vendredi 29 avril 2011

Convocation devant la justice pour un article BDS

France - 29 avril 2011
Par Alexandre Moumbaris
Chers Amis et Camarades
Je viens d’être convoqué au Tribunal d’instance à titre de directeur de publication, à propos de l’article ci-dessous (1) publié dans le numéro 140 du BIP (2).
J’ai par conséquent besoin de votre solidarité dans tous les domaines et surtout du soutien auprès de l’opinion publique.
En attaché vous trouverez le compte rendu d’audience de la gendarmerie et la convocation au tribunal.
En vous remerciant d’avance,
Amitiés
Alexandre Moumbaris
(1) http://conscience-musulmane.over-blog.com/article-2010-l-annee-du-bds-65387373.html
(2) Bureau Information Presse 140
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Deux enfants blessés par balle à Bil'in

Bilin - 29 avril 2011
Par ISM
Le 28 avril vers midi, Jamal Atef Al-Khateeb (15 ans) a été blessé à l'estomac et à la bouche et Nashmi Mohamad Abu Rahma (16 ans) à la jambe par balles. Ils ont été transportés à l'hôpital. L'armée israélienne a surgi dans le village alors que les élèves rentraient chez eux après l'école. Les soldats se sont mis à tirer des balles caoutchouc-acier et des grenades lacrymogènes sur les jeunes, blessant Jamal et Mohamad.
Deux enfants blessés par balle à Bil'in
Les soldats ont empêché Rani Burnat, caméraman local, de prendre des photos de leurs actes en le menaçant de casser sa caméra.
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Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM

L’Égypte réaffirme son rôle dans la réconciliation palestinienne

Palestine occupée - 29 avril 2011
Par Khaled Amayreh
En dépit de ses préoccupations en matière d'affaires intérieures suite à la révolution égyptienne qui a renversé le vieux dictateur Hosni Moubarak, l’Égypte réaffirme son rôle central dans les efforts de réconciliation palestinienne. La direction intérimaire égyptienne a rencontré des dirigeants palestiniens représentant l'Autorité palestinienne (AP), le Hamas et d'autres factions importantes. L'ambassadeur égyptien auprès de l'AP, Ahmed Othman, a réfuté cette semaine des assertions selon lesquels l’Égypte était trop occupée à gérer ses affaires intérieures pour s'impliquer dans la lourde tâche de restauration de l'unité nationale palestinienne. "L’Égypte a discuté avec toutes les factions palestiniennes et a l'intention de redoubler d'efforts pour les convaincre de mettre fin à la division une bonne fois pour toutes," a-t-il dit.
L’Égypte réaffirme son rôle dans la réconciliation palestinienne
Moussa Abu Marzouk, chef de la délégation Hamas, et Azzam al-Ahmad, vice-président du bureau politique du Fatah et membre du comité central, au Caire le 28 avril (photo AFP)
Othman a ajouté que le résultat des efforts égyptiens dépendait en fin de compte de la volonté des Palestiniens d''en finir avec les divisions et de restaurer l'unité nationale. "Ce dont nous avons réellement besoin pour parvenir au résultat escompté, c'est d'efforts concertés," a-t-il dit.
Selon des sources dans la Bande de Gaza, des préparatifs sont en cours pour une visite au Caire d'Ismail Haniyeh, premier ministre du gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza. Ces sources ont souligné que la question n'était pas si, mais quand la visite aurait lieu. "Les tabous qui empêchait la visite d'Haniyeh au Caire sous l'ère Moubarak sont tombés. Le Caire n'a pas d'objection à la visite, sur le principe, comme c'était le cas lorsque Moubarak était au pouvoir. Moubarak craignait de fortes réactions israéliennes et ne voulaient pas incommoder les Américains. Mais aujourd'hui, la nouvelle direction au Caire se fiche de ce qu'Israël et ses alliés pensent de la manière dont l’Égypte traite avec le Hamas," a dit Ahmed Youssef, ancien conseiller politique d'Haniyeh.
Outre la question principale, la réconciliation palestinienne, les dirigeants égyptiens devraient discuter de la coopération sécuritaire avec le Hamas, la lutte contre le terrorisme et le contrôle des frontières. Haniyeh a l'intention de soulever une foule d'autres questions avec ses interlocuteurs égyptiens, dont les importations de carburant et d'électricité égyptiens, ainsi que la facilitation des déplacements par le passage de Rafah.
"Haniyeh voudrait sortir son peuple de la griffe d'Israël. Comme vous le savez, Israël a pris en otage, avec cruauté, les 1,6 million de Gazaouis," a dit un porte-parole du gouvernement islamique à Gaza.
Il est largement admis que l’Égypte est maintenant plus réceptive aux griefs des Palestiniens de la Bande de Gaza, découlant principalement des quatre années de blocus de l'enclave côtière après que le Hamas ait expulsé les forces de l'AP en 2007.
Tous les efforts visant à combler le fossé entre le Hamas et le Fatah ont échoué à cause de toute une série de facteurs, dont la méfiance mutuelle, l'intervention étrangère et les différences politiques et idéologiques. Les deux groupes ont également cherché à réprimer les partisans et les sympathisants de l'autre groupe dans leurs zones respectives de contrôle.
Israël et les États-Unis ont mis en garde, à maintes reprises, le régime de l'AP basé à Ramallah contre tout rapprochement sérieux avec le Hamas, disant qu'une telle réconciliation aurait des conséquences négatives. L'AP reçoit des centaines de millions de dollars des États-Unis par an, sans lesquels le régime de Ramallah ne pourrait pas payer les salaires de dizaines de milliers de fonctionnaires et autres employés, en particulier les membres de ses services de sécurité.
L'aide financière versée à l'AP requiert l'approbation du Congrès US, qui est soumis à une forte influence du lobby juif américain. Néanmoins, les révolutions dans le monde arabe, et surtout la révolution égyptienne, semblent avoir remodeler l'atmosphère politique générale dans la région, y compris à Ramallah et dans la Bande de Gaza.
Des observateurs dans les territoires palestiniens occupés affirment que les relations entre le Hamas et le Fatah ne peuvent plus être fondées sur les vieux modes de pensée, et que les deux partis devront prendre en compte ce que l'intellectuel palestinien Ahmed Sameh Al-Khalidi appelait le "zeitgeist", ou "esprit du temps" dans le monde arabe, sinon ils risquent de perdre.
L'AP a dit qu'elle allait demander officiellement à l'ONU la reconnaissance d'un État palestinien dans les territoires occupés par Israël en 1967, à savoir la Cisjordanie , Jérusalem Est et la Bande de Gaza. La direction de l'AP pense qu'une réconciliation rapide avec le Hamas renforcerait considérablement sa position vis-à-vis de la communauté internationale et d'Israël.
Outre les efforts égyptiens, des groupes civils en Palestine occupée se sont acharnés à la réconciliation Hamas-Fatah. Une des personnalités publiques à s'être impliquées activement dans ces démarches est l'homme d'affaires palestiniens Munib Masri. La semaine dernière, lors d'une réunion publique à Ramallah, il a déclaré qu'une conférence de réconciliation aurait lieu cet été pour mettre fin à la scission entre le Fatah et le Hamas une fois pour toutes.
Des dizaines d'intellectuels, de notables, de militants politiques, ainsi que des personnalités indépendantes, ont assisté au meeting de Ramallah. Masri a dit que la réconciliation nationale était impérative parce qu'elle était "la mère de toutes les priorités palestiniennes sans laquelle rien ne marcherait."
Selon un document en circulation et approuvé par des notables, des personnalités publiques et des intellectuels œuvrant à la réconciliation nationale, la conférence envisagée, à laquelle participeront toutes les factions palestiniennes, devrait avoir lieu à la "Maison des Arabes", en référence au Caire.
"La conférence fera l'objet d'un ensemble d'accords de courte durée ; elle partira du moment où les discussions antérieures se sont arrêtées, elle se centrera sur l'encourt des questions litigieuses et prendra en considération les changements révolutionnaires dans le monde arabe et leurs ramifications et répercussions sur la situation palestinienne."
Le document souligne la nécessité de former un gouvernement d'unité nationale sur la base d'un programme politique large bénéficiant du soutien du peuple palestinien. Il appelle aussi à la réactivation et au plein fonctionnement du Conseil Législatif Palestinien jusqu'à l'organisation de nouvelles élections législatives et présidentielles, ainsi qu'à des élections du Conseil National Palestinien.

