lundi 6 septembre 2010

En dépit des préoccupations, le Canada implique Israël dans les Amériques

Montréal, 1er septembre 2010 – Le ministère des Affaires étrangères a annoncé hier que le ministre d’État des Affaires étrangères (Amériques), Peter Kent, sera en visite en Israël du 31 août au 8 septembre pour lancer des discussions entre le Canada et Israël sur les Amériques. Lors de son voyage, Kent devrait rencontrer le président Shimon Peres, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et le sous-ministre des Affaires étrangères Ayalon Daniel. Il se rendra également en Cisjordanie, où il rencontrera Riad Malki, le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne.
La veille des discussions, Kent a déclaré: « En tant qu’États démocratiques dynamiques, le Canada et Israël sont des alliés naturels. Cette affinité, qui s’appuie sur nos valeurs communes telles que le respect des droits de la personne et la primauté du droit, touche également notre engagement respectif dans les Amériques ». La déclaration du ministre est surprenante étant donné l’historique bien documenté de violations des droits de l’homme et d’infractions concomitantes au droit international par Israël. En vertu de la politique canadienne déclarée vis-à-vis le Moyen-Orient, le Canada a officiellement reconnu de nombreuses violations du droit international par Israël dans les territoires palestiniens occupés, y compris l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan, l’expansion continue des colonies dans les territoires occupés et la construction par Israël d’un mur en terre palestinienne.
Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) est préoccupée par l’objectif du voyage du ministre d’État Kent en Israël et par ses déclarations sur les relations canado-israéliennes. « Israël n’est pas un bon partenaire pour le Canada sur la scène internationale, parce qu’Israël ne respecte tout simplement pas le droit international », a déclaré Thomas Woodley, président de CJPMO. « Le gouvernement du Canada agit de manière inconciliable en cherchant à engager activement Israël dans la géopolitique des Amériques, étant donné le rôle de ce dernier dans l’instabilité actuelle du Moyen-Orient ».
Israël est un observateur permanent auprès de l’Organisation des États américains (OEA) depuis 1972. Bien que les pays comme l’Argentine et le Mexique aient maintenu des relations économiques et militaires avec Israël au cours des décennies, Israël a assisté à l’augmentation de la critique de ses politiques envers les Palestiniens par les pays d’Amérique latine. Au cours de l’assaut israélien contre Gaza au début de 2009, le président vénézuélien Hugo Chavez a expulsé les diplomates israéliens du pays en signe de protestation. Depuis lors, les intérêts d’Israël à Caracas sont représentés par l’ambassade du Canada. Le Canada représente également les intérêts consulaires d’Israël à Cuba via son ambassade à La Havane.
À propos de CJPMO – Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) est une organisation séculière, sans but lucratif, regroupant des hommes et des femmes d’horizons divers qui oeuvrent pour que la paix et la justice renaissent au Moyen-Orient. Elle a pour vocation de responsabiliser les personnes d’influence à traiter les protagonistes avec équité et à favoriser l’essor durable et équilibré de la région.
Pour plus d’informations, veuillez communiquer avec Patricia Jean, au 450-812-7781 ou 438-380-5410.
Canadiens pour la justice et paix au Moyen-Orient www.cjpmo.org

Omar Alsoumi sur France 24 pour analyser les enjeux de la reprise des pourparlers entre Abou Mazen et Netanyahou

Le président de Génération Palestine, Omar Alsoumi, était cette semaine sur France 24 pour analyser les enjeux de la reprise des pourparlers entre Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou. Imposées à une autorité palestinienne à la légitimité fragilisée par la division Cisjordanie / Gaza et Fatah / Hamas, ces négociations offrent à Israël l'occasion révée de se racheter une image et de faire de l'Iran la priorité de l'agenda diplomatique et militaire régional. Si nous espérons tous l'avènement prochain d'une paix négociée fondée sur le compromis historique du droit international, il est nécessaire aujourd'hui de se poser les bonnes questions...
Regardez l'émission qui a opposé Omar Alsoumi aux experts médiatiques Antoine Basbous, Ofer Bronstein, et David Khalfa :
Première partie :
http://www.france24.com/fr/20100903-debat-Processus-de-paix-israelo-pale...
Deuxième partie :
http://www.france24.com/fr/20100903-debat-Processus-de-paix-israelo-pale...
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« C’est comme si deux personnes étaient à table en train de négocier un morceau de fromage pendant que… »

Entretien avec Mustafa Barghouti (Palestine Monitor)
publié le dimanche 5 septembre 2010.

4 septembre 2010
Mark Colvin : Des négociations directes formelles pour la paix au Moyen-Orient commencent demain à Washington, après que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, aient eu des rencontres séparées avec Barack Obama à la Maison-Blanche aujourd’hui.
Le Président Obama a fait pression pour un retour à un véritable processus de paix, et les dirigeants de Jordanie et d’Egypte sont également présents pour pousser dans ce sens-là.
Mais le Hamas a tué quatre Israéliens en Cisjordanie alors que la conférence se préparait, et les antécédents de ce processus ne rendent pas particulièrement optimiste.
Mustafa Barghouti est membre indépendant du Conseil législatif palestinien. Il était second, juste après Mahmoud Abbas, aux élections présidentielles palestiniennes de 2005. Il m’a dit être profondément sceptique à cause du refus israélien de geler la colonisation pendant même la poursuite des négociations.
Mustafa Barghouti : C’est comme si deux personnes étaient à table en train de négocier un morceau de fromage pendant que l’une des deux, Israël, était en train de le manger.
Comment aurions-nous pu, ou pourrions-nous obtenir des résultats quand l’une des parties s’empare de la terre et de l’eau et des routes, et crée un système d’apartheid sur le terrain et refuse même de geler ces processus le temps des négociations ?
Je pense que c’est juste un moyen de gagner du temps dans leur perspective d’imposer une conclusion unilatérale qui ne serait rien d’autre qu’un système de ségrégation par l’apartheid, qui ne donnera pas la paix mais génèrera encore plus de violence et de conflit.
Mark Colvin : Mais du point de vue israélien, cela n’a sûrement rien de très constructif que d’avoir quatre tués par le Hamas ?
Mustafa Barghouti : Oui. Parce que le Hamas n’est pas partie à la négociation et que le Hamas aurait pu faire partie de ce processus si Israël et les Etats-Unis ne s’étaient pas opposés à tous nos efforts pour avoir un gouvernement d’union nationale. Vous voyez, maintenant ils ont Mr Abbas, et il est seul ; il ne représente pas la majorité des Palestiniens.
La plupart des Palestiniens sont contre ces négociations. La plupart des forces politiques sont hors du système et quand nous avons dit que nous devions nous placer sur une base démocratique, qu’il fallait respecter les résultats d’élections démocratiques comme elles le sont en Israël, personne ne nous a écouté.
Mark Colvin : Le Hamas devrait-il être partie au processus alors qu’il refuse de signer un document reconnaissant qu’Israël a le droit d’exister ?
Mustafa Barghouti : Oui. Nous voulons signer un papier où Israël reconnaît les Palestiniens et où les Palestiniens reconnaissent Israël. C’est ce qui a été fait en 1993, les Palestiniens ont reconnu Israël mais Israël n’a jamais reconnu l’Etat palestinien. Maintenant, les Israéliens disent qu’il nous faut changer la déclaration et qu’il nous faut reconnaître un Etat juif.
Ainsi, avec les Israéliens, c’est une histoire sans fin. Nous avons besoin d’égalité. Nous avons besoin d’un système, de termes de référence qui donnent des droits égaux aux deux peuples. Ce qui se passe ici, c’est que les Israéliens veulent parler de sécurité avant de parler de paix.
Vous parlez de quatre Israéliens qui, et j’en suis fortement désolé, ont été tués, mais personne ne parle des 1 400 Palestiniens qui ont été tués à Gaza, dont 410 enfants. Sont-ils ou ne sont-ils pas eux aussi des êtres humains égaux dans ce conflit ? Il est là le problème, et les Israéliens persistent à nous traiter avec racisme ; ils n’acceptent pas les Palestiniens en tant qu’êtres humains égaux à eux-mêmes.
Mark Colvin : Mais, je reviens à ce que vous avez commencé à dire, il y a un instant ; quelles propositions feriez-vous pour faire venir les Israéliens à la table de négociations et geler les colonies ?
Mustafa Barghouti : Je pense que la bonne façon serait d’appliquer la Feuille de route ; un gel total des activités coloniales israéliennes et des termes clairs de référence permettraient à ce conflit d’être résolu sur la base du droit international et des résolutions des Nations unies.
Ce que nous voulons, c’est une légitimité internationale. C’est ce que nous voulons en tant que peuple sous occupation depuis plus de 43 ans maintenant, et dépossédé et privé de ses droits depuis plus de 100 ans ; ce que nous voulons tous, c’est la liberté. Ce que nous voulons tous, c’est que nous et les Israéliens vivions en paix et dans la coexistence, respectant chacun les droits de l’autre ; respectant chacun la sécurité de l’autre. C’est cela que nous voulons.
Marc Colvin : Je sais que vous prêchez une approche non violente de tout cela, mais Mr Abbas aussi ; où est la différence entre vous ?
Mustafa Barghouti : La différence, c’est que Mr Abbas tient des négociations sans aucune garantie d’efficacité ou que cela donne des résultats. J’ai participé moi-même précédemment au processus de Madrid, qui se fondait sur le droit international. La différence est que nous, nous disons que nous devons lutter pacifiquement et dans la non-violence ; alors que lui croit que la lutte n’apportera aucune différence. Je crois dans la puissance du peuple. Je crois que le peuple peut faire la différence. Et quand je dis le peuple, je ne veux pas simplement dire les Palestiniens, je veux dire aussi les militants israéliens pour la paix qui viennent et manifestent avec nous, chaque semaine. Je pense que le peuple a son mot à dire dans ce processus et que cela ne devrait pas être un processus élitiste. Je crois aussi en la démocratie. Je croix que la paix ne peut être réalisée sans qu’elle n’émane des deux démocraties et cela implique de respecter les droits des Palestiniens et leur liberté de choix.
Marc Colvin : Mais la plupart des Palestiniens ne croient-ils pas toujours ne pouvoir obtenir ce qu’ils veulent sans la lutte armée ? Autrement dit, vous êtes dans la minorité.
Mustafa Barghouti : Non. C’était le cas auparavant, mais je pense que les derniers sondages réalisés ces derniers mois indiquent que 70% des Palestiniens ont foi dans la résistance non violente, dans la lutte non-violente. Et je pense que nous pourrions effectivement perdre cette majorité si les négociations échouaient à nouveau.
C’est pourquoi nous avons mis garde, et nous avons dit de ne pas rater cette opportunité car ce pourrait bien être la dernière que nous ayons pour une solution à deux Etats. A mon avis, il s’agit d’un processus de destruction de l’ultime possibilité d’avoir un Etat palestinien, cela en raison des activités de colonisation et de la construction de ce mur d’apartheid trois fois plus long et deux fois plus haut que ne l’était le mur de Berlin.
Marc Colvin : Ce que vous venez de nous dire n’indique-t-il pas que vous avez quelque part une petite lueur, un scintillement d’espoir, qu’elles pourraient quand même aboutir à quelque chose, ces négociations ?
Mustafa Barghouti : Je ne perds jamais espoir et je n’ai jamais dit que nous devions fermer les portes aux choses positives. Si ces discussions aboutissent à un véritable Etat palestinien et à une vraie paix, basée sur la coexistence, la reconnaissance et le respect mutuels des droits, alors je serai le premier à leur souhaiter la bienvenue.
Marc Colvin : Mustafa Barghouti, membre indépendant du Conseil législatif palestinien, au téléphone depuis Ramallah. Que dire de plus ? Rendez-nous vigilants !
http://palestinemonitor.org/spip/spip.php?article1530
traduction : JPP
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La ligne de vie 5 prendra route le 18 courant vers Gaza

