jeudi 28 octobre 2010

Une loi et une seule, tant pour les terroristes juifs que pour les terroristes palestiniens

publié le mercredi 27 octobre 2010.
http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/one-law-for-palestinian-and-jewish-terrorists-alike-1.321189


Les dégâts en cours dans les oliveraies et la perturbation du travail des cueilleurs mettent à mal les moyens d’existence de milliers de familles palestiniennes. Un état qui respecte l’autorité de la loi ne peut pas les abandonner à des extrémistes dont le but est de déposséder leurs voisins de leurs terres.
Éditorial d’Haaretz
Traduction : M.C.
26.10.10
Depuis quelques années, le début de la récolte des olives annuelle est le signal pour un déferlement de violence contre les agriculteurs palestiniens par des groupes de colons voyous. Au cours de ces derniers jours, des militants des droits de l’homme —qui, comme ils le font chaque année, se sont mobilisés pour protéger les cueilleurs et dissuader les criminels— ont signalé d’innombrables incidents : champs incendiés, arbres abattus à la hache, olives volées, outils vandalisés et même attaques physiques d’agriculteurs. Ces incidents viennent s’ajouter à une longue liste de crimes, dont des incendies de mosquées incendiées et des profanations de tombes, euphémiquement appelés [par les colons] "opérations ’prix à payer’ ". Il y a également, dit-on, quelques champs de colons qui sont vandalisés.
Il y a quatre ans, la Haute Cour a signifié que le commandant militaire des territoires et ses agents —soldats de Tsahal, gardes frontière et policiers classiques— ont obligation d’assurer la sécurité des agriculteurs palestiniens tant quand ils se dirigent vers leurs champs que quand ils y sont au travail. Plus précisément, ont dit les juges, le commandant militaire doit assigner des forces à la protection des biens des agriculteurs. La Cour a rejeté la tactique de l’armée qui consiste à déclarer certains secteurs "zones militaires fermées" afin de protéger les Palestiniens de la violence des colons. Néanmoins, Tsahal limite la récolte à certaines heures en disant qu’elle n’a pas assez d’hommes pour assurer une protection à temps plein.
La police s’est aussi avérée impuissante à appliquer la loi contre les vandales juifs. Les statistiques compilées par l’organisation Yesh Din montrent que plus de 90% des enquêtes ouvertes par l’unité Shai (Cisjordanie) de la police sur les crimes commis par des Juifs contre des Palestiniens ont été classées sous des prétextes tels que "manque de preuves" ou "auteur inconnu". Le message ainsi envoyé aux criminels est qu’ils peuvent continuer à se déchaîner sans relâche ni entrave et sans craindre la loi.
Les dégâts en cours dans les oliveraies et la perturbation du travail des cueilleurs mettent à mal les moyens d’existence de milliers de familles palestiniennes. Un état qui respecte l’autorité de la loi ne peut pas les abandonner à des extrémistes dont le but est de déposséder leurs voisins de leurs terres.
Le gouvernement, à commencer par les plus hauts dirigeants, doit être parfaitement clair avec les forces de sécurité et leur expliquer que tant qu’Israël contrôle la Cisjordanie, il a la responsabilité de veiller sur tous les habitants de la région, —et qu’il ne doit y avoir qu’une loi et une seule, tant pour les terroristes juifs que pour les terroristes palestiniens.
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À l’intérieur des ghettos de Lod

Palestine Monitor
publié le mercredi 27 octobre 2010.
http://www.palestinemonitor.org/spi...
Traduction M.C.
24 octobre 2010
Lod est la première ville que voient la plupart des gens qui visitent Israël quand ils sortent de l’aéroport Ben Gurion International. Ce qu’ils ne voient pas, c’est le nettoyage ethnique discret qui y est en cours, les mesures discriminatoires approuvées par l’état qui sont en train de détruire les conditions de vie de la population arabe de la ville. Le nouveau serment d’allégeance étant sur le point d’approfondir la fracture, Sophie Crowe s’est rendue dans des communautés auxquelles on rappelle déjà quotidiennement leur statut de seconde classe.
"Les Arabes ne sont pas du tout en sécurité ici", dit Omar Azbarka, président d’une organisation arabe de jeunes au Collège Sapir de Lod, dans un quartier totalement ségrégué de la population juive. Gabi, un habitant de Lod qui travaille pour l’Office des citoyens arabes et le parti arabe Tajamoa à la Knesset, estime que sa famille ne vit pas dans la sécurité à Lod.
On a laissé la délinquance se développer dans les quartiers arabes sans que la police s’en mêle. Le premier ministre Benjamin Netanyahu est venu à Lod la semaine dernière et a affirmé qu’il voulait y désarmer les gangs, mais ce genre de déclaration est rarement suivi d’actes. Les autorités israéliennes se sont fait un plaisir de laisser les communautés se détériorer en marge.
Dans le cadre d’une politique de confinement, on refuse aux Arabes le permis de construire sur leurs propres terres, et, si la police décide qu’elles sont illégales, on détruit systématiquement leurs maisons. Al-Mahata a essentiellement été une banlieue bédouine de Lod jusqu’à ce que l’état déclare que les maisons étaient vétustes et devaient être démolies. Ce quartier a été ensuite transformé en appartements neufs et attribué à des Juifs. Les habitants bédouins ont reçu un peu d’argent et ont été transférés vers le quartier délabré de Nevej Shalom. Le gouvernement local a entouré leurs propriétés de gros rochers pour être sûr qu’ils ne puissent pas agrandir et construire davantage de maisons.
Transférer les Arabes loin de chez eux et loin des zones juives fait partie du projet de judaïsation des autorités, pour lesquelles la minorité arabe est un obstacle. La présence de communautés arabes dissuadant beaucoup de Juifs de venir s’y installer, l’état a décidé de mesures pour les inciter à migrer vers Lod, dans des logements neufs et bon marché. Un mur de séparation de trois mètres de haut a été construit pour assurer la ségrégation des habitants arabes de Shanir, autre ghetto arabe, par rapport à la ville juive voisine. Des organisations comme le Fonds National Juif et l’Agence Juive, dont le but est de s’approprier et d’aménager des terres en Israël au profit des seuls Juifs, participent officiellement un rôle à l’urbanisme et à l’aménagement israéliens. Leur position n’est rien d’autre que de la discrimination approuvée par l’état.
On peut constater les effets de leur politique à Al Sikkeh, banlieue arabe qui est l’un des ghettos de Lod les plus déshérités et négligés. Al Sikkeh se voit refuser les services municipaux les plus élémentaires comme la collecte des ordures, l’électricité et l’éclairage urbain. Les eaux usées s’y écoulent dans les rues, à ciel ouvert.
Les quartiers Juifs voisins sont neufs et confortables : les routes sont bordées d’arbres, les habitants ont droit à de bonnes écoles et à des centres communautaires. Les Arabes ne sont pas autorisés par la municipalité à acheter des appartements dans ces quartiers. Quand le frère de Gabi a voulu emménager dans l’un de ces quartiers, il lui a fallu aller en justice à Jérusalem. Une fois gagné le droit d’y vivre, il a eu sa maison caillassée par ses voisins juifs. Gabi a le sentiment que "la discrimination ethnique exacerbe les souffrances arabes" au moyen de la politique de l’état envers les minorités.
Maha El Nakib Shaqledy travaille pour un parti arabe de la Knesset et participe à la vie militante de Lod. Elle affirme que, de peur de perdre leurs clients juifs, les hommes d’affaires et les commerçants ne peuvent pas manifester leur désapprobation quand il y a des périodes de tension entre Israël et les Palestiniens des Territoires Occupés comme l’attaque sur la bande de Gaza en 2009. Il est rare que les Juifs embauchent des Arabes, et il est difficile pour les Arabes d’acheter des propriétés où installer un(e) entreprise/commerce, ce qui réduit leurs chances de [développement] économique. Maha affirme que la municipalité opprime activement les Arabes en faisant tout pour les écraser par des méthodes économiques et sociales. L’état a déplacé le centre financier de Lod, qui était dans un quartier arabe, le laissant ainsi pratiquement sans aucun service.
Buthaina travaille pour Shatil, groupe de défense des droits des minorités. "Lod est un microcosme de la situation des Arabes en Israël", dit-elle. Officiellement, les Arabes israéliens sont citoyens à part entière, même si dans la pratique, ils sont objets de discrimination aussi bien au niveau de l’état que de la société. Quand les Arabes protestent auprès de la municipalité, on leur assène qu’étant donné que la plupart des maisons arabes est considérée comme illégale, "ils ne peuvent prétendre aux services municipaux".. Les partis arabes de la Knesset essaient d’aider à améliorer la situation des Arabes de Lod et d’ailleurs en intensifiant [leur campagne de] sensibilisation, mais en fin de compte, dit Buthaina, ils n’ont pas de pouvoir dans "une Knesset fasciste".
Tout en haut, on promulgue des lois qui tiennent à genoux les communautés comme celle de Lod. Il doit sembler amèrement ironique aux Arabes israéliens qu’alors même qu’on leur demande de prêter allégeance à l’état, celui-ci les pousse de force dans le caniveau.
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Financement politique de la droite sioniste : liste de millionnaires étrangers sollicités par Netanyahou

Mercredi 27 Octobre 2010 
Une liste des donateurs potentiels pour financer la campagne de 2007 de Netanyahou témoigne d’une véritable industrie du financement politique de la droite dure israélienne aux US. On retrouve sur cette liste des personnalités d’extrême droite, mais aussi des gens ayant eu des démêlés avec la Justice.
Financement Politique De La Droite Sioniste : Liste De Millionnaires Etrangers Sollicités Par Netanyahou
Le quotidien israélien à grand tirage, Yedihot Ahronoth a publié vendredi une liste de donateurs potentiels pour financer la campagne pour le poste de premier ministre de Benjamin Netanyahou.
L’un des documents publiés inclus des commentaires écrits de la main même de Netanyahou et fournit un aperçu d’une véritable industrie du financement politique de Netanyahou aux US.
Netanyahou à l’époque dans l’opposition a lui-même barré le nom des personnes qui, pensait-il, ne lui ferait aucune donation pour les primaires du Likud le parti qu’il dirige. Il a divisé les autres donateurs potentiels en 4 catégories selon qu’il estimait « que cela valait la peine » ou non de les contacter.
Le premier groupe comprend les étrangers qu’il faut contacter, et seul un nom - celui d’une personne qui ne fait pas de don à la droite- a été barré par Netanyahou. Les chiffres 3 et 4 ont été inscrits en marge de noms de millionnaires avec une petite chance d’en obtenir des dons.
Netanyahou ne semble pas être apprécié par les millionnaires israéliens car aucun n’a donné pour les primaires. Par contre il a bénéficié de dons d’Américains, de quelques Britanniques mais aussi de Français, dont des personnes classées à l’extrême droite et des gens ayant eu des démêlés avec la Justice.
On estime que les fonds obtenus par Netanyahou sont à 98% d’origine étrangère.
Autrement dit le régime sioniste a à sa tête un premier ministre financé par des Sionistes de l’étranger principalement des Etats Unis.
L’un des hommes inscrit sur la liste des donateurs, Kenneth S. Abramowitz, est un ardent défenseur du « Grand Israël » convaincu que toute négociation avec les Palestiniens est futile que l’administration Obama sera « jetée dehors », et que le groupe américain pro sioniste modéré J.Street a besoin de « soins psychiatriques ».
Netanyahou affirme préférer collecter des fonds à l’étranger pour éviter « tout conflit d’intérêt ».
