samedi 4 septembre 2010

La contre attaque des sionistes dans l'affaire "Gilad Shalit" de Villeneuve d'Ascq

A 14 H 45 ce mardi 2 septembre, la mairie de Villeneuve D’Ascq, prés de Lille, saisie par de nombreuses protestations, notamment des divers associations pour les droits du peuple palestinien, a retiré la banderole "Liberté pour Guilad Shalit" installée vendredi 27 août sur le fronton de l’Hôtel de Ville.

Les associations dénonçaient le « deux poids, deux mesures » infligé par l'État français à la situation d'un jeune Franco-Palestinien, Salah Hammouri, emprisonné en territoire israélien sans motifs probants.
Il est intéressant - et parfois risible - de sonder les réactions de la presse sioniste sur le sujet, d’une part, pour s’apercevoir du « consensus ridicule » de leurs arguments, et d’autre part, pour comprendre que nos actions de sensibilisation ont un véritable impact sur le terrain.
Le site JSS news commence fort, il titrait « sous pression antisémite, le maire retire l’affiche de Gilad Shalit » comme quoi le rapport est vite établit entre une prise de position purement politique et un racisme affiché, d’autant plus qu’était signataire l’Union Juive Française pour la Paix. « Alors voilà… Je le dis clairement: le temps est venu! Le temps est venu mes amis juifs et non juifs, d’agir et de se bouger. Puisque des groupes qui prônent l’inacceptable (le droit du Hamas de garder un otage), peut-être serait-il temps de nous défendre. » Signait-il plus loin justifiant sa violente ferveur par de la pure défense. Plus agressif encore « Les collabos, plus zélés que dévoyés, de la déshumanisation et de la torture mentale infligée familles et aux proches, alias Ligue des Droits de l'h. (pour Hamas et Hezbollah) se sont acharnés à défigurer cette initiative via leur site de haine » d’ashkel.info.
Les arguments sionistes sont répétitifs mais efficaces, ils consistent systématiquement à décrédibiliser les groupes revendiquant le fait de « l'existence du droit des palestiniens », non pas sur la base de leurs positions mais sur des suppositions. Ainsi, un militant des droits de l'Homme dans cette partie du monde est très facilement taxé de pro-Hamas, de pro-Hezbollah ou même pire, d'antisémite! C'est comme si tous ceux qui avaient critiqués la politique de Nicolas Sarkozy devenaient immédiatement raciste "anti-blanc". En résumé, l’antisémitisme est une étiquette dont ils disposent (apparemment en grande quantité) pour la coller sur le front de ceux qui ne disent pas ce qu’ils veulent entendre. Ensuite vient la posture victimaire dans laquelle la grande violence de leur propos et « excusé » de facto par un droit de légitime défense auto-décrété.
Soyons conscient de notre force, restons solide dans notre combat juste et vive la liberté!
L’équipe de communication GP Lille

BDS : Traitement par le silence

William Parry – NewStatesmen : Robert Del Naja, artiste et musicien anglais, du groupe "Massive Attack", raconte à William Parry pourquoi il boycotte Israël.
publié le vendredi 3 septembre 2010.


Le mouvement pour un boycott culturel d’Israël pour réagir au traitement des Palestiniens par ce pays, boycott modelé sur celui de l’Afrique du Sud de l’apartheid, peut arriver à éclipser des décennies de comédies politiques mensongères en faisant s’engager les intellectuels, les universitaires et les artistes occidentaux. Des personnalités renommées internationalement, tels que Naomi Klein et Ken Loach, soutiennent cet appel au boycott et maintenant, l’un des groupes les plus en vogue en Grande-Bretagne, "Massive Attack", apporte son soutien public au boycott.
« J’ai toujours eu le sentiment que c’était la seule façon d’avancer, » me dit Robert Del Naja, premier chanteur du groupe, lors de notre rencontre aux Galeries Lazarides à Fitzrovia, Londres. Del Naja est un artiste et un musicien, son visage et ses doigts sont mouchetés de peinture. Des dizaines de tableaux sont répandus sur le parquet, en train de sécher. « C’est un système qui a été appliqué pour de nombreux pays. C’est un bon objectif car il fait une pression constante et c’est cela qu’il faut. »
Les musiciens ont tout un passé derrière eux de ralliements de l’opinion au soutien de causes politiques. Le mouvement anti-apartheid mondial a connu un coup de fouet, dont il avait désespérément besoin, quand les musiciens ont commencé à s’y impliquer. Le single "Sun City", par les "Artistes unis contre l’apartheid", en 1985, et le concert en hommage au 70è anniversaire de Nelson Mandela à Wembley, en 1988, ont catapulté la cause dans des millions de foyers ordinaires.
« Je pense que les musiciens ont un rôle majeur à jouer, » dit Del Naja. « Je trouve que plus je m’implique, plus le mouvement devient quelque chose de tangible. Je me souviens des concerts de rock des "Artistes contre l’apartheid", et ceux de "Rock contre le racisme", dans le même genre à l’époque. Des groupes comme "Clash" et "Specials" ont beaucoup influencé l’esprit de la jeunesse à ce moment-là. Ces expériences riches d’enseignement sont toujours évidentes dans les conceptions de "Massive Attack" aujourd’hui. Un concert typique du groupe, c’est une fusion torride de musique avec de messages politiques et de statistiques qui s’affichent sur les écrans vidéo, pendant que le groupe apporte régulièrement son soutien à des causes humanitaires. »
Les appels au boycott ont d’abord été lancés il y a cinq ans par la Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, mais une série de développements, débutant avec la guerre contre Gaza durant l’hiver 2008-2009, ont stimulé le soutien à la campagne. Après le raid meurtrier d’Israël contre la Flottille de la Liberté pour Gaza, le 31 mai dernier, un certain nombre d’artistes réputés, notamment les "Pixies", Elvis Costello et Gorillaz, ont annulé leurs concerts en Israël. En août, 150 artistes plasticiens irlandais ont également promis de ne pas se produire en Israël, mais ce sont les musiciens qui se sont montrés les plus éminents partisans du boycott.
Leurs points de vue ne sont pas unanimes, cependant. D’autres musiciens, d’Elton John et Diana Krall (l’épouse de Costello) à Placebo et John Lydon, ont refusé d’annuler leurs dates de concerts en Israël. Certains insistent en affirmant qu’un engagement avec Israël est plus productif – position que rejette Del Naja. « On nous a demandé de jouer en Israël et nous avons refusé. » dit-il. « La question qui nous a été posée : "Si vous n’y jouez pas, comment pouvez-vous y aller et changer les choses ?" ». J’ai répondu : "Ecoutez, je ne peux pas jouer en Israël quand les Palestiniens n’ont pas accès aux mêmes avantages que les Israéliens". Je pense que la meilleure approche est de boycotter un gouvernement qui semble décidé pour des politiques destructrices. Et c’est triste, parce que nous avons rencontré des gens formidables en Israël, et c’est une décision difficile à prendre. »
Au-delà du monde des arts, un nombre croissant d’organisations syndicales, de syndicats d’étudiants et d’Eglises sont en train de s’impliquer dans le mouvement pour le Boycott, les Sanctions et le Désinvestissement (BDS). Même un groupe basé en Israël, "Boycott de l’intérieur", soutient la campagne, déclarant que « l’agenda politique du gouvernement ne changera que lorsque le prix pour le maintien du statu quo deviendra trop élevé… parce les niveaux actuels d’apathie dans notre société rendent cette initiative indispensable ».
« Nous n’allons pas arriver à une libération sous peu de temps, » concède Del Naja, mais pour lui, la question est de faire « pression, une pression permanente nécessaire ». Et la menace d’un isolement international d’Israël et de répercussions économiques commencent manifestement à porter leurs fruits : le parlement israélien, la Knesset, a récemment voté en première lecture, un projet de loi qui imposera de lourdes amendes à tout citoyen israélien qui lancerait ou soutiendrait un boycott contre Israël, et un autre projet, pour interdire aux étrangers – tel Del Naja – qui agissent de même, d’entrer en Israël pendant dix ans.
« Le boycott n’est pas un acte d’agression contre le peuple israélien, » dit-il. « Mais contre son gouvernement et sa politique. Il est nécessaire de le rappeler à chacune et chacun, car il est très facile de se faire accuser d’être un antisémite, alors que ce n’est pas du tout le sujet. »
William Parry a écrit : « Contre le Mur : l’art de la résistance en Palestine », publié par Pluto Press (Grande-Bretagne, £14,99)
http://www.newstatesman.com/music/2010/09/israel-interview-boycott-naja
traduction : JPP
Lien 

Rapport sur les violations israéliennes des droits humains

Jeudi 2 septembre 2010 - 19h:20
PCHR du 26 août au 1er septembre 2010
Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) poursuivent leurs agressions méthodiques contre les civils palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).
Durant la semaine du 26 août au 1er septembre :
  • les FOI ont continué d’utiliser la force contre les manifestations non violentes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza :
    • 6 Palestiniens et un militant international ont été blessés ;
    • les FOI ont arrêté 4 auxiliaires médicaux palestiniens et 2 militants de B’Tselem ;
  • les FOI ont continué leurs tirs sur les agriculteurs et travailleurs palestiniens dans les zones frontalières à l’intérieur de la bande de Gaza :
    • 2 travailleurs palestiniens ont été blessés dans le nord de la bande de Gaza ;
  • les FOI ont mené 37 incursions dans les communautés palestiniennes en Cisjordanie et une limitée dans la bande de Gaza :
    • elles ont arrêté 15 Palestiniens, dont 3 mineurs, en Cisjordanie ;
  • Israël a maintenu le siège total qu’il impose sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur :
    • des limitations supplémentaires aux déplacements des Palestiniens sont imposées à Jérusalem et dans les autres communautés de Cisjordanie durant le mois du Ramadan ;
    • les troupes d’occupation sur les check-points ont arrêté au moins 8 Palestiniens, dont 2 mineurs ;
  • Israël a poursuivi ses mesures visant à créer une majorité démographique juive à Jérusalem :
    • les colons israéliens ont tenté d’entrer de force dans la mosquée d’al-‘Ein à Silwan ;
    • les autorités israéliennes ont demandé aux églises dans Jérusalem de régler le cumul de leurs factures d’eau depuis 1967 alors que, historiquement, les églises en sont exemptées ;
  • les FOI ont poursuivi leurs activités de colonisation de la Cisjordanie et les colons leurs agressions contre les Palestiniens et leurs propriétés :
    • les colons ont agressé des agriculteurs et des bergers palestiniens à Hébron et à Salfit ;
    • ils ont agressé également en différents endroits les Palestiniens circulant sur les routes importantes après une attaque contre les colons à Hébron.
(JPG)
La clôture de sécurité entre la bande de Gaza et Israël : des Palestiniens ramassent des agrégats pour la construction, dont l’entrée est interdite par Israël.