05 Sept 2010
Londres / Le porte-parole officiel du convoi international d'aides humanitaires /Ligne de vie 5/, M. Zaher Biraoui, a souligné que ledit convoi quittera Londres le 18 courant en direction de la bande assiégée de Gaza tout en passant par nombre de pays européens et par les territoires turcs.
Citant un communiqué de M. Biraoui, l'agence palestinienne d'informations /Safa/, a rapporté que le convoi, organisé par la fondation britannique /Vive la Palestine/ en collaboration avec le comité international du brisement du blocus de Gaza, se dirigera vers le port égyptien /al-Ariche/ à bord d'un navire comportant des centaines de grandes personnalités internationales.
Dans son communiqué, M. al-Biraoui a fait savoir que la Ligne de vie 5 rencontrera au port al-Ariche un autre convoi, organisé par le comité algérien national pour le brisement du blocus en collaboration avec le comité marocain national de soutien à la Palestine et à l'Irak et des parties populaires mauritaniennes.
Le porte-parole de la ligne de vie 5 a affirmé que le seul objectif de ce convoi, dont l'arrivée à Gaza est prévue le 1er d'octobre prochain, est de briser le blocus israélien imposé injustement à la bande de Gaza, d'acheminer des assistances à la population de cette bande assiégée et d'alléger sa souffrance.
Rappelons que la fondation /Vive la Palestine/, créée et parrainée par l'ancien député britannique Georges Galloway, avait déjà acheminé quatre convois terrestres d'aides humanitaires à de Gaza à travers le point de passage de Rafah.
N.S. / L.A. 
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Contre la logique du renoncement : développer la culture de la résistance

Palestine - 06-09-2010

Par Youssef Girard 
« Un jour de justice pour l’oppresseur est bien plus terrible qu’un jour d’injustice pour l’opprimé ». Imam Ali
En France, nombreux sont ceux qui dressent le constat d’une solidarité avec le peuple palestinien s’exprimant en « dents de scie » : fort élan de solidarité lorsqu’un fait tragique se trouve à la Une de l’actualité puis essoufflement rapide de cet élan de solidarité lorsque le drame palestinien n’est plus en Une des journaux. Le temps passant, nous vivons au rythme de ces intenses élans de solidarité portés par la ferveur populaire puis de ces moments de retombée où les expressions de solidarité avec le peuple palestinien sont avant tout portées par l’action de militants plus ou moins organisés. Ainsi, en l’espace de quelques mois, voire de quelques semaines, une manifestation en soutien à la Palestine peut drainer plusieurs dizaines de milliers de manifestants puis seulement quelques centaines.















Certains voient dans cette mobilisation en « dents de scie » l’expression de l’« affectivité » ou de l’« émotivité » de la communauté arabo-musulmane qui constitue, en grande partie, la base sociale du mouvement de solidarité avec la Palestine en France. L’incapacité à pérenniser les élans de solidarité liés à des évènements particuliers serait avant tout le résultat de l’« immaturité » politique de cette communauté.
Cette vision d’une communauté musulmane « immature » et « émotive » n’est pas sans lien avec des représentations orientalistes ou coloniales qui voient dans les peuples non-occidentaux des « grands enfants » à éduquer ou des êtres « irrationnels » à qui l’Occident se fait un devoir d’apporter les lumières de la raison - puisque la « raison » est, bien évidemment, l’apanage exclusif du monde européen. De tels propos peuvent être défendus par des occidentaux « progressistes » et « anti-colonialistes » mais il n’y a rien d’étonnant à cela. Malek Bennabi nous a appris, il y a déjà longtemps, que, dans leur majorité, les occidentaux « anti-colonialistes » au niveau politique se faisaient, bien souvent, les défenseurs des idées colonialistes, ou au moins occidentalocentristes, au niveau idéologique. (1)
De manière plus symptomatique, car marquant l’emprise des idées dominantes sur les dominés même lorsqu’elles s’expriment directement contre eux, cette vision d’une communauté « immature » et « émotive » est reprise, développée et justifiée au sein même de la communauté arabo-musulmane par certains de ses militants les plus engagés dans le soutien de la cause palestinienne. Au lieu de s’efforcer de produire un discours à partir de leur réalité et de leur histoire, ces acteurs empruntent un discours niant leur histoire et s’opposant à toute perspective auto-émancipatrice puisqu’il cantonne la communauté arabo-musulmane dans la sphère de l’impuissance.
Car ce discours sous-tend que, étant « immature » et « émotive », la communauté arabo-musulmane ne peut pas compter sur les forces spécifiques dont elle serait presque totalement dépourvue. In fine, dans ce discours, participant directement de la lutte idéologique, cette communauté se trouve contrainte d’attendre l’aide d’acteurs politiques et associatifs « matures » et « rationnels », des occidentaux « bienveillants », cautionnant ainsi tous les paternalismes. Condamnant la communauté musulmane à l’impuissance collective, ce type de discours est une tentative d’empêcher cette communauté de prendre conscience de la force sociale qu’elle représente afin qu’elle ne s’efforce pas de se construire en tant qu’acteur social autonome.
Nombre d’acteurs politiques et associatifs ont un intérêt direct au développement de ce type de discours. Il leur permet de préserver leur position dominante dans le champ politico-associatif du soutien à la Palestine, et plus largement dans la société, puisque ce discours maintient la communauté musulmane dans une position d’un acteur subalterne ayant besoin d’être « aidé » et « encadré ».
De plus, la vision d’une communauté arabo-musulmane « immature » et « émotive » est une manière, pour le mouvement de solidarité, dans toute sa diversité, et pour ses militants, de se dédouaner de leurs responsabilités collectives quant à la non-pérennisation dans la durée des élans de solidarité qui se manifestent sporadiquement. Cette responsabilité est pourtant sûrement bien plus conséquente que l’« émotivité » supposée de la communauté arabo-musulmane.
S’il se développe une volonté de cantonner la communauté arabo-musulmane dans la sphère de l’impuissance, elle n’est pas détachée d’une autre volonté, peut-être inconsciente dans certains cas, consistant à vouloir cantonner la solidarité avec la Palestine dans la sphère de l’« humanitarisme ». Dans cette perspective, le peuple palestinien est présenté avant tout comme une victime impuissante et non comme un acteur socio-politique en lutte pour sa libération. Cette position éminemment idéologique permet de justifier toutes les abdications et autres renoncements.
Puisque la résistance palestinienne ne peut pas remporter de batailles, et encore moins vaincre, les Palestiniens doivent se résigner à accepter de renoncer à leur lutte et opter pour une cohabitation avec l’occupant en abandonnant toute idée de renverser les rapports de domination existants. Dans ce cadre, l’option de la résistance devient quasiment « suicidaire » car elle risque d’entraîner une inévitable répression redoublée à laquelle le peuple palestinien ne pourrait faire face. La seule « résistance » pouvant trouver grâce aux yeux des défenseurs de cette posture est la « résistance pacifique et innovante » - comme si les sionistes étaient pacifistes et faisaient preuve d’une grande créativité dans leur entreprise coloniale. Au final, la domination sioniste sur la Palestine historique est entérinée au nom de l’incapacité des dominés à résister et encore plus à se libérer.
Cette logique de l’impuissance et du renoncement permet à une grande partie du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien de se placer dans la posture d’un « protecteur » des faibles et des réprouvés mû par ce que Nietzsche appelait la « morale de la pitié ». Cela se manifeste concrètement par une kyrielle de protestations contre le mur de séparation de Cisjordanie, l’expansion des « colonies », les exactions de l’armée sionistes ou encore le blocus de la bande de Gaza. Nombreux sont ceux qui en appellent au « droit international » et à l’ONU qui a pourtant voté la création de l’entité sioniste en 1947. Certains demandent même l’envoi d’une force d’interposition de l’ONU pour « protéger » les Palestiniens. (2)
Mais derrière ces gesticulations, il n’y a aucune remise en cause de l’entité sioniste pour ce qu’elle est dans son essence propre c’est-à-dire une construction coloniale de l’Occident au Machrek arabe. Ce discours soigneusement construit se limite scrupuleusement à critiquer certaines conséquences de la colonisation sioniste sans jamais faire une critique ontologique du sionisme et de l’entité à laquelle il a donnée naissance grâce au soutien actif de l’Occident. Cette posture sous-tend une reconnaissance de fait d’« Israël » et un renoncement à soutenir les objectifs historiques de la résistance palestinienne et arabe. Derrière le voile bien intentionné de la protection des « faibles » se cache finalement la légitimation de la domination coloniale.
De manière consciente ou non, cette posture sert les intérêts des dominants impérialistes et sionistes. Dans leur lutte idéologique, les dominants proposent toujours des représentations qui ont pour essence la collaboration - la « réconciliation » ou la « paix » - entre les dominants et les dominés, entre les oppresseurs et les opprimés. Les dominants n’ignorent pas le conflit les opposants aux dominés puisqu’il reste pour eux un problème permanant, mais ils entendent pérenniser la légitimité de leur domination. Le discours des dominants nie donc que la contradiction antagoniste les opposant aux dominés prépare leur ruine en leur proposant une collaboration ne remettant pas en cause les rapports de domination existants. Tout l’effort des dominants tend à résorber le caractère antagonique de la résistance des dominés.
Nous sommes très exactement en face des perspectives que propose une large frange du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien puisque celle-ci ne soutient pas autre chose qu’une « réconciliation » ou une « paix » entre le vainqueur et le vaincu qui entérine et légitime les rapports de domination réels c’est-à-dire la colonisation de la Palestine. Il est évident que la construction d’un mouvement de solidarité avec le peuple palestinien reposant sur ces bases, et ne proposant pas d’autres perspectives, ne pourra avoir de réelles bases populaires pérennes pour se développer car on ne peut pas mobiliser sur des idées d’impuissance et de renoncement. La perspective d’une défaite et d’une soumission n’a historiquement jamais été facteur de mobilisation populaire.
Bien plus que l’« émotivité » et l’« immaturité » supposées des uns, c’est cette logique de l’impuissance et du renoncement présente au sein du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien qu’il serait utile d’interroger pour comprendre les retombées des élans de solidarité après d’intenses mobilisations. Il est vrai que cela remettrait en cause des orientations politiques, des choix stratégiques et des positions hégémoniques et qu’il est bien plus facile de les camoufler derrière de vieux clichés orientalistes et colonialistes. Ici et là-bas, ces clichés servent à légitimer le refus de voir dans l’humanité non-occidentale un sujet socio-historique autonome capable d’agir librement sur le monde.
Face à cette logique de l’impuissance et du renoncement, il est nécessaire de développer la culture de la résistance qui s’est exprimée avec les premiers mouvements de résistance à la colonisation en Palestine, et ailleurs, et qui s’est développée avec le temps au cours des luttes. Cette culture de la résistance nous enseigne le refus de la renonciation et de la capitulation devant l’oppression malgré l’inégalité des forces en présence. C’est une école de courage, de persévérance et d’abnégation. Face à l’idéologie consumériste qui transforme le monde en marchandise, elle nous apprend que la dignité et la liberté des peuples ne se monnayent pas. La culture de la résistance porte en elle une formidable leçon de vie face à la mort et à l’oppression.
Le temps est venu, pour ceux qui affirment soutenir le peuple palestinien, de se mettre à l’école de la résistance des peuples en lutte pour s’imprégner de leurs cultures et de leurs expériences politiques. De la lutte d’Izz ed-Din al-Qassam (3) dans les années 1930 à la résistance de Gaza en 2009 en passant par les batailles menées par les fedayin dans les années 1960-1970, la Palestine possède une longue histoire de résistance et de lutte qui est au fondement de la culture de la résistance palestinienne.
L’apprentissage de cette histoire de la résistance est une nécessité absolue si l’on veut ancrer profondément et durablement la culture de la résistance - soubassement indispensable au développement d’un réel mouvement de soutien à la cause palestinienne.
(1) Bennabi Malek, La lutte idéologique, Alger, El Borhane, 2005, pages 19-23 - l’ouvrage est paru pour la première fois au Caire en 1960.
(2) Pour ceux qui auraient encore des illusions sur le rôle de ces soi-disant forces d’interpositions de l’ONU, l’action de la FINUL au Liban est une démonstration éclatante de leur mission de protection des intérêts impérialistes.
(3) Cheikh Izz ed-Din al-Qassam (1882-1935) théologien et dirigeant politique qui s’opposa à la colonisation du Machrek arabe. Il lutta contre la colonisation française de la Syrie et du Liban avant de prendre la tête de la résistance à la colonisation britannique de la Palestine qui préparait la colonisation sioniste. Il meurt les armes à la main en novembre 1935. 