Une chose est sûre Israël qui affirme être une « démocratie » a depuis longtemps - que ce soit avec Netanyahou ou d’autres responsables politiques - adopté les méthodes de financement des campagnes électorales américaines qui foulent au pied la démocratie et font que le pouvoir politique tombe entre les mains des plus « offrants » des Lobbys dont le très riche Lobby Sioniste américain AIPAC qui dicte sa politique étrangère au Congrès américain.
Netanyahou et les Médias
Sur cette liste on trouve le nom de Rupert Murdoch classé en 2006 88 ème plus grande fortune mondiale, à la tête de l’un des plus grands groupes médiatiques mondial News Corporation comprenant de nombreux sites internet, un grand nombre de journaux tels le New York Post, le Wall Street Journal aux US, The Times en Grande Bretagne, un réseau de chaînes TV dont Fox News. Les 175 journaux de Murdoch publiés à travers le monde ont tous soutenu la guerre en Afghanistan et en Irak et déverse leur propagande incessante pour une attaque contre l’Iran. Murdoch est également propriétaire du site de socialisation « My Space » Il est proche des Républicains et néoconservateurs et offre médiatiquement une tribune non stop aux positions et propagande extrémistes Sionistes dont celles de Netanyahou.
Autre personnalité médiatique figurant sur cette liste : Haim Saban.
Producteur de programmes TV, à la tête de Saban Capital Group spécialisé dans les médias, industries des divertissements et communications. Surnommé « the Influencer » par le magazine américain le « New Yorker ». C’est aussi le bénéficiaire de la plus grosse transaction financière de l’histoire d’Hollywood, puisqu’il a touché 1 milliard et demi de dollars sur la vente de ses parts de Fox Family Worldwide, joint-venture qu’il détenait avec Rupert Murdoch- le tout-puissant patron de News Corp cité plus haut - au groupe Disney. Son agenda est politique aussi bien qu’économique. Sa stratégie pour influer sur la politique américaine ? Donner de l’argent aux partis politiques, créer des think tanks et contrôler certains canaux médiatiques. Haim Saban est en effet un des mécènes les plus importants surtout du Parti démocrate américain et un inconditionnel soutien d’Israël.
En 2002, il donne 7 millions de dollars aux Démocrates pour la construction du nouveau siège du Democratic National Committee. Il crée aussi le Saban Center for Middle East Policy, think-tank pro-israélien consacré à l’analyse de la politique américaine au Moyen-Orient et hébergé par la prestigieuse Brookings Institution. Il défend la cause d’Israël auprès des hommes politiques américains, à commencer par ses proches, Hillary et Bill Clinton. La position « plus réservée » de Barack Obama a failli l’inciter à soutenir John McCain aux élections américaines de 2008. Qu’il figure sur la liste de Netanyahou n’est donc pas surprenant même si le chiffre 4 (petite chance de financement) figure à côte de son nom.
Haim Saban est confronté à des déboires judiciaires qui l'opposent actuellement à son ancien avocat et homme de confiance, Matthew Krane. Les deux hommes se livrent une bataille judiciaire sans merci depuis que l’Etat américain soupçonne Saban d’évasion fiscale et enquête sur des montages financiers établis dans des paradis fiscaux offshore par Krane.
Myriam Abraham

Al-Assad: Nous refusons tout ce qui est contraire à nos intérêts

27 Oct 2010
Damas /   Le président Bachar al-Assad a affirmé que la Syrie ne dit oui qu'en ce qui répond à ses intérêts, affirmant que les positions claires de la Syrie à l'égard des questions palestinienne, libanaise, irakienne et de la résistance n'est pas au gré ce certaines puissance.
Le président al-Assad a ajouté que la décision la plus marquante prise par la Syrie durant la période écoulée, précisément après l'invasion américaine de l'Irak, était le refus des diktats américains et l'affrontement de tout ceux qui se tiennent contre ses intérêt sans exception.
"L'obstacle qui entrave le retour à des relations quasi normales entre la Syrie et les Etats-Unis est le refus par la Syrie de dire "oui" à n'importe quelle partie, les Etats-Unis inclus, si on n'en était pas convaincu", a précisé le président al-Assad, dans un entretien accordé u journal arabophone paraissant à Londres.
Questionné s'il y a de nouveau dans les relations syro-américaines, le président al-Assad a souligné qu'il n'y a rien sur le terrain et que le seul nouveau est qu'on n'entend plus la langue de diktat.
"Nous ne voyons encore rien de sérieux, mais il existe une tentative de sonder le terrain en ce qui concerne la question de la paix", a poursuivi le président al-Assad.
Répondant à une autre question sur une coopération sécuritaire entre la Syrie et les Etats-Unis, le président al-Assad a assuré l'inexistence toute coopération à ce sujet, soulignant que la coopération est arrêtée depuis 2005, la Syrie l'ayant lié à l'amélioration des relations entre les deux pays.
'"Nous avons dit aux Etats-Unis qu'il est impossible de nouer une coopération sécuritaire sans une bonne coopération politique", a expliqué le président al-Assad qui a indiqué à cet effet que le retour de l'ambassadeur des Etats-Unis à Damas n'est pas important dans cette question car l'ambassadeur des Etats-Unis les concerne et il sert leurs propres intérêts, et son absence ne nuit pas à la Syrie qui a, elle, son ambassadeur aux Etats-Unis.
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A la question de savoir si la Syrie est décu du président Barak Obama, le président al-Assad a répondu par le négatif. "Obama en fin du compte est une personne, et aux Etats-Unis existent des institutions, des Lobbies et un Congrès, c'est-à-dire différentes parties. Obama cherche à présent à faire des accomplissements au moins sur le plan de la paix, mais seul et sans le soutien des autres institutions il est incapable de faire grande chose", fait noter le président al-Assad.
Questionné si la rupture entre la Turquie et Israël a dérangé la Syrie, le président al-Assad a répondu que "non" car Israël, avec l'arrivée du dernier gouvernement l'année dernière, a lancé une campagne auprès des pays concernés ou intéressés, dont notamment l'Europe et évidement les Etats-Unis, pour leur expliquer et les convaincre de l'inutilité du rôle turc dans le processus de paix.
"Le gouvernement israélien a œuvré dès le début à saper le rôle turc, et l'attaque contre la flottille de la liberté a atteint ce but en portant un coup au rôle turc. Israël n'aurait jamais accepté un rôle turc car son gouvernement est incapable et n'est pas prêt pour la paix; alors comment un rôle turc peut exister sans un partenaire israélien", a indiqué le président al-Assad.
Questionné sur la réconciliation palestinienne, le président al-Assad a fait noter que toute réalisation tangible à cet effet est lié à la soumission de toutes les parties palestiniennes aux intérêts et non aux influences étrangères.
"Quant les Palestiniens décident de se réconcilier et de transformer leur dossier en dossier interpalestinien et non régional ou internationale, la réconciliation pourrait se réaliser", a précisé le président al-Assad.
En ce qui concerne la préoccupation de la Syrie devant les problèmes au Yémen et au Soudan, et le retour d'al-Qaïda en Irak, le président al-Assad a affirmé qu'al-Qaïda est un résultat et non une cause et qu'elle n'est pas une organisation solide. "Al-Qaïda est en effet une pensée à laquelle on a donné un nom", a dit le président al-Assad, qui a affirmé que la préoccupation de la Syrie est en effet porté au vide, à la frustration, à la faiblesse du développement, aux fautes politiques, au vide politique et à la fausse prestation politique qui eux ont amené à ce résultat.
Quant à la tentative d'al-Qaïda de porter ses activités en Syrie, le président al-Assad a affirmé qu'al-Qaïda est partout sur la scène arabe et islamique, y compris la Syrie. "Il se peut qu'elle soit répandu géographiquement mais non populairement, or les gens sont conscients, au moins en Syrie", a-t-il affirmé, poursuivant que les opérations avortées en Syrie ont prouvé qu'al-Qaïda a son activité dans les pays voisins, notamment en Irak et au Liban.
Questionné si le président yéménite avait demandé à la Syrie quelque chose en ce qui concerne les Houthis ou la question yéménite, le président al-Assad a affirmé que la Syrie n'avait pas intervenu dans cette question, qu'il y avait eu des consultations avec le président yéménite sur la situation mais aucune aide de la Syrie n'était en question.
Le président al-Assad a réaffirmé, à cet effet, que la Syrie est pour l'unité du Yémen, pour la correction des fautes si elles existent, mais non pour le torpillage des accomplissements.
Questionné sur la plus difficile décision qu'il avait prise depuis son accession au pouvoir, le président al-Assad a corrigé qu'on ne parle pas d'une décision difficile mais d'une décision importante, ajoutant que la plus importante décision prise était de dire "non" au plan américain d'après 11 septembre.
Le président al-Assad a précisé que la Syrie avait pris une série de décisions à cet effet pour refuser toute soumission, partant de son refus d'aider les Etats-Unis dans ses préparatifs de guerre contre l'Irak, passant à sa décision de sortir du Liban, et son refus de fermer les bureau de la résistance palestinienne à Damas et d'expulser ses leaders, jusqu'à son refus d'expulser Hamas de la Syrie.
"Nous avons pris des décisions, et ils ne les avaient pas compris. Ils ont décidé que la bataille est inévitable, et alors nous avons choisi l'affrontement et c'était la plus importante décision", a dit le président al-Assad qui a ajouté que nous avons décidé d'affronter tout ce qui s'oppose à nos intérêts sans exception.
Questionné sur la prise par la Syrie d'une décision d'avorter l'invasion américaine de l'Irak, le président al-Assad a affirmé qu'il était évident que nous soyons contre l'occupation car nous étions déjà contre l'invasion, et pour nous les forces américaines sont nommées jusqu'à présent des forces d'occupation et non pas des forces étrangères.
A la question de savoir quel était le moment le plus difficile pour la Syrie, le président al-Assad a souligné que les moments difficiles sont les intervalles entre des batailles. "Ce ne sont pas les moments de pression qui sont les plus difficiles parce qu'alors vous sauriez à quoi vous en tenir; les objectifs seraient alors clairs pour celui qui pourrait les voir bien sûr; vous auriez alors un combat à engager, ou vous l'emporterez ou vous la perdrez", a expliqué le président al-Assad, affirmant que la Syrie n'attend pas un moment précis pour agir et que l'activité politique syrienne va bon train. "Nous ne voyons pas que l'attente est un état sain, elle est plutôt un cas négatif bien que parfois il se présente comme le moindre mal", a-t-il poursuivi.
Questionné s'il avait reçu des confirmations du Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki sur le respect de l'unité, de l'arabité et de l'indépendance de l'Irak et la marginalisation des forces séparatistes dans ce pays, le président al-Assad a affirmé que ces principes étaient présents à chaque rencontre avec les fores irakiennes et que toutes ces forces y tenaient le même langage.
Au sujet de la vision stratégique de la transformation de la Syrie en point de rencontre des lignes de pétrole, de gaz et de transport entre les cinq mers /Rouge, Méditerranée, Noir, Caspienne et Golfe arabe/, le président al-Assad a commencé par rectifier: "Dire que la Syrie en sera le centre, c'est exagérer la chose; où en est alors l'Irak, la Turquie, la Jordanie. Moi j'ai parlé de la région, la Syrie n'en est qu'une partie".
Le président al-Assad de poursuivre: "Ce qui s'était réalisé tout d'abord dans ce sens c'était la connexion électrique, le gaz est également est devenu présent à travers la ligne Egypte-Jordanie-Syrie, une ligne en voie d'achèvement avec la Turquie qui ferait partie de la ligne allant vers l'Azebaïdjan, et des propos en cours sur une ligne Iran-Turquie-Syrie".
