lundi 7 décembre 2009

À propos de l’État binational

dimanche 6 décembre 2009 - 07h:31

Dominique Vidal

Dominique Vidal a conclu le 20 novembre, avec Ilan Halevi, le colloque organisé à Dijon sur le thème « Quel État palestinien ? Histoires, réalités et perspectives ». Il a consacré l’essentiel de son intervention à la question de l’État binational.

Conclusion d’Erekat : les Palestiniens n’ont désormais plus d’autre choix que de « recentrer leur attention sur une solution fondée sur un État unique dans lequel musulmans, chrétiens et juifs pourraient vivre sur un pied d’égalité ». Et d’insister : « C’est très grave. Il s’agit d’un moment de vérité pour nous. »

(JPG)

Pour lui, en effet, l’État palestinien à souveraineté limitée que propose Benyamin Netanyaou et l’intransigeance de ce dernier sur le statut de Jérusalem ne laissent aucune marge de manœuvre aux négociateurs. Et pour cause : le chef du gouvernement israélien aurait réaffirmé à Mahmoud Abbas que « Jérusalem resterait la capitale éternelle et indivisible d’Israël, que la question des réfugiés (de 1948) ne serait pas évoquée, que notre État serait démilitarisé, que nous devions reconnaître qu’Israël est un État juif, qu’il n’y aurait pas de retour aux frontières de 1967, que le ciel serait sous son contrôle ».

Autant dire qu’il serait paradoxal de consacrer actuellement un colloque à la question de l’État palestinien sans évoquer l’hypothèse alternative : un État binational (ou fédéral ou confédéral).

Il ne s’agit pas là d’une démarche idéologique, mais de la leçon des échecs du processus de paix, avec le blocage persistant par Israël de toute solution fondée sur la création d’un véritable État palestinien à ses côtés et l’impuissance de la « communauté internationale » à la lui imposer.

Il ne s’agit pas non plus d’une prise de position, ni au nom du Bureau national de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), ni même personnelle. Je voudrais simplement résumer ici brièvement à la fois ce qui plaide en faveur d’un État binational comme ce qui y fait obstacle.

Une remarque préalable : il n’existe pas, à ma connaissance, de définition précise - ni juridique, ni politique - de l’État binational. La transformation d’une formule vague en objectif stratégique supposerait naturellement une élaboration fouillée de la nature de cet État, élaboration qui, comme le choix de cet objectif, reviendra naturellement aux Palestiniens eux-mêmes.

Trois facteurs vont indiscutablement dans le sens d’une solution binationale du conflit israélo-palestinien :

1) Il s’agit d’abord d’un superbe idéal, beaucoup plus conforme aux valeurs que, tous ici je crois, nous défendons. Qui d’entre nous prône une vision du monde composé d’États ethniques ou ethnico-religieux ? Et a fortiori les « nettoyages » ethniques qui en découlent ?

2) Cet idéal possède en outre des racines profondes de part et d’autre.
- Avant d’opter pour deux États, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a plaidé en faveur d’une Palestine laïque et démocratique. Le Conseil national palestinien (CNP) de 1968 se fixe pour but une « Palestine progressiste, démocratique et non confessionnelle dans laquelle musulmans, chrétiens et juifs bénéficieront de la liberté de culte, travailleront et vivront en paix, jouissant de droits égaux (i) ». Et, en 1974, devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), Yasser Arafat s’écriera : « Pourquoi ne puis-je rêver ? Pourquoi ne pourrais-je pas espérer ? La révolution ne consiste-t-elle pas à traduire dans les faits les rêves et les espoirs ? Alors agissons ensemble pour que mon rêve devienne réalité, pour que je puisse revenir d’exil avec mon peuple pour vivre là-bas... dans un unique État démocratique où chrétiens, juifs et musulmans vivraient dans la justice, la fraternité et le progrès. »

- Au sein de la communauté juive de Palestine, le Yichouv, l’idée binationaliste animait non seulement des intellectuels comme Martin Buber et Judah Magnès, mais aussi un grand nombre de partis qui, par exemple, aux élections internes de 1944, obtinrent plus de 44 % des voix, avant d’être balayés par la poussée nationaliste indissociable de la guerre de 1948(ii). Six ans plus tôt, ils avaient adopté, avec la Ligue pour le rapprochement et la coopération judéo-arabes, une plate-forme considérant que « la construction de la Palestine comme patrie commune du peuple juif y retournant et du peuple arabe y résidant doit être fondée sur une compréhension et un accord mutuel durable ». Et de prôner « la non domination d’un peuple par un autre indépendamment de leur force numérique respective », donc « un régime binational en Palestine ».

3) Enfin l’évolution sur le terrain a de plus en plus imbriqué les deux peuples, avec d’un côté 500 000 colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et de l’autre 1 500 000 Palestiniens citoyens Israël, héritiers des 150 000 qui parvinrent à échapper à l’expulsion de 1948-1949. Je souligne au passage que l’acceptation éventuelle de l’idée d’un État palestinien et d’un État juif risque de servir d’argument à la campagne menée Avigdor Libermann contre la citoyenneté des Arabes israéliens.

Mais quatre autres facteurs constituent non moins indiscutablement des obstacles importants à une solution binationale :

1) Et d’abord la question de la volonté des deux peuples. Car on imagine mal qu’il faille imposer un État binational démocratique à deux peuples... qui n’en veulent ni l’un ni l’autre. C’est clair, on le sait, pour 99,99% des Israéliens, mais aussi pour une large majorité de Palestiniens, qui, après quarante-deux ans d’occupation, de colonisation et de violences ne rêvent pas - on les comprend - de vivre avec les Israéliens. L’étape bi-étatique apparaît comme une phase nécessaire pour qu’Israéliens et Palestiniens acceptent un jour, éventuellement, de partager le même État.

2) Le deuxième obstacle relève de la lucidité politique : depuis que l’OLP s’est prononcée en faveur deux États (processus entamé, je le rappelle, en 1977, avec le projet de création d’un État palestinien sur « toute partie territoire libéré »), elle n’a pas réussi à arracher cette dernière à Israël. A fortiori, comment pourra-t-elle lui arracher un État binational, qu’Israël perçoit comme sa destruction - la conception sioniste de l’État juif implique à la fois le contrôle de la terre et une majorité juive en son sein. Or, dans les années qui viennent, il y aura dans le « Grand Israël » une majorité arabe, qui deviendra vite écrasante. La création d’un État palestinien aux côtés d’Israël apparaît au contraire comme le moyen de préserver l’existence d’Israël en tant qu’État juif, aussi longtemps du moins que la majorité de sa population le souhaitera.

