vendredi 1 janvier 2010

Résistance : "Le peuple de Gaza n'acceptera de mourir ni affamé ni asphyxié"

Palestine - 31-12-2009
Par Al Manar
Les comités de la résistance populaire ont indiqué que le soldat israélien capturé Gilad Shalit resterait dans "les mains de la résistance jusqu'à ce que l'ennemi respecte les revendications des brigades palestiniennes sans tergiversation ni atermoiement".





















Le Père Noël à Gaza, ou l'humour percutant des Palestiniens


Dans un communiqué publié pour célébrer un an de la guerre israélienne contre la bande de Gaza début 2009, les Comités de la Résistance Populaire ont déclaré : "La résistance à Gaza et en Cisjordanie demeure un cauchemar qui hante tous les rêves de l'ennemi criminel qui œuvre sur l'usurpation de nos terres, et la judaïsation de notre sainte AlQods."

S'adressant au monde arabo-islamique, le texte estime non sans amertume que celui-ci se trouve embarrassé par le peuple palestinien à cause de sa ténacité. "Ni il ne succombe, de sorte qu'on lui dédie la prière du mort et qu'on verse des larmes mensongères sur lui. Ni il ne se brise, de sorte que les médiations de la trahison interviennent pour lui imposer leurs conditions de la capitulation sur sa glorieuse résistance" ; Et de conclure : "Ces sacrifices sont le tribut de la victoire et de la liberté".

S'agissant du mur d'acier construit par l'Egypte, les comités de la résistance populaire l'ont qualifié "d'agression flagrante sur la vie des Palestiniens à Gaza", expliquant que c'est un moyen "pour les asphyxier, renforcer le blocus sur eux et empoisonner leur eau potable souterraine".

"Le peuple de Gaza n'acceptera de mourir ni affamé ni asphyxié", ont-ils prévenu.

Pour leur part, les brigades AlQassam, branche armée du Hamas, se sont dit prêtes à faire face à toute éventuelle agression israélienne sur la Bande de Gaza, soulignant qu'elles développent leurs capacités militaires selon les méthodes et les armes de l'occupation israélienne.

Le porte-parole des brigades Abou Obeida a démenti qu'il y ait une trêve avec l'occupation israélienne, réitérant le droit de la résistance de posséder des armes pour repousser toute attaque israélienne.

Sur le terrain, les brigades des martyrs d'Al Aqsa, branche armée du Fatah, ont revendiqué le tir d'une roquette sophistiquée baptisée Aqsa, sur un bloc de colonies de Kissoufim à l'est de la bande de Gaza.

"Cette opération entre dans le cadre de la riposte aux crimes de l'armée de l'occupation qui a tué trois membres des brigades à Naplouse", ont-elles indiqué dans un communiqué.

Pendant ce temps, l'armée de l'occupation israélienne poursuit les arrestations de jeunes palestiniens en Cisjordanie occupée. Le nombre des détenus a atteint les vingt ces deux derniers jours, et leur âge varie entre 19 et 24 ans.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13185&type=communique&lesujet=R%E9sistances

Un an après l’agression, la résistance est nécessaire pour briser le siège contre Gaza

Palestine - 01-01-2010

Par Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP)

La résistance et la ténacité du peuple de Gaza restent puissantes et fortes un an après la guerre criminelle et l’agression israéliennes contre Gaza, a déclaré le Front Populaire de Libération de la Palestine le 26 décembre 2009 dans une déclaration marquant le premier anniversaire de l’assaut. Les massacres de l’occupation ont coûté la vie à près de 1500 Palestiniens et blessé et déplacé des dizaines de milliers de personnes, détruisant des dizaines de milliers de maisons qui attendent encore la reconstruction aujourd’hui.



































"Un an après le massacre de Gaza... nous luttons, nous survivons, nous RESISTONS ! "


Le Front a déclaré qu‘ « il est clair pour tous, mois après mois, année après année, que les mots des États-Unis au sujet de ‘paix’ et ‘tentatives de négociations’ ne sont rien de plus que des belles paroles vides de sens, de fausses promesses, et tentatives bon marché de la corruption de notre peuple tant que l’occupation vole notre terre, viole nos droits, massacre notre peuple. Dans le même temps, le bruit du soi-disant processus de ‘paix’ cache uniquement les crimes de l’occupant et constitue un mécanisme de l’occupation sioniste et son allié stratégique Washington pour bloquer nos efforts internes palestiniens pour mettre fin à la division, restaurer l’unité nationale, et faire respecter nos droits nationaux », a déclaré le Front.

La déclaration a continué en disant que les dirigeants de la machine de guerre d’occupation ont cru qu’ils pouvaient gagner la sécurité et la victoire politique et briser la volonté de notre peuple et sa fermeté et résistance, et notre engagement envers nos droits nationaux à travers un affichage massif de massacres et la barbarie. Cependant, en réalité, ils n’ont acquis aucune victoire politique et aucune soi-disant sécurité, et leurs tentatives de déloger la résistance du Liban et de Palestine ont lamentablement échoué.

La déclaration du Front a également déclaré que le massacre de Gaza a démontré clairement aux yeux du monde le mensonge absolu de toute réclamation sioniste d’« l’éthique militaire » ou de « démocratie », comme ils ont utilisé des armes interdites au niveau international, dont le phosphore blanc, qui a fait pleuvoir la destruction et la dévastation sur Gaza, en faisant remarquer que les peuples du monde ont réagi avec horreur à l’état d’occupation et se sont solidarisés avec notre peuple palestinien, de même que la communauté internationale officielle est restée silencieuse et complice.

Il a noté que le rapport de Nations Unies officiel de Juge Goldstone enquêtant sur les crimes de guerre d’occupation à Gaza à mis à nu les crimes de l’occupation, demandant à la communauté internationale et aux Nations Unies d’arrêter les criminels de guerre d’occupation et de remplir leurs responsabilités politiques légales, et responsabilités morales.

La déclaration du Front a également salué le peuple arabe et les forces internationales progressistes dans le monde, en exprimant fierté et reconnaissance pour leur solidarité suivie et pour leur force qui continue de défier tous les ennemis de la Palestine pour soutenir les droits de notre peuple.

Le Camarade Dr Maher Taher, membre du Bureau politique du FPLP et le dirigeant de sa branche en exil, a déclaré en outre que la résistance est une nécessité pour briser le siège de Gaza, en disant que les critiques des droits de l’homme et des projets humanitaires sont importantes, mais insuffisantes par elles-mêmes, pour briser le siège.

Le Camarade Taher a dit que les rapports des organisations internationales des droits de l’homme sont importants, en confirmant et en documentant les crimes les plus graves commis sous les yeux et les oreilles du monde. Il a noté que les gouvernements arabes et la communauté internationale officielle sont silencieux et complice de la souffrance sous le siège des 1,5 million de Palestiniens de Gaza, mais les forces, groupes et institutions d’opinion ont constamment appelé à une action, du rapport Goldstone, aux organisations internationales des droits de l’homme, à la mobilisation populaire de solidarité massive dans le monde.

Il a dénoncé la complicité des régimes arabes avec le siège de Gaza, en disant que leur silence sur les crimes israéliens leur permet de continuer. Il a noté également que le siège n’est pas simplement une question humanitaire c’est un crime contre l’humanité et il touche les enfants, les vieillards et les malades, et le siège sur le peuple palestinien est aussi un siège politique.

