jeudi 13 août 2009

Refus arabe et action israélienne

mercredi 12 août 2009 - 09h:45

Massoud Al-Hennawi - Al-Ahram/hebdo



Les Arabes doivent changer la politique de refus en politique dynamique d’action continue et effective.

(JPG)Le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayssal a bien fait de refuser des invitations américaines appelant à normaliser les relations avec Israël. Il a également refusé d’effectuer un quelconque pas visant à instaurer la confiance tant qu’Israël n’a fait aucune promesse concernant le retrait des territoires occupés. Et Amr Moussa avait lui aussi bien fait en assurant que les Arabes n’allaient présenter aucune offre à Israël pour l’encourager à présenter des sacrifices pour instaurer la paix.

Mais ce refus de la part des Arabes suffit-il pour donner un élan réel à la question palestinienne ?

Pour répondre à cette question, il suffit d’observer les mouvements d’Israël quand l’étau avait commencé à se resserrer autour de lui et quand le président Obama était sur le point de tourner le dos au gouvernement extrémiste de Netanyahu.

Avant tout, Netanyahu a envoyé son ministre des Affaires étrangères à Washington pour calmer la colère américaine, et surtout, pour tergiverser en faisant une proposition satanique selon laquelle la colonisation sera suspendue de façon provisoire tout en se concentrant sur le danger iranien.

Ensuite, le grand rabbin d’Israël a défié les Etats-Unis en annonçant que Washington ne respectait pas les préceptes de la Torah et visait à interdire aux juifs de construire leurs maisons sur la terre d’Israël. Il a également envoyé des messages aux chefs des communautés juives aux Etats-Unis, les appelant à avoir recours à leurs pouvoirs pour s’opposer à cette tendance. C’est alors qu’à peine, quelques heures après, 2 sénateurs ont commencé à collecter des signatures pour un message adressé à Obama l’appelant à faire pression sur les Etats arabes afin qu’ils entreprennent une initiative de paix envers Israël.

Puis, quelques heures après, 200 membres du Congrès ont envoyé un message au souverain saoudien l’appelant à normaliser les relations avec Israël.

Il est donc question d’un système complémentaire, d’un mouvement continu auxquels participent le gouvernement israélien, l’institution religieuse ainsi que différentes organisations. Cette coopération a réussi à changer les tendances de l’Administration américaine, passant d’une forte pression sur Israël pour arrêter la construction des colonies, à l’appel des Arabes d’entreprendre des pas sur la voie de la normalisation.

Il est donc clair que les Arabes doivent suivre la même méthode. Ils doivent changer la politique de refus en politique dynamique d’action continue et effective. C’est l’unique moyen de parvenir à leurs droits, même si leurs réclamations sont légitimes, et même si le président Obama croit en la justice de leurs droits.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 12 au 18 Août 2009, numéro 779 (Opinion)

Ce qui est exigé des Palestiniens ? La soumission...

mercredi 12 août 2009 - 06h:39

Generaldelegation Palaestinas



Pour l’arrêt éventuel de la construction de colonies, Israël exige l’annulation du plan de paix arabe de 2002, et le gouvernement US soutient cette orientation. Une analyse de Knut Mellenthin.

(JPG)
Un colon juif menace de son arme des Palestiniens lors d’une manifestation contre le vol de terres par la colonie juive de Bracha dans le village de Burin, en Cisjordanie, près de Naplouse - Photo : AP/Majdi Mohammed

Pour beaucoup, c’est « le plus grave rejet de toute une décennie » ou ce sont « les pires tensions publiques entre Israël et son allié le plus proche en presque deux décennies », comme l’écrit le quotidien Haaretz du 28 juillet. Il vise les divergences d’opinion entre les gouvernements des USA et d’Israël sur la politique de colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. La première indication se rapporte aux débuts de la fonction de Benjamin Netanyahou comme Premier Ministre, entre mai 1996 et mai 1999. Son protagoniste était alors le Président US démocrate William Clinton. La période la plus longue se rapporte au républicain George H.W. Bush, qui fut président des Etats-Unis de 1989 à 1993. Du côté israélien lui était opposé l’extrémiste de droite Yitzhak Shamir. Bush senior s’est violemment querellé avec Shamir à propos du comportement d’Israël dans les Territoires occupés et il a même tenté de faire jouer le levier financier pour réfréner la création et l’expansion de colonies juives. Il a finalement échoué devant la majorité du Congrès qui, sous l’influence du lobby sioniste s’oppose traditionnellement et par réflexe à toute pression sur Israël.

Beaucoup de commentateurs comparent la disposition de l’actuel Président US Barack Obama à se confronter publiquement au gouvernement israélien, avec le démocrate James Carter, qui gouverna les Etats-Unis entre 1977 et 1981. Il aida Israël à conclure une paix stratégiquement très importante avec l’Egypte (1979), mais en Israël il passe aujourd’hui encore pour un ennemi du peuple juif. En la personne de l’extrémiste de droite Menahem Begin, Carter avait un partenaire de négociation particulièrement dur.

C’est Uri Avnery qui a fait la comparaison sans doute la plus juste et historiquement la mieux fondée : « La question est de savoir si Obama a une force de persévérance telle qu’aucun précédent président ne l’a eue depuis Dwight Eisenhower ». Commandant suprême des Forces Alliées en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale, Eisenhower fut président des Etats-Unis entre 1953 et 1961. Il imposa le retrait d’Israël de la péninsule du Sinaï conquise en 1956 lors d’une guerre d’agression menée en concertation avec la France et l’Angleterre.

La comparaison avec Eisenhower ne vaut cependant que si l’on prête à Obama une forte disposition à mener une lutte de principe autour de l’ensemble de la politique et de la pratique israélienne vis-à-vis des Palestiniens. Mais dans la réalité, comme nous le montrerons ici, il ne saurait en être question. La comparaison même avec Eisenhower soulève la question de savoir si de nos jours un président étatstunien voudrait et pourrait encore s’aventurer dans une telle confrontation. Car pendant les cinquante dernières années, les relations entre les USA et Israël, de même que la constellation de la politique intérieure étatsunienne, se sont considérablement modifiées, ce que ne traduit que très vaguement la périphrase « special relationship ».