Violations israéliennes recensées durant la semaine du 26 août au 1er septembre 2010

1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza
Ces incursions s’opèrent généralement la nuit, avec patrouille dans les rues, bruits de bottes dans les quartiers, villages et villes, et souvent des tirs sur les maisons, sinon sur les hommes. L’armée pénètre de forces dans les maisons palestiniennes pour les fouiller, et souvent les vandaliser, emmener du matériel, arrêter des Palestiniens. La plupart de ces Palestiniens arrêtés sont des jeunes, dans les vingt ans. (ndt)
Jeudi 26 août
Vers minuit et demi, les FOI entrent dans Kufor al-Dik, au sud-ouest de Salfit, elles patrouillent dans les rues pendant quelques temps avant de se retirer ; même opération vers 1 h dans Sanour, puis vers 1 h 30, dans Qabatya, au sud-est de Jénine et vers 2 h, dans la ville de Jénine.
Vers 2 h 30, c’est dans Surda, au nord de Ramallah, puis vers 3 h, dans Bir Zeit, où l’armée fouille des maisons et arrête 3 Palestiniens :
1. ’Omar Mitri Qassis, 25 ans,
2. Ramez ’Abdul Rahim Wash’ha, 25 ans, et
3. Yousef Mousa Housha, 46 ans.
Au même moment, des soldats entrent dans Jafna, même secteur, et arrêtent 2 Palestiniens :
1. Tariq Nasser Matar, 21 ans, et,
2. Emile Ghassan ’Abdu, 24 ans ;
et dans Kufor ‘Aqaqb, au sud de Ramallah avec l’arrestation de Tha’er ‘Abdul Rahim Wash’ha, 26 ans.
Un peu plus tard, vers 8 h 55, c’est dans la région de Tulkarem : al-Jaroushiya, au nord de la ville, puis repli après l’incursion ; vers 13 h 25, dans Far’oun, au sud, et vers 13 h 45 dans la ville de Tulkarem.
Vers 16 h, village de Fassayel, au nord de Jéricho, patrouilles et repli.
Vendredi 27 août
Vers minuit et demi, incursion dans ‘Azzoun, à l’est de Qalqilya ; vers minuit 45, dans Kufor al-Dik à nouveau, au sud-ouest de Salfit et un peu plus tard, dans Brouqin, même secteur.
Vers midi et demi, retour dans ‘Azzoun, à l’est de Qalqilya et dans l’après-midi, vers 17 h 30, incursion dans al-Taybeh, au nord-ouest de Ramallah.
Dans toutes ces communes, l’armée est entrée, a patrouillé avant de se retirer.
Samedi 28 août
Vers 6 h, stationnées à la frontière, les FOI ouvrent le feu sur plusieurs ouvriers palestiniens en train de récupérer des matériaux de construction sur l’ancienne colonie de Elli Sinaï au nord de la bande de Gaza. Rami Ibrahim Ghaben, 19 ans, prend une balle dans le pied gauche et Sharif Sa’id Ghaben, 25 ans, une balle dans la jambe gauche. Les FOI ciblent également des charrettes tirées par des ânes. Elles en tuent un et un autre est blessé.
Vers 13 h 30, incursion dans Hares, au nord-ouest de Salfit.
Dimanche 29 août
Au sud-ouest d’Hébron, vers 1 h du matin, incursion dans al-Zahiriya, l’armée fouille la maison de la famille de Eyad Shihda Jabarin, 33 ans, et l’arrête ; vers 1 h 25, dans Qalqilya, où l’armée arrête 4 Palestiniens :
1. ’Imad Ahmed Doula,
2. Ahmed Mohammed al-Dalu,
3. Ameer Hassan Jibara, 19 ans, et,
4. Anas Hassan Jibara, 18 ans.
Vers 1 h 30, une unité d’infanterie des FOI pénètre à 150 mètres dans le camp de réfugiés de al-Bureij au centre de la bande de Gaza. Affrontement armé entre la résistance palestinienne et les FOI. Celles-ci se font envoyer des renforts et bombardent le secteur. 3 membres des brigades Al-Qds, le bras armé du Jihad islamique, sont blessés.
Vers 3 h du matin, l’armée pénètre dans le quartier d’al-Irsal, dans Ramallah. Elle entre dans l’immeuble d’habitation de 5 étages appartenant à la famille d’ Abu ‘Ein, fouille un appartement au deuxième, et arrête Yazan ‘Abdul Hadj al-Shrouf, 22 ans.
Au nord-ouest de Salfit, vers 15 h, incursion dans Bedya, patrouilles dans les rues, et repli. Idem un peu plus tard dans Bani Hassan, même secteur.
Lundi 30 août
Vers minuit et demi, encore ‘Azzoun près de Qalqilya, et retour vers 9 h 15. Cette fois l’armée envahit un garage et confisque 6 voitures ayant des plaques d’immatriculation israéliennes.
Début d’après-midi, vers 13 h 40, toujours dans la région de Qalqilya, incursion dans les villages d’Habla, ‘Izbat al-Ja’oud et ‘Izbat al-Salman. Vers 17 h, dans Zeita près de Tulkarem toute proche, et 17 h 45, dans Jeet, à l’est de Qalqilya.
Dans la soirée, après l’attaque par des militants de la résistance palestinienne contre des colons d’Hébron, les FOI pénètrent dans Bani Na’im, à l’est de la ville, et y imposent un couvre-feu. L’armée fait irruption dans de nombreuses maisons et les transforme en postes militaires. L’opération prend fin le lendemain soir.
Et plus tard encore, vers 23 h 25, incursion dans la ville de Tulkarem, puis repli, sans arrestations.
Mardi 31 août
3 nouvelles incursions dans la région de Salfit : vers 1 h du matin, dans Kufor al-Dik à nouveau, et dans l’après-midi, vers 16 h, dans Sarta au nord-ouest et dans la soirée, retour à Kufor al-Dik
Tulkarem : vers 1 h 30 du matin, incursion dans ‘Anabta ; dans Hébron vers 2 h, dans le camp de réfugiés d’al-‘Arroub, au nord de la ville où l’armée arrête 3 enfants palestiniens :
1. Saleh ’Imad Abu Sharar, 14 ans,
2. Mohammed Zakaria al-Qiq, 16 ans, et,
3. Firas Zakaria al-Qiq, 14 ans.
Mercredi 1er septembre
9 h 30, du haut de leurs miradors situés au poste frontière de Erez-Beit Hanoun, les FOI font feu sur des ouvriers palestiniens en train de récupérer des matériaux de construction sur l’ancienne zone industrielle. Les ouvriers se retirent. Pas de victime.
2 - Usage d’une force démesurée contre les manifestations non violentes protestant contre la colonisation et la construction du mur d’annexion
Durant la dernière semaine, la même violence de l’armée d’occupation s’est manifestée contre les Palestiniens, internationaux et Israéliens qui s’opposent pacifiquement à la construction du mur et à la colonisation. 7 civils palestiniens ont été blessés. Des dizaines ont souffert de l’inhalation des lacrymogènes et d’autres des coups donnés par les soldats de l’occupation. 4 auxiliaires médicaux palestiniens et 2 militants des droits de l’homme de l’association israélienne B’Tselem ont été interpellés, et relâchés une heure plus tard.
A Bil’in, à l’ouest de Ramallah : le 27 août, à la manifestation hebdomadaire non violente du vendredi participent Martin Linton, responsable de l’association britannique Amitié-Palestine et ancien membre du Parti travailliste, ainsi que différents dirigeants et membres du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine). La manifestation hebdomadaire est une protestation non violente contre la construction du mur qui traverse et vole les terres du village. Les manifestants cette semaine commémorent aussi le 9è anniversaire de la mort d’Abu Ali Mustafa, ancien secrétaire général du FPLP. La manifestation se dirige vers les murs mais comme chaque semaine, la violence de l’armée se fait sentir et 3 Palestiniens dont un journaliste sont blessés :
1. Ashraf Mohammed al-Khatib, 27 ans, blessé par une balle caoutchouc dans la jambe gauche,
2. Bassam Mohammed Hamad, 30 ans, touché par un corps de grenade lacrymogène à la jambe droite, et,
3. Haitham Mohammed al-Khatib, 34 ans, photographe du Comité public contre le mur et la colonisation à Bil’in, touché par un corps de grenade lacrymogène dans le dos.
Plusieurs manifestants souffrent aussi de l’inhalation des gaz et d’autres des coups reçus.
Ni’lin, à l’ouest de Ramallah, autre manifestation hebdomadaire, tous les vendredis après la prière, contre la construction du mur. Palestiniens, internationaux et Israéliens se rassemblent dans le village et se dirigent vers le mur. L’armée les agresse systématiquement dès qu’ils approchent du mur, à balles caoutchouc, lacrymogènes et bombes sonores. De nombreux manifestants, ce 27 août, souffrent des lacrymogènes et des coups. 4 auxiliaires médicaux palestiniens et 2 militants israéliens sont également interpellés, avant d’être libérés plus tard :
1. Murad Khalil ’Amira, 35 ans,
2. Mohammed Mousa Jabazi, 23 ans,
3. Ma’ath Mohammed ’Amira, 18 ans,
4. Tariq Hani ’Amira, 21 ans,
5. Hamouda Sa’id ’Amira, 34 ans, photographe de l’association israélienne B’Tselem, et,
6. Madame Sirit, 39 ans, porte-parole de B’Tselem.
Al-Ma’sara, au sud de Bethléhem, ce même vendredi, Palestiniens et internationaux partent en manifestation, direction les terres que les FOI ont l’intention de confisquer pour construire un tronçon du mur d’annexion. Les FOI ont déjà fermé l’entrée du village. Une fois que les manifestants arrivent sur la zone, l’armée tire et lance ses grenades et roue de coups certains d’entre eux. 4 manifestants, dont un militant américain, prennent des éclats et souffrent de brûlures :
1. Jom’a Yousef Zawahra, 40 ans, blessé par un éclat au pied droit,
2. Mohammed Yousef Banat, 37 ans, idem, dans le dos,
3. Mahmoud Mousa ’Aladdin, 27 ans, idem, à la cuisse droite, et,
4. Elika Ross, 21 ans, qui souffre de brûlure jà la main droite.
3 - Maintien du bouclage des TPO
Un bouclage très serré est maintenu sur les TPO ainsi que les restrictions aux déplacements des Palestiniens, dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est.
Bande de Gaza
Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière
Rafah International
Date  :
 :
Palestiniens
sortant
 :
 :
Palestiniens
entrant
25 août  : 509  : 292
26 août  : 460  : 371
27 août  : 523  : 406
28 août  : 599  : 350
29 août  : 318  : 269
30 août  : 450  : 228
31 août  : 304  : 285
Karm Abu Salem (Kerem Shalom)
Date  : Importations Qté  : Exportations Qté
25 août  : denrées alimentaires 1 135 tonnes  :
 : matériel agricole 319 tonnes  :
 : denrées diverses  :
 : gaz domestique 151,49 tonnes  :
 : fioul industriel 513 500 litres  :
 : aide humanitaire 339 tonnes  :
 :  :
26 août  : denrées alimentaires 1 189 tonnes  :
 : matériel agricole 257 tonnes  :
 : denrées diverses 2 012 tonnes  :
 : gaz domestique 176 tonnes  :
 : fioul industriel 604 999 litres  :
 : aide humanitaire 254 tonnes  :
 :  :
29 août  : denrées alimentaires 1 164 tonnes  :
 : matériel agricole 208 tonnes  :
 : denrées diverses 952 tonnes  :
 : gaz domestique 175 tonnes  :
 : fioul industriel 335 996 litres  :
 : aide humanitaire 161 tonnes  :
 :  :
30 août  : denrées alimentaires 1 177 tonnes  :
 : matériel agricole 287 tonnes  :
 : denrées diverses 1 096 tonnes  :
 : gaz domestique 155 tonnes  :
 : fioul industriel 285 516 litres  :
 : diesel 130 000 litres  :
 :  :
31 août  : denrées alimentaires 1 587 tonnes  :
 : matériel agricole 263 tonnes  :
 : denrées diverses 1 357 tonnes  :
 : gaz domestique 89 tonnes  :
 : fioul industriel 419 971 litres  :
 : diesel 120 750 litres  :
 : essence 38 000 litres  :
 : aide humanitaire 420 tonnes  :
Al-Mentar (Karni)
Ouvert le 25 août pour,l’entrée de 975 tonnes de céréales et 2 886 tonnes de nourritures animales et le 31 août pour 1 911 tonnes de céréales et 2 457 tommes de nourritures animales.
Beit Hanoun (Erez)
Population  : 25 août - 26 août - 27 août - 28 août - 29 août - 30 août - 31 août
Patients  : 23 26 1 0 35 38 37
Accompagnateurs  : 23 27 1 0 34 38 34
Palestiniens d’Israël  : 5 3 27 0 34 6 17
Diplomates  : 1 10 0 0 0 2 0
Presse  : 0 3 0 0 3 0 2
Internationaux  : 30 43 4 0 20 19 15
Gazaouis  : 0 0 0 0 2 0 1
Commerçants  : 8 24 0 0 9 13 11
Hommes d’affaires  : 17 2 0 0 8 2 16
Réunions  : 0 3 0 0 1 5 0
Ambulances vers Israël  : 0 2 0 1 1 2 2
Ambul. venant d’Israël  : 4 3 1 0 3 4 3