Près de 50% des Israéliens pour la reconnaissance d’un Etat palestinien

29-04-2011
Près de 50% des Israéliens estiment que l’entité sioniste doit "reconnaître un Etat palestinien à condition de préserver en Cisjordanie des blocs de colonies", selon un sondage publié vendredi par le quotidien israélien Yediot Aharonot.
48% des personnes interrogées sont en faveur d'une telle reconnaissance, alors que 41% estiment qu'Israël "doit s'opposer avec force à toute proclamation d'un Etat palestinien, même au prix d'une confrontation avec l'ONU".
Par ailleurs, 53% des Israéliens estiment que le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit présenter un "plan pour résoudre le conflit avec les Palestiniens au prix de concessions substantielles", alors que 42% sont d'avis contraire et le reste sans opinion.
Selon le quotidien le sondage a été réalisé cette semaine avant l'annonce d'un accord de réconciliation entre le Hamas et l'Autorité palestinienne.
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est déterminé à obtenir la reconnaissance internationale d’une partie de la Palestine occupée sur les lignes de 1967, soit l'intégralité de l’Est de Jérusalem, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Elle a l'intention de porter sa revendication devant l'ONU en septembre.

Abbas et Mechaal vont signer l’accord de réconciliation mercredi au Caire

29-04-2011
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, signeront mercredi au Caire l'accord de réconciliation interpalestinien, a annoncé vendredi le Fatah.
"La signature de l'accord aura lieu le 4 mai quand Abbas et Mechaal ainsi que toutes les factions palestiniennes se rencontreront au siège de la Ligue arabe au Caire", a déclaré un haut responsable du mouvement Fatah, Azzam al-Ahmad, chargé des négociations sur la réconciliation.
Outre les deux principaux mouvements, d'autres factions palestiniennes comme le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche), le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP, gauche) et le Parti du peuple palestinien (ex-communiste) seront invitées à parapher le document du Caire.
Après plus d'un an et demi de discussions infructueuses, Hamas et Fatah se sont mis d'accord mercredi au Caire pour former un gouvernement composé de personnalités indépendantes, en vue d'élections présidentielle et législatives simultanées d'ici un an.
L'accord de réconciliation, applaudi par les Palestiniens, a été vivement critiqué par les dirigeants israéliens.  Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dénoncé le rapprochement interpalestinien, sommant Abbas de "choisir entre la paix avec « Israël » et la paix avec le Hamas".
La présidence palestinienne a répliqué que la réconciliation était "une affaire interne" et qu'il incombait à Netanyahu de "choisir entre la paix et la colonisation" des territoires palestiniens occupés.

La frontière entre l’Egypte et Gaza bientôt ouverte, Israël troublé

29-04-2011 
Deux jours après avoir parrainé un accord de réconciliation entre les frères ennemis palestiniens le Hamas et le Fatah, l'Egypte s'apprête à ouvrir de manière permanente la frontière avec Gaza afin
d'alléger le blocus imposé par Israël à ce territoire.
L'Egypte va rouvrir de manière permanente la frontière avec Gaza afin d'alléger le blocus imposé par «Israël» contre ce territoire, a annoncé vendredi le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil al-Arabi.
L'Egypte "va prendre des mesures importantes pour aider à alléger le blocus dans les jours à venir", a-t-il dit, précisant que son pays n'acceptera plus que le terminal frontalier situé à Rafah reste bloqué.
M. Arabi a qualifié de "honteuse" la décision de fermer ce terminal, seul point d'entrée de la bande de Gaza à ne pas être contrôlé par l’entité sioniste.
Dans une déclaration mercredi au quotidien indépendant al-Chourouq, M. Arabi a affirmé que son pays ne pouvait "pas ignorer la souffrance inhumaine du peuple palestinien à Gaza".
En réaction, un responsable du Hamas chargé des frontières, Hatem Ewideh, s'est réjoui de la réouverture prochaine du terminal, en soulignant "l'importance de l'ouverture d'un point de passage commercial avec l'Egypte".
L'Egypte n'ouvrait jusqu'ici qu'exceptionnellement le terminal de Rafah pour des raisons humanitaires, comme en février dernier notamment.
Le 11 février, lorsque le président égyptien Hosni Moubarak, un grand allié d'Israël, avait été obligé de céder le pouvoir sous la pression de la rue, des milliers de Palestiniens à Gaza avaient fêté son départ, espérant qu'il permettrait la fin du blocus du territoire.
Israël troublé
"Israël" est "très inquiet" de la décision de l'Egypte de rouvrir de manière permanente sa frontière avec Gaza, qui pourrait avoir des conséquences stratégiques pour la sécurité de l'entité sioniste, a
déclaré à l'AFP un haut responsable israélien sous couvert de l'anonymat.
"Nous sommes très inquiets de la situation dans le nord du Sinaï où le Hamas a réussi à monter une dangereuse machine militaire, en dépit des efforts de l'Egypte pour l'en empêcher", a ajouté ce responsable gouvernemental.

"Nous n'avons pas peur des menaces du régime sioniste" (Erekat)

29 Avril 2011 09:09 
IRIB- Le haut négociateur palestinien a déclaré que l'Autorité autonome palestinienne n'avait pas peur des menaces du régime sioniste. Suite à la signature d'un accord initial de réconciliation, au Caire, par les représentants du Hamas et du Fatah, les Etats-Unis et le régime israélien ont lancé une mise en garde à l'Autorité autonome palestinienne. "Le parlement israélien a menacé d'annexer la Cisjordanie aux territoires occupés, en cas de la création d'un Etat indépendant palestinien, mais cela ne nous fait pas peur", a souligné Saeb Erekat. "L'Etat indépendant palestinien, sans Al-Qods, comme capitale, n'a aucun sens, et la paix ne sera pas possible, sans le retrait d'Israël de la partie Est de la ville d'Al-Qods", a-t-il souligné. Réagissant aux propos du ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, concernant l'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, le haut négociateur palestinien les a qualifiés d'inacceptables et d'ingérence dans les affaires intérieures des Palestiniens. Le chef de la diplomatie israélienne a menacé l'Autorité autonome de mesures de rétorsion, suite à l'accord de réconciliation signé entre le Fatah et le Hamas.
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Les Etats-Unis menacent de couper l'aide financière à l'Autorité autonome

29 Avril 2011 10:52 
IRIB - Suite à l'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, pour la formation d'un gouvernement de coalition, la Chambre des représentants américaine a menacé de couper l'aide financière à l'autorité Autonome palestinienne. Cette menace a été proférée, après la rencontre d'un groupe d'élus démocrates et républicains, avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, à Tel-Aviv. "L'argent des contribuables américains ne devrait et ne doit pas être dépensé pour soutenir ceux qui menacent la sécurité des États-Unis, nos intérêts et notre allié indispensable, Israël", a affirmé Ileana Ros-Lehtinen, la Présidente des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.  
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L'Egypte entend rouvrir le point de passage de Rafah

29 Avril 2011 11:26 
IRIB - Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré, lors d’un entretien avec Al-Jazira, jeudi dernier, que des préparatifs étaient en cours, pour ouvrir le passage de Rafah avec Gaza, de façon permanente. "Dans les sept à dix jours qui viennent, des mesures seront prises, afin de soulager le «blocus et les souffrances de la nation palestinienne». a indiqué Mr Nabil al-Arabi. Cette annonce montre qu’il y a un changement significatif, dans la politique égyptienne, à l’égard de la bande de Gaza, politique, qui, avant l’insurrection, en Égypte, était mise en œuvre, conjointement, avec Israël. L’ouverture de Rafah permettra aux marchandises et aux personnes de circuler vers et hors de la bande de Gaza, sans l’autorisation, ni le contrôle israélien, ce qui n’a pas été le cas, jusqu’à maintenant. Avant la révolution du peuple égypttien et la destitution du régime dictatorial de Hosni Mubarak, la frontière entre l’Égypte et Gaza était tenue fermée. Ce n’est qu’occasionnellement, que le passage s’ouvrait, et pour des périodes limitées.  
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Le Hamas rejette toute négociation avec le régime sioniste