Le Camarade Taher a déclaré que « l’ennemi israélien veut que le peuple palestinien brandisse le drapeau de la capitulation, abandonne la résistance, et accepte les termes et conditions des Etats-Unis et du sionisme, mais le peuple palestinien, malgré tout, continue à lutter, à refuser de se rendre et continuera à hisser l’étendard de la résistance, quelles que soient les circonstances ».

Les déclarations des résistants du FPLP en français sur le site Futur Rouge.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13196&type=analyse&lesujet=R%E9sistances

"Le faucheur de têtes palestiniennes reçoit des épées des rois arabes"


31/12/2009 En "Israël", tous sont unanimes pour apprécier les criminels de guerre. Même les médias, qui doivent en principe, et selon l'éthique du métier, dénoncer tout acte enfreignant aux droits de l'homme, ne cachent pas leur appréciation aux figures sanguinaires de leur entité!

En effet, la deuxième chaine israélienne a choisi le chef du service des renseignements central (le Mossad) le général Meïr Dagane en tant que "personnalité de l'année".

Ce qui est frappant n'est pas le choix de cette personnalité, mais les raisons présentées par la deuxième chaine pour le justifier. "Il est connu pour la décapitation des Palestiniens en utilisant un couteau japonais, en effet, il est né avec un poignard entre les dents", selon elle.

Son ami, le général à la retraite Youssi ben Hanan a témoigné de l'insistance de Dagan à tuer "personnellement les Palestiniens après leur capitulation. Ses amis appréciaient ce côté de sa personnalité".

Cette personne sanguinaire qui a accédé aux postes les plus élevés, a présidé les services des renseignements en 2002 et occupe toujours ce poste après maintes prorogations. On lui attribue le meurtre d'un nombre de dirigeants de la résistance palestinienne et libanaise tout au long de sa carrière militaire.

Sur un autre plan, Dagan se dit fier "de son amitié avec plusieurs personnalités et rois arabes", et il se vante des cadeaux arabes qu'il reçoit de ces responsables, dont la plupart sont "des épées incrustées d'or et de pierres précieuses", toujours selon la deuxième chaine télévisée israélienne.
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=117690&language=fr

Gaza: des militants d'ONG frappés par la police au Caire


31/12/2009 Des policiers égyptiens s'en sont pris, ce jeudi, au Caire à coups de pied et de poing à des militants d'ONG internationales venus participer à une "marche de liberté pour Gaza", c'est ce qu'ont affirmé les organisateurs.

"Des membres de la marche de liberté pour Gaza sont retenus de force dans des hôtels autour (du Caire) ou contraints par la violence à pénétrer" dans des sortes d'enclos érigés à l'aide de barricades place Tahrir, dans le centre de la capitale, par la police égyptienne et d'autres forces de sécurité, ont-ils dit dans un communiqué.

Des heurts ont éclaté entre la police et les manifestants. "Des femmes ont reçu des coups de pied, ont été traînées à terre et poussées dans des enclos", ont indiqué les organisateurs, faisant état "d'au moins un cas de côtes cassées" tandis que de nombreux "manifestants se sont retrouvés ensanglantés".

Au moins 200 militants se sont rassemblés jeudi dans le centre-ville, devant le Musée du Caire, dans le cadre d'une semaine de manifestations organisées pour protester contre le refus de l'Egypte de laisser entrer 1.300 participants à la "marche de liberté" dans la bande de Gaza à l'occasion du premier anniversaire de la guerre israélienne contre l'enclave.

http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=117728&language=fr

Un État, un peuple et un espoir

jeudi 31 décembre 2009 - 09h:07

Mohamed Belaali - Le Grand Soir

Trois cent soixante-cinq jours sont passés et la tragédie est encore dans toutes les mémoires. Le responsable ? Un État, mais un État qui ne ressemble à aucun autre. Un État fondé sur une immense injustice. Face à lui, un peuple qui subit chaque jour les pires persécutions et les pires humiliations mais qui est toujours debout.
(JPG)

Il s’agit d’un État au-dessus de toutes les lois.
Un État qui tue froidement hommes et femmes, enfants et vieillards, filles et garçons.
Un État qui viole tous les jours le droit international et toutes les résolutions de l’ONU.
Un État où le racisme est érigé en institution.
Un État qui défie tous les peuples et tous les autres États du monde.
Un État dirigé par un gouvernement d’extrémistes et de fanatiques.
Un État qui au nom du droit à l’existence d’un peuple est déterminé à exterminer un autre peuple.
Un État qui dresse un mur de quelques 700 Kilomètres de longueur et de plusieurs mètres de hauteur et fait construire par, gouvernement interposé, un autre mur souterrain entièrement en acier de 20 à 30 mètres de profondeur pour assiéger et étouffer toute une population.
Un État qui sème des check-points un peu partout pour briser tout mouvement libre de l’autre peuple.
Un État qui fait inlassablement la guerre au nom de la paix.
Un État qui capture les enfants et les rend la nuit à leur famille le corps recousu du menton à l’abdomen et vidé de ses organes vitaux.
Un État qui bombarde sans scrupules écoles, hôpitaux, ambulances, maisons d’habitation et lieux de culte.
Un État qui pratique des crimes de guerre en toute impunité.
Un État sans véritable opposition interne ni réelle pression externe.

Face à cet État oppresseur, se dresse un peuple opprimé.
Un peuple qui a été arraché à sa terre comme on a arraché ses vignes, ses oliviers, ses citronniers et ses orangers.
Un peuple dont on a effacé jusqu’aux noms de ses villages détruits et sur leurs ruines on a élevé kibboutz et colonies.
Un peuple qui, transformé en exilé et en réfugié, est réduit à errer à travers le monde et à survivre dans des camps de concentration sous des tentes.
Un peuple qui continue à payer de son sang et de sa chaire la complaisance, l’hypocrisie et la lâcheté de ce que l’on appelle encore la communauté internationale.
Un peuple dont le nom évoque irrésistiblement les massacres les plus cruels et les plus horribles qu’aient connu le XX et ce début du XXI siècle.

Mais aujourd’hui à l’intérieur même de cet État, quelques bourgeons ici et là éclatent. Ils fleurirons peut-être demain sur l’ensemble de cette terre martyre. Ouvriers solidaires, soldats désobéissants, religieux ouverts, pacifistes humanistes, journalistes, intellectuels et universitaires courageux s’opposent de toute leur énergie à la barbarie de leur propre État.

De son côté, la résistance, comme ces petites fleurs sauvages qui traversent les murs les plus solides, ira rejoindre celle, encore embryonnaire, de ces hommes et de ces femmes admirables qui refusent et rejettent avec courage ce monstre/ État qui se place au-dessus de tout.

De leur lutte commune naîtra un autre État et un autre peuple formé des deux peuples qui, auparavant, s’opposaient et s’entretuaient. Ils démentiront et remplaceront par leur existence même le mensonge qui a fait couler trop de sang :« une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».

Ensemble, ils mettront un terme à des décennies de drames, de souffrances et de malheurs.

Mais le chemin à parcourir est encore long, très long. Des morts viendront s’ajouter à d’autres morts. Des tragédies succéderont à d’autres tragédies.

Cependant cet État très singulier et très puissant n’est pas invincible ; car élevé sur les cadavres et les terres d’un autre peuple.

Les puissances qui l’ont porté à bout de bras des décennies durant ne sont plus aujourd’hui les maîtres absolus du monde. D’autres États contestent de plus en plus ouvertement cet État devenu anachronique.

