samedi 9 octobre 2010

Interview de 4 belges présents sur la flotille de la paix attaquée


Le 31 mai dernier, Israël lançait une attaque sur une flotille de bateaux humanitaires en direction de Gaza, faisant 9 morts et 28 blessés. Parmi les passagers, 4 jeunes belges (Kenza Isnasni, Fatima El Mourabiti, Griet Deknopper, Inge Neefs. Elles ont été nominées pour le Prix Solidaire 2010, qu’elles ont gagné le 25 septembre dernier à ManiFiesta. Réactions.

 
Kenza Isnasni : « Voir les choses de près, c’est autre chose »
Prix Solidaire. Quand nous avons été nominée, j’étais ravie. Je ne m’y attendais pas. La victoire, c’est très symbolique, et une manière de pouvoir reparler de l’action que nous avons menée. Les médias traditionnels n’en parlent déjà presque plus. Grâce à la victoire, on peut en reparler, rappeler la gravité de l’événement, les morts, et puis, la situation des palestiniens. Mais les autres nominés ont autant de mérite que nous de recevoir ce prix, toutes les autres initiatives de solidarité auraient pu être récompensées.
Engagement. Cela a commencé il y a plusieurs années par un voyage que j’ai fait en Palestine avec l’association intal, au cours de mes études. En revenant, je n’étais pas la même. J’ai vraiment été choquée. Une fois qu’on voit les choses de près, c’est autre chose. J’ai ressenti une injustice énorme. Par la suite, j’ai mené d’autres actions, notamment l’organisation d’un convoi de 200 véhicules qui après trois semaines a pu atteindre la Palestine, avec de l’aide médicale et scolaire pour la population. C’était aussi un message d’espoir. Cela a permis de tourner les projecteurs sur la situation du blocus en Palestine. Cela a été une deuxième confrontation forte, je suis à nouveau revenue bouleversée, après avoir entendu les récits de famille que j’ai rencontrées. Ma détermination a à chaque fois augmenté. Enfin, mon engagement, ce sont aussi mes convictions personnelles : toutes les situations d’injustices doivent être condamnées.
Free Gaza Flotilla. Deux choses m’ont vraiment marqué. D’abord, toute la préparation de la flottille, j’ai le souvenir d’une grande fraternité, une grande solidarité, la mobilisation de personnes du monde entier qui ont chacun mobilisé dans leur pays et fait en sorte que ce projet puisse avoir lieu. Mais aussi, un moins bon souvenir, sur le moment même : l’annonce des morts. Je n’aurais jamais imaginé cette attaque possible. On est là, on se demande ce qu’il se passe, et puis, les blessés arrivent. On a du mal à réaliser qu’ils ont tué des gens sur ce bateau. Nous avons été témoin d’un drame.
Projets d’avenir. Tout d’abord, c’est important de continuer à interpeller nos élus pour exiger la fin du blocus, les mettre face à leurs responsabilités. Il faut trouver une issue au problème israélo-palestinien. On veut des signes d’un engagement politique pour que les palestiniens puissent retrouver leur dignité. Ensuite, la suite de ce drame, c’est d’exiger une enquête transparente – au-delà du rapport de l’ONU – pour réellement dénoncer ce qu’il s’est passé et demander réparation : Israel ne peut pas rester dans l’impunité totale. Il faut contribuer à briser le silence de la communauté internationale sur cette question.
Palestine. Il y a énormément d’injustices en Palestine. Et cela dure depuis des dizaines d’années. On a parfois l’impression que c’est sans fin : certains disent parfois qu’il n’y a plus d’espoir, qu’on se sent impuissant. Mais je refuse cette attitude, défaitiste : au nom des palestiniens et de leur lutte, il faut continuer à les soutenir et croire qu’il y aura une issue. Les palestiniens eux-mêmes entretiennent un espoir énorme, c’est notre responsabilité de continuer à les soutenir les palestiniens, à mener des actions, aussi minimes qu’elles soient. Et puis, il faut retenir une leçon de cette attaque : Israël peut être défié. Il faut accroître nos efforts. L’espoir doit être plus fort que le défaitisme. Je suis encore plus déterminée qu’avant.
Fatima El Mourabiti : « La Palestine est le symbole de toutes les injustices »
Prix Solidaire. Lorsque l’on m’a annoncé la nouvelle, j’ai été ravie. Les citoyens belges en votant pour notre projet ont voté pour un projet humaniste et juste. Mais les autres projets sont à féliciter également. Cette victoire est une reconnaissance de l’injustice perpétrée en Palestine et une opportunité de mettre la lumière sur la situation critique humanitaire que vivent les palestiniens au quotidien.
Engagement. Dans ma famille, nous avons toujours été sensibilisés à la condition des individus, on m’a toujours appris à aimer l’autre, à apprendre de lui et à agir pour lui s’il a besoin de nous. Très vite, je me suis rendue compte des inégalités dans ce monde : il y a de nombreuses injustices et le droit ne s’applique pas à tous de la même manière.
Je suis bénévole dans l’associatif depuis une dizaine d’années à Bruxelles, où je suis née et où je vis. Mes études d’assistante sociale m’ont amené à me pencher sur les réalités politiques, économiques et sociales des sociétés dans le monde et en Belgique. En décembre 2009, j’ai participé à un convoi humanitaire terrestre qui acheminait de l’aide humanitaire à Gaza. Sur place, j’ai été confrontée à une réalité amère et insupportable : des enfants, femmes et hommes qui essaient non pas de vivre mais de survivre, n’ont aucun droits, oubliés de toutes et tous. J’ai ainsi décidé de m’engager pour la justice, parce que je crois en celle-ci.
Free Gaza Flotilla. La chose positive qui m’a marquée, c’est la participation et mobilisation de citoyens provenant de plus d’une trentaine de pays, avec pour objectif de soutenir la population palestinienne et montrer leur refus quant à la politique meurtrière d’Israel. Ces citoyens se sont engagés dans un projet pour dénoncer cette situation critique, des gens de tous les horizons, toutes les nationalités, confessions, des jeunes « novices » et d’autres plus expérimentés. C’était très enrichissant.
L’aspect négatif, c’est la façon dont Israel est intervenue : une attaque d’une violence extrême à l’égard d’un convoi humanitaire en eaux internationales est inadmissible et doit être sanctionnée. Il n’y avait aucune raison d’agir comme de cette façon. Des spécialistes dans le rapport de l’ONU ont statué : l’attaque était inadmissible et évitable, elle va à l’encontre du Droit international et doit être condamnée.
Projets d’avenir. Je suis membre de la plateforme « Belgium to Gaza » (voir cadre). L’objectif de cette initiative est de récolter des fonds pour acheter un bateau belge qui rejoindra la prochaine flottille, prévue fin de l’année. J’en profite d’ailleurs pour faire un appel aux lecteurs de Solidaire qui voudraient nous soutenir. Notre objectif est également de continuer à mettre la lumière sur la situation critique des palestiniens, à faire valoir les droits fondamentaux pour tous les individus, à mobiliser les citoyens, nos politiciens, nos intellectuels belges aux conditions de vie « invivables » des palestiniens.
Palestine. La situation en Palestine est critique et injuste. Toutes les propositions seront à penser pour un futur vivable : l’existence d’un état binational, ou l’existence d’un état palestinien au coté d’un état israélien vivant cote à cote dans la paix… toutes ces options doivent être négociées dans l’intérêt du bien être des palestiniens et des israéliens. Le blocus illégal doit être levé au nom du Droit et de la dignité des peuples à jouir de leurs libertés. La Palestine est le symbole de toutes les injustices. Dés lors, et tant que nos gouvernements ne se positionneront pas clairement face à cette injustice criante, nous continuerons à faire valoir l’application du Droit International et la levée immédiate du blocus.
Griet Deknopper : « Des manuels scolaires ne sont jamais arrivés à destination »
Prix Solidaire. J’étais très agréablement surprise que nous ayons été nominées. Je me suis aussi demandée qui nous avais inscrite. Et il s’est avéré que le jury était impressionnant. J’ai déjà été félicitée à l’époque, mais certains ont ajouté : « Les autres nominés en lice ne sont pas des moindres non plus ! » Je suis donc très contente que nous ayons gagné mais le plus important, ici, c’est que la cause palestinienne réapparaît à nouveau dans l’actualité.
J’ai trouvé très dommage de ne pouvoir me rendre à Bredene, mais j’étais prise ailleurs, dans un autre coin du pays. Il n’était pas possible de venir à ManiFiesta, de là.
Engagement. À Hal, d’où je suis originaire, nous avons fondé « Tournée mondiale » voici quatre ans. Ma tâche dans l’équipe des organisateurs consistait à choisir un projet autour duquel sensibiliser les gens ici. En 2009, ç’a été l’École palestinienne du Cirque et, au cours de la Tournée mondiale de cette année, je suis allée m’informer davantage sur la Palestine. J’ai alors pris une interruption de carrière et ça m’a donné l’occasion de participer à la Gaza Freedom March, en décembre 2009. Je suis d’abord restée un mois et demi au Caire, puis j’ai travaillé pendant quatre mois à divers projets en Cisjordanie et, de là, j’ail rallié les bateaux de la Free Gaza Flotilla. J’ai donc été occupée de façon très intense pendant six mois, avec la Palestine. Alors, j’ai également lancé une action de collecte de manuels scolaires pour la Flottille, avant même de savoir que je pourrais l’accompagner. Hélas, ces livres ne sont jamais arrivés à destination.
Free Gaza Flotilla. Ce qui m’a le plus impressionné, dans toute cette expérience, c’est le fait que tant de gens – 700 d’une quarantaine de pays – se sont engagés inconditionnellement pour un même but, la Palestine. Il n’y a que les frais de navires qu’ils n’ont pas payés, mais leur billet d’avion, leur hôtel… tout le reste, ils l’ont payé eux-mêmes, sans se poser de questions, sans réserve. Et ç’a été un moment vraiment magnifique, quand les bateaux, partis de différents ports, se sont retrouvés quelque part en mer, au point de rencontre, puis que le signal du départ a été donné et que les six bateaux ont mis le cap ensemble sur Gaza. Vraiment magnifique. Et, bien sûr, je n’oublierai jamais non plus comment nous avons été attaqués en pleine nuit par l’armée israélienne.
Projets d’avenir. Je reviens tout juste d’un week-end avec le Free Gaza Movement, où nous étions une trentaine de plusieurs pays, dont les États-Unis et la Grande-Bretagne, pour discuter de la poursuite des actions avec le Free Gaza Movement. En Belgique, nous avons désormais fondé « Belgium to Gaza » et nous voulons faire en sorte qu’une délégation belge puisse se joindre à une prochaine flottille, au début de l’an prochain. (voir cadre).
Palestine. J’espère que la Belgique et toute l’Europe adopteront une position plus sévère à l’égard d’Israël et des choses incroyables que ce pays se permet. Aujourd’hui, ces points de vue sont particulièrement faibles. J’espère aussi qu’on verra quelque chose des promesses d’Obama. Il dit aujourd’hui qu’il faut qu’il y ait un État palestinien, qu’il fera en sorte que Gaza et la Cisjordanie puissent être reliés, qu’il veut donner un nouveau souffle aux négociations de paix… Et nous tiendrons l’affaire le plus possible dans les médias, comme nous l’avons fait avec la Free Gaza Flotilla. Je remarque aujourd’hui que bien plus de gens sont ouverts au regard palestinien sur le conflit, ils se rendent compte de plus en plus qu’Israël ne présente que sa propre version des faits et qu’elle est très sujette à caution.
 