29 Avril 2011 11:58 
IRIB - Le Mouvement de la résistance palestinienne, le Hamas, a apporté un démenti aux rapports, diffusés, par certains médias, comme quoi ce mouvement aurait accepté de négocier avec Israël. "Le Hamas refuse de négocier avec le régime sioniste, car de telles négociations, engagées, depuis des années, n'ont rien rapporté au peuple palestinien", a déclaré Mahmoud al-Zahar, l'un des hauts responsables du Hamas. "Le Mouvement de la résistance islamique ne reconnaîtra jamais le régime israélien et poursuivra sa lutte, jusqu'à la libération de tous les territoires palestiniens", a-t-il martelé.  
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Le régime israélien, irrité par l'accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah

29 Avril 2011 08:31 
IRIB- L'accord initial de réconciliation, signé entre les deux mouvements palestiniens, le Fatah et le Hamas, a suscité la colère des autorités du régime sioniste. De fortes divergences ont éclaté entre ces deux mouvements palestiniens, en 2006, suite à la victoire du Hamas, lors des élections législatives. Depuis, ils n'étaient pas parvenus, en dépit de tous les efforts déployés, à se réconcilier. Les dirigeants du Hamas accusaient le Fatah de fomenter un complot visant à mater leurs partisans et à éliminer ce mouvement, sur la scène politique. Par contre, le Fatah présentait le Hamas comme un obstacle au processus de compromis engagé par l'Autorité autonome avec le régime israélien, tout en jugeant que la stratégie de combat du Hamas était contraire aux intérêts nationaux du peuple palestinien. Abusant d'une telle ambiance politique, le régime sioniste a enlevé, en 2007, 22 membres des députés du Hamas, en vue de les mettre en minorité, au sein du parlement. Les efforts de médiation de certains pays arabes, comme l'Egypte, la Syrie et le Qatar, pour réconcilier ces deux mouvements, n'ont pas abouti. Le régime israélien a, alors, profité au maximum d'un tel climat, pour construire des dizaines de colonies, en Cisjordanie et à Al-Qods. L'Autorité autonome palestinienne, qui s'était fixée comme objectif de constituer un front contre le Hamas plutôt que contre l'ennemi sioniste, a observé un silence coupable envers la construction des colonies. Ce silence, accompagné de celui de la communauté internationale, a encouragé le régime sioniste à développer ses activités, en matière de colonisation. Ceci dit, la donne a, totalement, changé, suite aux soulèvements populaires, en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Yémen, poussant les dirigeants des deux principaux mouvements palestiniens, Fatah et Hamas, à réviser leur stratégie ; un changement de stratégie dont le résultat a été la signature d'un accord de sécurité entre le Fatah et le Hamas, un accord salué par le peuple palestinien. Cet accord qui est sur le point d'être finalisé, a suscité les vives inquiétudes des autorités du régime sioniste. Les dirigeants des groupes combattants palestiniens ont baptisé, le 15 mai prochain, journée de la troisième intifada, jour où tous les Palestiniens qui habitent à l'intérieur et à l'extérieur des territoires occupés, se soulèveront contre le régime sioniste. En ce jour, les Palestiniens résidant au Liban, en Syrie et en Egypte, se dirigeront vers les frontières de la Palestine occupée, pour y entrer. Cette démarche qui se fera, de manière pacifique, a mis dans une situation difficile le cabinet du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, d'autant plus que de nombreuses institutions et organisations civiques, dans les pays arabes et islamiques, ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens. Très inquiet de cette initiative et de l'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, le Premier ministre du régime sioniste a dit que le Président de l'Autorité autonome palestinienne devait choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas. Y réagissant, Mahmoud Abbas a souligné que la convergence du Fatah avec les groupes combattants palestiniens était une décision définitive, et par là même, irréversible.
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Fin de la division, la joie règne en Cisjordanie

[ 28/04/2011 - 23:17 ]
Cisjordanie – CPI
La joie s’est répandue partout en Cisjordanie dès la signature de la feuille de principe d’une réconciliation entre les mouvements du Fatah et du Hamas. La signature définitive s’effectuerait le mercredi prochain, le 4 mai 2011. Une réconciliation devrait voir la lumière du jour, après huit ans de division. Durant ces huit ans, les milices d’Abbas, dont le mandat de présidence a depuis longtemps expiré, ont enlevé des milliers de jeunes membres du mouvement du Hamas en Cisjordanie. Des centaines d’associations et de centres culturels ont été fermés. Des milliers de gens ont perdu leurs travails.
Libération des détenus
Abou Alaa, habitant de la Cisjordanie et père d’un jeune détenu dans les prisons de ces milices depuis cinq ans, a exprimé une joie réservée concernant l’approche du jour de la signature de la réconciliation : « J’aimerais bien voir mon fils avec sa famille, autour de la table, avec nous, après trois ans de torture. Il est condamné à cinq ans de prison, la seule raison étant qu’il est membre du Hamas ! »
Et lorsque le père nous parlait, sa mère préparait tous les plats que leur fils aime.
Un rapport du centre d’information du ministère des affaires étrangères et de la planification, dans la bande de Gaza, parle de 420 membres du Hamas toujours enfermés dans les prisons de l’autorité de Ramallah, dont 300 captifs libérés des prisons israéliennes. Et par des jugements militaires illégaux, les milices de cette autorité ont envoyé plus 117 personnes en prison, dont certaines y sont encore.
Un espoir pour les orphelins
La veuve Om Khaled est mère de quatre orphelins. Elle dit que les années de la division leur ont fait beaucoup de mal. Les milices d’Abbas ont fermé la seule association qui leur venait en aide. Le gouvernement de la Cisjordanie et son ministère des affaires sociales ne leur donnent que quelque 150 dollars, à peine suffisant pour une dizaine de jours.
Avant la fermeture de cette association, nous arrivions à joindre les deux bouts ; après, nous avons été obligés d’accepter les aides de voisins, de parents, d’hommes de bien, dit la femme d’un ton brisé.
« Je ne veux pas d’aumônes, confirme-t-elle. Je veux l’ouverture des ces associations de bienfaisance qui venaient en aide à mes enfants orphelins, qui étaient tendres avec eux, qui essayaient de remplacer leur père irremplaçable ». Et cela est le cas de toutes les veuves qu’elle rencontrait jadis dans les couloirs de l’association, dit-elle.
Notons que les milices du Fatah ont fermé quelque 107 associations de bienfaisance, partout en Cisjordanie, depuis le début de la division en 2007.
Les fonctionnaires
Un instituteur qui avait perdu son poste à cause de la division se montre joyeux de voir la réconciliation enfin arrivée, pour retourner à son travail, pour reprendre son projet de mariage, pour reprendre la construction de son appartement.
Beaucoup de membres du mouvement du Hamas qui ont été détenus dans les prisons israéliennes pendant plus de cinq ans expriment leur souhait de voir le retour de la rétribution par le ministère des captifs.
Le captif libéré a laissé quinze ans de sa vie dans les prisons israéliennes, mais « à cause de la division, le ministère des captifs a oublié tous nos sacrifices. Il nous a coupé nos prestations, au lieu de nous honorer ».
Le nombre de fonctionnaires dont les salaires ont été coupés, pour la seule raison que ce sont des membres du Hamas, a atteint 40 mille personnes, partout en Cisjordanie.
Notons enfin que la fin de la division reste un rêve pour tout Palestinien. L’unité du peuple palestinien mettra fin à ces actions de ces milices qui ne font que travailler contre le peuple palestinien et ses résistants. Les forces seront orientées contre quiconque agresse les territoires palestiniens et les lieux saints du peuple palestinien. Les associations qui viennent en aide aux veuves et aux orphelins ouvriront leurs portes. Les fonctionnaires retourneront à leurs postes. Tout un chacun retrouvera son compte.

Al-Arbi promet de lever le siège de Gaza d’ici dix jours

[ 29/04/2011 - 10:21 ]
Le Caire – CPI
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil al-Arbi, a assuré que l’Egypte prendra une décision d’ici une semaine ou dix jours au maximum pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et lever le blocus imposé contre la bande de Gaza depuis près de cinq années consécutives.
Al-Arbi a déclaré au Caire jeudi que « la situation vécue par Gaza est inhumaine, et la décision de fermer le passage (Rafah) était immorale et inhumaine ».
Il a affirmé que dans dix jours, une décision importante et stratégique sera prise concernant Gaza et l’ouverture du passage de Rafah de manière complète et définitive. Il a également souligné que la situation dans la bande de Gaza va radicalement changer.