Cisjordanie
La Cisjordanie tout entière est bouclée. Pendant la semaine, de nouvelles limitations aux déplacements sont imposées.
Jérusalem : des milliers de Palestiniens ne peuvent toujours entrer ou sortir de la cité. Les restrictions sont renforcées les vendredis, jours de prière, empêchant de nombreux Palestiniens d’aller prier à la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville palestinienne. Vendredi matin, 27 août, deuxième vendredi du mois saint du Ramadan, les FOI imposent de nouvelles limitations autour de Jérusalem. Les Palestiniens de moins de 50 ans ne peuvent entrer dans la ville. La présence militaire et policière s’est également renforcée, avec de nouveaux check-points dans différents quartiers.
Bethléhem : l’armée est toujours présente sur les 41 check-points qui entourent la ville. Celle-ci est également touchée par la construction du mur d’annexion, au nord et à l’ouest, et de vastes parcelles de terres palestiniennes se retrouvent isolées par le mur. Durant cette semaine, sur le check-point 300 (Tombe de Rachel), au nord, les Palestiniens qui veulent aller prier à Jérusalem sont soumis à des règles plus strictes pour passer le barrage. Ils sont obligés d’attendre sur deux files, de chaque côté de la route, avant le check-point. Ensuite ils sont contrôlés par des soldats qui utilisent des machines électroniques. De tels contrôles sont très longs et humiliants. Durant cette semaine, seules les personnes âgées de plus de 50 ans sont autorisées à se rendre à Jérusalem. De leur côté, les troupes postées au check-point Container imposent également des restrictions plus sévères et des contrôles approfondis pour les véhicules palestiniens.
Hébron : après l’attaque de la résistance contre des colons israéliens, mardi dernier 31 août, les FOI imposent des restrictions nouvelles ; elles posent également des check-points sur les principales voies de circulation. Elles ferment aussi toutes les entrées d’Hébron et celles d’un certain nombre de villages. De plus, les FOI interdisent toute circulation palestinienne sur la route de contournement n° 60.
Naplouse : lundi matin, 30 août, l’armée pose un check-point en face de l’usine al-Tanib, à l’ouest de Naplouse. Mercredi matin, 1er septembre, idem au carrefour de Jeet, au sud-ouest, et à celui de Yits’har, au sud.
Ramallah : à Qalandya et à Jaba’, les FOI imposent des restrictions renforcées sur ces barrages. Par ailleurs, d’autres barrages sont posés sur certaines routes. Le 27, l’armée ferme celui de Jaba’ et des milliers de Palestiniens qui étaient allés prier à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem doivent attendre de longues heures avant d’être autorisés à traverser pour rentrer chez eux. Le samedi 28, vers 9 h 30, l’armée revient sur le check-point d’‘Attara, à l’entrée nord de Bir Zeit, au nord de Ramallah et vers 18 h, nouveau barrage à l’entrée de Beit Liqya, à l’ouest de la ville.
Qalqilya : la route agricole qui passe à l’est d’‘Azzoun, à l’est de Qalqilya, est toujours fermée, depuis 2009. Le village est ainsi séparé de la route n° 55, qui relie Naplouse à Qalqilya, par des barbelés. Cette clôture coupe le village de ses terres cultivées qui se situent au nord. Les nouveaux barrages posés : jeudi 26 août, vers 8 h, à l’entrée d’‘Azzoun et vers 15 h 40, à l’entrée est de Qalqilya ; vendredi 27, vers 10 h 30, à ‘Azzoun et vers 22 h 15, à l’entrée d’‘Asila ; samedi 28, vers 8 h 10, à nouveau ‘Azzoun ; dimanche 29, à 14 h 20, sur la route Jayous/’Azzoun, vers 17 h, à l’entrée nord d’‘ Azzoun, et vers 20 h 45, au carrefour de Jainsafout ; lundi 30 vers 9 h, à l’entrée est de Qalqilya, vers 14 h, à l’entrée d’‘Azzoun (où l’armée retient 4 Palestiniens menottés pendant une heure) ; mardi 31 août, vers minuit dix, à l’entrée d’‘Azzoun, vers 11 h 30, à l’entrée d’‘Izbat al-Tabib et vers 14 h 45, à l’entrée d’‘Azzoun.
Tulkarem : le jeudi 26 août, l’armée pose un barrage à l’entrée du village de Deir al-Ghossoun, au nord de Tulkarem.
Salfit : l’entrée nord de Salfit est toujours fermée, avec des blocs de béton et des tas de sable, depuis... 2000. Les deux routes qui relient Marda à ses terres cultivées sont fermées. Vers 19 h 30, ce lundi 30, nouveau barrage à l’entrée de Hares, au nord-ouest de Salfit.
Arrestations sur les check-points
Jeudi 26 août dans la matinée, les FOI arrêtent Zaid Burhan Hamdallah, 19 ans, du village d’‘Anabta, à l’est de Tulkarem, après l’avoir convoqué pour interrogatoire.
Vendredi 27, vers 23 h, arrestation de Ahmed RAsheed Basheeer, 20 ans, de Jainsafout, à l’est de Qalqilya, alors qu’il se rend à son travail, dans la colonie Emanuel.
Dimanche 29, vers midi, sur le check-point à l’entrée de Qiffin, au nord de Tulkarem, l’armée bloque et fouille les véhicules palestiniens, elle arrête ‘Abdul Rahim Mohammed Daoud, 23 ans.
Dimanche 29, environ 16 h, l’armée arrête Mohammed Mashour Salim et Yousef Mahmoud ‘Edwan, 15 ans tous les deux, et d’‘Azzoun, au prétexte qu’ils auraient lancé des pierres sur les voitures israéliennes qui circulaient sur la route n° 55, au nord du village.
Lundi 30, vers 18 h, sur le check-point de Za’tara, au sud de Naplouse, arrestation de Hani Mohammed Mas’oud.
Mardi 31, vers 17 h 30, sur le check-point au carrefour de Jeet, à l’est de Qalqilya, l’armée arrête Jabal Ameen Samara, lors du contrôle systématique des véhicules palestiniens.
4 - Mesures visant à créer une majorité démographique juive dans Jérusalem
Compte tenu de l’intensification de ces mesures, le PCHR consacre cette partie de son rapport hebdomadaire aux violations flagrantes des droits humains des Palestiniens, dans le but de les chasser de la ville.
Le jeudi matin 26 août, des colons israéliens essaient d’entrer de force dans la mosquée al-‘Ein dans le quartier Wadi Hilwa, à Silwan, Jérusalem-Est. Selon des témoins, au moins une dizaine de ces colons tentent l’opération, vers 3 h 30, s’avançant furtivement dans la zone et portant des outils pour forcer la porte de la mosquée. Des Palestiniens remarquent leur présence et, comprenant leur tentative, ils s’affrontent aux colons. Aussitôt, les FOI arrivent sur place pour protéger les colons. 5 jours plus tôt, les colons avaient tenté d’attaquer la mosquée, et au début du mois d’août, ils en avaient défoncé la porte.
Le lundi matin, 30 août, les FOI entrent dans le quartier de Wad Hilwa, à Silwan. Elles ont lancé une campagne d’arrestations de civils palestiniens et ce jour, elles arrêtent Su’ad Abu Ramouz et son frère Jawad. La femme sera libérée quelques heures plus tard, mais l’armée garde son frère en détention. Elles arrêtent également Fadi Siam, 28 ans, son frère Nour, 20 ans, et Adam Samrin, 68 ans, le garde de la mosquée al-‘Ein. Ils sont libérés à midi.
La compagnie des Eaux israélienne Jihon a récemment envoyé des avertissements aux églises et aux couvents de la vieille ville de Jérusalem, leur demandant de payer les factures de leur consommation d’eau depuis... 1967. Elle les menace de couper l’eau si les redevances ne sont pas réglées. Il faut préciser que les églises et les couvents à Jérusalem sont exemptés du paiement des factures d’eau depuis... des centaines d’années.
5 - Activités de colonisation et agressions de colons contre les Palestiniens et leurs propriétés
La colonisation se poursuit, en toute illégalité.
Vers 14 h le vendredi 27, des colons agressent Jamal, Ahmed et Mohammed al-Nawaj’a, alors qu’ils font paître leur bêtes dans le secteur de Sushia, à 800 mètres environ de la colonie Sushia, au sud d’Hébron. Les colons se servent de pierres et de cannes.
Le mardi 31, des colons de la colonie Emanuel, au nord-ouest de Salfit, agressent 3 Palestiniens qui travaillent sur leurs terres, près de Deir Estia. Les colons poursuivent Yousef Mohammed al-Qaissi, 17 ans, Sharaf Daoud ‘Obaid, 18 ans, et ‘Odai ‘Azzam ‘Obaid, 18 ans. Ils mettent la main sur al-Qaissi alors qu’il est à terre, ils l’insultent et lui interdisent de revenir dans le secteur.
Ce même jour, vers 20 h, après l’attaque de la résistance contre les colons israéliens près d’Hébron, des colons se rassemblent près du carrefour de Jeet, à l’est de Qalqilya. Ils lancent des pierres sur les voitures des Palestiniens qui circulent sur la route Naplouse/Qalqilya. De nombreux véhicules sont endommagés. Les colons rouent de coups un Palestinien qu’ils attrapent, Nasser Nafe’ Mansour.
Le mardi matin 31 août, des colons de Yits’har, au sud de Naplouse, se rassemblent devant l’entrée de la colonie et font la même opération, jetant des pierres sur les véhicules palestiniens qui passent sur la route de contournement entre le carrefour d’Hawara, au sud de Naplouse et celui de Jeet, au sud-ouest.
Même jour, même opération, à l’est de Qalqilya : vers 22 h 30, les colons de Karni Shomron se rassemblent à l’entrée de la colonie et s’en prennent aux voitures palestiniennes sur la route de Naplouse à Qalqilya.
Mercredi matin, 1er septembre, idem. Les colons de Yits’har (Naplouse) recommencent au même endroit que la veille.
Vers midi, une cinquantaine de colons de Kiryat Arba (Hébron) attaque la maison de Younis Mohammed EDris, dans le secteur d’al-Jalajel, à coups de pierres et de bouteilles vides. Ils mettent aussi le feu à l’herbage proche de la maison. Celle-ci est endommagée.
Et vers 17 h 30, des colons escortés par des soldats, envahissent un secteur de 15 dunums (1,5 ha) appartenant à ‘Ata ‘Abdul Jawad Jaber, et commencent à y monter un avant-poste colonial. Les soldats maintiennent les membres de la famille à l’intérieur de leur maison, située à 150 m du terrain que les colons convoitent. Les colons et les FOI restent sur place jusqu’à 22 h 30.
(JPG) Document public
Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur le site du PCHR, ou de le contacter à son bureau à Gaza ville par courriel : pchr@pchrgaza.org, ou par téléphone : (+972 (0)8 2824776 - 2825893).
Rapport hebdomadaire pour la période du 26 août au 1er septembre 2010 : PCHR
traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie : JPP.
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Les mille et une vies du curé de Gaza