3) Dans ces conditions, troisième obstacle, l’État binational ne risque-t-il pas de se résumer à la réalité actuelle, à savoir un État d’apartheid ? Avec des questions en série :

- quid du statut des deux peuples, dont aujourd’hui l’un jouit de tous les droits, y compris les droits politiques, et l’autre d’aucun ?

- quid du statut des colonies ? Faudra-t-il, au nom de l’« équilibre » avec Palestiniens d’Israël, en accepter le maintien ?

- quid des garanties données à chaque peuple et à chaque religion quant à la préservation de ses intérêts ?

La bataille pour l’égalité des droits risque d’être longue et ardue, d’autant que les opinions publiques internationales se considéreront sans doute beaucoup moins concernées. Ce qui m’amène à un quatrième et dernier problème :

4) Si la ligne politico-diplomatique de l’OLP n’a pas abouti à la création d’un État palestinien, elle a néanmoins réussi à en faire admettre la nécessité à la communauté internationale. Désormais, la perspective de deux États s’inscrit dans le droit international et les résolutions de l’ONU, y compris celles du Conseil de sécurité. C’est là un acquis qui constitue un point d’appui considérable pour le peuple palestinien : celui-ci risque de la perdre s’il change de perspective, en se donnant pour but un État binational.

Je rappelle aux plus anciens ici la situation d’il y a quarante ans, quand la légitimité de la cause palestinienne n’était reconnue par aucun gouvernement, aucune organisation internationale et très peu de partis, d’associations, etc. Même la fameuse résolution 242 ne mentionnait que le problème des réfugiés, pas les droits nationaux du peuple palestinien...

Que conclure ces éléments contradictoires ?

Tant que subsistera une chance, même petite, d’enclencher une dynamique de paix menant à l’établissement d’un État palestinien, il importe de maintenir cet objectif, en s’appuyant sur le consensus international.

Mais il est temps de dire clairement que nous nous trouvons dans le dernier quart heure. Si rien ne bouge, si le blocage israélien persiste, si l’impuissance de la communauté internationale demeure, comment ne pas comprendre que la colère des Palestiniens débouche progressivement sur une nouvelle stratégie ?

C’est d’ailleurs la conviction de nombre d’anciens dirigeants américains, qui ont adressé à Barack Obama, le 13 septembre dernier, un rapport d’un groupe bipartisan signé Zbigniew Brzezinski, Chuck Hagel, Lee H. Hamilton, Carla Hills, Nancy Kassebaum-Baker, Thomas R. Pickering, Brent Scowcroft, Theodore C. Sorensen, Paul A. Volcker et James D. Wolfensohn.

Ils y écrivent notamment : « Aujourd’hui, alors que nos ennemis contournent la supériorité militaire américaine en menant à la fois une guerre de l’information et de la terreur, il est indispensable d’aboutir rapidement une paix israélo-arabe. Même si celle-ci ne suffit pas à écraser Al-Qaida, elle aiderait à assécher le marécage dans lequel cette organisation et d’autres mouvements violents et terroristes poussent, et à éliminer ainsi une des sources majeures d’antiaméricanisme musulman global. Les avantages stratégiques récemment acquis par l’Iran dans le monde arabe seraient largement réduits. Loin de constituer une diversion par rapport aux autres crises proche-orientales, un accord de paix israélo-palestinien contribuerait de manière significative à leur solution.

À l’inverse, le fait pour les États-Unis de ne pas jouer leur rôle de facilitation et de médiation reviendrait à laisser le terrain aux ennemis de l’Amérique, qui comptent sur la dispute israélo-arabe comme sur un cadeau qu’on continue à leur offrir. (...)

Ce sera le cas si le président ne prend pas le problème en mains rapidement. Son capital politique s’érodera ; les obstacles intérieurs croîtront ; d’autres questions domineront ; et les parties en guerre joueront la montre.

Ne pas agir se révélera donc extrêmement coûteux. Cela nuira à nos efforts pour affaiblir les groupes extrémistes, renforcer nos alliés modérés et rassembler les soutiens régionaux nécessaires pour stabiliser l’Irak et contenir l’Iran. Mais cela risquera de déboucher aussi sur la disparition définitive de la solution à deux États si les colonies se développent, se retranchent et que les extrémistes consolident leur influence des deux côtés.

Bref, les six ou douze prochains mois représenteront sans doute la dernière chance pour une solution équitable, viable et durable(iii). »

C’est dire la responsabilité considérable qui pèse sur nos épaules - je veux dire celles de la communauté internationale et donc celles du mouvement de solidarité. C’est tout le sens de la campagne « boycott, désinvestissement, sanction » contre la colonisation israélienne, qui doit permettre de faire entendre plus forte et plus unie la voix des peuples du monde. Et d’abord à leurs gouvernements, à l’Union européenne, à la Maison Blanche - jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU, qui doit enfin se donner les moyens, tous les moyens de mettre fin au plus vieux conflit international du monde.

Merci de votre attention !

[i] Cf. La Révolution palestinienne et les juifs, Éditions de Minuit, Paris, 1970.

[ii] Cf Palestine 47 : un partage avorté, Éditions André Versaille, Bruxelles, 2008.

[iii]www.usmep.us/bipartisan_recommendations/A_Last_Chance_for_a_Two-State_Israel-Palestine_Agreement.pdfInvoquant la « Feuille de route » adoptée en 2003, Mahmoud Abbas avait fait du gel de la colonisation en Cisjordanie la condition de la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes, au point mort depuis l’offensive contre Gaza. Or, dans sa dernière tournée au Proche-Orient, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a vainement exhorté le président de l’Autorité palestinienne à renoncer à cette condition. Pis : elle a salué l’offre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de « limiter temporairement » les chantiers dans les colonies à 3 000 logements. Pour Erekat, elle n’a fait ainsi qu’« ouvrir la voie à de nouveaux projets de développement des colonies ».Le 4 novembre dernier, le responsable palestinien des négociations avec Israël, Saëb Erekat, a déclaré à la presse que le moment était venu pour Mahmoud Abbas, président de l’Autorité, de « dire la vérité à son peuple, à savoir qu’avec la poursuite des activités de colonisation, la solution fondée sur le principe de deux États n’est plus d’actualité ».

23 novembre 2009 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.france-palestine.org/art...