A propos de ses relations avec le président libanais Michel Slaymane, le président al-Assad les a qualifié de très bonnes. "Nous nous communiquons régulièrement par téléphone et notre coordination est permanente".
A la question de savoir si la Syrie entendait que ses relations avec les parties libanaises soient ou blanches ou noires, le président al-Assad a dit que certains définissent le tactique en zone gris; "pour nous l'important est que les principes ne soient pas gris, il faut nécessairement qu'ils soient clairs. Les positions du président Slaymane sont claires au sujet de la résistance et de l'unité du Liban, tels principes ne doivent pas être gris", a-t-il insisté.
Au sujet de ses visites aux pays voisins et de la ranimation des relations historiques avec d'autres pays, le président al-Assad a commencé par dire l'extrême importance de l'établissement de bonnes relations avec les pays voisins, "vous n'auriez aucun intérêt à avoir des problèmes avec vos voisins", a-t-il indiqué, poursuivant: "quand on parle des cinq mers, tous ces mers ne sont pas du voisinages, il est important d'avoir de bonnes relations avec leurs pays".
"Il est important d'établir des alliances politiques au niveau du monde, et c'était dans ce sens notre orientation vers l'Amérique du Sud; et aujourd'hui la Chine envisage une ligne ferroviaire en direction de l'Iran", a ajouté le président al-Assad soulignant que l'étape prochain doit être l'Afrique.
Et à propos du sentiment de certains pays européens que la Syrie leur tourne le dos et qu'elle n'est plus intéressée de ses relations avec les pays européens donnant pour exemple la question de l'association syro-européenne, le président al-Assad a affirmé que ce n'est qu'un sentiment or la Syrie était toujours intéressé à ses relations avec l'Europe. "La question est que nous étendons nos relations avec d'autres pays dans d'autres régions, dont certains sont des puissances économiques montantes tels que la Chine et l'Inde avec lesquels nous avions des relations historiques, la chose qu'ils expliquent comme étant au détriment de nos relations avec eux", a précisé le président al-Assad, rappelant que la partie européenne s'était isolée elle-même de la région, "c'est elle qui a affaiblit sa position dans la région", a-t-il fait noter.
Enfin, et à une question se rapportant au prochain Congrès du Parti Baas Arabe Socialiste, le président al-Assad a fait savoir que le succès de ce Congrès dépend du succès des élections qui le précèderaient. "A l'étape dernière il y avait eu de fortes critiques sur le mécanisme des élections partisanes qui engendre des résultats ne représentant pas en effet la volonté et les espérances des bases du Parti. C'est cette question qui est à l'étude car enfin c'est le Congrès qui prend la décision au nom des bases partisanes, et il faut y faire parvenir les meilleures personnes.    L.A. / Gh.H.
Hier, et dans la 1ère partie de l'interview, le président Bachar al-Assad a indiqué que les relations entre les pays arabes exigent une coordination dans les différents domaines, précisant qu'on est actuellement devant un nouveau Moyen-Orient où la conscience populaire s'accroît et s'attache à la résistance en tant que droit pour défendre les patries et les droits.
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Le président al-Assad a exprimé l'espoir qu'un gouvernement national groupant toutes les forces soit formé, dans les plus brefs délais, en Irak, un gouvernement qui sera capable de sauvegarder l'unité et la stabilité de l'Irak, établira de bonnes relations avec les pays voisins et qui cessera de compter sur la présence américaine pour en finir définitivement avec cette présence
Le président al-Assad a mis en garde contre le vide en Irak, affirmant que toute journée de vide sera payée cher avec le temps.
Il a indiqué que la Syrie se tient à la même distance de toutes les parties irakiennes et contre toutes les forces séparatistes.
A propos des prévisions de la Syrie à l'égard de la formation prochainement du gouvernement irakien, le président al-Assad a affirmé qu'il ne peut pas prévoir mais qu'il souhaite que le nouveau gouvernement visse le jour prochainement. "Du moment de la fin des élections nous avions l'intention d'établir des bonnes relations avec toutes les parties irakiennes, or si nous voulions aider les Irakiens, en cas où ils le voudraient, nous devons avoir une bonne relation avec toutes les parties", a précisé le président al-Assad.
Le président al-Assad a indiqué que selon les expériences pendant les dernières décennies, le champ où existaient des Américains passe à l'anarchie. "Est-ce que la situation en Afghanistan, par exemple, est stable, ou bien en Somalie était-t-elle stable quand les Américaines intervenaient, est-ce qu'ils avaient apporté la stabilité au Liban en 1983, "tout lieu où ils étaient présents ils y créaient l'anarchie", a-t-il expliqué.
Le président al-Assad a souligné l'existence d'un grand nombre de signes positifs pour l'avenir de l'Irak sous réserve de l'aider et qu'il ait la volonté, à tous les niveaux, pour empêcher le confessionnalisme et pour penser toujours à réduire le rôle des forces d'occupation jusqu'à leur retrait pour ouvrir de bonnes relations avec les pays voisins.
A l'égard de l'impression arabe que l'Irak a perdu son immunité en tant qu'Etat devant le rôle iranien, le président al-Assad a répondu: Quand notre rôle, en tant qu'Arabes, s'absente, il n'est pas permis de critiquer la présence des autres rôles; "de l'autre côté, est-ce que le rôle iranien est un problème et le rôle américain ne l'est pas?, s'est-il interrogé, avant de poursuivre que tout rôle étranger en Irak est une question non positive, que le rôle principal devrait être le rôle de l'Irak qui doit lui-même essayer d'assumer ce rôle.
Il a précisé que la faiblesse du rôle arabe permet aux autres d'intervenir dans les causes arabes. "Les Arabes doivent critiquer leur absence avant de critiquer les autres rôles", a-t-il indiqué.
Le président al-Assad a, en outre, affirmé avoir convenu avec Nouri al-Maliki d'établir de bonnes relations entre la Syrie et l'Irak et de tourner la page du passé.
Sur l'existence d'un désir syrien et turc d'affaiblir le rôle des kurdes en Irak, le président al-Assad a nié l'existence d'un tel désir, affirmant notamment : "Nous sommes contre toutes les forces séparatistes en Irak de quelle tendance qu'elles soient; nous somme contre l'effritement de l'Irak, notre inquiétude essentielle, après l'invasion, est portée sur l'unité de l'Irak, l'unité et l'arabité irakiennes et tous les autres sont des sous-titres ou des détails. Si on n'est pas parvenu à la résolution de ces deux titres rien ne sera réglé. Nous nous tenons contre toute pensée séparatiste, à travers tout ce que nous faisons avec la Turquie et l'Iran", a-t-il insisté.
Questionnée si l'insistance sur l'arabité de l'Irak crée certaine difficulté dans le traitement avec le rôle iranien, le président al-Assad a affirmé l'inexistence de tel problème. "S'il y aurait un problème pour l'Iran avec l'Arabité de l'Irak il y aurait alors un problème entre la Syrie et l'Iran", a fait noter le président al-Assad, réitérant que le problème en Irak est l'absence du rôle arabe.
A propos des relations syro-libanaises au niveau officiel, le président al-Assad a indiqué qu'elles suivent le bon chemin mais qu'elles ont besoin de plus de développement, exprimant l'inquiétude de la Syrie à l'égard de la situation au Liban et appelant toutes les forces politiques au dialogue et aux contacts permanents.
Le président al-Assad a affirmé que la position de la Syrie à l'égard de la résistance est indiscutable et que toute rencontre doit avoir comme base l'attitude à l'égard de la résistance.
Le président al-Assad a ajouté que le dialogue syrien avec l'Iran et la Turquie était très facile étant émanant d'idées logiques en dépit de la différence des coins géographiques.
A propos de l'établissement de bonnes relations entre la Syrie, l'Iran et la Turquie, et l'absence de telles relations avec l'Egypte, le président al-Assad a affirmé qu'il est anormale de voir ainsi la relation arabo-arabe mais il paraît que la relation arabo-arabe est plus difficile que la relation arabe avec les non Arabes, cela n'est pas normal et nous le reconnaissons.
Interrogé sur la relation syro – égyptienne, le président al-Assad a répondu: "Ce n'est pas nouveau que nous aillons des différences politiques. La Syrie, par exemple, était contre Camp David et nous n'avons point changé d'avis". "En fait en Syrie, nous faisons la distinction entre la relation personnelle et les relations entre les deux pays et nous séparons les relations politiques des relations économiques", a indiqué le président al-Assad, faisant état des visites réciproques entre les ministres des deux pays et la réunion du comité mixte. "Quant au niveau politique, il y a de grandes différences entre les avis des deux pays, en Syrie nous n'avons aucun problème, alors que peut être certains ministres en Egypte ont des problèmes et je ne peux pas donner de réponse à leur place", a-t-il indiqué.
Questionné s'il existe des efforts saoudiens pour l'amélioration des relations syro–égyptiennes, le président al-Assad a souligné qu'il y avait eu une tentative claire dans ce sens lors de sa rencontre avec l'émir du Koweït, le président Moubarak et le roi Abdallah Ben Abdel Aziz dans le cadre d'un sommet quadripartite à Riyad, après quoi il n'y avait aucune autre tentative.
Interrogé aussi si le problème des relations syro–égyptiennes a rapport avec le Liban ou la réconciliation interpalestinienne, le président al-Assad a répondu par le négatif : "Nous ne savons pas quel est le problème; au fait il faut demander à l'Egypte qu'est ce qu'elle veut de la Syrie", a–t-il dit, faisant remarquer que le relance de la relation syro–égyptienne a besoin de certaines initiatives nécessaires dans les relations politiques et diplomatiques même si elles semblent parfois formelles.
En ce qui concerne le dernier sommet avec le souverain saoudien et s'il avait pour objectif de se rassurer quant à la situation au Liban, le président al-Assad a répondu aussi par le négatif, expliquant que le titre principal de ce sommet était la question irakienne, "surtout que ce sommet était intervenu après les rencontres avec le Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki, le Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui ont tous une certaine inquiétude à l'égard de la question de l'Irak".
"En effet, ma visite en Arabie Saoudite avait pour objectif de mener un dialogue intensif pour essayer d'identifier ce qui se passe en Irak, ce pays qui avait connu récemment un dynamisme rapide, particulièrement après les élections, des alliances et des déclarations parfois ambiguës", a fait noter le président al-Assad, ajoutant qu'il voulait échanger les points de vue avec les Saoudiens sur les résultats de ses dialogues avec les Turcs, les Iraniens et al-Maliki et ses rencontres avec les autres forces irakiennes.
Au sujet des relations syro – saoudiennes, le président al-Assad les a qualifiées de "bonnes, stables et distinguées" notamment à l'ombre des circonstances difficiles qu'elles ont pu surmonter sans en être affectées.
Le président al-Assad a souligné que ses relations directes avec le roi Abdallah étaient la garantie principale de la relation syro–saoudienne.
Il a aussi souligné que sa rencontre avec le souverain saoudien s'était concentrée sur la question irakienne mais qu'il abordait aussi les questions libanaise et palestinienne.
Et sur une question s'il existe une tentative de séparer la relations syro- saoudienne de la question libanaise, le président al-Assad a dit "Non, la séparation est non objective dans ce cas là, or, dans les relations avec les pays arabes, nous avons deux choses: Une relation directe, c'est-à-dire des relations bilatérales, et la coordination dans les différents domaines, et le fait d'utiliser ces relations soit pour améliorer la situation arabe ou pour traiter avec des questions qui nous préoccupent".