Le père Manuel Moussallam le confie : «Si je n’avais pas été prêtre, j’aurais choisi d’être officier dans l’artillerie.» Mais au soir de sa vie, Abouna, comme on l’appelle familièrement, n’a pas à avoir de regret : ce rêve de leadership et d’héroïsme additionnés, il ’a mis en œuvre tout au long de ses cinquante années de mission sacerdotale.
«À l’école, en paroisse, avec les jeunes, dit-il, j’ai coordonné, commandé, encouragé, décidé». Tant et si bien que depuis que le prêtre a quitté, il y a un an, son Église de la Sainte Famille à Gaza, ses ouailles se sentent orphelins. «Abouna, c’est difficile de vivre notre foi de chrétien, car nous avons perdu une force qui nous poussait», lui téléphonent encore certains de ses amis.
Curé enseignant, curé éducateur, curé boulanger… le père Manuel eut plusieurs vies. À 72 ans, il goûte aujourd’hui à un repos mérité dans sa maison familiale de Bir Zeit, son village natal près de Ramallah en Cisjordanie, où il s’est confié à Jean-Claude Petit, ancien directeur de La Vie (1).
De son enfance pauvre à sa vocation de prêtre à Zarqa, Jénine, Zababdeh puis Gaza, le père Manuel a passé sa vie au service des chrétiens et de son peuple. Une vie d’aventures rocambolesques que ce personnage hors du commun raconte avec sa faconde et son béret basque sur la tête, mais aussi de douleurs imposées par l’Histoire.
À ses débuts à Zarqa, les enfants le surnomment «l’émir des chrétiens». Abouna Manuel s’était procuré un fusil pour se défendre dans une Jordanie de la fin des années 60 volontiers hostile aux Palestiniens. Mais c’est sur l’autre rive du Jourdain, quelques années plus tard à Zababdeh, qu’il peaufinera sa personnalité de résistant non violent, de réconciliateur et de pédagogue. Dans ce pays de bonne terre, planté d’arbres où des ateliers de couture font vivre ses habitants, le père Manuel y affronte vingt années durant l’occupation israélienne.
Avec ses mille cinq cents chrétiens, et cinq cents musulmans, Zababdeh est l’un des derniers villages palestiniens encore à majorité chrétienne. Le prêtre y fait corps avec son peuple. Chaque samedi, il chante l’Évangile, diffusé par haut-parleur. «On l’entendait à cinq kilomètres à la ronde, se souvient le curé. Beaucoup de gens, chrétiens comme musulmans, me disaient qu’ils s’arrêtaient alors de travailler.»
Combien de fois va-t-il jouer au médiateur pour régler des disputes de voisinage ? Combien de familles va-t-il rassembler devant l’Église pour se réconcilier, après avoir fait référence à un texte de l’Évangile pour les chrétiens et du Coran pour les musulmans. «Mais Abouna connaît le Coran ?», s’étonnent ces derniers.
Le père Manuel est «un prêtre autoritaire qui fait peur à tout le monde», répand la rumeur à son arrivée à Gaza en 1995, à la tête d’une minuscule communauté de 200 âmes au milieu d’un million et demi de musulmans. Chaque dimanche à la messe, il arrive à l’autel en chantant, puis il joue de l’orgue, éteint les lumières de la nef pour que ses ouailles écoutent mieux l’Évangile, et il prêche debout, vingt minutes d’affilée. Son entregent, rapidement, fait merveille auprès des cheikhs et des ministres qu’il visite. Mais c’est à l’école qu’il rayonne. Le père Manuel ne craint pas d’y rétablir la mixité, quitte à faire grincer des dents dans une société traditionnelle. Il décharge les mères des leçons pour en replacer la tâche sur les enfants, qu’il veut rendre maître de leur destin. «J’ose dire que j’ai vécu une expérience de paternité, voire de fécondité avec tous ces enfants, tant je me sentais un peu leur père, mais peut-être encore plus leur mère.»
Laïcs ou islamistes, les dirigeants de la bande de Gaza rendent hommage à son action éducative. Et lui n’est pas peu fier d’avoir eu la plupart des enfants des ministres du mouvement intégriste Hamas à son école.
Toute sa vie, Abouna Manuel est resté fidèle à son double engagement envers le Christ et sa terre de Palestine. Il eut des relations fraternelles avec les musulmans, qui l’appelaient souvent «cheikh Manuel». Mais il garde une lucidité sur les difficultés de la relation avec la société musulmane. «Nous n’avons pas la même vision du monde, dit-il. Notre vocation de chrétiens, c’est le vivre ensemble universel. Pour l’islam, c’est la communauté.»
Aujourd’hui encore, il lutte contre ceux qui ont tendance à considérer les chrétiens palestiniens comme des «nouveaux croisés», des «étrangers sur leur propre terre». Mais il cherche aussi à faire comprendre à ses coreligionnaires que leur force, «c’est la citoyenneté». «Ils ont peur, dit-il, mais ils ne sont pas persécutés.»
On le devine en conflit parfois avec sa hiérarchie, à Jérusalem et à Rome. «Le pape est venu chez nous en Terre sainte d’abord en chef d’État, et ensuite seulement en porte-parole du Christ. Ce devrait être l’inverse», regrette le père Manuel. «Un homme libre, qui annonce à temps et à contretemps, la position de son église, et à travers elle, le message de paix et de justice de l’Évangile», selon Jean-Claude Petit.
L’échec de la paix avec Israël, les divisions palestiniennes, le blocus de Gaza imposé par l’État hébreu ? Les ressacs de l’Histoire le désolent. La politique coule dans les veines de ce déraciné, membre du département «Monde chrétien» au sein de l’OLP. Mais Abouna Manuel se méfie du pouvoir. Le Hamas voulait le nommer ministre. Il a refusé. Le Fatah tenait à le présenter aux élections législatives. Il a dit non. «Il n’est pas question un seul instant de laisser mon Christ pour suivre Ismail Hanyeh ou Mahmoud Abbas», jure-t-il.
(1) «Curé à Gaza». Manuel Moussallam (entretiens avec Jean-Claude Petit). L’aube. (200 pages-18 euros). 