Israël privatise l’occupation

dimanche 6 décembre 2009 - 07h:27

Penny Cole - ROR Coalition/BDS

L’occupation israélienne des territoires palestiniens est devenue une entreprise commerciale d’accaparement de la terre et du travail, avec toute la sécurité, les justifications politiques ou religieuses désirées, lesquelles ne sont rien de plus qu’un écran pour cacher les profits.

(JPG)

Les Palestiniens sont confrontés à un « paradoxe politique mortel », explique Salwa Alenat, de Kav LaOved (Service téléphonique d’assistance des travailleurs) lors d’une réunion à Londres pour un débat sur les profiteurs de l’occupation israélienne.

Ils n’ont pas de travail dans les zones de l’Autorité palestinienne où il y a une flambée du chômage et ils se retrouvent en conséquence obligés de travailler à la construction des colonies ou incités à cultiver des terres volées.

Autour de chaque colonie illégale, des produits agricoles sont cultivés en utilisant un travail palestinien sous-payé et exécuté dans des conditions épouvantables. De plus, les nouvelles zones industrielles, construites et fonctionnant en toute illégalité, utilisent les Palestiniens comme une main-d’œuvre bon marché, et notamment des enfants.

Après 14 ans de batailles juridiques, la Haute Cour israélienne a fini par statuer que la législation israélienne pour la protection du travail s’appliquait aussi dans les colonies, mais cette législation est grandement ignorée et rien n’est tenté pour la faire appliquer.

Quelque 30 000 Palestiniens travaillent en agriculture dans la vallée du Jourdain, gagnant souvent moins d’un tiers du salaire minimum. Des colons propriétaires y exploitent des vergers de dattiers et refusent toute responsabilité pour les accidents du travail, la protection sociale ou toute indemnisation.

Les travailleurs sont hissés par nacelles en haut des palmiers tôt le matin, et ils y sont laissés pour travailler dans la chaleur du jour, sans moyen pour redescendre. Ils vaporisent les dattes d’hormones et de pesticides sans qu’on leur fournisse les équipements pour se protéger.

Et puis, il y a les zones industrielles. Salwa Alenat, dont l’organisation basée en Israël défend les droits des Palestiniens et des travailleurs émigrés, nous cite l’exemple d’une usine accolée au mur illégal construit à l’intérieur de la Cisjordanie. Les salariés ne peuvent entrer et sortir qu’à des heures précises, dit-elle, décrivant l’entreprise comme une prison pour ses 500 salariés. Et il n’y a pas que les employeurs israéliens, il y a aussi des chefs de gangs palestiniens qui en profitent et les exploitent.

L’Autorité palestinienne affirme que c’est là une question politique mais que de plus en plus les Palestiniens tentent de s’organiser pour se battre pour leurs droits de travailleurs, « indépendamment des décisions politiques prises ici ou là, » explique Salwa.

Dalit Baum, dont l’organisation Qui profite ? a listé les entreprises qui sont impliquées dans l’occupation, dit qu’alors que les médias israéliens n’arrêtent pas de pleurer sur « le coût de l’occupation », celle-ci est la source d’énormes profits pour les couches les plus riches de la société israélienne.

L’application accélérée de la politique néolibérale par les gouvernements israéliens successifs fait que des entreprises autrefois nationalisées sont devenues des sociétés privées avec des interférences dans le monde entier. Ces sociétés exploitent impitoyablement les territoires occupés.

Les noms dont il faut se méfier :

27 sociétés israéliennes au total opérant dans les colonies et exportant vers le Royaume-Uni ont été identifiées :

- Fruits et légumes et plantes aromatiques fraîches : Agrexco, Arava, Flowers Direct, Hadiklaim, Mehadrin Tnuport Export

- Autres produits alimentaires : Abady Bakery, Achdut, Adumim Food Additives/Frutarom, Amnon & Tamar, Oppenheimer, Shamir Salads

- Boissons : Adanim Tea, Soda-Club, Tishbi Estate Winery

- Produits de beauté : Dead Sea Labarotories, Intercosma

- Produits pharmaceutiques : Fermentek

- Produits en plastique : Keter Plastic, Tip Top Toys, Twitoplast

- Produits métalliques : DiSTek, Mul-T-Lock, Yardeni Locks

- Produits textiles : Caesarea Carpets, Dispobud, Ofertex

- Autres produits : Greenkote.


L’occupation a été privatisée et certaines sociétés sont en cours de privatisation, entre autres GS4, anciennement du Groupe 4, et ses filiales israéliennes Hashmira. Il s’agit-là de l’un des plus gros employeurs dans l’Etat d’Israël qui a été soumis à un examen minutieux par le parlement israélien pour violations présumées des droits du travail de milliers de ses salariés.

Les entreprises de sécurité ont favorisé l’une des plus sinistres évolutions en matière de surveillance et de techniques et équipements de contrôle ; ceux-ci étant testés sur les Palestiniens et commercialisés ensuite à travers le monde.

Des drones sans pilote qui peuvent à la fois photographier et tirer sur les Palestiniens ; des drones-bateaux qui ciblent les pêcheurs palestiniens, des drones-bulldozers fabriqués par Caterpillar avec lesquels des soldates israéliennes, depuis un bureau, n’importe où, rien qu’en se servant d’une simple manette, peuvent écraser et démolir les maisons palestiniennes.

La Cisjordanie est devenu un dépotoir énorme. Tous les déchets médicaux toxiques d’Israël y sont déversés. Même les pierres de Cisjordanie sont volées. La société transnationale Hanson est partie prenante dans une entreprise d’extraction et de concassage de pierres destinées à la fabrication du ciment.

Parallèlement à cette occupation impitoyable, illégale et économique, s’opère une transformation de l’Etat d’Israël lui-même.

Un exemple de cette évolution est le sort du mouvement syndical sioniste, Histradout, qui fut la force motrice de la construction de l’Etat israélien après 1948. En 1983, il avait 1 600 000 adhérents, plus d’un tiers de la population globale et environ 85% des salariés.

Il était le deuxième plus gros employeur du pays, tant dans l’industrie que dans le secteur public. Aujourd’hui, après dix ans de privatisations, il arrive tout juste à 650 000 adhérents.