Inge Neefs : « De plus en plus de résistants disparaissent derrière les barreaux »
Prix Solidaire. Ç’a été une surprise très agréable quand Bert De Belder d’intal nous a informées que le jury nous avait nominées pour le prix. Et quand nous avons été élues, nous avons été surprises à nouveau toutes les quatre de voir qu’il y a eu tant de voix pour nous, alors que les autres nominés étaient de très sérieux candidats eux aussi.
Engagement. C’est en mai 2009 que je suis allée en Palestine, en Cisjordanie, pour la première fois. Jusqu’alors, mon image avait été surtout modelée par les médias, donc une image très déformée de la réalité. L’idée que deux partis égaux luttent pour un bout de territoire a été rompue. En me rendant en Palestine, j’ai découvert moi-même qu’il s’agissait d’une occupation militaire israélienne et qu’elle violait les droits de l’homme de la population palestinienne. À mes yeux, maintenant, le conflit a un aspect humain et je ne peux plus le concevoir à distance : il s’agit bel et bien de personnes concrètes. Je ne peux plus me : « L’an prochain, je vais en vacances au Brésil. » Même si je me suis rendu compte qu’en fait, on viole les droits de l’homme en de nombreux endroits sur terre, la situation sur place m’a secouée et cela s’est traduit par un engagement personnel.
Free Gaza Flotilla. Je ne suis pas près d’oublier l’agression brutale et meurtrière d’Israël contre la flottille. Neuf personnes ont perdu la vue et, aujourd’hui encore, d’autres sont toujours dans un état critique. L’attaque contre la flottille est toutefois symbolique, face aux souffrances palestiniennes. Ce qu’Israël a fait dans les eaux internationales, il le répète quotidiennement en Palestine. Malgré les morts, cette expérience n’a fait que nous inciter à poursuivre le combat pour les droits des Palestiniens.
Projets d’avenir. En ce moment, je suis occupée avec Belgium to Gaza (voir cadre). Aussi bien des Belges à titre individuel que des organisations s’engagent afin de briser le blocus. Nous voulons donner l’opportunité à la population belge de prêter sa voix en faveur de la justice et nous espérons encourager nos hommes politiques à passer aux actes. Car, aujourd’hui, la réaction de l’Europe et de la Belgique à la répression brutale d’Israël est tout simplement faiblarde.
Palestine. L’occupation de la Palestine, tant en Cisjordanie que dans la bande de Gaza, reste une réalité qui n’appelle pas au changement, mais hurle pour l’obtenir. Israël réclame la sécurité pour sa population et construit des murs, créant ainsi un isolement. La question est : « Qu’en est-il de la sécurité et du bien-être des Palestiniens ? » Sont-ils moins humains, peut-être, et requièrent-ils de ce fait moins de droits de l’homme ? J’ai résidé trois mois à Bil’in, un village de Cisjordanie dont le mur de l’apartheid a confisqué une bonne moitié des terres. Des terres agricoles, surtout, et, de ce fait, bien des gens ont perdu leur revenu. Aujourd’hui, les toits rouges des colonies israéliennes ornent ce paysage. Chaque vendredi, la population locale palestinienne proteste contre l’existence de ce mur et dénonce le vol de ses terres. Ces protestations pacifiques se heurtent toutefois de plus en plus à l’armée israélienne et de plus en plus de membres de cette résistance populaire disparaissent derrière les barreaux.
Source : Lizz Printz et Gaston Van Dyck pour ptb.be

Meeting de solidarité avec le mouvement palestinien détenu dans les prisons israéliennes

08 Oct 2010
Banlieue de Damas /   Le Front Populaire de libération de la Palestine a organisé ce soir un meeting de solidarité avec le mouvement palestinien détenu dans les geôles israéliennes, avec en tête son secrétaire général Ahmad Saadate, qui est en cachot d'isolement depuis plus de 500 jours.
Les allocutions prononcées à ce meeting ont exhorté la communauté internationale et ses organisations humanitaires et juridiques à assumer leurs responsabilités envers les détenus dans les prisons israéliennes "soumis à la sauvagerie israélienne", et à obliger les autorités d'occupation à élargir inconditionnellement tous les détenus.
Les allocutions ont incité les deux nations arabe et islamique et tous les hommes libres dans le monde à réagir d'urgence et à déclencher une campagne élargie de solidarité et d'appui aux détenus, et à démasquer devant toutes le instances internationales et humanitaires les pratiques de l'occupant israélien "qui suit une politique arbitraire envers les détenus palestiniens et promulgue les lois qui couvrent les abus et les crimes commis dans ses geôles".
Les allocutions ont fait savoir que Saadate est l'un de 18 détenus dans les cachots d'isolement.
Rappelons que les autorités d'occupation avaient appréhendé Ahmad Saadate en 2006 et l'avait condamné à 30 ans d'emprisonnement. Ces autorités, apprend-on, avaient accentué durant les semaines dernières leurs agressions et leurs provocations contre les détenus palestiniens. Récemment, une agression aux chiens enragés, aux matraques et aux gaz toxiques contre la prison central de Ofar a fait plus de 60 blessés parmi les détenus palestiniens de cette prison.
Au meeting ont pris part des représentants des factions de l'alliance des forces nationales, des institutions et des associations civiles, sociales et culturelles palestiniennes.
Gh.H.
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Le fief du Fatah de Keith Dayton

Cisjordanie - 08-10-2010

Par Palestine Info 
Les Etats-Unis et, dans une moindre mesure l’Europe, ne cessent de chanter les louanges du régime de l’Autorité palestinienne de Ramallah. A entendre ces éloges sans fin de la junte de Ramallah, on pourrait penser que l’ « Etat policier sans Etat » est un parangon de bonne gouvernance, de démocratie, et que tout va bien. On pourrait aussi penser qu’’il a un système de justice qui respecte les droits de l’homme et les libertés civiles, un système qui ne fait pas de discriminations entre les citoyens fondées sur la croyance, le sexe et l’orientation politique.