Les illusions quant au potentiel de politique étrangère d’Obama sont tenaces à gauche également, bien qu’en y regardant de plus près, ni les déclarations et actions actuelles ou antérieures du Président ne les cautionnent. Un examen superficiel pourrait indiquer qu’à une phase de grande harmonie américano-israélienne dans les huit années Bush succèderait une période de contradictions publiquement exprimées qui iraient en s’aggravant, et où le gouvernement US formulerait ses intérêts plus nettement qu’auparavant et s’apprêterait même à enfin aider les Palestiniens à obtenir justice.

Cherchez l’erreur : c’est tout simplement une illusion d’optique. Ce n’est pas le quai - les USA - qui bouge, mais bien le train : Israël. Etant donné le glissement à droite de la politique israélienne, Obama suscite dès à présent des conflits rien qu’en s’en tenant aux positions de son prédécesseur. Par ailleurs, ce n’est pas l’administration US qui introduit un ton de confrontation agressive dans les discussions avec celui qui est encore toujours son allié le plus proche. Obama et son équipe pour le Moyen-Orient s’emploient beaucoup à minimiser les dissensions. Il ne s’agirait pas de dispute mais de divergences d’opinion à dissoudre consensuellement, « entre amis », « en famille ». En outre les « obligations » des USA envers Israël seraient « inébranlables ».

C’est exclusivement la partie israélienne qui fait enfler le conflit. A l’extrême, il y a les proclamations croissantes des colons, où l’on entend les déclarations antiaméricaines et les insultes contre le Président US les plus odieusement racistes. Mais la rancœur et l’incertitude, face à une soudaine contradiction à Washington, se sont insinuées fort avant dans la société israélienne. Il y a le ministre Jossi Peled - membre du Likoud de Netanyahou - qui réclame le plus sérieusement du monde des sanctions contre les USA. Ainsi on pourrait dorénavant se tourner vers d’autres fournisseurs pour les achats d’armements. En même temps, Peled suggère de s’investir massivement dans les élections au Congrès US qui se tiennent l’an prochain et de soutenir les opposants à Obama. Il y a le chef du gouvernement Netanyahou qui soupçonne Obama de vouloir tout simplement provoquer un conflit avec Israël pour se faire aimer du monde arabe. Les journaux israéliens disent en outre que Netanyahou aurait invectivé d’importants conseillers et collaborateurs du président US comme « juifs qui s’autohaïssent ».

De nombreux commentateurs israéliens préconisent une importante « réorientation » des relations avec les USA, bien qu’en réalité ils sachent sans doute toujours ce que leur pays doit aux Etats-Unis. Pour parfaire le tableau, il y a des sondages : un Israélien sur deux croit qu’Obama favorise les Palestiniens, 36% le tiennent pour neutre et 6% seulement le voient comme pro-israélien. A la mi-mai, ces derniers étaient encore 31% (Jewish Telegraph Agency du 25.07.09).

Exigence minimale : l’arrêt des constructions

Pour Obama ces réactions violentes à ses propositions ne sont même pas indésirables. Car elles lui permettent de se présenter comme médiateur équitable, impartial, et qui en tant que tel, naturellement, se voit attaqué par les deux parties, mais surtout par l’israélienne.

Que le Président US, contrairement à son prédécesseur, ne soit critiqué ni par les politiciens palestiniens ni par les gouvernements arabes, mais soit au contraire courtisé voire flatté, cela facilite le mauvais jeu. C’est ainsi qu’Obama en réalité n’est exposé qu’à la pression d’une seule partie, la partie israélienne et sioniste - ce qui le pousse dans une direction déterminée. Les politiciens arabes considèrent traditionnellement qu’il est de bonne guerre de dire des gentillesses au gouvernement étatsunien. En Israël par contre, on sait que des états d’âme outrés associés à des insultes grossières peuvent être beaucoup plus productifs.

Obama reconnaît bien évidemment qu’il a à faire au gouvernement le plus à droite, le plus inaccessible à une solution de paix qu’il y ait jamais eu dans l’histoire d’Israël, et que « l’opinion publique » israélienne est elle aussi bien plus orientée à droite que jamais. C’est pourquoi il ne confronte pas d’emblée Israël à des exigences a priori irréalistes, qui pourraient améliorer la situation humanitaire et politique des Palestiniens, mais il a mis au centre de sa politique le gel (« freeze ») de la situation existante. La seule exigence à Israël que l’administration US lui présente maintenant avec une certaine insistance, est celle d’un arrêt, limité dans le temps, de la construction de toute colonie juive dans les Territoires occupés. Cela ne changerait absolument rien à la situation, mais empêcherait simplement pendant un certain temps la création de faits nouveaux qui rendraient plus impossible encore la naissance d’un Etat palestinien.

En fin de compte, dans un avenir proche, ce point suscitera de toute façon entre Washington et Jérusalem un compromis, qui au minimum tolèrera la poursuite d’un certain nombre de projets de construction déjà entamés et peut-être fera encore davantage de concessions à la partie israélienne. Selon les Israéliens, la limitation temporelle de l’arrêt des constructions serait de trois à six mois. Ensuite il pourrait à nouveau être levé, si les Palestiniens et les états arabes n’apportent pas ou pas suffisamment de « contreparties ».

Car le fondement de la proposition de gel d’Obama est que la partie arabe doit honorer la modeste « concession » israélienne avec des « mesures propres à construire la confiance ». Effectivement c’est l’élément fondamental qu’il a introduit dans le jeu par rapport à la politique de son prédécesseur républicain. En théorie, Israël s’est engagé dès 2003 vis-à-vis de l’ancien président George W. Bush, pendant les négociations de la feuille de route, à arrêter les constructions dans les Territoires occupés. Et cela sans limitation dans le temps et sans conditions préalables. Généralement selon l’avis de l’ONU toutes les colonies juives dans les territoires occupés sont de toute manière illégales.