"Par exemple, comme nous sommes inquiets vis-à-vis de la situation en Irak et des tentatives de le voir s'effriter, je trouve normal de chercher des alliances pour résoudre ce problème. Ceci s'applique aussi au Liban, où nous avons intérêt à la coordination syro–saoudienne et non pas à la séparation de cette relation de la question libanaise", a expliqué le président al-Assad.
Questionné sur sa relation avec le Premier Ministre libanais, Saad al-Hariri, le président al-Assad a démentit l'existence d'un problème ou affadissement avec al-Hariri, estimant que le problème réside en effet dans le fait que quelques parties prévoyaient que la Syrie s'ingérerait dans tous les problèmes et s'impliquerait par conséquent aux détails. "J'étais clair avec tous les Libanais que j'ai rencontrés, y compris le Premier ministre al-Hariri, quant j'ai expliqué que la Syrie n'a pas le désir de s'ingérer dans les détails libanais", a dit le président al-Assad ajoutant: "Nous ne voulons pas nous imposer sauf s'il y aurait une grande solution. Peut être que les détails avaient contribué à la création d'une sorte d'affadissement".
Parallèlement, le président al-Assad a estimé que la relation politique entre la Syrie et le Liban a besoin du développement qui exige l'établissement d'une relation institutionnelle. "C'est ce qui était convenu avec al-Hariri et cette relation institutionnelle va bon train" a-t-il affirmé.
A propos des mémoires juridiques, le président al-Assad a indiqué que cette question est devant la justice qui va prendre le jugement tôt ou tard, "c'était avant la première rencontre avec M. al-Hariri, et en tout cas je ne veux pas lier les mémoires au climat régnant au Liban qui n'est pas au service de la Syrie".
Quant à la possibilité de parvenir à une formule qui sauvegarde le Liban des résultats du verdict du tribunal, le président al-Assad a indiqué que si l'objectif est de porter une accusation qu'elle soit basée sur des preuves et non pas sur des soupçons.
En ce qui concerne l'opposition de la Syrie à l'usage de la force pour sortir de la crise actuelle au Liban, le président al-Assad a indiqué que la force porte toujours plus de destruction et que tout conflit à n'importe quel moment détruira le Liban, mais en même temps la situation ne s'intéresse pas à nos désirs mais qu'elle suit les réalités.
Le président al-Assad a, en outre, qualifié de bonne la relation avec Joumblatt qui s'était distinguée par la transparence, affirmant que les années passées étaient suffisantes pour éclaircir ce qui est ambigu et la ligne politique est devenue claire pour Joumblatt pour qu'il redevienne celui que nous connaissions depuis un certain temps.
A propos des nouvelles propagées sur la démission d'al-Hariri, le président al-Assad a indiqué que Saad al-Hariri est capable de surmonter la situation actuelle et qu'il est apte d'aider le Liban, "il est la personne très convenable à cette étape critique et il pourrait visiter la Syrie à n'importe quel moment", a-t-il précisé.
A l'égard de la situation chrétienne au Liban, le président al-Assad a indiqué que cette situation est affaiblie par la division chrétienne. En ce qui concerne la relation de la Syrie avec le chef du bloc du changement et de la réforme au Liban, le général Michel Aoun, le président al-Assad a qualifié cette relation de bonne, claire et fiable, précisant que le général Aoun était toujours clair avec la Syrie même avant l'avoir visité.
A une question sur un remaniement ministériel au Liban, le président al-Assad a indiqué n'avoir rien entendu d'une partie libanaise sur un tel remaniement, "mais je crois que cela entre dans le cadre médiatique et d'escalade", a-t-il indiqué.  
R.B./N.S 
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Réflexions sur l’occupation israélienne, l’Autorité palestinienne et l’avenir du mouvement national


Palestine - 27-10-2010
Par Julien Salingue
Article à paraître dans Inprecor n°567 (novembre 2010). 
Le 3 octobre dernier, le Président palestinien de facto [1] Mahmoud Abbas déclarait qu’il refuserait tout dialogue avec Israël si le gel de la colonisation de la Cisjordanie n’était pas reconduit. Le même jour, le Chef d’Etat-major israélien sortant Gaby Ashkenazi était en « visite » à Béthléem, où il rencontrait des responsables des forces de sécurité palestiniennes. La coïncidence de ces deux événements apparemment contradictoires est à l’image du décalage de plus en plus flagrant entre, d’un côté, les gesticulations diplomatiques visant à ranimer un « processus de paix » depuis longtemps mort et enterré et, de l’autre, la réalité du terrain, la poursuite de la politique expansionniste israélienne et l’intégration de plus en plus forte de l’Autorité palestinienne à l’appareil de l'occupation.
Je me propose ici de tenter de dégager les grandes coordonnées de la situation dans les territoires palestiniens même si je ne prétends pas à l’exhaustivité. Il s’agit néanmoins, en replaçant les événements actuels dans leur contexte et leur historicité, en confrontant analyse des tendances lourdes et réalité du terrain, de dégager les logiques à l’œuvre côté palestinien, en se concentrant sur l’Autorité palestinienne de Ramallah et sur la gauche. Cette dernière, et notamment le FPLP, est en effet dans un processus de retour critique sur les années Oslo, consciente du cours tragique suivi par les forces issues de l’OLP. C’est ainsi que le FPLP a récemment annoncé qu’il suspendait sa participation aux réunions de la direction de l’OLP en signe de protestation contre la reprise des négociations directes par Abbas. Ce n’est pas la première fois que le FPLP prend une telle décision, mais elle est néanmoins significative.
Moins que sur cette actualité, c’est sur le sens des évolutions récentes et actuelles que je souhaite insister, en revenant dans un premier temps sur le lourd héritage des 17 années de « processus de paix ». Je tenterai ensuite d’établir les spécificités de la politique du Premier Ministre de facto [2] Salam Fayyad puis, dans un dernier temps, d’interroger les dynamiques actuelles au sein ce qui reste du mouvement national palestinien « non-islamique » [3]. Je m’inspire ici largement d’écrits antérieurs, en les réactualisant et en les mettant en perspective.
I) 17 années de « Processus de paix »
La fiction du « processus de paix »
Les mots ayant un sens, il convient d’interroger l’idée même de « processus de paix », qui revient comme une ritournelle dans l’actualité proche-orientale. Dans son acception la plus courante, le « processus de paix israélo-palestinien » se serait ouvert au début des années 1990, et se serait matérialisé par la signature des Accords d’Oslo (1993-1994) qui promettaient, selon nombre de commentateurs et diplomates, « la fin du conflit israélo-palestinien ». Ce « processus de paix » aurait été à plusieurs reprises « interrompu », mais il existerait toujours, suspendu au-dessus des événements, attendant d’être « relancé ».
La réalité est bien différente, et les Palestiniens nous l’ont rappelé à au moins deux reprises au cours des 10 dernières années. En septembre 2000 tout d’abord, lorsque la population de Gaza et de Cisjordanie s’est soulevée pour exprimer sa colère contre la poursuite de l’occupation israélienne, de la colonisation et de la répression. En janvier 2006 ensuite, lorsque les Palestiniens ont élu, lors du scrutin législatif, un parlement largement dominé par le Hamas, organisation politique alors ouvertement hostile au processus négocié et prônant la poursuite de la résistance, y compris armée, contre Israël.
Les Palestiniens étaient-ils devenus fous ? Non. Les Palestiniens, contrairement aux diplomates, vivent en Palestine. Ils ont vu le nombre de colons implantés en Cisjordanie et à Jérusalem doubler entre 1993 et 2000. Ils ont vu sortir de terre des centaines de barrages israéliens et des dizaines de routes réservées aux colons, qui ont subordonné le moindre déplacement au bon vouloir des autorités israéliennes. Ils ont vu Jérusalem coupée du reste de la Cisjordanie. Ils ont vu la Bande de Gaza coupée du reste du monde. Ils ont vu, à partir de septembre 2000, une répression israélienne sans précédent, des milliers de maisons détruites, des dizaines de milliers d’arrestations, des milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés. Ils ont vu un mur, qui les enferme dans des ghettos. Ils n’ont vu ni paix, ni processus.
Les Accords d’Oslo : l’occupation par d’autres moyens
« Depuis le début, on peut identifier deux conceptions sous-jacentes au processus d’Oslo. La première est que ce processus peut réduire le coût de l’occupation grâce à un régime palestinien fantoche, avec Arafat dans le rôle du policier en chef responsable de la sécurité d’Israël. L’autre est que le processus doit déboucher sur l’écroulement d’Arafat et de l’OLP. L’humiliation d’Arafat, sa capitulation de plus en plus flagrante conduiront progressivement à la perte de son soutien populaire. L’OLP va s’effondrer ou succomber à des luttes internes. (…). Et il sera plus facile de justifier la pire oppression quand l’ennemi sera une organisation islamiste fanatique » [4].
Ces lignes, écrites en février 1994 par l’Universitaire israélienne Tanya Reinhart, semblent, a posteriori, prophétiques. Mais Tanya Reinhart n’avait rien d’une medium : elle avait compris, avant d’autres, ce qu’était réellement le processus d’Oslo. Quiconque lit de près les textes signés à partir de 1993 se rend bien compte qu’il a affaire à tout autre chose que des « accords de paix ». Des questions essentielles comme l’avenir de Jérusalem, le sort des réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes… sont absentes des accords et sont renvoyées à d’hypothétiques « négociations sur le statut final ». On n’y trouve pas non plus mention du « retrait » de l’armée israélienne des territoires occupés, mais seulement de son « redéploiement ».
Quelles qu’aient été les intentions ou les illusions des négociateurs palestiniens quant à la constitution d’un hypothétique « Etat palestinien », la vérité d’Oslo est ailleurs : Israël, qui occupe alors toute la Palestine, s’engage à se retirer progressivement des plus grandes agglomérations palestiniennes et à en confier la gestion à une entité administrative conçue pour l’occasion, l’Autorité Palestinienne (AP). L’AP doit prendre en charge la gestion de ces zones et faire la preuve qu’elle est capable d’y maintenir le calme, au moyen notamment d’une « puissante force de Police », tout « progrès » dans le processus négocié est subordonné aux « bons résultats » de l’AP dans le domaine sécuritaire. L’occupation et la colonisation se poursuivent, et l’AP est chargée de maintenir l’ordre dans la société palestinienne. L’ordre colonial, donc.
Les contradictions d’Israël et du sionisme
Les Accords d’Oslo n’ont été, dans leur logique, qu’une réactualisation d’un vieux projet israélien connu sous le nom de « Plan Allon » [5]. Du nom d’un Général travailliste, ce plan, soumis au Premier Ministre israélien Levi Ehskol en juillet 1967, entendait répondre à la situation nouvelle créée par la Guerre de juin 1967, au terme de laquelle Israël avait conquis, entre autres, toute la Palestine. Ygal Allon avait identifié, avant beaucoup d’autres, les contradictions auxquelles Israël et le projet sioniste seraient tôt ou tard confrontés, et se proposait de les résoudre le plus pragmatiquement possible.
Lorsqu’à la fin du 19ème Siècle le jeune mouvement sioniste se fixe pour objectif l’établissement d’un Etat juif en Palestine, 95% des habitants de ce territoire sont des non-juifs. Convaincus que l’antisémitisme européen révèle l’impossibilité pour les Juifs de cohabiter avec les nations européennes, les sionistes préconisent leur départ vers la Palestine afin qu’ils y deviennent majoritaires et puissent y établir leur propre Etat. Le premier Congrès sioniste (1897) entérine donc le principe de la « colonisation systématique de la Palestine », à une époque où nationalisme sur une base ethnique et colonialisme ont le vent en poupe.