Un an n'est pas suffisant pour conclure la paix

20:07 03/09/2010
MOSCOU, 3 septembre - RIA Novosti
Le délai d'un an accordé jeudi au règlement du conflit proche-oriental par les leaders israélien et palestinien, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu, lors d'entretiens directs à Washington, ne suffira pas aux parties pour se mettre d'accord, ont annoncé des experts russes pour le Proche-Orient.
Réunis jeudi à Washington sur l'initiative du président américain Barack Obama, MM.Netanyahou et Abbas ont convenu de tenir des pourparlers directs toutes les deux semaines afin d'élaborer un accord-cadre sur le règlement de paix qui, d'après les négociateurs, devrait être atteint d'ici un an.
Vladimir Issaïev, chercheur au Centre d'études arabes de l'Institut d'Orientalisme de l'Académie des sciences de Russie (RAN), estime que les parties en conflit ne réussiront pas à résoudre les problèmes en un an en raison des contradictions palestino-israéliennes, mais aussi suite au schisme entre les Palestiniens eux-mêmes.
"Les Palestiniens de Gaza sont contre la tenue de ces négociations. Ils considèrent que la présidence de Mahmoud Abbas est illégitime et ignorer leur intérêts peut provoquer des surprises malplaisantes, telles que le meurtre de quatre colons israéliens près d'Hébron en Cisjordanie. C'est-à-dire, il y a des forces qui feront tout pour torpiller ces négociations", a expliqué l'expert russe.
Le directeur de l'Institut russe d'études d'Israël et du Proche-Orient, Evgueni Satanovski, a un avis particulièrement sceptique vis-à-vis de la reprise du dialogue direct. Il trouve que les deux parties sont intéressées à sauver la face de Barack Obama qui risque de perdre prochainement sa majorité au Congrès et que les négociations ne déboucheront sur aucun accord car il est "impossible de partager les territoires en question qui ressemblent à une peau de léopard".
Les pourparlers sont voués à l'échec, avant tout parce que Mahmoud Abbas ne reconnaîtra pas l'Etat hébreu, selon M.Satanovski.
Israéliens et Palestiniens mènent un dialogue sur le règlement du conflit bilatéral depuis 1993. Ce processus de paix a été interrompu à deux reprises - pour la seconde Intifada (2000-2007) et après l'offensive lancée par Israël contre la bande de Gaza en 2008 - avant d'être relancé en mai dernier sous forme de négociations indirectes effectuées avec la médiation des Etats-Unis.
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PO: assurer un climat favorable aux négociations

10:50 04/09/2010
MOSCOU, 4 septembre - RIA Novosti
Les envoyés spéciaux russe et américain pour le Proche-Orient, Alexandre Saltanov et George Mitchell, se sont mis d'accord vendredi lors d'une conversation téléphonique sur la nécessité de créer un climat favorable aux négociations palestino-israéliennes, rapporte le service de presse du ministère russe des Affaires étrangères.
MM. Mitchell et Saltanov "ont échangé d'avis sur la première étape des négociations directes palestino-israéliennes ouvertes jeudi à Washington. Les deux parties ont souligné la nécessité de créer des conditions favorables aux négociations afin d'assurer le règlement palestino-israélien", indique le communiqué.
Les négociations directes entre le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ont repris le 2 septembre dernier à Washington.
Israéliens et Palestiniens mènent un dialogue sur le règlement du conflit bilatéral depuis 1993. Ce processus de paix a été interrompu à deux reprises - pour la seconde Intifada (2000-2007) et après l'offensive lancée par Israël contre la bande de Gaza en 2008 - avant d'être relancé en mai dernier sous forme de négociations indirectes effectuées avec la médiation des Etats-Unis.
Le processus de paix vise à créer un Etat palestinien sur les territoires occupés par Israël suite à la guerre de Six jours (1967).
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Reprise des négociations directes israélo-palestiniennes jeudi dernier à Washington : A la recherche d’un “accord cadre”

03-09-2010 | 22:22
Mitchell : « Abbas et Netanyahu ont eu des discussions positives et vont se retrouver à la mi-septembre »
Les négociations directes entre Palestiniens et Israéliens ont débuté jeudi à Washington sous l'égide des Etats-Unis, dans le but de parvenir à un accord de paix d'ici un an. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ouvert ces pourparlers, en réunissant le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. A cette occasion, Mme Clinton a exhorté les deux dirigeants palestinien et Israélien à parvenir à un accord pour instaurer la paix dans la région, tout en signalant que les questions qui seront abordées telles les colonies, les frontières et la sécurité ne seront pas simples et faciles. La première session devait durer environ trois heures, après que les trois dirigeants aient prononcé des discours introductifs. Ces négociations directes parrainées par l'administration américaine sont censées aboutir à un accord d'ici un an. Plusieurs questions, dont celles du statut final, de sécurité et des frontières, seront à l'ordre du jour de ces discussions. L'autorité palestinienne insiste sur la nécessité de voir ces négociations aboutir à la création d'un Etat palestinien indépendant et sur l'arrêt de la colonisation israélienne. Ainsi, le président Mahmoud Abbas a appelé les Israéliens à geler toute construction dans les colonies, au lancement de négociations directes à la Maison Blanche. "Nous rappelons notre engagement à remplir nos obligations et nous appelons les Israéliens à remplir les leurs, dont un gel de toutes les activités (de construction) dans les colonies", a déclaré M. Abbas, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, des présidents américain et égyptien Barack Obama et Hosni Moubarak, ainsi que du roi Abdallah de Jordanie. Ce gel, a indiqué le dirigeant palestinien, "n'est pas une condition préalable (aux négociations), mais un objectif pour appliquer une obligation sur laquelle il existe un accord". M. Abbas a averti qu'un redémarrage des constructions "vouerait les négociations à l'échec".

Obama appelle Israéliens et Palestiniens à saisir la "chance" de faire la paix
Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé mercredi Israéliens et Palestiniens à saisir une "chance" de faire la paix peu avant de lancer le dialogue entre les deux parties à la Maison Blanche. "Cette chance de paix pourrait bien ne plus se représenter", a estimé le président des Etats-Unis, après avoir reçu successivement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Hosni Moubarak. "Ils ne peuvent pas se permettre de laisser passer" cette chance, a poursuivi M. Obama au cours d'une brève allocution à la Maison Blanche. "Le temps est venu pour les dirigeants courageux et visionnaires d'ouvrir la porte à la paix que leurs peuples méritent", a-t-il ajouté. Le président a aussi promis de jeter "tout le poids" des Etats-Unis dans la balance pour parvenir à une paix entre Israéliens et Palestiniens. Tout en promettant de guider les négociations, M. Obama a souligné que son pays ne pourrait pas imposer une solution unilatérale à un conflit qui dure depuis des décennies. "En fin de compte, les Etats-Unis ne peuvent pas imposer une solution, et nous ne pouvons pas la désirer plus que les parties elles-mêmes", a-t-il remarqué.

"La solidarité a un goût différent en prison"

Palestine 48 - 03-09-2010
Par Ameer Makhoul

Cet article est un extrait d’une lettre du 7 août 2010 écrite par Ameer Makhoul depuis une prison israélienne. Défenseur des droits de l’homme, directeur du réseau d’ONG arabes Ittijah, chef de file du mouvement palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions et citoyen palestinien d’Israël, Makhoul a été arrêté lors du raid de sa maison à Haïfa, aux premières heures du matin le 6 mai 2010. Pendant les onze jours qui ont suivi, Makhoul a été mis en isolement, sans accès à un avocat, et soumis à la torture. Des associations pour les droits de l’homme ont condamné la persécution politique dont il est l’objet et les poursuites judiciaires lancées contre lui. 
Mon chemin est toujours en quelque sorte coincé. C’est le Shabak qui mène le système, au niveau structurel et politique, et non la justice. Ma dignité humaine, mes droits humains fondamentaux et mes droits constitutionnels sont violés. Je ne suis toujours pas autorisé à rencontrer mes avocats sans que nos entretiens soient enregistrés. Le travail des trois juges est de justifier la décision de l’avocat général d’Israël et du Shabak de m’empêcher de rencontrer librement mes avocats en prison.
Les juges insistent sur le fait que ces rencontres aient lieu à travers une vitre de séparation et par téléphone, afin de pouvoir enregistrer la totalité de la conversation.
A première vue, le procédé ainsi que la procédure semblent justes mais, c’est avant tout, une violation systématique, structurelle et politique de mon droit fondamental à une procédure juste. Le rôle de l’avocat général est de me criminaliser, pas de chercher la vérité.
Dans la prison de Gilboa, il y a environ 600 prisonniers de la liberté palestiniens et arabes répartis en sections/divisions.
La répartition des prisonniers est géopolitique : les prisonniers de Cisjordanie et les prisonniers de 1948 (dont Jérusalem Est et le Plateau du Golan occupés) sont ensemble, alors que dans les prisons du Naqab (Néguev), les prisonniers de Cisjordanie sont séparés de ceux de Gaza. Et les prisonniers de Gaza sont séparés en fonction de leur affiliation au Fatah ou au Hamas.
Les frontières de l’occupation sur le terrain basées sur le mur d’apartheid sont valables dans la politique de répartition démographique de la prison. C’est une fragmentation imposée pour saper la lutte contre l’un des crimes coloniaux les plus systématiques et pour affaiblir la lutte collective en détruisant sa structure de continuité et d’interaction.
Je m’efforce d’apporter espoir et détermination aux prisonniers de la liberté. C’est l’une de mes missions en prison. Je dois maintenir le contact avec Ittijah et la communauté, et avec tous les mouvements de solidarité, groupes et personnes, mais plus que tout, je dois correspondre avec autant d’intensité que possible avec mes filles Hind et Huda, qui sont devenues des combattantes pour la liberté, la justice et la dignité matures, et surtout leur rendre le bonheur de vivre qui a été volé le 6 mai à 2h30 du matin.
Ma femme Janan mène, de façon héroïque, l’ensemble de la campagne tout en faisant face à d’énormes tâches à la maison.
Nous avons besoin de vos lettres ; le goût de la solidarité est différent quand on est en prison que lorsqu’on est à l’extérieur, le goût reflète la grande solidarité, les actions de soutien et de responsabilisation.