Le monde arabe est coincé

Toutefois Obama attend maintenant des états arabes, en guise de contrepartie pour une mesure qui ne fait que fixer la situation existante contraire au droit des peuples, des « gestes » importants pour la normalisation de leurs relations avec Israël. « Nous n’attendons pas que les Israéliens fassent quoi que ce soit gratuitement » disait le Jerusalem Post du 7 juillet citant un haut responsable du Ministère des Affaires étrangères US - non désigné nommément - décrivant d’après lui les exigences de Washington au monde arabe : « Font partie des gestes proposés, que des dirigeants arabes aillent à Jérusalem et que des dirigeants israéliens soient reçus dans des capitales arabes. Les pays arabes doivent ouvrir des représentations d’intérêts [en Israël - KM] et développer leurs relations commerciales avec l’état juif. Les états arabes doivent garantir aux avions israéliens des droits de survol qui raccourcissent le temps de voyage des passagers. Les Israéliens et les arabes doivent promouvoir de concert des projets humanitaires et culturels ». Par ailleurs, sur cette voie, les états arabes doivent encore être amenés à participer à une coalition de boycott et de guerre contre l’Iran.

L’arrière-pensée stratégique de l’administration Obama, qui à cet égard s’harmonise et coopère totalement avec le gouvernement israélien, est la destruction du plan de paix arabe lancé en 2002 par l’Arabie saoudite. Sa déclaration de principe est sans ambiguïté : un marchandage de compensations politiques par lequel Israël se retire de tous les territoires occupés en 1967 et le monde arabe normalise ses relations avec Israël. Dans la proposition d’Obama, la partie arabe ne peut que perdre : soit elle abandonne son unique atout pour la simple fixation - en outre limitée dans le temps - de la situation existante, soit elle est une fois de plus coupable, si le « processus de paix » ne progresse pas. Sans doute l’un et l’autre vont-ils même aller de pair, ce qui aggraverait encore plus les dissensions et l’impuissance d’action existantes des états arabes.

Le 27 juillet, le Ministère des affaires étrangères a confirmé que ces deux derniers mois le Président avait envoyé des lettres à plusieurs gouvernements arabes, dans lesquelles il exige, en échange de l’arrêt des constructions de colonies, qu’ils soutiennent « des mesures propres à construire la confiance » vis-à-vis d’Israël. On cite l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, Bahreïn et les Emirats Arabes Unis. Obama a envoyé une lettre séparée au roi du Maroc, qui traditionnellement entretient d’assez bonnes relations avec Israël. Le Président lui a demandé « d’être le leader de la levée des obstacles entre Israël et le monde arabe ».

L’exigence posée aux états arabes après normalisation des relations sans véritable contrepartie israélienne dans la question palestinienne serait déjà politiquement inacceptable dans des circonstances normales. Dans la situation actuelle, caractérisée depuis l’accession au pouvoir de la coalition Netanyahou par une campagne de discrimination d’extrême droite contre les citoyens arabes d’Israël - près d’un cinquième de la population totale du pays - elle constitue une impudence extrême. Jusqu’à présent, ni les arabes ni en particulier les Palestiniens n’y ont réagi raisonnablement ne serait-ce qu’en partie.

* L’exigence du parti gouvernemental « Israël Beitenou » (Israël notre maison ») d’introduire comme préalable à la citoyenneté d’Etat un « serment de loyauté » au caractère juif et sioniste d’Israël ne risque pas pour le moment d’obtenir la majorité dans le gouvernement, mais elle n’a pas du tout été abandonnée. Israël Beitenou, mené par le Ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, est le deuxième parti fort de la coalition.

* L’exigence posée par plusieurs partis de pénaliser la notion de « Nakba » (« catastrophe ») est toujours d’actualité. Les Palestiniens désignent ainsi la fondation d’Israël et la guerre de 1947 à 1949, associées à l’expulsion de force d’au moins 700.000 personnes d’origine arabe hors du territoire du nouvel état. Une loi récemment votée prescrit que les organisations qui utilisent la notion de « Nakba » ne pourront obtenir de financements publics.

* En outre le mot Nakba ne pourra plus figurer dans les manuels scolaires destinés à la partie arabe de la population. Israël Beitenou veut imposer que les programmes d’enseignement pour les écoliers et écolières arabes soient modifiés de manière qu’ils n’apprennent pratiquement plus rien sur l’histoire de leurs parents et de leurs aïeux, mais que l’histoire du sionisme soit une matière obligatoire. L’hymne national, complètement imprégné de l’esprit sioniste devra obligatoirement être enseigné aux enfants arabes.

* Le Ministre du transport Israël Katz (Likoud) veut supprimer les mentions anglaises et arabes des panneaux indicateurs de rues et de localités. Ceux-ci devront être écrits uniquement en hébreu. Cela vaudrait également pour des lieux qui non seulement ont un passé clairement arabe mais qui aujourd’hui aussi sont majoritairement habités par des citoyens arabes.

Les Palestiniens sont les perdants

L’administration Obama, sans doute soucieuse de préserver le caractère « familier » de la « special relationship », n’a fourni aucun commentaire critique de ces mesures ou projets. De la part des politiciens palestiniens, le Président US, son émissaire spécial au Moyen-Orient George Mitchell et les autres membres de son équipe attendent expressément et en permanence qu’ils empêchent toute propagande incitative (« incitement ») contre Israël, comme mesure propre à construire la confiance. Comme toujours, une exigence correspondante adressée à la partie israélienne - surtout sur ce ton d’ultimatum arrogant - est inimaginable, comme toujours. De simples approches en ce sens déclencheraient une tempête de protestations du lobby israélien et des médias étatsuniens dominants contre le Président.

Ces mesures et desseins sionistes montrent clairement ce que veut dire Netanyahou quand il exige en préalable à un Etat palestinien autorisé dans les Territoires occupés « la reconnaissance palestinienne ferme et sincère d’Israël en tant que patrie du peuple juif ». Ce sont les termes du discours que le Premier Ministre a prononcé le 14 juin au Centre Begin-Sadate de l’Université Bar-Ilan. Netanyahou y avait introduit pour la première fois le concept « Etat palestinien » qu’il refusait encore expressément pendant la campagne électorale. Il l’avait cependant chargé d’une série de conditions préalables qu’un politicien palestinien ne peut très probablement pas accepter et n’acceptera pas sans se discréditer totalement.