21/10/2009 - La sécurité palestinienne arrête un Palestinien à Beit Fajar, Cisjordanie occupée.
Cependant, la vérité choquante est que le régime de Ramallah n’est rien de tout cela. C’est plutôt un appareil d’Etat policier dont la principale fonction consiste à persécuter et à harceler les citoyens palestiniens jugés « non conformistes ». Et cette répression est bien sûr faite pour le compte d’Israël et pour obtenir un certificat de bonne conduite des occupants maudits.
Il y a quelques jours, j’ai reçu un message d’un avocat palestinien, Nasser Abdul Jawwad, de la région de Salfit, qui décrivait comment les services sécuritaires de l’AP ont tourmenté et puni des gens pour leurs positions idéologiques. Dans son message, Abdul Jawwad, un honnête homme aux antécédents impeccables, soulignait qu’une pauvre femme dont le mari avait été viré de l’appareil policier local parce qu’il paraissait trop religieux (parce qu’il allait à la mosquée pour la prière) avait demandé l’autorisation de vendre des falafel à l’école des filles de son village. Le principal de l’école était d’accord, mais a demandé que la femme demande une « habilitation de sécurité » aux trois services : la police, la sécurité préventive et la mukhabarat, ou renseignements généraux. Sans se méfier, la femme a fait une demande de « certificat de bonne conduite », pensant que ce ne serait qu’une formalité et qu’elle n’avait aucune raison de s’inquiéter puisque son casier judiciaire était vierge.
Quelques jours plus tard cependant, elle a été convoquée pour un « entretien » au quartier général de la mukhabarat de Salfit. Là, on lui a dit qu’elle ne pouvait obtenir le certificat parce qu’elle avait voté pour un candidat à orientation islamique lors des élections de 2006. Elle a fait valoir que vendre des falafel n’avait rien à voir avec ses choix politiques et qu’elle avait le droit absolu d’obtenir un certificat de bonne conduite pour trouver un boulot et soutenir sa famille. Et c’est ainsi qu’après avoir vendu ses falafel pendant une période d’essai de 21 jours à l’école, elle a dû abandonner son boulot.
On ne sait pas exactement si l’appareil de la mukhabarat a demandé à la femme de « travailler » avec eux comme informatrice. Les différents services de sécurité profitent régulièrement des dures conditions économiques de la population palestinienne pour recruter des milliers de personnes, dans toute la Cisjordanie, pour travailler comme mandoobeen , ou agents d’information sur les gens qui critiquent l’AP ou montrent des signes d’opposition à la junte de Ramallah.
C’est ainsi que des informateurs ont été infiltrés dans toutes les institutions de Cisjordanie, écoles, collèges et hôpitaux. Essayez d’imaginer la situation où un instituteur ou une secrétaire se mettent à espionner leurs collègues. Essayez d’imaginer des professeurs et des enseignants toujours inquiets que l’un de leurs étudiants ou même collègues puissent donner des informations sur eux aux services de sécurité, au cas où ils auraient dit quelque chose qui puisse être interprété « différemment » pendant leurs cours.
Eh bien, c’est comme ça que la république de Keith Dayton essaie d’encourager la liberté de penser et d’expression en Palestine occupée. C’est un aperçu prometteur de l’Etat palestinien qu’Abbas et consorts essaient de créer !!!! Que Dieu vienne en aide aux Palestiniens.
Pour revenir à cette pauvre femme, Abdul Jawwad nous a rappelé que son mari, policier pendant dix ans, a été licencié sans cérémonie et emprisonné pendant quatre mois, au cours desquels il a été soumis à des tortures cruelles, pour aucune autre raison que celle d’être un pratiquant religieux.
Comme sa femme, l’ancien policier a été accusé d’avoir voté pour un candidat affilié au « mauvais » parti politique en 2006. Finalement, il a été licencié parce que, selon la police, « il n’avait pas une bonne réputation. » Pour ajouter l’insulte à la blessure, ce policier maintenant pauvre et sans emploi attend encore de recevoir les indemnités pour ses dix ans de travail.
Maintenant, on peut se demander quelle sorte d’Etat ou de quasi-Etat ou d’entité politique peut traiter ses citoyens d’une telle manière. Les citoyens palestiniens sont-ils censés travailler comme collaborateurs et informateurs pour Israël pour plaire à la république de Dayton ? Doivent-ils travailler dans les colonies juives pour être de bons citoyens ? La réponse est sûrement de la responsabilité de Mahmoud Abbas et de Salam Fayyad.
Inutile de dire que cette pauvre famille modeste n’est qu’un épiphénomène qui dépeint la situation générale à laquelle sont confrontées des milliers, pour ne pas dire des dizaines de milliers de familles palestiniennes. De plus, on exagère très peu en suggérant que ce cas représente plus ou moins le modus operandi de toutes les institutions privées et publiques opérant sous le régime de Dayton à Ramallah.
Si la vente de falafel dans une école de fille au cœur de la campagne palestinienne exige tous ces calculs style KGB, dont la convocation de mères de famille dignes dans les bureaux des agences de sécurité, imaginez à quoi peut ressembler la « procédure » de désignation des fonctionnaires de haut rang.
En bref, sous ce régime odieux, le problème va bien au-delà du licenciement de milliers de fonctionnaires, dont des enseignants, des médecins et des ingénieurs, à cause de leurs affiliations politiques ou leur association avec les « mauvaises personnes », mais il inclut aussi l’hostilité farouche démontré à l’égard de centaines de milliers de Palestiniens soupçonnés de soutenir le Hamas et autres organisations islamiques.
C’est un message d’une importance primordiale pour les officiels Hamas et Fatah qui vont se rencontrer à Damas dans quelques jours pour travailler sur une éventuelle réconciliation nationale. Une réconciliation nationale ne pourra réussir sans qu’on jette aux poubelles de l’histoire toutes ces actions méprisables, faites par une entité qui ne montre aucun respect pour ses propres citoyens. Sinon, l’objectif d’une réconciliation nationale restera aussi illusoire et lointain que jamais.
Traduction : MR pour ISM 

P. comme Palestine

le 09.10.10 | 03h00
Cet ouvrage instructif et passionnant devrait se trouver dans toutes nos librairies et bibliothèques.
La Palestine vient d’avoir son dictionnaire amoureux. 481 pages composées d’articles classés par ordre alphabétique qui racontent l’histoire, la beauté, les couleurs, les odeurs, les bonheurs, les amitiés, les malheurs, les tragédies de la Palestine, ce pays situé «hors du lieu», «hors du temps». Cet ouvrage de référence est écrit par Elias Sanbar (voir encadré page suivante), l’enfant du pays qui puise dans la mémoire collective et personnelle.A travers ce dictionnaire, l’auteur met en scène nombre de sujets : des souvenirs d’enfance, des analyses sur les colonies israéliennes, la complexité des papiers d’identité des Palestiniens, les deux Intifadas, des réflexions politiques sur la Palestine et les Palestiniens, les personnalités pro-palestiniennes, etc.
Les lecteurs/trices peuvent ainsi s’immerger au cœur de ce pays, de son histoire, de sa géographie,  de son cinéma,  de sa politique,  de sa littérature,  de ses recettes de cuisine, de  ses anecdotes, l’histoire de son enfermement, de sa destruction et bien d’autres thémes à découvrir dans cet ouvrage agrémenté de dessins d’Alain Bouldouyre. L’objectif principal de cet auteur, «interdit de toute autre passion, de tout autre sujet d’intérêt » est double. D’une part, il consiste à faire découvrir une «Palestine intime» ainsi qu'une «autre Palestine», celle qu’il connaît de l’intérieur et celle qu’il a connu lors de ses voyages en train, en avion, en bateau, en voiture, à pied, mais aussi par les lectures, la recherche... Et d’autre part, il vise à «démystifier un pays» en mettant en scène une réalité autre que celle relayée par les médias et les représentations dominantes qui portent préjudice à la Palestine et à son peuple contraint à l’errance et à l’oubli.
Pourquoi la Palestine est-elle racontée sous forme de dictionnaire ? Pour expliquer ce choix, Elias Sanbar ose une métaphore : «Les dictionnaires, leur structure, la forme dictionnaire ont la qualité d’être accordés au sujet palestinien». De quelle manière ? «Par l’aspect fragmenté de leur construction (...), leur multiplicité qui sont comme l’empreinte sur le papier de l’éclatement du réel palestinien, de sa dispersion, de ses profondes liaisons...» Il ressort de cet ouvrage l’image d’une Palestine dont l’histoire est à la fois simple et complexe. La complexité de ce pays apparaît essentiellement à travers des mots et des termes qui permettent aux lecteurs/trices de cerner les problématiques palestiniennes et ainsi une compréhension de ce conflit qui prend l’allure d’une éternité.
A la lettre A, on apprend que dans le contexte palestinien, l’Absence, ghurba, gharîb et mughtarib, et l’Exil manfâ et manfî  équivalent à une double absence. D’abord, «l’absence de chez soi», c’est-à-dire de sa terre, de son pays, de son territoire de naissance, de son lieu de vie naturel. Cette absence est essentiellement spatiale, territoriale, faisant référence à «l’absence du nom» et à «l’effacement des cartes géographiques de plus de quatre cents localités» en terre palestinienne. Elle est également temporelle car le présent, dominé par l’absence, l’effacement et la disparition des villes et des villages palestiniennes «a pris le pas sur la présence du passé disparu».
De nombreux auteurs traduisirent et/ou adaptèrent ensuite, «l’absence à soi» qui renvoie à l’être, à l’intériorité, à l’intimité et ainsi à l’identité personnelle de chaque Palestinien, considéré comme un exilé, soit un «absent de son état», un réfugié qui fait vivre dans sa mémoire sa Palestine, «réduite à l’état de souvenir par l’occupation».
Par ailleurs, les Palestiniens sont des manfiyyin, des «exilés bannis», dont la situation les contraint à vivre une ghurba qui signifie émigration en langue arabe, terme associé à la notion d’étranger qui cependant fait l’objet d’un paradoxe. Car, bien qu’au moment de la Nakba, les Palestiniens aient cherché refuge dans les pays arabes, ils ont malgré tout le statut de «résidents de la ghurba». Par la force des choses, les territoires arabes sont devenus des territoires «de l’étrangéité». Mais si les Palestiniens oublient, ils deviendront des ghurab. Leur absence deviendra alors «celle de l’effacement de leur nom et des noms de leurs terres».
La section relative à la lettre nous permet également d’appréhender l’une des questions centrales dans le conflit israélo-palestinien, en l’occurrence Al aâwda (le retour) car elle suppose une solution pour les réfugiés palestiniens et pose la question de la légitimité ou pas de la création de l’Etat d’Israël. Pour les Palestiniens, la question du retour est associée à l’injustice et à la négation de leur droit de vivre chez eux qui est à l’origine de leur expulsion de leur terre. Pour les Israéliens, elle est source d’angoisse, car elle renvoie à un «danger existentiel» qui risque de «délégitimer leur droit de vivre» en Israël.
Afin d’illustrer son propos, l’auteur cite deux résolutions adoptées par l’Organisation des Nations Unies. Dans le paragraphe II de la résolution 194 (III), la clause relative au droit au retour met en exergue quatre idées : la possibilité aux Palestiniens de retourner dans «leurs foyers» ; la compensation des pertes pour ceux qui ne souhaitent pas le retour; l’inscription du retour dans la perspective «d’une réparation d’un tort» et du rétablissement d’un «droit naturel antérieur» et l’idée d’un «droit collectif» alors que son application est individuelle.
La seconde résolution (11 mai 1949) porte sur l’engagement d’Israël d’appliquer les résolutions 181 (II) du 20 novembre 1947 et 194 (III) qui affirment le droit au retour et au partage de la Palestine entre deux Etats. Comme ces résolutions n’ont pas été appliquées par Israël, la diplomatie palestinienne a fait des propositions qui posent le postulat que le droit au retour est «un droit naturel», voire «un droit humain inaliénable» qui permet à tout Palestinien de «vivre chez lui, en paix, dignité, liberté, respect et harmonie avec ses voisins». Ce droit «ne peut être négocié - alors que- son application et sa mise en pratique peuvent l’être».
Par ailleurs, elle pose les conditions pour sortir de l’impasse actuelle. D’une part, l’idée que «le principe de la reconnaissance du droit de retour» des Palestiniens implique «la reconnaissance par Israël de sa responsabilité concrète et morale de la nakba (l’expulsion en 1948)» et l’idée qu’Israël doit admettre le fait que les Palestiniens furent des victimes au cours de cet épisode tragique de l’histoire de ce pays, d’autre part.
La partie consacrée à la lettre I nous offre l’opportunité de nous familiariser à l’un des termes-clés de la situation palestienne, en l’occurrence l’Intifadha, c’est-à-dire la guerre des pierres. C’est en décembre 1987, dans les camps de réfugiés de Ghaza, que commence l’Intifadha, cette révolution de la pierre menée par les enfants palestiniens des territoires occupés et les réfugiés exilés. Elle est la conséquence de «vingt ans d’oppression, de répression, d’humiliation par une armée d’occupation, du refus permanent de reconnaître l’Organisation de libération de la Palestine comme le représentant unique et légitime des Palestiniens».
Elle a mis en lumière le caractère inégal et injuste de la situation entre Israël et les Palestiniens en matière notamment de moyens de défense : des pierres contre des armes sophistiquées. L’Intifadha a permis la mobilisation et l’organisation de la société civile. En 1991, sur ordre des autorités locales et nationales, l’Intifadha s’arrêta. C’était le temps du processus de paix. Pourtant, des événements tragiques, des attentats suicides palestiniens et bien d’autres facteurs viendront contribuer à la dégradation de la situation. La croyance en la paix s’amenuisera dans les deux camps. La seconde Intifadha éclate en 2000. Cette dernière se caractérise essentiellement par l’utilisation des armes à feu. Elle «permettra à Israël de récupérer  et d’affirmer à nouveau qu’il ne faisait que se défendre et protéger légitimement ses citoyens», écrit Sanbar.
La lettre M quant à elle nous invite à découvrir la politique d’apartheid dont font l’objet les Palestiniens de Palestine et qui s’est matérialisée par la construction d’un mur d’une longueur de 709 km, ce qui signifie que «85% se retrouveront à l’intérieur des Territoires palestiniens et de Jérusalem-Est», ajoute l’auteur. C’est en novembre 2000 qu’Ehud Barak lance le projet de la construction d’un mur de séparation au nord et au centre de la Cisjordanie. Les travaux débutent en 2002. Le projet aboutit à un tracé plus étendu, incluant une «zone de suture», contiguë aux lignes d’armistice de 1049, «la ligne verte», celle-là même censée devenir la future frontière entre les Etats palestiniens et israéliens.
Le mur est construit sur des terres confisquées, voire «réquisitionnées par ordonnances militaires notifiées aux propriétaires palestiniens». Les conséquences pour les Palestiniens et leur territoire sont catastrophiques et souvent dévastatrices, car ce projet a perturbé le réseau des voies de communication rurales, supprimé des routes, des chemins, des champs agricoles et réduit les terres palestiniennes. La construction du mur, qui a réduit cette région de la Palestine à une enclave, constitue une atteinte au droit des Palestiniens de vivre dignement, car il compromet l’accès des Palestiniens aux soins et au travail, réduit leur liberté de mouvement et de circulation dans les zones urbaines notamment.
Ce ne sont là que quelques entrées d’un dictionnaire exceptionnel qui offre une découverte inédsite de la Palestine, à l’échelle de l’histoire, mais aussi des hommes et des femmes, dans leurs vécus, leurs traditions et leurs rêves incarnés dans un combat pour la terre.               
Elias Sanbar, Dictionnaire amoureux de la Palestine, collection dirigée par Jean-Claude Simoën, dessins d’Alain Bouldouyre,
Ed. Plon, 2010, 496 p. 
Nadia Agsous
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Ni otage ni alibi