Cet État n’a plus en face de lui comme avant des armées régulières qu’il peut vaincre en quelques jours, mais des hommes et des femmes armés qui sont partout et nulle part qui le harcèlent en permanence. Incapable de leur venir à bout, il retourne alors sa puissance de feu démesurée contre des civils innocents.

Des citoyens de plus en plus nombreux, de toutes nationalités, de toutes professions et de toutes confessions, boycottent les activités économiques et culturelles de ce régime d’apartheid. C’est un phénomène ancien dans son principe mais nouveau par son ampleur. Il se nourrit de la résistance armée en même temps qu’il la consolide.

Des fissures fines et minuscules encore apparaissent sur le visage hideux de ce monstre/État. Il faut les élargir pour que cette terre tant aimée et tant disputée devienne ce qu’elle a toujours été, une terre de paix.

Les murs tomberont et le soleil pourra alors « passer sans que les soldats lui tirent dessus » comme le disait le poète Salim Jabrane.

31 décembre 2009 - Le Grand Soir

Les Marcheurs rejettent la mauvaise offre du gouvernement égyptien

jeudi 31 décembre 2009 - 09h:15

Leïla Shahshahani

De Grenoble à Gaza
27 décembre 2009 - 2 janvier 2010

Par : Leïla Shahshahani (journaliste à Grenoble, spécialisée sur la montagne, et curieuse de tout le reste sur son temps libre).


Les Marcheurs rejettent la mauvaise offre du gouvernement égyptien

Le Caire, 30 décembre 2009

Très tôt ce matin, la rumeur a commencé à circuler de duvet en duvet selon laquelle 100 personnes de la Gaza Freedom March allaient embarquer dans un bud en direction de Rafah, après en avoir reçu l’autorisation de la part des autorités égyptiennes. L’étonnement était d’autant plus grand que personne ici n’était au courant du deal en question.

Dans la matinée, lors d’une réunion collective de notre groupe, nous avons appris que les autorités égyptiennes avaient fait cette proposition hier soir aux coordinateurs de l’ONG Code Pink, à l’origine de l’initiative de la Marche pour Gaza. Ils disposaient d’un temps minime pour contacter les coordinateurs de toutes les autres délégations internationales représentant la Marche et présentes au Caire, censées donner leur réponse quasi immédiatement. Notre groupe de 300 français se voyait généreusement offrir une place dans les bus (logique vu notre faible cote de popularité auprès des autorités égyptiennes). Quant à la délégation des 100 personnes retenues, elle devait renoncer à son nom de Gaza Freedom pour "Code Pink".

Les délégations ont imédiatement répondu négativement à cette offre visant à diviser les Marcheurs et à permettre à Moubarak et son gouvernement de sauver la face en proclamant que participants à la Marche avait obtenu gain de cause ! Les responsables de la Marche vivant sur place à Gaza ont d’ailleurs demandé aux marcheurs de ne pas céder à cette offre, n’ayant que faire d’une énième délégation venant leur rendre visite. L’objectif de la Gaza Freedom March est de demander la levée du blocus imposé aux habitants de Gaza, pas de permettre au gouvernement égyptien de laisser croire à sa "générosité" en autorisant une pincée de Marcheurs à se rendre sur place.

Au petit matin, une quarantaine d’Américains mécontents de la décision prise par leurs coordinateurs sont montés à bord des bus en partance pour décourager les personnes retenues de partir. Sur 100 personnes, 60 environ ont entendu leurs arguments et décidé de descendre du bus. Au final, un bus est parti avec une quarantaine de personnes mais à titre individuel. En effet, l’ONG Code Pink a présenté ses excuse ce matin aux autres délégations internationales, estimant qu’elle avait fait une erreur en acceptant cette offre dans la précipitation. Un de ses représentants a pris la parole lors de notre réunion de ce matin pour nous annoncer que Code Pink avait rejeté l’offre et restait soudée à l’ensemble des participants à la Marche.

Alors que les espoirs d’entrer dans Gaza se sont envolés, vu le peu de temps restant aux Marcheurs, l’envie de poursuivre les actions jusqu’au dernier moment est intacte. Aujourd’hui, un drapeau palestinien a été déployé sur la grande Pyramide de Kheops, et une vingtaine de marcheurs ont couru un "mini marathon" dans les rues du Caire portant tous le T-shirt vert "Palestine Vaincra" (recto, "Boycott Israël" (verso).

D’autres actions sont prévues mais ne peuvent être annoncées à l’avance, afin de ne pas compromettre leur chance de réussite, les Marcheurs étant tous surveillés de près.


La proposition des autorités égyptiennes

Mardi 29 décembre 2009

Mis en ligne par un ami en France :

"Selon plusieurs sources au Caire, Mme Susanne Mubarak, femme du président égyptien Mubarak et responsable du Croissant Rouge égyptien, devrait autoriser demain mercredi le départ de 100 personnes vers Gaza, officiellement pour délivrer une aide humanitaire. Deux bus seraient en effet affrétés par le Croissant Rouge et les 100 personnes seraient issues des différentes délégations présentes parmi les 1400 participants à la Marche pour Gaza actuellement bloqués au Caire. Nous ignorons à cette heure si des personnes du groupe de Leïla pourront/souhaiteront se joindre à ce convoi, et si cette première porte entrouverte est le signe d’une ouverture plus importante pour la Marche. La visite de Benyamin Netanyahu ce mardi au Caire était peut-être un frein pour les autorités égyptiennes. Ce rendez-vous s’étant visiblement déroulé d’une manière cordiale, on pourrait espérer que Hosni Mubarak -ou son épouse, histoire de ne pas perdre totalement la face- puisse débloquer rapidement la situation.

Maj (mercredi 9h30) : Selon un article publié ce matin par Sayed Dhansay, l’un des participants à la Marche, d’origine sud-africaine, les délégations française, suédoise, sud-africaine, canadienne ont refusé d’envoyer des représentants et continuent de réclamer l’accès à Gaza pour la totalité des participants à la Marche pour Gaza (Gaza Freedom March, GFM)."

Quelques sources :

http://lauraontheleftcoast.blogspot...
http://codepink4peace.org/blog/2009...

Par Leïla Shahshahani


Les Egyptiens pour la marche protestent contre leur président

Textos reçus ce 29 décembre à 20h30 de Leïla :

"A 18h ce soir plus de 300 Egyptiens et internationaux se sont rassemblés sur les marches de la Maison de la Presse à l’appel du "comité des libertés", composé notamment de journalistes. Nous nous y sommes rendus à trois pour y représenter les marcheurs français. Pendant une heure et demie, la foule a scandé des slogans lancés par les Egyptiens : "Vive la Palestine, à bas Moubarak", "Non au mur de la honte" (construit par l’Egypte à sa frontière avec la bande de Gaza)", "Boycott Israël", "Notre gouvernement interdit la marche c’est une grande trahison !".

La sénatrice des verts, Alima Boumédienne, présente ce soir, a exprimé le soutien du peuple français aux Palestiniens et demandé qu’Israël soit condammé pour crime de guerre. Nous avons retrouvé un journaliste égyptien qui a campé 24h avec nous et s’est fait arrêté quelques heures par la police hier à cause d’un article publié sur notre action. Un important cordon de policiers encadrait les manifestants sans intervenir, sans doute à cause de la présence de nombreux internationaux et médias. Après cette escapade nous voilà de retour à notre trottoir baptisé Giza strip (le nom du quartier), en référence à la Gaza strip (bande de Gaza)".

Mis en ligne par Cécile Eichinger.