4 Palestiniens blessés dans un bombardement sioniste contre une maison à l’est de Bureij

[ 29/04/2011 - 09:54 ]
Gaza – CPI
Les chars de l’occupation sioniste ont bombardé jeudi soir une maison palestinienne dans la région de Jahr al-Dik, à l’est du camp de Bureij, avec plusieurs obus d’artillerie qui ont fait de nombreux blessés dont des enfants.
Des sources sécuritaires ont déclaré jeudi dans un communiqué de presse : « l’occupation a tiré près de six obus d’artillerie près de la région de Jahr al-Dik, à l’est de Bureij ». Quatre palestiniens ont été blessés lorsque leur maison a été bombardée, leur état est entre léger et modéré.
Le porte-parole du haut comité d’urgences et de secours, Adham Abou Salmiya a précisé au CPI que les ambulances palestiniennes ont transporté quatre blessés dont un enfant et une femme à l’hôpital « Martyrs d’al-Aqsa » à Deir al-Balah.
Notre correspondant a souligné que la maison ciblée appartient au citoyen Nasser Abou Said, située à seulement 200 mètres à l’est du camp de Bureij, dans le centre de Gaza.
Il a ajouté que les équipes de secours ont pu transporter les blessés une heure et demie après le bombardement, et après sa coordination avec la Croix-Rouge, car la maison ciblée était proche du site militaire d’Alcamer.

Fondation d’al-Aqsa : l’occupation facilite les opérations d’assaut de la mosquée sacrée

[ 29/04/2011 - 12:34 ]
Al-Qods occupée – CPI
La Fondation d’al-Aqsa pour les Legs pieux et le patrimoine a déclaré qu’un groupe de soldats sioniste ont pris d’assaut la mosquée sacrée d’al-Aqsa jeudi en fin de matinée, et ont patrouillé dans différentes parties de celle-ci accompagné de plusieurs officiers des forces de l’occupation sioniste.
La Fondation a également affirmé dans un communiqué qu’un groupe suspect, probablement des colons ingénieurs, portant des cartes du prétendu temple, ont pris d’assaut la mosquée d’al-Aqsa mercredi, et ont organisé de longues tournées dans divers endroits.
Elle a averti que l’occupation tente d’exploiter les « fêtes juives » pour intensifier la profanation de la mosquée sacrée d’al-Aqsa, avec les incursions menées par les colons et les groupes de juifs, protégés par les forces sionistes.
La Fondation d’al-Aqsa a assuré que l’ensemble des fidèles d’al-Qods et des territoires palestiniens resteront les protecteurs de la mosquée d’al-Aqsa et une soupape de sécurité contre de telles attaques.
Elle a souligné que « l’occupation tente d’imposer un fait accompli, en particulier durant les fêtes juives, avec l’entrée de groupes importants de colons et de juifs sous la protection d’importantes forces de sécurité sionistes, en leur permettant d’accomplir leurs rites religieux juifs et talmudiques, rendant ces pratiques normales au sein de la mosquée sacrée d’al-Aqsa et empêchant toute réponse à de telles intrusions ».

L’occupation : Pas de négociations avec un gouvernement palestinien d’union nationale

[ 29/04/2011 - 11:39 ]
Al-Nasserah (Nazareth) – CPI
Le Conseil des ministres sioniste (le Cabinet) a décidé lors d’une réunion extraordinaire tenue jeudi soir, de ne pas négocier avec le gouvernement palestinien d’union nationale dont la formation est prévue après la cérémonie marquant la fin de la division palestinienne entre le mouvement du Hamas et celui du Fatah.
Le journal sioniste Yediot Aharonot rapporte que les membres du Cabinet dirigé par le Premier ministre de l’occupation, Benjamin Netanyahu, se sont abstenus de prendre de nouvelles décisions liées à la réconciliation palestinienne, se contentant de la décision de ne pas négocier.
Suite à une série de consultations sécuritaires en présence du ministre de la Défense, Ehud Barak, il a été décidé que le gouvernement de l’occupation continue de suivre l’évolution dans la rue palestinienne et mettre fin à tout effort pour les négociations avec l’Autorité palestinienne.
Les sources ont souligné que les négociations ont été suspendues avec l’Autorité palestinienne à partir de ce moment jusqu’à ce que la situation soit plus claire.
Netanyahu avait demandé au président sortant de l’Autorité, Mahmoud Abbas, de choisir entre la paix avec l’entité sioniste et la paix avec le Hamas.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman a menacé jeudi de recourir à ce qu’il appelé « un vaste arsenal  de mesures de rétorsion contre l’Autorité palestinienne » suite à la conclusion d’un accord de réconciliation.
Lieberman a déclaré à la radio de l’armée sioniste : « Avec cet accord une ligne rouge a été franchie, nous disposons d'un vaste arsenal de mesures telles que la suppression du statut de VIP pour Abbas  et Fayyad, ce qui ne leur permettrait plus de circuler librement en Cisjordanie ».
Il a ajouté : « Nous pourrions également geler le transfert des impôts prélevés par Israël pour le compte de l'Autorité palestinienne ».
Lieberman a également estimé que les élections prévues par l'accord permettraient au Hamas de « prendre le contrôle » de la Cisjordanie.
En revanche Haïm Ramon, un des dirigeants de Kadima, le principal parti d'opposition centriste, a appelé le Premier ministre sioniste à présenter un plan de paix. Il a déclaré que « le statu quo est une catastrophe d'un point de vue politique et sécuritaire pour nous, si nous ne lançons pas une initiative politique, le Quartette finira par reconnaître le Hamas ».

La direction palestinienne condamne un projet d'élargissement d'une colonie à Jérusalem-est

28.04.2011
La direction palestinienne a condamné mercredi un projet israélien qui prévoit de construire de nouvelles maisons dans une colonie de Jérusalem-est.
Saëb Erekat, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a appelé à une intervention internationale, notamment américaine, pour entraver la mise en oeuvre d'un projet visant à construire 386 nouvelles maisons à Jérusalem-est, la capitale voulue par les Palestiniens pour leur futur Etat indépendant.
"La poursuite de la construction de colonies à Jérusalem anéantit toutes les chances qui restent au processus de paix", a déploré M. Erekat à la radio "la Voix de la Palestine".

Selon des médias israéliens, ce projet sera soumis au gouvernement israélien pour approbation la semaine prochaine.
Les Palestiniens ont suspendu les négociations directes avec Israël en octobre dernier, un mois après leur relance par Washington. Cette décision a été prise après qu'Israël eut refusé de renouveler la prolongation d'un moratoire sur le gel des construction de colonies.
M. Erekat a fait savoir que l'Autorité nationale palestinienne avait rejeté les pressions américaines en vue de reprendre les négociations de paix, demandant à Israël d'arrêter toutes ses activités liées aux colonies.  