le 09.10.10 | 03h00
Le jeu politique au Proche-Orient semble en voie de profonde modification, ou plus précisément d’un retour à la situation prévalant à la veille de la dernière réunion du CNP (Conseil national palestinien) en 1991 à Alger. Une session qui marquait le passage de la résistance palestinienne à la négociation, avec des coups de gueule, des dissidences et même un changement dans les statuts de cette instance, passant de l’unanimité à la majorité simple. Une procédure qui a permis de mettre à l’écart de nombreux chefs palestiniens parmi les plus prestigieux. Craignant pour l’avenir de la lutte palestinienne, George Habbache,  le chef charismatique du FPLP aujourd’hui disparu, lancera un nouveau slogan :  «Unité jusqu’à la victoire».
Lui et d’autres avaient vu juste comme l’ont prouvé les affrontements interpalestiniens, même si, selon la direction palestinienne, il y a matière à débat. Directement visé, le défunt leader palestinien Yasser Arafat, défendra son choix et déclarera à Alger, en 1993, que ceux qui ont d’autres propositions n’ont qu’à les soumettre. C’était, se rappelle-t-on, ce qu’on appelait l’option «Ghaza-Ariha d’abord», débouchant en 1993 sur la conclusion en 1993 de l’Accord d’Oslo. C’est tout, devrait-on dire, car les Palestiniens vivent toujours sous occupation israélienne, ou encore que les Israéliens ont étendu la colonisation. Et si aujourd’hui, l’on parle de retour au statu quo prévalant avant cet accord, c’est tout simplement parce qu’il y a une situation de fait, et qu’il ne faille se nourrir d’illusions.
Pour les Palestiniens, il n’est plus question de servir d’alibi, d’être ligotés par un processus qui a cessé d’exister et se couper de leur peuple qui a su dire son mot quand il a donné, en 2006, ses voix aux opposants au processus de paix. Aujourd’hui, le mouvement Hamas, qui a su capter ce mécontentement, n’est plus seul, puisque l’OLP et le Fatah réintègrent la scène palestinienne, reprenant leur rôle de cadre politique avec en main le pouvoir décisionnel en ce qui concerne la question du processus de paix, au détriment de l’Autorité palestinienne dont l’existence est souvent remise en cause par les Palestiniens, ou qui pourrait se retrouver sans président si Mahmoud Abbas venait à en démissionner, comme il le laisse entendre.
C’est dans ce contexte que se tient la réunion du Comité de suivi issu de la Ligue arabe, avec en tête l’idée tout à fait logique «de voir d'autres solutions si les négociations piétinent». En parler ainsi laisse une place même minime à un espoir de relance, alors qu’il n’en est nullement question. Israël a mis fin à tous les espoirs, malgré les appels de ses plus proches alliés. Quant à la participation palestinienne aux négociations de paix, elle a bénéficié il y a dix années, du soutien arabe, avec en plus, d’une offre à Israël d’une normalisation en échange de son retrait des territoires arabes. Voilà dix années que cette offre a été faite, mais sans qu’elle soit acceptée par Israël. Il était temps d’en tirer les conclusions.
Mohammed Larbi
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Les effets de manche de Abbas

le 09.10.10 | 03h00
Le processus de paix israélo-palestinien  était suspendu hier à une réunion du président palestinien, Mahmoud Abbas, avec les pays arabes en Libye et au résultat des pressions américaines sur les deux camps qui font monter les enchères.
C’est la reprise par Israël de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie occupée, à l’expiration le 26 septembre d’un moratoire de dix mois, qui menace les négociations de paix relancées le 2 septembre à Washington après 20 mois de suspension. M. Abbas, arrivé à Syrte (centre), devait prononcer en soirée un  «important» discours lors d’une rencontre avec le comité arabe de suivi du processus de paix. Il pourrait mettre sa démission dans la balance si les   négociations avec Israël capotaient du fait de la colonisation, selon ses proches.   
M. Abbas a de son côté réitéré son exigence d’un arrêt de la colonisation avant toute reprise des discussions.
Israël connaît la musique…
Les Etats-Unis, qui comme la communauté internationale, ont appelé à un nouveau moratoire sur la colonisation, font pression pour que les pays arabes continuent de soutenir les négociations. Mais le comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Fatah, mouvement de M. Abbas, ont approuvé le 2 octobre une suspension des pourparlers, si Israël poursuit la colonisation. Deux tiers des Palestiniens approuvent le retrait des négociations, selon   un sondage.     
Côté israélien, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, se borne à renvoyer la balle dans le camp palestinien. Et comme pour aggraver un peu plus la situation, deux activistes de la  branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas ont été tués hier lors d’une opération de l’armée israélienne à Hébron, en Cisjordanie, selon des services de sécurité palestiniens et l’armée israélienne. De quoi apporter de l’eau au moulin de ceux qui appellent à la fin des négociations et à mettre Israël et ses alliés devant leurs responsabilités. Mais M. Abbas qui menace de démissionner ne cherche en réalité qu’un autre petit geste du couple américano-israélien sous forme d’un gel, ne serait-ce qu’un mois, des colonies pour se donner bonne conscience.                    
Rédaction internationale
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Berlusconi à une manifestation de soutien à Israël: "je me sens Israélien"