Que cache l’intérêt croissant des Etats-Unis pour le Liban-sud?

03/09/2010  
Selon  un article publié dans le quotidien as-Safir, des sources officielles libanaises ont noté avec suspicion l’intérêt croissant des Etats-Unis pour le Liban-sud !
C’est du moins ce qu’a rapporté le quotidien libanais as-Safir, dans un article de Ghaseb al-Moukhtar intitulé « Que  cache l’intérêt croissant des Etats-Unis pour le Liban-sud? »
Ghaseb al-Moukhtar a souligné que l’intérêt croissant et au plus niveau de l’administration américaine pour le Liban-sud, surtout après la confrontation militaire  qui a eu lieu entre l'armée libanaise et les forces d'occupation israéliennes dans le village d’ Adayysé, s’est traduit d’une part dans les réunions et les contacts qui ont précédé un prolongement de la mission de la FINUL  pour un an, et d’autre part à travers une activité sans précèdent de plus d'un responsable militaire et politique américain ans la capitale libanaise.
Parmi ces responsables,  Ghasan al-Moulhtar cite  Fréderic Hoff, l’adjoint de George Mitchell, l'émissaire spécial américain au Moyen-Orient, qui avait informé au début du mois d’Août, le chef d’état-major de l’armée libanaise le Général Jean Kahwagi, de l’intention d’ « Israël » d'anéantir l’infrastructure de l’armée en quatre heuers, en début du mois d’Août.
Selon al-Moukhtar,  « la visite de Hoff à Beyrouth s’est concentrée sur  deux fronts: un front politique où il fallait avertir les responsables libanais des dernières évolutions dans le  processus de paix au Moyen-Orient notamment le lancement des négociations directes israélo-palestiniennes, et  un front sécuritaire visant à soutenir les efforts de la FINUL opérant dans le sud du Liban  dans le but de circonscrire  les tensions aux frontières et maintenir la paix le long de la Ligne bleue , selon un communiqué du Département d'Etat américain », rappelle Ghassan al-Moukhtar.  
Selon as-Safir,  Hoff a demandé lors de ses rencontres avec divers responsables militaires et politiques libanais, quelles sont les chances  d’une explosion de la situation au Liban-sud surtout après l'incident d’Adayassé, surtout que selon des informations rapportées pars des responsables libanais,  « Israël s’est vu obligé  de maintenir son calme sous  la pression directe des États-Unis ». Hoof a également  demandé des détails sur ce qui s'est passé avant, pendant et après l’incident d’Adayssé, aussi il a pris connaissance du contenu des réunions militaires libano-israéliennes parrainées par la  FINUL qui ont suivi  l’agression israélienne contre l’armée libanaise.
Mais le plus frappant, souligne Ghassan al-Moukhtar , c’est que «  Hoff  a demandé comment a été la réaction israélienne aux propositions libanaises et internationales sur un re-délimitation de la Ligne bleue, en particulier concernant certains points géographiques qui posent problème pour  le Liban  , et par rapport au retrait israélien de la partie occupée du nord du village de Ghajar ».
Il a par ailleurs demandé,  comment pouvait contribuer  l'administration américaine dans la résolution des problèmes, et quels sont les points qu’ Israël refuse de négocier pour résoudre les crises .
Toujours selon des informations rapportées par as-Safir , « Hoff a promis le soutien des Etats-Unis pour répondre à ces problèmes, en particulier pour faciliter et accélérer le retrait israélien de Ghajar, et pour faciliter et accélérer la re-délimitation de la Ligne bleue ».
Dans son article, al-Moulkhtar conclut : «  les milieux politiques officiels ont noté que la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur le renouvellement des fonctions de la «FINUL» au Liban pour un an, comporte un paragraphe qui insiste sur la nécessité d’un retrait israélien de Ghajar ».
De l’avis de ces sources«  Hoff n’avait pas prévu dans son agenda de soulever la question de  la situation sécuritaire au Liban-sud, ni la question d’un retrait israélien de Ghajar, s’il n’avait pas pressenti la nécessité pour calmer la situation dans le sud et éviter toute escalade au Liban-sud  à l’approche de  l'ouverture de négociations à Washington ». 

Lecture libanaise des pourparlers directs: les USA sont sérieux, Abbas va plier

03/09/2010  
Les Libanais plus que quiconque sont concernés par les négociations directes entamées à Washington entre l’entité sioniste et l’Autorité palestinienne. Non seulement parce qu’ils accueillent sur leur sol une grande communauté de réfugiés palestiniens dont ils sont unanimes à refuser leur implantation,  mais aussi parce que la définition de la nature du conflit et son règlement font l’objet d’une division entre eux-mêmes.
Directement après le lancement de ces pourparlers, certaines voix émanant des forces du 14 mars, se sont empressées d’exprimer leur soutien. Alors que d’autres se sont élevées pour crier à la liquidation gratuite de la cause palestinienne. 
Pour sa part, l’ancien ministre libanais, Karim Bakradouni, estime que le lancement des négociations directes entre l’entité sioniste et l’Autorité palestinienne est le fruit d’une volonté sérieuse de la part de l’administration américaine, qui aspire réellement à mettre fin au conflit arabo-israélien. Quitte à passer ultérieurement à la phase suivante qui impliquera la Syrie et le Liban.
Prévoyant un entêtement des Israéliens attachés à trois conditions : la judaïsation de Jérusalem-Quds, les colonies érigées dans les territoires de 1967, et le refus du retour des réfugiés aux territoires de 1948, Bakradouni s’attend à ce que Mahmoud Abbas finisse par plier aux exigences israéliennes.  
Mais «  il va alors sombrer dans les aléas d’une guerre interne, car il (Netanyahou, ndlr) va tout lui prendre sans rien lui donner » prédit l’ancien chef du parti des Kataëb, (les Phalanges).
Bakradouni estime que les Libanais sont directement concernés par le statut de Quds, qui revient selon ses termes «  aux Musulmans et aux Chrétiens », ainsi que par la question du retour des réfugiés, en raison de la présence d’une importante communauté de réfugiés palestiniens.
Raison pour laquelle il condamne les positions de soutien aux négociations exprimées par certaines parties libanaises, (dont la coalition des forces de 14 mars) et qui selon lui encouragent la politique de colonisation israélienne illustrant le rejet du droit de retour et la judaïsation de Quds.
Par ailleurs, un fin connaisseur des coulisses américaines, l’ancien ambassadeur du Liban à Washington, Abdallah Bou Habib, est de l’avis de Bakradouni sur l’assiduité hors norme de l’administration américaine chez laquelle il perçoit un changement de comportement.
« Cette question constitue une affaire essentielle dans l’agenda d’Obama, car il considère la paix au Proche Orient comme étant un intérêt direct pour elle » juge Bou Habib. Lequel a également constaté aussi que l’administration américaine ne se contentera pas de patronner les pourparlers, mais va suggérer des idées pour pallier aux différents, et a déjà créé un terrain propice pour favoriser leur succès.  
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La portée stratégique de l’Appel BDS palestinien de 2005 et son impact sur le mouvement international de solidarité