Institution Internationale al-Quds : Aperçu précis sur la mosquée al-Aqsa


Jérusalem - 05-09-2010
- Rapport annuel à l’occasion de la commémoration de l’incendie de la mosquée al-Aqsa
Par Institution internationale al-Qods 
Résumé
Depuis 2005, l’Institution internationale d’al-Quds publie un rapport annuel sur les dernières agressions et mesures relatives à la mosquée al-Aqsa menées par l’occupation sioniste. Ce rapport observe les agressions entre le 22/8/2009 et le 21/8/2010, en abordant la judaïsation de la mosquée dans une approche globale, à partir de quatre aspects.
Le premier aspect étudie l’évolution de l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, tant au niveau politique et religieux que juridique.
Le deuxième aspect traite des travaux d’excavations, constructions et confiscations sous et aux alentours de la mosquée al-Aqsa et montre leur évolution tout au long des récentes années ainsi que leurs détails et leurs buts à partir des nouvelles données, au moment où l’occupation est en train de fonder une ville juive sous et autour de la mosquée, en installant une infrastructure complète.

Le troisième aspect traite de la présence juive humaine et effective à l’intérieur de la mosquée et les tentatives d’intervention dans son administration : il consigne les assauts, les déclarations des personnalités officielles, des extrémistes juifs et des appareils sécuritaires, en tentant de comprendre leur finalité et la complémentarité des rôles de toutes ces parties, unies pour réaliser le même but, qui est le partage de la mosquée entre juifs et musulmans, le plus tôt possible. Tout comme il consigne l’interdiction permanente de restauration des parties de la mosquée, la limitation de déplacement des employés des Awqaf qui représentent le bras exécutif de ce département, en vue de paralyser sa fonction et l’empêcher d’accomplir ses tâches, pour arracher l’exclusivité islamique de la mosquée au profit de l’autorité archéologique israélienne. Il note également le contrôle de l’entrée à la mosquée, les tentatives de l’occupation de modifier les règles de la maîtrise de ses portes, et la limitation du mouvement des fidèles selon leur lieu de résidence et leur âge.
Le quatrième aspect traite des réactions des principales parties intéressées, la résistance, l’Autorité palestinienne, les réactions officielles et populaires arabes et islamiques, et étudie l’absence de dissuasion qui permet à l’occupation de judaïser la mosquée et exécuter le plan de partage. Le rapport se termine par des recommandations aux différentes parties actives et concernées par le sort de la mosquée, en traçant des lignes pour remettre en place la dissuasion, qui avait protégé la mosquée tout au long des 44 années passées depuis son occupation.
I – Evolution de l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa
I-A – la position politique
L’accession de Benyamin Netanyahou au poste de premier ministre de l’Etat de l’occupation en 2009 a été le principal événement ayant renforcé l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, étant donné qu’il est le premier homme politique dans cet Etat à appeler publiquement à concrétiser cette présence. Depuis qu’il a accédé à ce poste, Netanyahou a essayé de ne pas parler publiquement ou de prendre des mesures ministérielles claires en vue de modifier la situation dans la mosquée al-Aqsa, de crainte de susciter des pressions américaines supplémentaires, mais il a donné le feu vert à plusieurs ministres, députés ou hommes politiques influents, sous la direction des extrémistes juifs, pour se rendre à la mosquée et y prier, afin de maintenir sa coalition gouvernementale et la base populaire qui la soutient. Les traits de la politique adoptée par la coalition au pouvoir sont apparus avec les déclarations de plusieurs ministres et députés demandant le droit des juifs à entrer dans la mosquée, les assauts répétés contre la mosquée par les représentants du gouvernement et du parti Likoud, les plus importants étant l’incursion du parlementaire Likoud Dani Danon le 21/7/2010, ainsi que celle du dirigeant du Likoud Moshé Figelin le 1/7/2010, et sa déclaration, en sortant : « La situation présente ne peut plus être acceptée… Les musulmans ont le droit d’y entrer par milliers alors que les religieux juifs ne peuvent y entrer que par petits groupes… Le waqf (le département islamique des Awqaf qui administre la mosquée al-Aqsa) ne possède pas ce lieu (la mosquée), qui appartient au peuple juif ». Ce genre de déclarations et d’incursions s’est répété tout au long de l’année.
Sur le plan des négociations, le gouvernement de l’occupation a réussi, grâce au soutien politique américain et la chute vertigineuse du plafond politique officiel arabe et palestinien, à lancer des négociations indirectes à partir du 3/3/2010 au moment où les agressions incessantes et sans précédent assaillaient la mosquée al-Aqsa et où la situation générale était embrasée dans al-Quds. Ceci a renforcé l’idée affirmant que la ville d’al-Quds était hors des négociations, et que les modifications en cours dans al-Quds et la mosquée al-Aqsa sont « une affaire interne » et non soumises à un processus de négociations ou d’interventions étrangères. L’occupation tente aujourd’hui de consolider son acquis en refusant ce que la direction de l’Autorité palestinienne nomme « une référence claire pour les négociations », insistant sur l’idée de négociations « sans conditions préalables », dans le sens où elle n’est pas tenue de respecter un calendrier préalable, l’obligeant à discuter une question précise, et notamment le sort de la ville d’al-Quds ou de la mosquée al-Aqsa, ce qui est d’ailleurs en train d’être réalisé.
D’autre part, les autorités de l’occupation ont préservé des acquis politiques et ce qu’elles avaient réalisé sur le terrain au cours des années précédentes, avec la neutralisation de la résistance en Cisjordanie et à Gaza, empêchée de riposter directement à ce qui se passe dans al-Aqsa tout en accumulant d’autres acquis, qui lui permettent de modifier la situation dans la mosquée. L’occupation a visé sheikh Raed Salah et est parvenue à l’emprisonner sous le coup d’un jugement du tribunal du 25/7/2010, entérinant l’isolement des directions populaires maqdisies loin de la mosquée al-Aqsa par l’intermédiaire de décisions répétées d’interdiction d’entrée à la mosquée.
Au niveau extérieur, le gouvernement de l’occupation a facilité les contacts entre les associations juives extrémistes et l’administration américaine pour faire adopter à cette dernière le point de vue concernant le droit des juifs sur la mosquée al-Aqsa. En effet, une rencontre a eu lieu entre un grand responsable de la Maison Blanche avec des représentants des associations le 14/3/2010, tout comme a été gelée la discussion de l’initiative de l’administration d’Obama pour faire de l’ancienne ville un lieu ouvert aux fidèles des trois religions, initiative qui a suscité, au cours de l’année passée, l’agitation de plusieurs parties concernées.
I - B – La position religieuse
Jusqu’en 1967, date à laquelle la mosquée al-Aqsa a été occupée, il y avait unanimité parmi les rabbins juifs pour interdire l’entrée de la mosquée al-Aqsa – appelée le mont du temple – mais cette unanimité fut remise en cause après la guerre de 1967, lorsque certains rabbins ont considéré que la victoire réalisée était un signe divin pour les Juifs pour commencer à construire « le troisième temple ». Au début des années 90, le front des rabbins appelant à l’entrée des juifs dans la mosquée commence à s’élargir et l’assaut de la mosquée par Sharon en 2000 a représenté un tournant essentiel, de nombreux rabbins s’étant ralliés à ce front, qui rassemble depuis 2007 la majorité des rabbins que les juifs dans l’Etat prennent pour références.
L’évolution la plus notable au cours de la période observée par le rapport est le changement de l’attitude de certains rabbins « haridim » - les juifs non sionistes – qui constituaient la principale coalition opposée à l’entrée des juifs au « mont du temple ». Depuis le mois de novembre 2009, des groupes de haridim commencent à assaillir la mosquée, de manière régulière, et sous forme de groupes composés de 5 à 30 personnes, dans un climat de complaisance évidente de la part de la police de l’occupation comme pour encourager ce courant à poursuivre sa nouvelle orientation. L’exemple le plus clair s’est déroulé le 25/5/2010, lorsque la police de l’occupation a autorisé, pour la première fois, un rabbin haridim à accomplir le culte entier de la prière juive, et de se prosterner entièrement face au Dôme du Rocher, en pleine journée, sans l’en empêcher ou permettre aux gardiens de la mosquée al-Aqsa de le chasser, bien que l’accomplissement de ces cultes soit une violation de la décision de la cour suprême israélienne qui a autorisé les juifs à entrer dans la mosquée à condition de ne pas accomplir de culte apparent de la prière au moment de la prière des musulmans.
De même, l’année dernière a été le théâtre de l’assaut de la mosquée le plus large mené par un groupe de rabbins depuis son occupation en 1967 : un groupe de 40 rabbins a investi la mosquée le 10 mai 2010, à la veille de la célébration par l’Etat de l’occupation de son occupation de toute la ville d’al-Quds. Quant aux associations actives qui appelent à la construction du troisième temple et qui préparent ses outils et son infrastructure, elles ont intensifié leurs activités au cours de cette année et ont inauguré « la journée de conscientisation sur le temple », qui serait le 16 mars de chaque année, où des activités sont prévues pour exercer des pressions sur le gouvernement de l’occupation « pour autoriser les non-musulmans à prier dans le mont du temple ». La période couverte par le rapport a assisté à l’organisation d’activités pour célébrer toutes les fêtes et les occasions juives à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa, aucune de ces occasions n’étant écartées sans que l’appel ne soit lancé pour investir la mosquée, y compris la commémoration de la visite du rabbin Mousa b. Maymoun à al-Quds, visite qui est cependant historiquement contestée à la base.
I - C – la position juridique