08/10/2010  
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a déclaré qu'il "se sentait Israélien" jeudi lors d'une manifestation bi-partisane de soutien à l’entité sioniste organisée à Rome.
"La visite au camp d'extermination d'Auschwitz - de même que l'horreur pour la barbarie de l'holocauste - a fait naître en moi un sentiment de solidarité ineffaçable: depuis, je me sens Israélien", a déclaré le président du conseil, dans un message envoyé aux manifestants, repris par l'agence Ansa.
"La sécurité d'Israël dans ses frontières et son droit à exister comme Etat juif sont pour nous Italiens un choix éthique et un impératif moral contre tout retour à l'antisémitisme et au négationnisme et contre les menaces récentes, pour nous intolérables, d'agresser et de détruire l'Etat d'Israël", a ajouté le Cavaliere.
Berlusconi a réaffirmé son souhait d'"une solution" du conflit israélo-palestinien basée sur "deux Etats" « Israël » et un Etat palestinien.
De son côté, Gianfranco Fini, le président de la Chambre des députés qui a rompu fin juillet avec Silvio Berlusconi, a estimé qu'"Israël est l'avant-poste de la démocratie des valeurs de l'Occident au Moyen Orient".
Un peu auparavant, l'ancien Premier ministre espagnol Jose Maria Aznar avait ouvert la manifestation en déclarant qu'"Israël n'est pas un pays du Moyen Orient mais un pays occidental du Moyen Orient". "Nous partageons avec Israël la même histoire et les mêmes menaces" et "chaque problème d'Israël est un problème pour nous tous", avait ajouté le créateur de la fondation "Amis d'Israël".
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Ihsan Dababisa raconte les tortures et les humiliations subies

vendredi 8 octobre 2010 - 06h:45
Ma’an News
La jeune femme palestinienne qui a été filmée, menottée et les yeux bandés, tandis qu’un soldat israélien dansait autour d’elle, a déclaré jeudi que la vidéo ne fait que montrer le début d’un « voyage à travers les tortures et les humiliations. »
Une vidéo d’Ihsan Dababisa, âgée de 24 ans, a été publiée sur YouTube ce lundi, et a été diffusée sur la chaîne de télévision israélienne Channel 10.
Dababisa s’est exprimée devant le correspondant de Ma’an dans sa maison du village de Nuba, à l’ouest d’Hébron, et a décrit l’épreuve qui a suivi son enlèvement.
Dababisa raconte qu’elle a été enlevée au poste de contrôle Atzion, à 8 heures le 11 Décembre 2007, puis jetée dans une jeep militaire, menottée et les yeux bandés. Elle a été emmenée à la cour du centre de détention Atzion, et s’est retrouvée au milieu un groupe de soldats.
Quelques instants plus tard, dit-elle, elle a entendu une forte musique et l’un des soldats a tenté de la toucher. Elle a essayé de rester collée à la paroi, puis un autre soldat est arrivé avec une bouteille de vin et lui a offert un verre. Quand elle a refusé, il a continué à la harceler.
Les soldats m’ont alors agressée « comme des chiens vicieux ».
« Ils ont commencé à me frapper à coups de crosse et sur les jambes. Un des soldats m’a cogné la tête contre la carrosserie de la jeep militaire jusqu’à ce que je me sois évanouie. Puis je me suis retrouvée en face d’une femme médecin en uniforme militaire. Après m’avoir examinée ils m’ont transféré à un centre d’interrogatoire où ma traversée de la torture et de l’humiliation a commencé. »
« Le nom de l’officier qui a commencé à m’interroger était Beran. Il a menacé de démolir la maison de ma famille et d’arrêter mes frères et sœurs, et l’interrogatoire a duré deux heures. Après cela, j’ai été transférée, avec les yeux bandés, vers un autre centre d’interrogatoire, je pense que c’était le complexe de Russie [centre israélien d’interrogatoire et de torture bien connu des Palestiniens - N.d.T], où il y avait trois interrogateurs. »
« Peu de temps après mon arrivée ils ont commencé à m’insulter et à me maudire en utilisant des mots que je ne veux pas dire. L’un des interrogateurs me tirait par les cheveux. Je suis restée menottée pendant tout ce temps. L’interrogatoire a duré jusqu’à 11 heures du soir, puis ils m’ont transférée à la prison de Hasharon où ils m’ont accusée d’avoir tenté de poignarder quelqu’un, et d’être affiliée au Jihad islamique [une des organisations de la résistance palestinienne - N.d.T]. Les avocats de la Société des prisonniers [association de défense des prisonniers palestiniens] m’ont défendue et j’ai été condamnée à 22 mois de prison. J’ai été libérée le 6 septembre 2009. »
Plus d’un an après après sa sortie de prison, Dababisa s’est soudain vue dans les informations. « Ils parlaient de moi, je ne pouvais pas croire ce que je voyais de mes propres yeux. J’étais sur le point de m’évanouir, j’ai commencé à pleurer, je ne pouvais plus dormir la nuit. Tous ces souvenirs, alors que j’étais au milieu d’un groupe de soldats sadiques, criminels et pervers dépourvus de sentiments et d’humanité, me sont revenus à l’esprit. »
Dababisa dit aussi qu’elle ne sera pas apaisée « jusqu’à ce que les soldats soient punis par la justice, en exemple pour tous ceux qui osent humilier ou insulter tout prisonnier palestinien. »
7 octobre 2010 - Ma’an - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net
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Pourquoi je ne suis pas un militant de la paix israélien

samedi 9 octobre 2010 - 06h:40
Moshé Machover
Les vrais socialistes combattent le projet sioniste.
Alors que le processus de paix sporadique titube de rendez-vous sans objet à rencontres sans signification entre les chefs de l’État colonial israélien et l’Autorité palestinienne sans autorité, avec les USA jouant le rôle de médiateur malhonnête, il ne peut plus y avoir trace de doute qu’il s’agit d’une comédie jouée par des charlatans.
Mais derrière et au-delà de cette escroquerie assez évidente, il y a une tromperie ou une auto-tromperie bien plus subtile : on considère généralement — on prend même pour évident — que la « paix » est-ce qu’il faudrait pour résoudre le conflit israélo-palestinien. En d’autres termes : que ce qu’il faudrait, c’est un vrai processus de paix au lieu de l’imposture actuelle.
Cette croyance est partagée par presque tous les Israéliens corrects et éclairés (la soi-disant gauche israélienne) — c’est pourquoi ils s’appellent collectivement « le camp de la paix » et individuellement les « militants de la paix » — et ceci est partagé par leurs amis et soutiens en Occident.
Les Sionistes de ‘gauche’ de La Paix Maintenant de même que les Sionistes ‘modérés’ et semi-Sionistes de Gush Shalom (‘le Bloc de la Paix’) arborent cette auto-tromperie sur leurs badges. Le parti communiste israélien, non sioniste, stalinien devenus réformiste, insiste pour donner une priorité aux slogans de paix.
Beaucoup des activités dans lesquelles ces braves gens s’engagent sont hautement louables : contestation de la politique et des actions oppressives des autorités israéliennes, et en particulier opposition à l’occupation post-1967. Certains d’entre eux montrent un réel courage moral et physique dans différents actions de solidarité avec les Palestiniens opprimés. Néanmoins, leur autoportrait de « militants de la paix » révèle une profonde incompréhension de la nature du conflit israélo-palestinien et une illusion sur le moyen de le résoudre.
L’image évoquée est essentiellement symétrique : deux côtés, deux nations, en guerre l’une contre l’autre, enchaînées dans une série de batailles sur un morceau de territoire disputé. Pour finir le conflit, les deux côtés doivent finir la guerre, s’asseoir ensemble et faire la paix.
En réalité, c’est aussi l’image promue par la hasbarah (propagande) israélienne. Elle aime parler le langage symétrique de ‘guerre’ et de ‘paix’. Ainsi, Israël et ses amis décrivent l’assaut sur Gaza à l’hiver de 2008-09, nom de code ‘ Opération Plomb Fondu’, comme une guerre. En réalité, ce ne fut pas une guerre : il n’y eut virtuellement pas de combat. C’était un massacre unilatéral. Similairement, la diplomatie israélienne insiste pour se référer aux territoires saisis par Israël en 1967 comme « disputés » — une description délibérément symétrique — plutôt qu’occupés.
Quant à la paix : personne ne la souhaite plus ardemment que la plupart des leaders Israéliens. Je dis ceci avec à peine une trace d’ironie. C’est la vérité. Seuls très peu de gens — des psychopathes, des trafiquants d’armes et autres profiteurs de guerre, ainsi que des démagogues carriéristes cyniques et des officiers militaires visant une promotion accélérée — préfèrent vraiment la guerre par elle-même à toute sorte de paix. Je suppose que certains leaders politiques et militaires Israéliens appartiennent à certaines de ces catégories exceptionnelles. Mais la plupart des leaders Israéliens souhaitent réellement la paix — une paix selon les termes israéliens : leur vœu le plus cher est que le peuple palestinien, dépossédé et dompté, accepte pacifiquement son sort et abandonne la lutte.
Conflit colonial
La clé pour comprendre correctement le conflit est qu’il est extrêmement asymétrique : entre colonisateurs et peuple indigène. Il s’agit de dépossession et d’oppression. Comme pour les autres conflits coloniaux, le conflit israélo-palestinien a comporté des guerres réelles entre Israël et les états avoisinants ; mais il s’agissait de sous-produits, de conséquences de la cause fondamentale : la colonisation sioniste de la Palestine. Avec la pensée et l’extension de cette colonisation, Israël devra maintenir son hégémonie régionale en tant que sous-traitant local de l’impérialisme occidental, et sans aucun doute de nouvelles guerres seront provoquées.
Dans les conflits coloniaux, les colonisateurs se considèrent toujours comme venant en paix, porteur des cadeaux des lumières et du progrès. Ce sont les indigènes arriérés qui sont les agresseurs, ressortant à la violence contre leurs bienfaiteurs. Ceux-ci forcent les colonisateurs à utiliser leurs forces supérieures pour dompter les agresseurs indigènes. Ces derniers ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Je suppose que c’est le genre de choses que mon ancien ami, le poète socialiste Erich Fried, avait en tête quand il écrivit ce poème :
Table rase
Maintenant les causes
combattent
leurs effets
si bien qu’on ne peut plus
les tenir
responsables des effets ;
car même
les rendre responsables
fait partie des effets
et les effets sont interdits
et punis
par les causes elles-mêmes.
Elles ne souhaitent
plus savoir
sur de tels effets.
Quiconque voit
avec quel empressement
elles poursuivent les effets
et dit encore
qu’elles y sont
étroitement liées
ne devra maintenant
blâmer
que lui même.
Alors que le but des colonisateurs est d’imposer la paix — dans leurs propres termes et si nécessaire, par force — le peuple indigène tend à voir les choses assez différemment. Sa préoccupation n’est pas de faire la paix avec ceux qui les dépouillent, mais de résister à la dépossession. Pour cela il lui faut souvent venir en portant, non pas la paix, mais l’épée.
C’est pourquoi vous auriez bien du mal à trouver des militants de la paix parmi les indigènes Américains où les aborigènes Australiens résistant à la colonisation au XIXe siècle, ou parmi les combattants Algériens de la libération ou les militants antiapartheid du XXe siècle.
Bien sûr, les militants de la paix Israéliens ne soutiennent pas toutes les dures conditions de paix que leurs gouvernements veulent imposer au peuple palestinien (même si certains n’ont pas d’objection à certaines de ces clauses inégales). Mais avec leur définition réductrice de la question comme étant entièrement une affaire de paix, ils acceptent consciemment ou non un point de vue biaisé en faveur des colonisateurs.
Ce point de vue biaisé est incohérent avec l’internationalisme. Aussi les militants autoproclamés de la paix Israéliens ne peuvent pas être de vrais socialistes. Les socialistes Israéliens, Hébreux ou Arabes, combattent le projet sioniste et ses pratiques : colonisation, dépossession, discrimination ; et pour des droits égaux et une libération universelle.
La paix sera un résultat de la libération, pas son point de départ.
7 octobre 2010 - Weekly Worker- Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.cpgb.org.uk/article.php?...
TRaduction de l’anglais : J.P Bouché
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Ceci est notre terre et ceci est notre sang