Par Leïla Shahshahani


Le siège des marcheurs pour Gaza tient bon

Appel de Leïla cet après-midi à 16h :

"Nous nous apprêtons à entamer notre 3ème nuit sur le trottoir devant l’ambassade de France au Caire, toujours cernés par des centaines de policiers égyptiens. Hier soir, l’ambassade de France a adopté une ligne plus dure. Plus d’autorisation de brancher nos portables, barrière devant les toilettes interdisant de s’asseoir sur les marches, toujours un seul WC pour tous, tout cela pour raison invoquée de sécurité... La colère des marcheurs a débordé ce matin après que l’ambassade de France ait décidé cette nuit de n’autoriser les toilettes qu’aux personnes munies d’un passeport français ainsi qu’à tous les étrangers solidaires à nos côtés. Une personne avec une carte de séjour française s’est vu refuser l’entrée... Cette goutte d’eau a fait déborder le vase. Après vives protestations, nous avons obtenu l’assurance que quatre toilettes mobiles seront installées sur le trottoir. Une bien maigre victoire par rapport à notre objectif de départ mais indispensable à la poursuite du mouvement.

On nous dit à l’Ambassade qu’on devrait s’estimer heureux que celle-ci interfère auprès des autorités égyptiennes pour qu’elles n’usent pas de violence, c’est le comble ! Nous ne sommes pas venus camper volontairement sur ce trottoir pour y passer nos vacances. Nous y avions rendez-vous avec les bus (rendez-vous officiel le 27 décembre, connu des autorités) qui ne sont jamais venus.

Sommes-nous coupables de vouloir exprimer pacifiquement notre solidarité aux 1,5 millions de Gazaouis asphyxiés et oubliés de la communauté internationale ?

On nous dit aussi à l’ambassade que l’Egypte n’est pas un pays de droit. Dans ce cas, pourquoi la France y a t-elle un ambassadeur ?

Ce matin, nous avons décoré notre périmètre de banderoles pointant la responsabilité d’Israël, de l’Egypte mais aussi la complicité de la France... entre autres.

Nous sommes maintenant rejoints par de plus en plus d’internationaux solidaires. Cet après-midi nous avons obtenu un assouplissement des conditions d’entrée et de sortie sur notre bande de trottoir.

Malgré l’épuisement, notre motivation est plus forte que jamais".

Mis en ligne par Cécile Eichinger.

Par Leïla Shahshahani

30 décembre 2009 - Cet article peut être consulté ici :
http://degrenobleagaza.over-blog.com

Israël ressemble à un Etat raté

jeudi 31 décembre 2009 - 07h:04

Ali Abunimah - The Electronic Intifada

Ce que nous avons fait en solidarité avec le peuple palestinien dans Gaza et le reste de la Palestine est encore insuffisant. Mais notre mouvement va croissant, il ne peut pas être arrêté, et nous atteindrons notre destination.
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Plus de 1 400 Palestiniens ont été tués dans l’opération Plomb durci, mais selon l’auteur, la guerre a nui sérieusement à l’image d’Israël dans l’opinion publique internationale.
(EPA)

Un an a passé depuis l’agression sauvage israélienne sur la bande de Gaza, mais pour la population là-bas, le temps aurait aussi bien pu s’arrêter.

Depuis que les Palestiniens dans Gaza ont enterré les leurs - plus de 1 400 personnes, dont près de 400 enfants -, il y a eu bien peu de guérisons et pratiquement pas de reconstructions.

Selon des organismes humanitaires internationaux, seuls 14 camions de matériaux de construction ont pu entrer dans la bande de Gaza au cours de l’année écoulée.

Les promesses de milliards faites à la conférence des donateurs, en mars dernier en Egypte, à laquelle participaient les sommités de la soi-disant « communauté internationale » et celles de l’industrie du processus de paix au Moyen-Orient n’ont pas été tenues, et le siège israélien soutenu par les Etats-Unis, l’Union européenne, les Etats arabes et, tacitement, par l’Autorité palestinienne de Ramallah se poursuit.

Politique de destructions

De la masse des statistiques, interminables, effroyables, quelques-unes ressortent : sur les 640 établissements scolaires de Gaza, 18 ont été complètement détruits et 280 endommagés par les frappes israéliennes. 250 étudiants et 15 enseignants ont été tués.

Sur les 122 établissements de santé estimés par l’Organisation mondiale de la Santé, 48% ont été endommagés ou détruits.

90% des ménages de la bande de Gaza subissent toujours des coupures d’électricité de 4 à 8 heures par jour, à cause des attaques israéliennes sur le réseau d’électricité et des dégradations dues au blocus.

46% des terres agricoles autrefois productives ne sont plus utilisables à cause des dommages israéliens sur les exploitations agricoles et des zones de tir libre décidées par Israël. Les exportations de Gaza qui montaient à 130 000 tonnes par an, de tomates, de fleurs, de fraises et d’autres fruits, sont tombées à zéro.

« Si une grande partie de la bande de Gaza est toujours en ruines, » a déclaré récemment un groupe d’organisations humanitaires internationales, « ce n’est pas un accident, c’est une question politique ».

Cette politique a été claire tout au long, et elle n’a rien à voir avec la « sécurité » d’Israël.

Détruire la résistance

Du 19 juin au 4 novembre 2008, le calme avait prévalu entre Israël et Gaza, le Hamas se conformant scrupuleusement - comme Israël lui-même l’a reconnu - au cessez-le-feu négocié. Ce cessez-le-feu fut rompu quand Israël lança une attaque surprise sur Gaza, tuant 6 personnes, à laquelle le Hamas et d’autres groupes de résistances ripostèrent.

Et même alors, les factions palestiniennes se tenaient prêtes à renouveler le cessez-le-feu, mais c’est Israël qui a refusé, choisissant au contraire de lancer une attaque de grande ampleur, préméditée, sur les fondements de la vie civilisée dans la bande de Gaza.

L’opération Plomb durci, comme elle fut nommée par Israël, était une tentative de détruire une fois pour toutes la résistance palestinienne en général, et le Hamas en particulier, Hamas qui avait remporté les élections de janvier 2006 et survécu au blocus, ainsi qu’aux nombreuses tentatives appuyées par les Etats-Unis pour le saper et le renverser, en collaboration avec des milices palestiniennes soutenues par les Etats-Unis.

A l’instar des multiples sanctions contre l’Irak au cours des années 90, le blocus de Gaza était calculé pour priver les civils des produits de première nécessité, de leurs droits et de leur dignité, dans l’espoir que leurs souffrances conduiraient leurs dirigeants à la capitulation ou l’effondrement.

A bien des égards, les choses sont peut-être plus graves aujourd’hui qu’il y a un an.

Barack Obama, président US, dont beaucoup espéraient qu’il abandonne la politique anti-palestinienne malveillante de son prédécesseur, George Bush, l’a au contraire affermie et même le simulacre d’un sérieux effort de paix s’est évanoui.

Selon les médias, le Corps du Génie de l’armée américaine apporte son aide à l’Egypte pour la construction d’un mur souterrain à sa frontière avec Gaza pour bloquer les tunnels qui font office de bouée de sauvetage pour le territoire assiégé (des ressources et des efforts qui feraient mieux d’être utilisés pour reconstruire la Nouvelle-Orléans dévastée par l’ouragan), et l’armement états-unien continue d’affluer vers les milices de Cisjordanie engagées dans une guerre parrainée par les USA et Israël contre le Hamas et quiconque pourrait résister à l’occupation et à la colonisation israéliennes.

L’opinion publique a changé

Ces faits sont indéniables et sinistres.

