mercredi 18 novembre 2009

Washington ne permettra jamais aux Palestiniens de déclarer leur indépendance

17/11/2009 En visite dans les territoires occupés par "Israël", une délégation de sénateurs américains a participé au « Forum Saban » qui se tient en ce moment. Joe Lieberman (Indépendant) et Ted Kaufmann (Démocrates) ont tous deux affirmé lors de leur intervention que « les Etats-Unis ne permettraient jamais aux Palestiniens de déclarer leur indépendance de manière unilatérale ».


Joe Lieberman a insisté sur « la nécessité d’une solution négociée entre les deux parties », et Kaufmann a accusé les Palestiniens « de perdre du temps avec ce genre de déclarations car ils savent très bien que les Etats-Unis ne laisseront pas une telle initiative arriver devant l’ONU ».

Joseph Lieberman s’est aussi référé au dossier iranien, estimant « que s’il était d’accord avec l’approche de Barack Obama de vouloir tenter un dialogue avec Téhéran, il fallait admettre aujourd’hui que les Iraniens n’ont pas été à la hauteur et qu’il va probablement falloir changer de stratégie ».

« Il faut trouver des moyens pour faire pression de manière forte sur le régime iranien sans que ce soit le peuple qui en pâtisse », a-t-il ajouté. Sur ce point, tous les membres de la délégation, Démocrates comme Républicains, étaient d’accord, tout comme sur leur soutien affiché à "Israël".

http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=111631&language=fr

USA : La Maison Blanche accuse Israël de compliquer les efforts de paix

La Maison Blanche s'est dite "consternée" hier devant l'autorisation donnée par les autorités israéliennes à la construction de 900 nouveaux logements dans Jérusalem-est annexée, et a accusé Israël de compliquer la relance des efforts de paix avec les Palestiniens.
"Nous sommes consternés devant la décision prise par la commission de planification de Jérusalem" sur l'expansion du quartier de Gilo à Jérusalem, a dit le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs, dans l'une des réactions les plus vigoureuses de la Maison Blanche à l'encontre d'Israël. "Au moment où nous nous employons à relancer les négociations, de tels agissements rendent nos efforts plus difficiles", a-t-il dit.

Ban déplore la décision d'Israël d'agrandir une colonie en territoire palestinien


A Ramallah, en Cisjordanie, le mur séparant Israéliens et Palestiniens.

17 novembre 2009 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déploré mardi la décision du gouvernement israélien d'agrandir la colonie de Gilo, construite en territoire palestinien occupé par Israël depuis la guerre de 1967.

“Le Secrétaire général réitère sa position que les colonies sont illégales et appelle Israël à respecter ses engagements inscrits dans la Feuille de route à cesser toutes les activités de colonisation, dont la croissance naturelle », a dit sa porte-parole dans une déclaration.

M. Ban “estime que de tels actes mettent à mal les efforts pour la paix et créent un doute sur la viabilité de la solution à deux Etats », a-t-elle ajouté.

http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=20620&Cr=Isra%EBl&Cr1=

La grande désillusion de Mahmoud Abbas


La grande désillusion de Mahmoud Abbas

L’Union européenne estime « prématurée » la création d’un état palestinien

Première désillusion pour l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. L’Union européenne a décliné diplomatiquement mais fermement, hier, la perspective d’une proclamation d’un Etat palestinien.

Cette réponse intervient au lendemain d’une requête déposée par l’Autorité palestinienne demandant à l’UE de soutenir la création unilatérale d’un Etat avec Jérusalem comme capitale. C’est « prématuré », a jugé Bruxelles par la voix de ses représentants, hier, devant les journalistes. « Je ne pense pas que nous en soyons là. J’aimerais que nous soyons en mesure de reconnaître un Etat palestinien mais il faudrait d’abord qu’il y en ait un, donc je pense que c’est quelque peu prématuré », a déclaré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt. Le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, a aussi estimé qu’un tel processus devait « prendre du temps » et se dérouler « dans le calme et au moment approprié ». « Je ne pense pas que le moment soit venu aujourd’hui d’en parler. » La commissaire européenne aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, lui a fait écho en disant qu’« il était trop tôt pour dire quoi que ce soit à ce sujet », tout en soulignant que la question « des frontières de 1967 » pour un futur Etat palestinien « serait importante ». Et le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb, a vu dans la démarche palestinienne une opération tactique visant à faire pression sur Israël en vue d’une relance des négociations sur le processus de paix. « Je pense qu’il faut vraiment avancer pas à pas », a-t-il dit, jugeant que « toutes les méthodes de négociation sont utilisées » pour tenter de sortir le processus de paix de l’ornière. Il s’est refusé à comparer les territoires palestiniens au Kosovo, dont plusieurs pays européens ont reconnu l’indépendance déclarée pourtant unilatéralement et malgré l’opposition de la Serbie et de la Russie. « Le Kosovo est différent de la Palestine, la Palestine est différente de l’Abkhazie et l’Abkhazie est différente de l’Ossétie du Sud », a-t-il dit, en référence aux deux Républiques sécessionnistes de Géorgie.