vendredi 8 octobre 2010 - 07h:06
Reham Alhelsi
Ils sont venus de partout : de Yafa, Haifa, Acca, Nazareth, Um-Il-Fahim. Ils sont venus de partout pour dire aux martyrs : nous n’oublierons jamais, nous poursuivrons le combat.
(JPG)
Ils sont venus par milliers pour dire à l’entité sioniste : nous n’oublierons jamais, nous sommes là pour rester. Ils ont marché par milliers jusqu’aux tombes des martyrs. Ils ont marché par milliers pour dire à leurs enfants : ceci est notre terre et ceci est notre sang.
En ce jour du 1er octobre il y a 10 ans, la lutte palestinienne pour la liberté s’est unie, encore une fois, dans toute la Palestine occupée.
En ce jour du 1er octobre il y a 10 ans, le sang palestinien dans toute la Palestine occupée s’est retrouvé et s’est à nouveau mélangé, encore une fois, à la terre qui est une et entière.
En ce jour du 1er octobre il y a 10 ans, la fermeté palestinienne dans toute la Palestine occupée a rappelé à l’entité sioniste, une fois de plus, qu’il y a un peuple palestinien et qu’il y a une Palestine depuis le fleuve jusqu’à la mer.
En ce jour du 1er octobre 2000, alors que les Palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée, à Jérusalem occupée et dans Gaza occupé se sont dressés comme un seul homme face à la machine à tuer israélienne, se sont dressés comme un seul homme pour lutter pour leurs droits et pour leur liberté, leurs frères et leurs soeurs dans le reste de la Palestine occupée se sont dressés avec eux pour confronter le terrorisme sioniste.
En 2000, après sept années de négociations futiles avec l’entité sioniste, les Palestiniens en ont eu assez. Les Palestiniens étaient assassinés quotidiennement par les sionistes, la Palestine occupée était victime d’un nettoyage ethnique afin de faire de la place pour les colons sionistes venus des USA et de l’Union européenne, la Jérusalem occupée était judaïsée pour effacer toute trace du peuple autochtone qui vivait sur la terre et qui en était le propriétaire, les colonies sionistes sur des terres palestiniennes usurpées se développaient et tuaient la terre, les champs palestiniens étaient détruits pour construire des routes réservées aux seuls juifs au bénéfice de sionistes qui n’avaient aucun droit sur la terre.
En 2000, la situation en Palestine occupée n’était pas très différente de ce qu’elle est aujourd’hui - elle était sur le point d’exploser, la colère palestinienne bouillonnait et la patience palestinienne avait atteint ses limites. Et quand les Palestiniens estiment que cela suffit, ils se révoltent. Le moment était venu pour une deuxième intifada : l’intifada d’ Al Aqsa. Il est vrai que la visite du criminel de guerre Sharon sur le lieu du noble sanctuaire et sa profanation de ce lieu saint ainsi que le massacre qui a suivi, ont été l’étincelle qui a mis le feu à l’intifada, mais ce fut la rage, l’humiliation et l’oppression qui ont fait jaillir cette étincelle qui a bouté un feu qui ne s’éteindra pas.
Chaque jour de l’intifada, Israël a assassiné brutalement de plus en plus de Palestiniens dont le seul crime était leur soif de liberté. Et à mesure que l’entité de la terreur intensifiait sa brutalité contre un peuple sans armes dans les zones palestiniennes occupées en 1967, leurs frères et leurs soeurs dans les zones palestiniennes occupées en 1948 ont lancé un appel pour des marches et des manifestations dans leurs villes et villages afin d’aider leurs frères et soeurs de chair et de sang et protester contre les crimes israéliens.
Et il en fut ainsi : ce jour d’octobre en l’an 2000, très similaire à ce qui se passa pendant la première intifada, des Palestiniens de toute la Palestine occupée, depuis le fleuve jusqu’à la mer, à Jérusalem, Yafa, Haïfa, Bethléem, Gaza, Nazareth, Jenine, Acca, Hébron et ailleurs sont descendus dans la rue. Ils sont descendus dans la rue, dans les villes et les villages et dans les camps de réfugiés de toute la Palestine, se dressant comme un seul homme, marchant comme un seul homme, scandant d’une seule voix : avec notre âme, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour toi ô Palestine.
Et à mesure que les manifestations se propageaient dans toute la Palestine occupée comme un incendie, l’entité sioniste envoyait des milliers de soldats et la police des frontières armés jusqu’aux dents pour confronter un peuple sans armes qui avait soif de liberté, qui voulait une vie sans occupation. L’entité sioniste a envoyé sa machine de mort pour tuer des Palestiniens sans armes qui sont descendus dans les rues pour dire au monde : ça suffit.
Pendant les 10 premiers jours du "Soulèvement d’octobre", des dizaines de Palestiniens ont été assassinés dans toute la Palestine par l’armée d’occupation israélienne, la police des frontières de l’occupation et les colons sionistes. Ceux-ci les ont tués devant leurs maisons, dans leurs rues, dans leurs villes, dans leurs villages et dans les camps de réfugiés. Ils ont été assassinés parce que, Palestiniens, ils ont refusé de plier et d’être traités comme des animaux dans leur propre pays, parce qu’ils ont rejeté l’oppression et la tyrannie, parce qu’ils ont dit « non » à l’occupation.
Et à mesure que les Palestiniens de Jérusalem, Ramallah, Bethléem, Hébron Jenine et ailleurs sont descendus dans les rues pour confronter l’occupant sioniste, Um Il-Fahim, Nazareth, Acca, Haïfa, Sakhnin, Kufr Kanna et d’autres se sont joints à la lutte. Pendant ce « Soulèvement d’octobre », Um IL-Fahim, Nazareth, Jit, Sakhnin, Arrabah, Kufr Manda et Kufr Kanna ont étreint Il-Bireh, Nablus, Talfit, Rafah, Ramallah, Gaza, Al-Am’ari, Balatah, Tal, Jenin, Khan Younis, Al-Bureij, ’Aqbat Jabir, Deir Al-Balah, Tulkarim, Halhul, Al-Maghazi, Nuseirat, Faqqu’a, Jenine, Jabalia, ’Askar, As-Sawahreh, ’Aboud, Hébron, Deir Al-Ghosoun, Beitunia, Bethlehem, Beit Hanina, Salim, Deir Al-Hatab, Bidia, Al-Mazra’a Ash-Sharqiyyah. Pendant ce « Soulèvement d’octobre » pas moins de 70 Palestiniens de toute la Palestine occupée ont été massacrés par l’entité sioniste ; leur sang a réuni la Palestine, leur sang a tracé la carte de la Palestine telle qu’elle était et telle qu’elle devra être à jamais : depuis le fleuve jusqu’à la mer.
Pendant le « Soulèvement d’octobre », 13 Palestiniens des terres palestiniennes occupées en 1948 ont embrassé 57 Palestiniens des terres palestiniennes occupées en 1967 et ont dit à l’entité sioniste que la terreur sioniste aura pour seul effet de rapprocher les Palestiniens. 70 martyrs palestiniens sont devenus un, comme la Palestine l’a été et comme elle le sera à jamais.
En 2000, le boucher Sharon a profané le noble sanctuaire pour signifier aux Palestiniens que la terre appartient aux sionistes. Mais la riposte palestinienne a été rapide : ce sont les Palestiniens qui sont les propriétaires légitimes de la terre et ils ne resteront pas muets alors que Jérusalem se fait usurper. Pendant le « Soulèvement d’octobre », les Palestiniens sont descendus dans les rues comme un seul homme pour défendre Al Aqsa, pour défendre Jérusalem, pour défendre la Palestine.
Ils sont descendus comme un seul homme pour dire à l’entité sioniste : nous sommes un peuple et nous sommes là pour rester. Ils sont descendus comme un seul homme pour dire au monde entier : la Palestine s’étendait et s’étendra toujours du fleuve jusqu’à la mer. Et quand Jérusalem a lancé son appel en 2000, ce furent les Palestiniens qui ont répondu et qui se sont précipités pour défendre le coeur de la Palestine. Un rappel à tous ceux qui prétendent nous représenter et qui bradent nos droits : quand Jérusalem appellera, toute la Palestine répondra. Et à tous ceux qui maudissent l’intifada, ceux qui prétendent qu’elle a détruit le peuple palestinien, je dis : l’intifada nous a coûté cher.
Il y a eu beaucoup de, douleur de souffrance et de vicimes. Mais la vie sous l’occupation et l’oppression n’est pas une vie et la liberté est chère à nos coeurs et un peuple qui recherche la liberté doit en payer le prix. Et à ceux qui continuent à maudire l’intifada, à ceux qui prétendent qu’elle a détruit les « réalisations obtenues » je dis : les seules « réalisations » que vous ayez pu présenter à votre peuple après tant d’années de « négociations » futiles avec l’occupant ont été : plus de massacres, plus de vols de terre, plus de nettoyage ethnique.
Tout comme avec la première intifada, la deuxième n’est pas venue de nulle part, elle a été une réponse aux « réalisations » des « négociations », c’est-à-dire la poursuite de l’occupation et de l’oppression sionistes. À tous ceux qui se plaignent des « intifadas » et veulent continuer la charade des « négociations », c’est-à-dire vendre notre sang et nos droits, je dis : quand nous nous révoltons c’est parce que nous pensons à la Palestine, c’est parce que nous pensons aux générations futures de Palestiniens qui méritent une vie meilleure , qui méritent de vivre dans la liberté et qui méritent une paix juste.
Aujourd’hui, en ce 1er octobre 10 ans après le « Soulèvement d’octobre », l’entité sioniste veut compléter son nettoyage ethnique de la Palestine. Les dirigeants sionistes qui se rendent compte de la force du lien qui unit les Palestiniens dans toute la Palestine veulent briser ce lien. Les dirigeants sionistes savent que leur terreur n’arrivera jamais à effacer l’identité palestinienne de ceux qu’ils appellent « les Arabes d’Israël » parce que ce ne sont pas des « Arabes d’Israël » ; ce sont les Palestiniens de Palestine.
Les dirigeants sionistes savent que peu importe la puissance de leur armée, peu importe la puissance de leurs médias, ils ne pourront jamais effacer la mémoire collective du peuple autochtone de Palestine. Les dirigeants sionistes savent qu’aussi longtemps qu’il y aura un seul Palestinien vivant en Palestine entre le fleuve et la mer, la Palestine vivra à jamais. C’est pourquoi ils appellent au transfert de ce qui reste des Palestiniens autochtones vers les pays voisins.
Le récent appel des dirigeants sionistes pour le transfert des Palestiniens des zones occupées en 1948 n’est qu’une étape vers le nettoyage ethnique complet de toute la Palestine. Mais les dirigeants sionistes et le monde entier devraient se rappeler que le sang palestinien court dans nos veines, que c’est le sang de cette terre. Ils devraient se souvenir que 62 ans de terreur sioniste n’ont pas pu effacer la mémoire et l’identité d’un peuple tout entier. Ils devraient se rappeler les mots des martyrs du « Soulèvement d’octobre » : ceci est ma terre et ceci est mon sang.
Ndlr : dans le document original suit la liste des martyrs.
1er octobre 2010 - Cet article peut être consulté ici :
http://avoicefrompalestine.wordpres...
Traduction : Anne-Marie Goossens
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Colonisation israélienne, vous avez dit moratoire !