Après les développements successifs, dès 1993 où la cour suprême de l’occupation a considéré « le mont du temple lieu le plus sacré pour les juifs », se référant à un texte biblique affirmant qu’il est « le cœur de l’Etat d’Israël et une partie indivisible de son territoire », ainsi que sa décision en 2003 d’autoriser les juifs à entrer dans la mosquée, avant de leur accorder le droit d’y prier à des heures différentes de la prière des musulmans, en 2005, l’année passée a assisté à deux développements importants sur le plan juridique : le tribunal a émis le 4 octobre 2009 la déclaration suivante, jugeant un musulman lors des affrontements dans la mosquée al-Aqsa : « il est possible d’arrêter la personne indiquée en vue de préserver les valeurs essentielles, y compris le droit d’accomplir les prières, après autorisation de la police et la nécessité de leur assurer la protection ». Ce texte émanant du tribunal représente, pour l’appareil exécutif qu’est la police, une modification entière de ses tâches qui, après avoir été chargée d’assurer la protection de la mosquée contre les agressions des colons, est désormais chargée d’assurer la protection des colons lorsqu’ils investissent la mosquée.
Le second développement est représenté par le recours de l’association « les gardiens du temple » auprès de la cour suprême de l’Etat de l’occupation pour permettre aux juifs de présenter des offrandes lors des pâques juives dans les cours de la mosquée al-Aqsa, la cour suprême ayant répondu, à la demande du procureur général, que « les offrandes dans la mosquée al-Aqsa auront des conséquences négatives sur la sécurité et la stabilité dans la région, notamment dans les temps présents » ce qui veut dire que la cour n’a pas rejeté la question mais l’a repoussé car le gouvernement n’est actuellement pas capable d’affronter les protestations et les affrontements qui peuvent en découler.
II – Les excavations et les constructions sous et autour de la mosquée
II - A – Les excavations
Tous les faits enregistrés au cours de la période couverte par le rapport indiquent que les excavations et la construction de la ville juive sacrée forment la priorité de l’occupation, dans la ville d’al-Quds, qui se comporte sans susceptibilité ni crainte des réactions palestiniennes, arabes ou islamiques. La vitesse des excavations s’est intensifiée du double, à peu près, et l’occupant a inauguré au cours de l’année passée 9 nouveaux sites d’excavations, soit 80% de plus que l’année précédente, et la superficie des excavations près de la mosquée s’est élargie pour atteindre l’extrême partie de l’ouest de l’ancienne ville. Et le nombre des sites des excavations sous la mosquée est passé à trois.
Il faut remarquer que l’occupation a consacré toutes les parties actives dans al-Quds pour poursuivre les excavations. La municipalité de l’occupation intègre les travaux de judaïsation de la zone dans ses plans officiels, elle prend en charge la tâche de vider les lieux visés et d’assurer la couverture légale pour les activités des associations de colons, comme pour le quartier de Wadi Helwa, au sud de la mosquée al-Aqsa, où l’occupant a l’intention de mettre la « ville de David », la municipalité ayant conçu un plan d’occupation des sols dans le quartier où 70% de ses terres seront confisquées, une grande partie d’entre elles seront consacrées à la construction des cimetières et des mausolées juifs.
Quant à la police de l’occupation, elle assure la protection de la sécurité des colons et des équipes des excavations, même s’ils provoquent ou agressent la population. L’Etat de l’occupation a montré qu’il était prêt à mener des affrontements violents avec la population maqdisie pour assurer la poursuite des excavations, alors qu’il évitait les affrontements auparavant. Le quartier de Silwan, au sud de la mosquée al-Aqsa, a été le théâtre des affrontements les plus violents, notamment aux mois de mars et de mai 2010, au cours desquels la police de l’occupation a arrêté des dizaines de maqdisis, y compris un grand nombre d’enfants.
La période couverte par le rapport montre que 9 nouveaux sites d’excavation ont été inaugurés, 4 au sud de la mosquée, 4 à l’ouest et un site au nord, ce qui fait au total 34 sites, dont 21 en action et 13 achevés. Du point de vue géographique, 15 sites au total se trouvent au sud, 17 à l’ouest et deux au nord de la mosquée.
1 – les excavations au sud de la mosquée
Ces excavations ont pour but de trouver ce qui s’appelle « la ville de David », une ville qui s’étendrait, selon les allégations sionistes, de Ayn Silwan au sud jusqu’aux murs de la mosquée au nord. La partie principale responsable de ces excavations est l’association Elaad. Au cours de cette période, 4 nouveaux sites ont été inaugurés et l’action se poursuit dans les 7 autres sites. Au total, 15 sites d’excavations se trouvent au sud de la mosquée, 11 en action et 4 achevés.
2 – les excavations à l’ouest de la mosquée
La partie ouest de la mosquée al-Aqsa est considérée comme le nerf principal de la ville juive que l’occupation construit sous la mosquée. La plupart des lieux à visiter s’y trouvent, et la route qui relie le sud de cette ville à Silwan et le nord, sous la voie Dolorosa, s’y trouve également, de même que la plupart des accès à cette ville. L’association « protection du patrimoine du mur des lamentations » est la principale responsable de ces excavations dans cette partie. 4 nouveaux sites ont été ouverts, faisant au total un ensemble de 17 sites d’excavation, 8 en action et 9 achevés.
3 – les excavations au nord de la mosquée
Les excavations s’étendent tout le long des murs de la mosquée, commençant à partir de Bab Hatta à l’est jusqu’à l’angle nord-ouest de la mosquée. Elles ont pour objectif de relier la ville juive à la Via Dolorosa, en vue d’unifier les tours touristiques entre lieux chrétiens et la ville juive, les intégrant ainsi comme un tout dans la ville d’al-Qods, et entériner l’idée du patrimoine judéo-chrétien commun de la ville. Au cours de la période couverte par le rapport, un nouveau site a été ouvert, au nord de la mosquée, ce qui fait au total 2 sites d’excavations, tous les deux actifs.
II - B – Constructions et confiscations des terres autour de la mosquée
Par les constructions et les confiscations de terres autour de la mosquée al-Aqsa, l’Etat de l’occupation vise à ajouter un caractère juif à l’environnement de la mosquée, à intensifier la présence juive dans la mosquée, ces constructions devenant le point de départ vers al-Aqsa : centres de rassemblements pour investir la mosquée, ou moyens de couverture pour masquer les excavations ou assurer la présence sécuritaire dans la mosquée.
Au cours de la période couverte par le rapport, la construction de bâtiments juifs aux alentours de la mosquée a connu un bond qualitatif avec l’ouverture par l’occupant de la synagogue de la ruine (al-Kharab) à l’ouest de la mosquée al-Aqsa, pour représenter le symbole juif de l’ancienne ville, parallèlement à la mosquée al-Aqsa et l’Eglise du St Sépulcre, symboles de l’islam et du christianisme. Avant l’ouverture de la synagogue, un journaliste du quotidien Haaretz avait lancé l’histoire d’une prophétie ancienne à propos de la construction du « troisième temple », une semaine après la construction de la synagogue de la ruine. Cet article avait suscité un large remous médiatique, entraînant l’élargissement du mouvement de protestation dans les monde arabe et islamique contre l’inauguration de la dite synagogue, même si les groupes juifs agissant pour la construction du « troisième temple » avaient démenti cette prophétie pour éviter à la fois la colère populaire et la déception du public sioniste extrémiste.
Quoiqu’il en soit, l’inauguration de la synagogue de la ruine a été accueillie par des réactions arabes et islamiques acceptables, mais tardives, qui n’ont pas empêché l’inauguration, mais au moins réduit le niveau de l’intérêt et de la présence officielle prévue, la police de l’occupation ayant été contrainte de reporter les manifestations des extrémistes juifs prévues pour le jour suivant.
Au cours de cette période également, l’occupation a approuvé la construction de deux synagogues encore plus proches de la mosquée al-Aqsa que la synagogue de la ruine, la première dans le lieu de prière du musée islamique qui se trouve à l’intérieur des cours de la mosquée al-Aqsa, le comité local de la planification et de la construction de la municipalité (sioniste) d’al-Qods a approuvé sa construction en décembre 2009 pour être la seconde synagogue construite à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa, après celle construite dans le lieu de prière de l’école tankaziyya.
Quant à la seconde synagogue dont la construction a été approuvée aux alentours de la mosquée al-Aqsa c’est la synagogue « fierté d’Israël », le plan de sa construction a été dévoilé en avril 2010 ; elle est située à moins de 200 mètres de la mosquée. Le plan prévu de sa construction montre que sa superficie sera de 300 mètres carrés, sur une hauteur de 27 mètres, comprenant quatre étages et six parties. En cas de construction, cette synagogue sera la construction la plus élevée dans la vieille ville.
Outre des synagogues, l’occupation a inauguré le musée du « troisième temple » dans la partie sud-ouest de la place al-Bouraq. Ce musée a pour fonction de propager le récit juif de l’histoire d’al-Qods, et diffuser l’idée de la construction du « troisième temple » au sein du public juif et occidental. Le musée est composé de quatre étages et comprend des salles de conférences, une synagogue, des salles de fêtes, et sur son toit a été installé le plus grand modèle du « troisième temple » dans le monde. Il se trouve juste en face de la porte al-Maghariba.
Tous ces bâtiments et ces symboles juifs dont la construction a été approuvée ou qui ont été inaugurés au cours de la période couverte par le rapport, montrent les efforts sérieux de l’occupation pour judaïser l’ancienne ville et ses symboles, mais en même temps, ils indiquent sa confiance en sa capacité à exécuter ses plans, aussi grands soient-ils, faisant fi de toute réaction ou pression, et de ce fait, ces projets seront encore plus immenses dans l’avenir et encore plus proches de la mosquée al-Aqsa. Il n’est pas exclu, si la situation se développe de cette manière, que l’occupation commence de grands projets comme la synagogue « sacralité de la lumière » que le projet « Urshalim en premier » avait prévu en 2008, et qui est prévu pour être construit au-dessus du tribunal islamique, jouxtant le mur ouest de la mosquée al-Aqsa.
III - Concrétiser la présence juive à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa et intervenir directement dans son administration