Vérité au Kosovo, erreur en Palestine !

Les différents responsables européens s’exprimaient devant des journalistes en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles. Ils réagissaient à une requête officielle déposée la veille par l’Autorité palestinienne. Cette dernière a demandé à l’Union européenne de soutenir sa démarche en vue d’une reconnaissance par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale. L’Union européenne est la principale pourvoyeuse d’aide financière aux Palestiniens et adopte à leur égard une attitude traditionnellement plus favorable que les Etats-Unis. Washington a déjà réaffirmé son opposition à une proclamation unilatérale d’un Etat palestinien, en soulignant que cet Etat devrait naître par la négociation entre Israël et les Palestiniens. Des dirigeants israéliens ont pour leur part menacé les Palestiniens de rétorsion s’ils réclament la reconnaissance d’un Etat indépendant sans accord avec Israël, tout en doutant de leur détermination à mettre à exécution un tel projet. Ainsi, après les alliés américains, voilà que l’Union européenne dresse, elle aussi, son barrage devant le dessein national Palestinien de proclamer son Etat. De fait, c’est Mahmoud Abbas qui a donné son onction à toutes les concessions possibles pour relancer le processus de paix, qui se retrouve dans une posture des plus inconfortables. Il n’a pu obtenir ni le gel total ou même partiel des colonies ni le soutien à un Etat palestinien. En revanche, Benyamin Netanyahu a réussi sur les deux tableaux en poussant même le président Obama à se dégonfler devant la communauté internationale s’agissant des colonies. Même après avoir miroité sa démission pour forcer la main aux Européens et Américains, Mahmoud n’a pas obtenu ce qu’il désire. Et cela apporte de l’eau au moulin du mouvement Hamas qui a le mérite de ne pas se faire d’illusion sur les intentions de Washington et Bruxelles.

Par Hassan Moali

http://www.elwatan.com/La-grande-desillusion-de-Mahmoud

Netanyahu s’alarme des actes de désobéissance dans l’armée

18/11/2009
Benjamin Netanyahu s'est dit alarmé hier par les cas de désobéissance au sein de l'armée israélienne, au lendemain du refus d'une poignée de militaires d'obtempérer à l'ordre de démantèlement d'une colonie sauvage proche de Hébron, en Cisjordanie.
Une demi-douzaine de soldats ayant participé à cet acte de mutinerie ont été relevés de leurs fonctions et deux d'entre eux ont été condamnés quasiment sur-le-champ par une cour martiale, respectivement à 20 et 14 jours de prison. Trois semaines plus tôt, plusieurs militaires avaient brandi des pancartes proclamant « Nous ne nous sommes pas enrôlés pour évacuer des Juifs » lors d'une parade marquant la sortie de leur promotion sur la place du mur des Lamentations, à Jérusalem.
« Notre sécurité et notre existence dépendent des forces de défense israéliennes. Si vous encouragez la désobéissance, vous provoquerez la chute de l'État », a affirmé Benjamin Netanyahu. « Il n'y a pas de place pour la désobéissance », a déclaré le Premier ministre à la presse au lendemain de l'incident de lundi, qui pose une nouvelle fois la question de l'attitude de l'armée en cas d'accord territorial avec les Palestiniens.