Le succès a donné raison au premier ministre : lors d’un sondage effectué après le discours, 71% des juifs israéliens approuvaient le discours. A peu près autant (70%) ne donnaient aucune chance réaliste à un Etat palestinien dans un futur proche, comme l’annonçait l’agence Reuters le 16 juin.

Obama loua le discours de Netanyahou comme l’entrée dans « des conversations sérieuses » et en fit valoir les « aspects positifs », sans entrer concrètement dans les conditions posées par le chef du gouvernement israélien, mais en les qualifiant d’une manière générale comme l’objet de futures négociations. Le responsable presse de la Maison Blanche, Robert Gibbs, parla dans l’édition du 14 juin de Haaretz d’un « important pas en avant » salué par le Président.

Les réactions palestiniennes ont été totalement différentes : Saeb Erekat, le négociateur en chef du Président Mahmoud Abbas, a déclaré : « Le discours de Netanyahou a claqué la porte à des négociations sur un statut permanent [plus précisément une solution biétatique - KM]. Nous appelons le monde à ne pas se laisser égarer par le fait qu’il a utilisé le concept « Etat palestinien », car il l’a dévalorisé. Il a déclaré Jérusalem capitale d’Israël, il a dit qu’il n’y aurait pas de négociation sur les réfugiés [le droit de retour - KM] et que les colonies continueraient d’exister. Le processus de paix a avancé à la vitesse d’une tortue. Ce soir, Netanyahou l’a retournée sur le dos » (Al Jazeera du 16 juin).

Ce constat est objectivement pertinent. Cela n’empêchera sans doute pas les politiciens palestiniens, même dans les conditions actuelles, d’accepter de faire bonne figure dans cette mauvaise passe et d’essayer de s’adapter à la constellation. Pour la reprise des négociations interrompues par le massacre de Gaza, Abbas n’a posé qu’une seule condition : le gel des travaux de construction dans les colonies. Dès qu’un accord sera atteint sur ce point entre Washington et Jérusalem, aussi mauvais qu’il puisse être du point de vue palestinien, Abbas admettra très probablement que sa condition est remplie.

Faute de quoi les Palestiniens se verront à nouveau chargés de la faute d’avoir fait échouer une occasion supposée grandiose par « l’opinion publique internationale ». Quoi qu’il en soit : dans la stratégie habilement conçue d’Obama, ils sont de toute manière les perdants.

4 août 2009 - Source : Junge Welt - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.palaestina.org/news/beit...
Traduction de l’allemand : Marie Meert

Le peuple palestinien à Gaza se prépare à accueillir le mois de Ramadan à l'ombre de la pauvreté et du chômage sous le blocus israélien

11 Août 2009

Gaza / Les habitants de Gaza vivent ces jours-ci une phase marquante dans l'histoire du blocus israélien dont ils souffrent depuis plus de trois ans, la chose qui fait de leur attente de Ramadan, attendu dans quelques jours, un grand tracas en raison de la pauvreté et du chômage causés par ce blocus.

L'agence /Palestine maintenant/ indique aujourd'hui que les dernières statistiques ont signalé que /80%/ des habitants de Gaza vivaient sous la ligne de la pauvreté, et /65%/ souffrent du chômage.

Plus d'un million et deux cents mille citoyens palestiniens à Gaza vivent grâce aux assistances apportées par l'/UNRWA/, le programme mondial de la nourriture et les différentes institutions arabes, islamiques et internationales, ajoute l'agence.

M. Jamal al-Khudari, président du comité populaire de la lutte contre le blocus, a indiqué que le blocus israélien vise à augmenter les taux de pauvreté et du chômage pour que la bande de Gaza reste dans cet état de misère.

De son côté, M. Ahmad al-Kurd, ministre du travail au gouvernement palestinien limogé, a souligné que la pauvreté et le chômage à Gaza est un résultat normal du blocus, disant: "Notre problème réside dans l'occupation et le blocus, et nos exigences consistent en l'ouverture des passages, la levée du blocus et l'abolissement de l'occupation".

M. Maher al-Tabaa, ministre des relations publiques de la chambre de commerce palestinien, a affirmé que le spectre de la pauvreté couvre actuellement la bande de Gaza et touche /90%/ de ses habitants, et ce, après le gel de l'exécution des projets de construction et d'infrastructure de montant de /370/ millions $, du fait de la manque des matières de construction.

Il a ajouté que les taux du chômage ont élevé à /75%/, alors que /75/ mille employés qui travaillaient dans des sociétés et des institutions du secteur privés ont été renvoyés.

"Il faut déclarer la bande comme région sinistrée dans les domaines économique, social et sanitaire", a-t-il précisé.

Il a appelé, enfin, les institutions internationales appuyant le peuple palestinien à fournir des programmes d'aides urgents pour faire face à la hausse des taux de chômage et de pauvreté au sein de la société palestinienne.

A. Chatta / L.A.

sana.sy

Al-Mouallem rencontre la commission onusienne d'enquête sur les pratiques israéliennes