Les incursions dans la mosquée constituent la boule de neige qu’utilisent les associations et groupes juifs extrémistes appelant à changer la situation présente dans la mosquée al-Aqsa, pour relever sans cesse le niveau de leurs revendications. Pendant qu’ils organisent des incursions collectives et répétées, le gouvernement et le régime judiciaire leur apportent la couverture politique et juridique nécessaire, et la police israélienne leur assure la protection, concrétisant ainsi sur le terrain les transformations progressives des positions politiques et juridiques en mesures pratiques, qui ouvrent la voie aux modifications de la situation présente dans la mosquée al-Aqsa et à la négation de l’exclusivité islamique de son administration. Cette stratégie globale est nettement visible au cours de la période couverte par le rapport.
III - 1 – Incursions et déclarations des personnalités officielles
Au cours de cette période, 6 incursions ont été menées par des personnalités officielles, de manière suivante :
1 – 3 incursions successives menées par de hauts responsables et des techniciens de l’autorité archéologique israélienne entre le 6 et le 8/3/2010, où ils ont parcouru tous les lieux de la mosquée, observé avec précision et utilisé des appareils de mesure au laser.
2 – 3 incursions menées par des députés du parti Likoud et de l’Union nationale. Le 10/5/2010, trois députés de l’Union nationale ont investi la mosquée al-Aqsa à l’occasion de la commémoration par l’occupant de « l’unification d’al-Qods », et le 1/7/2010, Moshe Fegline, chef du bloc parlementaire du Likoud, est entré à la mosquée sous la protection d’importantes forces de la police ; le 21/7/2010, qui correspondait à « la commémoration de la ruine du temple », Dani Danon, parlementaire membre du Likoud, a investi la mosquée. Les députés ont fait des déclarations, après avoir investi le lieu, appelant à modifier la situation présente de la mosquée et à la partager entre musulmans et juifs.
III - 2 – Incursions et déclarations des extrémistes juifs
Le nombre des incursions menées par les extrémistes juifs et les associations coloniales extrémistes est de plus de 36, la plupart s’étendant sur de longues heures ou toute une journée. Il nous faut indiquer que les incursions des petits groupes sont quasi-permanents et quotidiens, ce rapport ne pouvant les énumérer.
Après analyse de ces incursions et de leurs objectifs, nous pouvons affirmer que l’année dernière a assisté à une évolution sans précédent des incursions et assauts, de par leur quantité ou de leur ampleur, et même une évolution stratégique du fait des parties juives extrémistes appelant aux incursions.
1 – il semble que les organisations juives extrémistes cherchent à entériner « le mont du temple » en tant que centre de la vie religieuse juive. Elles ne laissent aucune commémoration juive ou fête sans appeler à assaillir la mosquée, que ce soit la « fête du pardon » le 27/9/2009, qui a assisté au premier encerclement des fidèles dans la mosquée, ou « la fête des trônes », le 4/10/2009 qui a assisté au second encerclement des fidèles, ou « la commémoration de l’ascension de Musa b. Maymoun au mont du temple », le 25/10/2009, bien que les sources juives contestent la survenue même de cette visite, et d’autres fêtes ou commémorations, le 28/2/2010 et le 21/7/2010.
2 – Ces incursions sont l’occasion de rassemblements religieux de plus en plus massifs ; le 10/5/2010, une incursion a été menée par plus de 40 rabbins, qui ont signé ensuite une pétition demandant au premier ministre de mettre « le mont du temple » dans la liste du patrimoine juif, liste incluant la mosquée Bilal b. Rabah à Bethlehem, la mosquée Ibrahimi à al-Khalil et plusieurs autres sites non dévoilés.
3 – Les organisations juives extrémistes tentent, avec la coopération de la municipalité de l’occupation, d’entériner le fait que les portes et les murs externes de la mosquée al-Aqsa soient des places pour les festivités, à toutes les occasions nationales et religieuses. La porte Thulathiya, au sud de la mosquée et le secteur des palais omeyyades ont été le théâtre de plusieurs festivités et rites assourdissants le 16/12/2009, où les extrémistes ont essayé de transférer ces festivités à l’intérieur des places de la mosquée, mais les gardiens ont réussi à les en empêcher. La porte Qattanine a assisté à des festivités similaires les 8/1/2010 et le 16/1/2010.
4 – Deux tentatives armées ont eu lieu en direction de la mosquée, la première le 1/11/2009 lorsque les gardiens de la mosquée et les citoyens palestiniens ont réussi à maîtriser un extrémiste juif portant des armes qui essayait de s’infiltrer dans la mosquée, voulant probablement recommencer le massacre de la mosquée Ibrahimi, lors de la prière de l’aube. Et le 2/1/2010, les confessions d’un extrémiste juif ont été dévoilées, disant qu’il planifiait le bombardement du bâtiment de la mosquée Qibali par une fusée Hawn, tout comme il a avoué avoir exécuté divers crimes envers des Palestiniens, tout au long des treize années précédentes.
III - 3 – Incursions et autorisations des appareils sécuritaires
Un grand changement est intervenu dans le rôle dévolu aux appareils sécuritaires de l’occupation. Ceux-ci avaient pour rôle d’empêcher les extrémistes juifs d’investir et d’agresser la mosquée al-Aqsa alors qu’à présent, ils les protègent et les soutiennent dans l’exécution de ces agressions. Le rôle des appareils sécuritaires de l’occupation peut être perçu dans deux parcours :
D’abord, assurer une couverture sécuritaire aux incursions : aucune de ces incursions n’a eu lieu (plus de 36) sans être accompagnée et protégée par une présence massive de la police de l’occupation, et la plupart du temps, le rôle des forces attaquantes de la mosquée était plus visible que celui des forces ayant appelé à l’incursion. Les forces connues sous l’appellation « force du mont du temple » semblent avoir accumulé une expérience particulière dans la domination de la mosquée et de toutes ses places. Lors de l’incursion du 3/10/2009, les forces de l’occupation ont encerclé la mosquée et ses places pendant huit jours, et lors de l’attaque du 25/10/2009, les forces sont entrées dans les places et ont fermé les portes de la mosquée Qibali aux fidèles, dominant les places et la pièce de la gestion du son ; elles ont coupé les fils des haut-parleurs pour empêcher les communications entre la mosquée et l’extérieur et brûlé le moteur électrique. Lors de l’assaut du 28/2/2010, elles sont entrées dans les places en les dominant totalement, fermant la mosquée Qibali face aux fidèles et permettant aux colons d’entrer et de circuler librement dans la mosquée et y célébrer leurs cultes. Le 5/3/2010, ces forces ont intentionnellement investi la mosquée après la prière du vendredi pour évaluer leur capacité à maîtriser les places de la mosquée en présence d’un grand nombre de fidèles, faisant plus de 60 blessés parmi les fidèles et les équipes de secours. Elles pourraient intervenir, à l’occasion la plus proche, et investir la mosquée pour évaluer sa capacité à faire entrer les colons en les protégeant, un jour de vendredi. Nos conclusions sont confirmées par la découverte de manœuvres exécutées par ces forces le 21/2/2010 dans les plaines du nord de la Palestine autour de modèles réduits fictifs de la mosquée, en cas d’affrontements dans ses places.
Ensuite, des incursions ont été menées pour des motifs particuliers. Celles-ci ont augmenté pour atteindre le chiffre de 15.
Ces provocations ont pris les formes suivantes :
1 – des tournées d’observation pour collecter les informations : les membres des services de renseignements de l’occupation observent des parties de la mosquée, examinent son infrastructure comme cela a eu lieu lors de trois incursions menées au mois de novembre 2009, après avoir encerclé les fidèles dans la mosquée pendant huit jours.
2 – Incursion aux sièges des institutions à l’intérieur de la mosquée, comme celle qui a eu lieu au siège du comité de la zakat, le 14/2/2010.
3 – Des agressions provocatrices avec l’intention d’outrager les sacralités musulmanes, comme l’agression contre le toit de la mosquée Qibali au cours de la prière le 8/6/2010, et l’exemple qui a été découvert par l’un des gardiens de la mosquée, le 13/2/2010, racontant qu’un des soldats a intentionnellement uriné dans plusieurs endroits de la mosquée, notamment aux portes al-Rahma, al-Ghawanma et al-Maghariba et affirmant que les gardiens trouvent quotidiennement des traces d’urines dans plusieurs endroits de la mosquée.
L’examen du comportement des appareils de la police et des services de renseignements, en tant qu’appareils exécutifs, annonce le niveau de la décision politique prise concernant l’avenir de la mosquée et le niveau avancé de son application. Les mesures citées et précisément celles qui accompagnent les incursions des extrémistes juifs confirment ce que le rapport avait prédit l’année passée, que la décision politique de la division de la mosquée a déjà été prise, et que le gouvernement de l’occupation prépare le terrain et achève les mesures sécuritaires et juridiques pour appliquer la décision de diviser la mosquée. Il attend juste que les circonstances lui soient appropriées et s’assurer de la capacité totale à l’exécuter.
IV - les réactions à l’évolution de la situation dans la mosquée al-Aqsa
L’étude précise des réactions de la résistance palestinienne, de l’Autorité palestinienne ou des Etats arabes ou islamiques au cours de l’année passée montre que ces réactions ne sont plus seulement descriptives, dépourvues de solution ou de vision politique, mais elles mettent en garde contre ce qui se déroule dans la mosquée al-Aqsa et les dangers qui la guettent, tout en tentant de prévoir ce qui pourrait advenir et demandent aux autres d’adopter des positions politiques et de réagir en fonction. La résistance palestinienne et l’autorité palestinienne ont conjointement fait porter la responsabilité aux Etats arabes et islamiques, sans cependant présenter une vision claire ou une position politique en vue de mesures concrètes pour protéger la mosquée al-Aqsa.
Quant aux Etats arabes et islamiques, ils ont fait porter la responsabilité à la communauté internationale et aux Palestiniens, leur demandant de prendre des mesures concrètes en vue de protéger la mosquée al-Aqsa pour préserver les chances de la paix dans la région, et en demandant aux Palestiniens d’en finir avec l’état de division pour qu’ils puissent, de leur côté, les aider et les soutenir.
A – La résistance palestinienne
