Tout est à nous !
L’attaque  de la Flottille par Israël en mai 2010, "loin d’intimider le mouvement  de solidarité, ... a renforcé sa détermination et contribué à son  élargissement".
Il y a bientôt un an, la  première flottille de la liberté était attaquée dans les eaux  internationales, au large de Gaza. L’armée israélienne a, lors de cet  acte de piraterie, tué neuf militants, dont quatre à bout portant et en a  blessé plus de 50, dont 30 grièvement. Le gouvernement israélien en  choisissant délibérément la répression sanglante, a voulu envoyer un  signal fort au mouvement de solidarité et a tenté de lui donner un coup  d’arrêt. Cette flottille brisait un silence international confortable  autour de l’enfermement de 1, 5 million de Palestiniens dans la petite  bande de Gaza. Il fallait de son point de vue arrêter cette dynamique  avant qu’elle n’aille trop loin. Faire taire le mouvement international  qui, par la campagne BDS ou par ces flottilles, met en œuvre une  solidarité directe et cherche à isoler sur la scène internationale cet  État. Pour Israël, cette attaque n’a pas eu l’effet escompté. Au  contraire, sa violence a suscité une indignation internationale et, loin  d’intimider le mouvement de solidarité, elle a renforcé sa  détermination et contribué à son élargissement.
Le mouvement de solidarité a aujourd’hui des modes  d’action efficaces. La campagne «  Boycott, désinvestissement,  sanctions » et la flottille en font partie. Dans les deux cas, il s’agit  d’une résistance active. Dans les deux cas, il s’agit d’un mouvement  international coordonné, fonctionnant selon son propre agenda.
Le mouvement BDS s’inscrit aujourd’hui dans la durée et  organise un mouvement de masse, construisant une campagne ciblant l’État  israélien pour ce qu’il est, c’est-à-dire un État d’apartheid avec  lequel on ne peut se compromettre, qu’il faut isoler pour lui imposer le  respect du droit. La flottille est une action spectaculaire, qui rompt  le silence et apporte une solidarité concrète aux Palestiniens de Gaza.  Les deux existent parce que les États se rendent complices de l’oppression quotidienne vécue par le  peuple palestinien.
Ces deux campagnes existent parce que le mouvement de solidarité ne se résigne pas et est à l’offensive.
Au mois de mai prochain, un an après, une nouvelle  flottille sera en Méditerranée. Toujours déterminée, et bien plus  forte  : aux six bateaux, grecs, irlandais, turcs, suédois et  étatsuniens, de la première flottille de la liberté, se joindront des  bateaux venus d’Espagne, d’Écosse, de Norvège, d’Italie, d’Afrique du  Sud, d’Indonésie, d’Inde, de France... entre autres  ! Le message est simple  : la solidarité internationale s’exprime en  actes, nous refusons d’être complices de nos États. Nous exigeons la  levée totale du blocus qui enferme les Palestiniens de Gaza depuis cinq  ans. Nous rappellerons au monde entier que les discours creux du  «  processus de paix  » cachent blocus, occupation, colonisation et  massacres. Et si cette seconde flottille ne suffit pas, nous serons  encore plus nombreux et déterminés la prochaine fois.
Un bateau pour Gaza, une vague de mobilisations en France
Au lendemain de la première flottille de la liberté,  plus de quatre-vingts organisations, ONG, partis politiques, syndicats  et associations se sont regroupés dans une coalition autour du projet de  bateau français, afin de revendiquer la levée totale du blocus,  terrestre et maritime. Nous sommes aujourd’hui à mi-chemin de cette  campagne. Elle a déjà fait la démonstration de la force du mouvement de  solidarité en France. Près de 1 400 actions ont été organisées dans  toutes les villes et villages de France  : sur les marchés, dans les  cinémas, dans les salles  des fêtes, la campagne bat son plein. En organisant des festivals, des  concerts ou des rassemblements publics, le mouvement de solidarité a  permis la levée de plus de 300 000 euros depuis mi-janvier, tout en  mobilisant largement autour de la revendication de la levée du blocus.
C’est maintenant la dernière ligne droite pour la campagne.