12 Août 2009

Damas / Le ministre des AE, /Walid al-Mouallem/, a examiné avec la délégation de la commission d'enquête sur les pratiques israéliennes relatives aux droits de l'homme dans les territoires arabes occupés, présidée par /Ali Hamidoune/, à l'aune de la poursuite des violations dangereuses dans les domaines des droits de l'homme et des actes répressives perpétrés par les autorités de l'occupant.
Il était question également de la nécessité pour la communauté internationale d'assumer ses responsabilités pour aider la population de Gaza dans la levée du blocus et dans l'acheminement des aides humanitaires et des matières de la reconstruction de Gaza.
M. Hamidoune a fait part des sentiments de désespoir et de colère éprouvés par la population de Gaza, comme il mentionné les pratiques des colons israéliens à l'encontre des Palestiniens comme les nuisances et les préjudices quotidiens l'expulsion du peuple palestinien en Cisjordanie, de même les creusements sous la mosquée d'al-Aqsa, de qui la menace d'un réel effondrement.
Pour sa part, M. al-Mouallem a affirmé que la poursuite par Israël de ses pratiques racistes à l'encontre des citoyens arabes dans les territoires arabes occupés prouve le désintéressement et le non sérieux quat à la réalisation de la paix dans la région, soulignant par la même occasion les souffrances et les violations dont font l'objet les détenus syriens dans les geôles israéliennes.
Dans des déclarations à l'agence /SANA/, M. Hamidoune a indiqué que sa délégation a eu des entretiens intensifs avec le ministre al-Mouallem sur ce que rencontrent les syriens au Golan sous occupation, y compris la situation des détenus golanais dont certains avaient ont passé plus de /25/ ans d'emprisonnement et souffrent de plusieurs maladies et la possibilité de résoudre leurs problèmes avec l'apport de la communauté internationale.
"Les entretiens ont porté sur le devoir de la communauté internationale à l'égard de nos frères à Gaza qui souffrent des aléas du blocus israélien et qui ont besoin d'aides humanitaires pour reconstruire leurs maisons et leurs écoles à la place des tentes et des abris précaires, comme on a abordé la situation en Cisjordanie et les pratiques continues des colons israéliens à l'encontre du peuple palestinien, a-t-il ajouté.
Et sur la mission de la commission onusienne et le refus répété par Israël de la recevoir, M. Hamidoune a indiqué que cette commission a été installée depuis /41/ ans pour enquêter sur les pratiques et les violations israéliennes vis-à-vis dans les territoires palestiniens et arabes sous occupation et que la mission de cette commission est de transmettre des rapports et des recommandations à l'ONU pour qu'elles soient adoptées et appliquées.
"Nous avons constaté une multiplication des acte de violations et d'agressions cet été dans la bande de Gaza, alors que la situation déjà mauvaise s'est empirée davantage", a-t-il ajouté.
T. Slimani
sana.sy

Les ministres israéliens divisés sur une libération de Barghouthi

13/08/2009


Les ministres israéliens étaient divisés hier sur une possible libération de Marwan Barghouthi, symbole de l'intifada, détenu en Israël et qui a fait une entrée en force au sein de la direction du Fateh. Condamné par un tribunal israélien à cinq peines de prison à perpétuité, M. Barghouthi, 50 ans, secrétaire général du Fateh en Cisjordanie, a été élu lundi dernier pour la première fois au comité central, la principale instance dirigeante de ce mouvement, lors d'un congrès à Bethléem en Cisjordanie. « Il faut le libérer immédiatement et s'asseoir avec lui, personne d'autre que lui n'est capable de prendre des décisions difficiles », a affirmé à la radio publique le ministre du Commerce et de l'Industrie Binyamin Ben Eliezer. La libération d'un tueur « ne nous amènera pas à la paix », a en revanche affirmé la ministre de la Culture et des Sports Limor Livnat, du Likoud.
m'orient le jour

La composition de la nouvelle direction du Fateh se fait attendre

13/08/2009

Des employés de la commission électorale du Fateh dépouillent les votes pour le Conseil révolutionnaire.  Musa el-Shaer/AFP
Des employés de la commission électorale du Fateh dépouillent les votes pour le Conseil révolutionnaire. Musa el-Shaer/AFP
PROCHE-ORIENT La formation du Conseil révolutionnaire sera connue d'ici à la fin de la semaine en raison du recomptage possible des bulletins de vote pour éviter toute contestation.

Le Fateh parachevait hier la mise en place d'une nouvelle direction après avoir rajeuni sa principale instance lors du premier congrès en 20 ans. Les scrutateurs ont commencé le dépouillement des votes pour le Conseil révolutionnaire composé de 120 membres, dont 80 sont élus et les 40 autres désignés par la nouvelle direction. La composition du Conseil révolutionnaire, au vu du système complexe de désignation en vigueur au Fateh et du recomptage possible des bulletins de vote pour éviter toute contestation, ne sera probablement pas connue avant 48 heures, déclare-t-on de source proche de responsables électoraux. Cette instance est la deuxième en importance du Fateh derrière le Comité central qui a été aussi renouvelé par les quelque 2 000 délégués participant au congrès qui s'était ouvert le 4 août à Bethléem en Cisjordanie. Cette élection a permis une entrée en force des cadres de la nouvelle génération du Fateh au profit de caciques du parti, avec l'élection notamment de Marwan Barghouthi, figure de proue du mouvement, emprisonné à vie en Israël et d'hommes à poigne issus de l'establishment sécuritaire comme Mohammad Dahlane et Jibril Rajoub. « C'est un résultat inattendu. C'est un grand, un immense changement », s'est félicité Nasser al-Kidoua, neveu de Yasser Arafat, ancien représentant de l'OLP aux Nations unies et nouvel élu au comité central, dont il est un des symboles, à 50 ans, du profond rajeunissement.
Parmi les « anciens » en vue chassés du comité central figure l'ex-Premier ministre Ahmad Koreï (alias Abou Alaa), ancien compagnon de route de Arafat et coartisan avec le président palestinien Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen) des accords d'autonomie conclus en 1993 à Oslo.

Le comité central compte 23 membres, dont son chef, M. Abbas, qui a été plébiscité samedi. Dix-huit autres membres ont été élus par les délégués et les quatre restants seront désignés par la direction. M. Abbas, un dirigeant pragmatique qui prône un règlement négocié du conflit avec Israël, dirige le Fateh depuis la mort en 2004 de son fondateur et chef historique Yasser Arafat.
Selon des analystes, la tenue sans accroc majeur du congrès pour la première fois en vingt ans et la composition du nouveau comité central ont renforcé M. Abbas au sein d'un parti qui était miné par les luttes de clans et le manque de discipline. « Le grand vainqueur des élections est le président Abou Mazen qui a réussi à mener à bien le congrès, à régler de nombreux problèmes et à mettre en échec une scission qui menaçait », écrivait hier dans un éditorial Hafez al-Barghouthi, rédacteur en chef du journal al-Hayat al-Jadida, publié par l'Autorité palestinienne. « Le deuxième vainqueur est Marwan Barghouthi, qui a reçu un important mandat populaire en dépit de la campagne hostile dont il a fait l'objet avant et pendant le bongrès », ajoute-t-il.
Le Fateh monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le Hamas qui l'a ensuite délogé par la force de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite depuis à la Cisjordanie occupée par Israël. Dans son programme politique adopté samedi, le Fateh a rappelé « son attachement à l'option d'une paix juste » avec Israël, tout en réitérant « le droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, conformément à la loi internationale ». Cette plate-forme lui a valu des critiques en Israël. Le congrès sera clos officiellement après l'annonce, attendue d'ici à la fin de la semaine, des résultats de l'élection du Conseil révolutionnaire.
l'orient le jour

Netanyahu exclut une reprise du dialogue avec Damas via Ankara

13/08/2009

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a exclu catégoriquement hier de reprendre les pourparlers de paix indirects avec la Syrie par l'intermédiaire de la Turquie, estimant que cette méthode n'avait donné aucun résultat. Les deux pays avaient repris l'an dernier via le gouvernement d'Ankara des négociations interrompues depuis huit ans, mais elles ont été suspendues à la suite du lancement de l'offensive d'Israël contre le Hamas à Gaza, en décembre dernier.