C’est en novembre 1947 que l’ONU adopte le principe du « partage de la Palestine » entre un Etat juif (55% du territoire) et un Etat arabe (45%). Les Juifs représentent alors environ 1/3 de la population. Les armées du nouvel Etat d’Israël vont conquérir militairement nombre de régions théoriquement attribuées à l’Etat arabe : en 1949, Israël contrôle 78% de la Palestine. Afin que soit préservé le caractère juif de l’Etat, les non-Juifs sont systématiquement expulsés : 80% des Palestiniens, soit 800 000 d’entre eux, sont contraints à l’exil. Ils n’ont jamais pu retourner sur leurs terres.
La Guerre de 1967 a été une « Guerre de 1948 ratée ». Si la victoire militaire israélienne est incontestable et si Israël contrôle 100% de la Palestine, cette fois-ci les Palestiniens ne sont pas partis. Or Israël prétend être un Etat « juif et démocratique » : attribuer des droits aux Palestiniens, c’est renoncer au caractère juif de l’Etat ; ne pas leur en attribuer, c’est renoncer à ses prétentions démocratiques. Allon propose donc d’abandonner les zones palestiniennes les plus densément peuplées en leur attribuant un semblant d’autonomie tout en conservant le contrôle sur l’essentiel des territoires conquis : quelques îlots palestiniens au milieu d’un océan israélien.
De la guerre des pierres à l’Intifada électorale
C’est la philosophie du Plan Allon qui guide les gouvernements israéliens dans les années 70 et 80, même s’ils repoussent autant que possible le moment où ils accorderont quelques droits aux Palestiniens. La 1ère Intifada (qui survient fin 1987), soulèvement massif et prolongé de la population de Cisjordanie et de Gaza, change la donne. Au tournant des années 90 la question palestinienne est un facteur d’instabilité au Moyen-Orient, zone stratégique sur laquelle les Etats-Unis veulent assurer leur emprise après la chute de l’URSS. L’administration US contraint Israël à négocier : ce sont les Accords d’Oslo, qui « offrent » aux Palestiniens… un semblant d’autonomie sur les zones les plus densément peuplées.
Ytzak Rabin, souvent présenté comme « celui par lequel la paix aurait pu arriver », était très clair : « L’Etat d’Israël intégrera la plus grande partie de la Terre d’Israël à l’époque du mandat britannique, avec à ses côtés une entité palestinienne qui sera un foyer pour la majorité des Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza. Nous voulons que cette entité soit moins qu’un Etat et qu’elle administre, de manière indépendante, la vie des Palestiniens qui seront sous son autorité. Les frontières de l’Etat d’Israël (…) seront au-delà des lignes qui existaient avant la Guerre des 6 jours. Nous ne reviendrons pas aux lignes du 4 juin 1967 » [6]. Il ajoutait plus loin qu’Israël annexerait la majorité des colonies et conserverait la souveraineté sur Jérusalem, sa « capitale une et indivisible », et sur la Vallée du Jourdain.
La population palestinienne constate rapidement qu’Israël n’a pas l’intention de renoncer à contrôler la quasi-totalité de la Palestine : la colonisation s’accélère, les expulsions se multiplient et les Palestiniens sont de plus en plus cantonnés dans des zones encerclées par l’armée et les colonies. Tandis que la situation de la population se dégrade, une minorité de privilégiés, membres ou proches de la direction de la nouvelle Autorité Palestinienne, s’enrichit considérablement et coopère avec Israël de manière ostensible dans les domaines sécuritaire et économique : en septembre 2000, les Palestiniens se soulèvent de nouveau.
La « 2ème Intifada » est écrasée par Israël, qui va en outre marginaliser Yasser Arafat, considéré comme trop réticent à signer un accord de reddition définitive. Israël et les Etats-Unis favorisent l’ascension de Mahmoud Abbas (Abu Mazen) qui participera, par exemple, à un sommet avec Bush et Sharon, en juin 2003, alors qu’Arafat est enfermé à Ramallah. A la mort du vieux leader, Abu Mazen sera mal élu Président de l’Autorité Palestinienne en janvier 2005 (participation relativement faible, pas de candidat du Hamas). Abu Mazen ayant besoin d’une légitimité parlementaire pour faire accepter un accord avec Israël, des élections législatives sont organisées en janvier 2006. La victoire du Hamas est sans appel : par son vote, la population a clairement signifié son refus de toute capitulation et sa volonté de continuer à lutter.
La fin de la parenthèse d’Oslo
La victoire du Hamas a révélé le caractère totalement irréaliste du « projet Oslo », entendu comme la possibilité de régler la question palestinienne par la constitution de cantons administrés par un gouvernement indigène qui serait à la fois conciliant avec Israël, légitime et stable. Mais la « communauté internationale » n’a rien voulu entendre : boycott du gouvernement Hamas, soutien au blocus israélien sur Gaza, reconnaissance du « gouvernement d’urgence » nommé par Abu Mazen en Cisjordanie… Les Etats-Unis et l’Union Européenne continuent à agir comme si un « retour à Oslo » était possible et souhaitable.
Or, comme on l’a vu, c’est précisément le « Processus de paix » qui a débouché sur la « deuxième Intifada » et sur la prise du pouvoir par le Hamas, alors seule organisation capable d’allier à la fois soutien matériel à la population, critique du processus négocié et poursuite de la résistance à Israël. Lorsque certains parlent d’un indispensable « retour à la situation d’avant septembre 2000 », on a envie de leur demander si ce n’est pas précisément « la situation d’avant septembre 2000 » qui a provoqué… le soulèvement de septembre 2000 !
Les tergiversations et gesticulations diplomatiques à l’œuvre traduisent en réalité un constat d’échec. Chacun prend progressivement conscience de la fin de la parenthèse d’Oslo, et tandis que certains s’acharnent aveuglément à vouloir ressusciter un cadavre, d’autres cherchent des solutions alternatives : de la proclamation d’un Etat palestinien sans frontières à une administration jordanienne des cantons palestiniens, en passant par l’envoi de troupes de l’ONU à Gaza, les idées fusent, même les plus fantaisistes. Cet empressement à « trouver une solution » résulte en réalité d’une compréhension, même partielle, des deux logiques réellement à l’œuvre sur le terrain : le renforcement de l’emprise israélienne sur la Cisjordanie et Jérusalem, via notamment l’intégration de plus en plus forte de l’Autorité palestinienne à l’appareil d’oppression coloniale ; la remobilisation de la population palestinienne et le développement du mouvement de solidarité internationale.
Le renforcement de l’emprise israélienne
Parlons de Jérusalem, tout d’abord. L’attention se focalise depuis quelques jours sur un appel d’offre pour la construction de 238 nouveaux logements. Et alors ? Oubliés, les 200.000 colons qui vivent à Jérusalem et dans sa périphérie ? Oubliées, les dizaines d’expulsions et de démolitions de maisons palestiniennes au cours de ces derniers mois ? Les 238 nouveaux logements ne sont pas un accident, ils s’inscrivent dans une logique assumée depuis 1967 : la judaïsation de Jérusalem et son isolement du reste des territoires palestiniens, pour contrer toute revendication de souveraineté palestinienne sur la ville.
Parlons, ensuite, de la Cisjordanie, dont on nous vante le « développement économique ». Si l’afflux des aides internationales a permis à l’Autorité Palestinienne de Ramallah de payer les fonctionnaires, il est très audacieux de parler d’une reprise économique réelle et d’une amélioration substantielle et durable des conditions de vie de la population. Le PIB palestinien a globalement augmenté en 2009 mais demeure inférieur de 35% à celui de 1999. En outre, cette augmentation globale dissimule des disparités flagrantes : le secteur du bâtiment a certes progressé de 24%, mais la production agricole est en chute de 17%...
De plus le contrôle israélien sur la Cisjordanie n’a pas été remis en cause : « L’appareil de contrôle est devenu de plus en plus sophistiqué et efficace quant à sa capacité à affecter tous les aspects de la vie des Palestiniens (…). L’appareil de contrôle comprend un système de permis, des obstacles physiques (…), des routes interdites, des interdictions d’entrée dans de vastes parties de la Cisjordanie (…). Il a transformé la Cisjordanie en un ensemble fragmenté d’enclaves économiques et sociales isolées les unes des autres » [7]. C’est la Banque Mondiale qui le dit, dans un rapport de février 2010.
En outre, même durant les 10 mois de « gel temporaire » de la colonisation en novembre dernier, Israël a autorisé la mise en chantier de 3600 logements, poursuivant une politique qui a vu, l’an passé, le nombre de colons installés en Cisjordanie augmenter de 4.9% tandis que l’ensemble de la population israélienne ne croissait que de 1.8%. Last but not least, le 3 mars dernier Netanyahu déclarait que même en cas d’accord avec les Palestiniens, il était exclu qu’Israël renonce à son contrôle sur la vallée du Jourdain…
Parlons de Gaza, enfin. Sous blocus, les Gazaouis vivent une catastrophe économique et sociale sans précédent. En l’espace de 2 ans, 95% des entreprises ont fermé et 98% des emplois du secteur privé ont été détruits. La liste des produits qui ont été ou sont encore interdits à l’importation est un catalogue à la Prévert : livres, thé, café, allumettes, bougies, semoule, crayons, chaussures, matelas, draps, tasses, instruments de musique… L’interdiction d’importer du ciment et des produits chimiques empêche la reconstruction des infrastructures détruites lors des bombardements de 2008-2009, qu’il s’agisse des maisons ou des stations d’épuration, avec les conséquences sanitaires que l’on imagine. Même si une « économie des tunnels » s'est développée, qui permet aux Gazaouis de survivre et de se procurer un certain nombre de marchandises essentielles, les conséquences du blocus israélien sur la vie quotidienne des habitants de Gaza sont désastreuses, comme l'indiquent les divers rapports des ONG et des Nations Unies.
Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que la mobilisation palestinienne reprenne (développement des structures de « résistance populaire » dans de nombreux villages, manifestations contre le mur et la colonisation…) et que la majorité des Palestiniens ne se fassent aucune illusion sur la « reprise des négociations ».
II) L’Autorité palestinienne « version Fayyad »
Un plan « Silence contre nourriture »

Le renforcement de l’emprise israélienne sur les territoires palestiniens ne peut être compris si l’on ne s’arrête pas sur le rôle joué par l’Autorité palestinienne de Ramallah, dirigée par le Président Mahmoud Abbas et le Premier Ministre Salam Fayyad.
En juin 2007, suite à l’échec de la tentative de coup d’Etat conduite à Gaza par le député du Fatah Mohammad Dahlan [8], le Président Abu Mazen décrétait l’état d’urgence et nommait, en lieu et place du gouvernement dominé par le Hamas, un nouveau cabinet dirigé par Salam Fayyad. La liste de ce dernier n’avait pourtant obtenu que 2 sièges sur 132 lors des élections législatives de janvier 2006. Mais Fayyad, ancien haut fonctionnaire à la Banque Mondiale et au Fonds Monétaire International, était le Premier Ministre voulu par les Etats-Unis et l’Union Européenne. Le chantage aux aides financières, suspendues depuis l’élection du Hamas, a eu raison des timides réserves d’Abu Mazen quant à ce « choix ».
Fayyad est donc entré en fonction à la mi-juin 2007 et a entrepris de conduire une série de réformes dans les territoires palestiniens de Cisjordanie. Trois ans plus tard, il est assez aisé de comprendre quel est le rôle qui a été assigné à Fayyad : désarmer la résistance et déplacer le centre de gravité de la question palestinienne du politique vers l’économique, en normalisant les relations avec Israël. Il s’est agi d’imposer ce que j’appelle un plan « silence contre nourriture » [9], dont l’objectif est de stabiliser les territoires de Cisjordanie en tentant d'améliorer sensiblement les conditions de vie d'une partie de la population et en réprimant les opposants sans pour autant satisfaire les revendications nationales des Palestiniens.