Il s’agit tout d’abord de renforcer le soutien financier  à la flottille  : toutes celles et ceux qui ont apporté leur soutien  pour envoyer un bateau français pour Gaza sont invités à proposer un nom  pour ce bateau qui les représentera et à lui permettre de parcourir les  derniers kilomètres qui le séparent de la bande de Gaza. Il s’agit  aussi dans les semaines à venir de favoriser l’engagement des milliers  de participantEs aux mobilisations qui ont rythmé les dernières  semaines, en ouvrant  les collectifs, en proposant des actions locales afin de construire la  visibilité médiatique de la campagne et le rapport de forces nécessaire  pour imposer au gouvernement un départ de France du bateau. Enfin, avant  même que les bateaux soient en mer, nous aurons à déjouer toutes les  tentatives israéliennes, de pressions politiques, médiatiques voire de  sabotages, visant à laisser les bateaux à cale sèche. Au-delà des initiatives locales, des événements politiques nationaux,  meeting, concert, participation à la manifestation contre le G8 au Havre  le 21 mai, rythmeront la campagne ces prochaines semaines. Avant de  nombreux rassemblements pour accompagner le départ du bateau.
Gaza de nouveau bombardé  !
Un très mauvais poisson d’avril «  made in Israël  ». Le  1er avril dernier, il était possible d’entendre sur une chaîne  israélienne que la construction d’une île artificielle en mer  Méditerranée était à l’étude et permettrait à Israël de se débarrasser  «  définitivement de la bande de Gaza  » en abandonnant sa tutelle sur  les échanges commerciaux du territoire «  tout en maintenant son blocus  en pleine mer pour empêcher la contrebande d’armes  ». Cet «  humour  »  nauséabond fait échos aux déclarations  très sérieuses que faisait l’ancien Premier ministre israélien Itzhak  Rabin de voir sombrer Gaza dans la Méditerranée. Ce «  hoax  » est aussi  en phase, malheureusement, avec la réalité vécue par les Palestiniens  de Gaza aujourd’hui, une nouvelle fois soumis aux bombardements et aux  assassinats. La volonté d’Israël de se «  débarrasser de Gaza  » est de  nouveau à l’œuvre, et ce n’est pas un poisson d’avril. Après cinq années  de blocus établi par Israël et le régime militaire égyptien, avec la  complicité active des États-Unis et de l’Union européenne, après le  massacre de l’hiver 2009, les bombardements à l’encontre de la  population gazaouie ont repris. Depuis deux semaines, plus de vingt  Palestiniens, dont de nombreux enfants pour certains jouant au foot sur  un terrain vague, sont décédés, des maisons ont été détruites, deux  écoles et des tunnels ont été visés. Cette stratégie de la tension  touche également la Cisjordanie qui a connu dans la dernière semaine de  mars plus de 50 incursions militaires, avec à la clef des dizaines  d’arrestations et des destructions d’infrastructures (puits, routes...),  tandis que la mairie de Jérusalem autorisait la construction de 942  nouveaux logements dans Jérusalem-Est.
Ainsi Israël répond au vent d’espoir pour les  Palestiniens porté par les révolutions au Maghreb et au Machrek, ainsi  qu’aux mouvements des jeunes Palestiniens réclamant l’unité contre  l’occupant. Déstabilisé sur la scène internationale par les mouvements  sociaux s’emparant de la campagne BDS et de la prochaine flottille,  inquiet de la tournure que pourraient prendre les processus  révolutionnaires dans la région quant à leurs intérêts, Israël envoie un  signal, qui consiste comme toujours à imposer sa force, à chercher à  détruire la société palestinienne et à annihiler les possibilités de  révoltes. Israël s’inquiète de la 2e flottille et de la campagne BDS  : Il y a de  quoi  !
Israël a engagé, le 23 mars dernier, une campagne de  propagande et de pressions politiques dont le but est d’empêcher le  départ fin mai de la deuxième flottille de la liberté. Ainsi, le bras  droit du dirigeant d’extrême droite Lieberman, le vice-ministre des  Affaires étrangères, a réuni les ambassadeurs en poste en Israël afin de  leur demander leur aide pour stopper notre flottille. Quelques jours  plus tard, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou,  s’adressait au secrétaire général de l’ONU pour lui demander d’empêcher  la réalisation de la campagne.
