dimanche 29 août 2010 - 07h:17
Chris Marsden et Jean Shaoul - WSWS 
Israël prêche depuis longtemps en faveur d’un frappe militaire de l’Iran  et il y a d’intenses manoeuvres visant à s’assurer le soutien et même  la participation active des régimes arabes... expliquent Chris Marsden  et Jean Shaoul.          
Le Quartet pour le Moyen  Orient composé des USA, de la Grande Bretagne, de l’Union Européenne et  de la Russie a annoncé vendredi dernier que les entretiens prendraient  place à Washington le 2 septembre. La Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton  a confirmé que le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahu et le  Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas,  avaient donné  leur accord.  La rencontre a été obtenue au prix d’une pression énorme exercée sur le  régime de l’Autorité Palestinienne par les USA afin de soutenir cette  farce diplomatique.
 
Le quartet a fourni à Abbas une couverture appropriée en  faisant miroiter un accord complet qui mettrait fin à l’occupation et  qui aboutirait à "la création d’un état palestinien indépendant,  démocratique et viable" sous un an. Abbas avait besoin de cela pour  justifier une reprise des négociations auxquelles avait mis fin  l’invasion israélienne de Gaza.
 
Mais, avec beaucoup plus de légitimité, Netanyahu a pu  faire état du souhait de Clinton que les négociations aient lieu "sans  conditions préalables", conformément à l’exigence principale d’Israël.  Cela donne carte blanche à Israël pour continuer de s’approprier des  terres à Jérusalem Est et en Cisjordanie en poursuivant son programme de  construction de colonies.
 
Au début les Palestiniens ont refusé de reprendre les  pourparlers tant qu’Israël n’aurait pas gelé les constructions en  Cisjordanie et à Jérusalem Est. En mars dernier cependant Israël a  annoncé la construction de 1600 nouvelles unités rejetant formellement  les demandes des USA de geler la progression des colonies à Jérusalem  Est.
 
Les USA ont obtenu la reprise des "entretiens  rapprochés" (pas face à face) en promettant aux Palestiniens qu’il n’y  aurait aucune avancée du projet de Ramat Shlomo pendant deux ans. Mais  Netanyahu n’a accepté qu’un moratoire de 10 mois sur la construction de  colonies qu’il n’a jamais respecté et qui expire à la fin du mois de  septembre. Le jour qui a suivi l’annonce de la reprise des entretiens, Netanyahu a  déclaré qu’il ne prolongerait pas le moratoire. En réponse, Saeb Erekat,  le négociateur palestinien en chef a averti que "si le gouvernement  israélien décide de lancer de nouveaux appels d’offre le 26 septembre,  nous ne pourrons pas continuer les négociations."
 
En même temps que les observateurs de la région notaient  qu’il n’y avait eu aucun changement sur le terrain qui pouvait  justifier la reprise des pourparlers et qu’ils étaient organisés pour  faire plaisir aux USA, on remarquait le silence total de la majorité des  régimes du Moyen Orient.
 
Le but essentiel que les USA poursuivent à travers ces  négociations est de faire croire qu’ils gèrent honnêtement le conflit  israélo-palestinien. Mais maintenir ce faux-semblant est tout aussi  important pour les alliés arabes de Washington qui ont besoin de  justifier publiquement leur collaboration aux projets agressifs des USA  contre l’Iran, projets qui incluent une éventuelle attaque armée.
 
Le mois dernier, des hauts gradés de l’armée américaine  et Obama lui-même ont proféré de nombreuse menaces à l’encontre de  l’Iran notamment que "toutes les options" seraient envisagées si l’Iran  ne renonçait pas à son programme nucléaire. Un rapport du Centre de  Police Bipartisan (BPC) dit que "la crédibilité américaine... serait  sérieusement entamée si ils laissaient l’Iran passer le seuil nucléaire,  après les avoir averti tant de fois de ne pas le faire" et que les USA  doivent se préparer à "une action extraordinaire" et entamer "des  préparatifs crédibles et visibles pour une option militaire".
 
Israël prêche depuis longtemps en faveur d’un frappe  militaire de L’Iran et il y a d’intenses manoeuvres visant à s’assurer  le soutien et même la participation active des régimes arabes, qui  consistent principalement à sceller des accords de vente massive  d’armes.
 
Les USA ont conclu avec l’Arabie Saoudite un contrat de  60 milliards de dollars d’armement sur 10 ans pour leur fournir les  derniers avions F-15 équipés de systèmes de viseurs semblables à ceux  que les USA ont utilisé pour détruire le système de radars et de  missiles irakien en 2003. Les USA vont aussi rénover beaucoup des  anciens F-15 saoudiens.
 
L’accord inclut environ 70 hélicoptères Black Hawk UH-60  et près de 60 hélicoptères d’attaque Longbow Apache, ainsi que des  simulateurs de vols, des pièces détachées, et l’entretien sur le long  terme des avions et des hélicoptères. Il y a eu un autre accord plus tôt  dans l’année pour la fourniture de 2 742 missiles antichars à la Garde  Nationale Saoudienne.
 
C’est un des plus importants accords de vente d’armes  jamais conclu au monde et le premier accord important de fourniture  d’armes conclu avec l’Arabie Saoudite depuis 1992. Selon le Pentagone,  cet accord fait partie de l’effort pour "dissuader l’Iran et contrer Al  Qaida au Yémen".
 