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Pour l’auteur, la guerre visait à éroder le soutien au Hamas, et elle a échoué.
(Gallo/Getty)

Cependant, s’en tenir à eux serait passer à côté d’une réalité beaucoup plus dynamique qui laisse penser que la puissance et l’impunité d’Israël ne sont pas aussi invulnérables qu’il ne le paraît.

Un an après l’attaque d’Israël et après plus de deux ans et demi de blocus, la population palestinienne dans la bande de Gaza n’a pas capitulé. Au contraire, elle a donné des leçons au monde, de ténacité et de dignité, cela même à un coût épouvantable, inimaginable pour elle.

Il est vrai que les dirigeants de l’Union européenne -venus dans la Jérusalem occupée, en janvier dernier, étreindre publiquement Ehud Olmert, alors Premier ministre israélien, pendant que le phosphore blanc calcinait la chair des enfants de Gaza et que les corps gisaient sous les décombres - il est vrai que ces dirigeants se sont faits petits devant leurs lobbies proisraéliens respectifs, tout comme les politiciens états-uniens et canadiens.

Mais le changement de l’opinion publique est palpable alors que les propres actions d’Israël font de ce pays un paria dont les forces motrices ne sont pas les valeurs libérales démocratiques auxquelles il prétend s’identifier, mais l’ultralibéralisme, le racisme, le fanatisme religieux, le colonialisme et un ordre juif supérieur, imposés par des massacres répétés.

La cause universaliste de justice et de libération pour les Palestiniens gagne de nouveaux adeptes et se dynamise particulièrement chez les jeunes.

Je l’ai vu, par exemple, avec les étudiants malaisiens que j’ai rencontrés à la conférence Solidarité Palestine organisée par l’Union des ONG du monde islamique, à Istanbul, en mai dernier.

Et à nouveau en novembre, alors que des centaines d’organisateurs étudiants venant de partout des Etats-Unis et du Canada s’accordaient pour planifier leur participation à la campagne mondiale des Palestiniens pour le Boycott, les Désinvestissements et les Sanctions (BDS) sur le modèle de la lutte victorieuse menée contre l’apartheid sud-africain dans les années 80.

Un Etat « décadent »

Cette semaine, des milliers de personnes de plusieurs dizaines de pays tentent d’aller à Gaza pour briser le siège et marcher aux côtés des Palestiniens qui en ont prévu l’organisation à l’intérieur de leur territoire.

Toutes celles et tous ceux qui sont venus avec la Marche de la liberté pour Gaza, avec Viva Palestina et les autres délégations en représentent sans doute des centaines d’autres qui ne pouvaient faire le voyage en personne et qui marquent l’évènement avec des manifestations et des commémorations, des visites à leurs élus et des campagnes de presse.

Face à cet épanouissement du militantisme, le sionisme fait tout pour rajeunir sa base de soutien qui décline. Des programmes de plusieurs millions de dollars destinés à recruter et à sioniser de jeunes juifs américains ont du mal à rivaliser avec des organisations tel que le Réseau international juif antisioniste (IJAN), qui ne court pas après l’argent mais dont l’engagement se fonde sur le principe d’égalité des hommes.

De plus en plus, nous voyons les efforts de la hasbara (propagande) d’Israël ne lancer aucun message positif, n’avancer aucun argument convaincant pour le maintien d’un statu quo dans une répression et une violence innommables, ils misent au contraire sur une diabolisation et une déshumanisation racistes des Arabes et des musulmans pour justifier les actions d’Israël, voire sa propre existence.

Face à une prise de conscience mondiale et un soutien croissants pour le combat non violent courageux contre le vol permanent des terres en Cisjordanie, Israël intensifie sa violence et emprisonne les dirigeants du mouvement, comme à Bil’in et dans d’autres villages (Mohammed Othma, Jamal Juma et Abdallah Abu Rahmeh sont de ces dirigeants du mouvement qui ont été récemment arrêtés).

La peur de voyager

En agissant ainsi, Israël ressemble de plus en plus à un Etat décadent, raté, pas à un régime confiant dans sa légitimité et sa longévité.

Et malgré les efforts de l’industrie d’un processus de paix raté pour le tourner en ridicule, le réprimer et le marginaliser, un débat se développe parmi les Palestiniens, et même parmi des Israéliens, pour un avenir partagé dans une Palestine/Israël fondée sur l’égalité et la décolonisation, et non sur une ségrégation nationale ethnique et une répartition forcée.

Dernier point, mais certainement pas le moindre, dans l’ombre du rapport Goldstone, les dirigeants israéliens qui se déplacent à travers le monde ont peur de se faire arrêter pour leurs crimes.

Pour l’instant, ils peuvent compter sur l’impunité qu’une complicité internationale de haut niveau et leur force d’inertie et influence peuvent encore leur offrir.

Mais pour la communauté internationale - faite de peuples et de mouvements -, se pose la question de savoir si nous voulons continuer de voir le système très inachevé du droit international et de la justice, minutieusement élaboré après les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale et l’Holocauste nazi, se démanteler et se corrompre pour l’intérêt d’un Etat voyou.

Ce que nous avons fait en solidarité avec le peuple palestinien dans Gaza et le reste de la Palestine est encore insuffisant. Mais notre mouvement va croissant, il ne peut pas être arrêté, et nous atteindrons notre destination.

(JPG) Ali Abunimah est cofondateur de The Electronic Intifada et l’auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006).

27 décembre 2009 - The Electronic Intifada ; Al Jazeera - traduction : JPP

Les Marcheurs rejettent la proposition de l’Egypte pour Gaza

jeudi 31 décembre 2009 - 11h:57

Al-Jazeera

Les membres d’un groupe international réuni au Caire pour protester contre le siège de Gaza ont rejeté la proposition égyptienne de n’autoriser que 100 d’entre eux pénétrer sur le territoire palestinien.

(JPG) Les organisateurs de la Marche pour la liberté de Gaza qui comprend 1 300 personnes de 42 pays différents ont décliné la proposition de mercredi, disant, « Nous refusons de disculper le siège de Gaza ».

Les autorités égyptiennes avaient d’abord déclaré que le groupe ne serait pas autorisé à passer la frontière, avançant pour cela des raisons de sécurité et une « situation sensible ».

Les militants espéraient faire une marche dans la bande de Gaza pour commémorer le premier anniversaire de l’offensive de 22 jours d’Israël contre le territoire, en signe de solidarité avec sa population, apportant avec eux de l’aide et du ravitaillement.

Le passage frontalier de Rafah, côté Egypte, est le seul endroit pour entrer dans la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlé par Israël.

Néanmoins, ce passage et ceux contrôlés par Israël sont restés quasiment fermés depuis 2007, quand le Hamas palestinien a pris le pouvoir sur le territoire après un violent combat fratricide avec le Fatah.

Une concession du Caire

Les organisateurs de la Marche ont qualifié la concession du gouvernement égyptien de « victoire partielle » mais ils disent que cette proposition n’est pas suffisante.

Ali Abunimah, co-fondateur de The Electronic Intifada et participant à la marche, a écrit sur son blog, « ce n’est pas assez, la pression et les protestations doivent être maintenues » (voir aussi son article : Israël ressemble à un Etat raté)

« Toutefois, obtenir le passage pour 100 ou 1 300 pour Gaza ne fera pas en soi mettre fin au siège. La question n’est pas de faire entrer certains ou même tout le monde dans Gaza, elle est de construire un soutien et une pression au niveau mondial pour que cesse le siège de Gaza, » écrit-il.