Depuis la révolution de Mawsam Nabi Moussa en 1920, la révolution d’al-Bouraq en 1929, en passant par le massacre d’al-Aqsa et ses conséquences en 1990, le soulèvement d’al-Aqsa en 1996 jusqu’à l’intifada al-Aqsa en 2000, la résistance est parvenue à instaurer une équation de dissuasion avec l’occupant, où tout agression ou atteinte contre la mosquée al-Aqsa se réflétait directement sur le terrain, ou bien par des affrontements populaires ou par des actes militaires. Cette équation a quasiment représenté la seule force de dissuasion contre la judaïsation pendant plus de 44 ans, mais elle a commencé à s’épuiser dès 2005, et l’occupation a concrètement senti sur le terrain qu’il ne payait plus le prix des mesures de judaïsation de la mosquée al-Aqsa. Aujourd’hui, cinq ans après cette nouvelle équation, les dirigeants de l’occupation ressentent clairement qu’ils sont devant une occasion historique pour judaïser la mosquée al-Aqsa et faire passer toutes les mesures possibles avant que la situation présente ne soit à nouveau bouleversée, situation dans laquelle ils se sentent à l’aise puisqu’elle est dépourvue de toute dissuasion envers eux.
Au cours de l’année dernière, l’occupation a entériné la séparation entre d’une part l’agression sur la mosquée et d’autre part la réaction de la résistance. La fréquence de ses agressions et son encerclement de la mosquée ont atteint un niveau sans précédent tout au long des 44 années d’occupation de la mosquée. L’occupant a encerclé la mosquée pendant plusieurs jours, il a tiré des coups de feu sur les fidèles, il en a blessé des dizaines, il a brûlé le moteur électrique spécial de la mosquée, détruit la chambre technique qui gère le son, et par conséquent, stoppé l’appel à la prière pendant un jour entier. Ces actes n’ont pas été suivis de réactions, hormis le soulèvement populaire au mois de mars 2010 qui a rappelé aux décideurs sionistes la possibilité de payer le prix réel de ces agressions contre al-Aqsa. Grâce à la coopération sécuritaire avec les appareils de la sécurité de l’Autorité palestinienne, l’occupant est parvenu dans une grande mesure à lier et à réduire les bras de la résistance, en Cisjordanie et, après la guerre contre Gaza, il a réussi à imposer, à la résistance dans la bande de Gaza, une nouvelle équation, celle de la confrontation globale ou de la tranquillité globale. La résistance palestinienne assiste depuis lors à une phase qu’elle n’a jamais connue depuis l’occupation britannique de la Palestine en 1917, en devenant incapable de réagir directement aux agressions de l’occupation contre la mosquée al-Aqsa.
La différence entre le discours politique de la direction de la résistance et ses porte-paroles d’une part et entre ses actions sur le terrain, a été manifeste. Les déclarations des dirigeants politiques au mois de septembre 2009 suite au premier encerclement des fidèles dans la mosquée, appelant la résistance à réagir aux agressions par tous les moyens, sont restées lettre morte en réalité, avant que le ton ne change. Au cours de l’encerclement de la mosquée en octobre 2009, la direction politique de la résistance a appelé les masses arabes et islamiques à agir pour défendre al-Aqsa. Le discours politique de la résistance s’est intensifié à plus d’une occasion au cours de l’année passée, et notamment en mars lors de l’inauguration de la synagogue de la ruine, ces déclarations ayant considéré que l’inauguration « est une proclamation de guerre », « un prélude à la destruction de la mosquée al-Aqsa », mettant en garde contre la menace d’une explosion de la région et le déclenchement d’une troisième intifada, mais il est clair que cette intensification a refleté surtout la gravité de la situation, mais les dirigeants politiques de la résistance n’ont trouvé autre que de hausser le ton en paroles, sans que cela ne soit suivi d’actions sur le terrain.
Cette évolution a renforcé au plus haut degré le sentiment de tranquillité chez l’occupant, qui est désormais sûr que cette équation qu’il est parvenue à imposer en Cisjordanie grâce à la coordination sécuritaire avec les appareils de l’autorité palestinienne, et à Gaza, à cause de la dernière guerre, lui procure une occasion historique pour modifier aujourd’hui la situation présente dans la mosquée al-Aqsa et imposer le projet de sa division entre musulmans et juifs.
B – L’autorité palestinienne
Quiconque a examiné le comportement de la direction politique de l’Autorité palestinienne et de l’OLP au cours de l’année passée n’a pas beaucoup de mal à conclure que la situation de la mosquée al-Aqsa ne fait pas partie des priorités de cette direction. La coordination sécuritaire avec l’occupant n’a pas été interrompue pendant l’année et l’évolution du processus des négociations indirectes n’a absolument pas été affecté par les agressions sur al-Aqsa. Cela a été clairement manifeste en plus d’une occasion, dont la plus importante a été la rencontre entre le président Mahmoud Abbas et le premier ministre de l’occupation Benyamin Netanyahou à New York le 23/9/2009, au moment où les groupes juifs extrémistes incitaient à entreprendre l’une des plus graves et des plus importantes incursions de la mosquée al-Aqsa, sous la protection de la police de l’occupation, 4 jours après cette date.
Cela s’est également manifesté lorsque la présidence de l’autorité a eu recours au comité de suivi arabe réclamant une couverture pour des négociations indirectes le 3/3/2010 alors que la mosquée al-Aqsa était le théâtre d’affrontements entre le 1/3 et le 5/3/2010. La déclaration de Nimr Hammad, conseiller du président, en mars 2010 est intervenue au moment où les assauts contre la mosquée al-Aqsa et les agressions étaient à leur comble, simultanément avec l’inauguration de la synagogue de la ruine, à l’ouest de la mosquée al-Aqsa, disant que « l’autorité palestinienne ne permettra pas que se déclenche une troisième intifada ». Finalement, Mahmoud Abbas a déclaré le 27/7/2010, le jour suivant où sheikh Raed Salah a été emmené en prison, qu’il est prêt à entreprendre des négociations directes sur la base de « références claires », affirmant son désintérêt pour ce qui se passe à al-Aqsa
Le comportement sécuritaire de l’autorité palestinienne a joué un rôle négatif et décisif dans l’entrave aux protestations et manifestations, au point d’obliger le responsable du dossier d’al-Qods dans le mouvement Fateh, Hatem Abdel Qader, à le déclarer aux médias le 16/3/2010. C’était la première fois depuis l’occupation de la Palestine que la mosquée al-Aqsa était exposée à ce nombre d’agressions sans qu’il n’y ait de réactions effectives, ou même une protestation à large échelle en Cisjordanie occupée, ce qui a certainement facilité la mission de l’occupation, qui a réussi à cerner les réactions, et l’a encouragé par conséquent à aller plus loin et viser la mosquée, tranquillisé qu’il était par le calme assuré par l’autorité.
Si l’autorité palestinienne poursuit sa politique actuelle, en ignorant la réalité imposée par l’occupant sur la mosquée al-Aqsa, garantissant l’arrêt de la résistance en Cisjordanie, et même stoppant les mouvements populaires de solidarité avec la mosquée, cela jouera certainement un rôle important pour préparer le terrain à la division de la mosquée al-Aqsa et pour nier l’exclusivité musulmane la concernant, qu’elle le veuille ou pas.
C – les Etats arabes et islamiques
Au cours de la période couverte par le rapport, les réactions arabes et islamiques officielles et populaires à propos de ce que subit la mosquée al-Aqsa sont inégales. Elles se sont appuyées certainement sur les réactions sur le terrain des Palestiniens. Les positions arabes et islamiques se sont contentées des protestations timides et des mouvements populaires restreints jusqu’à l’encerclement d’al-Aqsa au mois d’octobre 2009 et le soulèvement populaire qui l’a accompagné dans al-Qods, ce qui a été l’occasion d’une intensification de la mobilisation sur les plans officiel et populaire. Parmi les positions officielles les plus notables, celle de la mise en garde du roi jordanien Abdallah II, adressée à l’Etat de l’occupation, à propos de la poursuite de ses agressions contre la mosquée, disant que celles-ci « ne menacent non seulement les relations jordano-israéliennes, mais peuvent faire exploser la situation dans tout le monde islamique ». Sur le plan populaire, la réaction la plus notable était l’appel de Sheikh Yousef Qardawi à faire du vendredi 9/10/2009 une journée de colère et de soutien à al-Aqsa, mais aussi l’encerclement du consulat de l’Etat de l’occupation dans la ville d’Istanbul en protestation contre les attaques contre la mosquée al-Aqsa.
Ces réactions ont décru pour s’intensifier à nouveau au mois de mars 2010, accompagnant les larges affrontements dans al-Qods en protestation contre l’inauguration de la synagogue de la ruine. Des capitales arabes et islamiques ont été le théâtre de plusieurs manifestations importantes pour le soutien à la mosquée al-Aqsa, et la réaction officielle islamique a été plus virulente. Le président turque Abdallah Gul a mis en garde l’occupation contre toute atteinte à la mosquée al-Aqsa, la décrivant comme « jouer avec le feu » et exprimant en même temps sa profonde inquiétude envers la poursuite par l’occupant de ses pratiques agressives et sa violation des sacralités musulmanes. La seule exception est la réaction arabe officielle, lorsque la commission de suivi arabe a accordé au président Abbas le 3/3/2010 son accord pour engager des négociations indirectes avec l’occupation, malgré la situation embrasée dans la mosquée al-Aqsa et les villes d’al-Qods et d’al-Khalil.
Tout au long des mois suivants, l’intérêt officiel et populaire envers la mosquée al-Aqsa s’est amenuisé, et les derniers assauts contre la mosquée al-Aqsa à la fin du mois de juillet 2010 n’ont pas été suivis de réactions notables, et même les protestations habituelles ont entièrement disparu des médias. En général, et tout au long de l’année passée, les réactions arabes et islamiques, officielles et populaires, relatives à la situation d’al-Aqsa ont été inférieures au minimum exigé, bien que ce soit l’un des moyens les plus importants pour la défense de la mosquée, en l’absence de la réaction de la résistance palestinienne. Si les actions arabes et islamiques comptent toujours sur les réactions palestiniennes, en quantité et en genre, comme c’est le cas aujourd’hui, cela signifie accorder une possibilité plus grande à l’occupation pour agresser la mosquée al-Aqsa, et lui confirmer que s’ouvre devant lui une occasion historique pour diviser la mosquée, tant qu’il est tranquillisé sur sa capacité à stopper la résistance et à éviter le mouvement populaire palestinien. Il sera également tranquillisé quant à l’absence d’un mouvement arabe et islamique actif et exerçant des pressions sur lui, sur la scène internationale.