Kouchner pour une relance des négociations de paix en priorité

18/11/2009
Hier, Bernard Kouchner a rencontré, à Amman, Mahmoud Abbas.Khalil Mazraawi/AFP
Hier, Bernard Kouchner a rencontré, à Amman, Mahmoud Abbas.Khalil Mazraawi/AFP
La France et l'UE doivent se mobiliser pleinement, au côté des États-Unis, pour recréer une dynamique, plaide le ministre des AE.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a appelé hier, comme les États-Unis et l'UE, à relancer en priorité les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. « Je souhaite insister sur l'urgence d'une relance des négociations pour aboutir à la création d'un État palestinien, malgré les difficultés », a déclaré M. Kouchner. « Il faut trouver les moyens de surmonter l'impasse actuelle », a-t-il poursuivi dans une interview publiée par le quotidien palestinien de Jérusalem al-Quds.
Le chef de la diplomatie française s'est entretenu en soirée à Amman avec le président palestinien Mahmoud Abbas avant de rencontrer aujourd'hui les dirigeants israéliens dans le cadre d'une visite éclair au Proche-Orient. M. Kouchner a affirmé que Mahmoud Abbas était « indispensable » pour le processus de paix.
Avant son entretien avec M. Abbas, M. Kouchner a indiqué vouloir convaincre les responsables palestiniens « qu'il est maintenant temps de mettre fin aux divisions, de se regrouper pour construire ensemble l'État et négocier l'accord de paix ». « Je m'adresserai aux responsables israéliens pour leur dire que l'Autorité palestinienne et son chef, Mahmoud Abbas, est leur partenaire pour la paix », a-t-il ajouté dans son interview à al-Quds.
Les négociations de paix achoppent sur le contentieux des colonies, les Palestiniens réclamant d'abord un arrêt total des implantations en Cisjordanie occupée tandis que le gouvernement Netanyahu offre un gel partiel de la construction et réclame une reprise des discussions « sans condition préalable ». La communauté internationale est favorable à un gel complet de la colonisation.
Interrogé sur l'échec de l'administration américaine à relancer le processus de paix, M. Kouchner a reconnu que les efforts américains n'avaient « pas encore produit les effets escomptés ». « Mais il s'agit aujourd'hui de surmonter les blocages. » « La détermination du président (Barack) Obama reste entière et la nôtre aussi. Par la nôtre, j'entends celle de la France et de l'Union européenne, qui doivent se mobiliser pleinement, au côté de l'administration américaine, pour recréer une dynamique », a plaidé le ministre français.

Le Hamas contre un État palestinien avant la fin de l’occupation israélienne

18/11/2009
Israël autorise 900 nouveaux logements à Jérusalem-Est.
Le Hamas s'est dit opposé hier à la proclamation d'un État palestinien avant la fin de l'occupation israélienne en Cisjordanie, alors que l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas cherche à obtenir une reconnaissance par l'ONU d'un tel État.
Pour créer un État indépendant, « notre peuple doit avoir mis fin à l'occupation, car notre terre est sous occupation, les colonies sont établies partout et les barrages militaires (israéliens) divisent la Cisjordanie », écrit le Hamas dans un communiqué publié à Damas où réside le chef en exil du mouvement Khaled Mechaal. « La proclamation d'un État palestinien doit être le résultat de l'(action) de la résistance pour mettre fin à l'occupation (...) et non pas une décision prise par (l'Autorité palestinienne) pour remplir le vide après l'échec de la solution politique », ajoute-t-il.
Après onze mois de blocage du processus de paix avec Israël, l'Autorité palestinienne a annoncé dimanche, dans l'espoir de sortir de l'impasse, qu'elle demanderait au Conseil de sécurité de l'ONU de reconnaître leur indépendance dans les frontières de 1967. Le Hamas et l'Autorité palestinienne sont à couteaux tirés depuis juin 2007, lorsque le mouvement islamiste a chassé le Fateh du président palestinien Mahmoud Abbas de la bande de Gaza. « L'idée proposée par l'Autorité palestinienne est irréalisable puisque celle-ci continue de s'en prendre à la résistance et de coopérer avec l'ennemi (israélien) sur le plan de la sécurité », poursuit le Hamas.
Parallèlement, Mahmoud Abbas a affirmé hier que la décision de chercher à obtenir du Conseil de sécurité de l'ONU une reconnaissance d'un État indépendant n'était pas « unilatérale ». « C'est une décision émanant du comité de suivi de la Ligue arabe qui s'est réuni au Caire récemment. Ils se sont mis d'accord sur le fait d'aller au Conseil de sécurité pour qu'il dise son soutien à un État palestinien indépendant », a précisé le président de l'Autorité palestinienne lors d'une conférence de presse au Caire après un entretien avec le président Hosni Moubarak.
Le 12 novembre, les chefs de diplomatie et les représentants de 14 pays arabes ont décidé, lors d'une réunion du comité de suivi de l'initiative de paix arabe, de s'adresser au Conseil de sécurité pour lui demander de « reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967 ». Ils ont demandé une réunion du Conseil ministériel arabe pour entériner cette décision.
L'Union européenne a jugé, de son côté, hier, « prématurée » la demande de soutien que lui a adressée l'Autorité palestinienne en vue d'une reconnaissance par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un État indépendant. Washington a aussi réaffirmé son opposition à une proclamation unilatérale d'un État palestinien, en soulignant que celui-ci devrait naître par la négociation avec Israël.
Par ailleurs, le ministre israélien de l'Intérieur, Élie Yishaï, a autorisé hier la construction de 900 nouveaux logements dans Jérusalem-Est annexée, dans le quartier de Gilo, en pleine controverse sur les colonies juives, a-t-on appris de source officielle. La radio militaire israélienne avait indiqué auparavant que le Premier ministre de l'État hébreu Benjamin Netanyahu avait rejeté une demande américaine pour un gel de la construction de dizaines de logements dans ce même quartier de colonisation de Jérusalem-Est.
La Maison-Blanche s'est dit « consternée » hier devant l'autorisation donnée par les autorités israéliennes et a accusé Israël de compliquer la relance des efforts de paix avec les Palestiniens.