publié le vendredi 8 octobre 2010
Sylviane de Wangen

 
Il n’y a pas de moratoire qui tienne. Il faut exercer des pressions sur Israël pour l’obliger à arrêter les constructions d’appartements réservés aux Juifs dans le territoire palestinien occupé avant de harceler le président palestinien pour l’obliger à parler à quelqu’un qui refuse d’être un interlocuteur sérieux.
Un moratoire sur la colonisation israélienne en Palestine (occupée) est arrivé à échéance le 27 septembre dernier et la colonisation a repris. Les jours précédents ont été traversés par une terrible interrogation : la colonisation allait-elle reprendre ? A rythme soutenu ? Modérément ? Le moratoire serait-il reconduit ? La réponse à cette terrible question devait conditionner la poursuite des négociations ! L’important est pour les pays occidentaux de maintenir à tout prix le dialogue entre le Premier ministre israélien et le Président palestinien. Celui-ci, soucieux de ne pas déplaire au Président américain qui lui-même s’efforce de ménager le Premier ministre israélien pour des raisons internes, ne voulait surtout pas apparaître comme responsable de la rupture des négociations et a accepté de s’exprimer au sujet de la poursuite ou non du moratoire, n’exigeant plus qu’une prolongation de ce moratoire et non plus d’un arrêt de la colonisation.
Encore une fois, l’ordre des facteurs est totalement inversé. Il suffit à Israël de faire dévier le débat sur un terrain émotionnel – la sécurité d’Israël, la colère des colons, les pressions subies par le Premier ministre de la part de ses alliés de l’extrême droite – et le monde institutionnel oublie l’essentiel en se tenant prêt à accepter l’inacceptable. On promet des récompenses aux Israéliens s’ils acceptent des concessions (cesser de violer le droit international), et on soumet les Palestiniens à des pressions allant jusqu’à des menaces voilées de sanctions pour qu’ils acceptent de continuer des pourparlers directs avec un interlocuteur qui n’en veut pas. Et, comme d’habitude, grâce à la redoutable machine de guerre de l’information israélienne, les médias, les commentateurs, les politiques du monde entier utilisent la logique et le langage israéliens. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou appelle les colons à la retenue et le Président français trouve que cet appel « va dans le bon sens ».
Qu’en est-il en réalité ? La colonisation n’a jamais cessé, même en Cisjordanie où des « programmes de construction » en cours se sont toujours poursuivis. À Jérusalem-Est – dont l’annexion n’a jamais été reconnue au niveau international – les destructions de maisons palestiniennes et les constructions israéliennes se sont même accélérées à un rythme effréné pendant ce moratoire. Parler d’application d’un moratoire depuis 9 ou 10 mois relève donc, simplement au regard des faits, de la mystification, même si en matière de constructions on peut toujours en faire plus.
Sur un autre registre, celui de la sémantique, le constat n’est pas moins affligeant. Depuis 1967, l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est est dénoncée par l’ensemble de la communauté internationale et les colonies construites en territoire palestinien occupé sont toujours considérées comme illicites par les Nations unies, y compris par son Conseil de sécurité, car elles violent le droit international humanitaire (conventions de Genève de 1949). Par conséquent que signifie un moratoire dans de telles conditions ? Puisque la colonisation est illégale il faut, dans un premier temps, qu’Israël arrête purement et simplement la construction des colonies. Au lieu de cela, on a commencé à parler de « gel » (un gel n’est pas un arrêt définitif mais peut à la rigueur le précéder)... Et, plus récemment, on y a ajouté ou substitué le terme « moratoire », qui implique l’idée d’une reprise. Dans le monde entier on a répété moratoire, moratoire et on a discuté du fait que les constructions allaient reprendre immédiatement ou plus tard ou reprendre modérément dans un premier temps à l’issue d’un compromis.
Voilà donc la stratégie israélienne à l’égard des Palestiniens de nouveau étalée au grand jour de façon transparente sans que cela semble choquer les commentateurs professionnels qui ont été progressivement accoutumés à ces simagrées des pourparlers directs ; on acceptera des négociations qui peuvent durer mille ans comme l’a dit cyniquement avant la conférence de Madrid de 1992 le Premier ministre israélien d’alors, Itzhak Shamir. Mille ans ou en tout cas le temps de créer une situation irréversible à partir de faits accomplis sur le terrain... Telle est la stratégie israélienne. Le monde informé sait cela. Mais il ne faut pas tuer l’espoir. Alors on fait semblant. Pourtant cette stratégie, après de si longues années, n’a jusqu’à présent apporté à Israël ni paix ni sécurité mais de plus en plus d’hostilité dans le monde.
Il n’y a pas de moratoire qui tienne. Il faut exercer des pressions sur Israël pour l’obliger à arrêter les constructions d’appartements réservés aux Juifs dans le territoire palestinien occupé avant de harceler le président palestinien pour l’obliger à parler à quelqu’un qui refuse d’être un interlocuteur sérieux. Cela est valable pour l’ensemble de la communauté internationale, notamment l’Union européenne, les Etats-Unis, et les pays arabes qui se réunissent lundi prochain. Et arrêter la comédie des négociations directes entre deux parties de forces si inégales mais convoquer une conférence internationale qui s’empare de la question. Il n’y a guère d’autre voie pour avancer, du moins si l’on veut vraiment parvenir à une paix réelle dans la région, une paix basée sur le droit, une paix dans la sécurité pour tous, Israël compris, car la colonisation ne doit pas être un sujet de négociations.
publié par Confluences méditerranée