Pourquoi Israël a emprisonné mon meilleur ami

Bilin - 05-09-2010
Par Mohammed Khatib

Mohammed Khatib est le secrétaire du conseil du village de Bilin et le coordinateur du Comité de Coordination de la Lutte Populaire. 
Quand j'étais enfant, j'étais encore autorisé à me rendre en Israël. Je suis allé à la plage et j’ai nagé dans la mer, quelque chose que la plupart des enfants palestiniens vivant en Cisjordanie aujourd'hui ne peuvent que rêver. Israël a de plus en plus restreint la circulation au fil des ans. Nous, Palestiniens, sommes interdits de nous rendre en Israël, la terre où beaucoup de nos parents sont nés. Et maintenant, je me trouve sans pouvoir quitter la Cisjordanie. J'ai été empêché de quitter le pays le 4 août, quand j'ai essayé de traverser le pont Allenby afin de me rendre en Jordanie pour m'envoler vers l'Europe.









Photo Oren Ziv/ActiveStills : Arrestation d’Abdallah Abu Rahmah par des soldats israéliens lors d’une manifestation à Bilin en 2005






Et tout comme Israël a limité progressivement les endroits où nous pouvons aller, il a considérablement diminué les choses autorisées à faire en tant que Palestinien. Nous avons atteint un point où la protestation pacifique est inacceptable pour l'État et la législation militaire a été construite pour criminaliser et jeter en prison toute personne qui ose exprimer publiquement son désaccord.
Abdallah Abu Rahma, coordinateur du Comité Populaire de Bilin et mon meilleur ami, en fait partie. Il a fait parler de lui dans les journaux internationaux quand le chef de la politique étrangère de l’Union Européenne a publié une déclaration condamnant sa condamnation par un tribunal militaire israélien le 24 août.
Il a été reconnu coupable d '"incitation" - une accusation intentionnellement vague qui criminalise la liberté d'expression - et d'organisation de manifestations "illégales". Les négociations directes entre Israël et les Palestiniens peuvent redémarrer, mais sur le terrain, l'occupation militaire israélienne continue: l'oppression, comme d'habitude.
Abdallah, enseignant et père de trois enfants, est incarcéré dans la prison militaire d’Ofer depuis le 10 Décembre 2009 – date de la Journée des Droits de l’Homme, pas moins que cela. Les soldats ont perquisitionné au milieu de la nuit son domicile en Cisjordanie occupée et l’ont tiré du lit devant sa femme, Majida, et leurs trois enfants, Luma (7 ans), Lian (5 ans) et son bébé de 8 mois, Laith.
Les protestations pour lesquelles Abdallah a été condamné ont commencé le 16 décembre 2004, le jour où les bulldozers de l’armée israélienne sont venus dans notre village pour déraciner les oliviers et planter à leur place un mur. Depuis ce jour, nous avons tenu des centaines de manifestations dans lesquelles des Israéliens et des internationaux ont rejoint les Palestiniens pour dire non à l'apartheid israélien et oui au partenariat et à une paix basée sur la justice.
A Bilin, nous croyons que la créativité et l'espoir sont nos outils les plus efficaces pour briser les chaînes de l'occupation et obtenir nos droits tels que consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et garantis par le droit international.
En juillet 2004, quelques mois avant le début de la construction de la barrière d'Israël sur les terres de Bil'in, la Cour internationale de Justice de La Haye a statué que le mur construit par Israël à l’intérieur du Territoire Palestinien Occupé était illégal et qu’il devrait être démantelé. Elle réaffirmait également que les colonies israéliennes dans les territoires occupés étaient également illégales en vertu du droit international.
Toutefois, Israël a poursuivi sans relâche la construction du mur et des colonies. L'impunité dont jouit Israël pour ces violations érode la foi de notre peuple dans le fait que le droit international et les droits de l'homme sont utiles à nos vies. Beaucoup d'entre nous pensent que les droits de l'homme sont quelque chose dont l'Occident aime parler, mais qu’ils sont réservés aux autres. Nous croyons que pour que les choses changent, il doit y avoir un prix pour le non-respect par Israël du droit international et que les moyens non violents sont la meilleure façon de faire payer ce prix.
Chaque jour, de plus en plus de Palestiniens choisissent de s'opposer à l'injustice et à l'occupation par la résistance populaire non armée, en défiant l'hégémonie israélienne. Menacé par la croissance de notre mouvement, Israël a lancé une campagne de répression, en ciblant des militants et des membres des comités populaires - les organisations qui mobilisent les manifestants – de toute la Cisjordanie par des arrestations et la violence.
En mars dernier, dans un autre attaque draconienne contre la liberté d'expression, les terres de Bilin et du village voisin de Nilin, où ont également lieu régulièrement des manifestations hebdomadaires contre le vol de leurs terres, ont été déclarées zones militaires fermées permanentes pour une période de six mois.
Entre février 2004 et juin 2009, vingt manifestants non armés ont été tués, des centaines ont été emprisonnés et des milliers ont été blessés. Les soldats et les colons qui violent régulièrement le droit international le font avec une impunité quasi totale. Pendant ce temps, les civils palestiniens qui organisent des protestations sont inculpés pour incitation et organisation de manifestations illégales.
En fait, ce n'est que par hasard que je n’ai pas été emprisonné dans la prison d'Ofer avec Abdallah. Comme Abdallah, j'ai été arrêté par des soldats qui ont fait irruption dans ma maison au milieu de la nuit. Moi aussi j'ai été accusé d'incitation et d'organisation de manifestations. Comme ils l’ont fait avec Abdallah, l'armée a également affirmé que j'avais jeté des pierres.
Leur erreur a été que, contrairement au cas d'Abdallah, ils ont essayé non seulement d'utiliser des témoignages arrachés illégalement à des mineurs, mais ils ont aussi fourni une photo truquée de moi avec une pierre dans la main. Mais j'ai eu de la chance. J'étais à l'étranger quand la photo a été prise et pouvait prouver que je n'étais pas l'homme de la photo.
Lorsque la supercherie est devenue évidente, le juge n'a pas eu d'autre choix que d'ordonner ma libération. Sinon, comme Abdallah et de nombreux autres organisateurs et militants palestiniens, j'aurais été considéré comme dangereux et détenu au moins jusqu'à la fin de mon procès, qui est toujours en cours.
Si ce qu’a fait Abdallah est illégal, alors nous sommes tous fiers d’être coupables. Israël ferait mieux de nous rassembler et nous jeter dans ses prisons par centaines, puisque la réalité perverse qu’Israël a créée sur le terrain signifie que nous devons défier la loi militaire israélienne pour respecter le droit international et obtenir nos droits de l'homme.
La déclaration de l'UE dénonçant la condamnation d’Abdallah est une première étape importante. Mais elle doit être suivie par des mesures sérieuses pour faire en sorte qu'Israël n'utilise pas la reprise des négociations comme un écran de fumée pour se cacher derrière tout en enracinement l'occupation. Jusqu'à ce que de telles mesures soient prises, toute personne qui osera protester et contester l'occupation israélienne n’est pas en sécurité.

L’IPSC salue le succès du gouvernement irlandais dans le gel du transfert des données des citoyens de l'Union Européenne à Israël

Europe - 05-09-2010

Par Ireland Palestine Solidarity Campaign 
L'Ireland Palestine Solidarity Campaign (IPSC) a salué vendredi l'intervention réussie du ministre irlandais de la Justice, Dermot Ahern, pour bloquer un projet de partage de données avec Israël proposé par la Commission Européenne. Si elle avait été adoptée, la proposition aurait autorisé les Etats membres de l'Union Européenne à stocker de données personnelles sensibles sur les citoyens européens et à les transmettre à Israël.
La proposition de la Commission Européenne devait donner aux États membres de l'UE un feu vert à une déclaration disant que l'Union Européenne reconnaît que les normes de protection des données d’Israël sont suffisantes pour permettre aux États membres de transférer des données personnelles sensibles à Israël. Sans une telle déclaration, le transfert de données personnelles sensibles à Israël est illégal.
En raison de la pression irlandaise, la proposition a été débattue par un comité de l'Union Européenne qui s’occupe de la protection des données personnelles.
Le Ministre de la Justice irlandais, Dermot Ahern, a fait pression pour interrompre le projet suite aux inquiétudes quant à l'utilisation de huit faux passeports irlandais par les assassins israéliens du responsable du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh. Par conséquent, le vote a été annulé lors de la réunion d’hier du comité de la Commission de protection des données, et la Commission s'est engagée à demander des éclaircissements à Israël sur ses systèmes de protection des données.
Le porte-parole de M. Ahern a déclaré hier que : "enfin de compte, avec cette proposition, un pays qui est au centre d'un incident international très grave impliquant la mort d'un homme et l'utilisation de faux passeports obtiendrait le feu vert pour le transfert de données à caractère personnel des citoyens de l'UE."
Freda Hughes, la présidente d’IPSC, a déclaré aujourd'hui : "L’IPSC félicite l’intervention réussie du Ministre Ahern pour geler ce processus - le seul ministre de l'Union Européenne à prendre cette position. L'Etat d'Israël a, depuis des décennies, commis régulièrement des crimes contre le peuple palestinien et l'Union Européenne ne devrait pas prendre des mesures pour normaliser ce comportement abusif d’un État voyou.
En outre, l'idée même que les données privées des citoyens de l'UE soient fournies à Israël après l'utilisation abusive de passeports dans l’assassinat de Dubaï est absurde. Les actions d'Israël ont, à maintes reprises, prouvé qu'il n'est pas un Etat «normal» et qu’il ne devrait pas être traité comme tel
."
Mme Hughes a continué par un appel au gouvernement irlandais et aux autres Etats de l'Union Européenne : "L'IPSC comprend que cette importante question sera à nouveau débattue lors d’une prochaine réunion du comité de la Commission Européenne de protection des données. Nous encourageons le gouvernement irlandais à maintenir la position forte qu'il a déjà prise sur ce sujet pour refuser d’autoriser Israël à accéder à des aux données sensibles sur les citoyens de l'Union Européenne. Nous demandons également aux autres États membres de l'Union Européenne de revoir leurs positions sur cette question puisqu’autoriser une telle chose permettrait l'usurpation d'identité de millions de personnes par cet Etat, comme nous l’avons vu en janvier dernier à Dubaï et serait même une acceptation tacite de la légitimité de ce actes de terrorisme d'État menés par Israël."
Mme Hughes a conclu : «Le fait que l'Irlande, à elle seule, puisse mettre un terme provisoire à ce processus montre que nous pouvons convaincre l'Europe d’écouter les inquiétudes irlandaises au sujet des actions d'Israël. L'IPSC encourage le gouvernement irlandais à développer cette position indépendante, en particulier en ce qui concerne l'accord Euro-Med qui accorde à Israël un statut commercial préférentiel. L'Irlande devrait demander la suspension de cet accord jusqu'à ce qu'Israël respecte l'article II de sa clause sur les droits de l'homme. Si l'Irlande pouvait faire un tel appel, cela pourrait générer un vaste débat sur les relations de l'UE avec Israël et envoyer un message fort à l'Etat d'Israël qu'il ne peut plus nier ses droits au peuple palestinien en toute impunité."

