser par eux-mêmes.
J’ai été accusé par les sionistes et les juifs antisionistes d’être un raciste et un antisémite. Or, pour leur embarras, pas un seul argument antisémite ou raciste n’a jamais été trouvé dans mes nombreux écrits. Tout au contraire, c’est une attitude antiraciste qui se trouve au cœur de ma critique de la politique identitaire juive et de l’idéologie juive. Cela fait dix ans que j’écris et, pendant toutes ces années, on pouvait lire la note suivante sur mon site web : « Si vous trouvez quelque chose de raciste ou d’antisémite dans mes écrits, faites-le moi savoir. Je présenterai mes excuses et je le retirerai immédiatement ». Et personne n’a jamais signalé quoi que ce soit.
Comme je l’ai déjà dit, je fais la distinction entre les juifs (le peuple), le judaïsme (la religion) et la judéité (l’idéologie). Je suis contre l’idéologie juive - pas contre le peuple juif ou le judaïsme. Si cela fait de moi un « cas limite », alors je vais devoir vivre avec ça.
Silvia Cattori : Votre voix aide à comprendre ce qu’est vraiment Israël. D’une façon générale, traiter ce sujet n’est pas une chose facile. Néanmoins, les journalistes ne devraient-ils pas prendre davantage leurs responsabilités en exposant les jeux de pouvoir qui ravagent le Moyen-Orient ? Quelles ont été, à cet égard, les responsabilités des médias occidentaux ?
Gilad Atzmon : Je vais être très honnête avec vous. Les médias occidentaux ont complètement démérité. Les médias occidentaux nous ont trahis. Ils n’ont pas réussi à comprendre que la Palestine n’est pas si loin de notre « paradis occidental ». Ils n’ont pas réussi à voir que nous sommes tous des Palestiniens. Que les Palestiniens sont à la pointe du combat contre le mal. Et que nous combattons exactement dans la même bataille car nous sommes tous confrontés au même ennemi. Ce qui est arrivé aux États-Unis avec l’effondrement du crédit, et qui a évolué en crise économique, est le résultat direct de la politique sioniste mondiale.
Les États-Unis investissent l’argent de leurs contribuables dans le maintien de l’État juif. Ils ont engagé leur peuple dans une guerre pour « sauver Israël ». De ce fait, nous sommes tous confrontés à un désastre financier. Et, au moment où nous parlons, les masses arabes se soulèvent. Elles veulent se libérer et elles veulent qu’il soit mis immédiatement fin à l’emprise politique sioniste. Ce que l’on voit maintenant en Égypte, en Libye, à Bahreïn, au Yémen, est là comme un avertissement à nous tous. Nous pourrions voir bientôt la même chose se dérouler à Berlin, Paris, Londres, Madrid, Barcelone, et New York City, parce que nous sommes tous confrontés au même ennemi.
Silvia Cattori : Je me demande si vos lecteurs comprennent ce que vous entendez quand vous parlez de « sionisme » et de « sionisme mondial ».
Gilad Atzmon : C’est en effet un point crucial. Cela vous paraîtra difficile à croire, mais même les Israéliens ne comprennent pas ce qu’est le sionisme. Le sionisme est la croyance que les juifs - comme tous les autres peuples - devraient pouvoir célébrer leur droit à une patrie, et cette patrie est Sion, la Palestine. Même si cette idée semble presque innocente, elle est enchevêtrée avec des questions éthiques très problématiques, parce que le sionisme s’est transformé en réalité politique sous la forme d’un État juif, construit entièrement aux dépens du peuple palestinien victime d’un nettoyage ethnique et de la violence. En outre, au fil des années, l’État juif s’est servi de très puissants lobbies et think tanks dans nos capitales occidentales. Ces organismes s’emploient à promouvoir les intérêts sionistes mondiaux tels que la confrontation sans fin avec l’Islam et le monde musulman.
Alors qu’à ses débuts, le sionisme se présentait comme une promesse de racheter tous les juifs de la diaspora par le biais de leur installation sur la « terre promise », au cours des trois dernières décennies le sionisme a changé à certains égards ses objectifs. L’État juif préfère en effet que certains des juifs de la diaspora restent exactement où ils sont de façon à pouvoir faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour le bien de ce qu’ils interprètent comme leurs intérêts juifs.
Le rôle des lobbies juifs, comme l’AIPAC, J-street (USA) et les Conservative Friends of Israel (Grande Bretagne), est beaucoup plus avantageux pour Israël que n’importe quelle vague d’immigration juive en Palestine ne pourrait l’être. Cette transformation de la pensée sioniste marque un glissement du plan local au plan mondial et, de ce fait, le sionisme ne devrait plus être perçu uniquement comme la demande d’un foyer juif dans la « terre promise ». Il devrait bien plutôt être saisi comme une opération mondiale, à la recherche d’un refuge pour les juifs à l’échelle de la « planète promise ».
Les Israéliens, et leurs alliés, savent très bien pourquoi ils promeuvent l’Islamophobie. Mais qu’est-ce que l’Islamophobie ? Que sert-elle et qui sert-elle ? Elle sert les intérêts capitalistes centrés sur le sionisme. L’Islamophobie est le vrai visage de la Hasbara (la propagande israélienne). Elle sert à assurer que la « guerre de survie » d’Israël soit en fait une guerre de l’Occident.