Civils blessés par un bombardement israélien sur Gaza

vendredi 29 avril 2011 - 07h:24
D’après Al Jazeera
Au moins quatre personnes, dont des enfants, ont été blessés par un tir de char israélien sur le centre de Gaza.
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Quatre personnes, dont deux enfants, ont été blessés par un tank israélien au centre de la bande de Gaza
Selon des témoins, l’armée israélienne a tiré au moins trois obus sur une zone à l’est du camp de réfugiés Al-Bureij, blessant plusieurs Palestiniens.
Les responsables du Hamas ont déclaré que les forces israéliennes d’occupation ont tiré en direction d’une maison après la nuit soit tombée hier jeudi.
Le personnel médical a dit que quatre personnes blessées dont une femme et deux enfants avaient été emmenées dans un hôpital.
L’attaque de ce jeudi intervient quelques jours après que les mouvements rivaux du Hamas et du Fatah aient convenu de mettre fin à leur différend.
Israël a rejeté l’accord pour l’unité palestinienne en disant que cela pourrait faire dérailler le processus de paix [les Israéliens prennent vraiment le reste de la planète pour des imbéciles ... Ils n’ont jamais eu l’intention de négocier quoi que ce soit... ou alors les mots n’ont plus de sens - N.d.T].
L’attaque a brisé une trêve fragile obtenue après une recrudescence des attaques transfrontalières plus tôt ce mois-ci.
Dix-neuf Palestiniens ont été assassinés à Gaza ce mois-ci par des frappes israéliennes, le Hamas revendiquant la responsabilité de tirs de représailles qui ont touché un autobus scolaire israélien, blessant grièvement un adolescent israélien qui est mort plus tard de ses blessures.
Les affrontements ont diminué après que l’Organisation des Nations Unies ait obtenu une trêve officieuse il y a deux semaines.
29 avril 2011 - Al JAzeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Info-Palestine.net
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Gaza assiégée : Un chirurgien témoigne