Gel des colonies : Nétanyahou exige des « compensations »

publié le vendredi 8 octobre 2010
Marc Henry

 
Où l’on croit rêver : le colonisateur, qui viole quotidiennement le droit international, demande des "compensations" pour arrêter d’en violer une partie pendant un court laps de temps. Et réclame que soit appliqué l’engagement du néoconservateur Bush d’accepter l’annexion de plus encore de terre palestinienne illégalement occupée et de nier les droits -inscrits dans le droit international et les déclarations des Nations unies- des réfugiés palestiniens (CL).
Benyamin Nétanyahou fait monter les enchères. Le premier ministre israélien réclame que Barack Obama reprenne à son compte la lettre de garanties adressée en 2004 par George Bush à Ariel Sharon. Dans cette missive, le précédent président s’engageait, selon l’interprétation des responsables israéliens, à accepter une future annexion des grands blocs de colonies où vivent la majorité des Israéliens installés en Cisjordanie dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens. De plus, George Bush avait accepté le fait que les réfugiés palestiniens ne pourraient pas retourner en Israël, mais seulement rentrer dans les limites de leur futur État. Deux « cadeaux » de poids que Benyamin Nétanyahou voudrait voir confirmer par Barack Obama. Selon le quotidien Yediot Aharonot, le premier ministre exige cette « compensation » en échange d’une prolongation de deux à trois mois du gel de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie. Or ce dossier est au cœur de toutes les discussions menées en coulisses. Mahmoud Abbas a proclamé qu’il suspendrait toute négociation si la colonisation reprenait de plus belle après un gel de 10 mois, décidé par Benyamin Nétanyahou sous la pression de Barack Obama.
« Paquet cadeau »
Le président américain, qui a fait de la reprise des pourparlers une affaire personnelle, a déjà consenti des « gestes » pour inciter Benyamin Nétanyahou à plus de souplesse. Dans une autre lettre évoquée par les médias israéliens, dont la Maison-Blanche a jusqu’à présent nié l’existence, le président américain s’est dit favorable au maintien d’une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain. Il s’est aussi engagé à imposer un veto américain à toute tentative de condamnation de l’État hébreu à l’ONU tout en promettant de fournir une nouvelle fournée d’armes sophistiquées. Ce « paquet cadeau », comme l’ont qualifié les commentateurs, n’a pas suffi.
Benyamin Nétanyahou n’a en effet qu’une confiance limitée dans le président actuel. « Dans le passé, nous avons obtenu des garanties et des lettres de la part des États-Unis, mais l’Administration actuelle ne les a pas reconnues », rappelle Gilad Erdan, le ministre de l’Environnement, un proche de Benyamin Nétanyahou. Bref, tout le suspense porte sur le prix que Barack Obama est prêt à payer pour obtenir un moratoire de la colonisation et la reprise de négociations qui avaient à peine repris au début de septembre.
En attendant d’en savoir plus, Nétanyahou tente de contrer d’avance l’opposition des « durs » de sa majorité. Il a annoncé un projet de loi contraignant les candidats à la nationalité israélienne à prêter serment d’allégeance à Israël, défini comme un « État juif et démocratique ». Selon les commentateurs, Benyamin Nétanyahou entend ainsi donner des gages à son principal allié et rival, son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.
publié par le Figaro
Intro : C. Léostic, Afps

Le “processus de paix” israélo-palestinien, toujours plus vite !

publié le vendredi 8 octobre 2010
Gilles Paris

 
Pressions et promesses, réunions des puissants, colonisation en plein essor et menace de démission du président palestinien, "où en sont les discussions israélo-palestiniennes ouvertes officiellement le 2 septembre à Washington ? Nulle part ..."
Paul Virilio serait satisfait, l’enchaînement vertigineux des “immédiatetés” du processus de paix israélo-palestinien illustre à merveille ses réflexions sur l’accélération néfaste du temps. En l’occurrence, la séquence est éclairante.
Où en sont les discussions israélo-palestiniennes ouvertes officiellement le 2 septembre à Washington ? Nulle part puisqu’elles sont suspendues à la suite qui sera apportée ou non par Israël à la demande américaine de prolonger de deux mois le gel partiel de la colonisation décrété en novembre 2009 par Benyamin Nétanyahou et qui est arrivé à son terme le 26 septembre. Soit un premier obstacle majeur au bout d’un peu plus de trois semaines, dont il apparaît aujourd’hui que les Etats-Unis, à la manoeuvre dans cet affaire, n’avaient pas la clef avant de se lancer dans cette entreprise. Depuis, les rumeurs israéliennes sur des promesses américaines pleuvent au même rythme que les démentis américains.
L’objectif de cette prolongation voulue par les Américains est d’obtenir dans l’intervalle un accord sur le tracé d’une frontière en Cisjordanie (annexant les blocs parmi les plus importants de colonies proches de la “Ligne verte” de 1949) pour régler en partie ce problème de la construction. Audacieux, se dit-on in petto, au vu des échecs précédents.
Depuis, les principales instances politiques palestiniennes, ainsi que l’opinion publique (si sa mesure a un sens), se sont opposées le 3 octobre à la poursuite de négociations sans prolongation du gel. Côté israélien, le premier ministre n’est pas assuré de disposer d’une majorité pour une telle prolongation. La Ligue arabe va se réunir le vendredi 8 octobre pour soutenir le marché négociations/gel de la colonisation, sans pour autant se prononcer de manière trop catégorique, pour donner encore une chance à Washington [1].
Lancement de négociations mal préparées (ce qui accrédite la thèse d’un enjeu de politique intérieure américaine), entouré d’ambiguïtés destructrices, agendas flous et flottants : on assiste depuis six semaines à un condensé des précédents échecs (Oslo, 1993-2000, Annapolis, 2007-2008). Seul a changé le rythme, effréné.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"
Intro : CL, Afps

L’incroyable machination

publié le vendredi 8 octobre 2010
Denis Sieffert

 
Dix ans après le début de l’affaire concernant la mort du petit Mohammed Al-Dura, Charles Enderlin démonte une à une les accusations de la droite pro-israélienne.
C’est une histoire comme seul sans doute le conflit israélo-palestinien peut en engendrer. Lorsque des femmes et des hommes, les uns cyniques, les autres gavés de propagande, deviennent capables du mensonge le plus fou, en application de cet adage qui défie toute morale : la fin justifie les moyens.
Rappelons brièvement les faits : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim, dans la bande de Gaza, un homme, Jamal Al-Dura, et son fils, Mohammed, sont pris dans une fusillade entre des combattants palestiniens et l’armée israélienne. À plusieurs reprises, ils sont atteints par des balles provenant de la position israélienne. L’enfant succombe dans les bras de son père. Un parmi tant ­d’autres, hélas, puisque 1 273 enfants seront abattus par des soldats israéliens au cours de la dernière décennie [1]. Mais, cette fois, un caméraman est là, qui filme la scène. Il s’appelle Talal Abou-Rameh. Il est le caméraman « historique » du correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin. Mohammed Al-Dura ne sera jamais un anonyme dans les décomptes macabres de fin de journée : il a un nom, une silhouette, un visage. En quelques jours, il devient le symbole de la « barbarie israélienne ».
C’est ce symbole que quelques hommes, agents de désinformation, adeptes de la théorie du complot, tous idéologiquement proches des milieux néoconservateurs américains et israéliens, vont s’efforcer de détruire. S’ensuit une incroyable machination. À l’origine, une officine de désinformation bien connue, destinée à un public français : la Metula News Agency (Mena). Le scénario est l’œuvre d’activistes français qui s’adjoignent les services de pseudo-experts israéliens, dont l’homme qui avait déjà prétendu démontrer qu’Itzhak Rabin avait été victime d’un complot fomenté par Shimon Peres… Et ce scénario est hallucinant : tout ne serait que mise en scène orchestrée par Talal Abou-Rameh, avec la complicité d’Enderlin. Le petit Mohammed aurait joué sa propre mort. Sur ses lèvres, affirment ces « experts » de pacotille, on pouvait lire les consignes qu’il donne lui-même au caméraman. Et les soubresauts de son corps après l’impact de la dernière balle prouvent qu’il n’est pas mort. Il coulerait aujourd’hui des jours heureux en Libye.
Selon une variante, l’enfant serait mort, mais tué délibérément par des Palestiniens. Un « sacrifice humain » en quelque sorte. Qu’importe les dizaines de témoins de la scène, tous ne sont que les complices d’une gigantesque mise en scène. L’histoire aurait pu s’arrêter là, circonscrite à une poignée de fanatiques. Mais, en vérité, elle ne fait que commencer. Et c’est ici que le livre d’Enderlin devient passionnant, lorsqu’il raconte comment, par ­cercles concentriques, les réseaux de cette extrême droite pro-israélienne vont parvenir à diffuser leur énormité dans des médias grand public : une chaîne de télévision allemande, le Los Angeles Times, le Wall Street Journal. Chaque fois, il suffit d’un relais bien placé pour que la thèse du complot soit reprise ou, à tout le moins, le doute subtilement instillé sur l’authenticité des faits. Des personnalités « médiatiques », comme le président du Crif, Richard Prasquier, le philosophe Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff ­– qui voit pourtant des « complots » partout – mais aussi des journalistes comme Clément Weill-Raynal (France 3), Élisabeth Lévy et l’inévitable Daniel Leconte (Arte) [2], qui ira jusqu’à demander la tête d’Enderlin dans le bureau d’Arlette Chabot, alors directrice de l’information de France 2, jouent les procureurs.
Le livre de Charles Enderlin retrace par le menu les persécutions dont il a été la cible, avec les siens. Il reprend les faits un à un. Il a appris à ses dépens que les arguments les plus fous ­doivent être réfutés avant qu’à force de se répandre ils finissent par prendre consistance.
Dix ans après les faits, l’offensive se poursuit. En lisant le récit serré et rigoureux d’Enderlin, on est parfois pris de vertige. Comment certains, qui avaient dénoncé avec une juste indignation les théories du complot qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, ont-ils pu succomber à la même folie ? Et quelle crédibilité professionnelle peuvent encore revendiquer ces journalistes qui ont cyniquement prêté la main à l’opération ? Dieu merci, des personnalités comme Élisabeth Schemla et quelques autres ont su garder raison, et la direction de France 2 n’a jamais lâché son journaliste. L’une des leçons de cette affaire, c’est que cette camarilla de la droite pro-israélienne est finalement plus redoutable en France ou aux États-Unis qu’en Israël même. Jamais, ni les gouvernements Sharon, Livni ou Olmert, ni l’état-major de l’armée, ni le Shin Beth (la sécurité intérieure) n’ont repris à leur compte les thèses qui se sont propagées en France. Ni Talal Abou-Rameh ni Enderlin n’ont jamais été contestés professionnellement par les autorités israéliennes. Le livre du correspondant de France 2 illustre certes la difficulté d’informer sur le confit israélo-palestinien. Il est, plus encore, le récit d’une hallucinante entreprise de désinformation.
[1] Palestinian Center for Human Rights, entre le 29 septembre 2000 et le 30 juillet 2010.
[2] Celui-ci vient une nouvelle fois d’être accusé de bidonnage pour un reportage diffusé le 29 septembre sur Arte (« la Cité des mâles »). Voir Politis n° 1119.