Il n’y a pas que les travailleurs migrants arabes à être maltraités en Israël. Les migrants thaïs, philippins et chinois, après avoir payé à des agents jusqu’à 10 000 dollars pour entrer en Israël, n’ont pas le droit de changer d’employeur et sont exposés à l’expulsion s’ils perdent leur boulot. Ils ont reçu un permis de travail à durée limitée et se retrouvent donc dans l’illégalité à l’expiration de cette durée, obligés de passer au travail clandestin. Et le cycle se renouvelle avec une importation continue de lots de main-d’œuvre fraîche de l’immigration.

Kav LaOved assiste tous les salariés sous-payés et exploités et affirme qu’il y a de plus en plus de demandes sur le service d’assistance téléphonique des travailleurs juifs, pour la plupart des migrants récents, qui recherchent de l’aide.

Cette privatisation et cette globalisation de l’Etat israélien ont été impulsées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant son premier mandat de Premier ministre de 1996 à 1999. Pour son mandat en cours, il a mis une priorité à suivre le même processus pour ce qui concerne les territoires occupés.

Netanyahu veut substituer ce qu’il appelle « la paix économique » au processus de paix. Un exemple de la façon dont cela fonctionne est la ville de Jénine, ville palestinienne aujourd’hui totalement encerclée par le mur illégal. Les Palestiniens de l’autre côté se voient proposer des laissez-passer d’une journée de shopping pour entrer à Jénine et y dépenser leur argent.

Pendant ce temps, l’économie palestinienne est sans cesse entravée par des restrictions et l’isolement, par des saisies de terres et des agressions, et reste totalement dépendante d’Israël pour toute activité commerciale.

Avec le néolibéralisme aux commandes en Israël et dans les territoires occupés, il n’a jamais été aussi clair qu’il existe une communauté d’intérêts entre les salariés de toute la région, quelles que soient leur nationalité, leur religion ou leur race.

La plus grande menace, pour les riches mondialisés d’Israël et leurs représentants politiques, serait la solution à un Etat unique, où les travailleurs pourraient s’unir dans un même combat pour une démocratie véritable et un pouvoir économique.

25 novembre 2009 : A World to win - 4 décembre 2009 : BDS - traduction : JPP

http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7746

Le convoi "Vive la Palestine n° 3" dirigé par George Galloway démarre aujourd'hui de Londres

[ 06/12/2009 - 20:33 ]
Londres - CPI

Le convoi doit arriver à la Bande de Gaza, le 27/12, à partir du Parlement britannique

à Londres, avec la participation des militants internationaux, en Europe, en Amérique

et en Malaisie, en solidarité avec les habitants de la Bande de Gaza totalement

assiégés par le blocus sioniste inhumain et injuste qui dure depuis plus de 3 ans consécutifs.

Le convoi doit entrer dans la Bande de Gaza, le 27/12, la date qui coïncide avec la

1ère année de la guerre sioniste contre Gaza", ont rapporté des sources bien informées.

Lors d'une déclaration de presse, l'activiste et médiateur, Zahir Berawi, a souligné au

centre palestinien d'information, le dimanche 06/12, que le convoi dirigé par le député

britannique, George Galloway et qui se compose de 80 voitures, a démarré

aujourd'hui à partir de Londres, en se dirigeant vers la France et d'autres pays

européens, dont l'Italie, la Grèce et la Turquie.

"Le convoi va s'arrêter en Turquie, où on va organiser de grandes fêtes populaires

et officielles, avec la participation d'autres activistes qui vont rejoindre le convoi

pour se diriger vers Gaza, en plus de 100 voitures", a précisé Zahir qui a affirmé

que le convoi va se diriger après vers la Syrie puis en Jordanie, alors que la

cargaison va être chargée sur un grand bateau pour passer par le port égyptien

de Nouweiba, à travers la Mer Rouge.

Il a déclaré qu'il est prévu que les solidaires vont entrer, le 27/12, dans la Bande

de Gaza, à travers le passage de Rafah, en coïncidant avec la guerre sioniste

sauvage contre la population civile de Gaza.

En outre, Berawi a souligné que le convoi "Vive la Palestine n°3" veut transmettre

un fort message de solidarité avec le peuple palestinien en général et le peuple

de Gaza en particulier, quant à l'acheminement de l'aide est une confirmation

du rejet des Communautés européennes et les libéraux du monde au blocus

arbitraire, injuste et inhumain imposé contre plus d'un million et demi de Gazaouis.

Berawi a également souligné que le convoi regroupe des dizaines d'ambulances

qui transportent des instruments médicaux dont 15 ambulances portant les

noms des martyrs des équipes médicales qui ont péri dans la guerre sioniste dans

le but de les commémorer.

Il est à noter que l'organisation "Vive la Palestine", avait organisé, il y a deux ans,

deux convois vers Gaza, dont le premier était en Mars, alors que le second

était en Juillet, et l'essentiel dans ce 3ème convoi c'est qu'il porte un caractère

international avec la participation des militants de la Grande-Bretagne, l'Amérique,

l'Europe et de la Malaisie.

Attaques de plus en plus fréquentes des colons sur les villages autour de Naplouse

Naplouse - 06-12-2009
suivies d’invasions de l’armée, avec utilisation de balles réelles
Par ISM
Les attaques des colons ont encore augmenté cette semaine dans la région de Naplouse, tandis que les occupants israéliens vivant dans la colonie d’Yitzhar ciblent les villages de Burin et Asira al-Qabliya. Les forces israéliennes d’occupation aident et encouragent les colons, terrorisant les villages par l’utilisation de balles réelles, de grenades assourdissantes et lacrymogènes contre les habitants palestiniens.




















Les oliveraies d'Asira al-Qabliya, incendiées par les colons sionistes d'Yitzhar, en octobre dernier.


Les maisons d’Ahmad Jamal et Ahmad Mohammad Saleh, à Asira al-Qabliya, sont situées à une courte distance de l’avant-poste Shalhevit Yam, dans la colonie illégale d’Yitzhar, dont l’idéologie violente de ses habitants est notoire.

A 8h30 le vendredi 4 décembre, environ 50 colons ont attaqué le village du côté est, encerclant les maisons des familles Jamal et Saleh et jetant des pierres. Dix jeeps israéliennes sont arrivées peu après, et ont attaqué le village déjà assiégé par les « voisins » violents.

Les jeeps sont entrées à Asira al-Qabliya en tirant des grenades lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles réelles.

L’attaque a duré 2 heures avant que la dernière jeep quitte le village.

Les villageois pensent que l’attaque peut avoir été « provoquée » par la présence de fermiers, dans leurs champs proches de la colonie. Un problème grave et récurrent pour ceux qui ont la malchance d’avoir leurs terres près d’Yitzhar, le simple fait d’aller travailler sa terre devenant un acte de bravoure et un risque potentiel pour le village tout entier.