Le nouveau gouvernement israélien, qui a pris ses fonctions en mars, a seulement offert d'engager des négociations directes avec la Syrie, sans condition préalable, alors que Damas réclame qu'Israël accepte auparavant le principe de la restitution du plateau du Golan occupé depuis la guerre de 1967. L'État hébreu insiste aussi pour que la Syrie prenne ses distances avec l'Iran, le Hezbollah et le Hamas, une exigence rejetée par le président syrien Bachar el-Assad qui a dit ne prévoir aucune percée avec Israël avec Netanyahu au pouvoir.
l'orient le jour

Israël pourrait frapper l’Iran pour retarder la bombe

13/08/2009


Israël est convaincu qu'une frappe militaire préventive serait susceptible de « retarder sensiblement » le programme nucléaire militaire supposé de l'Iran, a rapporté hier en une le quotidien israélien à grande tirage Maariv. Sous une photo du Premier ministre Benjamin Netanyahu prise la veille dans le cockpit d'un chasseur-bombardier à longue portée F-15I, Maariv précise que, selon « une source haut placée à la Défense », Israël pourrait procéder à une telle intervention sans l'accord des États-Unis, mais qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps. Israël soutient les efforts engagés par le président Barack Obama pour persuader Téhéran de renoncer à ses activités nucléaires sensibles et, selon le responsable cité par Maariv, il y a lieu d'attendre que l'administration américaine en arrive à « désespérer de l'efficacité du dialogue ». Mais, ajoute-t-il, les Iraniens s'emploient actuellement à fortifier et dissimuler leurs installations dans l'optique d'une frappe aérienne. « L'option militaire est réelle ; elle est à la disposition des dirigeants d'Israël, mais le temps joue contre eux », affirme-t-il.
l'orient le jour

Les Affaires de l’Occupation

publié le mercredi 12 août 2009

MA’AN Development Center
Il y a plus de soixante ans, l’occupation israélienne a réussi à accaparer la terre palestinienne. Elle continue sur sa lancée en volant en plus les noms.

Introduction

Il y a plus de soixante ans, l’occupation israélienne a réussi à accaparer la terre palestinienne. Elle continue sur sa lancée en volant en plus les noms. Jaffa, par exemple, est utilisé comme un de ses labels sur le marché mondial.

Le nom israélien, est une marque coloniale florissante lancée sur le marché dans plus de 11 pays européens par Agrexco. Cette compagnie est le plus important distributeur de légumes, fruits et denrées alimentaires produits sur le sol palestinien volé et par le travail palestinien, lui aussi volé.

L’implantation des colonies agricoles dans les territoires occupés depuis 1967, l’annexion de plus de 300 villages pour la construction du mur de séparation et la fermeture de la bande de Gaza font partie de la politique israélienne pour avoir plus de contrôle sur les territoires palestiniens et pour exploiter les travailleurs vulnérables. Le gouvernement israélien soutient de grandes compagnies comme Agrexco en favorisant l’implantation de colonies illégales en Cisjordanie et en appliquant des mesures discriminatoires : frontières imposées entre les villes palestiniennes et contrôle total des frontières vers les marchés internationaux.

Agrexco tire profit de la politique de colonisation israélienne et récolte le fruit des implantations de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est. En 2005, par exemple, le ministre israélien de l’agriculture a lancé un programme s’élevant à des millions de dollars pour augmenter le nombre de colons dans la vallée du Jourdain en créant de nouvelles colonies agricoles. En construisant ainsi plus de 51 colonies agricoles (moshav en Hébreu) et encore 27 colonies agricoles en coopérative en Cisjordanie, Israël intensifie contre les palestiniens ses attaques et sa violation des droits de l’homme et du droit international. Cela englobe la destruction des baraques où les fermiers et la population locale peuvent vendre et acheter les produits agricoles, la destruction des étables, la confiscation du sol empêchant les résidents d’accéder à leurs propres terres et le contrôle de tout mouvement par de nombreux check-points. Cependant les colons, eux, « apprécient » de vivre sur la terre fertile palestinienne et reçoivent des avantages et des primes comprenant 75% de réduction sur l’électricité et le transport. L’eau est confisquée aux Palestiniens et gratuite pour les colons israéliens.

A l’opposé, les Palestiniens de la vallée du Jourdain souffrent du harcèlement de 5.283 colons israéliens répartis en 36 colonies qui contrôlent les ressources d’eau et les terres fertiles. Ces villages là sont construits sur la terre palestinienne par le biais de sa confiscation. Par exemple, les forces israéliennes ont confisqué 1000 dunums de Tubas sur ordre militaire s’appuyant sur la loi des « propriétaires absents ». Les résidents de Al Aqaba n’ont le droit d’utiliser que 0,1% de leur terre ou 20 dunums. Les militaires israéliens ont également ordonné à plus de 120 personnes à Al Hadidiya de quitter leurs terres et ont interdit à Tamoun et aux villages avoisinants d’utiliser les puits d’eau prétendant qu’ils étaient sous le contrôle des colonies et des colons.

Avant 1967, les Palestiniens utilisaient l’eau du Jourdain grâce à 140 pompes qui ont été toutes confisquées ou détruites pendant et après cette guerre. De surcroit, Israël a saisi les vastes étendues irriguées de la vallée du Jourdain utilisées par les Palestiniens, les revendiquant comme « zones militaires ». Par la suite, elles ont été transmises aux colons israéliens.