Ils s’inquiètent de voir vingt bateaux en pleine mer  Méditerranée, déterminés à naviguer jusqu’à Gaza pour rompre le blocus,  tout comme ils s’inquiètent de la dynamique que connaît la campagne BDS.  Ainsi, une nouvelle unité a été créée au sein des renseignements  militaires afin de surveiller et contrôler les groupes de gauche  impliqués dans ces campagnes. Elle a également pour objectif de  collecter toutes les informations concernant les groupes qui s’efforcent  de poursuivre en justice les criminels de guerre israéliens, et  «  examinera  » selon le journal Haaretz, «  les liens éventuels entre  ces groupes et des groupes terroristes  ». Lorsqu’on connaît la  propension d’Israël à définir toutes organisations palestiniennes  résistantes comme «  terroristes  », nous pouvons être certains de voir  fleurir dans les semaines qui viennent des campagnes de propagande  contre tous les mouvements de solidarité avec la lutte du peuple  palestinien.
Ces annonces prouvent que le gouvernement israélien est  aux abois et se retrouve sur la défensive. Elles font suite à la  décision du gouvernement Lieberman-Netanyahou de criminaliser celles et  ceux qui, en Israël, appellent au BDS, à la décision de la Knesset  (Parlement) de supprimer certains droits de la députée Hanen Zouabi à la  suite de sa participation à la première flottille, tout comme elles  s’inscrivent dans les tentatives en France de criminaliser, ici aussi,  les militantEs du BDS. Toutes ces tentatives pour museler, à l’intérieur  comme à l’extérieur, toutes critiques et mises en cause sont certes à  prendre au sérieux, et nous invitent à la solidarité totale avec les  déjà ou futurEs inculpéEs, ici ou là-bas. Mais elles renforcent aussi  notre détermination, démontrant que nos actions font mal, qu’elles  tapent fort et juste, en acculant cet État à dévoiler le masque de «  la  première démocratie  » du Moyen-Orient pour laisser apparaître le  visage du régime d’apartheid qu’il construit.
A Paris, le 19e se met à l’eau
Dimanche 3 avril, le collectif un Bateau pour Gaza du  19e arrondissement de Paris faisait sa première sortie. Après plusieurs  diffusions de tracts au cours des semaines précédentes, s’accompagnant  de collectes d’argent afin de contribuer à l’achat du bateau, le  collectif organisait un après-midi d’interventions festives et  politiques au cœur du quartier. Aux côtés des militantEs du NPA, du PG,  du PC, d’EÉ-les Verts, de la CGT ou de la LDH, etc., des habitantEs du  quartier se sont impliquéEs dans la préparation et la réalisation de  cette initiative. Prises de parole, discussions autour du buffet et  musique ont rythmé cet après-midi qui a permis à de nombreux habitantEs  du quartier de prendre connaissance de la campagne, d’échanger autour de  la Palestine et des révolutions en cours de l’autre côté de la Méditerranée.
Cette initiative à également permis de faire la  promotion de la projection du film Gaza Strophe diffusé par le collectif  deux jours plus tard. Ce documentaire, plusieurs fois primé dans des  festivals, fait prendre la mesure de la catastrophe vécue par les  Palestiniens de Gaza au cours de l’opération «  plomb durci  » et,  au-delà, du fait du blocus et des bombardements quotidiens. Film très  dérangeant visiblement, puisque de nombreuses pressions ont été exercées  contre France Télévision pour empêcher sa diffusion, tandis que la  projection à Versailles a été déprogrammée et qu’un débat a été annulé  le 16 mars à Ris-Orangis. Les nervis de Ligue de défense juive, ont  tenté d’empêcher sans y parvenir du fait de l’intervention du  projectionniste, la diffusion du film dans un cinéma parisien le 3  avril. Dans le 19e, près de 100 personnes ont assisté à la projection  malgré, une fois encore, la présence dans les alentours de membres de  cette milice. Ces premières initiatives ont rencontré un écho certain, et encourage le  collectif nouvellement créé à poursuivre les actions et les initiatives  dans les semaines à venir.
 
 
 