Les familles Jamal et Saleh vivent constamment dans la crainte car leurs maisons sont situées à la lisière du village, et près de la dernière extension d’Yitzhar. Depuis que la construction de l’avant-poste Shalevit Yam a débuté en 2001, les maisons des familles palestiniennes ont été attaquées un nombre incalculable de fois, les colons armés de fusils et de pierres venant vandaliser leurs maisons, briser les fenêtres et tagger des étoiles de David sur les façades.

C’est la même histoire dans le village voisin de Burin. La maison de la famille Abu Ayman est située, seule, sur la colline qui monte à Yitzhar, et est attaquée presque tous les jours ces dernières semaines. Les colons attaquent la plupart du temps en masse, jetant des pierres et terrorisant la famille, qui comprend 10 enfants, dont un bébé.

Le « côté » Yitzhar de la vallée, dont les terres appartiennent à Burin, a vu plus de 200 oliviers coupés par les colons au cours des deux derniers mois, ce qui porte gravement tort à l’économie des fermiers de Burin.

Le « phénomène » des colons établissant leurs propres lois est devenu la normalité, et les populations des villages palestiniens s’arment de courage dans l’attente de nouveaux accès de violence de la part des colons, en réponse à la dernière « concession » du gouvernement israélien aux Palestiniens – un gel partiel de la colonisation pendant 10 mois.

En dépit des démarches déjà entreprises par le gouvernement pour l’adapter (en fait pour l’annuler), la décision de gel a scandalisé les communautés de colons dans toute la Cisjordanie, qui se sont livrés des manifestations publiques et à des attaques violentes, contre les Palestiniens comme sur les inspecteurs israéliens qui tentaient de contrôler l’arrêt des constructions.
Source : Palsolidarity

Convoi d'assistances humanitaires quitte Londres à destination de Gaza

06 Déc 2009

Londres/ Un convoi d'assistances humanitaires et de secours a quitté Londres à destination de Gaza en vue de briser le blocus imposé par l'occupation israélienne à la bande depuis trois ans et demi.

La chaîne al-Alam a indiqué que le convoi organisé par l'Association de la Palestine libre avec la participation d'un certain nombre d'activistes politiques des Etats-Unis et de l'Europe, envisage d'entrer le point de passage de Rafah le 27 courant, qui coïncide le 1er anniversaire de l'agression israélienne contre la bande.

La chaîne a indiqué que le convoi porte des impératifs médicaux nécessaires, des besoins de l'enseignement et des ambulances et il va traverser des pays européens et arabes avant d'arriver à Gaza.

Raghda Bittar

http://www.sana.sy/fra/55/2009/12/06/259624.htm

L'archevêque d'al-Qods occupé avertit des plans israéliens visant l'effacement des quartiers arabes de la ville

06 Déc 2009

Prague / En contribution à la festivité d'al-Qods capitale de la culture arabe 2009, une soirée culturelle a été organisée hier dans la capitale tchèque, Prague, à laquelle a pris part l'Archevêque Atala Hanna, Archevêque d'al-Qods pour les Grecs-Orthodoxes, le chef du Conseil des ulémas à al-Qods, M. Abdel Rahman Abbad, et une foule d'intellectuels arabes et tchèques.

Prenant la parole à cette occasion, l'Archevêque Hanna a souligné que l'importance de la ville sainte provient non seulement de son histoire et de ses lieux saints, mais encore de sa population "qui devrait être soutenu autant que les lieux saints de la ville", a-t-il insisté.

L'Archevêque Hanna a avertit à cette occasion d'un plan israélien qui est en cours d'exécution et consistant à effacer tous les quartiers arabes dans cette ville occupée,

Appelant les églises du monde à se solidariser avec le peuple palestinien et à œuvrer pour lever l'injustice qui frappe le peuple palestinien, pour mettre fin à l'occupation israélienne. Il a enfin réitéré l'attachement de tous es Palestiniens, musulmans et chrétiens, à al-Qods comme leur capitale et leur résolution à ne pas concéder un seul grain du sol d'al-Qods et de toute la Palestine.

Pour sa part, M. Abbad a parlé de la fraternité ancrée islamo-chrétienne en Palestine occupée, et averti des plans israéliens envisageant la judaïsation d'al-Qods occupée.

W.J. / Gh.H.

http://www.sana.sy/fra/200/2009/12/06/259515.htm

Condamnation du franco-palestinien Salah Hamouri: Gilbert Meynier en appelle à Sarkozy

En ma triple qualité de Français, de spécialiste de l’histoire du monde arabe et de citoyen du monde, j’attache un grand prix à ce que le contentieux israélo-palestinien soit traité avec les normes qui devraient au plus haut sens du terme régir la politique : l’art du possible et de l’humainement souhaitable », écrit l’historien Gilbert Meynier, au président Nicolas Sarkozy.

Il lui demande « avec espoir, mais fermeté, d’intervenir avec détermination et constance auprès des autorités israéliennes pour qu’elles libèrent au plus vite Salah Hamouri (détenu en Israël depuis plus de trois ans), et de donner dans ce sens des consignes claires au corps diplomatique français. » Et de rappeler qu’en avril 2008, un tribunal militaire a contraint le jeune Franco-Palestinien à « céder aux manœuvres d’indimidation du procureur israélien qui l’ont conduit à ’’plaider coupable’’ pour éviter une peine supérieure à 7 ans de prison ; ce qui n’a pas empêché le tribunal militaire de le condamner à cette peine bien qu’il n’ait commis aucun délit et qu’aucune preuve n’ait été apportée sur une quelconque intention d’en commettre un ». « Prononcer une condamnation sans délit et sans preuve est contraire aux valeurs de la France telles que les ont enracinées dans le cœur des Français leur histoire et la conception éclairée de leur identité nationale, valeurs qui rejoignent - s’en étonnera-t-on - les principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Je vous rappelle que Salah Hamouri est un ressortissant français et qu’il a été condamné selon des procédures indignes de toute démocratie qui se respecte. »

Par N. B.