Le chaudron de M. Netanyahou

publié le mardi 17 novembre 2009

Alain Gresh
Tout le monde connaît le fameux principe de Sigmund Freud, dit du chaudron. « Je n’ai pas volé le chaudron ; d’ailleurs il était troué ; qu’en aurais-je fait ? » Les dirigeants israéliens, et notamment le premier ministre Benyamin Netanyahou, l’ont adapté à leur pays au lendemain de la guerre contre Gaza. Il se résume à deux propositions : Nous n’avons commis aucun crime durant cette guerre ; il faudrait changer les lois internationales pour les adapter à la guerre contre le terrorisme.

C’est ce que résume un article de Haaretz du 21 octobre, traduit sur le site de l’ambassade de France à Tel-Aviv, « Le Premier ministre Netanyahu : nous œuvrerons pour que les lois internationales de la guerre soient adaptées à la lutte antiterroriste » (Barak Ravid et Entshel Pfeffer) :« Netanyahou souhaite mobiliser plusieurs pays occidentaux impliqués dans la lutte antiterroriste en faveur de l’élaboration de nouvelles règles de la guerre qui permettront aux pays de se défendre contre les offensives terroristes. »

Durant les semaines qui ont suivi la publication du rapport Goldstone, l’argumentation du gouvernement israélien a été de nier les accusations, d’affirmer qu’Israël respectait les lois de la guerre, que son armée était la plus morale du monde. Dans ces conditions, pourquoi demander maintenant le changement des lois de la guerre ? D’autant que les différentes conventions sur le droit de la guerre prennent en compte les luttes insurrectionnelles, et que les combattants sans uniforme sont aussi tenus à certaines règles (d’où les conclusions du rapport Goldstone dénonçant certaines actions du Hamas).

A moins, et c’est évidemment la bonne réponse, que le gouvernement israélien actuel, comme ses prédécesseurs, ne se sente nullement tenu par ces lois. Au nom du combat contre le terrorisme, on peut torturer, tuer des civils, commettre des assassinats ciblés... Et, aussi, réduire les libertés publiques, comme Netanyahou l’avait proposé dans un livre publié en 1995, Fighting Terrorism : How Democracies Can Defeat Domestic and International Terrorists, dont on trouvera ici un compte rendu (élogieux) en anglais. Six ans avant le 11-Septembre, il avait anticipé les pratiques que l’administration Bush allait mettre en œuvre...

Cette réflexion sur le terrorisme n’est pas nouvelle en Israël. Elle s’est traduite notamment par une importante coopération avec l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les années 1980, coopération à la fois opérationnelle et « théorique » pour lutter contre les terroristes de l’ANC ou de l’OLP... Le très respecté Jaffa Center for Strategic Studies a développé dès les années 1970 des études de « terrorologie » et a coopéré dans ce domaine avec le Centre de recherche sur le terrorisme du Cap (sur la coopération des deux pays durant la période de l’apartheid, lire « Regards sud-africains sur la Palestine », Le Monde diplomatique, août 2009).

Toute cette agitation gouvernementale israélienne tient, bien évidemment, à l’impact du rapport Goldstone, dont on trouvera une analyse détaillée par Isabelle Avran sur le site de l’Association France-Palestine Solidarité, « Rapport Goldstone ; Mettre fin à l’impunité, condition de la paix » (12 novembre 2009). Le président Shimon Pérès s’est livré à une attaque violente contre le juge sud-africain, s’attirant une réponse cinglante du journaliste Gideon Levy, « Peres, not Goldstone, is the small man » (Haaretz, 15 novembre 2009) : « Pérès, pas Goldstone, est un petit homme »...

publié sur le blog du Monde diplomatique "Nouvelles d’Orient"

http://blog.mondediplo.net/2009-11-...

« J’attends le jour où je détruirai ce mur de ma pioche »

Un journaliste palestinien de Ramallah est parti à la rencontre des habitants du désormais célèbre village de Biliin, coupé en deux par le mur d’Israël. Témoignage.