La « paix économique » ? [10]
L’année 2007 semble avoir marqué un changement dans la gestion de la question palestinienne. La rhétorique de la « paix économique » entre Israël et les Palestiniens domine, tant chez Tony Blair (envoyé spécial du « Quartet pour le Proche-Orient ») que chez Salam Fayyad (Premier Ministre palestinien) et ses homologues israéliens (Ehud Olmert puis Benyamin Netanyahu).
La philosophie générale de la doctrine de la « paix économique » est la suivante : le préalable à tout règlement négocié du conflit entre Israël et les Palestiniens est une amélioration significative des conditions économiques dans lesquelles évoluent ces derniers ; la priorité doit donc être mise sur des mesures israéliennes permettant un meilleur développement économique dans les territoires palestiniens et sur un renforcement du soutien des pays donateurs à l’économie palestinienne.
La doctrine de la « paix économique » participe d’un changement de paradigme dans la gestion de la question palestinienne : il s’agit de considérer les Palestiniens comme des individus cherchant à satisfaire des besoins et non comme un peuple revendiquant des droits nationaux collectifs. Pour Fayyad et ses soutiens étrangers, il s’est agi non pas tant de rompre avec la « politique économique » de l’AP durant les années Oslo que de la mettre en avant, de la promouvoir et même de la survaloriser, en la présentant comme étant la clé de tout règlement postérieur du conflit opposant Israël aux Palestiniens.
Rompant avec certaines pratiques antérieures, le Gouvernement Fayyad a de toute évidence « clarifié » les comptes de l’AP et mis un coup d’arrêt à certaines pratiques clientélistes. Mais les logiques à l’œuvre depuis Oslo se sont néanmoins poursuivies. La « nouvelle politique économique » de Fayyad ressemble beaucoup à celle de l’AP des années 90-2000 : faveurs accordées aux investissements étrangers au détriment des entrepreneurs locaux (avec notamment des exonérations d’impôts), développement des secteurs les plus rentables (commerces, appartements et hôtels de luxe à Ramallah, nouvelles lignes de téléphonie mobile…) et priorité renforcée, dans le budget de l’AP, au secteur de la Sécurité : pour l’exercice 2008-2009, le programme « Transformation et Réforme du Secteur de la Sécurité » possédait un budget équivalent aux budgets cumulés des Programmes « Accès à l’Education » et « Amélioration de la Qualité des Services de Santé » (en chiffre bruts, de décembre 2008 à juin 2009, 1325 postes ont été créés dans la Sécurité et 94 postes supprimés dans la Santé) [11].
La croissance économique palestinienne annoncée en 2009 est, si l’on analyse de près les données disponibles, un trompe-l’œil. Derrière les chiffres apparemment flatteurs (+6.8%) se dissimulent de nombreuses disparités qui s’inscrivent dans les logiques énoncées plus haut : les secteurs qui tirent la croissance à la hausse sont la construction (+22%) et les emplois de services (+11%), alors que la production industrielle augmente faiblement et que la production agricole est en baisse ; les montants investis dans les projets de développement économique (400 millions de dollars) sont très inférieurs à ce qui avait été prévu par le gouvernement Fayyad (1.2 milliards de dollars) ; les disparités entre enclaves économiques sont importantes, notamment entre la Cisjordanie et Gaza, mais aussi entre quelques villes dynamiques (Ramallah, Béthléem) et le reste de la Cisjordanie ; Israël contrôle toujours sévèrement les importations et les exportations palestiniennes ; qui plus est, le déficit budgétaire est considérable (1.59 milliards de dollars, soit 26% du PNB) et maintient l’AP dans une dépendance économique totale vis-à-vis des pays donateurs ; enfin, même si le chômage est en baisse en Cisjordanie, entre la moitié et les 2/3 des foyers palestiniens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté [12].
L’apparente prospérité actuelle ne correspond pas à une émancipation économique réelle vis-à-vis d’Israël ou des pays donateurs. L’économie palestinienne demeure une économie subordonnée et dépendante des décisions israéliennes, des exigences des bailleurs de fonds et des projets d’investisseurs qui, prenant au mot le slogan de la Palestine Investment Conference organisée en 2008 avec le soutien du gouvernement Fayyad (« You can do business in Palestine » [13]) développent une forme d’ « économie-casino » : peu préoccupés par un développement réel, local et à long terme, ils espèrent remporter rapidement beaucoup plus que leur mise tout en sachant que les risques de tout perdre sont très élevés. Tout indique en réalité que les thuriféraires de la « paix économique » apprendront tôt ou tard, à leurs dépends, que la population des territoires occupés n’est pas prête à monnayer ses droits contre une « embellie économique » relative, temporaire et structurellement artificielle, et qui ne bénéficie, en réalité, qu’à une minorité de la population. D’où le second volet de la politique de Fayyad : la répression.
La reconstruction de l’appareil sécuritaire [14]
Durant l’ère Arafat, le rôle ambigu des forces de sécurité (maintien de l’ordre et coopération avec Israël d’un côté, participation, à partir de septembre 2000, à des opérations armées contre Israël de l’autre), exprimait l’une des contradictions fondamentales du processus d’Oslo : « Depuis les Accords d’Oslo et l’émergence de l’Autorité palestinienne (…), le dilemme stratégique palestinien fondamental a été celui de la réconciliation entre les revendications de libération nationale, de résistance à l’occupation et les pré-requis du state-building (…). L’Autorité palestinienne fait face à deux exigences contradictoires. On attend d’elle qu’elle impose la force de la loi, qu’elle empêche toute manifestation armée non-officielle. [Mais] dans le même temps (…) elle est sensée soutenir la cause nationale palestinienne, y compris le droit à la résistance » [15].
Avec le tandem Abbas-Fayyad, les ambigüités sont levées. Les deux documents programmatiques élaborés par l’Autorité palestinienne à partir de juin 2007 sont à cet égard très éloquents.
Le 1er d’entre eux, le Palestinian Reform and Development Plan (PRDP) [16], a été présenté à Paris lors de la Conférence des pays donateurs en décembre 2007. Il a de toute évidence satisfait les pays occidentaux qui ont promis à Salam Fayyad une enveloppe de 7.7 milliards de dollars, alors que l’AP n’en réclamait « que » 5.6. Soit une rallonge de… 37.5%. Plutôt rare. Dans sa version finale, le PRDP comporte 148 pages. Le mot « résistance » n’y apparaît pas une seule fois. Le mot « sécurité » revient à… 155 reprises.
Le second document programmatique date d’août 2009 et est intitulé « Palestine : en finir avec l’occupation, établir l’Etat » [17]. Il est plus connu sous le nom de « Plan Fayyad ». Le Premier Ministre y expose sa vision de la construction de l’Etat palestinien par une politique de « Facts on the ground » : il s’agit de construire les infrastructures du futur Etat malgré l’occupation, dans la perspective d’une déclaration d’indépendance en 2011. Fayyad opère donc un renversement majeur : c’est le processus de stade-building qui permettra de mettre un terme à l’occupation, et non la fin de l’occupation qui permettra de construire un Etat. Si l’on réalise, dans ce document, le même décompte que dans le PRDP, le résultat est quasiment le même : en 37 pages, il y a 38 occurrences du terme « sécurité » ; le mot « résistance » apparaît une fois, dans une phrase qui indique que le gouvernement apportera son soutien aux initiatives non-violentes contre la construction du mur.
L’équilibre général des deux documents est à l’image de ces éléments quantitatifs : Fayyad assume et revendique son statut de « technocrate », lui qui n’est pas issu du sérail de l’OLP ; aux côtés du « développement économique », la refonte des services de sécurité est l’une de ses deux priorités. « Le gouvernement mènera à son terme la restructuration des agences de sécurité (…). Il fournira un entrainement durable, des équipements et des infrastructures pour permettre au secteur de la sécurité d’améliorer ses performances. Afin d’atteindre les plus hauts standards professionnels, le Gouvernement rendra responsables les agences de sécurité en promouvant la séparation des pouvoirs et en développement des mécanismes et des organes de supervision » [18].
La reconstruction de l’appareil de sécurité s’est faite selon 4 lignes directrices :
- Une réforme des services de sécurité, avec notamment le départ en retraite et le remplacement de plusieurs de leurs responsables par des individus réputés proches des Etats-Unis (ainsi, en 2008, Hazem Atallah est nommé responsable des forces de Police en Cisjordanie, à la place de Kamal Sheikh, membre du Fatah mais jugé trop conciliant à l’égard du Hamas).
- Un renforcement de ces services, qui passe par la formation, dans des camps d’entraînement en Jordanie, de milliers de nouvelles recrues, sous supervision états-unienne.
- De spectaculaires opérations de « rétablissement de l’ordre » au cours de l’année 2008, impliquant un nombre élevé de policiers et militaires, notamment à Naplouse, Jénine et Hébron.
- La multiplication des arrestations de membres ou de sympathisants du Hamas et, dans une moindre mesure, des organisations de gauche et des comités populaires.
C’est l’articulation de ces quatre points qui donne toute sa cohérence à la politique sécuritaire d’Abu Mazen et Salam Fayyad. La plupart des nouveaux responsables (nationaux et locaux) des services de sécurité n’ont pas de passé de dirigeants de l'Intifada ou dans les groupes armés du Fatah. Ce sont des « professionnels de la sécurité », particulièrement zélés, qui ne s’encombrent guère de considérations politiques. De même, les nouvelles recrues entraînées en Jordanie ont été choisies prioritairement parmi les couches les plus pauvres, les moins éduquées et les moins politisées de la population palestinienne, pas parmi les militants du Fatah. Ils sont plus enclins à obéir aux ordres, y compris lorsqu’il s’est agi de désarmer les membres du Hamas, du Jihad ou des Brigades al-Aqsa, issues du Fatah, avec qui ils n’ont pas de passé militant commun.
L’Autorité palestinienne a su exploiter la situation de chaos sécuritaire qui régnait dans certaines villes de Cisjordanie depuis le démantèlement par Israël des forces de sécurité palestiniennes au cours des années 2002-2003. A Naplouse et Jénine, les bandes armées s’étaient multipliées, qui rançonnaient les commerçants, volaient des voitures ou offraient leurs services à qui avait besoin de mercenaires pour effectuer telle ou telle basse besogne. L’AP a affirmé que c’était uniquement pour mettre fin à cette situation chaotique que les opérations de « rétablissement de l’ordre » étaient menées. Le déploiement massif de centaines d’hommes armés a effectivement mis un terme aux activités des gangs.
Mais le désarmement des derniers groupes de résistants, second objectif de ces opérations coordonnées avec Israël et des conseillers états-uniens, n’est pas allé sans entraîner une série d’incidents : à Naplouse comme à Jénine, de violents affrontements ont opposé forces de sécurité et militants de Brigades al-Aqsa ou du Jihad. Il y a eu des blessés, des morts, y compris parmi les passants qui ont essuyé les tirs de jeunes recrues visiblement mal entraînées par les Jordaniens.
Ces incidents ont marqué la fin de la période, ouverte en octobre 2000, de résistance armée en Cisjordanie. Ils ont en effet été le dernier signe de refus, par les combattants eux-mêmes, de la politique de désarmement initiée par l’AP, qui a conduit plusieurs centaines de membres des Brigades al-Aqsa (dont, en 2008, 250 pour le seul district de Naplouse) à publiquement renoncer à la lutte armée en échange d’une amnistie de la part d’Israël, et des centaines de membres du Hamas à déposer les armes sous la pression des forces de sécurité. Il est difficile d’obtenir des estimations fiables tant les chiffres varient selon les sources, mais on peut cependant établir que ce sont près de 2000 membres ou sympathisants du Hamas qui sont passés par les prisons de l’AP au cours des deux dernières années.