http://www.elwatan.com/Gilbert-Meynier-en-appelle-a

Les colons intensifient leur mouvement de protestation

07/12/2009
Les colons juifs ont élargi hier leur mouvement de protestation contre le gel temporaire de la construction de logements dans les implantations, en incendiant des véhicules et en agressant des policiers israéliens lors de plusieurs incidents en Cisjordanie. La police israélienne a arrêté au moins deux colons accusés d'avoir tenté d'empêcher des policiers d'appliquer l'interdiction de construire décidée par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans l'espoir de relancer le processus de paix. Dans la nuit de samedi à dimanche, des colons israéliens s'étaient livrés à des actes antipalestiniens de vandalisme dans le nord de la Cisjordanie. La police israélienne a déclaré avoir ouvert une enquête sur les plaintes de vandalisme déposées par les Palestiniens.
Cherchant à apaiser les tensions, M. Netanyahu a lancé un appel aux colons en leur demandant de respecter l'interdiction et il a réitéré sa promesse de reprendre rapidement les constructions une fois que la période de suspension serait écoulée. « Nous avons clairement indiqué qu'à la fin de la période de suspension, la construction reprendrait. C'est une décision unique et temporaire, pas un gel illimité », a dit M. Netanyahu. « Il faut que nous passions ensemble cette période en étant le plus unis possible », a ajouté M. Netanyahu. « Je dis cela pas seulement aux dirigeants des colons et aux colons, mais aussi aux membres du Parlement et aux ministres du gouvernement. Notre unité interne est importante, peut-être la chose la plus importante de toutes », a conclu M. Netanyahu lors du Conseil des ministres hebdomadaire, pour tenter de désamorcer la fronde de certains au sein de son bloc conservateur, le Likoud, contre ce gel.

Des médecins français auraient examiné Shalit dans la bande de Gaza

07/12/2009
Un échange de prisonniers aurait lieu dans les deux semaines.
Une équipe de médecins français a examiné le soldat israélien Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza depuis plus de trois ans, a rapporté hier le quotidien panarabe al-Hayat. Un responsable des services de sécurité égyptiens a confirmé à l'AFP que trois médecins français s'étaient rendus dans la bande de Gaza en provenance d'Égypte la semaine dernière, en passant par la ville frontalière de Rafah. Il a cependant déclaré qu'il n'y avait pas d'éléments montrant qu'ils aient pu se rendre auprès du soldat israélien. « Ils se sont rendus à Gaza pour pratiquer des opérations (chirurgicales). C'est quelque chose de très courant. Des médecins étrangers vont offrir leurs services dans la bande de Gaza de façon régulière », a dit le responsable.
Le journal al-Hayat, citant des « sources dignes de foi », a toutefois affirmé que quatre médecins français se sont rendus à Gaza le 29 novembre « accompagnés du médiateur allemand Ernst Uhrlau via le point de passage de Rafah et ont examiné Shalit dans un endroit secret de la bande de Gaza ». L'équipe et le médiateur allemand « sont arrivés à Gaza alors que le Hamas avait mis en place des mesures de sécurité sans précédent (...) et que des avions israéliens survolaient la région », a ajouté le journal basé à Londres. Le Hamas avait reçu des garanties d'Ernst Uhrlau que les appareils israéliens s'abstiendraient de toute attaque et ne tenteraient pas de libérer Gilad Shalit.
Israël et le Hamas mènent des négociations indirectes par l'intermédiaire de l'Allemagne, discussions parrainées par l'Égypte. Il s'agit de conclure un accord portant sur la libération de Gilad Shalit contre des centaines de Palestiniens détenus par Israël. L'État hébreu comme le Hamas avaient fait état de progrès dans les négociations le mois dernier. Le député israélien Daniel Ben Simon a déclaré samedi qu'un accord serait « présenté au public d'ici à une semaine ou deux ». De son côté, l'Égypte a exhorté Israël à répondre aux exigences palestiniennes. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, a indiqué avoir demandé à Israël davantage de flexibilité. Israël ne devrait pas « exagérer ses propres exigences », a-t-il poursuivi. À ce propos, M. Ben Simon a assuré que le dirigeant palestinien Marwan Barghouthi, symbole de l'intifada actuellement détenu en Israël, ferait partie des détenus libérés dans le cadre de cet échange. En soirée, une roquette de fabrication russe utilisée en général par des hélicoptères d'attaque a été tirée depuis la bande de Gaza vers le sud d'Israël, une première selon la radio militaire israélienne. Le tir n'a fait ni victime ni dégât, a-t-elle ajouté. Interrogée par l'AFP, une porte-parole de l'armée n'a pas été en mesure de confirmer ou démentir cette information.

Israël / Palestine : d’une Seule Voix ?

publié le dimanche 6 décembre 2009

Léon-Marc Levy
Comment donner du contenu à un discours de paix sans parler de politique ? Le film [« D’Une Seule Voix » de Xavier de Lauzanne]aliène tous les personnages, leur enlève leur identité, leur vie quotidienne, leurs aspirations, leurs revendications.

On sait, depuis un temps qui semble sans début et sans fin, combien le conflit Israël-Palestine est préoccupant, omniprésent, objet de toutes les passions et, trop souvent, des passions les plus sombres. Difficile et périlleux, dans la tourmente des guerres, des drames et des haines semble-t-il inexpiables, de tenir un discours fondé sur des valeurs de justice et de vérité sans à chaque fois, comme dans un funeste destin, provoquer la colère de l’une ou l’autre partie. Souvent des deux en même temps.

C’est pourtant le pari tenté par une courageuse équipe française de cinéastes : faire chanter ensemble, sur scène en France et à Chypre, des artistes, Juifs et Palestiniens, appartenant aux trois religions monothéistes... Objectif séduisant, mission impossible ? Non. C’est chose faite et filmée. Ca s’appelle « D’Une Seule Voix ». Son réalisateur s’appelle Xavier de Lauzanne. Le Monde.fr en a rendu compte dans un article signé Thomas Sotinel le 10 novembre dernier.

Il est bien difficile de ne pas adhérer à un tel projet dans son principe fondateur. Difficile aussi de mégoter sur notre soutien à cette équipe qui se lance, essentiellement par idéal, dans une entreprise noble et risquée. L’équipe du film, d’ailleurs, annonce ce risque dans la présentation même de son travail.