Depuis février 2005, les habitants du village de Biliin organisent tous les vendredis une marche contre le mur de séparation. Ces paysans ne connaissent pas le désespoir. Ils se dirigent vers le point de passage de Biliin en répétant des dénonciations contre le mur. Ils essayent de prendre d’assaut le point de passage. Les soldats de l’occupation s’opposent à eux avec des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Ils repartent alors de là où ils sont venus, soignent leurs malades et reviennent le vendredi suivant.

Malgré des dizaines de blessés et un martyr, les habitants de Biliin refusent de se plier au fait accompli. Ils ont gagné l’estime des associations des droits de l’homme. Ils ont gagné la solidarité de dizaines de personnes du monde entier et même d’Israéliens qui refusent le mur de séparation. Ils ont même gagné la solidarité de l’ancien président américain Jimmy Carter qui a tenu à leur rendre visite un vendredi et à participer à leur marche. Il a également visité la tombe de leur martyr qui a trouvé la mort par les balles de l’occupation.

Ceux qui se rendent à Biliin, à 26 km à l’ouest de Ramallah, rencontrent des hommes, des femmes et des jeunes qui ne connaissent pas le fait accompli et qui ne l’acceptent pas. On entend des histoires de souffrance et de douleurs engendrées par ce mur de séparation qui a divisé le village en deux, à tel point que les frères peuvent être séparés. L’un d’un côté et l’autre de l’autre côté. L’histoire la plus cruelle est celle du paysan Fathi Abou-Rahma. Sa maison se trouve d’un côté du mur et sa terre de l’autre. Il est alors obligé, ainsi que sa femme et ses enfants, de faire face chaque jour aux soldats de l’occupation au point de passage de Biliin.

Considéré comme un danger potentiel

Fathi Abou-Rahma retournait la terre avec sa pioche alors que sa femme plantait des graines d’oignon sous l’olivier lorsque je les ai rencontrés. En lui posant une question sur le mur de séparation, il a répondu avec confiance et spontanéité qu’il disparaîtra certainement. Il a 5 garçons et 5 filles qui sont tous les jours exposés au danger s’ils passent le point de passage, car ils sont jeunes et cet âge est considéré par les Israéliens comme un danger potentiel à la sécurité. Un de ses enfants a même été détenu pendant 5 mois dans la prison de Ofer. « Le retour à la maison à l’extérieur du mur est beaucoup plus facile que la sortie. Il n’y a pas d’inspection de papiers ni de fouilles comme c’est le cas à l’entrée, sauf si les paysans portent des bagages ou des sacs. En effet, les Israéliens souhaitent que tous les Palestiniennes sortent ».

Fathi Abou-Rahma ne cultive maintenant que 8 donums (1 donum = 1 000 mètres carrés) d’un total de 20 donums. Une partie du reste a été confisquée pour y construire le mur de séparation, alors que des colonies se sont étendues sur une autre partie. Il a intenté en vain de nombreux procès. « Bien que le prix du donum s’élève à 30 000 dollars dans ce village, les colons juifs nous ont offert 150 000. Cependant, pas un pouce à Biliin ne leur été a été vendu ».

Après la construction du mur en février 2005, Abou-Rahma a été obligé de se rendre tous les matins à Ramallah pour obtenir un permis de passage de la colonie de Beit Ayelle, où se trouve un poste de l’armée israélienne. On refusait souvent de le lui accorder pour divers prétextes. « Et même quand je l’obtiens, je peut rester pendant des heures devant le point de passage sans qu’on ne me laisse passer ». Cette situation a duré deux ans, puis les Israéliens se sont soumis à la pression des habitants de Biliin. Ils les ont exemptés des permis en juin 2007 tant que leur carte d’identité indique qu’ils habitent Biliin, pour les femmes et les hommes de plus de 45 ans. Le point de passage de Biliin est aujourd’hui le seul de la Cisjordanie où il est permis de passer avec seulement une carte d’identité. Cependant, les Israéliens ont augmenté les mesures d’inspection pour étouffer les habitants et les pousser à vendre leurs terres.

Jeté à terre et tabassé

Les enfants de Fathi tentent d’accompagner tous les jours leurs parents à leur terre, mais le père et la mère les en empêchent. Ils ont peur qu’ils ne soient frappés ou détenus au point de passage. La femme de Fathi raconte qu’elle se rend maintenant tous les jours à la terre avec son mari car elle est trop grande pour qu’il la cultive seul, alors qu’autrefois elle ne s’y rendait qu’un jour ou deux, car elle était obligée de se rendre à Ramallah pour obtenir une autorisation.