La reprise à Charm El Cheikh

le 06.09.10 | 03h00 
L'Egypte a annoncé officiellement, hier, qu'elle abritera le deuxième round des négociations palestino-israéliennes à Charm El Cheikh le 14 septembre.
Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a précisé dans des déclarations à la presse que les négociations auront lieu entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et avec la participation de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Les négociations directes palestino-israéliennes, interrompues depuis 20 mois, ont repris jeudi à Washington avec une note de pessimisme au sein de l'opinion arabe, pas très convaincue de leur succès. La presse locale estime qu'Israël n'a pas encore fait montre de sérieux concernant ces négociations et l'application du droit international, des décisions internationales et de la 4e convention de Genève.
L'Autorité palestinienne «disparaîtra» si les négociations directes récemment relancées avec Israël ne débouchent pas sur un accord de paix, a estimé hier le principal négociateur palestinien Saëb Erekat. «Nous espérons parvenir à un Etat palestinien. Si nous n'y arrivons pas maintenant, autant rentrer à la maison», a déclaré M. Erakat, en ajoutant qu'un tel scénario signerait la fin de l'Autorité palestinienne du président modéré Mahmoud Abbas et la victoire des islamistes du Hamas qui contrôlent la bande de Ghaza. «Si nous obtenons un accord, le Hamas disparaîtra, mais si nous échouons alors c'est nous qui disparaîtrons. J'espère vraiment que l'on peut y arriver, inch'Allah (si Dieu le veut)», a averti le négociateur palestinien.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé à donner une chance aux négociations directes entres Israéliens et Palestiniens, tout  en s'interrogeant si Israël était réellement prêt à signer une véritable paix. Hillary Clinton a reconnu que les deux parties avaient effectivement des doutes quant au succès des négociations directes, avertissant qu'elles  constituent la dernière chance offerte depuis longtemps pour aboutir à un accord entre Palestiniens et Israéliens.
R. I. et agences

Gaza: deux Palestiniens tués et trois blessés par des frappes israéliennes

05/09/2010     
Deux Palestiniens ont été tués et trois blessés samedi soir lors de trois raids de l'aviation israélienne dans le sud de la bande de Gaza, selon le dernier bilan des services médicaux gazaouis    
Selon des témoins, deux raids ont visé des tunnels près de Rafah, à la frontière entre le sud du territoire palestinien et l'Egypte.L'un des tunnels s'est effondré et deux hommes qui y travaillaient ont trouvé la mort.
Un troisième raid a visé une ancienne base des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du mouvement de résistance Hamas, à l'est de la ville de Khan Younès, selon des responsables de sécurité du Hamas. Trois personnes ont été blessées par la frappe.  
Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé les trois raids, précisant qu'une des frappes avait visé "un tunnel creusé en direction du territoire israélien" en vue d'attaques au delà de la frontière.

Les Palestiniens de Jérusalem-Est discriminés par Israël (ONG)

05/09/2010    
Les habitants palestiniens de Jérusalem-Est (annexée) sont victimes d'un traitement discriminatoire de la part des autorités israéliennes, affirme l'Association israélienne pour la Défense des droits civiques dans un rapport publié dimanche.  
Selon ce texte, "des vigiles armés rétribués par le ministère israélien de l'Intérieur agissent à l'instar d'une milice privée des colons juifs, qui a de plus en plus recours à la force et à la violence contre les Palestiniens".  
Il affirme d'autre part que "les Palestiniens portant plainte contre les colons juifs se retrouvent en position de suspects et arrêtés, et les dossiers sur des actes de violence perpétrés par des juifs sont clos, faute de preuves".  
Le rapport fait également état d'interrogatoires par la police de mineurs palestiniens, "parfois âgés de moins de 12 ans", et de la présence de caméras de surveillance dirigées vers l'intérieur des maisons privées dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est.  
Dans un communiqué, la municipalité de Jérusalem a affirmé que "ce rapport  aux conclusions fallacieuses est erroné et biaisé".  
La population de Jérusalem s'élève à près de 765.000 personnes, dont quelque 495.000 juifs (65%) et 270.000 Arabes (35%), presque tous des Palestiniens de Jérusalem-Est.  
Près de 200.000 juifs vivent dans la partie orientale de la ville, dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale.
(AFP)
Lien 

Processus de paix : l’arbitre (ré)apparaît

publié le dimanche 5 septembre 2010
Gilles Paris

 
Pourquoi la présence d’une tierce partie est-elle nécessaire ? Sans doute à cause de l’asymétrie qui caractérise les relations israélo-palestiniennes
Il s’agit sans doute du principal enseignement, pointé par le chroniqueur israélien du Yédioth Aharonoth Nahum Barnéa, de la relance formelle des discussions directes entre Israéliens et Palestiniens, mercredi et jeudi, à Washington. Les Etats-Unis semblent prêts à reprendre le rôle qui a été le leur par le passé d’ “honest broker”, d’arbitre. On dira que Bil Clinton puis George Bush ont tenu ce rôle sans succès lors du sommet de Camp David en juillet 2000, puis avec le processus d’Annapolis à partir de novembre 2007, mais il s’agissait dans les deux cas de présidents parvenus au terme de leur second mandat et donc affaiblis politiquement.
Pourquoi la présence d’une tierce partie est-elle nécessaire ? Sans doute à cause de l’asymétrie qui caractérise les relations israélo-palestiniennes, comme le rappelle avec pertinence un universitaire bon connaisseur du dossier, Vincent Romani.
Le “processus de paix”, formule presque magique souvent déconnectée d’une réalité complexe, est assez ancien pour avoir déjà fait l’objet d’examens critiques. La “feuille de route”, plan international rédigé en décembre 2002 par les Européens et les Américains pour traduire la “vision” de George Bush exprimée à l’occasion de son discours de juin 2002, évoquait justement cette nécessité même si elle s’appliquait à un autre mécanisme : l’adoption de mesures parallèles destinées à restaurer la confiance entre les deux parties sous le contrôle d’un “juge de paix”.
L’agenda suivi depuis le lancement des discussions de “proximité”, indirectes, est resté américain. Les Etats-Unis travailleraient déjà à la formule qui permettrait de passer l’obstacle du 26 septembre, terme du gel partiel de la colonisation décrété unilatéralement par Israël (dont il conviendrait de dresser un bilan impartial). En cas d’échec de la piste de Washington, la Maison Blanche pourra encore formuler ses propres “paramètres” pour un règlement du conflit, comme l’avait fait en son temps M. Clinton, mais trop tard. Réapparition d’un arbitre, donc, et d’un seul. Les Européens n’étaient pas conviés à Washington.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"

A Silwan, la bataille pour Jérusalem

publié le dimanche 5 septembre 2010
Karim Lebhour

 
Dans ce quartier palestinien, les colons juifs poursuivent leur entreprise de « judaïsation » de la ville de Jérusalem, déniant aux Palestiniens le droit d’y vivre
Le réseau de galeries souterraines s’enfonce dans les entrailles de Silwan, le long d’une succession de vestiges : citernes, canaux et fortifications, témoins de l’entrelacs de populations qui ont successivement occupé cet endroit, puis un ensemble de pierres blanches. « Le palais du roi David ! », souffle le guide, avant d’ajouter que la découverte « fait encore débat parmi les archéologues ».
Mais pour Elad, l’organisation nationaliste juive chargée des fouilles, aucun doute n’est permis. Ce sont bien là les ruines tant recherchées de la cité du premier souverain du peuple juif, il y a quelque trois mille ans. Pour les Palestiniens vivant en surface, ces fouilles archéologiques servent de prétexte au noyautage de ce quartier arabe au cœur du « bassin sacré » de Jérusalem, qui comprend la Vieille Ville et les Lieux saints.
La présence des colons échauffe les esprits
« C’est l’endroit le plus volcanique de Jérusalem », reconnaît Daniel Luria. L’homme écume le quartier dans le but de racheter le plus possible de propriétés arabes pour le compte d’Ataret Cohanim, une organisation vouée à la « judaïsation » de Jérusalem-Est. « Pourquoi les juifs n’auraient-ils pas le droit de vivre ici ? Si des résidents arabes veulent vendre et si des juifs veulent acheter, je ne vois pas le problème », justifie-t-il. Déjà, une soixantaine de familles juives se sont installées au milieu des 50 000 habitants arabes de Silwan.
Dans ces ruelles trop étroites pour que deux voitures puissent se croiser, la présence des colons échauffe les esprits. « Beit Yonatan », un immeuble de sept étages où résident six familles de colons juifs, protégés par des gardes privés, porte encore les traces des affrontements, le mois dernier, entre les jeunes Palestiniens du quartier et la police israélienne. La Cour suprême israélienne a demandé l’expulsion des colons pour « construction illégale », mais l’ordre n’a pas été appliqué.
La municipalité, en revanche, est moins clémente pour les maisons arabes construites de manière anarchique, au rythme de l’expansion démographique. Des ordres de démolition pèsent sur 88 maisons palestiniennes. Une vingtaine d’habitations attendent d’être rasées pour faire place à un espace vert, attenant à la Cité de David.
« Ils peuvent m’offrir mon poids en or, je ne partirai pas »
Abdallah Abu Nab vit dans l’une de ces maisons décaties, aux murs de béton construits trop vite. Une quarantaine de personnes vivent ici. Chacun de ses trois frères a construit un étage supplémentaire pour loger sa famille, sans attendre les autorisations officielles pour agrandir la maison. La municipalité ne les accorde que très rarement aux Palestiniens de Jérusalem-Est.
« Nous nous sommes installés là en 1948, après avoir perdu notre maison à Jérusalem-Ouest. Aujourd’hui, les Israéliens veulent nous chasser de nouveau », peste le patriarche. Il a refusé le million de dollars (750 000 €) offert par Ataret Cohanim. « Ils peuvent m’offrir mon poids en or, je ne partirai pas », tonne-t-il. Les juges pourraient bien l’y forcer. Les colons réclament la propriété des lieux et affirment que la maison est une ancienne synagogue.
Assis autour d’un verre de thé dans la petite cour où il élève quelques poules, Abdallah Abu Nab a du mal à suivre l’imbroglio juridique auquel sa maison est mêlée. Il a déjà reçu plusieurs avis d’expulsion. Ni les Ottomans, ni les Jordaniens, administrateurs de Jérusalem-Est jusqu’à la conquête israélienne de 1967, n’ont réellement pris la peine d’établir un cadastre ou d’édicter des actes de propriété en bonne et due forme. Une faille facilement exploitée aujourd’hui par les colons, pour lesquels aucun quartier de la « capitale unique et indivisible » de l’État d’Israël ne doit être laissé aux seuls Palestiniens.
David Luria, lui, est confiant. Les récriminations de la communauté internationale le font sourire. « Le monde vit dans une illusion. Nous ne sommes plus en 1948 ou en 1967. Jérusalem est une ville unifiée et 200 000 juifs vivent dans ce qui était Jérusalem-Est. Ils ne partiront pas », se félicite-t-il, convaincu que son camp est en train de gagner la bataille pour Jérusalem.