Il est en outre important de signaler ici qu’il y a eu relativement peu d’incidents armés au cours des interpellations des militants du Hamas, contrairement à ce qui s’est passé avec le Jihad et parfois même les Brigades, ce qui semble confirmer que le Hamas a décidé d’éviter un affrontement avec l’AP en Cisjordanie et une inutile bataille pour des « zones autonomes » en réalité contrôlées par Israël. Le Hamas semble se contenter en réalité de « gérer » la Bande de Gaza [19].
En résumé, la reconstruction de l’appareil sécuritaire sous le gouvernement Fayyad est l’expression d’une nouvelle « phase » de l’Autorité palestinienne : les ambiguïtés qui existaient sous Arafat ont été définitivement levées : véritables supplétifs des forces d’occupation israéliennes, les services de sécurité palestiniens obtiennent même la reconnaissance des autorités coloniales. C’est le Général états-unien Keith Dayton, grand architecte de la refonte des services de sécurité palestiniens, qui le dit :
« Je ne sais pas combien d’entre vous le savent, mais au cours de l’année et demie qui vient de s’écouler, les Palestiniens se sont engagés dans (…) ce qu’ils appellent des offensives de sécurité dans toute la Cisjordanie, étonnamment bien coordonnées avec l’armée israélienne, dans un effort sérieux et soutenu visant au retour de la loi et de l’ordre (…) et au rétablissement de l’autorité de l’Autorité palestinienne. Tout d’abord à Naplouse, puis à Jénine, Hébron et Béthléem, ils ont attiré l’attention de l’establishment militaire israélien grâce à leur dévouement, leur discipline, leur motivation et leurs résultats » [20].
C’est en tenant compte de l’ensemble de ces éléments qu’il est possible de s’interroger sur l’avenir du mouvement national. Dans la partie qui suit, il s’agira davantage d’avancer des hypothèses que d’apporter des réponses qui se voudraient prophétiques alors que c’est l’instabilité et l’incertitude qui caractérisent la période actuelle..
III) Quel avenir pour le mouvement national ? [21]
Le Fatah [22]
Les Accords d’Oslo et la constitution de l’AP ont été une rupture majeure pour le mouvement national palestinien, réduisant la question palestinienne à celle des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et fixant comme principales tâches au Fatah la construction d’un appareil d’Etat sans Etat et la coopération, parfois à marche forcée, avec Israël, afin d’obtenir davantage dans le cadre du processus négocié, au détriment de la lutte quotidienne contre l’occupation et pour le retour des réfugiés.
Ce sont ces dynamiques qui ont été enregistrées lors du dernier Congrès du Fatah (août 2009), qui a davantage joué un rôle de révélateur que donné le signal d’un nouveau départ. Les militants du Fatah, acteurs de la lutte de libération, sont très minoritaires au sein de la nouvelle direction. La majorité du Comité Central du mouvement, élu en 2009, se compose en réalité de purs produits des « années Oslo » et de l’appareil de l’AP, quand bien même ils auraient un passé militant : Ministres, anciens Ministres, anciens Conseillers d’Arafat, Conseillers d’Abu Mazen, ex-responsables des forces de sécurité, « négociateurs », hauts fonctionnaires… Tout le panel du « personnel politique d’Oslo » est là.
Qui plus est, la forte présence de représentants du secteur économique et du secteur sécuritaire est à l’image de la politique de l’AP depuis sa prise en main par le duo Abbas-Fayyad.
D’autres éléments confirment cette tendance : quasi-disparition, au CC, des représentants des Palestiniens de l’extérieur, sur lesquels l’AP n’exerce aucune juridiction (un seul élu, Sultan Abu al-Aynayn, dirigeant du Fatah au Liban) et des Palestiniens de la Bande de Gaza, que l’AP a « perdue » en juin 2007 ; non-élection (remarquée) d’Hussam Khadr, figure respectée du Fatah, connu pour ses activités militantes et ses critiques de la politique de l’AP ; « recomptage » de dernière minute qui a permis à at-Tayyib Abdul Rahim, adjoint du Président Abbas, de « gagner » 26 voix et d’être finalement élu au CC alors qu’il était au départ donné battu…
Passé de mouvement de libération nationale à principal acteur de la construction d’un appareil d’Etat sous occupation, le Fatah n’est désormais même plus une organisation politique pouvant prétendre représenter de manière cohérente le peuple palestinien. Le Congrès de Béthléem, en août 2009, a sanctionné cet état de fait, même si l’organisation compte encore en son sein nombre de militants et de cadres honnêtes et sincères : le Fatah est un conglomérat de baronnies locales et de réseaux clientélistes, quasi-mafieux, sous la coupe d’un pouvoir non-élu qui n’hésite pas à censurer l’information, à traquer, enfermer, voire assassiner ses opposants, quand il ne les livre pas à Israël au cours d’opérations conjointes.
La gauche dans les années Oslo
Avec les accords d’Oslo, les Israéliens et les Américains ont réussi à marginaliser l’OLP au profit de l’AP. Ainsi l’OLP, qui représentait les Palestiniens vivant dans les territoires occupés et les Palestiniens de la Diaspora, est devenue une référence sans rôle politique et sans rôle décisionnel, lesquels ont été confisqués par Arafat et le petit groupe de fidèles issus ou non de l’OLP qui ont constitué l’Autorité palestinienne.
Le programme politique de l’AP a été fixé par les accords d’Oslo : négocier avec Israël (et on promettait au peuple palestinien que ceci mènerait à un État indépendant dont Jérusalem serait la capitale), assurer la sécurité de l’État d’Israël contre toute attaque d’origine palestinienne et assumer les responsabilités de la gestion de la vie quotidienne des Palestiniens des zones autonomes.
Les groupes politiques de la gauche palestinienne, opposés au processus d’Oslo, ont rapidement considéré qu’Oslo « était un fait et qu’il fallait faire avec ». Ils appartenaient à l’OLP et ont justifié leur attitude par leur volonté de ne pas se couper du processus dirigé par l’AP. Le FPLP, le FDLP et le PPP n’ont pas tardé à réintégrer le jeu politique structuré par l’AP. Aujourd’hui encore, des membres du FDLP et du PPP sont membres du Gouvernement Fayyad, que le FPLP a pour sa part refusé de rejoindre…
La faiblesse des organisations de la gauche palestinienne est constatée dans tous les sondages et lors des scrutins et ceci recoupe les observations que l’on peut faire sur le terrain : faiblesse des cortèges organisés, absence d’apparition publique [23], absence de diffusion d’une presse militante. Difficile à croire, lorsque l'on connaît l'histoire de ces mouvements : ces partis existent désormais principalement, notamment en Cisjordanie, par la diffusion de communiqués et par leurs sites Web.
Comment expliquer cette dégradation de la situation pour des organisations qui avaient connu un essor réel au cours de la première Intifada ? Les attentes du peuple palestinien n’ont pas été modifiées par Oslo. A leurs demandes antérieures s’est ajoutée celle d’améliorer les performances de l’AP dans les zones autonomes, marquées par la corruption et l’incompétence. Mettre un terme à cette situation est devenu essentiel. Mais ces problèmes n’ont guère préoccupé les courants politiques de gauche. Seules quelques personnalités ont tenté de le dire, mais elles étaient coupées de toute organisation collective et ont été facilement contrées par l’AP, telles celles qui ont signé l’appel des 20 (contre la corruption et les capitulations de l’AP), fin 1999, parmi lesquelles plusieurs ont alors été arrêtées sur ordre d’Arafat.
De l’aveu même de leurs dirigeants, il s’est donc creusé un fossé considérable entre le Peuple palestinien et les organisations politiques de la gauche palestinienne. Les directions des partis politiques n’ont agi en fait qu’en réaction aux initiatives de l’AP et d’Arafat. On peut mesurer cette distanciation des liens avec les préoccupations populaires au travers de la pratique que ces organisations ont partagée avec l’AP dans la construction et l’administration bureaucratiques des mouvements de masse.
Les mouvements « de masse »
Prenons le cas des syndicats dont le plus important est la Fédération Générale Palestinienne des syndicats (PGFTU). C’est un syndicat unifié. Après Oslo l’unification s’est faite en imposant des quotas de représentation des quatre principaux courants politiques nationaux : le Fatah, le FPLP, le FDLP et le PPP. Du niveau national à celui des branches professionnelles et des districts territoriaux la répartition des rôles a respecté ces quotas. A tous les niveaux les secrétaires généraux appartiennent au Fatah, les autres devant se contenter de participer aux instances de direction désignées. Le Fatah est en situation dominante pendant que les autres courants, et notamment le PPP qui avait une tradition de syndicalisme, ont vu leur influence considérablement décroître depuis cette « unification » au sommet.
La PGFTU est donc entièrement sous l'autorité du Fatah. Par leur présence issue d’un compromis bureaucratique, les autres organisations de l'OLP légitiment ce dispositif. Le processus démocratique au sein du syndicat est inexistant, ni élections ni programmes susceptibles d’augmenter la participation des travailleurs. Au demeurant l’activité du syndicat se limite en général à régler des situations individuelles de conflit entre patrons et salariés.
La situation du mouvement de défense des droits des femmes est tout aussi instructive. La Palestinian Women General Federation a été formée après Oslo. Elle est le résultat de la cooptation de tous les comités de femmes appartenant aux différentes organisations politiques, avec bien peu de liens avec les femmes palestiniennes confrontées aux inégalités dans tous les domaines de la société. D’autres organisations de femmes se sont reconverties en ONG, acceptant ainsi de devenir des organisations rendant des services aux femmes de la communauté palestinienne. Ceci s’est fait en conformité avec des programmes décidés par les financeurs étrangers qui ont transformé les organisations en prestataires de services et les femmes en bénéficiaires passives, creusant l’écart entre la masse des femmes et la direction cooptée du mouvement.
De même le rôle du mouvement étudiant s’est-il considérablement affaibli. Alors qu’il fut une véritable pépinière de cadres politiques notamment dans les années 1980, qu’il pesait dans les orientations politiques des différents partis parce qu’il jouait un rôle important dans la lutte contre l’occupation, il n’est plus désormais que le reflet des rapports de forces entre les différentes fractions politiques.
Telle est la réalité des « organisations de masse » en Palestine, une faiblesse due d’une part à leur dépendance à l’égard des partis politiques en tant que structures cooptées et d’autre part leur dépendance à l’égard de l’AP et des donateurs étrangers qui ont versé des millions de dollars de subventions pour créer un ensemble passif de bénéficiaires dépendant d’avantages consentis et non un mouvement d’acteurs de leur lutte pour leurs droits.
Du fait de l’absence de développement d’organisations de masse véritables les forces politiques ont réduit leur action à un activisme social s’efforçant de répondre à des demandes d’aide face aux problèmes du quotidien, désertant le terrain de la lutte politique et laissant à une Autorité corrompue le soin d’enfermer le combat national dans l’impasse des négociations sans fin avec Israël. Il ne s’agit évidemment pas ici de porter des jugements de valeur sur la politique conduite par les organisations de gauche. La plupart des réflexions qui précèdent sont issues de discussions avec des militants et des dirigeants de ces organisations, qui sont de plus en plus nombreux à opérer un retour critique sur les années Oslo, même si ces critiques n’ont pas encore eu de traduction organisationnelle.