“Chroniques de Gaza 2001-2011”, est un de ces ouvrages bouleversants dont la lecture vous laisse changé. Dans une succession de très courts chapitres, son auteur, le chirurgien français Christophe Oberlin, nous fait découvrir par petites touches, dans une langue simple et sobre, l’émouvante humanité d’un peuple et le courage avec lequel il affronte le siège cruel qui lui est imposé par l’occupant colonial israélien avec la lâche complicité de la “communauté internationale” et de nos principaux médias d’ “information”. Pas de pathos, mais une succession d’épisodes et d’expériences, au contact de gens frappés par la violence, dévoilent la terrible réalité quotidienne. Christophe Oberlin répond ici aux questions de Silvia Cattori.
Silvia Cattori : Votre récit est très prenant [1]. Il nous fait entrer dans le quotidien de ces familles assiégées, en butte à des difficultés de tous ordres, qui survivent et se reconstruisent en se tournant vers l’avenir, quoi qu’Israël leur fasse. On comprend que dès votre arrivée à Gaza, en décembre 2001, c’est avec incrédulité que vous avez vu les avions de l’armée israélienne surgir à basse altitude, passer le mur du son, déverser des bombes sur une population pacifique. Dix ans après ce premier contact avec la violence, qu’est-ce qui a changé dans votre perception ?
Christophe Oberlin : Ce qui a changé est qu’aujourd’hui je fais une corrélation entre ce que je vois sur place et ce qu’en disent nos médias et nos hommes politiques. La façon dont ils présentent les faits correspond rarement à ce que je constate sur place. Cela m’a irrité. J’ai alors cessé de m’abonner à certains journaux, j’ai cessé de lire et d’écouter les informations à la radio et à la télévision. Je privilégie une information de qualité à travers d’autres sources.
Silvia Cattori : On comprend que, très vite, le chirurgien venu à Gaza pour sauver des vies, confronté à tant de corps mutilés, a été conduit à réfléchir sur l’arrière fond politique de ces bains de sang à répétitions. Témoigner de ce que vous avez vu, rétablir une information politiquement biaisée par nos médias, n’était-ce pas pour vous une manière de rendre justice et dignité à ce peuple ?
Christophe Oberlin : C’est très clair. Et c’est la raison pour laquelle depuis des années, je réagis, j’écris de petits témoignages et j’accepte de donner des conférences. Je suis allé opérer pendant des dizaines d’années dans d’autres pays sans jamais ressentir le besoin de m’exprimer. Mais dès lors que vous découvrez que les évènements que vous avez vus, vécus, sont totalement déformés, cela vous met en colère. J’ai été invité à m’exprimer sur un plateau de France 24, après l’agression israélienne de 2008/2009. Le titre donné à l’émission était : “Y a-t-il eu des crimes de guerre à Gaza ?” Ce point d’interrogation était totalement déplacé ; comme le fait de savoir si les morts et les blessés étaient ou non des combattants. Étant sur place j’avais pu voir qu’il n’y avait quasiment que des civils, des familles entières. Dans ce contexte de désinformation on est donc forcément conduit à prendre la parole pour dire ce qui s’est réellement passé. On voit bien qu’en ce qui concerne les médias il y a une censure, une autocensure, et que ce que disent ou écrivent les rares témoins sur place ne les intéresse pas.
Silvia Cattori : Au fil des pages on découvre des personnages poignants, comme le chirurgien Fayez. On est stupéfait de voir, au travers de son parcours, que ce peuple, constamment persécuté, demeure, lui, sans haine ni ressentiment contre ses oppresseurs. Et étonnamment optimiste. À votre avis, où puise-t-il la force de maintenir cette extraordinaire vitalité et humanité ?
Christophe Oberlin : Je crois que cela fait partie du fond de l’humanité, que c’est inhérent à chaque individu. Tous ceux qui ont vécu dans ces enfers ont des récits identiques. Primo Levi en donne des exemples. Chacun d’entre nous a des capacités de résistance absolument extraordinaires qui se dévoilent dans des conditions extrêmes. Ce n’est pas particulier à Gaza. Il n’y a pas, à mon sens, des populations qui résistent mieux que d’autres. Mais il n’en est pas moins vrai que la résistance et l’endurance dont fait preuve la population de Gaza est admirable. Au sujet de Fayez, je me souviens d’un matin où il était assez abattu. “J’ai passé une mauvaise nuit. Ma belle-sœur est morte dans la nuit d’un cancer du sein. Je ne sais pas comment le dire à mon épouse,” a-t-il dit en passant. Chez nous, on a les moyens de dépister ces cancers et de sauver la plupart des patientes. Là-bas non. La simplicité avec laquelle, ces gens assiégés par l’occupant vous parlent de leur quotidien, rendu encore plus atroce par les maladies qu’ils n’ont pas les moyens de soigner, est une leçon pour chacun de nous.
Silvia Cattori : Avec quelles séquelles s’en sortent-ils ? En particulier les enfants ?
Christophe Oberlin : On peut être surpris qu’il n’y ait pas plus de gens qui perdent la raison. J’ai parlé avec Maryvonne Bargues, un médecin psychiatre qui, pendant des années a fait un travail auprès de familles vivant à l’étroit, entassées dans dix mètres carrés, et dont des enfants, des proches, avaient été gravement blessés ou tués. Son constat est étonnant. En dépit des conditions de vie épouvantables, il y a des récupérations psychologiques impressionnantes. Si vous allez vous promener aujourd’hui dans les rues de Gaza – au sortir d’une semaine de bombardements qui ont fait de nombreux tués et blessés - vous aurez l’impression d’une population qui vit en état de paix.
Silvia Cattori : Vos descriptions de personnalités du Hamas, que vous avez bien connues, sont très élogieuses. On comprend que vous avez noué des liens de confiance réciproque avec ces gens aux destins hors normes qui, malgré les drames qu’ils ont vécus, sont restés pleinement humains. Le portrait que vous faites du chirurgien et responsable politique, Mahmoud Khalid al-Zahar, par exemple, est très impressionnant. Cela contraste singulièrement avec l’image fruste, voire exécrable, qui est systématiquement véhiculée chez nous à leur sujet. En voyant la caricature qu’en ont faite des journalistes qui, comme vous, ont eu l’occasion de les rencontrer, qu’est-ce que cela vous inspirait ?
Christophe Oberlin : J’ai été et je reste scandalisé. En fait il faut savoir que les rares journalistes occidentaux qui vont à Gaza sont nécessairement accrédités par les autorités israéliennes. Pour moi le critère d’accréditation [2] semble clair : sont accrédités les journalistes dont les Israéliens sont assurés qu’ils dénigreront tout ce que fait le Hamas. Ce que j’affirme, j’ai eu l’occasion de l’observer maintes fois. Je n’ai jamais vu jusqu’à présent un journaliste, autorisé à entrer à Gaza par le passage d’Erez, écrire un article décrivant avec objectivité ce qui a été accompli sous l’administration du Hamas.
Silvia Cattori : Cela nous oblige à nous interroger sur les a priori de ces idéologues qui, au sein du mouvement de solidarité, parce qu’ils n’aiment pas les barbus, ont privilégié le camp des “laïcs”, de cette Autorités palestinienne “modérée” qu’ils considèrent comme la seule représentante légitime du peuple palestinien [3]. Vous ont-ils adressé des reproches et demandé de vous expliquer sur la charte du Hamas qu’ils qualifient généralement d’antisémite [4] ?
Christophe Oberlin : Malheureusement, il y a très peu de reproches directs. Je le regrette, car il est plus intéressant d’essayer de convaincre ceux qui ne sont pas de votre avis ! Tout simplement, ceux qui ne sont pas d’accord avec ce que je dis ou écris ne m’invitent pas. Au sein du mouvement de solidarité, la façon de lutter contre ceux qui disent des choses positives sur la gestion politique du Hamas, est de les marginaliser. Finalement, à leur échelle, leur manière de se comporter n’est guère différente de celle que nous connaissons avec les médias. Toutefois je suis invité à donner régulièrement des conférences en province. Là-bas, les militants ont une certaine indépendance par rapport à Paris, le siège du mouvement. Ils me disent m’inviter parce qu’ils sont intéressés à connaître tous les points de vue, tout en sachant que leur direction ne m’apprécie guère. À travers ces rencontres avec le public, je m’aperçois que, quand vous décrivez les faits et que l’on vous sent de bonne foi, ont vous croit. Je ne raconte dans les “Chroniques de Gaza” que des faits rigoureusement exacts, des scènes que j’ai vécues, avec le minimum d’appréciations personnelles. Je crois que les faits parlent d’eux-mêmes, à chacun d’en tirer des conclusions.
Sur la charte du Hamas. Je n’ai pas cherché à devenir le spécialiste de la question mais il se trouve que, depuis 2001, à chaque retour de Gaza on m’a demandé de parler de ce qui se passe là-bas. D’une conférence à l’autre on vous pose des questions et cela vous oblige à approfondir vos connaissances. Cela m’a conduit à demander à mes interlocuteurs à Gaza, de s’expliquer notamment sur cette question de la charte du Hamas dont certains aspects sont considéré à juste titre chez nous comme inacceptables. Il m’a été répondu que cette charte, datant de 1988, a été écrite par quelques personnes. Que le Hamas était devenu depuis un parti politique et que, depuis 2006, à chaque échéance électorale il y avait un programme clair que l’on pouvait consulter et qui était la référence. Et que, par conséquent, cette charte n’avait plus cours.
Cela dit j’aimerais élargir un peu le débat. Cette manière de toujours s’appuyer sur l’accusation d’antisémitisme qui permet de jeter instantanément l’anathème sur tout ce qui a trait à la Palestine dès lors qu’il y a une phrase, un mot qui dérange ; c’est quand même un procédé extrêmement déloyal si on prend en compte le fait que les Palestiniens, dont des familles entières ont été décimées par des juifs, et chassées hors de chez elles en 1948, ont tout perdu. En Occident, dès que l’on prononce le mot “juif”, il y a des oreilles qui se dressent [5]. Mais c’est quand même au nom du judaïsme, de la conscience juive, qu’un État juif a été créé. Et c’est au nom d’un État qui se proclame juif que les autorités israéliennes persécutent tout ce qui n’est pas juif. Donc, demander à des Palestiniens qui ont été frappés dans leur chair, de ne pas dire qu’ils n’aiment pas leurs oppresseurs juifs, c’est quand même un peu fort. Qu’il puisse même y avoir ce que nous considérons comme des « dérapages » est quelque chose, à mon avis, de tout-à-fait véniel, au regard du sort qui leur est fait. Il est insensé de reprocher à ce peuple qui est opprimé au nom de l’État juif d’appeler “juif” son oppresseur. Ce délit d’antisémitisme que l’on recherche derrière tout propos, est quelque chose de profondément déloyal.
Silvia Cattori : Vous décrivez avec une rare objectivité dans quelles circonstances le Hamas a été conduit, en juin 2007, à intervenir contre les mercenaires du Fatah - financés et armés par les États-Unis en accord avec Israël - pour déjouer le plan secret qui devait aboutir à sa liquidation. Là aussi il y a un fossé entre ce que vous avez observé sur place, et ce que les “envoyés spéciaux” accrédités par Israël, ou les partisans du Fatah, en ont rapporté [6]. Toutes les preuves avaient été mises sur la table mais les journalistes de l’establishment continuent de les ignorer. Les entendre imputer les violences aux forces du Hamas, et non pas au plan criminel du Fatah, devait mettre la grande majorité de Palestiniens qui ne collaborent pas avec l’occupant, dans une grande colère. À quoi ces mensonges devaient-ils servir, sinon à légitimer la continuation des offensives de l’armée israélienne contre le Hamas et le maintien au pouvoir de l’Autorité palestinienne ?