Des hauts gradés de la défense américaine ont dit que  d’autres accords étaient en préparation avec d’autres alliés du Golfe.  L’année dernière les USA ont scellé un accord de 220 millions de dollars  avec la Jordanie pour la fourniture de plus de 80 lanceurs de roquettes  perfectionnées et un contrat de 338 millions de dollars pour 1 808  missiles antichars Javelin et 162 lance roquettes équipés de systèmes de  vision nocturne.
 
Un accord de 290 millions de dollars a été signé avec  les Emirats Arabes Unis (UAE) pour 1600 bombes "intelligentes" guidées  au laser, 800 bombes d’une tonne et 400 bombes capables de percer les  bunkers, un accord que Washington a justifié comme un renforcement des  états du golfe pour faire face "aux menaces de l’Iran".
 
Plus tôt dans l’année, l’administration Obama a annoncé  la vente de 24 avions de combat F-16 pour un coût de 3,2 milliards de  dollars à l’Egypte pour en faire -selon les mots mêmes du Pentagone- "un  partenaire plus efficace au Moyen-Orient". L’Egypte recevra quatre  batteries de missiles de croisière anti-navires hautement perfectionnés  Harpoon Block II, quatre rapides vedettes lance missiles "afin de mieux  défendre l’accès au Canal de Suez" et 450 missiles antichars Hellfire.  Les USA vont aussi vendre au régime de Mubarak 156 moteurs de jets pour  les jets F-16 d’une valeur de 750 millions de dollars. L’Egypte contrôle le passage du pétrole et des navires de guerre dans le  Canal de Suez. Selon Global Research, en juin dernier : "L’Egypte a  permis le passage d’un navire israélien et de 11 navires étatsuniens par  le Canal de Suez.... un signal clair pour l’Iran".
 
De plus les USA ont armé le gouvernement libanais contre  le Hizbollah et l’Autorité Palestinienne menée par le Fatah afin  d’affaiblir le rival du Fatah, le Hamas. Le Hisbollah et le Hamas sont  tous les deux soutenus par Téhéran et pourraient ouvrir un second front  contre Israël si Israël ou les USA attaquaient l’Iran.
 
Tout cela a été complété par des efforts pour éloigner  la Syrie de l’Iran en lui faisant miroiter des avantages divers, comme  un accord de paix définitif avec Israël.  La vente d’armes est la poursuite et le développement d’une stratégie  mise en place par l’administration de Bush pour renforcer les états  composés de Musulmans Sunnites contre l’Iran dont la majorité est  Shiite. Dans un rapport au Congrès, le Pentagone a expliqué que fournir  des armes de pointe aux pays arabes "faisait partie des efforts de  Washington pour renforcer l’axe modéré du Moyen Orient et affaiblir  l’Iran".
 
Une source américaine haut placée a confié à Haaretz :  "Nous croyons qu’il y a beaucoup de situations où la menace iranienne  nous oblige à renforcer les moyens de défense des états de la région".
 
Israël a protesté officiellement contre ces accords de  vente d’armes, exigeant que le Pentagone lui promette de "ne pas altérer  l’équilibre militaire de la région" et rappelant que le Congrès (qui  lui est entièrement dévoué NdT) a le pouvoir de bloquer les livraisons  d’armes qui pourraient nuire à la supériorité militaire israélienne.   Finalement les F-15 vendus aux Saoudiens ne seront pas équipés de  systèmes d’armes de longue portée ni d’autres armes pour répondre à la  demande d’Israël de maintenir son hégémonie militaire sur la région. Les  USA offrent à Tel Aviv 20 F-35, ses avions les plus perfectionnés,  qu’on appelle Joint Strike Fighter, équipés d’une technologie qui les  rend invisibles ce qui permettra à Israël d’échapper aux radars et aux  tirs anti-avions et leur donnera un important avantage si la Russie a  bien vendu à Téhéran des missiles anti-avions S-300 comme Téhéran l’a  annoncé la semaine dernière.
 
Washington est aussi en train de renforcer la défense  d’Israël en finançant la construction commune par Boeing et l’Industrie  Aérospaciale Israélienne de l’intercepteur anti-missile Arrow-3 à  hauteur de 100 millions de dollars plus 205 millions pour le système  anti-roquettes Iron Dome d’Israël. Ce dernier a pour but de constituer  pour Israël un bouclier protecteur contre les roquettes au cas ou l’Iran  ou un autre pays riposterait.
 
Les relations secrètes entre Israël et l’Arabie Saoudite  démentent les protestations officielles. Le 12 juin, le Times (de  Londres) a cité un haut gradé de la défense américaine selon lequel  Riyad avait accepté de laisser les bombardiers israéliens survoler son  territoire pour aller bombarder les installations nucléaires de l’Iran  et même "faire des essais pour s’assurer que les jets iraniens ne sont  pas alertés et ne décollent pas et que le système de défense  anti-missiles ne  se met pas en marche." "Tout sera fait en accord avec le Département d’Etat (des USA)" a-t-il  précisé.
 
Voilà les réalités politiques qui sous-tendent les  annonces de "pourparlers de paix" entre Israël et l’Autorité  Palestinienne. Ils ne sont qu’une couverture pour avancer les  préparatifs de guerre. Le Times de Moscou du 17 août a fait état de l’inquiétude d’un des  principaux rivaux des USA devant ces développements en ces termes : "La  situation politique dans la région et spécialement la politique  étrangère d’Israël soutenue par les USA pourrait conduire à de nouveaux  conflits armés locaux et aujourd’hui il y a toutes les chances qu’ils se  développent en une guerre régionale qui touchera de nombreux pays."
                            
                        
            
                
26 août 2010 - WSWS - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.wsws.org/articles/2010/a...
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet
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