Mais sans permis, lorsque les paysans de Biliin se rendent le matin au point de passage, ils le trouvent fermé. Ils appellent alors les soldats, mais ces derniers ne répondent que lorsqu’un grand nombre se rassemble. Les soldats les font alors entrer par la première porte et ceux qui viennent après doivent attendre jusqu’à ce qu’ils terminent le premier groupe. Les soldats examinent ensuite les cartes d’identité, font passer les paysans par les portes électroniques, fouillent leurs effets puis leur rendent les cartes d’identité. Et quand il y a des soldates, elles entreprennent une fouille corporelle des femmes avant de les laisser passer. « Parfois, les soldats arrêtent les inspections et nous laissent attendre pour aller prendre le petit-déjeuner ou boire un thé. Des fois, ils en ont assez des inspections. Ils font alors sortir les gens et ferment les portes. D’autres jours, ils ne permettent à personne d’entrer et s’ils voient un jeune homme parmi les personnes qui attendent de passer, ils s’attaquent à lui et le frappent », raconte Oum Khamis, femme d’Abou-Rahma.

C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à son fils Helmi qui a retourné la gifle à un soldat. Les soldats l’ont alors jeté à terre et l’ont tabassé. Helmi allait presque mourir entre leurs mains. Il a été condamné à 5 mois de prison pour atteinte à un soldat, bien qu’il ait été hospitalisé pendant 17 jours en conséquence des coups reçus.

Abou-Rahma raconte que son fils Achraf a construit une hutte à l’extérieur du mur de séparation sur lequel il a planté le drapeau palestinien. Il a alors été arrêté et n’est revenu qu’après 9 jours d’enquêtes. Quand il est revenu, il a construit une pièce en briques au-dessus de laquelle il a planté le drapeau. Il a alors été incarcéré pendant 3 jours. Ensuite, il a jeté des pierres sur les soldats au point de passage et s’est enfui. Les soldats ont alors défoncé sa maison à l’aube et l’ont arrêté. Il a été condamné à 7 mois de prison. Aujourd’hui, il ne fait rien d’autre que d’attendre la marche du vendredi. Bien qu’il ait été blessé à plusieurs reprises, il insiste à prendre la tête de la marche. « J’attends le jour où je détruirai ce mur de ma pioche pour atteindre nos terres. Je n’ai pas vu nos terres depuis février 2005, pareil pour mes cousins qui habitent de l’autre côté du mur, car s’ils sortent de là-bas, ils ne pourront pas y revenir », raconte Helmi.

Khaled Al-Asmaï

Ce mur qui broie en silence

Palestine. 790 km de long et 8 mètres de haut, voilà la description physique du mur de séparation érigé par Israël. L’autre description, morale celle-là, c’est une Cisjordanie morcelée, des familles séparées, des agriculteurs qui n’ont plus accès à leurs terres. Bref, une population qui agonise lentement. Une vraie stratégie d’anéantissement.

Il y a les murs en béton, comme le mur de Berlin dont on vient de fêter le 20e anniversaire de la chute, il y a les murs plus sournois de l’incompréhension et du refus de l’autre, il y a ceux invisibles mis sur la route tragique des migrants vers le nord et les murs du silence. Mais aucun ne ressemble au mur d’Israël. Au-delà des appellations : mur de séparation, de ségrégation et de la honte, il est l’incarnation lourde et flagrante d’une politique d’anéantissement de l’autre qui remonte à loin et dont le tracé empêche de facto la création de l’Etat Palestinien dont la proclamation a été annoncé il y a 21 ans le 15 novembre 1988 à Alger. « Le consensus actuel en Israël est en faveur d’un Etat comprenant environ 90 % de la Palestine, pourvu que ce territoire soit entouré de barrières électrifiées et de murs, visibles et invisibles », écrit Ilan Pappe, l’un des nouveaux historiens israéliens, « dissident ». Il est connu pour sa critique des politiques sionistes d’Israël et dans son livre édifiant Le nettoyage ethnique de la Palestine. Il met en avant la politique d’épuration ethnique engagée par Israël depuis 1948. Dans ce livre, il écrit que c’est dans la Maison Rouge à Tel-Aviv, siège d’abord l’Union locale du syndicat ouvrier et ensuite quartier général de la Haganah, que « par un froid mercredi après-midi celui du 10 mars 1948, onze hommes, vieux dirigeants sionistes et jeunes officiers juifs, ont mis la dernière main à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine ». C’était « le plan D » Daleth en hébreu. Tel fut le lancement de la machine avec déjà une énumération détaillée des moyens à même de faire évacuer les Palestiniens : intimidations massives, siège et pilonnage, incendie des maisons, des biens et démolitions … La machine n’a jamais cessé de fonctionner et de s’adapter depuis, pour aboutir à la décision israélienne unilatérale sous Sharon, en 2002, d’ériger le mur. Une entreprise soutenue même par les pacifistes sous couvert de se prémunir contre les attentats. Plus qu’une barrière de défense, c’est d’abord et surtout un mur de l’apartheid visant à nettoyer encore une fois le terrain des Palestiniens. Le mur sépare et élimine par différents moyens toute une population. Voilà pourquoi il est différent de tous les autres murs.

