mercredi 28 septembre 2011

Etat au point mort : les prochaines démarches du peuple palestinien

Palestine - 27 septembre 2011
Par Nadia Hijab
Le président de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et président de l'Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas aurait pu aller à l'Assemblée générale des Nations Unies pour une adhésion en tant que membre observateur, ce qui ne requiert qu'un vote à majorité simple qui était déjà acquis. Il a cependant choisi d'aller au Conseil de Sécurité pour une demande d'adhésion pleine aux Nations Unies pour la Palestine, même si cette demande peut traîner de commission en commission pendant des semaines ou des mois.
Etat au point mort : les prochaines démarches du peuple palestinien
Certaines rumeurs parlent d'un marché en coulisses pour faire exactement cela. Que ce soit ou non le cas, Abbas a gagné du temps pour l'AP sans perdre la face ni l'aide des Etats-Unis, et a été en mesure de faire un discours très applaudi à l'ONU. Les Etats-Unis aussi ont gagné un peu de temps et n'ont pas à utiliser leur véto immédiatement.
La décision d'aller au Conseil de Sécurité fait aussi gagner du temps à une troisième partie - le peuple palestinien - qui pourrait avoir des conséquences imprévues tant pour les Etats-Unis et l'OLP/PA que pour Israël.
Conséquences imprévues
Quelles sont ces conséquences imprévues ? La demande d'adhésion de l'OLP/PA a poussé plusieurs segments de la population palestinienne a rendre publics leur désaccord et leur réprobation vis-à-vis de la mauvaise gestion par l'OLP/PA, pendant plus de deux décennies, de la revendication palestinienne à l'autodétermination et aux droits de l'homme.
Le Palestinian Boycott Divestment and Sanctions National Committee (BNC), qui jouit d'un soutien international large et croissant, a pris officiellement position, ainsi que la Campagne Stop the Wall , des écrivains et intellectuels palestiniens dans les territoires palestiniens et au-delà, le Palestinian Youth Movement (PYM) et le US Palestinian Community Network (USPCN).
Ces déclarations ont réaffirmé avec force les principes fondamentaux de la lutte palestinienne, y compris le statut de l'OLP comme seul et légitime représentant du peuple palestinien et de ses droits inaliénables. En fait, ils contestent la prétention de l'actuelle direction à représenter le peuple palestinien. De plus, les déclarations du BNC, du PYM et de l'USPCN ont été élaborées par des processus démocratiques qui mettent en pratique les principes mêmes que les Palestiniens veulent voir mis en œuvre à l'OLP.
L'avis juridique émis par Guy Goodwin-Gill, chercheur à l'université d'Oxford, sur les dangers de la candidature d'Etat pur le droit au retour des réfugiés palestiniens fut en fait commandité par un ancien responsable de l'OLP et son collègue à l'Université d'Oxford, le docteur Karma Nabulsi. Il a ouvert le débat et a mis en avant la question de la représentativité, stimulant les réseaux des organisations populaires palestiniennes qui ignoraient jusque là les questions juridiques techniques.
En effet, la candidature d'Etat de l'OLP/PA a aussi ajouté de la force et de l'urgence aux voix palestiniennes qui exigent des comptes et une représentation démocratique depuis les soulèvements arabes. Des initiatives sont en cours dans les communautés palestiniennes d'Europe, d'Amérique et du monde arabe pour réclamer des élections et la convocation du Conseil national palestinien (le parlement palestinien en exil, qui élit le Comité exécutif de l'OLP).
Une troisième conséquence est l'abandon des négociations trilatérales douillettes qui ont marqué le processus de paix depuis le premier accord d'Oslo signé en 1993. La gestion du processus par Washington a permis à Israël de poursuivre la colonisation sans relâche, pendant que les Palestiniens étaient maintenus à la table des négociations par l'intimidation de pressions diplomatiques et financières.
L'internationalisation du conflit pourrait s'avérer être le résultat le plus important de la candidature d'Etat. Comme l'a dit à Al-Jazeera Mouin Rabbani, membre de l'Institut d'Etudes palestiniennes et conseiller politique à Al-Shabaka, "C'est une première démarche essentielle vers le retrait irréversible de la question palestinienne du cadre d'Oslo et sa réinstallation dans la communauté internationale."
Il a souligné que cela devrait faire partie d'une "transformation stratégique" fondée sur un consensus national palestinien plutôt que sur une manœuvre tactique. En fait, une approche multilatérale du conflit ne serait pas meilleure qu'une main-mise des Etats-Unis, sauf si les sources de pouvoir du mouvement national palestinien sont renforcées, y compris la résistance civile, le BDS et le recadrage du discours sur les droits palestiniens.
Source : Al Shabaka
Traduction : MR pour ISM