Christophe Oberlin : C’est une histoire affligeante. Mais c’est aussi une histoire qui se répète. Concernant la guerre d’indépendance algérienne par exemple, la résistance a reçu un fort soutien de la part d’une partie de la gauche, et des communistes notamment ; et, à partir du moment où il est apparu que l’Algérie indépendante n’allait pas basculer dans le camp socialiste, il y a eu un certain nombre de défections. Toujours en Algérie, en 1992, ce sont les mêmes qui ont soutenu ce qui est appelé pudiquement “l’interruption du processus électoral,” en réalité un coup d’Etat militaire soutenu par les occidentaux, dont la conséquence a été une guerre avec 100 000 morts. À la victoire électorale du Hamas, on a vu instantanément le même phénomène se reproduire. Je me souviens d’une tribune libre écrite par un sioniste notoire intitulée Hamas, “l’ennemi commun.” À la dernière fête de l’Humanité, j’ai été approché par un militant qui soutenait une petite activité associative sur Gaza, “à condition que cela reste dans un cadre laïc.”
Prétendre aller parler de laïcité dans un pays où 95% de la population a des sentiments religieux, c’est tout de même complètement décalé. Il faut savoir si l’on veut aider une cause parce qu’elle en vaut la peine, ou imposer un “modèle.” Il est arrivé que des militants qui voulaient m’inviter à parler de mon livre s’affrontent au sein de leur comité avec des “laïcs” qui ne veulent en fait pas entendre parler du Hamas. Mépriser le Hamas, c’est mépriser la population qui l’a élu ! Gaza aujourd’hui est indissociable du vote Hamas. Et se limiter à parler de la Cisjordanie, c’est aller dans le sens américano-israélien de soutien indéfectible à “l’Autorité Palestinienne”… alors que l’on sait que des élections libres aujourd’hui en Cisjordanie donneraient vraisemblablement la victoire au Hamas.
Silvia Cattori : Le chapitre de votre livre intitulé “Sara” est très fort. On en demeure pantois. Réunis par la veillée funèbre d’une vieille dame qui s’avère être la mère de Mohammed Dahlan [7], des cadres du Hamas argumentent courtoisement avec des partisans du Fatah. Ce genre de surprenant épisode, cette absence d’animosité de la part de ces cadres du Hamas, dont les militants sont torturés et jetés en prison en Cisjordanie par les forces de sécurité du Fatah, laissent-ils augurer que, demain, malgré les trahisons, une réconciliation soit possible ?
Christophe Oberlin : J’ai assisté bien souvent à des scènes de cet ordre. Il m’est arrivé de me trouver dans une famille où étaient réunis à la même table des membres du Hamas et un de leurs cousins médecin qui était payé par la direction du Fatah, à condition qu’il n’aille pas travailler [8]. J’étais stupéfait du climat qui régnait. Il n’y avait que de petites piques, rien de méchant. Tout se disait sur le mode humoristique. Cette fraternité entre Palestiniens, je l’avais observée avant le scrutin qui a porté le Hamas au pouvoir. Cela continue aujourd’hui. Je crois qu’une réconciliation est possible. Il n’y a pas de revendications de haine entre le Fatah et le Hamas. C’est une querelle de chefs. L’Autorité palestinienne ne représente même plus la base du Fatah. C’est une fausse querelle. Au niveau des électeurs, il n’y a pas d’animosité entre Hamas et Fatah. Si des élections étaient organisées dans des conditions électorales normales, cela se déroulerait de manière aussi paisible qu’en 2006.
Silvia Cattori : Encore une fois, on ne peut s’empêcher de penser qu’Israël n’aurait pu aller si loin dans l’horreur si les idéologues qui dictent la ligne politique au sein du mouvement de solidarité, au lieu de soutenir le camp du Fatah et de ceux qui ont opté pour la collaboration avec l’occupant, avaient clairement soutenu le camp des forces qui, comme le Hamas, ont refusé cette voie là et continué à revendiquer le droit des Palestiniens à résister à l’occupation. Par ce genre d’étrange mésalliance, n’ont-ils pas rendu la tâche plus facile à Israël et prolongé les souffrances du peuple palestinien ?
Christophe Oberlin : Bien entendu ils ont rendu la tâche plus facile à Israël. Cela dit, je ne crois pas qu’on aurait pu contenir l’escalade de violence à laquelle on assiste. Quand on voit ce qui est en train de se passer aujourd’hui, qui va, tout le laisse supposer, jusqu’à l’assassinat délibéré d’internationaux [9], quand on met ces faits en parallèle avec ce que les Palestiniens subissent depuis le début de la colonisation juive en Palestine, je crois malheureusement que le projet sioniste devait nécessairement passer par cette violence-là ; par toujours plus de violence.
Silvia Cattori : En somme, l’élection du Hamas en 2006 fut, à maints égards, un moment de vérité qui a permis de dévoiler des compromissions contre nature, aussi en ce qui concerne les ONG. Vous racontez avoir été exclu par deux grandes ONG françaises qui ne protestent jamais publiquement quand leurs équipes médicales sont exposées aux humiliations et aux harcèlements des autorités israéliennes. Peut-on connaître le nom de ces ONG et quels prétextes elles ont invoqué pour vous priver de leur financement ?
Christophe Oberlin : Il s’agit d’ONG qui font par ailleurs du bon travail : Médecins du monde et Aide Médicale Internationale. Ce sont des grosses organisations, au moins pour la première, qui comportent des administrations énormes. Il y a là des enjeux de pouvoir importants. Pour accéder à la présidence, à des hauts postes, les candidats sont prêts à se plier à toutes sortes de compromissions. Leurs responsables ne veulent pas que leurs équipes s’expriment. Je respecte cette position mais, concernant la Palestine, où les équipes médicales subissent régulièrement harcèlements et humiliations de la part des autorités israéliennes, je n’accepte pas de me taire. Il y a des cas où il est impératif de réagir.
Il y a eu des incidents dûment documentés et notifiés mais Médecins du Monde a refusé de protester. Le cas par exemple où l’un de mes collègues, qui se trouvait dans une ambulance avec un blessé, a été l’objet de tirs israéliens à un check point, alors qu’il avait reçu juste avant l’autorisation de passer. Autre exemple, lorsque la police des frontières nous a confisqué à notre arrivée à l’aéroport Ben Gourion le matériel médical très coûteux et indispensable que nous apportions avec nous à Gaza ; ou encore quand il nous a été demandé de payer la taxe sur les produits de luxe, ce qui est illégal car c’était du matériel médical humanitaire. Quand les membres de nos équipes sont humiliés, harcelés bloqués dès lors qu’ils ont un patronyme arabe. Jamais de protestation.
Silvia Cattori : Vous révélez que, dès les premières heures de l’offensive israélienne en 2008, touchés par l’étendue du carnage, des chirurgiens de divers pays arabes et musulmans, dont une soixantaine d’Égyptiens, se sont précipités à Gaza, en entrant par les tunnels, et se sont tout de suite mis à opérer. Vous dites dans votre livre avoir été très impressionné par la compétence et l’efficacité avec laquelle ils opéraient de grands blessés et le rôle remarquable que ces médecins anonymes, que vous qualifiez d’“humanitaires sans spectacle”, ont joué. Est-ce en cette solidarité discrète et sans conditions qui contraste avec la lourdeur de nos ONG, que vous mettez votre espoir ?
Christophe Oberlin : Tout à fait. Cela donnait une impression de puissance extraordinaire de voir tous ces chirurgiens hautement gradés, hautement compétents, qui étaient accourus à Gaza simplement parce que leurs collègues les avaient appelés, et qui déclaraient rester là “tant qu’on aurait besoin d’eux”. Je me souviens d’avoir pensé à l’époque que la relève à l’Egypte de Moubarak était en face de moi.
Silvia Cattori : Dans le chapitre de votre livre intitulé “Haro sur l’humanitaire,” vous dressez un constat très inquiétant. Vous sentez que l’étau se resserre [10]. Cela laisse penser que les autorités israéliennes, en vous imposant des conditions de plus en plus contraignantes, cherchent à rendre de plus en plus difficile l’obtention de l’autorisation d’entrée en Palestine. Pensez-vous qu’elles iront jusqu’à priver la population de Gaza de toute assistance médicale [11] ? Quelle action préconisez-vous pour l’en empêcher ?
Christophe Oberlin : Les récents assassinats du militant italien Vittorio Arrigoni à Gaza et de l’acteur israélo/palestinien Juliano Mer Khamis à Hébron [12], m’ont donné un coup. On ne peut pas s’empêcher de penser à la main d’Israël derrière ces assassinats. Quelle meilleure façon, pour diaboliser les Palestiniens, pour briser le soutien de l’opinion internationale, que de faire assassiner deux figures charismatiques parmi les pacifistes ? Faire endosser à des Palestiniens manipulés un crime dont ils ne sont pas responsables ? Cela fait peur. Il y a là une escalade qui doit permettre à Israël de provoquer un sentiment d’horreur dans le monde entier vis-à-vis du Hamas. Et chacun se dit : le prochain pourrait être moi. Ce ne serait pas la première fois que la décision a été prise au plus haut niveau de l’État israélien de faire assassiner des internationaux. Il y a déjà eu des journalistes assassinés [13], d’autres ciblés comme Jacques-Marie Bourget [14]. Il y a eu l’attaque de la marine israélienne contre la “Flottille de la Liberté,” en mai 2010, qui a causé la mort de 9 humanitaires. Un monument à leur mémoire vient d’être érigé sur le port de Gaza.
Je crains de voir là le signe d’un raidissement israélien qui peut aller jusqu’à organiser des assassinats ciblés pour les faire ensuite passer pour des assassinats commis par le Hamas. On peut aussi penser que c’est là une crispation ultime d’un pouvoir qui est mis sous la pression de mouvements de protestations contre lesquels il perd prise.
Silvia Cattori : Vous avez durant ces années tragiques, assisté à des scènes d’une cruauté insoutenable. Vous étiez là bas, quand des soldats israéliens ont délibérément tiré sur le corps à terre d’un jeune cameraman palestinien [15]. Que ressentiez-vous quand vous vous êtes trouvé en face de ce jeune patient qui venait d’être amputé de ses deux jambes ?
Christophe Oberlin : Je supporte de voir de grands blessés dans une salle d’opération mais de voir la violence s’exercer en dehors de ce cadre, même au cinéma, est pour moi quelque chose d’insupportable. Quand j’ai vu Mohamed Ghanem à l’hôpital, je n’étais pas simplement écœuré par le sadisme du soldat qui avait ajusté une demi douzaine de tirs sur le cameraman qui était à terre (tout cela a été filmé par les médias arabes qui étaient sur place), j’étais aussi honteux, car je savais qu’il n’y aurait ni enquête, ni sanctions.
J’ai fait des gardes de grosses traumatologies durant plus de 15 ans. Spécialisé dans les réparations des traumatismes sévères, la microchirurgie des vaisseaux et des nerfs, j’ai été amené à recevoir dans les salles d’opérations des gens qui tentaient de se suicider en se jetant sous les rails du métro. Quand on voit un homme avec des blessures épouvantables en salle d’opération, on compatit bien évidemment. Mais on est occupé à réfléchir, à décider de la conduite à tenir. À stopper l’hémorragie pour sauver la vie du patient. À voir ce que l’on peut faire pour préserver la fonction. Et enfin à opérer. Les opérations sont très longues et il faut s’arrêter d’opérer parce que le patient ne va pas bien, il faut renoncer à la reconstruction ou il faut amputer. Cela fait partie de l’entraînement chirurgical. Ce sont des notions que j’ai apprises.
Quand on voit arriver ces très grands blessés, on se concentre sur leur prise en charge. J’ai vu durant l’agression israélienne en 2009, des chirurgiens palestiniens qui n’en pouvaient plus, craquer, s’effondrer, mais ceci en dehors des salles d’opérations. Dans l’urgence, tout de monde travaille bien, sans panique, et c’est aussi pour nous une leçon. Mais il y a des images, des scènes qui vous marquent de manière indélébile, comme elles marquent les Palestiniens. Ce sont elles qui construisent la résistance.

