mardi 1 juin 2010

« De cette tragédie, nous espérons que naîtra un début de prise de conscience »

Par Émilie SUEUR | 01/06/2010


Interview Adam Shapiro, cofondateur du Mouvement de solidarité internationale, qui a participé à l'opération navale, revient sur l'assaut israélien.
Q - Comment s'est déroulé l'assaut israélien contre la flottille ?
R - Selon nos informations, Israël a lancé l'assaut autour de trois heures du matin, heure locale. Un millier de soldats ont été déployés, ainsi que des navires de guerre, des hélicoptères et des avions. L'assaut a d'abord été lancé contre le bateau turc de passagers (Mavi Marmara, NDLR) qui comptait quelque 600 personnes à son bord. Les soldats y ont été lâchés à partir d'un hélicoptère. Selon nos informations, les soldats ont commencé à ouvrir le feu dès qu'il ont touché le pont.
Ya-t-il eu des avertissements ?
Le seul avertissement lancé par les autorités israéliennes était de faire demi-tour.
Le général Ashkenazi a déclaré que des activistes étaient armés.
Les bateaux ont été méticuleusement inspectés avant de quitter leur port de départ. Ils ont obtenu le feu vert pour partir, donc aucune arme n'avait été trouvée à bord. D'après nos informations, certains passagers, après que les Israéliens ont ouvert le feu, ont tenté de se défendre avec des bâtons et des barres de fer. Maintenant, je n'étais pas personnellement sur le bateau, je ne peux rien confirmer à 100 %. Mais les vidéos ne montrent aucun militant armé. Et Israël n'a avancé aucune preuve que les militants étaient armés. Et c'est à Israël d'apporter une telle preuve si elle existe.
Vous attendiez-vous à une réaction israélienne d'une telle violence ?
Nous sommes des activistes expérimentés, nous n'en sommes pas à notre première mission sur mer ou sur terre. Nous savions que les Israéliens allaient tout faire pour nous arrêter. Nous savions que des armes mortelles pourraient être utilisées par les Israéliens. Mais cela nous semblait peu probable. Les autorités israéliennes avaient déclaré que les commandos d'élite seraient envoyés sur cette opération. Si les soldats qui ont participé à l'assaut sont effectivement des commandos d'élite, alors on ne peut que conclure que l'ordre de tirer leur a été donné, car ce type de soldat ne cafouille pas.
Avant l'assaut, Israël avait dénoncé la mission comme étant un acte de provocation et mis en doute son caractère légal.
La flottille a été arrêtée dans les eaux internationales. Nous étions encore loin des eaux israéliennes ou de Gaza. Et nous avions eu l'autorisation de naviguer de la part des ports de départ. Quand les Israéliens nous ont arrêtés, nous étions dans la légalité. Par ailleurs, Israël part de l'hypothèse que son blocus de Gaza est légal pour dire que notre mission ne l'est pas. Or les Nations unies, la Croix-Rouge et beaucoup d'autres organisations ont dit que le blocus de Gaza est illégal car ce blocus est une punition collective, ce qui est illégal selon le droit international.
De nombreuses voix se sont élevées, au sein de la communauté internationale, pour fermement condamner l'assaut israélien. Que pensez-vous de ces réactions ?
De cette tragédie, nous espérons que naîtra un début de prise de conscience de la part de la communauté internationale sur la réalité du Moyen-Orient, en ce sens qu'Israël se présente toujours comme la victime alors qu'il est l'agresseur. Aujourd'hui, le potentiel existe pour une intifada globale visant à soutenir les droits des Palestiniens et à condamner l'occupation brutale israélienne.