Une reconstruction en cours ?
L’isolement de la Bande de Gaza et la fragmentation de la Cisjordanie en plusieurs dizaines d’entités territoriales séparées les unes des autres par des points de contrôle israéliens réduisent considérablement toute activité économique, sociale et politique. Cela confronte tous ceux et toutes celles qui souhaitent, d’une façon ou d’une autre, poursuivre la résistance, à une difficulté majeure : non seulement les situations varient selon les zones autonomes, mais surtout il est de plus en plus difficile, dans ces conditions, de développer un projet politique « national ». Difficulté pour se déplacer, pour se réunir, pour mener des actions en commun sur l’ensemble du territoire… Autant de facteurs qui handicapent considérablement quiconque tente d’organiser une résistance unifiée sur l’ensemble des territoires palestiniens.
La répression israélienne se poursuit : les incursions, bombardements, assassinats extra-judiciaires… sont légion. Il y a aujourd’hui en outre près de 12 000 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, et malgré quelques médiatiques libérations ce nombre ne cesse de s’accroître. A titre de comparaison, rapporté au nombre d’habitants, c’est comme s’il y avait en France 200 000 prisonniers politiques…
L’asphyxie économique conduit la quasi-totalité des habitants des territoires palestiniens à se préoccuper davantage de leur survie que de la lutte d’émancipation : le chômage endémique et la hausse des prix (nombre de produits de première nécessité ont vu leurs prix doubler en l’espace d’un an…) affectent l’ensemble de la société palestinienne et ont pour une conséquence une dichotomie de plus en plus importante entre problématiques du quotidien et lutte de libération nationale, ainsi qu’une montée des idéologies et des comportements individualistes.
Cette situation entraîne des dégâts psychologiques majeurs. Prisonniers du quotidien, prisonniers dans leur « Zone autonome », les Palestiniens ont de plus en plus de difficultés à se projeter dans le temps et dans l’espace, ce qui a deux conséquences majeures : un repli sur la ville, le village, le camp, la famille… et l’impossibilité de penser des projets sur le moyen ou le long terme. Des conditions qui pénalisent grandement celles et ceux qui tentent de repenser un projet de libération collectif qui implique nécessairement une vision débarrassée des contingences du quotidien et de toute forme de repli local et/ou familial.
La « Deuxième Intifada » est bien finie. Elle se solde par une défaite majeure, sur le plan militaire, politique et idéologique. Nombre de questions se posent de manière ouverte, qui reposent, de fait, la question nationale palestinienne à la lumière des événements de 1948 et de tout ce qui s'est passé depuis, dans la société et chez nombre de militants et de forces politiques. On pourrait résumer ces interrogations en 5 questions génériques même si le débat n’est pas organisé et clairement formulé, mais plutôt diffus dans l’ensemble des territoires palestiniens :
- Que signifie aujourd’hui la revendication de l’Etat palestinien indépendant aux côtés d’Israël, même à titre transitoire ? La Cisjordanie a été intégrée à Israël, économiquement, politiquement, démographiquement. Dans ces conditions quelle pertinence a la revendication de l’Etat indépendant qui, pour Israël, n’a jamais signifié autre chose que quelques cantons isolés, encerclés par des Murs, sans aucune viabilité ?
- Quelle articulation entre résistance populaire, impliquant l’ensemble de la société palestinienne, le mouvement syndical et associatif, les forces politiques… et résistance armée ?
- Comment réunifier l’ensemble du peuple palestinien ? Le peuple palestinien est en effet fortement divisé : Palestiniens d’Israël (aujourd’hui 1.1 million), Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza (près de 4 millions), Palestiniens de Jérusalem (250 000) et Palestiniens exilés (plus de 6 millions).
- Quel cadre politique pour le Mouvement de libération nationale ? La division du mouvement affaiblit considérablement la lutte et la constitution d’un cadre commun, au-delà de la vieille OLP, posant la question de la résistance et du combat pour l’émancipation, et pas celui de la gestion des Zones autonomes allouées par Israël est, même si ce n’est qu’à un stade relativement peu avancé, ouvertement posée.
- Quels liens développer avec le mouvement de solidarité internationale, afin que cette solidarité soit politique et non caritative, efficace et pas seulement symbolique ? Et comment, notamment, faire reprendre à l’ensemble du mouvement de solidarité le mot d’ordre le plus consensuel dans le mouvement associatif, syndical et politique palestinien, celui du boycott total (économique, politique, diplomatique, académique, culturel…) d’Israël ?
En juin 2009, plusieurs militants et cadres de gauche ont organisé une conférence internationale à Ramallah, affirmant vouloir, au-delà des clivages traditionnels entre les organisations de gauche, poser les bases d’une nouvelle gauche palestinienne, nationaliste, démocratique et progressiste. L’initiative a reçu un écho significatif, et plusieurs centaines de personnes, issues des divers courant de la gauche et d’ONG « non-corrompues » ont participé aux débats, lesquels étaient traversés par les questions que je viens d’énoncer. Le front qui devait se constituer, Tayyar, n’a pas encore vu le jour, faute de moyens financiers, d’implantation locale et d’un certain nombre de clarifications idéologiques. Mais cette initiative indique les potentialités de la situation et la disponibilité de nombreux militants palestiniens sincères à refonder une gauche, tirant les bilans des échecs passés.
Le projet sioniste porte en lui la négation et donc la destruction de la société et de l’identité palestiniennes. La défaite de la « Deuxième Intifada », la faillite de l’AP, le cours suivi par le Hamas… réduisent considérablement les marges de manœuvre de ceux qui veulent encore résister, envers et contre tout et tous. Autour, notamment, de militants ou d’anciens militants du FPLP ou du Fatah, nombre d’initiatives sont néanmoins prises, surtout dans les camps de réfugiés, dans lesquels se trouvent ceux qui n’ont rien à gagner à une « trêve » débouchant sur un accord partiel. Leur objectif est double :
- Maintenir, coûte que coûte, les revendications essentielles du peuple palestinien, et notamment celles du droit au retour des réfugiés. Cela passe par l’organisation d’expositions, de rencontres entre les plus jeunes et les anciens, autrefois chassés par les milices sionistes, de manifestations de rue… qui visent à transmettre l’héritage et à continuer de rendre visible cette revendication.
- Au-delà, il s’agit tout simplement de résister à l’entreprise sioniste de sociocide [24], en redonnant son sens à l’action collective, en luttant contre les replis individualistes, en maintenant et en reconstruisant l’esprit de résistance dans une période de reflux : associations de femmes, coopératives agricoles, syndicats indépendants de l’AP, comités de familles de prisonniers, comités de village, centres culturels dans les camps de réfugiés…
Il s’agit, souvent au-delà des clivages politiques, de pallier la déroute de l’AP et des partis politiques, de sauver ce qui reste à sauver de la société palestinienne et de reconstruire ainsi, progressivement, l’esprit de résistance, mais aussi de préparer les générations futures à la lutte.
Chacun sait en effet que, dans une société où plus de 50% de la population a moins de 15 ans, la réalité aura rapidement raison des promesses de lendemains qui chantent et que ce ne sont pas les services de l’AP ou les forces de sécurité du Hamas qui empêcheront une nouvelle génération de se soulever contre ses oppresseurs, israéliens mais aussi, le cas échéant, palestiniens.
Quand cela se produira-t-il ? Nul ne peut le dire précisément. Mais il est certain que la population n’attendra pas la refonte du mouvement national, de son programme et de sa stratégie ou un accord entre les forces palestiniennes pour se révolter à nouveau. C’est en revanche de ces derniers facteurs, ainsi que du succès des initiatives décrites plus haut, que dépendront, en grande partie, le visage et l’issue de ce soulèvement.

Notes

[1] Le mandat présidentiel de Mahmoud Abbas s’est officiellement achevé en janvier 2009.
[2] La liste conduite par Fayyad n’avait obtenu que 2.4% des voix lors des législatives de 2006. Les gouvernements qu’il dirige depuis juin 2007 n’ont jamais obtenu le nécessaire vote de confiance du Conseil Législatif Palestinien.
[3] Il ne s’agit pas de minimiser, bien au contraire, la place du Hamas. Cette organisation reviendra régulièrement dans l’article. Néanmoins, une étude des dynamiques internes au mouvement islamique mériterait un article à part entière.
[4] Article de février 1994, cité dans T. Reinhart, Détruire la Palestine, éditions La Fabrique, 2002, p. 42.
[5] Voir Gilbert Achcar, « Le sionisme et la paix, du Plan Allon aux Accords de Washington », dans Achcar, L'Orient incandescent, le Moyen-Orient au miroir marxiste, Lausanne, Editions Page deux, 2003.
[6] Address to the Knesset by Prime Minister Rabin on the Israel-Palestinian Interim Agreement, 5 oct 1995, disponible (en anglais) sur le site du Ministère des Affaires Etrangères israélien.
[7] Checkpoints and Barriers : Searching for Livelihoods in the West Bank and Gaza, disponible (en anglais) sur le site de la Banque Mondiale.
[8] Voir à ce sujet mon article Comment les Etats-Unis ont organisé une tentative de putsch contre le Hamas ici.
[9] Voir à ce sujet mon article L’échec programmé du plan silence contre nourriture ici.
[10] Voir à ce sujet mon article Les dynamiques économiques palestiniennes (1967-2009) ici .
[11] Palestinian Reform and Devlopement Plan, disponible ici et Palestinian Central Bureau of Statistics, (PCBS).
[12] D’après les chiffres du Palestinian Central Bureau of Statistics (PCBS) et du FMI.
[13] Voir, à propos de la Palestine Investment Conference, mes articles Mahmoud Abbas et Salam Fayyad s’occupent de tout : « You can do business in Palestine » (mai 2008) et « Ils sont en train de vendre ce qui reste de la Palestine » (mai 2008), disponibles ici et ici.
[14]Voir à ce sujet le long rapport de l’International Crisis Group, Squaring the Circle : Palestinian Security Reform under Occupation, (septembre 2010), disponible ici.
[15] Hussein Agha and Ahmad S. Khalidi, A Framework for A Palestinian National Security Doctrine, Chatham House, Londres, 2006, pp. 84-86.
[16] Voir note 11.
[17] Ending the occupation, Establishing the State, disponible ici.
[18] Ibid, p.16.
[19]La situation de Gaza et du Hamas mériterait, comme je l’ai indiqué plus haut, un article à part entière. On peut cependant noter ici que le Hamas est dans une position relativement contradictoire : courant politique qui s’est construit et développé dans les années 90 et 2000 en rejet de l’AP et d’Oslo, il est aujourd’hui dans une position de gestion de l’appareil de l’AP à Gaza qui ressemble à s’y méprendre à la gestion antérieure de ce même appareil par le Fatah (monopole sur les services de sécurité, répression contre les oppositions, développement du clientélisme…). On pourra ici se référer utilement à Yezid Sayigh, Hamas Rule in Gaza : 3 Years On, disponible ici.
[20] Discours du Général Dayton au Washington Institute for Near East Policy, 7 mai 2009, disponible ici.
[21] Je reprends ici une partie des réflexions entamées, avec Pierre-Yves Salingue et Ayshah Handal en septembre 2002 sous le titre Palestine : Quel avenir pour le mouvement national de libération ? disponible ici .
[22] Voir mon article Congrès de Bethléem : la seconde mort du Fatah, ici.
[23] A l’exception notable de la fête annuelle du FPLP à Gaza.
[24] Voir Saleh Abdel Jawad, La politique israélienne envers le peuple palestinien : Un sociocide, publié dans Inprecor numéro 517, disponible ici.