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Hedy Epstein, 85 ans, survivante de l’Holocauste, a entamé avec d’autres une grève de la faim au Caire.

Roqayah Chamseddine, étudiant états-unien participant à la marche, a déclaré à Al Jazeera : « Notre mission n’est pas de nous diviser, et en envoyer seulement une centaine sur les 1 300 serait précisément nous diviser.

« Toute affirmation prétendant que l’Egypte nous ferait une faveur en nous proposant de laisser passer 100 membres de la Marche ne serait qu’une sottise et n’aurait aucun fondement.

« Ces frontières doivent s’ouvrir et aussi longtemps que l’Egypte continuera de soutenir apparemment Israël en voulant soumettre le peuple de Palestine, aussi longtemps nous continuerons, nous aussi, à résister et à protester. »

Les membres de la Marche pour la liberté de Gaza ont organisé de multiples petites manifestations dans Le Caire, se regroupant mardi avec des militants égyptiens pour manifester contre la venue au Caire le même jour, de Binyamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël.

En début de journée ce mardi, environ 40 citoyens états-uniens en marche vers leur ambassade dans la capitale égyptienne ont été bloqués par la police anti-émeute et parqués par groupe de 10 avant d’avoir l’autorisation d’y pénétrer, indiquent des participants.

Dimanche et lundi, environ 80 personnes ont fait un sit-in devant l’ambassade de France pour tenter de gagner un soutien international à leur mouvement.

D’autres, telle que cette citoyenne états-unienne, Hedy Epstein, 85 ans, survivante de l’Holocauste, ont entamé une grève de la faim pour protester contre le refus de l’Egypte de laisser passer la Marche.

Viva Palestina

La caravane humanitaire Viva Palestina, distincte de la Marche, qui a tenté d’arriver à Gaza en passant par Aqaba, port jordanien sur la mer Rouge, a accepté depuis de remonter par la Syrie pour se rendre en Egypte.

La caravane Viva Palestina, qui comprend 210 camions remplis d’aide humanitaire pour la population de Gaza, a donc remonter vers la Syrie mardi, après avoir été bloquée cinq jours en Jordanie et après négociation avec le consul égyptien.

Elle prévoit maintenant d’embarquer au port syrien de Latakia pour El Arish, port égyptien sur la Méditerranée, et ensuite, de se diriger sur Rafah et passer dans la bande de Gaza.

Selon un communiqué du ministère de l’Information égyptien, George Galloway, député britannique qui conduit la caravane, aurait déclaré le 10 novembre que son groupe allait devoir passer par El Arish, même si ce n’était pas la route la plus directe.

(JPG)
La caravane "Viva Palestina" à Mafraq, à la frontière Jordanie/Syrie, le 22 décembre, avec le député britannaique George galloway, direction Gaza.
(AP)

31 décembre 2009 - Al-Jazeera - traduction : Info-Palestine.net

L’impossible retour à la normale

jeudi 31 décembre 2009 - 09h:16

Joharah Baker
Miftah

Un an après l’offensive militaire menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, rien n’a été entrepris pour aider les Gazaouis. Toujours soumis à un blocus, ils ont du mal à relever la tête et attendent que justice soit rendue.
(JPG)
Des Palestiniens commémorent l’offensive israélienne de décembre 2008,
au quartier général des Nations unies à Gaza, le 28 décembre

Le 27 décembre 2008, les avions de guerre israéliens ont lâché une pluie de bombes sur la bande de Gaza, tuant plus de 200 personnes rien qu’au cours de la première journée. Cette journée a été suivie par une démonstration choquante de la puissance et de la brutalité de l’armée israélienne, qui a fait près de 1 500 morts côté palestinien, en grande majorité des civils innocents. Environ 5 000 autres Palestiniens ont été blessés. Selon l’ONG palestinienne Al-Haq, 11 154 maisons ont été détruites ou endommagées durant les vingt-deux jours qu’a duré l’attaque, touchant directement 100 000 Palestiniens. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur domicile. Lorsque l’Etat hébreu a enfin arrêté les raids aériens, les tirs de missiles, les attaques au sol et les largages de bombes au phosphore, il a laissé derrière lui un champ de ruines.

Un an plus tard, les Gazaouis attendent toujours que justice leur soit rendue. Israël continue de maintenir un blocus implacable de la bande de Gaza, qui entre dans sa troisième année. Malgré les multiples appels en faveur de sa levée lancés par la communauté internationale, le plus récent émanant du secrétaire général de Nations unies Ban Ki-Moon, l’embargo reste total. Dans une déclaration faite le 27 décembre, Ban Ki-moon exhorte Israël à mettre fin au blocus de Gaza, “inacceptable et contre-productif”, à faciliter l’activité économique et la reconstruction civile, et à respecter totalement le droit international. Aussi pénalisant soit-il, le blocus n’est qu’une épreuve parmi toutes celles endurées par les Gazaouis, particulièrement après l’invasion de l’année dernière. Les plaies ouvertes par l’opération Plomb durci menée par l’armée israélienne ne sont pas encore pansées. Non seulement rien n’a été réparé, mais la situation continue d’empirer. Tout récemment encore, trois hommes ont été tués par balles près du passage d’Erez, entre Gaza et Israël. Les soldats israéliens se sont justifiés en accusant les victimes d’avoir tenté de franchir la frontière. Les Gazaouis, eux, soutiennent que les hommes ramassaient de la ferraille et n’étaient pas armés.

Des milliers de maisons ont été réduites en tas de ruines par les bombes et les bulldozers israéliens, et nombreux sont encore les habitants qui attendent d’être relogés décemment. Certains ont trouvé temporairement refuge chez des parents plus chanceux, tandis que d’autres doivent se contenter d’abris de fortune - des tentes ou des cabanes en pisé installées pour eux par des ONG, les Israéliens interdisant toujours l’importation de ciment et autres matériaux de construction. Le taux de chômage avoisine les 50 % et la malnutrition sévit parmi les enfants. Ainsi, même ceux qui ont un toit au-dessus de leur tête n’ont pas suffisamment de nourriture sur la table. Les délégations étrangères, officielles ou non, qui ont visité la bande de Gaza ont permis de lever un coin du voile sur les atrocités qui y ont été commises. Il en est de même pour les images d’horreur diffusées durant et après l’opération Plomb durci. Enfin, les Gazaouis ont trouvé un porte-parole international en la personne du juge Richard Goldstone, dont l’impartialité et la rigueur sont unanimement reconnues.

L’injustice des événements de l’hiver 2008 reste insupportable, non seulement à cause de la nature des crimes perpétrés mais aussi de l’indifférence des grandes puissances. Cette indifférence est en elle-même criminelle, car en conférant l’impunité aux Israéliens elle leur offre la latitude de commettre d’autres crimes à l’encontre des Palestiniens. Seule une poignée de consciences dans le monde semblent s’en soucier. Hormis les courageux convois qui arrivent à Gaza par mer ou en traversant le passage de Rafah [à la frontière avec l’Egypte], défiant les Israéliens pour apporter un peu d’aide aux habitants, peu a été fait pour lever la chape de plomb. Israël reste impuni pour ses violations de la morale et des droits de l’homme, pour la persécution qu’il fait subir au peuple palestinien. Des crimes commis depuis trop longtemps au nom fallacieux de la sécurité de l’Etat hébreu. Aujourd’hui, un an après le carnage commis à Gaza, il est temps de donner enfin la priorité à la population.