vendredi 3 septembre 2010 - 18h:14
José Luis Moragues - CCIPPP 34
Rien ne serait plus réducteur et dangereux pour le mouvement international de solidarité que de réduire l’appel BDS (1) du BNC (2) à une simple modalité d’action que serait le boycott. Cet Appel recentre le mouvement de solidarité sur les droits fondamentaux du Peuple Palestinien et ouvre la voie à une action citoyenne directe dans le cadre d’un rapport de force en construction.
1 - Un Appel représentatif du peuple Palestinien
Le 9 juillet 2005, est lancé l’Appel au Boycott, aux Sanctions et au Retrait des Investissements, contre Israël. ( Il a été préparé notamment par le PACBI (Campagne palestinienne pour le Boycott universitaire et culturel contre Israël), de nombreuses associations de réfugiés, de « Stop the wall », du PNGO (réseau des ONG palestiniennes) et compte dès son lancement 171 organisations signataires. Aujourd’hui ce sont plus de 400 organisations palestiniennes qui ont rejoint l’Appel.
Tous les courants politiques et religieux sont présents ainsi qu’une très grande diversité d’ONG (femmes, prisonniers, jeunes, paysans, salariés etc.) qui confèrent à cet appel une représentation réelle de la société civile palestinienne. Plus important encore est le fait qu’on y trouve les associations des 3 composantes du peuple palestinien : Palestiniens sous occupation et blocus (Cisjordanie et Gaza) ; Palestiniens de 48 (Palestiniens d’Israël) et Palestiniens Réfugiés (de l’intérieur comme de l’extérieur). A ce titre on peut dire que cet Appel est non seulement représentatif de la société civile palestinienne mais qu’il est largement représentatif du Peuple Palestinien dont il représente et rassemble les trois composantes éclatées.
2 - Un Appel d’une portée stratégique qui reconstitue l’unité du Peuple Palestinien
L’Appel pose trois revendications : « Ces mesures punitives non violentes devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international en :
• 1. mettant fin à son occupation et à sa colonisation de tous les terres arabes et en démantelant le Mur ;
• 2. reconnaissant les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité absolue ; et
• 3. respectant, protégeant et favorisant les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU ».
Par delà une représentativité désormais incontestable, la puissance de l’Appel tient à ce qu’il reconstitue l’unité du peuple Palestinien. Pour cela il transcende les divergences et les divisions qui ont conduit parfois les partis rivaux aux limites de la guerre civile. En reconstituant une unité qui devient le socle à partir desquels s’élaborent les orientations et les choix tactiques l’Appel acquiert toute sa portée stratégique. Il réaffirme que sans la prise en compte des droits fondamentaux des trois composantes du peuple palestinien (Palestiniens sous occupation, Palestiniens d’Israël et réfugiés palestiniens) il ne saurait y avoir de libération ni d’autodétermination véritable. Ceci est martelé dans l’appel qui réitère que ces trois revendications sont indissociables les unes des autres.
Lors de son intervention à Montpellier en octobre 2009 au meeting de la Coalition contre Agrexco, Omar Barghouti déclarait également :
« Mais si un groupe veut se focaliser uniquement sur l’occupation, pas sur l’apartheid en Israël ou sur les droits des réfugiés, quoi alors ? Les droits inaliénables du peuple de Palestine sont indivisibles et non négociables. Seuls les Palestiniens peuvent décider à quoi nous aspirons et comment nous pouvons exercer notre droit à l’autodétermination. Les mouvements de solidarité choisissent les tactiques qu’ils considèrent comme les plus efficaces et les plus durables dans leur contexte particulier pour nous aider à parvenir à nos droits. »
Malgré les accords d’Oslo et le « processus de paix » et la tentative d’évacuation de la question des réfugiés, le retour des réfugiés reste une revendication centrale pour les Palestiniens. Même si de nombreux Palestiniens d’Israël sont des réfugiés - déplacés de l’intérieur -, la dénonciation de l’apartheid qu’ils subissent est plus récente. Sait-on que le mouvement contemporain BDS a pris naissance à la suite de la Conférence de Durban (Afrique du Sud) en 2001 ? Pour la première fois le Forum des ONG a considéré Israël comme un état pratiquant l’apartheid, notamment à l’égard des Palestiniens d’Israël. A partir de quoi les ONG du Forum ont considéré qu’il fallait traiter l’apartheid israélien comme on avait traité l’apartheid d’Afrique du Sud et donc appliquer le BDS contre Israël.
La question de l’apartheid est importante pour au moins trois raisons :
-  D’abord parce qu’elle remet en scène l’existence d’une des trois composantes du peuple palestinien jusqu’ici peu prise en compte : les Palestiniens d’Israël. Ils étaient 160 000 en 1948. Chassés de chez eux pour la plupart ils sont plus de 1 500 000 aujourd’hui regroupés dans : Union of Arab Community Based Associations (Ittijah, 74 associations sont signataires de l’Appel).
-  Ensuite parce qu’elle révèle la nature raciste de « l’Etat juif et démocratique d’Israël » qui pratique la discrimination sur des bases ethniques et religieuses à l’encontre de l’ensemble des palestiniens.
-  Enfin parce que l’apartheid est un crime contre l’humanité, ce qui dans l’échelle de graduation des violations et des exactions est plus grave que la colonisation. L’article 7 du statut de la Cour pénale internationale définit l’Apartheid comme « des actes inhumains commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime. » Ce qu’a constaté M. David Bondia, professeur en droit international public et relations internationales à l’Université de Barcelone lors de la session de Barcelone du Tribunal Russel en mars 2010, concernant Israël à l’égard des palestiniens d’Israël et des Palestiniens sous occupation.
Pour toutes ces raisons la dimension stratégique de l’Appel palestinien de 2005 ne saurait être ignorée ni déconnectées des modalités d’action du BDS. C’est elle qui au contraire, devrait orienter les choix tactiques et faire en sorte qu’ils contribuent à renforcer l’unité stratégique des trois composantes du peuple Palestinien. Les actions de boycott n’auraient pas de sens si elles n’étaient pas reliées à la question des droits fondamentaux. Elles tirent leur légitimité de la violation de ces droits en même temps qu’elles sont le moyen pour exiger leur application.
3 - Un Appel qui « réinitialise » le mouvement de solidarité sur les droits fondamentaux et sur le terrain de l’action citoyenne directe :
- Après les résultats catastrophiques des accords d’Oslo et des différents pseudo « plans » et « processus de paix », l’Appel invite de fait le mouvement de solidarité à abandonner le marécageux terrain des « processus de paix » et ses « solutions étatiques » pour se repositionner sur celui plus stable des droits fondamentaux et de l’autodétermination. Ainsi de l’avis du BNC la question d’un ou deux Etats n’est pas à l’ordre du jour, ce qui est déterminant c’est la satisfaction des trois revendications fondamentales pré-citées.
-  Face à la complicité des institutions internationales (dont l’Union européenne) L’Appel demande aux sociétés civiles de s’impliquer dans des actions visant directement à sanctionner Israël. C’est un appel à l’action citoyenne directe. Puisque les Etats, les institutions etc. n’appliquent pas le droit, ne sanctionnent pas Israël alors vous devez le faire, dit en substance l’Appel. Durant les quinze dernières années, l’essentiel du travail du mouvement de solidarité a consisté à interpeller les élus, les gouvernements, les instances européenne par des pétitions, des manifestations, des meetings etc. plus proches du lobbying que de la lutte ouverte, sans être inutiles pour autant, ces actions n’ont pas eu beaucoup d’effet sur nos élus et encore moins sur Israël...
D’ores et déjà, on peut dire que l’Appel BDS a transformé le mouvement de solidarité. Il ne s’agit plus seulement d’activités destinées à manifester notre mécontentement et exiger des décisions et des mesures de nos représentants en faveur des Palestiniens à des milliers de km, mais il s’agit d’ouvrir ici, dès maintenant, un front de luttes qui vont construire un rapport de force national, européen et international.
Nous ne sommes plus seulement dans une action de solidarité pour les Palestiniens mais nous sommes dans l’action avec les Palestiniens. Gus Mashia lors du stage BDS France d’octobre 2009 disait très justement : « Pour nous, la solidarité internationale c’est la dimension internationale de la solidarité. Cela semble une évidence mais cela ne l’est pas. La solidarité ça n’est pas exotique, ça n’est pas un plus, c’est la continuité avec les actions de solidarité. Donc nous devons arriver à engager dans la campagne de boycott l’ensemble des mouvements de solidarité, là où ils sont, locaux ou nationaux, en leur montrant la continuité entre les formes d’oppression en Palestine et les formes de discrimination chez nous. »
De ce point de vue, la bataille menée par la Coalition contre Agrexco est exemplaire.
José Luis Moraguès
Coordinateur national CCIPPP
[1] BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanctions.
[2] BNC : Comité National (Palestinien) du Boycott
Diffusé par l’auteur ce 3 septembre 2010
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Les groupes armés de la résistance palestinienne annoncent de nouvelles attaques

vendredi 3 septembre 2010 - 18h:19
Al Jazeera
Treize organisations palestiniennes ont menacé de lancer de nouvelles attaques, au moment même où débutent des discussions directes entre Israël et l’Autorité de Ramallah à Washington.
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Photo : EPA
Les combattants du Hamas ont menacé de lancer une nouvelle vague d’attaques contre Israël, après que des dirigeants palestiniens et israéliens aient entamé des [soi-disant] négociations de paix directes à Washington.
Les dirigeants du Hamas ont précisé que 13 différents groupes armés, dont eux-mêmes et le Jihad islamique, vont unir leurs forces pour lancer « des attaques plus efficaces » contre l’occupant israélien.
L’appel est intervenu après que Mahmoud Abbas, l’ex-président palestinien, et Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, aient tenu ce jeudi leur première séance de pourparlers directs, plus de de deux ans après un sommet parrainé par les Etats-Unis dans la capitale américaine.
« Inutilité » des négociations
Un porte-parole des Brigades Ezzedeen Al-Qassam, l’aile militaire du mouvement Hamas, a rejeté ce vendredi les pourparlers, les qualifiant d’« inutiles ».
Abu Obaida a fait cette déclaration lors d’une courte conférence de presse dans la ville de Gaza, où il était escorté de plusieurs autres hommes masqués en treillis militaires.
« Nous rejetons totalement le nouveau dérapage de l’Autorité de Ramallah qui va participer à cette série de négociations inutiles, qui ne sont qu’une couverture pour l’agression sioniste contre notre peuple », a déclaré Obaida.
Il a également dit que la « résistance » succéderait à ces pourparlers.
« Nous ne permettrons pas à ces négociations de se dérouler, et la résistance répondra d’une voix forte à ce marchandage de notre territoire », a-t-il ajouté.
Netanyahu et Abbas ont eu des discussions avec l’administration américaine, suivies aussi par Hosni Moubarak, le président égyptien, et le roi Abdallah II de Jordanie.
Ce jeudi, Netanyahu et Abbas ont convenu de continuer à discuter et de trouver un cadre général pour un accord définitif.
Sabri Saidam, un membre du Conseil révolutionnaire du Fatah à Ramallah, a déclaré à Al Jazeera que le comité central du Fatah soutenait des pourparlers directs à condition qu’ils aboutissent à « des résultats justes et positifs ».
« Deux décennies de négociations qui n’ont donné aucun résultat vont certainement créer une atmosphère d’inquiétude, qui ne touche pas seulement les organisations palestiniennes, mais aussi la société palestinienne dans son ensemble. Donc, ne vous attendez pas un soutien unanime pour de telles négociations », a-t-il encore déclaré.
« Ces négociations ne peuvent pas continuer sans l’implication des organisations palestiniennes au sens large. Pour qu’une formule de paix puisse l’emporter, il faut gagner un consensus accepté par toutes les organisations, dans leur intégralité. »
Abbas « en difficulté »
Mais Ahmed Yousef, ministre adjoint des Affaires étrangères du gouvernement du Hamas, a déclaré à Al Jazeera que les Palestiniens n’étaient pas derrière Abbas.
« Ce n’est pas la bonne façon de tenir des pourparlers, nous savons qu’Abbas est en grande difficulté. Il a été obligé de suivre les directives des Américains et venir à Washington et, malheureusement, les Arabes qui devraient le soutenir ont été désignés par les États-Unis, » dit-il.
« Abbas agit mal et c’est ce que la plupart des Palestiniens disent. »
Le Hamas contrôle la bande de Gaza, l’un des deux territoires qui sont censés faire partie d’un futur Etat palestinien.
Il exerce un droit de veto virtuel sur un accord et n’a donné aucune indication qu’il accepterait un accord obtenu avec Israël par Abbas, lequel dirige un gouvernement rival en Cisjordanie.
Abbas a déclaré à plusieurs reprises qu’il soumettrait un accord de paix à un référendum national, un consultation qui comprendrait la population de Gaza. Un vote en faveur de la paix appliquerait une forte pression sur le Hamas afin qu’il accepte la volonté du peuple palestinien.
Les commentaires faits ce jeudi par le Hamas surviennent après la mort de quatre colons israéliens, dont une femme enceinte, dans une fusillade près de la ville d’Al Khalil [Hébron] en Cisjordanie. Le Hamas a revendiqué la responsabilité de cette attaque.