Desseins inavoués mais connus

Sur son tracé, il avale toutes les ressources en eau, englobe des terres et des colonies et coupe Jérusalem-Est de la Cisjordanie. Voilà les desseins inavoués du mur, comme le constatent les différentes organisations sur place et même un rapport datant du 15 décembre 2008, tenu confidentiel, et rédigé par les consuls généraux des pays de l’Union européenne sur place. Ce rapport pointe du doigt le gouvernement israélien, l’accusant d’utiliser le développement de la colonisation, la construction du mur de séparation, l’instauration d’un régime de permis de résidence et de déplacement des Palestiniens, pour poursuivre activement et illégalement l’annexion de Jérusalem. « La poursuite de la construction du mur contribue à saper les bases de futures négociations, 86 % du trajet de la barrière, y compris à Jérusalem-Est étant à l’intérieur de la ligne verte de 1949 ». Ce rapport qui, lui, a été englouti par le mur du silence a d’ailleurs fait l’objet d’un livre intitulé Le Rapport occulté, présentation de René Backmann (Salvator, Paris, 2009).

Il s’agit d’abord de 300 000 Palestiniens qui vivent aujourd’hui entre la ligne verte (ligne d’amnistie de 1949) et le mur coupé de la Cisjordanie et des moyens de subsistance. 42 villages palestiniens sont enfermés complètement. En contrepartie, le mur intégrera de l’autre côté plus de 414 000 colons israéliens, c’est-à-dire jusqu’à 90 % de la population totale des colons dans le Territoire palestinien occupé.

Au-delà de ses 790 km de long prévus et de ses 8 mètres de haut, il est en train de broyer les Palestiniens dans leur essence même. Il coupe la Cisjordanie en îlots séparés. Jérusalem-Est sera isolée du reste de la Cisjordanie. Les autres villes et villages de la Cisjordanie vivront au compte- goutte des permis et des check- points et des moyens élémentaires de vie.

Mainmise sur l’eau et les terres

Le tracé du mur illustre une intention flagrante de mainmise sur les ressources en eau et de spoliation, encore une fois, des terres palestiniennes.

Il rase 250 ha des terrains palestiniens abritant 70 % des oliviers de la zone et les deux sources principales de la population, l’agriculture et l’élevage, sont en passe d’être anéanties. En fait, le drame est déjà enclenché. Les agriculteurs palestiniens doivent désormais obtenir des permis pour accéder à leur terres d’exploitation. Amnesty international rapporte le cas d’un des villages. A Jayyous, à la frontière de la Cisjordanie entre Israël et le mur, les familles sont séparées et les agriculteurs n’ont plus accès à leurs terrains agricoles sauf en obtenant un permis israélien. « Dans ce village, 30 permis ont été annulés fin juin 2007 sans justification », relève l’organisation.