Christophe Oberlin, chirurgien spécialisé dans la microchirurgie et la chirurgie de la main. Responsable de missions de chirurgie réparatrice des paralysies auprès des blessés palestiniens depuis décembre 2001. Professeur des Universités. Une centaine de publications, deux livres traduits en anglais, et en chinois. Responsable de deux Diplômes d’Université.
Silvia Cattori


[1] “Chroniques de Gaza 2001-2011”, par Christophe Oberlin, Editions Demi-Lune, 2011.
Son premier livre, “Survivre à Gaza”, biographie de Mohamed al-Rantissi, chirurgien palestinien, frère du dirigeant historique du HAMAS assassiné par Israël, a marqué les esprits. Il permet en effet de comprendre le parcours incroyable de bon nombre de diplômés vivant dans la bande de Gaza, qui ont dû faire preuve d’un courage et d’une volonté incroyables pour parvenir à faire des études et exercer leurs compétences.
À notre avis “Chroniques de Gaza 2001-2011”, “Survivre à Gaza”, ainsi que le livre de Ziyad Clot “Il n’y aura pas d’État palestinien” (Max Milo Editions : Paris, 2010)- sont, parmi les livres écrits par des francophones, trois témoignages majeurs.
[2] La carte de presse israélienne, qui facilite aux journalistes les déplacements en Cisjordanie, est délivrée par un “Service de presse” situé à Jérusalem Ouest. Ce service dépend de la Défense, des services de propagande militaire, et des services de renseignements israéliens. L’autorisation qui permet d’entrer à Gaza n’est délivrée qu’au compte gouttes. En juin 2006, durant l’offensive militaire, qui a fait cent mort et des centaines de blessés dans le nord de Gaza, les officiers du Service de presse, nous ont refusé le permis d’entrée à Gaza, alors que nous avons vu le même jour, qu’il le délivrait à des journalistes attachés à des médias dont le biais en faveur d’Israël était garanti.
[3] A l’issue des élections de janvier 2006 le Hamas a remporté la majorité absolue des sièges au Conseil législatif palestinien. L’Autorité Palestinienne à Ramallah - c’est-à-dire le Fatah qui a perdu le scrutin - n’a pas quitté le pouvoir en dépit du fait qu’elle n’avait plus de mandat. Elle a continué de prendre ses ordres d’Israël et des États-Unis. Le président Mahmoud Abbas n’a plus aucune légitimité depuis 2009. L’Union européenne continue néanmoins à porter à bout de bras cette Autorité illégitime et corrompue, à lui verser un demi-milliard par an, et à ne traiter qu’avec elle. Les conférences et négociations dites de paix auxquelles celle-ci a pris part avaient comme objectif, en collusion Israël et les États-Unis, de financer et programmer la mise hors-la-loi du Hamas.
[4] Après l’élection du Hamas en 2006 les dirigeants du mouvement de solidarité ont eux aussi contribué à renforcer l’a priori que la charte du Hamas est “antisémite”. La propagande des gouvernements israéliens successifs, se servant de la charte du Hamas pour le criminaliser, est malheureusement exploitée par tous ceux qui privilégient les “laïcs” pour discréditer ce mouvement politique et religieux palestinien qui se revendique de la résistance. Cette propagande a largement perverti et ralenti l’action du mouvement de solidarité.
[5] Les ressortissants de l’État juif d’Israël sont de citoyenneté israélienne mais – bien des gens l’ignorent - la nationalité israélienne n’existe pas sur leurs documents. Sur la carte d’identité d’un citoyen israélien de confession juive la nationalité indiquée est “Juive”. Tandis que la nationalité des citoyens non-Juifs, est définie comme Arabe, Druze, Russe, Turque, etc. Quand les Palestiniens disent les “juifs”, c’est donc en conformité avec la citoyenneté juive des Israéliens ; et nullement le signe d’une “hostilité envers les juifs”, d’un “antisémitisme”, comme on le leur reproche sans cesse pour des raisons de propagande.
[6] Ce plan secret, établi par les États-Unis et Israël en collusion avec la direction de Ramallah, avait du reste été révélé par un journaliste fort bien renseigné, David Rose, en mars 2008 Voir :
- “The Gaza Bombshell,” par David Rose, Vanity Fair, Numéro d’avril 2008.
- et la traduction partielle de cet article en français.
En janvier 2011, Al-Jazeera a publié des documents palestiniens confidentiels (The Palestine Papers). Ils ont confirmé, en plus effrayant, tout ce que disait David Rose sur les complicités criminelles de l’Autorité Palestinienne avec Israël, et ce que nos interlocuteurs nous disaient dès 2006, dans divers entretiens restés ignorés également par les organes de ces associations dominantes de soutien à la Palestine. On a ainsi appris que l’Autorité palestinienne est allée au delà de toute imagination dans sa collusion avec Israël. On s’attendait à ce qu’elle annonce sa démission, la dissolution de l’Autorité Palestinienne. Elle est au contraire partie à l’attaque contre Al-Jazeera.
[7] Mohammed Dahlan, hier l’homme fort du Fatah à Gaza, est honni par la population. Réputé pour sa collaboration étroite avec le Mossad et les services de renseignements occidentaux, il a tout tenté - avec leur financement - pour liquider le mouvement du Hamas. Quand, en 2007, le Hamas a réussi à mettre en déroute les forces répressives de Dahlan, ce fut un soulagement pour la population.
Voir : “Gaza s’enfonce inexorablement”, par Silvia Cattori, 29 juillet 2007.
[8] Après la reprise en main de l’administration de Gaza par le Hamas, le Fatah resté illégitimement au pouvoir à Ramallah a annoncé aux 77’000 fonctionnaires de Gaza qu’il leur serait versé un salaire s’ils refusaient d’aller travailler tant que le Hamas était au pouvoir. Par contre les fonctionnaires qui eux sont allés travailler et font fonctionner l’administration et les services public dirigés par le Hamas, ne reçoivent plus aucun salaire de l’Autorité palestinienne.
[9] Christophe Oberlin fait allusion aux assassinats de deux militants de la solidarité avec la Palestine : Juliano Mer Khamis et Vittorio Arrigoni. Voir :
- “Militant pour la paix, Mer Khamis a été assassiné à Jénine”, par Conal Urqhart, The Guardian, 4 avril 2011.
- La leçon d’humanité de Vittorio, par Ramzy Baroud, info-palestine.net, 20 avril 2011.
[10] Les humanitaires qui se rendent à Gaza doivent demander leur accréditation au COGAT, le service de l’armée israélienne qui délivre le permis d’entrer à Gaza.
[11] Pour entrer en Cisjordanie et Gaza, qui sont des prisons sous le contrôle de l’occupant, il y a l’obligation de passer par le territoire israélien. Les autorités israéliennes s’octroient le droit de mettre un véto à l’entrée en Israël de gens qui, eux, veulent uniquement se rendre dans les territoires occupés, et dont elles redoutent la critique. Elles dressent des listes de militants ou journalistes prétendument “hostiles à Israël”, qui leur sont signalés dans chaque pays par des personnes de confession juive dont la loyauté envers Israël prime.
[12] Voir note (9).
[13] - Raffaele Ciriello, journaliste italien a été délibérément tué par l’armée israélienne à Ramallah le 13 mars 2002.
- James Miller, 34 ans, journaliste et producteur britannique portait un gilet pare-balles marqué “PRESS” et un drapeau blanc quand il a été tué intentionnellement à Rafah le 2 mai 2003, par un soldat israélien alors qu’il filmait un documentaire intitulé “La mort à Gaza”, au dire des journalistes témoins. Par ailleurs, de nombreux journalistes Palestiniens et Arabes ont été tué par l’armée israélienne.
- Voir à ce sujet : “Mur de séparation ethnique et désinformation”, par Silvia Cattori, 8 août 2003.
[14] Le journaliste Jacques-Marie Bourget a été grièvement blessé au poumon et au bras, le 21 octobre 2000 à Ramallah, par une balle tirée par un soldat israélien.
[15] Voir :
- “La barbarie des soldats israéliens filmée sur le vif”, par Silvia Cattori, 6 juillet 2007.
- et la vidéo de cette cruauté