Et cependant, je n’ai pas réussi à me laisser porter par le flot émotionnel du film. Peut-être parce que c’est un flot émotionnel. Au contraire je me suis rapidement braqué. Je trouve que cette aventure est toute artificielle. Comment donner du contenu à un discours de paix sans parler de politique ? Le film aliène tous les personnages, leur enlève leur identité, leur vie quotidienne, leurs aspirations, leurs revendications. Le Palestinien n’est plus Palestinien (on va jusqu’à lui reprocher dans une scène de porter un tee-shirt sur lequel est simplement inscrit le mot "Palestine"), l’Israélien n’est plus Israélien, on gomme tout le contenu des êtres pour gommer leurs différences et leur différend. Au final il reste des Hommes que plus rien n’identifie ni ne divise, donc forcément, ils sympathisent. Mais dès que leur individualité refait surface (Par exemple quand un Palestinien fait le V de la Victoire que Yasser Arafat avait adopté), aussitôt la guerre reprend ses droits, un instant oubliés. C’est une expérience de laboratoire qui ne peut pas produire la moindre suite dans la réalité. Une fois les souris sorties de leur cage et remises dans leur environnement naturel, rien n’a changé de ce qui les divise. Exclure le politique ne mène à rien. Il reviendra au galop. D’ailleurs la conclusion du film est là pour le dire : il ne reste rien d’autre qu’un bon souvenir entre quelques êtres qui se sont côtoyés, sûrement découverts aussi pour certains (et c’est la vertu de ce film !). Ce n’est pas rien, mais ce n’est que ça.

Et puis exclure le politique ne pose pas seulement ce problème. Vouloir faire la paix sans écouter les aspirations des uns et des autres, c’est vouloir établir la paix sans rien changer. Or le socle de la paix, bien plus que l’amitié, c’est d’abord la justice ! Et pour y parvenir une chose est sûre, il y a de sacrés changements à opérer ! Pour dire les choses de manière un peu caricaturale, c’est comme si on avait organisé une chorale pacifiste entre Algériens et Pieds-Noirs pendant la Guerre d’Algérie, sans jamais aborder le sujet, justement, de la Guerre d’Algérie et en chantant pour la Paix ! C’est faire une sortie sportive entre employés et patrons dans une usine en lutte pour que tout le monde s’entende bien et que le conflit aille vers sa solution...

« Israéliens et Palestiniens, juifs, chrétiens et musulmans, ils sont avant tout musiciens. » dit la présentation officielle du film. Justement non ! Ce n’est pas si simple. Ils ne sont pas avant tout musiciens, quelle que soit leur passion musicale. Ils sont d’abord ce que leur histoire personnelle, intime, collective, symbolique les a faits ! Ils sont d’abord des identités profondes et aujourd’hui en guerre, même si tous souhaitent la paix.

Quelle paix ? Dans quelles conditions ? Faire la paix sans poser ces questions c’est juste faire taire tous les combats et laisser les choses telles qu’elles sont, sans remous. Thomas Sotinel parle, dans son article, d’ « impuissance de la bonne volonté ». Terrible constat. Il n’y a rien de plus triste que de voir se briser les ailes de l’Ange. Mais c’est comme ça. Il faudra bien mettre la politique au centre de tout projet de solution au Moyen-Orient, quelle qu’en soit la nature ! C’est la condition pour que les hommes et les femmes de Palestine/Israël puissent un jour chanter d’une seule voix

publié par le Monde le 27 novembre

http://www.lemonde.fr/opinions/chro...

voir aussi Protection Palestine

http://www.protection-palestine.org...

Jérusalem : quand Paris se fait le porte-parole des injonctions israéliennes

publié le dimanche 6 décembre 2009

Alain Gresh
Paris est favorable à une reprise des négociations sans conditions préalables, c’est-à-dire sans aucune chance d’aboutir, puisque le gouvernement israélien refuse de reconnaître le principe défini par les Nations unies, selon lequel l’occupation doit se terminer sur tous les territoires occupés en juin 1967, y compris Jérusalem-Est.

Pour la seule année 2008, Israël a annulé 4577 permis de résidence de Palestiniens – dont 99 mineurs – à Jérusalem, un record puisque, pour la moyenne des années 1970, 1980 et 1990 était entre 100 et 200 par an. Entre 1967 et 2007, le nombre total n’a pas dépassé la moitié de ce chiffre. Ces chiffres ont été obtenus par l’organisation israélienne Hamoked, le Centre pour la défense des droits individuels.

C’est alors que s’intensifie une campagne visant à vider Jérusalem de ses habitants arabes, une campagne que partout on dénoncerait comme un nettoyage ethnique ou comme purement et simplement raciste. Les gouvernements de l’Union européenne se penchent sur la situation de la ville.

Comme le rappelle Laurent Zecchini sur LeMonde.fr (3 décembre), « La situation à Jérusalem-Est pèse sur les relations entre Israël et les Européens » :

« La question de Jérusalem-Est est au centre d’une polémique grandissante entre les autorités israéliennes et l’Union européenne (UE). D’une part, parce que les ministres européens des affaires étrangères s’apprêtent à examiner, le 7 décembre, des conclusions de la présidence suédoise qui — pour la première fois — soulignent que Jérusalem-Est devra être la capitale d’un futur Etat palestinien ; d’autre part, parce qu’un rapport classifié des consulats européens à Jérusalem dresse un bilan extrêmement critique de la politique visant à judaïser la Ville sainte. » (...)

« Selon des sources diplomatiques à Bruxelles, le texte préparé par Stockholm est contesté par plusieurs capitales, et il n’est pas dit que la Suède, dont les relations avec Israël sont difficiles, aura finalement gain de cause. »

« En l’état, le projet de conclusions souligne que l’UE “appelle à une reprise urgente des négociations, qui conduiront, selon un calendrier agréé, à une solution à deux Etats, avec un Etat de Palestine indépendant, démocratique, viable (avec) une continuité territoriale incluant la Cisjordanie et Gaza et avec Jérusalem-Est pour capitale”. »

« Le Conseil de l’UE rappelle, selon ce texte, qu’il “n’a jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-Est”. “S’il doit y avoir une véritable paix, une solution doit être trouvée pour résoudre le statut de Jérusalem comme capitale de deux Etats”, poursuit ce document. Une telle formulation correspond peu ou prou aux positions de principe de nombreux pays européens (dont la France), mais plusieurs capitales, soucieuses de ne pas compliquer leurs relations avec Israël, préféreraient un texte qui ne donne pas l’impression de préempter le résultat de négociations israélo-palestiniennes sur le futur statut de Jérusalem. »

C’est peu dire que Paris est réservé. Dans un entretien accordé au quotidien anglophone The Jerusalem Post (3 décembre), « Paris comes out against Swedish plan », l’ambassadeur de France Christophe Bigot explique les deux réserves de Paris :

« D’abord, la déclaration devrait prendre en compte la décision positive (sic !) de Benyamin Netanyahou d’un gel partiel des constructions de colonies. Nous devrions saluer la décision, même si elle ne répond pas à toutes nos attentes. »

« En deuxième lieu, nous devrions promouvoir la relance du processus de paix. Ce devrait être les deux points qui devraient figurer dans la déclaration. »

En somme, Paris est favorable à une reprise des négociations sans conditions préalables, c’est-à-dire sans aucune chance d’aboutir, puisque le gouvernement israélien refuse de reconnaître le principe défini par les Nations unies, selon lequel l’occupation doit se terminer sur tous les territoires occupés en juin 1967, y compris Jérusalem-Est. (Pour l’entretien intégral, lire « Diplomacy : Franco friendly », par Herb Keinon, 4 décembre). Il permet de mesurer à quel point la politique française au Proche-Orient a changé, à quel point elle est en rupture avec l’héritage gaulliste.