Ce sont de petits exemples des constantes souffrances et de la violation des droits de l’homme que subissent les habitants de la Vallée du Jourdain.

Le contexte

Carmel-Agrexco est la marque nationale israélienne de produits frais qui exporte le label Carmel sur les fruits, légumes, agrumes, fleurs, poissons, viande. Cette année, le Label Carmel concerne 2 350.000 tonnes de produits frais et de fleurs exportées vers plus de 11 pays de la planète. Son chiffre d’affaire s’élève à plus de 580 millions de dollars U.S. 50% de la compagnie Agrexco appartiennent à l’Etat d’Israël, 25% sont représentés par les agriculteurs israéliens et 25% appartiennent à la coopérative Tnuva.

Agrexco « revendique » des produits issus d’une « production de valeur qui tient compte d’une responsabilité sociale » envers les consommateurs et les producteurs. Sa création date de 1956 et le label Carmel peut se trouver dans les supermarchés d’Europe, d’Amérique Latine, d’Amérique du Nord, du Japon, de Singapour et de Hong-Kong. Son quartier général est à Tel-Aviv et plus de 10 succursales sont actives à Londres, Francfort, Paris, Rotterdam, New York, Zurich, Vienne, Madrid et Milan.

Le but de Carmel est de travailler avec les meilleurs producteurs d’Israël « amoureux de la terre, au regard continuellement tourné vers l’avenir ». L’ironie est que la compagnie atteint son but en utilisant plus de 60 à 70% de la production agricole provenant des colonies situées sur les terres palestiniennes occupées, en particulier celles de la vallée du Jourdain. Cette production est exportée sous différentes appellations telles que Carmel, Carmel Bio Top (production bio), Jaffa Jordan Plains, Alesia et Coral.

La Grande Bretagne est l’un des plus importants débouchés pour Agrexco et représente 60% de ses exportations vers l’Europe. Ses produits que divers supermarchés européens ont en rayon souvent mentionnent à tort « made in Israël ». Cependant, Agrexco affirme que 90% de ses produits proviennent d’Israël, 5% des territoires occupés palestiniens (les colonies israéliennes de Cisjordanie) et 5% d’ailleurs. Les marchés Agrexco en Europe montent en flèche habituellement durant quelques fêtes internationales telle que la Saint-Valentin le 14 février. Cette occasion est une des plus fructueuses de l’année car Agrexco vend des tonnes de fleurs.

Coup de projecteur sur l’accord commercial entre Israël et l’Union européenne.

Un nouveau traité entre Israël et l’Union européenne est signé en novembre 1995, remplaçant celui de 1975. Il inclut des éléments supplémentaires pour resserrer les liens économiques et politiques. Le Ministre Israélien des Affaires Etrangères déclare que politiquement, ce traité appelle à « un dialogue régulier à différents niveaux, ministériel, haut-fonctionnaires, diplomates, pour le développement d’un partenariat durable et pour renforcer la compréhension mutuelle et la solidarité ».

Sur le plan économique, cet accord tend à étendre les paramètres de l’existence d’une zone franche d’échange en mettant à jour les règles d’origine, en les rendant plus flexibles et en simplifiant les conditions du marché. L’accord de l’Association Israël-Union européenne stipule également un nouvel élément touchant la libéralisation des services du marché des capitaux et le droit de monter des sociétés israéliennes au sein de l’Union européenne.

Dans cet accord commercial, Israël a été accepté comme un membre à part entière du programme de l’Union européenne de recherche et développement (R & D). Cet accord ade R & D permet à Israël de faire partie du comité R & D (sans le privilège du vote cependant). Ce programme offre avant tout une vaste couverture des activités de recherches commerciales ainsi qu’une recherche académique sur fonds publics. A présent, Israël est une des deux nations, avec la Suisse, à pouvoir prendre part aux projets de R & D sans faire partie de l’Union européenne. Israël est membre de Framework Programs (programme de structures) N° 4, 6,7 (FP4, FP6, FP7).

Cet accord permet également aux compagnies israéliennes de participer aux appels d’offre dans l’Union européenne.

Israël a également signé un premier protocole avec la European Investment Bank (EIB) dans les années 70 et a signé un protocole complémentaire en juin 2000. Cette banque a un accord de structure financière avec 12 pays méditerranéens participant au Processus de Barcelone , qui n’a pas de budget spécifique dans le domaine des infrastructures. En juin 2000, Israël a signé un accord de structure (Framework) avec la banque EIB qui lui accorde des prêts pour ses projets. Cet accord inclus les projets d’infrastructures et d’environnement. Un fait mérite d’être souligné, à savoir que E.I.B. a été fondé en 1958 pour des buts non lucratifs et ses ressources budgétaires proviennent des fonds monétaires des pays membres de l’Union européenne.

En l’an 2000, le parlement de l’Union européenne a voté la suspension de l’accord de l’Europe avec Israël à cause des manquements de ce pays envers les droits de l’homme. De même, à cause des continuelles violations des droits de l’homme par Israël, les membres du parlement européen ont voté en décembre 2008 contre la promotion ou le rehaussement de cet accord.

Les profits tirés de l’occupation par Agrexco

En mai 2005, la compagnie annonce qu’elle va exporter ses premières cargaisons de figues Carmel vers l’Europe. Ces grosses figues noires sont produites à Neot Hakikar, une colonie agricole bâtie sur les terres palestiniennes au sud de la Mer Morte et relevant de la juridiction du Conseil Régional de Tamar. La compagnie annonce également que les figues de Masha, un village palestinien dans la vallée du Jourdain, seront exportées vers divers pays, tels l’Italie, le Royaume Uni, la Russie, l’Extrême Orient et l’Afrique du Sud.