C’est évidemment fallacieux, et pour le bien des intérêts occidentaux, s’éloigner immédiatement d’Israël serait la juste chose à faire.
Silvia Cattori : Quand situez-vous l’émergence de l’Islamophobie et quelle en a été la cause ?
Gilad Atzmon : Historiquement, elle a probablement pris naissance dans les années soixante-dix, peu après la crise de l’énergie. Je pense que, dès 1973, on pouvait clairement détecter les premiers signes d’une forme politique et institutionnelle moderne d’antipathie à l’égard des musulmans alors que l’opinion publique occidentale commençait à réaliser le rôle stratégique du Moyen-Orient. Le glissement vers une « culture populaire antimusulmane » a été encore exacerbé par le succès des « Versets sataniques » de Salman Rushdie. Je dirais que depuis les évènements du 11 septembre 2001, l’opinion publique occidentale a été aspirée dans une explosion de violence antimusulmane. Je n’oublierai jamais Ehud Barak interviewé ce jour là, déversant sa bile et des accusations islamophobes dans toutes les émissions de télévision occidentales. Pour les agitateurs de la propagande israélienne, le 11 Septembre a représenté la preuve de l’idéologie commune qui lie Israël et les Goyim (non juifs) occidentaux.
Je voudrais encore ajouter ceci concernant l’Islamophobie. Je me suis aperçu il y a quelque temps que l’acceptabilité générale de certaines minorités peut toujours se mesurer par la popularité - ou l’impopularité - de ceux de ses membres « qui ont la haine d’eux-mêmes » (« self-haters ») (7). La popularité grandissante des « self-haters » musulmans, dans les années 1970-90, pouvait suggérer que la vague des sentiments anti-islamiques allait déferler sur nos côtes. De même, l’animosité vis-à-vis des « self-haters » juifs dans la dernière décennie confirmait le succès et l’influence des lobbies juifs dans les médias et la politique. Je suppose que l’augmentation de ma popularité indique que le vent a résolument tourné. On peut certainement anticiper une vague de ressentiment à l’égard d’Israël.
Silvia Cattori : Votre liberté de ton fascine. Vous ne supportez pas qu’une vérité soit « dite à moitié ». N’est-ce pas ?
Gilad Atzmon : Je pense que c’est une bonne façon de le dire. J’ai développé une allergie sévère aux manipulations et aux récits trompeurs. Comme je l’ai dit précédemment, je ne prétends pas connaître la vérité. Mais je suis assez efficace pour détecter les mensonges, les stratagèmes et les diversions. En tant que philosophe, je suis aussi efficace pour soulever des questions et déconstruire des incohérences. Je suis intrigué par les militants qui, autour de nous, croient que nous pouvons battre le sionisme en esquissant quelques récits fantasmatiques de résistance. Je crois honnêtement que la recherche de la vérité et une totale ouverture finiront par prévaloir. Si vous voulez comprendre la popularité croissante de mes écrits - et je crois qu’elle l’est - c’est qu’au lieu de me livrer à des jeux politiques j’essaie vraiment d’aller au fond des choses. J’essaie de comprendre ce qui fait avancer le sionisme et lui sert de carburant : Israël, le lobbying juif, les guerres expansionnistes des néoconservateurs, et même l’antisionisme juif.
Je suppose que maintenant, vous vous rendez compte que j’identifie l’idéologie juive - plutôt que les juifs ou le judaïsme - comme étant au cœur de ces préceptes et opinions politiques.
Silvia Cattori : Merci.


[1] Gilad Atzmon, est né en Israël en 1963. Il réside aujourd’hui à Londres. Voir son site web.
[2] En France, on voit le même phénomène. Des responsables de l’Union Juive pour la Paix notamment, accusent, depuis 2004, d’antisémitisme et de négationnisme toute personne qui donne la parole à l’écrivain israélien Israël Shamir, et ils interviennent pour faire censurer ses écrits qui disent bien des vérités dérangeantes.
[3] Voir : Ce que j’ai dit à Stuttgart sur Info-Palestine, par Gilad Atzmon, info-palestine.net, 22 février 2011 (et l’original en anglais)
[4] La Boston Tea Party est le nom de la révolte politique contre le Parlement britannique qui a eu lieu à Boston en 1773. Le Tea Act, promulgué par le gouvernement britannique autorisait la Compagnie anglaise des Indes orientales à vendre du thé aux colonies sans payer les taxes. Ce qui provoqua la colère des Américains. Des Bostoniens montèrent à bord des navires et jetèrent les caisses de thé à la mer. Cet évènement symbolique annonça la guerre d’indépendance américaine.
[5] Voir : Lévy, le philosophe français sur Info-Palestine, par Gilad Atzmon, 10 février 2011.
[6] Voir : Roger Waters, homme et artiste d’exception, par Silvia Cattori, silviacattori.net, 26 juillet 2010.
[7] L’expression « Self-hating Jew » (« juif qui se hait lui-même ») a été largement utilisée pour stigmatiser les juifs qui manifestaient leur opposition à la politique d’Israël, avec une connotation péjorative laissant même entendre qu’ils pouvaient avoir des penchants « antisémites ».
2 mars 2011 - Silvia Cattori - Traduit de l’anglais par JPH (02.03.2011) - Texte original en anglais (25.02.2011) : S Cattori
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