Quant au texte européen, il faudra attendra la réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères européens, mardi 8 décembre, pour savoir s’il a été modifié conformément à la volonté israélienne relayée par la France...

Sur la lâcheté de l’Union européenne, on pourra lire Jérusalem, le rapport occulté, présenté par René Backmann (Salvator, 2009). Ou comment on cache un rapport établi pourtant par les consuls européens...

Sur son blog, Gilles Paris, du quotidien Le Monde, posait le 1er décembre la question : « Jérusalem-Est : les Européens oseront-ils ? ». La réponse, malheureusement, semble être non.

publié sur le blog du Monde diplomatique "Nouvelles d’Orient"

http://blog.mondediplo.net/2009-12-...

Shalit : échange de prisonniers dans les 2 semaines

publié le dimanche 6 décembre 2009

Nouvelobs avec AFP
Un député travailliste israélien estime que la libération de prisonniers palestiniens contre celle du soldat israélien, Gilad Shalit, pourrait intervenir au cours des deux prochaines semaines. Une information immédiatement démentie par le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu

La libération de prisonniers palestiniens contre celle du soldat israélien Gilad Shalit, détenu par le Hamas dans la bande de Gaza pourrait intervenir au cours des deux prochaines semaines, a estimé, samedi 5 décembre, le député travailliste israélien Daniel Ben Simon. Il a assuré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était décidé à parvenir rapidement à un accord. "L’accord sera présenté au public d’ici une semaine ou deux", a-t-il déclaré. Mais le bureau du chef du gouvernement a opposé un démenti catégorique. "Le Premier ministre n’a jamais dit cela, ni à une personnalité politique ni à personne d’autre", a fait savoir son secrétariat. Israël et le Hamas gardent le silence sur les tractations qui visent à libérer Gilad Shalit, conducteur de tank de 23 ans, également détenteur de la nationalité française, capturé le 25 juin 2006 à la bordure de la bande de Gaza par un commando palestinien dont faisait partie le Hamas.

Echangé contre Marwan Barghouthi ?

"Olmert n’était pas prêt à payer tout le prix pour Shalit et je suis heureux que Netanyahu fasse ce qu’Olmert n’était pas prêt à faire", a déclaré le député travailliste. Le parti travailliste, dirigé par Ehud Barak, l’actuel ministre de la Défense, est membre de la coalition gouvernementale au pouvoir en Israël. De son côté, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, réclame en échange de la libération du soldat israélien la relaxe de plusieurs centaines de détenus palestiniens, dont des chefs politiques et militaires de la seconde Intifada des années 2000. A ce propos, Daniel Ben Simon a assuré que le dirigeant palestinien Marwan Barghouthi, symbole de l’Intifada et actuellement détenu en Israël, ferait partie des prisonniers libérés dans le cadre de cet échange. "Il est sur la liste", a-t-il déclaré, mais la question est désormais de savoir s’il serait expulsé à l’étranger ou laissé libre de ses mouvements en Cisjordanie. "Il y a une discussion sur le fait de le relâcher à Ramallah ou de l’envoyer à l’étranger pour un certain temps", a expliqué le député [1].

Ses propos vont à l’encontre de ceux du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui avait catégoriquement exclu mercredi que Marwan Barghouthi fasse partie des détenus palestiniens libérés en échange du soldat Shalit. Marwan Barghouthi a été arrêté par l’armée israélienne en 2002 et condamné en juin 2004 à cinq peines de prison à vie après avoir été reconnu coupable d’implication directe dans quatre attentats anti-israéliens, ayant coûté la vie à cinq personnes durant l’Intifada.

[1] voir aussi Georges Malbrunot le 4 décembre 2009 :

Shalit : les ultimes conditions posées par Israël

On en sait un peu plus sur les derniers obstacles qui bloquent l’accord entre Israël et le Hamas sur la libération du soldat Gilad Shalit, détenu par les islamistes depuis plus de trois ans à Gaza.

L’arrangement porte sur la libération par l’Etat hébreu d’au moins un millier de détenus palestiniens, dont 450 choisis par le Hamas, en échange de l’élargissement du tankiste, Shalit. Mais Israël persiste à mettre son veto sur 50 prisonniers parmi les 450 figurants sur la liste du Hamas. Parmi eux : Abdallah Barghouti, un expert en explosifs, qui avait préparé certains des attentats du printemps 2002, parmi les plus meurtriers jamais perpétrés par le Hamas en Israël.

L’Etat hébreu refuserait également d’élargir 22 autres prisonniers, au motif qu’il s’agit d’Arabes israéliens.

Parmi ces ultimes pommes de discorde figure enfin le transfert à l’étranger de certains des prisonniers palestiniens libérés. Israël exige que 130 d’entre eux soient ainsi expulsés hors de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Mais le Hamas entend réduire ce nombre au minimum.

En 2002, les islamistes avaient vivement critiqué la déportation de plusieurs activistes rivaux du Fatah, qui s’étaient retranchés dans l’Eglise de la nativité à Bethléem pour échapper à la traque de Tsahal. Aujourd’hui, un transfert de nombreux détenus palestiniens ne permettrait pas au Hamas de crier à une large victoire contre Israël.

Parmi les pays qui accepteraient de recueillir des ex-détenus Hamas, on trouve notamment la Syrie, qui abrite déjà la direction en exil du mouvement islamiste. Contrairement à 2002, aucun pays européen n’aurait été approché.

publié sur le blog du Figaro :"de Bagdad à Jérusalem, l’Orient indiscret

http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/