Ceci est un exemple mineur des violations par la compagnie des lois du marché international et de l’exploitation des terres des Palestiniens ainsi que de leur travail. Un bon nombre de Palestiniens qui ont perdu leurs terres, en raison de la construction du mur de séparation ou de l’expansion des colonies de Cisjordanie, sont actuellement employés par Agrexco Carmel dans des établissements d’emballage. Les établissements sont situés dans les colonies construites sur les terres palestiniennes confisquées aux communautés auxquelles appartiennent ces fermiers vulnérables. Les employés sont habituellement sous-payés, pas plus de 30 shekels par jour (5,4 €), n’ont aucune assurance-santé, ni payées pour congé-maladie ou congé. Les fermiers palestiniens n’ont aucun accès au marché international à cause des restrictions israéliennes sur les déplacements et de leur contrôle total des frontières. Ces fermiers sont obligés de travailler ou dans les établissements d’emballage ou dans les champs israéliens. Ils perçoivent des gages minimes qui ne leur permettent pas de subvenir aux besoins de leurs familles.

Israël a isolé les fermiers de la vallée du Jourdain des marchés arabes, les réduisant à être dépendant du marché israélien tant pour l’exportation que pour le commerce avec le marché local palestinien. En confisquant la terre et en rendant l’eau inaccessible, Israël a réduit les fermiers palestiniens à être des travailleurs mercenaires sous payés dans les colonies. Les Palestiniens récoltent les produits, les conditionnent et doivent lutter pour les faire passer aux check-points militaires israéliens pour 35 shekels israéliens par jour.

Tout à l’opposé, les colons de la vallée du Jourdain jouissent de privilèges exceptionnels accordés par le gouvernement israélien pour les encourager à occuper la terre et à se servir des ressources naturelles également. Le développement de l’agriculture dans les colonies comprend l’exemption d’impôts, une indemnité mensuelle pour chaque famille de colons vivant dans la vallée du Jourdain et 70 dunums autour de chaque maison pour des raisons de « sécurité ». Certaines de ces colonies (8 d’entre elles) ne comportent pas plus de 20 familles israéliennes jouissant de vastes domaines agricoles avec toutes les commodités : eau, électricité, sécurité et surtout l’accès aux marchés européens et internationaux. Leurs produits se trouvent en rayon dans divers supermarchés et épiceries en Europe, trompeusement étiquetés « produits d’Israël », rendant ainsi impossible l’identification précise de leur véritable provenance.

Agrexco est le 1er et le plus grand exportateur des produits des colonies israéliennes de Cisjordanie. Les informations montrent que 70% de ses exportations proviennent des territoires occupés palestiniens. Les produits frais, fruits et légumes, sont achetés et emballés dans les colonies, en particulier celles de la vallée du Jourdain. Cette compagnie exporte également vers l’Europe des produits frais de Gaza, tels les œillets, les tomates-cerises et les fraises. L’étiquetage de ces denrées « Produits de Cisjordanie » trompent les consommateurs et font fi de la différence entre oppresseurs et oppressés. La compagnie a également commencé à utiliser des formes d’étiquetages très subversifs en employant les termes « Produits d’Israël Vallée du Jourdain ». De cette manière, les consommateurs pensent acheter les produits des fermiers palestiniens alors qu’ils achètent en réalité les produits des colons. Une autre forme d’étiquetage concerne la production de dattes. Des supermarchés en Europe utilisent le label « Dattes de Cisjordanie » faisant ainsi croire aux consommateurs qu’ils soutiennent les fermiers palestiniens. Cet étiquetage n’indique pas si ces denrées importées proviennent des fermiers palestiniens ou de négociants israéliens. Cette compagnie, comme n’importe quelle autre compagnie israélienne en Europe continue à trouver le moyen de contourner l’étiquetage pour tromper le consommateur très porté sur l’origine des produits qu’il achète. Aussi, une campagne de grande envergure est-elle nécessaire en Europe de la part des citoyens pour empêcher les importations de produits des colonies israéliennes et de soutenir le « boycott des produits israéliens ».

De plus, les groupes internationaux de solidarité sont appelés à intensifier la prise de conscience des citoyens européens sur l’impact de l’achat des produits israéliens sur les fermiers palestiniens sans défense. Carmel Agrexco est approvisionné par les colonies de toute la Cisjordanie. Ro’i est l’un de ces grands villages de la vallée du Jourdain près de deux villages bédouins, Al-Hadidiya et Humsa. Humsa a été rasé deux fois en 2007, avec la destruction des maisons, des citernes d’eau et des étables. Cette destruction inhumaine a laissé 25 personnes sans abri sous un soleil de plomb et Al Hadidiya a fait face à des déplacements successifs depuis 2007 dont l’un de plus de 100 personnes en mai 2008. Les colons envisagent d’utiliser Al Hadidiya et Humsa pour l’expansion de leur entreprise agricole et la fourniture de denrées prévues pour être exportées par Agrexco. Cette compagnie a des réserves dans toutes les colonies de la vallée du Jourdain. Al Hadidiya et Humsa sont juste des exemples de la souffrance continuelle des fermiers palestiniens.

En janvier 2008, le Président de la région Languedoc Roussillon en France a annoncé l’implantation à Sète d’Agrexco promettant la création de 200 emplois et un plan d’investissement de plus de 200 millions d’euros pour les 10 prochaines années. Ceci indique que la France rejoint les autres pays qui acceptent les succursales de cette compagnie qui tire profit de la colonisation et de commercer avec elle. Aussi, des groupes internationaux de solidarité sont nécessaires pour accroître la sensibilisation des citoyens européens aux conséquences de l’achat de produits « made in Israël » en général et de la production d’Agrexco en particulier. Les citoyens européens doivent se rendre compte que l’achat de produits Carmel Agrexco apporte son soutien à cette compagnie et encourage le gouvernement israélien à confisquer de plus en plus de terres pour l’expansion des colonies agricoles dans la vallée du Jourdain. Acheter ces produits encourage la compagnie à exploiter davantage les ouvriers palestiniens qui travaillent dans les établissements d’emballage ou à la récolte des fleurs en leur refusant les droits de l’homme les plus élémentaires. Plus la compagnie est florissante, plus de balles et de bulldozers sont achetés par les militaires pour confisquer plus de terres, pour construire plus de villages de colons et raser les maisons palestiniennes de la vallée du Jourdain.

Fin Juin 2009

Par l’ONG palestinienne MA’AN Development Center traduit de l’anglais par MA.P., AFPS