29 décembre 2009 - Courrier international

La construction de nouvelles colonies approuvée par la Cour suprême israélienne

Ankara opposé à la poursuite de la colonisation.

Israël s'obstine à poursuivre sa politique de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, la Cour suprême israélienne vient d'approuver un projet de construction de nouvelles colonies juives dans la partie est d'El Qods. Cette cour a ainsi donné son accord pour le projet du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, prévoyant l'implantation de 900 habitations dans trois quartiers de la ville, où vivent quelque 270.000 Palestiniens, dans le cadre d'un projet de construction de 6500 logements dans 54 colonies juives.
La cour israélienne a en outre rejeté une demande de destruction de logements dans une colonie sauvage en Cisjordanie occupée, faite par le mouvement israélien anti-colonisation "Paix Maintenant", qui affirme qu'il existe une centaine de colonies sauvages habitées en Cisjordanie occupée. Cité hier par des agences de presse, "Paix Maintenemnt" a souligné que le ministre de la Défense israélien Ehud Barak autorise des constructions illégales, alors qu'il prétend vouloir œuvrer à la reprise de négociations de paix avec les Palestiniens. Les projets israéliens de colonisation et d'extension dans les territoires occupés ont été vivement condamnés par l'Autorité palestinienne et la communauté internationale, notamment par les Etats-Unis, principal allié d'Israël, et l'Union européenne (UE). L'Autorité palestinienne a "énergiquement" condamné la nouvelle décision de construire à El Qods (est), appelant Washington à constater la volonté de l'Etat sioniste de rejeter toute tentative de paix. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, réaffirme que seul un arrêt total des activités de la colonisation israélienne permettra la poursuite des négociations de paix, et insiste sur l'objectif des négociations qui est de parvenir à l'établissement d'un Etat palestinien avec El-Qods-Est comme capiale.

http://www.elmoudjahid.com/accueil/monde/49097.html

Solidarité avec Gaza : le jeu curieux de l’Egypte

publié le mercredi 30 décembre 2009
BAUDOUIN LOOS
Les autorités égyptiennes semblent alterner le chaud et le froid dans leurs rapports avec les militants internationaux qui tentent de rallier la bande de Gaza par le Sinaï pour apporter un témoignage de solidarité aux Palestiniens assiégés.

LE SOIR, Bruxelles, le 30 décembre 2009

Les autorités égyptiennes semblent alterner le chaud et le froid dans leurs rapports avec les militants internationaux qui tentent de rallier la bande de Gaza par le Sinaï pour apporter un témoignage de solidarité aux Palestiniens assiégés. Deux grandes initiatives se développent simultanément : d’une part, une « marche pour la liberté » dont les 1.400 participants venus de 43 pays restent pour le moment coincés pour la plupart au Caire, et d’autre part, le convoi « Viva Palestina », qui comporte 250 véhicules (dont une bonne moitié d’ambulances).

Les nouvelles concernant ce convoi inclinent ses organisateurs à l’optimisme : venus de Londres jusqu’à Akaba, le port jordanien sur la mer Rouge, en passant par l’Italie, la Grèce, la Turquie et la Syrie, les militants s’étaient retrouvés bloqués à Akaba jeudi dernier en raison du refus du Caire, invoquant « des raisons de sécurité » de les laisser embarquer pour le port égyptien de Nuweiba (d’où ils auraient pu gagner Rafah par la route).

« Grâce à la médiation des Turcs, qui ont d’ailleurs une grosse délégation parmi nous, on a trouvé une solution, nous dit par téléphone Kenza Asnasni, l’une des onze Belges du convoi. Mais nous avons dû rebrousser chemin après avoir attendu cinq jours en vain à Akaba. Nous retournons en Syrie, où deux bateaux affrétés par les Turcs, je crois, nous attendent. De là, nous naviguerons jusqu’au port égyptien d’El Arish, non loin de Rafah. L’accord conclu nous autorise à nous rendre à Gaza avec nos véhicules chargés d’aide, médicaments, matériel scolaire, vêtements, couvertures, etc. Nous espérons y arriver pour le 31 décembre. En tout cas, nous n’avons qu’à nous louer de l’hospitalité des Jordaniens, et aussi des Syriens. »

D’autres Belges vivent, eux, une expérience plus amère. Ils font partie des quelque 1.400 militants internationaux qui veulent aussi se rendre à Rafah, pour une « marche de la liberté » projetée de très longue date avec l’assentiment officieux des autorités égyptiennes qui avaient demandé - et obtenu - toutes les coordonnées de chaque voyageur. Ces mêmes autorités leur ont finalement fait valoir de semblables arguments sécuritaires pour les empêcher de gagner Rafah.

« Une partie d’entre nous avait réussi à louer cinq bus lundi, mais nous avons été interpellés à une heure de route du Caire par la police et forcés de battre retraite, nous raconte par téléphone le Français Julien Rivoire. D’autres ont eu de semblables mésaventures, seuls quelques-uns, une quarantaine, avaient réussi à gagner auparavant El Arish, près de Rafah, où ils sont également coincés. »

Les quelque trois cents Français présents au Caire ont passé la nuit de lundi à mardi sur le trottoir de leur ambassade. « Je dirais que nous avons reçu un soutien, mais minimal, de l’ambassade, continue Rivoire. Les Egyptiens avancent des arguments à propos de notre sécurité, mais nous savons qu’ils font face à de grosses pressions israéliennes et américaines. D’ailleurs, Américains et Européens soutiennent la construction du mur souterrain récemment entreprise par les Egyptiens pour en finir avec les tunnels à Rafah ».

Notre interlocuteur ne nie pas que la politique intérieure égyptienne joue un rôle dans cette histoire, en ce sens que la confrérie des Frères musulmans, puissante, juste tolérée mais quand même harcelée en Egypte, est proche du Hamas, qui domine à Gaza. « Oui, nous savons que le régime égyptien ne tient pas à ce que les islamistes, à Gaza, puissent clamer qu’ils ont obtenu un succès, fût-ce l’arrivée de militants venus montrer leur solidarité, un an après l’agression israélienne, avec une population palestinienne victimes d’un siège illégal. »

Depuis lundi, quelques-uns des marcheurs pour la liberté bloqués au Caire observent une grève de la faim en guise de protestation. Parmi eux, une Américaine de Saint-Louis, Hedi Epstein, 85 ans, rescapée de la Shoah.
http://www.france-palestine.org/article13636.html

« Un an après la guerre, rien n’a changé »

publié le mercredi 30 décembre 2009

Christophe Ayad
Ravagée par l’offensive lancée le 27 décembre 2008, la bande de Gaza peine à se relever. Les Gazaouis, assiégés, attendent l’aide promise par la communauté internationale.