3 septembre 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net
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Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info...

samedi 4 septembre 2010 - 07h:08
Daniel Vanhove
La concentration des médias dominants entre les mains de quelques groupes privés est un réel danger pour la démocratie.
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Les grands groupes de presse sont devenus de vulgaires instruments de propagande et de guerre au service de l’oligarchie internationale...
Et si certains citoyens commencent à le comprendre, il n’en demeure pas moins que ces médias continuent à faire la pluie et le beau temps, en fonction des intérêts qu’ils poursuivent. Intérêts économiques la plupart du temps, mais intérêt idéologique également, puisque par la pérennité de leur idéologie, les intérêts économiques poursuivis pourront se développer d’autant plus aisément.
Ainsi, ces derniers mois, que ne lit-on, n’entend-on ou ne voit-on dans ces mêmes médias, à propos de la situation au Moyen-Orient !? Entre les menaces - supposées - d’un Iran nucléaire et celles - réelles - d’une déflagration majeure qu’entraînerait son attaque ; le retrait d’Irak de l’armée américaine n’y laissant plus « que » 50.000 hommes malgré la recrudescence des attentats dans un pays en ruines ; le Pakistan dévasté par les inondations mais secouru par largage de colis humanitaires par ceux-là mêmes qui en poursuivent le bombardement avec leurs drones ; l’accrochage meurtrier à cause d’un arbre à la frontière libanaise, ou encore la polémique suscitée par la reprise des pourparlers directs entre un 1er ministre sioniste allié à une extrême droite profondément raciste et un président palestinien agissant sans mandat... comment s’y retrouver ?
Devant le flot d’informations apparemment contradictoires, ces mises en scène - car, c’est bien de cela dont il s’agit - visent pourtant toutes le même objectif : asseoir et conforter encore et toujours la loi du plus fort, de la pensée dominante et tenter de brimer la voix des peuples bien que majoritaire mais privée de moyens équivalents pour se faire entendre, aux seules fins d’en tirer un maximum de profits.
Ainsi, lorsqu’en l’espace de quelques jours sont exploitées l’image de la jeune Aisha défigurée, celle de Sakineh qui risque la lapidation, ou tout récemment celle d’Ebrahim, jeune homosexuel menacé de pendaison, afin de mobiliser l’opinion publique à l’encontre des régimes politiques qui utilisent de telles méthodes, ne devrait-on pas s’interroger sur l’absence de mobilisation de cette même opinion publique face aux massacres quotidiens auxquels s’adonnent nos « forces coalisées » dans ces mêmes pays qu’elles prétendent vouloir « libérer » et qui ne font l’objet que d’un entrefilet dans les médias ?
Au-delà des drames qu’ils constituent, cette focalisation sur ces cas particuliers, scrupuleusement identifiés, n’est-elle pas une manipulation pour nous donner bonne conscience et nous indiquer ainsi que malgré nos interventions à coup d’armes de destruction massive contre des populations démunies de l’élémentaire - eau, électricité, nourriture, habitat, médicaments, soins - nous n’aurions pas perdu notre sens altruiste - et qui à vrai dire, escamote de la sorte notre mentalité toujours imprégnée d’un esprit colonial ? Nous soucier soudain de ces cas parmi des milliers d’anonymes que nous ignorons la plupart du temps nous dédouanerait-il de nos méfaits et de notre indifférence coutumière !? Nous sauverait-il notre restant d’âme !? La belle affaire ! Et surtout, la magistrale hypocrisie : il est effectivement plus facile de brandir ces cas particuliers et d’ignorer la loi du grand nombre que l’on continue à asservir et massacrer avec nos redoutables technologies... au point d’en rendre impossible par la suite l’exploitation des corps déchiquetés, pulvérisés, méconnaissables en Une de magazines à sensations...
Nous voilà de la sorte, parvenus à stigmatiser sans sourciller, la « barbarie » de l’un ou l’autre cas... pour mieux cacher la nôtre qui poursuit ses largages de bombes à fragmentation, au phosphore, à l’uranium appauvri quand ce n’est pas ses mines antipersonnel qui continueront à tuer des innocents une fois que nos « boys » auront plié bagages et rentreront au pays en héros, fiers du « travail accompli » !? Se sentir appartenir à cette société-là ne tient plus d’un mauvais rêve, mais d’un vrai cauchemar !
L’autre évènement qui devrait retenir notre attention dans la manipulation de l‘information est la dernière attaque de la résistance palestinienne à l’encontre de quatre colons israéliens dans la région de Hébron, au sud de la Cisjordanie. Comme toujours dans pareil cas, l’information qui nous est relayée en boucle souligne la sauvagerie de l’agression face au chagrin inconsolable de la communauté endeuillée. Nulle part n’entendrez-vous que quelques heures auparavant, une poignée de colons de cette même région de Hébron a mitraillé une dizaine de Palestiniens travaillant dans leurs champs. Après tout, ce fait divers est courant sinon quotidien. Et que sont ces Palestiniens, autrement dit ces Arabes, face aux pieux israéliens établis là pour expier nos crimes et « parce que Dieu leur a donné cette terre » !? Et nulle part non plus, n’est signalé que Hébron est probablement la ville palestinienne où sévissent les colons les plus radicaux que l’on puisse trouver en Palestine - en vérité, de vrais timbrés ! Tous ceux qui se sont rendus dans la région peuvent en témoigner.
Comme nulle part non plus n’est rappelé par ces médias tellement consciencieux que TOUTES les colonies ont été déclarées illégales par l’ONU. En revanche, il ne faut pas longtemps pour qu’ils insistent sur le soutien de cette action par les diverses organisations de résistance - traitées, cela va sans dire, de « terroristes » - et dans le même temps, sa condamnation par les autorités officielles... s’abstenant de blâmer la présence de ces colons à cet endroit !
Et à bien lire ces condamnations répétées, que peuvent encore faire les Palestiniens ?
-  Ils ne peuvent ni fomenter des attentats kamikazes à cause du risque de tuer des civils - nous seuls y sommes autorisés avec nos armes redoutables... sous prétexte d’apporter la « civilisation » en pays barbares ;
-  Ni envoyer des roquettes à l’aveugle, lié au même risque de tuer des civils - nous seuls sommes habilités pour ce genre d’opération et à l’aide de nos drones... nous ne laissons que des « dommages collatéraux » ;
-  Ils ne peuvent pas s’opposer au vol de leurs terres par la poursuite de la construction du Mur - qu’une large majorité de pays a bien décrété comme illégale, via la Cour Internationale de Justice de La Haye en 2004... mais dont nous sommes toujours incapables d’ordonner l’arrêt ;
-  Il leur est interdit de s’armer pour se défendre d’une occupation que la Communauté internationale reconnaît pourtant comme illégale à travers de multiples Résolutions onusiennes... inappliquées ;
-  Sans parler de Gaza, ce laboratoire où ils sont encagés tels des rats, et où l’occupant y expérimente le pire, les obligeant d’ailleurs à creuser des galeries pour survivre sans qu’aucun Etat occidental n’ait le courage de condamner sans la moindre ambiguïté l’entité sioniste pour l’ignominie de ses crimes ;
-  Ils peuvent tout au plus défiler pacifiquement, et encore, en évitant le jet du moindre caillou vers l’armée d’occupation... sous peine de finir dans les geôles israéliennes pour quelques années ;
-  Et ils sont en outre, priés de garantir la sécurité de l’occupant en traquant tous ceux qui veulent lui résister - ce à quoi s’emploie très bien les représentants de l’autorité palestinienne du président non élu M. Abbas... transformés ainsi en collabos actifs.
Entre-temps, à quoi assiste-t-on ? A rien d’autre que la poursuite quotidienne de la colonisation de la Palestine par l’entité sioniste avec à la clé, un énième round de négociations dont tout le monde sait que les dés sont pipés d’avance. L’âne palestinien Abbas pousse donc son vieux museau vers le bœuf sioniste dont il sait ne rien devoir attendre. Pourquoi l’âne, me direz-vous ? Parce qu’il n’y a qu’un âne que l’on fait avancer avec une carotte d’une main, et le bâton US de l’autre ! Et pourquoi le bœuf alors ? Parce que le 1er ministre Netanyahu me semble en avoir l’attitude grossière. Mais cette fois, ceux-là ne seront pas penchés sur un nouveau-né. Ils ne pourront que constater l’avortement programmé d’un Etat croupion qui ne s’établira JAMAIS sur les quelques parcelles émiettées que lui destine l’occupant obtus du bout de ses naseaux.
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* Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen Palestine
Il a publié aux Ed. Marco Pietteur - coll. Oser Dire :
2 septembre 2010 - Communiqué par l’auteur
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