Oxfam–Solidarité, une autre organisation d’aide internationale, incrimine ces permis délivrés au compte-goutte : « Certains Palestiniens découvrent par exemple qu’ils sont repris sur une liste noire établie par les Israéliens et n’ont donc aucun espoir d’obtenir un permis. Ceux qui n’y figurent pas peuvent réclamer l’accès à leurs terres, mais doivent pour cela présenter des papiers d’identité, disposer de documents qui prouvent qu’ils sont propriétaires des terres ou qu’ils en ont hérité, remplir divers formulaires et avoir des photos des parcelles … ». Il faut ensuite que la porte agricole la plus proche soit ouverte, ce qui n’est pas toujours le cas. L’organisation rapporte les propos de Sharif Omar, agriculteur de 66 ans : « Il y a deux ans, je suis resté sept mois sans pouvoir me rendre sur mes terres ». Et d’ajouter : « En nous empêchant d’accéder à nos terres, les Israéliens ont beau jeu ensuite de déclarer que nous ne nous en occupons pas ». En effet, l’organisation révèle que les autorités israéliennes, une fois les agriculteurs séparés de leurs terres, font appel à des lois datant des Ottomans et des Britanniques, ainsi qu’à celle « des propriétaires absents » pour tenter de mettre un cadre légal à ces confiscations. Il y a aussi un autre moyen de dépossession : les noms de familles. Israël a imposé aux Palestiniens d’ajouter un nom de famille au prénom suivi de celui du père et du grand-père utilisés d’habitude. « Les terres de ma famille sont enregistrées sous le nom de mon père Mohamad Omar Mohamad. Mon nom est Sharif Mohamad Omar Mohamad, ce qui devient pour les Israéliens Sharif Mohamad Omar Mohamad Khalid. Mon fils aîné Azzam s’appelle donc Azzam Sharif Mohamad Khalid et mon petit-fils Sharif Azzam Sharif Khalid. A priori, il n’y a plus aucun lien apparent entre leur nom et celui de mon père. Dans quelques années, les Israéliens pourront donc affirmer que mon petit-fils n’a aucun lien avec la terre familiale », prévoit l’agriculteur. Comme les agriculteurs, les étudiants ne peuvent pas se rendre à leur écoles et les malades ont du mal à avoir accès aux soins. Sur son tracé, le mur a englouti les ressources en eaux. Ainsi à Qalqylya (nord de la Cisjordanie ), complètement encerclée par le mur dont les 50 mille habitants sont isolés, 40 % des terres et le tiers des puits sont de l’autre côté du mur. Et justement sur cette question de l’eau dans un rapport daté du 27 octobre 2009, Amnesty international accuse Israël de priver les Palestiniens des ressources aquifères en Cisjordanie. Rapport très mal accueilli par Israël. L’organisation révèle à quel point les politiques et pratiques discriminatoires d’Israël en matière d’eau bafouent les droits des Palestiniens. 80 % de l’eau de Cisjordanie va à Israël (300 litres par pers) et 20 % aux Palestiniens (70 litres par pers). « Par ailleurs, ajoute le rapport, les limitations sur les déplacements des personnes et des biens dans les territoires occupés accentuent les difficultés pour mettre en place des projets d’eau dans les villages ». L’armée israélienne détruit même les cuves de récupération d’eau des pluies que les villageois installent et confisque les camions citernes. « Quelque 450 000 colons utilisent autant d’eau que toute la population palestinienne », commente le rapport. Pour dire que le mur d’Israël cristallise la ségrégation dans toutes ses formes.

Nouvelle arme, vieille stratégie

Et pourtant, rien n’a pu arrêter son avancée qui se fait aux prix de discriminations multiples et de violations incessantes au droit international sous les yeux du monde, afin de rendre la vie des Palestiniens impossible et les pousser ainsi à partir vers d’autres cieux plus cléments. Même l’avis de la Cour Internationale de Justice (CIJ), émis le 9 juillet 2004, qui qualifie l’édification du mur comme contraire au droit international et met Israël dans l’obligation de réparer tous les dommages. En attendant sur le terrain, les Palestiniens continuent à s’opposer à ce symbole d’apartheid. Le 7 novembre, des Palestiniens ont abattu un pan du mur et l’opération a été menée par des Palestiniens aidés par des activistes. Et tous les vendredis, des villages organisent des marches de protestation vers le mur. Ce fut le cas ce vendredi 13 novembre dans le village de Biliin dans la région de Ramallah, où le mur isole 60 % des habitants de leurs terres agricoles. Et puis, il y a Biliin où les manifestants ont scandé « De Berlin à Biliin » (voir reportage page 5). Pour crier au monde que tous les murs à travers l’histoire ont fini par tomber. Mais faudrait-il avant que le mur du silence tombe, que des rapports, comme celui des consuls généraux de l’Union européenne, soient immédiatement publiés et mis au grand jour et que des rapports comme celui de Goldstone ne soient pas broyés par des arsenaux de procédures politico-juridiques qui empêchent une condamnation internationale.

Car en attendant, la machine israélienne ne cesse d’avancer, resserrant chaque jour l’étau autour de toute une population. L’épuration, reconnaît l’historien Pappe dans un entretien publié le 23 mars 2007 par le quotidien italien Il manifesto, « se réalise de diverses manières. Il y a soixante ans, on recourait aux armes pour obliger les gens à fuir. Maintenant, à cause du contrôle des médias et des institutions internationales, on utilise d’autres méthodes. Rendre la vie impossible, restreindre les possibilités économiques et réduire la capacité de développement : ces nouvelles stratégies fonctionnent d’autant mieux qu’elles se conjuguent avec le refus d’une véritable négociation avec les Palestiniens ». Dans ces nouvelles stratégies, le mur de l’anéantissement s’inscrit désormais comme l’arme idéale qui fait proprement « une sale besogne ».

Najet Belhatem