Des militants palestiniens commémorent le premier anniversaire de l’offensive israélienne à Gaza le 25 décembre 2009, sur une maison détruite

A l’extrême est de la bande de Gaza, il y avait un hameau, Ezbet Abed Rabbo. Trop près d’Israël, c’est l’un des endroits qui a le plus souffert de la guerre de l’année dernière. Majid Abdallah al-Athamna était un homme riche : il avait six maisons, où logeaient ses frères et ses enfants, ainsi que trois taxis Mercedes break. Tout a été détruit. Tout. Il loge aujourd’hui avec une trentaine de membres de sa famille dans une sorte de camp de fortune, mélange de préfabriqués, de grandes tentes, de tôle et de moellons. Juste derrière, les dalles de béton effondrées témoignent de sa vie passée. Les ruines sont encore minées, d’après lui, et il a interdit aux enfants de jouer dedans. L’un de ses fils a été arrêté par l’armée et est désormais emprisonné en Israël. Les autres sont à Gaza, dans une vie clochardisée. Le Hamas a donné 10 000 dollars (près de 7 000 euros) à Majdi al-Athamna à titre d’indemnité pour ses deux logements et 200 dollars par taxi détruit. L’Autorité palestinienne a promis 5 000 dollars supplémentaires. « Cet argent rembourse à peine mes meubles. Je n’ai pas les moyens de louer quelque chose : combien de temps je peux tenir avec ça ? Qu’est-ce que je réponds à mon plus jeune fils qui a besoin d’une paire de chaussures ? sanglote l’homme. Tout le monde est venu nous voir, le Hamas, l’ONU, les ONG, mais rien n’a changé. »

L’Unrwa, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, lui a fourni une tente et des matelas ; le Hamas, qui avait promis de l’eau potable, n’approvisionne plus le conteneur depuis trois mois ; c’est la Turquie qui a fourni le préfabriqué et le pain quotidien est donné par une association émiratie. Mais pour ce qui en est de reconstruire, tout ce qui lui a été proposé, c’est d’emménager dans une maison en terre compressée bâtie par l’Unrwa sur son terrain. « Mais combien de temps je vais passer là-dedans ? s’inquiète l’homme de 60 ans prématurément vieilli par l’épreuve. Les hivers sont froids et pluvieux. » Il préfère rester dans son taudis que s’installer dans un provisoire qui n’aurait pas de fin. En attendant que quelque chose se passe, il vend les ruines de sa maison, pièce par pièce, à l’usine locale produisant du gravier…

économie à l’arrêt. Partout dans la bande de Gaza, le constat est le même. L’argent promis par la communauté internationale pour la reconstruction n’est pas arrivé. « C’est la première fois qu’à une conférence internationale de donateurs, les bénéficiaires se voient promettre le double de ce qu’ils n’ont demandé, près de 5 milliards de dollars ! ironise Issam Younes, de l’ONG de défense des droits de l’homme Mizan. C’est bien que la communauté internationale ne se sente pas à l’aise avec ce qui s’est passé ici. » Mais l’aide promise début mars à Charm al-Cheikh (Egypte) est restée l’otage d’une situation politique complètement bloquée. Israël maintient un strict blocus de la bande de Gaza tant que le Hamas détient le soldat Gilad Shalit. En outre, pas question pour l’Etat hébreu de rouvrir les points de passage sans une présence des forces de l’Autorité palestinienne pour en garantir la sécurité. Or, l’Autorité (contrôlée par le Fatah) et le Hamas ont pour l’instant échoué à se mettre d’accord sur un processus de réconciliation, malgré les efforts de l’Egypte. C’est un cercle vicieux dont chacun se rejette la responsabilité.

La situation du logement est catastrophique « Avec le retard accumulé ces dernières années en matière de construction, les destructions de la dernière guerre et l’accroissement naturel de la population, ce sont 30 000 logements qui font aujourd’hui défaut, ce qui représente 200 000 personnes mal logées, à la rue, dans des locations temporaires ou chez des membres de la famille élargie. Faute de pouvoir importer des matériaux, nous nous sommes lancés dans la construction de maisons en terre compressée. C’est écologique, c’est joli, mais ce n’est pas une solution pérenne », explique Sébastien Trives, directeur adjoint de l’Unrwa à Gaza.

Toute l’activité économique est à l’arrêt à cause de la destruction du tissu industriel et de la fermeture des frontières. « Plus de 80% de la population gazaouie vit sous le seuil de pauvreté qui correspond à 3 dollars par jour », renchérit Sébastien Trives. L’Unrwa a porté ses programmes d’aide à l’emploi de 7 000 à 14 000, mais ce sont des jobs temporaires et, surtout, en nombre insuffisant. De fait, l’agence de l’ONU est devenue le premier pourvoyeur d’aide humanitaire de la bande de Gaza. Ce qui ne manque pas d’occasionner des frictions avec le Hamas, qui veut garder la haute main sur l’aide distribuée, meilleur moyen de contrôler la société et de servir en premier ses partisans.

Nombre de supporteurs du Fatah se plaignent d’être « oubliés » dans les distributions de nourriture et de vêtements organisées par le gouvernement islamiste. « En fait, le réseau social du Hamas passe par les mosquées, explique un observateur averti. Pour en bénéficier, il faut être un habitué d’une mosquée. » C’est l’une des raisons de la montée des comportements et des tenues salafistes (adeptes d’une stricte imitation des compagnons du Prophète) chez les Gazaouis. Le ministre de la Reconstruction et du Travail, Ahmed al-Kurd, nie toute forme de chantage à l’aide. « Nous aidons 100 000 familles dont le chef est sans emploi. Pensez-vous que toutes ces familles votent Hamas ? s’exclame Al-Kurd.

Nous avons distribué 70 millions de dollars d’indemnisation à ceux qui ont eu un martyre [1 200 dollars par mort, ndlr] ou un blessé [600 dollars], perdu leur logement [5 000 dollars par habitation] ou leur usine [30 000 dollars par entreprise], quelle que soit leur couleur politique. Mais où est l’argent promis par la communauté internationale ? Nous avons besoin de 40 000 tonnes de ciment par mois et Israël ne laisse rien entrer. » En fait, il y a un peu de ciment à Gaza, mais il faut le payer à prix d’or. Il est importé clandestinement via les tunnels de contrebande avec l’Egypte. Le Hamas exige d’ailleurs de chaque propriétaire de tunnel qu’il lui en livre une tonne par semaine au titre de taxe. Certains ont visiblement les moyens.

une légitime amertume. Abdel Aziz Khaldi est l’homme d’affaires qui monte dans la bande de Gaza. Son antichambre, entièrement tapissée de marbre et de boiserie, ne désemplit pas. Il reçoit dans ses bureaux sur l’avenue Omar al-Mokhtar, la principale artère de la ville de Gaza. Les locaux, flambant neufs, ont ouvert il y a seulement six mois. On dit de lui qu’il est le financier du Hamas ; il dément mollement. Abdel Aziz Khaldi achète essentiellement des terrains et de l’immobilier, semble-t-il pour le compte du mouvement islamiste. Il ne s’en cache pas. « Pour les 20% les plus riches, il y a des affaires à faire. L’immobilier est très recherché et personne n’a confiance dans les banques. » L’homme d’affaire vient d’acheter l’hôtel Commodore et espère en tirer le double lorsque l’Autorité palestinienne lui rachètera pour en faire ses bureaux à Gaza. Mais quand ?

En attendant une improbable réconciliation, le fossé se creuse de plus en plus entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Alors que les Gazaouis, qui se sont sentis abandonnés pendant la dernière guerre, vivent un siège sans fin, les habitants de Cisjordanie, eux, voient leur situation économique s’améliorer sous l’impulsion du gouvernement de Salam Fayyad, choyé par les bailleurs de fonds internationaux. Les Gazaouis en conçoivent une légitime amertume et une déprime de plus en plus avouée. « Pendant la guerre, nous n’espérions qu’une chose, que ça s’arrête, sortir vivant de tout ça, juste sentir l’air entrer et sortir de nos poumons, raconte Rami. Et maintenant, nous nous contentons de survivre. La moindre des choses, changer un pneu, se procurer un livre, nous prend des semaines. Notre esprit est entièrement occupé à des futilités. Elle est là la victoire d’Israël. »

http://www.france-palestine.org/article13634.html